Le jour où j’ai aimé l’hiver

Après quelques jours de pause, faute de temps, je suis enfin de retour. 🙂  Pour parler de l’incroyable, mais vrai. Car c’est arrivé: l’espace d’une journée, j’ai aimé l’hiver ! Oui oui, je le jure ! Comme quoi, je ne suis pas une cause totalement désespérée…

Je vous raconte. C’était samedi. Nous avions un souper-gang-du-secondaire au chalet de mon ami Louis, au lac Nicolet. Mes parents habitent à une quinzaine de kilomètres de là, alors l’occasion était rêvée pour qu’on fasse un coup double: visite chez mes parents et souper avec les amis. Mais je ne pouvais faire autrement, il fallait que j’y aille pour le tour du chapeau: ajouter une belle sortie à tout ça. Avec les montagnes et les chemins de terre des environs, il m’était tout simplement impossible de passer à côté d’une si belle occasion.

Ainsi donc, samedi matin, je suis sorti à l’extérieur. Il tombait une petite neige, le vent était relativement calme, la température, autour de -1 ou -2 degrés, était bien correcte. Arrivé au bout de l’entrée de cour de mes parents, j’avais deux choix: par la droite, c’était 15 km pour me rendre chez Louis. Par la gauche, c’était 33 ou 34. J’avais mon Camelbak chargé de 2 litres de Gatorade, avec des bretzels et des barres énergétiques en bonus. Quelle direction j’allais prendre d’après vous ?

Je suis (bien sûr) parti vers la gauche, en prenant bien soin de ne pas aller trop vite. Mais bon, ça descendait un peu et c’était sur l’asphalte, alors… Après 2 km, première grande descente vers la rivière Nicolet. J’ai pu m’y rassurer un peu: je n’avais pas trop perdu de mes habiletés en descente. Et rendu à la rivière, qu’est-ce qui se présentait à moi ?  La première montée de la journée. À 13%. Comme elle était sur l’asphalte, j’ai pu la faire en courant, mais j’y ai laissé pas mal d’énergie. Sauf que je m’en foutais: j’allais bientôt prendre mon premier rang de campagne.

Quand j’ai emprunté ledit rang, la joie que j’anticipais s’est concrétisée. Le sol était enneigé, oui, mais fort praticable car la neige était bien tapée. Le vent ?  Dans la figure, mais ce n’était pas grave. J’avais une vue magnifique sur les collines et montagnes environnantes. Je courais dans le milieu du chemin parce que j’avais ni plus ni moins la route pour moi tout seul. Pour m’accompagner, le bruit régulier de mes pas (et le flouche-flouche du Camelbak), le vent, la petite neige, ma respiration. Et c’était tout.

J’ai avalé les petites bosses sans me presser. Les montées étaient parfois difficiles à cause de la neige et je devais demeurer prudent dans les descentes, n’étant jamais certain de la surface. Je retrouvais (enfin) les sensations qu’on a quand on court en sentiers. Je ne sais pas trop comment décrire, c’est comme… différent. Un détachement presque total du temps, un sentiment de liberté, de synergie avec la nature. Ce n’est pas sur les pistes cyclables ou sur le bord des rues qu’on retrouve ça…

Arrivé sur la « route » 257 menant au mont Ham, je pensais bien avoir à composer avec plus de circulation. Sur les 7-8 km de ce tronçon, j’ai croisé un grand total de… trois véhicules tout-terrain. Des autos ? Zéro, niet, nada. Au 14e kilomètre, je me suis arrêté pour engloutir un gel au beurre d’arachides et j’ai pris mon temps pour respirer l’air pur. Et c’est là que ça m’a frappé: à cet instant précis, je n’aimais pas l’hiver, je l’adorais. Oui, moi, j’adorais l’hiver.

Par après, j’ai passé devant le mont Ham, endroit où je me promets bien de revenir une fois la neige fondue. Rendu à St-Joseph-de-Ham-Sud (le nom du village est définitivement plus long à lire que le temps que ça prend pour le traverser), j’ai pris la direction du lac Nicolet, par un chemin que je faisais pour la première fois de ma vie.

Avant de prendre le chemin et retomber dans la campagne proprement dite, je suis passé devant l’ancienne école du village. J’avoue avoir été un peu sidéré de constater qu’il y en avait déjà eu une. Je me demande bien quel illuminé a eu la merveilleuse idée d’investir de l’argent public pour construire une école dans un village aussi minuscule… Et surtout, quel est le zouf qui a approuvé ça ! Parce qu’à voir la grandeur, la population entière aurait certainement pu y suivre des cours… tout en étant 10 ou 15 par classe ! Enfin…

Aujourd’hui, à voir le nombre d’antennes paraboliques sur les murs, on dirait bien que le tout a été transformé en appartements ou maison de chambres. Autre question: pourquoi aller vivre en appartement à St-Joseph-de-Ham-Sud ?!?

