Les petites vites de fin d’année

De retour après quelques partys des Fêtes qui, mine de rien, occupent pas mal nos journées de congé. Voici ce qui a retenu mon attention au cours des derniers jours.

Le hasard fait drôlement les choses. Les tirages pour déterminer les participants en vue du Western States 100-Mile Endurance Run et du Hardrock Endurance Run se sont déroulés au cours des dernières semaines.

Dans un cas comme dans l’autre, aucun de nos ultrarunners québécois n’a été pigé. À la quantité de gens qui tentent leur chance (particulièrement pour le Western 100, à peu près l’équivalent du Marathon de Boston au niveau prestige pour les ultramarathons), ce n’est pas tellement surprenant. Par contre, j’ai remarqué une chose du côté du Hardrock: les super-vedettes Kilian Jornet et Timothy Olson font partie de 35 « recrues » dont le nom est sorti du chapeau. Quand même tout un hasard, n’est-ce pas ? Il y a serpent sous mousse.

Ultimate XC St-Donat. C’est avec une certaine surprise que j’ai pris connaissance de la dernière infolettre de l’Ultimate XC. J’y reviendrai au cours des prochains jours, elle mérite un billet à elle seule, celle-là !

Le Frozen Ass Mount Royal. J’étais tombé là-dessus par hasard peu de temps avant le congé des Fêtes: une course de 6 heures au Mont Royal. Ça avait lieu le 29 décembre et ça consistait à faire le plus de fois possible la boucle du sommet qui est d’une longueur de 2.25 km.

Ça m’intéressait, c’était le genre de défi qui m’allumait. En plus, comme première course contre le temps, un 6 heures, ce ne serait pas la mer à boire. Je me suis donc procuré des crampons pour la course et suis même allé m’entrainer sur ladite boucle 10 jours avant. Je me suis élancé devant le chalet, comme durant la compétition, et ai fait le tour 7 fois, sans jamais y aller à fond, mais sans jamais me retenir non plus. Mes temps au tour ont été d’une constance assez surprenante: entre 10:31 et 10:47. Dans la neige et les côtes, j’étais assez surpris de pouvoir tenir un si bon rythme. À la fin, je savais par où passer afin d’obtenir la trajectoire optimale, où la pente était la plus abrupte, où le vent était susceptible de souffler. Mon plan de course était prêt.

Sauf que je me suis blessé au sciatique deux jours plus tard dans la cr… de cassonade et malgré le fait que je puisse encore courir, je me suis dit qu’une course de 6 heures, ce n’était peut-être pas une bonne idée.

Toutefois, j’avais déjà demandé à mon amie Maryse de venir me soutenir moralement durant la cinquième heure de course et comme elle était toujours disponible pour une petite sortie sur la montagne, nous y sommes allés quand même ce jour-là. Il était environ 13h30 quand nous nous sommes retrouvés sur la boucle, il restait donc 90 minutes à la course. Il faisait froid, humide et c’était assez venteux. Les concurrents devaient donc vraiment se geler le c…

Sauf que surprise, nous n’en avons presque pas vus. Je m’attendais à ce que la boucle soit envahie par les coureurs, c’était tout le contraire: un véritable désert (ou à peu près). Il y avait une cinquantaine d’inscriptions, mais au total, je ne sais pas si nous avons vu 5 personnes portant un dossard. Parmi elles, j’ai cru reconnaitre Pablo Espinosa, que j’avais vu au Tourne en rond cet été. On dirait bien que les conditions météo ont refroidi les ardeurs de plusieurs et transformé la compétition en course par attrition.

Pandora 24. Une course de 24 heures, en sentiers, au Québec ?  Quand je suis tombé là-dessus hier, je me suis dit que ça ne pouvait pas vraiment marcher… Je me suis mis à lire un peu plus. Parcours de 10 km, 400 mètres de dénivelé positif. Hum,  intéressant. Ça se déroule la fin de semaine des 26-27 juillet, une semaine après le Vermont 100. Bon, je ne pourrais vraiment pas faire les deux…

Je me suis ensuite mis à réfléchir. Pour finir par faire un 100 milles, je devrai aller chercher de l’expérience en course. C’est pour ça que je voulais faire le 100k du Vermont 100 et non le 100M. Sauf qu’une course qui se fait boucle, ça a un petit quelque chose de rassurant. On sait qu’on est toujours à moins de 10 km de nos affaires, que s’il arrive un pépin, on n’est jamais tellement loin. Aussi, pas de souci pour l’équipe de soutien qui n’a pas à se déplacer d’un point du parcours à un autre. On peut même faire un essai sans équipe de soutien. En plus, dans ce genre de compétition, si on arrête avant la fin, on a tout de même un classement, ce qui n’arrive évidemment pas quand il y a une distance précise à parcourir. Tout ça sans compter qu’il serait moins dispendieux d’aller à Prévost qu’au Vermont.

