Mes coups de coeurs de 2017

La tradition étant la tradition, j’ai l’habitude de faire une rétrospective de mes 12 derniers mois de course à cette période-ci de l’année. Sauf qu’avec les blessures, bof… Me suis déchiré un ischio, puis un mollet, pour finir par me jammer un fessier. Et patati, et patata… En plus d’être déprimant, c’est B-O-R-I-N-G !

J’ai donc décidé d’y aller avec mes quelques coups de coeur de l’année. Les voici donc, sans ordre particulier.

Ma soeur Élise qui complète son premier marathon – Une allure décontractée qui semblait vraiment facile malgré la chaleur, un sourire qui disait tout à l’arrivée, un merveilleux moment pour notre petite famille. C’était à mon tour d’être sur le trottoir pour l’encourager. J’ai pu être aux premières loges durant les 4 premiers kilomètres, mais la providence en a décidé autrement pour le reste. Et je dois l’avouer: être spectateur et attendre, c’est foutrement stressant !

On va essayer de remettre ça à un autre moment donné dans le cadre d’un ultra. Me faire pacer par ma soeur, ce serait tellement cool. 🙂

5 Peaks Orford – C’était ma deuxième incursion dans le monde du bénévolat durant un ultra, mais cette fois-ci, j’ai vraiment été à même de constater la somme de travail requise pour organiser un événement, peu importe sa taille.

Une épreuve à l’image de Luc, son organisateur: hyper-sympathique, sans aucune prétention. Je vais devoir décider bientôt si je prendrai part à l’édition 2018. J’en ai foutrement envie… Mais sinon, je retournerai y faire la circulation et un peu de balisage.

Ces milles pas – Ma découverte de l’année dans le cyberespace. Encore une fois, je dois choisir les qualificatifs d’hyper-sympathique et de sans prétention pour qualifier ce blogue également amusant et touchant. À chaque fois que je vois qu’un truc a été publié, j’arrête tout ce que je fais pour m’accorder quelques minutes de bonheur.

Malheureusement pour ses lecteurs, Laurianne a commencé un cours en physiothérapie à l’université cet automne et a moins de temps pour écrire. En espérant qu’elle puisse en retrouver un petit peu…

Bromont Ultra – Question: comment peut-on qualifier de « coup de coeur » quelque chose qu’on connait depuis des années ?

Réponse: en le vivant autrement.

J’avais déjà joué au bénévole lors de l’édition 2015 du Bromont Ultra. Mais ça n’avait été que pour un quart de 8 heures et je m’étais par la suite transformé en pacer. Cette fois-ci, non seulement j’ai été sur place presque non-stop pendant 36 heures, mais j’avais également la responsabilité du ravito principal. C’est là que j’ai vu tout ce qu’un événement d’une telle ampleur pouvait impliquer comme logistique: c’est tout simplement titanesque.

Le site a été transformé en véritable fourmilière où chacun ne pense qu’à une seule chose: aider. Aider les coureurs, aider les spectateurs, aider les autres bénévoles. Si vous ne croyez plus en l’être humain, devenez bénévole dans le cadre d’un ultra.

Vancouver, Ucluelet, Victoria… et New York – En fait, il s’agit plus de « coups de poing au coeur », mais bon… De superbes parcs, des vues imprenables, autant sur l’océan que sur Manhattan, mes sorties matinales lors de nos petites escapades m’ont laissé des souvenirs… qui auraient été pas mal plus agréables si j’avais été en mesure d’y emmagasiner plus d’endorphines.

On va se reprendre.

« Mes » physios – Je dois l’avouer, ma première expérience en physiothérapie n’avait pas été un grand succès. En effet, j’avais l’impression de me faire « ploguer » sur une machine à toutes les semaines et que la thérapeute ne faisait pas grand chose. J’avais par la suite eu beaucoup plus de résultats en ostéopathie.

Mais suite à la déchirure à l’ischio en fin d’année 2016, j’ai senti que les limites de l’ostéo étaient atteintes et sentant la guérison qui stagnait, je suis allé voir Annie-Claude à la gare centrale. Je n’avais pas grand chose à perdre.

