116 km en 2014 ?!?

Aperçu sur la page Facebook de l’Ultimate XC aujourd’hui (ça date du 19 juin; je sais, je suis encore en retard, mais que voulez-vous, je ne suis pas sur Facebook, bon !): « le 58 km 2013 servira de course qualificative pour le 116 km 2014 ».

Pardon ?!?  Ils prévoient faire une version aller-retour « officielle » pour l’an prochain ?

En fait, je devraient peut-être dire qu’ils prévoyaient ajouter cette distance au programme car tout indique que nos deux courageux n’ont pas réussi. En effet, avant que les autobus quittent St-Donat en direction du départ du 58 km, le directeur de la course nous a annoncé que Sophie et Jocelyn avaient été pointés au lac à la Truite à 1h30 du matin (comme si je savais c’est où, moi… J’habite sur la rive sud, je ne connais pas tous les lacs de ce coin de pays par cœur !  Un kilométrage aurait donné une meilleure idée, il me semble).

Puis après, plus rien. Nous avons fait le voyage en autobus, sommes descendus, avons écouté le briefing plutôt rigolo du même directeur, puis nous sommes partis. Jamais je n’ai vu Sophie, jamais ils n’ont parlé d’elle et de son compagnon. Durant la course, j’ai demandé à plusieurs s’ils étaient au courant de quelque chose. Rien.

Dans les résultats officiels, Jocelyn n’a pas terminé. Quant à Sophie, elle n’était pas officiellement inscrite. Par contre, je l’ai aperçue sur la plage peu de temps après la course et c’était assez évident qu’elle ne s’était pas tapée le retour sur ses deux jambes: elle était propre des pieds à la tête et n’était même pas en tenue de course. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de lui parler, alors je n’ai pas su le fond de l’histoire.

Mon hypothèse ?  Les deux se sont rendus au départ, mais ont décidé que ce serait de la pure folie de faire le chemin en sens inverse dans de telles conditions. Et on peut les comprendre !  En tout cas, j’ai bien hâte de savoir ce qui s’est passé…

Une question maintenant: si deux athlètes qui en on vu d’autres ont décidé que c’était impossible de le faire cette année, est-ce que l’organisation ira quand même de l’avant avec le 116 km « officiel » pour 2014 ?

À suivre…

Ultimate XC St-Donat: holly shit !

Printemps pluvieux. 30 mm de pluie samedi. Devenez de quoi avaient l’air les sentiers aujourd’hui. Une seule expression peut décrire l’état dans lequel nous les avons rapidement trouvés: de la cr… de m…

Dès le premier kilomètre, de grandes marres d’eau et surtout de boue s’étendant à perte de vue se sont présentées à nous. Et quand je parle de boue, je parle de boue assez profonde pour retenir un soulier et évidemment faisant partie intégrale d’une marre assez étendue pour nous empêcher de faire autrement que passer au travers. À plusieurs reprises, j’ai failli perdre une des godasses, aspirée par un des milliers de marais qui jonchaient le parcours. Dès le premier kilomètre, j’avais prédit planter au moins une dizaine de fois. Je ne me suis pas rendu à ce nombre, mais c’est bien parce que j’ai été extrêmement prudent.

Pour vous donner une idée de l’état décourageant des sentiers, David Le Porho et Gareth Davies ont abandonné. Pourtant,  le grand vainqueur, Jeff Gosselin de Québec, n’a été que 6 minutes plus lent que le gagnant de l’an passé, alors que les sentiers étaient très roulants (mais il faisait très chaud). Et cette année, ils ont été trois à descendre sous les 6 heures, alors que seul Davies avait réussi l’exploit l’an passé. Je me demande honnêtement comment un être humain pouvait réussir à faire ce parcours infernal en moins de 6 heures aujourd’hui…

De mon côté, mon temps officiel a été de 8:32:24, bon pour la 24e place. Pas si mal, mais j’aurais pu faire mieux. J’ai fait quelques erreurs tactiques, mais surtout, j’ai constaté une immense carence au niveau technique. Ma vitesse de croisière dans les sections boueuses et dans les descentes est borderline pathétique tellement elle est loin de ceux de mon niveau. Par contre, quand ça monte ou que c’est roulant, c’est fou la quantité de gens que je peux dépasser…

Je compte évidemment faire un récit de cette presque folle aventure. Mais ça va toutefois devoir attendre quelques jours car dès demain, ce sont les vacances qui commencent !  🙂

L’inconnu

Ça y est, plus que quelques heures et le départ sera enfin donné. J’ai hâte.

Depuis mon arrivée ici, une constante se présente à moi: l’inconnu. Je suis dans un village que je ne connais où se déroulera une course que je ne connais pas, sur un parcours que je n’ai jamais vu. Et il y a toujours ma jambe droite, au repos depuis lundi, dont j’ignore encore quel sera son comportement. Dans moins de 12 heures, je serai fixé.

