Tout le monde connaît l’histoire de Lance Armstrong: jeune champion cycliste très fougueux à ses débuts, il est mis au plancher par un cancer des testicules alors qu’il vient d’avoir 25 ans. Suivent des traitements de chimiothérapie, une longue réhabilitation, un retour au premier plan dans le cyclisme, 7 victoires consécutives au Tour de France, une première retraite sportive, un autre retour (ponctué d’une troisième place au Tour, quand même), une deuxième retraite, puis une longue enquête sur ses pratiques en matière de dopage. À la fin, l’USADA prouve hors de tout doute qu’il a triché pour obtenir ses principaux titres, demande qu’il en soit déchu et lui colle une suspension à vie.
Ces derniers temps, il a encore réussi à faire parler de lui, d’abord en commettant un délit de fuite (que sa conjointe a couvert en prenant le blâme !), puis en se faisant condamner à rembourser une compagnie d’assurances. D’ailleurs, je me demande bien s’il lui reste assez d’argent pour payer ça, mais bon, ce n’est pas vraiment de mes problèmes.
De toute façon, ce n’est pas de ça dont je veux parler. En effet, il y a quelques semaines, en surfant sur La flamme rouge (les amateurs de vélo reconnaitront d’où m’est venue l’inspiration pour le nom de ce blogue :-)), un de mes sites préférés, je suis tombé sur cette rare entrevue accordée par l’ancien patron du peloton.
C’était peut-être volontaire de sa part (il a toujours été un grand manipulateur), mais jamais il ne m’a paru aussi… vulnérable, je dirais. Il a vieilli, oui, mais surtout, il a perdu ce regard d’acier qui avait le don d’intimider même le plus solide et le plus expérimenté des interlocuteurs. D’ailleurs, si on croit ce qu’il en dit, il regrette cette époque où il a été le roi incontesté des trous du c…
Aujourd’hui, mis à part le fait que ses enfants se font parfois remettre le passé de leur père sur le nez, ce que Lance trouve le plus difficile, c’est de ne plus pouvoir prendre part à aucune espèce de compétition. Effectivement, il est exclu de toute épreuve qui souscrit au code de l’agence mondiale antidopage. Donc, pas seulement des courses cyclistes, mais aussi des épreuves de course à pied, de triathlon, de natation, de boulingrin, etc. Et ce, pour le restant de ses jours.
À la base, je trouve absurde qu’on lui ait retiré tous ses titres. Si plusieurs de ses contemporains ont également avoué avoir été dopés à la même époque, pourquoi retrouve-t-on encore et toujours leurs noms dans les résultats officiels. Pourquoi lui et pas les autres ? Parce que c’était le dernier des cons ?
Tout comme lui, je suis entièrement d’accord à ce qu’il soit puni. Mais de toute compétition ? Pour le reste de sa vie ? Comme il dit, il n’aurait même pas le droit de courir le Marathon de Boston (pour ça, il faudrait d’abord qu’il se qualifie), même si c’était dans le but de le faire au petit trot et d’amasser des fonds pour une bonne cause. Ni tout autre marathon nulle part dans le monde.
Ce n’est pas pour rien qu’on l’a récemment vu essayer de se qualifier pour les championnats du monde du beer mile : il a besoin de compétitionner, c’est dans son ADN. Et comme je vois mal comment un tel événement pourrait être sanctionné par l’AMA…
Suite au visionnement de l’entrevue, je me suis posé la question suivante : est-ce que les ultras sont soumis au code de l’AMA ? Certains le sont. Je sais que Badwater est très strict à ce sujet, probablement que d’autres comme l’UTMB et le Western States le sont aussi. Mais tous ? J’en doute. Le monde de la course en sentiers en général, celui des ultras en particulier, est plutôt du type « artisanal » pour emprunter les mots d’un de mes lecteurs. Ce genre d’épreuve est tellement marginal qu’on ne se donne même pas la peine de faire passer des tests aux gagnants. De plus, les bourses, quand il y en a, sont tellement dérisoires qu’elles ne valent pas le coût de se doper pour aller les chercher. Quant aux retombées publicitaires, bien qu’il y ait certains athlètes qui vivent de leurs commandites, ils demeurent très rares.
Ce qui m’amène à la deuxième question qui a traversé mon esprit : à ce moment-là, est-ce que j’accepterais de partager les sentiers avec Lance Armstrong ?
Ma réponse ? Oui, mais à une condition : qu’il la joue low profile, exactement comme ça s’est passé lors du beer mile. Pas de coup de pub, pas de cirque médiatique annonçant en grandes pompes un autre de ses retours. Il fait comme tout le monde : il s’inscrit (sous un autre nom s’il le faut), paie les frais d’inscription, ne fait pas tout un plat parce qu’il amasse de l’argent pour un cause quelconque (ça ne l’empêche pas de le faire), se présente au départ et se tape les longues heures de course en toute convivialité. Point.
Le monde de la course en sentiers n’a pas besoin de publicité et dans un certain sens, il fuit cette publicité. Un Lance Armstrong qui débarquerait avec ses grands sabots ne serait tout simplement pas le bienvenu.