Tout de suite, j’ai eu un diagnostic clair (ce que l’ostéopathe n’a pas le droit de poser) et un plan de « retour au jeu ». Je l’ai suivi et quelques semaines plus tard, j’étais revenu au top. C’est juste par après que j’ai poussé un peu trop le bouchon… avec les conséquences qu’on connait. On a recommencé le même manège avec le mollet et ça fonctionnait bien jusqu’à…

Si j’ai changé de thérapeute pour le fessier, c’est parce qu’on m’avait très très fortement recommandé Marjorie et je sentais que mon cas était désespéré. Il semblerait qu’il ne l’était pas puisque je reviens lentement, mais sûrement parmi les vivants, m’étant juré d’y aller hyper-progressif cette fois-ci.

Au final, je retiens une chose: un physiothérapeute, c’est un peu comme un entraineur personnel: il nous donne un bon coup de pouce pendant une séance qui dure relativement peu de temps, mais c’est aussi (et surtout) si on l’écoute et suit ses conseils par la suite qu’on va s’améliorer d’une consultation à l’autre. Je fais donc religieusement les exercices prescrits et suis maintenant à même de détecter les troubles avant qu’il soit trop tard. Enfin, je pense que je peux les voir venir.

Reste à voir si je vais réussir à demeurer sage…

Petit clin d’oeil à Guylaine et son équipe également. Ils ne m’ont pas traité (c’est plutôt d’un psy dont j’aurais eu besoin ce jour-là), mais ont accompli tout un travail avec les nombreux éclopés à Bromont. Chapeau bien bas.

Petites vites: les « oubliées » de 2017

L’année ayant été difficile, je n’ai pas souvent eu l’occasion de vous raconter mes aventures de course. En fait, le menu offert était surtout constitué de mes nombreuses mésaventures.

J’ai toutefois eu quelques sujets qui passaient par ma tête, mais je ne considérais pas qu’il y avait vraiment matière à article. Je vous en présente quelques-uns aujourd’hui, en format « petites vites ».

« Un 100 miles, ce n’est pas si dur que ça »

C’était lors du lancement de l’édition 2017 du Bromont Ultra. Gilles, qui n’est pas seulement un homme extraordinaire, mais qui est aussi un communicateur de talent, venait de nous exposer ses plans pour l’édition 2017 et subséquentes de « sa » course. Des plans impressionnants, avec des objectifs ambitieux. Qu’il va atteindre, je n’en doute pas une seconde.

Toujours est-il qu’après sa présentation, il nous a demandé, à Karine, Bruno, Daniel et moi, de venir sur scène pour répondre aux questions des gens sur les ultras en général, sur les 100 miles en particulier.

Contrairement à ce que mon style d’écriture pourrait le laisser croire, je suis loin d’être un extraverti, bien au contraire. Je parle peu, suis mal à l’aise dans les grands rassemblements (vous savez, les partys de Noël avec 40-50 invités ?). Alors me retrouver à parler devant une centaine de personnes…

Sauf que comme c’était MON sujet de prédilection, c’est moi qui me suis retrouvé à parler le plus. Et j’ai fini par sortir cette phrase qui a fait réagir.

Pourtant, je persiste et signe : un 100 miles, c’est beaucoup moins difficile qu’on puisse penser. Il suffit de se faire à l’idée que ça va être (très) long, qu’on va avoir des (pas tellement) hauts et des (très) bas, mais que ça va passer. Traverser la nuit dans les sentiers, ça parait pire que c’est et croyez-moi, le temps file assez vite en course. 24, 28, 30 heures dans ce contexte, ça n’a rien à voir avec la « vraie vie ». Il faut juste être à l’écoute de son corps et surtout, garder le moral.

Et si on est blessé ou si on est totalement écoeuré, ben on arrête. Pas plus compliqué que ça.