Mais il y a une chose dont je suis certain: pour rien au monde je ne souhaiterais être ailleurs.

L’infolettre

Ils avaient dit qu’ils nous enverraient une dernière infolettre “à la mi-juin”. La dernière infolettre en vue de l’Ultimate XC de St-Donat est finalement arrivée par courriel une semaine plus tard, mais on peut dire qu’elle était assez complète merci !

L’organisateur commence en lion en annonçant que deux de ses bons amis allaient partir à la course vendredi soir avec l’intention de se taper le parcours du 58 km en sens inverse, puis revenir avec nous, les participants, qui prendront le départ de la “vraie” course le lendemain matin autour de 7h. Un petit 116 km au total… Le but ? Sensibiliser la population aux problèmes de santé mentale (heu, c’est que les gens normaux pensent déjà que les ultrarunners ont justement un problème de santé mentale… ;-)) et venir en aide aux personnes en proie avec des idées suicidaires. Si ça peut marcher le moindrement, j’appuie l’initiative à 100%. Les troubles mentaux sont tellement mal vus, voire honteux dans notre société. Et pourtant, tellement de gens en souffrent…

Et qui retrouve-t-on parmi ces deux braves ?  Sophie Limoges, ma chiro unique et préférée !  Elle qui m’avait dit qu’elle n’était pas certaine qu’elle y serait, elle va faire deux fois la distance. Quand j’ai vu son nom, j’ai décidé que tant qu’elle le voudrait bien, je serais son patient. Parce que je sais qu’elle comprend ce qui se passe dans ma tête et si ELLE me dit un jour que je dois prendre du repos, je vais suivre ses conseils.

Détail que j’ai constaté dans le reste de cet envoi: je ne sais pas si c’est volontaire, mais on y retrouve beaucoup de répétitions. Il me semble qu’il serait amplement suffisant d’écrire une seule fois que les concurrents des courses en trail doivent obligatoirement emprunter la navette pour se rendre à leur départ ou que la cueillette du dossard doit absolument se faire le vendredi soir pour les participants des course de 38 et 58 km. Mais non, on se le fait répéter. Signe d’une époque où les gens sont trop pressés ou incapables de se concentrer assez longtemps pour lire un texte de plus de 10 lignes ?  Peut-être…

L’infolettre contient aussi plein de renseignements plus ou moins utiles comme par exemple qu’il y a un bureau de poste à St-Donat (que d’émotion) ou la description de ce qui semble être un jeu que je ne connais pas et qui n’a aucun lien avec les courses. Enfin…

Ceci dit, la description des différents parcours est très intéressante et surtout, très instructive. Déjà que les cartes et les différents dénivelés étaient disponibles sur le site depuis un bon moment, un petit complément d’information, accompagné de quelques conseils, c’est vraiment excellent. On nous avertit entre autres où nous risquons (très) fortement de nous retrouver les pieds mouillés. Un beau contraste avec le Vermont 50 où ni le parcours, ni le dénivelé ne sont rendus publics.

À quoi s’attendre ?  Je ne peux pas dire avec certitude. Et ça fait un peu partie du charme de ce type d’épreuve. Je regarde les temps de l’an passé et je me dis que le parcours doit être très difficile. En effet, le gagnant avait terminé en 5h46, seulement deux autres coureurs avaient pris moins de 7 heures et la première femme (c’était évidemment Sophie) pointait à la 15e position en 7h54. Ce sont des temps qui ne sont pas très loin de ceux enregistrés au Vermont 50… qui était 22 km plus long !  Vrai qu’il faisait très, très chaud l’année dernière, mais cette année, avec le printemps pluvieux que nous avons vécu (sans compter le déluge prévu vendredi), les sentiers risquent d’être dans un piteux état et les rivières à traverser, plus profondes. Les temps devraient donc être du même ordre de grandeur, mais je peux facilement me tromper.

Si je ne peux prédire le déroulement général de la course, je peux encore moins prédire comment je vais m’y comporter. Surtout qu’un petit bobo inconnu a décidé de se monter la binette lors de ma dernière sortie de 20 km en sentiers lundi. Je ne sais pas si tous les coureurs sont comme moi, mais dans mon cas, j’ai des bobos “familiers”: ma cheville gauche et mon ischio droit en sont des exemples. Je les connais et quand ils refont de temps à autre une apparition, je sais comment les gérer. On est comme de vieilles connaissances.