Bon, retour à mon petit chemin. Montées et descentes bien raisonnables ont commencé à se succéder, toujours à mon grand bonheur. La neige et les arbres qui en étaient chargés étouffaient les bruits, me faisant croire que j’étais seul au monde. Jusqu’à ce que le klaxon d’un SUV me ramène temporairement sur terre. Un peu plus loin, trois représentants de la race canine sont sortis dudit SUV pour venir à ma rencontre. Comme j’adore les chiens, je ne les crains aucunement, alors malgré leur côté un peu bavard, ils se sont laissés amadouer.

Ça me faisait tout drôle, avancer à la découverte dans un endroit totalement inconnu (une première depuis le Vermont 50). À un moment donné, j’ai vu le lac sur ma gauche et les chalets ont commencé à faire leur apparition. Ma promenade achevait. Rendu au bout du lac, avant de prendre le chemin menant à destination, j’ai été sorti de mon rêve. Stationnées sur le côté de la « route », une dizaine de motoneiges. Merde, dans le genre gâcher le paysage… Ce que je peux détester les engins à moteur !   En plus, une odeur de cigare empiétait sur l’air pur de la campagne.  Quand je suis passé devant les motoneigistes, il y en avait effectivement un qui tétait un barreau de chaise comme un bébé tète le sein de sa mère. Pathétique. La moitié du troupeau m’a regardé passer, ayant l’air de se demander d’où je venais. Sur le coup, ils n’étaient pas loin de me rappeler le comportement de certains bovins quand je passe devant eux en courant. Ne manquait que les beuglements.

Évidemment, après avoir passé mon chemin, il a fallu que tout ce « beau » monde décide de suivre le même parcours que moi… Heureusement, ces machins modernes sont moins bruyants (et moins puants) que leurs ancêtres à deux temps.

Puis j’ai aperçu au loin une maman qui prenait une petite marche avec son bébé dans un traineau. C’était Julie, la conjointe de Louis, et la petite Léa, 5 mois. Quand Julie m’a vu arriver, elle s’est mise à m’encourager, comme en compétition. Mon sourire, disparu suite à l’épisode des motoneiges, est revenu aussitôt.

Une bien belle journée…

Le Marathon de Tokyo

La saison des grands marathons débutera ce dimanche avec le Marathon de Tokyo, premier des World Marathon Majors à être disputé cette année.

Quels sont les autres ?  Boston en avril, Londres aussi en avril, Berlin en septembre, Chicago en octobre et New York en novembre. Des points sont attribués aux 5 premiers, autant chez les femmes que chez les hommes, lors de chacune de ces courses sur une période de deux ans. Celui et celle qui terminent au premier rang empochent un beau boni de 500000 $. De quoi se motiver, non (j’aime mieux ne pas penser à Scott Gomez qui va faire 10 fois plus en restant tranquillement chez lui…) ?  Les résultats des marathons des Championnats du Monde et des Jeux olympiques sont également comptabilisés dans ces classements, mais ne sont toutefois pas considérés comme faisant partie des Majors.

Depuis 2000, j’avoue avoir un fort penchant pour le Japon. À l’époque, j’y ai passé 6 semaines dans le cadre du travail et j’ai tout simplement adoré l’expérience. La réserve, le respect mutuel et l’altruisme des Japonais m’ont séduit. J’ai énormément apprécié pouvoir me promener dans les rues à toute heure, sans jamais éprouver le moindre soupçon de crainte. Car pour ce peuple, l’honneur est beaucoup plus important que  tout l’argent du monde. Et commettre un acte criminel, c’est se déshonorer. On ne peut pas dire que tout le monde pense de la même façon par ici. Enfin…

La très grande propreté des villes est un autre aspect qui m’a frappé. L’hôtel où j’habitais était situé à Yokohama, en banlieue de Tokyo. Ok, ça fait bizarre de décrire la deuxième plus grande ville d’un pays aussi peuplé comme étant une banlieue, mais bon… Toujours est-il que nous étions à peine à 30 minutes de LA grande ville, alors je suis allé y faire un tour à quelques reprises. À mon grand étonnement, Tokyo est très peu polluée, moins que Montréal à mon avis. Il y a beaucoup de grands espaces verts où on peut se promener en toute tranquillité. C’est vrai qu’ailleurs en ville, ça grouille de partout et il y a toujours plein de monde. Je me sentais exactement comme le personnage de Bill Murray dans Lost in Translation: perdu, complètement en dehors de mon élément. Mais j’ai adoré.

Sauf que le Japon, ça se vit, ça se ressent. Ça ne se visite pas vraiment. À part le mont Fuji, il n’y a pas grand chose à voir côté touristique. Pas de Statue de la Liberté, de Grande Muraille, de Tour Eiffel, de Colisée, de Golden Gate Bridge, etc. Et en plus d’être très loin, le coût de la vie y est très élevé.