Bref, depuis hier, j’y songe plus que sérieusement.

L’état du légèrement blessé. Comme j’en ai parlé la semaine dernière (et un peu plus haut), une sortie dans la cassonade hivernale m’avait laissé avec un muscle fessier qui s’amusait à compresser mon sciatique. Je m’étais promis de ne pas courir tant que je sentirais quelque chose. J’ai tenu ma promesse trois jours. Le 25, je suis parti « tout nu » (sans mon GPS) pour une sortie complètement au feeling. Au début, le mal s’est intensifié, pour ensuite se tenir à carreau. J’ai ensuite souffert le martyr en faisant mes étirements d’après-course, mais ça m’avait fait tellement de bien de courir à nouveau…

Le 27, j’avais un rendez-vous en ostéo en après-midi, alors pourquoi ne pas recréer le mal le matin, question d’avoir vraiment quelque chose à guérir ?  Ce que je fis. Après quelques kilomètres dans la neige molle, je croyais bien devoir couper court. Puis, une fois sur une surface acceptable, tout s’est (presque) replacé.

Heureusement car mon ostéo a « callé malade » comme on dit: gastro (en tout cas, ça ressemblait à ça comme symptômes). Et j’ai remarqué dans les heures suivantes que mon mal semblait s’estomper tranquillement. Hum… Donc après ma petite sortie au Mont Royal avec mon amie, je me suis dit qu’hier, je ferais un vrai test: un 34 km dans les rues, au froid, au grand vent.

Test réussi: 4:40/km sans me presser, parfois sur la glace, souvent dans le vent. Aujourd’hui, je ne vais pas plus mal, alors pas de raison d’arrêter. J’ai quand même un 50k à préparer, moi… 🙂

Une année en dents de scie

Les rétrospectives, c’est une tradition à ce temps-ci de l’année. Je l’ai fait l’an passé, alors pourquoi ne pas remettre ça cette année ?  Pour moi, l’année 2013 a été synonyme de hauts de de bas, mais à la fin, une chose demeure: la course à pied est une véritable passion que je désire continuer à partager avec vous, fidèles lecteurs.

Voici donc l’année résumée en quelques thèmes.

La consécration. Hopkinton, le 15 avril, 9h55. J’étais dans mon couloir, attendant le départ du Marathon de Boston. Le plus ancien et le plus prestigieux marathon de la planète. Après des années de travail acharné, j’y étais enfin. À ce moment, j’ai éprouvé un très grand sentiment de fierté, probablement ce qu’un athlète de haut niveau peut vivre quand il se retrouve à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. C’était à la fois simple et magique, je vais m’en rappeler le restant de mes jours.

Mauvaise évaluation. J’ai carrément sous-estimé la difficulté du parcours. Je me disais que je suis un ultrarunner, que les côtes de moumounes comme sur le parcours nous amenant à Boston, ça ne pouvait jamais être si difficile que ça… J’en ai payé le prix. Dans les dernières encablures de la Heartbreak Hill, j’ai crampé. Les 8 derniers kilomètres ont été infernaux.

L’horreur. J’étais arrivé depuis un bon bout de temps. Nous avions quitté les lieux et étions probablement en train de débarquer du métro quand les bombes placées près de l’arrivée ont explosé. Mais l’horreur des événements nous a tous touchés. À l’hôtel, les gens étaient en état de choc, personne ne parlait plus de rien d’autre. La question sur toutes les lèvres: pourquoi ?

La résilience. Celle des coureurs qui retourneront car ils refusent de se laisser intimider. Je fais partie de ceux-là. Celle de la merveilleuse ville de Boston qui a décidé elle aussi de se tenir debout devant l’adversité et de faire un pied-de-nez à ceux qui voudraient lui faire peur. Je ne suis pas un amateur de hockey, mais ce qui s’est passé deux jours plus tard avant le match des Bruins m’a donné les frissons.

La vague. Celle d’amour qui a déferlé de partout. Nos amis, notre parenté, nos collègues. Des personnes avec qui nous n’avions pas eu de contact depuis des années se sont inquiétées pour nous et nous ont demandé, nous ont ordonné même de leur confirmer que nous allions bien. Rien ne m’a jamais fait autant chaud au cœur. Merci à tous, encore une fois !