Mais cette fois-ci, alors que j’étais dans la dernière descente m’amenant vers l’accueil de mon terrain de jeux, c’est une douleur au tibia droit qui est apparue. De quessé ?  J’étais en tapering, je ne m’étais vraiment pas surmené ces derniers temps, c’était quoi le problème ?  Je ne comprends pas trop, mais comme j’ai trainé ce petit malaise le reste de la journée de lundi et un peu hier aussi, j’ai décidé de ne pas faire le petit dernier 10 km que j’avais prévu pour ce matin. Ce sera la première fois que je me présente au départ d’une course avec quatre jours de repos (si on ne compte pas les 50 km de vélo par jour pour voyager au travail…). Habituellement, c’est deux jours. J’ai essayé trois pour Philadelphie et Boston et ça a plutôt bien fonctionné. Mais quatre ?  Enfin, on verra bien.

Si on suppose que tout irait bien côté santé, le top 10% que je vise sur route est à mon humble avis hors de portée (ça m’amènerait en 12-13e place, yeah right !). Une place dans les 30 premiers ?  Ouais, peut-être. Quant au temps, ça va probablement s’enligner autour de 8h.

Du côté des “tops”, je prédis le podium suivant:

1- David Le Porho

2- Gareth Davies

3- Alister Gardner

Disons que Seb Roulier m’a rendu la tâche plus facile en s’alignant sur le 21 km plutôt que le 58 (il sera aux championnats du monde de course en sentiers au Pays de Galles la semaine prochaine, alors même lui doit se ménager un peu… tout en visant la “gagne” sur le 21, quand même) !  Quant aux femmes, je ne peux pas croire que Sophie va rééditer son exploit de l’an dernier après avoir couru toute la nuit, alors j’y vais avec la fille de mon patelin natal: Rachel Paquette, de Victoriaville.

Mais LA prédiction qui a le plus de chances de se réaliser: beaucoup, beaucoup de plaisir pour les 1200 coureurs qui seront là samedi !  🙂

Marshall Ulrich – Running On Empty

C’était un cadeau d’anniversaire de la part de mes beaux-parents. Mais vue sa nature, je savais que c’était ma tendre moitié qui en avait fait l’achat: c’était un livre de course. En fait non, c’était un livre à propos d’un être humain qui court, nuance très importante. Quand je l’ai vu, je suis parti à rire. J’ai lui ai demandé si elle savait qui était Marshall Ulrich, l’auteur. Elle l’ignorait.

RunningOnEMpty

Qui est Marshall Ulrich ?  C’est tout simplement Monsieur Badwater. Il détient le record pour le nombre de participations (21, et il y sera encore à la mi-juillet), le nombre de courses complétées (18) ainsi que le temps le plus rapide sur le parcours original, celui de 146 milles (il a été ramené à “seulement” 135 milles il y a plusieurs années). Sachant qu’elle craint comme la peste que je décide de me lancer dans cette folle aventure un jour, j’ai trouvé très drôle qu’elle me procure un livre écrit par le grand maître de cette épreuve.

Parmi les autres exploits d’Ulrich, on compte le “Badwater Quad”, c’est-à-dire DEUX allers-retours de ce parcours infernal, un Badwater en mode pleinement autonome (soit sans aucune aide externe, il transportait lui-même tout ce dont il avait besoin: eau, nourriture, vêtements, etc.), l’ascension des plus hauts sommets de tous les continents et plein d’autres.

Dans Running on Empty, il nous raconte ce qu’il identifie comme ce qu’il a vécu de plus difficile au niveau performance athlétique: sa traversée des États-Unis à la course… à l’âge de 57 ans. Traverser le continent à pied, c’est déjà un exploit en soit. Mais le but initial n’était pas seulement “de le faire”. Nah, ça aurait été trop facile. Il fallait battre le record du monde, rien de moins… Le record à ce moment-là était de 46 jours, 8 heures et 36 minutes, soit une moyenne de 66.1 milles (106 kilomètres) par jour. Officiellement, Ulrich visait les records “Maîtres” (40 ans et plus) et “Grands Maîtres” (50 ans et plus), mais dans son for intérieur, il voulait le record absolu.

Charlie Engle, un (futur ex-) ami, et lui se sont lancés dans cette aventure un peu folle le 13 septembre 2008, quand ils sont partis de l’Hôtel de Ville de San Francisco direction New York dans la bonne humeur, avec comme objectif de faire 70 milles (113 km !) par jour. Rapidement, les deux compagnons se sont séparés, chacun y allant à son rythme.

La cadence infernale des premiers jours fit son oeuvre. Les deux athlètes devaient passer de très longues heures à avancer sur la route, combattant la chaleur et le vent. Les nuits de sommeil étaient courtes et le moral descendait lentement mais sûrement. Les blessures se mirent à faire leur apparition. Charlie dut abandonner après seulement 17 jours. Quant à Marshall, il fut terrassé par LA blessure qui fait trembler tous les coureurs: la fameuse fascite plantaire (ce petit vidéo montre assez bien ce que nos deux comparses ont dû subir).