« On est tu-seuls dans le bois, on n’a pas le choix de continuer si on ne veut pas crever là… « 

Parlant d’arrêter, un monsieur nous demandait comment on faisait pour continuer quand ça va mal, quand on souffre, quand on est à bout de force et qu’on veut juste rentrer à la maison.  Cette réponse m’est venue spontanément. Les gens ont trouvé ça drôle.

Les doubles-nœuds

Suite à ma débarque après m’être enfargé dans mes lacets au milieu de l’été, je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont « suggéré » de faire des doubles-nœuds.

Tout d’abord, oui, je fais des doubles-nœuds, Pas le choix, les foutus lacets sont faits pour les souliers des gens qui chaussent du 22 !  Et comme j’ai les pieds étroits, j’en ajoute en les serrant pas mal plus que la moyenne.

Sauf que des doubles-nœuds faits avec des lacets mouillés, soumis à des forces beaucoup plus considérables qu’une simple petite promenade, eh bien ça peut se défaire quand même. À quelle fréquence les souliers des gens « normaux » sont soumis à de telles conditions, vous pensez ?

C’est tout de même étrange qu’un grand total de zéro coureur m’ait suggéré une façon de lacer mes chaussures. Je présume donc que ce genre de mésaventure soit déjà arrivée au moins une fois à mes collègues de course.

La réunion avec le directeur

C’était à la mi-août, tout juste avant que je tire la plogue sur ma saison. Les sorties étaient de plus en plus difficiles, mon fessier commençait à vraiment me ralentir.

Toujours est-il que je revenais tout de même de ma sortie matinale dans les sentiers du mont Royal. Je regardais, tout dégoulinant, mes courriels avant d’aller à la douche quand mon patron est passé à mon bureau.

« Euh… Le directeur voudrait nous voir… ». Il y avait un dossier très chaud concernant une de nos installations, dossier sur lequel je travaillais. Et le directeur (qui, pour vous situer, est trois niveaux au-dessus de moi dans la hiérarchie de l’entreprise) voulait nous voir pour en discuter.

Drette là ? « Ben… Prends le temps d’arriver… ». Je sentais que ça ne pouvait pas vraiment attendre, alors j’ai suggéré d’y aller immédiatement.

Nous étions quatre : mon patron, son chef, le directeur et moi, dans une petite salle de conférence. Heureusement, le code vestimentaire est plutôt souple au sein de la compagnie. De là à être en souliers de trail, shorts, t-shirt, avec la bouette sur les jambes en prime…

Ajoutez à ça que vu que j’étais tellement mouillé que je n’ai pas osé m’asseoir sur une chaise (question de ne pas la condamner à la puanteur éternelle) et ai passé la réunion à genoux, les bras appuyés sur la table. Pour la crédibilité, on repassera.

Et pourtant, tout s’est super bien passé… et je n’ai reçu le moindre commentaire sur ma tenue… négligée ! 🙂

Ne pas courir en voyage

J’ai déjà fait plusieurs articles sur le sujet, j’adore courir lorsque je suis ailleurs. Découvrir de nouveaux endroits en se déplaçant sur nos deux jambes, ça a un côté tout simplement magique. Alors vous devinerez que lorsque nous avons planifié notre petite virée en Colombie Britannique, je salivais déjà. Le parc Stanley à Vancouver, le Wild Pacific Trail à Ucluelet, le bord de l’océan à Victoria, ha…

Mais un fessier, c’est foutrement pratique pour courir et quand il bloque, ben… on vit une véritable torture ! Puis je me suis dit: au diable la blessure, ma saison est foutue de toute façon, plus besoin de faire attention. Le réveil a donc été enclenché et je suis parti au lever du soleil. J’allais alterner course et marche, en écoutant ce que mon corps me permettait.

À Vancouver, le parc Stanley était trop loin, je me suis rabattu sur le Queen Elizabeth Park. Plus petit, mais vraiment beau et offrant une vue incroyable sur la ville et les montagnes derrière. J’en aurais certainement plus profité si j’avais pu courir plus de 2 minutes sans arrêter, mais bon…

Quant à la Wild Pacific Trail, hou la la… Un sentier style mont St-Bruno tracé en haut de falaises surplombant l’océan, des points de vue spectaculaires, pas un chat. Ce que j’aurais aimé la faire la pédale dans le plancher… J’ai plutôt profité de la vue, même le matin où il tombait un petit crachin.