La bouette. St-Donat, le 29 juin. Le printemps avait été pluvieux, il venait de tomber une trentaine de millimètres de pluie. Devant nous, 58 kilomètres de sentiers. Un parcours déjà considéré comme difficile à la base avait été transformé en véritable soue à cochons. De l’eau jusqu’aux épaules dans la rivière, une traversée interminable du « Vietnam », des descentes impossibles à négocier. À maintes reprises, je me suis promis que « plus jamais ». Et pourtant, j’ai eu du plaisir et serai fort probablement de retour. Faut croire que je suis maso. Ce vidéo de Michel Caron qui a terminé une vingtaine de minutes avant moi est une véritable pièce d’anthologie.

LA blessure. Elle s’est manifestée au lendemain de la tragédie à Lac-Mégantic (question de me donner un peu de perspective). Une semaine plus tard, j’étais sur la liste des blessés. Ça a duré des semaines. Des semaines d’enfer au cours desquelles j’ai dû annuler ma participation à deux courses que je voulais vraiment faire cette année: le 65k du XC Harricana et le Vermont 50.

L’ostéo. Son prénom: Marie-Ève. Sa discipline: l’ostéopathie. Je ne connaissais pas ça, mais on m’avait fait plusieurs suggestions en ce sens, alors je me suis dit que j’essaierais. Elle a sauvé ma fin de saison, un point c’est tout. Sans elle, je ne serais pas allé à New York. Chaque sou que j’ai investi dans ses traitements a été un sou bien investi. Elle me chargerait le double du prix que j’y retournerais sans hésiter.

Lake Placid. Coup de cœur ou coup de foudre ?  Le beau temps a certainement aidé, mais nous sommes tombés sous le charme de cette petite ville du nord de l’état de New York. Là-bas, le sport et le plein-air sont rois. Des montagnes, des sentiers de randonnée, des routes dans un état impeccable… Nous nous promettons évidemment d’y retourner prochainement. Très prochainement.

Le plus bel entrainement. XC Harricana, le 7 septembre. Mon genou m’ayant empêché de m’entrainer convenablement, j’ai troqué le 65k pour le 28k avec dans l’idée de le faire comme un entrainement. Un vrai entrainement là, pas le moment de me tuer à l’ouvrage. Ça a été ma sortie la plus plaisante depuis le Vermont 50 2012. J’ai eu un plaisir inégalé dans la montée du mont Grand-Fonds, les sentiers de quads, la montée de la montagne Noire et tout le reste. Une course à l’organisation impeccable, des sentiers très bien marqués, une super belle expérience avec à la clé, une 15e place complètement inattendue. À répéter un jour, c’est certain.

La bonne décision. À la fin septembre, lors d’un entrainement, ma tendinite au genou est revenue. Je me suis tout de suite arrêté et dans la journée, ai contacté mon ostéo qui a réussi à me traiter dès le lendemain. Quatre jours plus tard, je reprenais l’entrainement. Nous coureurs avons l’habitude d’ignorer les signes que nous envoie notre corps jusqu’à ce que ça devienne insupportable. Ce jour-là, j’ai pris une bonne décision et ça a payé. Je devrais faire ça plus souvent…

Le plaisir entre amis. Mont Orford, le 19 octobre. Des conditions parfaites, une course que je faisais avec des amis dans un endroit superbe. Et beaucoup, beaucoup de plaisir. J’adore accompagner des amis dans une course, même si parfois je me sens un peu inutile. Pour 2014, j’ai déjà deux « accompagnements » de prévus. Et j’ai hâte.

La Grosse Pomme. New York. Ça faisait des années que j’y rêvais. Pas pour les mêmes raisons que Boston où il faut se qualifier. Ha, on peut aussi se qualifier pour New York, mais les standards sont vraiment trop stricts pour moi. J’ai donc dû passer par la loterie et attendre 3 ans avant de pouvoir faire partie du contingent de coureurs qui s’élanceraient du Verrezano-Narrows Bridge en direction de Central Park.

Des spectateurs par centaines de milliers tout au long du parcours, une organisation extraordinaire à la hauteur de cette ville qui n’a pas d’égale à travers le monde. Une expérience unique que je recommande fortement à tout le monde qui en a la chance.

À la fin, un deuxième meilleur temps à vie sur un parcours difficile et la tête remplie de souvenirs.

Pour 2014. Beaucoup de belles courses en vue. Un premier 100 km, peut-être un premier 100 milles. Va définitivement falloir que les genoux et le sciatique se tiennent à carreau !  🙂

Sur ce, un très joyeux Noël à tous ! 🙂

De la cr… de m… !