Pendant que le temps continuait à avancer,  il passa une imagerie par résonance magnétique. Évidemment, le médecin lui suggéra de tout arrêter. Évidemment Ulrich, qui avait “diminué” la cadence à 60 milles par jour, demanda s’il ne pouvait pas se limiter à 40 milles à la place. Il continua ainsi, les bobos s’accumulant, mais la fascite se tenant à l’écart. Progressivement, il réussit à retourner à son rythme de 60 milles par jour. Et arriva finalement à New York, en 52 jours et 12 heures, battant au passage les records chez les Maîtres et bien évidemment, les Grands Maîtres.

Son récit nous raconte les coulisses de cet exploit. Il nous parle de toute la logistique nécessaire à la réussite, des tensions qui ne pouvaient faire autrement que de se développer entre les divers intervenants. Car il ne faut pas se leurrer, une grosse équipe de soutien est tout simplement indispensable pour que l’athlète puisse continuer à avancer, encore et toujours. Et au fil des jours, des semaines, les membres de cette équipe se sont épuisés à la tâche, faisant éclater les conflits.

L’aspect monétaire était évidemment non-négligeable. Cette aventure avait été financée par une compagnie de production de films qui en retour, reçut la permission de filmer les deux coureurs pour en faire un documentaire, Running America  (nos voisins du sud peuvent être tellement originaux quand ils s’y mettent… On peut visionner le trailer ici). Or, comme c’était Charlie qui avait réussi à obtenir le financement et qu’il a dû quitter, chaque dollar dépensé par la suite par Ulrich et son groupe fut scruté à la loupe. Et quand des amis commencent à se quereller à propos d’argent…

Ulrich nous raconte aussi ses états d’âme, les difficultés qu’il a eu à surmonter, autant physiques que psychologiques ou émotionnelles, pour se rendre à destination. À tous les jours, il voulait arrêter. À tous les jours, sa femme, qui était à ses côtés durant toute la “course”, voulait qu’il arrête. Mais ils ne s’en sont jamais parlé et il a continué. Sans vraiment en avoir la prétention, ce livre est finalement une belle histoire d’amour.

Bien qu’inspirant à bien des égards, ce bouquin m’a amené la conclusion suivante: “Jamais de la vie !”. À chaque page, on sent la souffrance et quand il arrive à New York, un seul sentiment ressort: le soulagement, ce qu’on peut constater en regardant le trailer d’ailleurs. Pas la joie d’avoir accompli quelque chose de grandiose, juste un gros “Enfin, c’est fini !”. Pas de quoi donner le goût de faire de même…  Bref, si (je dis bien si) l’idée me prend un jour de traverser le pays à la course, ce ne sera pas avec l’idée de battre des records. C’était beaucoup trop dur juste à le lire, alors j’imagine à peine ce que ça peut être le vivre…

Un autre élément que j’ai retenu dans tout ça: l’alimentation. Contrairement à Scott Jurek, Marshall Ulrich croit que l’être humain est omnivore. Et il a avalé à peu près n’importe quoi durant son périple: fruits, légumes, viande, desserts, fast food, barres énergétiques, boissons gazeuses, Red Bull, café, etc. Tout sauf… de l’eau !  Pourquoi ?  Pour la simple et bonne raison qu’il voulait que tout ce qu’il avale contienne des calories.

Au final, une lecture très intéressante et aussi, très instructive. C’est un must absolu pour tout coureur qui désirerait “essayer ça un jour”. Je la recommanderais à tous les coureurs longue distance, question de se rassurer un peu: non, vous n’êtes pas les seuls “fous” sur cette terre !  Quant aux gens “normaux”, pas certain qu’ils comprendraient pourquoi un être humain s’inflige une telle torture, malgré toutes les belles explications…

Les lacets

L’autre jour, j’étais au Mont Royal, quelque part dans les sentiers, quand j’ai senti que mon pied droit, mon toujours très capricieux pied droit, commençait à se promener un peu trop à l’intérieur de son soulier. Je me suis donc arrêté pour resserrer les lacets.

Comme j’ai les pieds étroits, j’ai tendance à attacher mes souliers très serrés, sinon mes pieds bougent à l’intérieur et en plus d’être désagréable, il n’y a pas meilleur moyen de développer des ampoules. Un vendeur dans une boutique de course m’a d’ailleurs déjà gentiment sermonné à ce sujet et le seul argument qui m’est venu en tête à ce moment-là a été de lui demander combien de kilomètres par semaine il courait avec des pieds étroits comme les miens. Mais bon, je trouvais ça un petit peu baveux, alors j’ai répondu “Oui, oui..” et fait comme d’habitude: à ma tête.

