Année de m…

Jeudi matin, je rentrais tranquillement au boulot à la course. Mes pauses-marche se faisant de plus en plus rares, disons que l’effet de l’humidité se faisait sentir. Mais je ne m’en plaignais pas: j’étais en train d’effectuer, lentement mais sûrement, un autre « retour au jeu » et c’était tout ce qui comptait.

Les coureurs d’expérience l’auront probablement remarqué, les lacets des souliers se défont plus facilement lorsqu’il pleut ou quand c’est tellement humide que nos pieds deviennent détrempés juste à recevoir la sueur qu’on émet.

C’était arrivé un peu plus tôt avec le pied gauche, je venais de me rendre compte que les lacets du pied droit s’étaient également défaits. Pas le temps de décider de m’arrêter,  j’avais déjà pilé sur lesdits lacets. Les lois de la physique ont alors opéré: tout mon corps avançait à 12-14 km/h, un obstacle a bloqué la base, le mouvement de translation s’est transformé en mouvement de rotation avec les pieds comme point d’appui.

Nous ultramarathoniens avons un sixième sens pour compenser quand les pieds glissent sur de la roche ou se prennent dans des racines. Mais on dirait qu’on perd toutes ces belles facultés quand on s’enfarge sur la route. Pas le temps de me protéger, je me suis retrouvé le visage contre le bitume. Calv… !

Après avoir vérifié que personne ne m’avait vu et arrêté le chrono (un gars a ses priorités) j’ai fait disperser les étoiles qui étaient apparues dans mon champ de vision pour être en mesure de constater les dégâts. Mis à part que j’étais tout crotté (c’était sous l’autoroute Bonaventure, l’endroit où la piste cyclable est à son plus sale, bien évidemment), j’avais de merveilleux road rashs sur les cuisses et les avant-bras, probablement aussi sur ma joue (j’ai essayé de vérifier, pas facile). Avais-je une commotion ?  J’en doutais, les prochaines heures allaient me le dire. J’avais surtout un foutu mal de côtes, gracieuseté d’un avant-bras qui avait été coincé entre ma poitrine et le sol lors du contact.

Cette dernière blessure qui m’achale encore aujourd’hui. Était-ce cassé ?  Je n’en avais aucune idée, et je l’ai ignoré un bout puisque j’ai vu le médecin seulement hier matin (anecdote : elle m’a demandé si j’avais maigri. Hein ? Elle se souvient de moi ?  De toute façon, sais pas, je ne me pèse jamais). Ben oui, j’ai attendu toute la fin de semaine. Pourquoi ?  Pour la simple et bonne raison que je me sentais mieux vendredi et j’étais certain de pouvoir reprendre la course samedi.

Ho que je m’étais fourvoyé !  À chaque fois que le pied touchait au sol au pas de course, une douleur vive transperçait ma poitrine. Rien à faire, j’ai dû me résigner à « seulement » enfourcher mon vélo. Et encore là, pas moyen d’accélérer en me dressant sur les pédales.

Le pire, je ne sais pas pourquoi c’est de même, ce ne serait pas arrivé avec des Skechers. J’ignore comment ils fabriquent les lacets de leurs chaussures, mais même dans les pires conditions, jamais ils ne m’ont fait ce coup, peu importe le modèle. Jamais. Pourtant, ils en ont vu de la pluie et de l’humidité.

Pourquoi je ne portais pas de Skechers, vous me demandez ?  Ben… C’est que le modèle GOrun de route que j’ai est de tendance plus minimaliste et donc, nécessite une foulée qui demande plus de travail au mollet qu’un modèle plus coussiné. Et comme je me remets d’une blessure au mollet… D’ailleurs, comme pour me narguer, j’ai reçu ma dernière paire d’Ultra Road hier. Si je les avais eus une semaine plus tôt…

Mais bon, au final, pas de fracture. En tout cas, pas de fracture apparente sur les radios. De toute façon, il semblerait que ça ne change pas grand-chose: la médecine n’y peut rien, il faut attendre que ça guérisse.  Je déjeune donc aux anti-inflammatoires et je pédale pour me rendre au travail. Encore.

Année de m…