Je m’étais pourtant promis que cette année, je m’adapterais sans broncher. Que j’allais prendre ce que la nature nous donnerait et ferait avec. Un peu comme on s’adapte et on accepte les différentes conditions qu’on doit affronter durant un ultra. Je me disais que cette année, l’hiver m’aiderait à forger mon caractère, me permettrait de monter ma résilience d’une ou deux coches.

Jusqu’à maintenant, je pense que j’avais bien fait ça. La neige du pont de la Concorde, la slush en descendant Jacques-Cartier, le froid. J’avais même fait une longue sortie dans la tempête dimanche dernier et un 16 km dans la boucle du sommet du Mont Royal jeudi. Tout ça avec le sourire.

C’était avant cette maudite dépression en provenance du Texas. Comme si ce n’était pas suffisant de nous avoir fait endurer un président nul pendant 8 ans, il fallait qu’en plus, les Texans nous envoient leur cr… de m… !  On leur a fait quoi, à ce monde-là pour qu’ils nous haïssent comme ça ?

Toujours est-il que depuis vendredi, il tombe un joyeux cocktail de précipitations sur le sud de Québec. Grésil, verglas, un peu de neige perdue à travers tout ça. Il fait -7 degrés le jour comme la nuit et il vente à écorner les boeufs. La conséquence: les rues sont dans un état lamentable.

Évidemment, le beau tata que je suis a voulu courir quand même hier. Il voulait faire de l’intensité en plus. Ben oui, toi… Je suis parti avec mes crampons, me disant que ce ne serait pas si mal. Erreur. La surface de course était la pire qu’un coureur puisse affronter: ce que j’appelle la cassonade. Vous savez, un mélange granuleux brunâtre dans lequel le pied s’enfonce, glisse et ne trouve aucune espèce de traction ?  Ben c’était ça. Les crampons étaient totalement inutiles, je pense même qu’ils me nuisaient plus qu’autre chose.

Après quelques kilomètres, j’ai décidé de les retirer. Ça ne changeait effectivement pas grand chose de les avoir ou non. Sauf que ça prend de la place dans les poches d’un coupe-vent, ces machins-là… Donc, retour à la maison où Barbara m’a accueille avec un « Déjà ? ». Voyant moins air de beu, elle a vite compris que je n’avais pas respecté ma belle promesse de garder une attitude positive envers la saison maudite.

Peu de temps après être reparti, une douleur à la fesse droite est apparue. À force de « twister » à cause de la cr… de cassonade, mon muscle fessier s’était trop contracté et coinçait maintenant mon sciatique. Calv… !

Bien sûr, en tant que tata, j’ai continué en me disant que ça allait passer. Ben oui chose ! Je me suis mis à arrêter à tout bout de champ, essayant tant bien que mal de m’étirer. Vu que l’étirement pour le sciatique se fait couché et qu’il faisait froid, venteux et qu’il y avait des millions de centimètres de neige au sol, pas question de m’étendre par terre. Je n’ai jamais trouvé une autre façon qui « faisait la job », comme on dit.

En plus, je ne sais pas pourquoi, mais on dirait que les automobilistes perdent une partie de leur cerveau quand il fait mauvais. Certains s’arrêtent en plein milieu de la rue, prenant bien soin de ne pas actionner le moindre feu clignotant pour indiquer leurs intentions. Tu fais quoi, du con ? Ton char prend toute la place !!!  D’autres choisissent ce moment pour avancer à 15 km/h. Donc, quand on se tasse sur le côté pour les laisser passer, ils prennent une éternité à le faire, nous faisant ainsi profiter le plus longtemps possible de la partie la plus épaisse de la m… qui couvre la rue. Pas de quoi améliorer mon humeur.

J’ai fini pas faire 15 kilomètres, en bougonnant. Depuis ce temps, à part pelleter (et chiâler), je passe mon temps à étirer mon fessier, dans l’espoir qu’il finisse par laisser mon sciatique tranquille. Pas question de courir avant que cette douleur disparaisse. De toute façon, avec la cr… de m… qui recouvre encore les rues… D’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, j’entends encore le grésil qui frappe dans les fenêtres. C’est vraiment la joie.

Non mais, ils sont où les Noëls de notre enfance où il n’y avait pas de neige et qu’il pleuvait de la vraie pluie ?  😉

Google Maps Inside

Nous habitons en banlieue. Et qui dit banlieue, dit “quartiers à thèmes”. Ainsi, à Ste-Catherine où nous vivons, il y a le quartier des peintres, celui des chansonniers, celui des fleurs, celui des bateaux, celui des athlètes et bien sûr, l’incontournable quartier des oiseaux, le nôtre.