Victoria ?  C’est un autre nom pour le paradis. Déjà que vous savions qu’il n’y avait pas vraiment d’hiver là-bas, voilà que nous avons appris qu’il y tombait moins de pluie qu’au Québec. Le paradis, je vous dis.

À 3 minutes du bachelor que nous avions loué, une piste cyclable et une autre piétonne tracées où vous pensez ?  Hé oui, encore en haut de falaises surplombant la mer. Avec en prime, une vue sur les montagnes de l’état de Washington. De là, on pouvait se rendre au centre-ville, en passant par le pittoresque Fisherman’s Wharf. Et il y des chanceux qui vivent dans cette ville à l’année ? Je me demande s’il y a des postes ouverts dans le coin…  😉

Bref, je me suis bien promis d’y retourner, question de refaire tout ça à ma « vraie » vitesse.

Les hymnes nationaux

Comme bien de mes concitoyens, je pense que Donald Trump est un idiot, l’exemple par excellence que même la démocratie a ses limites.

Parmi les nombreuses niaiseries qu’il a prononcées depuis son accès à la Maison Blanche (et Dieu sait qu’il y en a eu !), retenons ce discours où il déversait son fiel sur les athlètes professionnels qui exerçaient leur liberté d’expression pour protester contre les injustices raciales aux États-Unis en posant un genou au sol durant l’hymne national américain.

On peut être pour ou contre l’idée, mais à la base, on dirait que bien peu se sont posé la pourtant si simple question: pourquoi donc faire jouer l’hymne national avant un match de sport professionnel ?  Non mais, on s’en câl…-tu ? Voulez-vous bien me dire à quoi ça sert ?  Tous les joueurs (ou presque) sont américains, les spectateurs sont américains. Il ne s’agit pas d’une confrontation entre équipes représentant leur pays, ce sont deux équipes professionnelles appartenant… à des milliardaires du secteur privé.

Et ce patriotisme, je l’ai aussi constaté à Boston et à New York dans le cadre du marathon. De ce côté-ci de la frontière ?  Bien sûr. À Mississauga et à Ottawa, ils nous font jouer le Ô Canada avant la course. Mais jamais au Québec. Pourquoi ?  Ok, les Québécois se sentent avant tout québécois avant d’être canadiens, mais même dans un Québec souverain, je m’imaginerais mal le « Gens du pays » qui retentirait avant une course. Pour la simple et bonne raison que ça n’a aucune affaire là !

Et bizarrement, quand il s’agit de courses en sentiers, on ne s’embête pas avec ça, que ça se passe aux USA ou ailleurs. Même le North Face Endurance Challenge semble « oublier » l’importance de l’hymne national.

Il faut croire que certains ont compris des choses…

Les ultras

Le documentaire Les ultras qui a été présenté à Télé-Québec a provoqué bien des réactions. Personnellement, j’ai beaucoup aimé l’approche consistant à suivre quelques coureurs sur plusieurs mois, un peu comme ça avait été fait pour l’excellent Spirit of the Marathon. L’histoire de David, celui qui doit faire un deuil du monde de la course parce qu’il n’a plus envie de courir m’a particulièrement touché.

Plusieurs ont lancé des tomates (virtuelles) à Anne, pour avoir dit qu’elle désirait continuer à courir parce qu’entre autres, elle ne voulait pas finir par faire comme le monde « ordinaire » et devenir « ordinaire ». Ça laissait place à une certaine interprétation.

Je ne la connais pas beaucoup, mais ça me surprendrait énormément qu’elle ait exprimé ainsi une espèce de complexe de supériorité. Bien au contraire. J’interprète ça plutôt comme le fait qu’elle se sent « spéciale », « différente » ou même « privilégiée ». En tout cas, pour ma part, c’est souvent comme ça que je me sens quand je cours. Que ce soit dans les vallons de la Baie James, dans les rues des grandes villes ou même au petit matin, quand je m’élance pour courir dans l’obscurité alors qu’il fait -20 degrés. Je me sens seulement différent, pas comme les autres. Et donc, chanceux de pouvoir le faire. Je suis certain que les maniaques de vélo ou de natation vivent à peu près la même chose.