Mais à force de les serrer, les lacets finissent évidemment par s’user. Et ce matin-là, ils ont lâché. Quand je les ai sentis céder, je me suis dit que j’étais dans la merde. Finalement, non, il en restait assez long pour que je puisse les lacer tout en étant confortable pour la course. Et s’ils lâchaient de nouveau ?  Ou pire: s’ils lâchaient en pleine course, dans le milieu du bois ?  Je ferais quoi, hein ?  Je trottinerais jusqu’à la prochaine station d’aide dans l’espoir d’y trouver des lacets ?  Ben oui, comme si les gens trainaient des lacets de rechange…

Donc, même si j’avais pris la résolution en début d’année de diminuer la quantité de bidules que je traîne “au cas où” en course, j’ai décidé qu’une paire de lacets de rechange ferait partie de l’équipement qui m’accompagnera en permanence quand je serai dans les sentiers. Le rapport utilité/poids est trop grand pour que je décide de m’en passer.

Insécure le monsieur ?  Peut-être un peu, oui…  Mais je dirais plus: prévoyant !  😉

Bravo champion…

C’est ce que je me suis dit hier.

Je vous raconte. Après 35 beaux kilomètres dans mon terrain de jeux, je me sentais vraiment bien. La température était idéale pour la course, mon corps avait bien tenu le coup et la nouvelle veste d’hydratation avait fait des merveilles… mis à part le foutu tube et son embout. Pas capable. Il fallait que je fasse quelque chose sinon j’aurais tendance à moins boire juste à cause de ça.

Je me suis donc arrêté, encore une fois, à La Cordée. Le but: me trouver un autre réservoir pour remplacer celui qui vient avec mon Alpha UltrAspire (ou plutôt ultra aspire !). On m’a proposé un réservoir de la compagnie Platypus (n’avais jamais entendu parler) qui semblait avoir un embout semblable à celui de Camelbak et qui permettrait un remplissage rapide comme celui venant avec la veste. À 26 $, ça valait la peine de prendre le risque.

Sitôt arrivé à la maison (ben, après avoir mangé, quand même), je me suis mis en frais de tester mon nouvel achat. Bof… L’embout allait mieux que l’autre, mais pas tant que ça… Si je donnais une note de 3/10 à l’autre, celui-là obtenait peut-être un 5 ou un 6…

Puis j’ai essayé d’insérer le réservoir dans ma veste. Ouais, pas terrible. Comme il est plus rigide, il prend plus d’espace et surtout, dépasse beaucoup. Puis, j’ai eu une idée de “génie”: pourquoi ne pas essayer de regarder si le tuyau du nouveau réservoir ne fonctionnerait pas avec le réservoir original ?  Aussitôt dit, aussitôt fait. Et ça marchait: pas une goutte qui sortait. Au final, j’avais une meilleure veste.

Puis j’ai allumé: et si le tuyau de mon vieux Camelbak, celui avec l’embout qui va si bien, fonctionnait lui aussi ? Petit essai: ça marche !  Eurêka, je vais enfin avoir la combinaison parfaite !  🙂  Puis je me suis mis à regarder la multitude de tubes et de réservoirs sur la table de cuisine et me suis demandé: “Pourquoi tu n’as pas pensé à essayer ça AVANT d’acheter un nouveau réservoir ?!?”.

Bravo champion…

Un essai concluant

J’ai déjà parlé sur ce blogue de mes problèmes à trouver l’équipement idéal qui m’aidera à garder un niveau d’hydratation acceptable lors de mes longues courses dans les coins perdus. Depuis l’an passé, je cours dans le bois avec un Camelbak. Hyper-pratique, il peut contenir jusqu’à 3 litres de liquide et peut transporter une quantité presque illimitée de cossins. Il y a juste un petit problème avec ce bidule-là: il pèse une tonne. Au point où j’en ai mal aux épaules après quelques heures et que je me retrouve presque invariablement avec le cou barré le lendemain d’une longue sortie en sentiers. En plus, comme il couvre entièrement le dos, la ventilation est nulle quand il fait le moindrement chaud. Bref, je me devais de trouver autre chose.

J’ai essayé la bouteille à la main: patate. Ce n’est vraiment pas mon truc, mes bras ne sont définitivement pas assez forts pour leur imposer un poids durant des heures. Quand à la ceinture d’hydratation à plusieurs bouteilles que j’utilise sur route, elle présente le désavantage d’imposer des remplissages qui prennent plus de temps en plus de la bouteille avant gauche qui a la fâcheuse habitude de s’éjecter dès que ça brasse le moindrement. À proscrire.