Comme je promène le chien dans le quartier et ceux autour, je me fais évidemment souvent demander où est située telle ou telle rue. Et évidemment, je ne sais jamais. Rue des Sarcelles, rue des Hiboux, rue des Harfangs, je le sais-tu moi c’est laquelle ?  Quand j’avais 10 ans, je démêlais toutes les rues du quartier de mon enfance (et je les démêle encore, bien que ça me soit maintenant complètement inutile), mais à 43 ans, ça fait des années que j’ai abandonné l’espoir de retenir où est située chaque rue.

Vous imaginez quand je cours ? On dirait qu’il est écrit “Google Maps Inside” dans mon dos. Parfois, je suis à Laprairie, Brossard, St-Lambert et on m’arrête pour me demander des directions. Quand je dis que je n’habite pas dans le coin, on me regarde comme si j’avais deux têtes. Comment voulez-vous que je sache par où passer pour se rendre à Ville LeMoyne ?  Un GPS, ça ne vous tente pas ? C’est comme si  les gens s’imaginaient que parce qu’on est à pied, on vit forcément très près et surtout, qu’on connait le coin comme le fond de sa poche. Heu… non !

L’expérience a monté d’un cran jeudi au Mont Royal quand deux touristes m’ont demandé des indications pour se rendre… à l’Oratoire. Tout d’abord, nous avions une grosse barrière: la langue. Ils parlaient espagnol et leur anglais était quelconque. Comment leur faire comprendre qu’ils devaient emprunter un chemin dont j’oubliais le nom (c’est le Remembrance, je ne devrais plus oublier !), puis le chemin de la Côte-des-Neiges ?  Et même là, je n’étais vraiment pas certain de mon affaire. Ce n’est pas parce que je cours sur le Mont Royal que je connais tout ce qu’il y a autour…

Je savais toutefois que c’était assez loin et comme ils étaient à pied, alors je leur ai laissé savoir qu’ils en avaient pour 3-4 kilomètres. Puis la question qui tue: comment aller d’Houttobouss à Montréal ?  De quessé ?  Houttobouss ?  C’est où ça ?  Voulez-vous dire Otterburn Park ?  Pourquoi vous voulez aller à Otterburn Park ? Au Liechtenstein, tant qu’à faire ? Le monsieur essayait de répéter, la dame également, rien à faire, je comprenais toujours la même affaire.  Houttobouss ?  Puis finalement, j’ai allumé: c’était le terme espagnol pour “autobus” !  Ils voulaient de l’information pour l’autobus qui se rend à Montréal. Heu, la ville est en bas, juste là, vous ne la voyez pas (nous étions en face du chalet) ? Et pour l’autobus, aucune espèce d’idée. Vous ne voyez pas que je suis à pied ?  Ils ont malheureusement dû se débrouiller avec mes indications… quelconques.

J’ai fait ma tournée et après mes étirements, je me rendais à l’auto rapidement parce que j’étais en train de me les geler quand d’autres gentils touristes, français cette fois, m’ont abordé. Contrairement à plusieurs Québécois qui n’ont pas eu de bonnes expériences avec nos cousins, moi je les adore. Sauf qu’ils ont parfois tendance à utiliser beaucoup de mots pour exprimer leurs idées et j’étais trempé de sueurs au vent hivernal…

Au bout de ce qui m’a semblé une éternité, j’ai su qu’ils voulaient savoir comment se rendre à l’avenue de Mont-Royal.  Par chance, nous étions déjà sur le chemin Olmsted et le chalet était en vue. Je leur ai indiqué les deux options (l’escalier pour prendre un raccourci ou faire le grand tour en suivant le chemin). J’ai toutefois oublié de préciser qu’une fois rendus en bas, ils n’arriveraient pas nécessairement sur ladite avenue. Bah, ils ont certainement demandé leur chemin à un autre membre de la communauté “Google Maps Inside”…

Une semaine où il fallait vraiment vouloir

Je ne sais pas si le Bon Dieu voulait tester la persévérance de la communauté des coureurs du Québec au cours des derniers jours, mais il aurait voulu le faire qu’il n’aurait pas agi autrement. Retour sur une semaine de course pas comme les autres.

Dimanche 8 décembre. Il faisait un temps splendide, le vent se tenait tranquille, parfait pour le 33 km que j’avais au programme. J’ai profité de cette sortie pour découvrir un nouveau quartier et surtout, un nouvel aréna dans la ville voisine. Comme je ne vais courir dans ce coin-là que durant l’hiver, j’ai été surpris de constater à quelle vitesse tout ça avait poussé. On ne pourrait pas engager ce monde-là pour construire le nouveau pont Champlain ?