Et croyez-moi, avec l’année que j’ai vécue, je profite pleinement de ces moments de « différence ».

Suite au visionnement du documentaire, un de mes collègues est venu me voir pour m’en parler. Il n’en revenait pas des distances et des dénivelés. Quand je lui ai fait remarquer que j’avais fait plusieurs courses plus longues, avec plus de dénivelé, il est demeuré bouche bée.

Et pourtant je n’en démords pas : un 100 miles, ce n’est pas si dur que ça…

Le moment présent

Il faisait un soleil radieux. Tout autour, c’était le calme plat. Le seul bruit que j’entendais, c’était les « crunch-crunch » répétés de mes pas sur la neige qui recouvrait la route ondulée. Après avoir eu à composer avec des blessures à répétition, après avoir même craint que je n’allais plus jamais pouvoir courir, je retrouvais enfin cette paix intérieure, cette sérénité. Ha, c’était encore loin d’être parfait mon affaire, le fessier encore récalcitrant me rappelant d’y aller mollo. Mais je progressais. Enfin.

La charrue m’a sorti de mes pensées. Je me faisais déjà une joie de voir la tête du chauffeur se demandant ce que je pouvais bien foutre là, à quelques kilomètres du campement Sakami, seul endroit où on peut trouver âme qui vive à proximité de la centrale LG3.

En arrivant près de moi, il ralentit et baissa sa vitre.

– Tu feras attention, y’avait un loup icitte tantôt…

– Je le sais, j’ai vu des traces.

– Ha ok c’est beau. Bonne course !

Et il est reparti.

Ben oui Chose. Maintenant que j’avais vu des traces, tout était beau, il n’y avait plus de danger…

En fait, j’avais trouvé lesdites traces plutôt petites pour appartenir à un loup et comme les chiens de poche ne sont pas légion sur la Transtaïga (oui, c’est le nom de la route qui traverse la Baie James, est-ce que ça fait assez « Grand Nord » à votre goût ?) et autres petites routes connexes, je me disais qu’elles devaient appartenir à un renard. Faut croire que non.

J’avoue avoir couru les fesses un tantinet serrées pendant quelques minutes avant de retomber dans mes rêveries. C’est alors que j’ai eu l’illumination.

Enjoy the moment.

Cette simple petite phrase, Bono l’avait glissée doucement à l’oreille d’une admiratrice lors du dernier concert du groupe auquel nous avons assisté. Il venait de faire monter une cinquantaine de personnes sur la scène et une jeune femme tentait de prendre un selfie avec le charismatique chanteur. Sauf que dans l’énervement (elle tremblait comme une feuille), elle n’arrivait pas à faire fonctionner son téléphone pour prendre ladite photo et après une deuxième tentative infructueuse, Bono a souri et lui a gentiment suggéré de profiter de l’instant présent avant de poser un baiser sur sa joue.

Je suis comme ça: je ne suis pas du type « photo », préférant profiter du moment présent (ou peut-être suis-je paresseux ?). J’ai déjà passé 6 semaines au Japon pour le travail. Combien de photos que ai-je prises ?  Un gros « 36 poses » (oui, ça fait longtemps). Et lors d’une assignation de 10 jours en Chine ?  12 photos.

Que dire de mes sorties matinales dans des endroits « exotiques » ?  Combien de photos prises au total lors de ces courses matinales quand nous sommes en voyage, vous pensez ?  Un gros zéro.