Un “collègue” ultrarunner particulièrement connaisseur dans ce genre de trucs (il devrait aller travailler à La Cordée…) m’a prêté sa AK Vest de la compagnie Ultimate Direction.  Créée en collaboration avec le grand ultramarathonien Anton Krupicka, c’est un chef d’oeuvre de légèreté. Cette veste, qui est équipée de deux bouteilles (donc faciles à remplir) de 20 onces installées sur la poitrine, est aérée et offre plein de petits compartiments pour ranger différents bidules: téléphone, gels, petits goûters, etc. Dès que je l’ai enfilée, je l’ai aimée: je me sentais libre comme l’air. Quel contraste avec le Camelbak ! C’est quand je me suis mis à courir que ça s’est gâté un peu: les bouteilles se faisaient aller à qui mieux mieux, me donnant l’impression de courir avec une poitrine 38 DD. Au bout d’un certain temps, je me suis habitué et je pense bien que j’aurais facilement pu vivre avec ce léger inconvénient. Sauf qu’après quelques kilomètres, je sentais les bouteilles s’enfoncer dans mes côtes. Non mais, je ne pourrais pas être un petit peu plus costaud, moi ?!?  Si j’avais la moindre épaisseur musculaire au niveau pectoral, ça n’arriverait pas, ce genre de truc-là !  Mais bon, il n’y avait rien à faire. Après un essai de 34 km, j’ai dû me rendre à l’évidence: ça ne marcherait pas.

Sauf que mon expert, tout en me prêtant la AK Vest, m’avait montré son dernier achat: la veste Alpha d’UltrAspire. Avec réservoir à l’arrière (comme le Camelbak) d’une capacité de 2 litres, elle est également de type ultralégère. Lui en avait fait l’essai et l’aimait beaucoup, vantant sa stabilité. De plus, contrairement à mon vieux machin, le réservoir peut se remplir  facilement sans avoir à le sortir de la veste. Un gros plus. Aussi, la veste ne couvre que la moitié du dos, aidant pour la ventilation.

Après mon essai infructueux, je me suis donc dirigé directement chez le détaillant cité plus haut pour m’en procurer une. Comme c’est un nouveau produit, personne n’a pu vraiment m’aider, mais je me suis débrouillé. Et j’en ai fait l’essai hier matin.

Bingo !  Légèreté, stabilité, aération, liberté de mouvement, name it, tout était merveilleux. Ou presque. Seul bémol: quand vient le temps de boire, justement. L’embout est gros et il faut “siphonner” pas mal pour parvenir à tirer un peu de liquide. Au repos, ça va, mais quand on court, ce n’est pas l’idéal. J’ai soumis le problème à ma référence en la matière et il m’a répondu que lui avait changé le réservoir car lui non plus n’aimait pas celui qui venait avec la veste. Je vais fort probablement faire de même.

Donc, je crois bien que j’ai trouvé une façon à la fois efficace et agréable pour ne pas sécher lors de mes prochaines sorties en sentiers…  🙂

À recommencer

6h45, c’était un peu tôt à mon goût pour me rapporter à la tente des bénévoles de la Grande Virée des Sentiers. Mais comme le premier départ serait donné à 8h00, c’était bien normal que j’arrive un petit peu avant, non ?

Aussitôt, j’ai fait la connaissance de Chantal, la responsable des bénévoles. Et tout de suite je l’ai aimée. Sympathique, affable, le genre de personne qu’on sent immédiatement qu’elle est agréable à côtoyer. Dès que je lui ai donné mon nom, elle s’est confondue en excuses à propos de la petite confusion qui s’était produite durant la semaine. En effet, elle croyait m’avoir rencontré aux entrainements du Club des Coureurs sur Route de Mont St-Bruno (ce sont eux qui organisent l’événement) et m’avoir donné mon assignation alors qu’il n’en était rien. Ce n’était vraiment pas grave…

Après quelques minutes de confusion, je me suis retrouvé dans une fourgonnette accompagné de 5 autres personnes en direction… des rues de la ville. En effet, j’agirais comme signaleur sur le parcours. Or, une partie de la course de 20 km (environ 3-4 km) se déroule dans les rues. Donc, après avoir aidé les autres à monter deux tables pour un point d’eau, on m’a amené à « mon » intersection, située entre les kilomètres 15 et 16. Moi qui connais les sentiers par cœur, j’étais assigné dans les rues d’une ville que je ne connais pas du tout. Ironique, n’est-ce pas ?