Mardi 10 décembre. Temps relativement doux et venteux, je me promettais d’appuyer un peu. Sauf qu’il est arrivé un imprévu: j’avais oublié ma Garmin allumée dimanche et la batterie était à plat. J’allais courir “tout nu”, pour ainsi dire. Avancer sans point de repère, ça me faisait tout bizarre. Ne pas connaitre ma vitesse dans la neige du canal Lachine, ni dans la ligne droite menant au pont de la Concorde… Je me sentais comme si je conduisais une automobile sans indicateur de vitesse.

Mais en même temps, j’ai ressenti un grand sentiment de liberté. C’est fou la dépendance qu’on développe pour les gadgets électroniques, particulièrement quand on court sur route. J’y allais comme je le sentais, accélérant ou ralentissant selon mes sensations (ou la glace !) et c’était tout. J’ai tellement aimé que je songe à recommencer, peut-être même me garder une sortie par semaine juste moi “tu-seul”, sans artifice, question de revenir aux sources.

Jeudi 12 décembre. Pour souligner l’arrivée du froid, j’ai eu la merveilleuse idée de me rendre au métro en courant. Au grand dam de ma mère à qui j’en ai parlé en fin de semaine. Et au grand dam de Barbara qui était découragée à la vue de mon manteau Louis Garneau dont je me sers seulement quand il fait très froid. Désolé mon amour, mais je n’étais tout de même pas pour me les geler juste pour ne pas te décourager…

C’est qu’il faisait froid pas à peu près ! Quand je suis parti, il faisait encore nuit et le vent soufflait déjà allégrement. Il fallait vraiment que je sois motivé ou que j’aie perdu le dernier semblant de raison qui me restait. Mais qu’est-ce que je foutais là, alors que tout le monde ou à peu près était encore au chaud, sous les couvertures ?

Suite à un arrêt pour prendre un gel en arrivant dans la ville aux rues-patinoires (St-Lambert), je n’ai jamais réussi à faire dégeler mes mains. Jamais je n’ai été si content d’arriver au métro (il était hors de question d’envisager le pont Jacques-Cartier par ce vent et ce froid !).

Vendredi 13 décembre. Deux sorties en intensité en deux jours, une première pour moi. Mais bon, avec le party de Noël du bureau le soir, j’avais la légère impression que je ne serais pas à mon meilleur le lendemain, alors… Encore une fois, j’ai dû affronter le vent et le froid. Encore une fois, je me suis dit qu’il fallait vraiment vouloir. Et encore une fois, je me sentais tellement bien par après que je n’ai jamais regretté.

Dimanche 15 décembre. C’était le summum: 30 centimètres de neige avec du vent et en bonus, une température froide. Quoi, du froid et de la neige en même temps ?  C’est quoi ce pays de schnoutte-là ?

Barbara m’a demandé: “Tu veux vraiment aller courir ?   Pelleter, tu en aurais en masse, non ?”. Ce n’est tellement pas la même chose que les deux termes ne devraient même pas pouvoir être cités dans la même phrase. Pelleter, c’est une tâche, comme faire le ménage ou la tondeuse. Une tâche pas trop déplaisante, mais une tâche quand même. Courir, c’est un plaisir et là, j’avais envie de me faire plaisir. La tâche pouvait attendre. Elles peuvent toujours attendre.

J’ai enfilé mes vieux Brooks avec des Yaktrax tout neufs par dessus. Notre rue était assez bien dégagée, j’étais optimiste. Ho la belle erreur d’évaluation !  Notre rue étant plutôt principale, l’entretien y est fait plus régulièrement. Mais ailleurs en ville, ouch !  De la neige semi-tapée où mes pieds s’enfonçaient joyeusement, j’en ai vu comme jamais dans ma vie. À un moment donné, je me disais que le coach Cloutier serait fier de moi parce que je courais à son fameux “bon rythme”. C’est pour dire à quel point je n’avançais pas !

Au début, je me disais que si je faisais au moins 10 km, ce serait correct. Puis, au moins 15… Ok, 20 et j’arrête. Finalement, je suis tombé sur la piste cyclable fraichement dégagée et bon, une chose en amenant une autre, j’ai fini par faire 30 km. Dans les circonstances, c’était plus que satisfaisant… et inquiétant pour ma douce moitié qui commençait à envisager de faire mettre ma photo sur les bouteilles de bière.