J’avoue que j’aimerais avoir des souvenirs plus concrets du Bois-de-Boulogne, de la place St-Pierre vide, du Colisée illuminé par le soleil levant, de Florence au petit matin, des moutons dans la campagne anglaise, etc. Je dois me contenter de mes souvenirs parce que traîner un appareil, ça ne me vient jamais à l’idée. Il faut croire que je préfère me fier à ma mémoire, ce qui est borderline inconscient de ma part, vues les nombreuses défaillances qu’elle présente. Heureusement que ce n’est pas tout le monde qui est comme moi…

Or donc, ça faisait un bout de temps que j’y songeais, j’ai pris ma décision là, sur un chemin de terre couvert de neige dans le bouclier canadien: je ne renouvellerais pas mon association avec Skechers pour 2018.

Le rapport, vous me demandez ?  La compagnie est bien de son temps, donc très « photo » et « réseaux sociaux ». À chaque mois, elle nous demandait un rapport (250 mots maximum) de nos activités « avec au moins 5 photos » que nous avions mises sur les réseaux sociaux. Lors de la réunion des ambassadeurs, la représentante nous avait montré le genre de photos que la compagnie recherchait. Ce n’était pas compliqué: ils voulaient nous voir portant du Skechers tout en ayant « du fun » à faire ce qu’on fait (soit courir, pédaler, nager, etc.).

Des mots, je peux vous en pondre à la tonne (duh !), mais les photos, comme je viens d’en parler, ce n’est pas mon truc. Disons que je ne ne vois pas le jour où j’aurai un compte Instagram. Alors disons qu’ils n’en ont pas reçu beaucoup de ma part.

Ajoutez à ça qu’avec les blessures, je n’ai pas pu remplir mes engagements contractuels concernant ma présence dans le cadre de compétitions. Je déteste signer un contrat et ne pas le respecter. En même temps, les blessures ont eu un rôle à jouer dans ma décision. Et si les souliers en étaient la cause ?  Honnêtement, j’en doute beaucoup. Mais si ?  Jamais de ma vie je n’ai été blessé comme ça…

Dernier point : en 2016, j’avais l’impression de faire partie d’un projet. Quand le modèle original du Gotrail est sorti en milieu d’année, Arnaud, le représentant d’alors, m’en a tout de suite fait parvenir une paire pour avoir mon avis. J’avais l’impression que mon opinion comptait un tant soit peu.

Cette année, quand les nouveaux Gotrail ont été disponibles, j’en ai demandé une paire pour les tester. Réponse ?  J’avais déjà reçu le nombre de paires prévu à mon contrat pour l’année. C’était vrai. Je n’avais pas vraiment prévu me blesser en début d’année et comme le nouveau modèle tardait à arriver, je m’étais lancé dans les Gotrail Ultra et sur deux modèles de route. Sauf que ledit contrat prévoyait un nombre minimal de paires, il n’y avait pas de maximum. La compagnie ne s’en était d’ailleurs pas formalisée l’an passé. Pas cette année on dirait. Voulait-on vraiment mon avis sur les souliers de route ? Il y a plein de marathoniens et de thiathlètes dans l’équipe pour ça…

Une fois la décision prise, c’est le coeur léger que j’ai regagné les résidences. S’il n’avait pas été si tôt (il était 8 heures le matin, l’autobus nous amenant à l’aéroport partait une heure plus tard), je pense bien que j’aurais invité mon patron à fêter ce nouveau départ à l’Hygloo. Mais bon, on y avait déjà passé quelques heures la veille au soir, alors c’est un peu comme si j’avais déjà fêté en avance… 😉

Je tiens à remercier Arnaud et Laurent (anciennement) de chez Skechers pour m’avoir permis de faire partie d’une équipe d’ambassadeurs, chose que je n’aurais jamais envisagée comme possible avant que ça se concrétise. Et un gros merci à Éric pour m’avoir présenté à eux.

Je compte bien user les produits de la compagnie jusqu’à la corde, particulièrement les casquettes, le coupe-vent et les pantalons de course, pour la simple et bonne raison que c’est du maudit bon stock. Quant aux souliers, je vais m’en éloigner progressivement pour le moment, question de voir s’ils n’ont pas un lien avec ma condition. Ils demeureront toutefois dans mon armoire à souliers, car il n’est pas dit que je n’y reviendrai pas. C’est qu’ils sont foutrement confortables…