Il était 8h30. Comme David Le Porho avait gagné la course en 1h07 l’an passé, je m’attendais à le voir se pointer entre 8h50 et 8h55. J’avais donc du temps devant moi. Je l’ai passé en nettoyant la rue de quelques branches mortes sur lesquelles les coureurs, fatigués par la montée et les kilomètres, pouvaient trébucher ou glisser. J’ai aussi déplacé légèrement les cônes marquant le passage réservé pour les coureurs de façon à leur donner plus d’espace. Un policier à vélo est venu me voir et on a discuté un peu. Je lui ai fait part de mes craintes au niveau circulation, mais il avait l’air habitué et m’a dit en souriant que les automobilistes étaient respectueux en très grande majorité.

N’empêche que de la manière dont l’intersection était faite, les automobilistes n’allaient pas voir arriver les coureurs sur leur droite, des arbres cachant la vue. J’allais donc devoir être prévenant pour éviter qu’un coureur voit son rythme brisé ou pire, un accident.

Les minutes s’écoulaient. 8h50. 8h55. Ben voyons que se passait-il ?  Bientôt une heure que le départ avait été donné et toujours pas signe de vie… Le départ avait-il été retardé ?  Ou peut-être que David n’était pas là. Mais Sébastien lui ?

À 9h pile ou à peu près, j’aperçus un premier coureur au loin. La casquette vissée sur la tête avec la visière vers l’arrière et ses lunettes lui donnant un petit air intello (il est tout de même médecin !) je reconnus tout de suite le sympathique Sébastien Roulier. Spontanément, je me suis mis à taper des mains et à lancer des encouragements. Comme j’étais fin seul, ça faisait bizarre. Mais je me suis vite arrêté car le trouble se pointait derrière lui: un groupe de cyclistes.

Ils étaient 5 ou 6 et au rythme où ils avançaient, ils allaient couper le meneur de la course, c’était certain. Merde… Tout ce que je pouvais faire, c’était crier, alors je me suis exécuté: « On laisse passer le coureur s’il-vous-plait !  On laisse passer le coureur !!! ». Sébastien a poursuivi sa route sans broncher, tâchant d’éviter les vélos qui lui coupaient le chemin.  « Il faudrait nous avertir avant ! » m’a lancé un des cyclistes.

Vous avertir avant ?  Vous venez de remonter une rue qui fait un bon kilomètre de long sur laquelle des pancartes de stationnement interdit et des cônes orangés forment un couloir que je considèrerais comme assez évident merci. Vous avez certainement dépassé plusieurs coureurs sur ce kilomètre, il semble que c’était plutôt clair qu’il y avait une course d’organisée, non ?  Tu voulais quoi, du con ?  Une enseigne sur une feuille de plywood de 4′ x 8′ à tous les 10 pieds pour t’avertir ?  Tabarn…

Bref, j’étais en petit crapaud et je sentais que j’avais raté mon premier call. J’espérais juste que Sébastien ne s’était pas trop fait briser son rythme dans l’opération…

Après une éternité, un autre coureur se pointa. Puis deux autres. À chaque fois, j’envoyais des encouragements et les dirigeais au bon endroit. À un moment donné, la concentration de participants se mit à augmenter. Et bien évidemment, la circulation automobile aussi. C’est là que je me suis senti vraiment utile, arrêtant le trafic le temps que les coureurs passent, puis faisant signe aux voitures quand le chemin était libre. Plusieurs participants m’ont remercié, ça m’a fait chaud au cœur.

Quant aux automobilistes, ils ont été super pour la très grande majorité. À part un qui a montré une certaine impatience (il avait probablement été obligé d’attendre une loooongue minute), tout le monde a été très gentil. Il faut dire que je me faisais un devoir de les remercier à chaque fois, ça aidait peut-être…

Après un certain temps, de mois en moins de coureurs se sont mis à passer. Puis, plus rien. Heu, je faisais quoi, moi ?  Finalement, j’aperçus un monsieur qui avançait lentement, suivi de deux bénévoles. C’était le dernier coureur. J’ai décidé de me joindre à eux et terminer la course. Le coureur était monsieur Gilles Rancourt. Il avançait, lentement mais sûrement. Jamais il ne s’est arrêté, jamais il n’a marché.

Au fil des kilomètres, le bénévole qui fermait la course se faisait demander par walkie-talkie où nous étions rendus, car l’organisation s’inquiétait pour l’heure de départ du 5 km. Disons que c’est toute une gestion, organiser plusieurs épreuves qui partent et finissent toutes au même endroit. Car il n’était pas question que le 5 km parte avant la fin du 20 km, vu que nous allions arriver en sens inverse…

Finalement, à mesure que nous approchions, une foule se formait et voyant monsieur Rancourt accompagné de gars portant des t-shirts orangés, elle se mit à se faire entendre. Les cris fusaient de partout, j’en avais des frissons. Mais on dirait que ce n’était pas assez, alors j’en demandais plus et les gens répondaient. Monsieur Rancourt a terminé en 2:27:46 sous les acclamations du public. Un bien beau moment.