À mon arrivée à la maison, j’ai constaté que la neige ne s’était pas pelletée toute  seule. Devinez où j’ai passé mon après-midi… Disons que j’ai bien dormi hier soir ! 🙂

Un 80 km au XC Harricana

La nouvelle est sortie presque en catimini il y a une dizaine de jours et je ne l’ai tout simplement pas vue passer: en plus des épreuves tenues lors de la première édition cette année (5, 10, 28 et 65 km), le XC Harricana offrira en 2014 un choix supplémentaire aux fous de mon espèce: un 80 km (50 milles). Cette nouvelle épreuve se déroulera en fait sur exactement le même parcours que le 65 km auquel on ajoutera une quinzaine de kilomètres supplémentaires tirés du parcours du 28 km, dont l’ascension du mont Grand-Fonds.

J’avoue ne pas trop savoir quoi penser de tout ça. Comme je l’ai déjà dit, l’organisation du Harricana est excellente et je suis certain que les gens en place sauront relever ce défi avec brio. De plus, je n’ai entendu que des échos positifs à propos du 65 km et pour ma part, j’ai adoré le 28. Donc, pas de problème à prévoir de ce côté.

Par contre, je me pose des questions au niveau participation. Bien que la course en sentiers gagne en popularité (Orford en est la preuve par dix), on ne peut pas dire que le nombre d’ultramarathoniens dans notre belle province suit une progression aussi rapide. J’étais à St-Donat et au Harricana cette année et le nombre de visages que j’ai vus aux deux places était frappant. À mon avis, il risque plus d’y avoir une séparation du contingent de coureurs dans chacune des deux courses qu’autre chose.

Aussi, le départ des autobus à 3 heures du matin de la station de ski en vue d’un départ de course à 5 heures risque d’en décourager plus d’un (moi le premier !). À ça s’ajoute le fait que le 65 km était considéré par plusieurs comme une épreuve de préparation pour les ultras de l’automne. Vraiment pas certain que la nouvelle épreuve présentera le même attrait.

Une avenue qui serait peut-être intéressante consisterait à faire comme à Virgil Crest: donner le départ du 65 et du 80 km en même temps et permettre à ceux inscrits au 80 d’avoir tout de même un classement à la course de 65 km s’ils désirent s’arrêter lors du premier passage à la station de ski ou après, pour quelque raison que ce soit. Je crois qu’une telle mesure aiderait à augmenter le nombre d’inscriptions pour la longue course.

D’une manière plus générale, je me questionne également sur la nouvelle date choisie. En effet, le XC Harricana s’est déroulé le 7 septembre cette année, soit le samedi après la Fête du Travail. La raison en est simple: ça permettait d’allonger la saison touristique de la région de Charlevoix d’une semaine, les hébergements affichant complet durant cette fin de semaine. Or, en 2014, les courses auront lieu la semaine suivante, soit le 13 septembre. Une semaine avant Virgil Crest, deux avant le Vermont 50. Comme je compte faire une de ces deux courses (non, pas les deux, je ne suis pas complètement débile), je serai en tapering à ce moment-là, alors les chances que je sois à Charlevoix sont bien minces. À moins que je refasse le 28 km, question d’être sage…  😉

Obligé de courir pour une cause ?

“Est-ce que tu le fais pour une cause ?”

La question revient beaucoup moins fréquemment maintenant que la course à pied est devenue très populaire, mais à mes début, je l’entendais régulièrement. Ma réponse n’a pas changé depuis tout ce temps: “Non”. Pas d’explication, pas de justification. Les gens semblaient trouver ça bizarre un peu. Je cours parce que j’aime ça et si je m’inscris à des compétitions, c’est pour me fixer des objectifs, un point c’est tout. Je n’ai vraiment pas le goût de solliciter mes parents, amis et collègues afin qu’ils donnent de l’argent pour une cause que je supporterais en courant. Est-ce que j’ai le droit ?  Parfois, j’ai l’impression que non.

On dirait que de nos jours, on ne peut plus faire quelque chose simplement parce qu’on en a envie. Il faut se “justifier”. Prenez Mylène Paquette qui vient de traverser l’Atlantique à la rame “pour faire rayonner l’océan et lui permettre d’obtenir sa place dans l’affection du public en témoignant de sa beauté […]”. Ben voyons donc. Elle avait envie de le faire, ne pouvait-elle pas le faire pour elle-même ?  Même chose pour Guy Laliberté quand il est allé dans l’espace pour nous faire prendre conscience à quel point l’eau, c’est précieux (ou quelque chose du genre). Give me a break !  Le gars est milliardaire, il a les moyens de se payer un voyage dans l’espace, pourquoi pas ?  Pourquoi cette obligation de se justifier en se camouflant derrière une cause “noble” ?

L’origine de mon chiâlage du jour ?  Ça a commencé par les New York Road Runners, les organisateurs du Marathon, qui ne cessaient de m’achaler pour que j’amasse de l’argent pour une cause. À partir d’un certain montant, j’avais droit à des privilèges ou des prix, je ne sais plus (j’oubliais dans les secondes après avoir lu, quand je me donnais la peine de lire). Hé, ça me coûtait déjà un bras juste pour participer, il fallait en plus que j’amasse de l’argent ?  Vous savez, je n’ai pas besoin de ça pour me motiver à finir, j’ai toujours terminé mes courses.

Mais la goutte qui a fait déborder le vase est venue d’une course obscure. En effet, j’étais à la recherche d’une course de 50 milles ou 100 km qui serait organisée pas trop loin, au printemps. Le but: avoir une course préparation pour le Vermont 100 2015. Il y a évidemment Bear Mountain, le classique. Mais il est très technique, ce qui me convient moins. Et vu que le Vermont 100 ne l’est pas tant que ça…

Je suis tombé sur ceci: le Rock the Ridge 50-Mile Endurance Run. C’était exactement ce que je cherchais: 50 milles dans un parc, des sentiers ou chemins de terre, des beaux paysages. La même fin de semaine que Bear Mountain, donc parfaitement située dans le calendrier. Je suis allé voir l’inscription, pour avoir une idée. 150 $. Ok, c’est dans les normes. Puis je me suis mis à lire un peu plus bas et j’ai failli tomber en bas de ma chaise. Non, ils ne nous demandaient pas de faire du bénévolat (ce qui aurait été bien correct, à mon avis), c’était bien pire. En plus des frais d’inscription, chaque coureur doit s’engager à amasser un minimum de 250 $ en dons. Et pas pour une cause de son choix comme le cancer, l’arthrite ou la sclérose en plaques. Ne ne non. Pour aller au fonds de préservation du parc Mohonk où se déroule la course.

Vous n’êtes pas sérieux ? Vous voulez que je tète mes parents et amis pour qu’ils contribuent à la préservation d’un parc dont ils n’ont pas la moindre idée de l’existence ?  Vous êtes tombés sur la tête ou quoi ?

Comprenez-moi bien ici. Je n’ai absolument rien contre le fait que certains coureurs profitent de leur activité pour amasser des fonds qui viennent en aide à des gens dans le besoin ou qui iront à la recherche sur une maladie. Bien au contraire, j’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui le font. Mais ça doit demeurer un choix. Obliger les gens qui veulent participer à une épreuve de contribuer à une cause en plus d’avoir à en défrayer les frais d’inscription, ça commence à être de l’abus.

La Rock The Ridge ne fera donc pas partie de mon calendrier 2015. J’irai à Bear Mountain, ça va faire pareil.

Pardon ?

Quand je vais voir les statistiques de ce blogue, j’ai accès à plusieurs informations. Ainsi, je sais combien de personnes l’ont visité, de quels pays provenaient ces visiteurs, combien il y a eu de « clics », quels articles ont été visualisés, etc. Aussi, parmi toute cette information, je sais quel moteur de recherche a été utilisé (si la personne en a utilisé un) et parfois, je peux voir quels mots-clés ont été entrés pour y accéder.

Mon grand classique ?  Le fameux « Est-ce que Richard Garneau mesurait 7 pieds ». Depuis le décès de monsieur Garneau, c’était définitivement la phrase-clé qui détenait le titre de championne des phrases-clés-pas-rapport. Mais elle a été surpassée aujourd’hui par une que je n’aurais jamais même pu imaginer: « Se branler dans les toilettes avant une course » !

Pardon ?  Je sais que je parle souvent de l’importance des toilettes avant une course. En effet, la combinaison nervosité – hyper-hydratation fait que nous coureurs avons besoin de nous soulager assez régulièrement merci avant le départ. Mais pour le reste ?  Heu…  J’ai déjà (un peu) parlé de choses intimes, mais de plaisirs solitaires avant une course ?  À ma connaissance jamais. Allez rassurez-moi, dites-moi que je n’ai jamais parlé de ça…

En tout cas, en ce qui me concerne, quand je vais aux toilettes avant une course, c’est la dernière chose qui me vient à l’esprit. Disons qu’il faudrait vraiment vouloir.  Et entre nous, il faut avoir un esprit assez tordu merci pour penser à de telles choses !