Le reste de la journée a été tout aussi plaisant. J’ai eu l’occasion de regarder le départ et l’arrivée du 5 km (remporté par Dany Croteau), puis de servir de « poteau » pour tenir les câbles limitant l’accès au parcours durant ce qui constitue toujours un moment fort dans ces événements: les courses de 1 km des petits.

Et  par pur hasard, qui s’est retrouvé à côté de moi pendant que je jouait au piquet ?  Le vainqueur du 20 km lui-même !  Comme nous avions déjà échangé par courriel, je me suis présenté et nous avons amorcé une petite jasette. Il se rappelait à peine l’incident de « mon » intersection. ce qui m’a soulagé. Nous avons parlé du parcours, de la course, du fait qu’il avait couru 140 km durant la semaine (gulp !) et 1 heure et demie au mont Orford la veille (double gulp !). Et il venait de planter tout le monde !  Je me demande bien par combien de minutes il aurait pu gagner s’il avait été le moindrement reposé…

Son fils étant inscrit dans une des courses, il l’a suivi, mais nous avons eu la chance reprendre notre conversation par après. Comme je lui parlais de marche en ultramarathon, il ne semblait pas trop comprendre. La raison est fort simple: il ne marche jamais !  Je n’en revenais pas. Même pas au Vermont 50 ?  Même dans le mur au 47e mille ? Shit…  Seb, es-tu vraiment certain d’être humain ? Après ça je me demande pourquoi il a terminé presque 2 heures avant moi… 😉

Un ultrarunner bien connu s’est ensuite joint à nous, la conversation tournant autour des futures courses, des championnats mondiaux auxquels Sébastien participera en juillet, du Vermont 100 (où les deux se retrouveront, espèces de chanceux !) et de bien d’autres choses.  C’est fou ce que la course peut me rendre sociable !  🙂

Puis, les gens ont commencé à s’en aller. Mais pour nous bénévoles, la journée n’était pas terminée: il fallait tout ramasser. Ça s’est fait dans la bonne humeur et je ne comptais plus les chaleureuses poignées de main que j’ai reçues avant de partir, vers 14h30.

Organiser un tel événement, c’est vraiment beaucoup, beaucoup de petites choses à penser, à prévoir. Et c’est beaucoup de travail, j’ai pu le constater. Mais le faire dans le plaisir et la bonne humeur, ça a été un pur bonheur. Originalement, mon but était d’amasser des heures en vue du Vermont 100 de l’an prochain. Mais j’ai tellement apprécié que je crois bien que ce sera un rendez-vous pour les prochaines années, Vermont 100 ou pas.

Pour une première fois de « l’autre côté »

Depuis que je cours, j’ai eu la chance de prendre part à un grand total de 23 compétitions organisées. À chaque occasion, des bénévoles étaient là pour nous aider, nous supporter, nous encourager. Peu importe la température, qu’il fasse chaud et humide ou froid, pluvieux et venteux, ils étaient là, toujours souriants, dévoués pour nous. À quelques occasions, j’ai eu beaucoup d’admiration pour ces personnes qui étaient présentes, malgré le mauvais temps. Nous coureurs avions payé et étions entrainés pour ce jour précis, alors la pluie n’était qu’un inconvénient. Mais rien n’obligeait ces valeureux bénévoles à braver les intempéries dans le seul et unique but de nous aider. Il aurait été bien plus facile pour eux de demeurer à la maison. Mais non, ils étaient là.

À chaque point d’eau, je me fais toujours un devoir de remercier la/le bénévole qui me tend un verre. À mon sens, c’est la moindre des politesses. Car sans eux, il n’y aurait pas de courses, tout simplement.

Hé bien, pour la première fois demain, je serai de « l’autre côté », c’est-à-dire que ce sera (enfin) mon tour d’aider les coureurs dans le cadre de la Grande Virée des Sentiers du Mont St-Bruno. À ce que j’ai compris, mon rôle sera de guider les coureurs sur les différents parcours. Ça tombe bien, disons que j’ai une assez bonne connaissance de l’endroit. Je vais tâcher de faire ça comme du monde tout en profitant au maximum de la chance que j’aurai de pouvoir observer de près la technique des meilleurs de la discipline au Québec. Je vais également essayer de rendre une partie des encouragements que j’ai reçus au cours des années. Car je connais très bien l’effet que peuvent avoir de bons mots bien placés sur le moral et au bon du compte, sur la performance d’un compétiteur.

Allons-nous assister à un 5e sacre consécutif pour David Le Porho dans l’épreuve-reine, le 20 km ?  Je m’attends également à voir un certain Sébastien Roulier aux avant-postes…  🙂

Bonne chance à tous et à toutes !