C’est la raison pour laquelle malheureusement, le Marathon de Tokyo ne fait pas partie de ma bucket list des marathons à faire: le jeu n’en vaut tout simplement pas la chandelle. J’ai bien d’autres endroits à voir dans le cadre d’une course avant de retourner là-bas. Dommage.

Ça ne m’empêchera toutefois pas de suivre à distance ce qui se passera dans les rues de cette ville qui devrait servir de modèle à toutes les grandes cités sur cette terre.

Marathon de New York: ça prend du temps…

Je ne sais pas trop ce qu’ils font, mais il me semble que ça prend du temps. Si je n’étais pas si poli, je dirais que ça niaise…

Comme je l’ai déjà raconté, parce que je n’avais pas été pigé trois années de suite à la loterie pour avoir le droit de participer au Marathon de New York, j’avais théoriquement mon entrée garantie pour l’épreuve de 2013. Sauf que suite à l’ouragan Sandy, l’édition 2012 a été annulée et tout a été chamboulé

Le comité organisateur, et c’est bien normal, a donné la priorité aux malheureux qui étaient inscrits pour 2012 et qui se sont vus refuser par Dame Nature la joie de vivre cette expérience. Ces personnes avaient jusqu’au 25 janvier pour se prévaloir de leur droit. Ensuite, en fonction du nombre de réponses positives, les critères d’admission pour 2013 seraient révisés.

Ça fait presque un mois et toujours rien sur le site web (site qui est d’ailleurs plutôt moche) de l’événement. Ils font quoi, au juste ?  Est-ce si long de compter le nombre de gens qui ont décidé de se reprendre un an plus tard et d’ajuster le tout en conséquence ?

À mon humble avis, ceux comme moi qui ont été refusés trois fois d’affilée auront une entrée garantie pour 2014… s’ils participent à une quatrième loterie et qu’ils sont refusés encore une fois. Je vais donc payer les 8 ou 10$ que ça coûte encore cette année, même si je sais que je ne serai vraisemblablement pas choisi. Je ne suis pas pour lâcher si près du but !

Et aussi, je dois l’avouer, c’est plus facile que de réussir 1h23 sur un demi (!) ou 2h50 sur un marathon (!!!) pour me qualifier…

Félicitations à tous et à toutes !

Finalement, le vent n’a pas été aussi pire que prévu hier matin (hier soir par contre…). Mais il faisait froid et pendant que je faisais ma longue sortie dominicale, j’ai eu une petite pensée pour tous ceux qui faisaient de la compétition par de telles conditions. Wow, vous avez toute mon admiration !

J’avais déjà parlé du demi-marathon hypothermique samedi. Il a été remporté par Pîerre-Luc Goulet avec un temps de 1:21:19. Dans des conditions parfaites, je ne peux même pas rêver pouvoir approcher un tel temps, alors par une journée semblable… Sans compter la surface sur laquelle les coureurs devaient évoluer, qui était probablement très loin d’être idéale. Définitivement qu’il y a des gens doués, il n’y a pas à dire.

Il y avait aussi une autre course d’importance dans la région métropolitaine: le défi hivernal de l’Île -Bizard, première étape du Circuit de course à pied du Grand Montréal. Parlant de gens doués, Terry Gehl y a brillé encore une fois. Classé meilleur coureur au Canada chez les Maîtres (c’est une façon polie de catégoriser les gens comme moi qui ont dépassé 40 ans), monsieur Gehl a remporté le 5 km pour ensuite terminer en 4e position sur 10 km (je ne sais pas dans quel ordre étaient disputées les courses, mais définitivement pas en même temps !). Tout un exploit !

Mais l’exploit du jour, il revient à tous ceux qui se sont d’abord inscrits à ces compétitions, puis se sont donnés la peine de se rendre sur place pour y participer. Le grand nombre de coureurs présents à ces deux événements de la fin de semaine nous démontre hors de tout doute que la course à pied est un sport en santé au Québec. Et pendant que ces gens courent, ils se tiennent loin de la maladie et des hôpitaux.

Alors, toutes mes félicitations à tous et à toutes !  🙂

Le demi-marathon hypothermique

Avant de commencer, un petit mot à la personne qui s’est retrouvée sur mon blogue en faisant la recherche suivante: « Est-ce que Richard Garneau mesurait 7 pieds ? ». Disons que je l’ai trouvée assez drôle merci !  🙂  La réponse: non. C’était un grand monsieur, dans tous les sens du terme, mais il ne mesurait tout de même « que » 6 pieds et 4 pouces…

Bon, le vif du sujet maintenant: le demi-marathon hypothermique qui aura lieu demain matin au parc Jean-Drapeau. J’ai déjà amplement parlé du Badwater 135 qui me fascine tant. Hé bien, ça pourrait peut-être sembler bizzare, mais le demi hypothermique me fascine également. Car tout comme l’autre, j’avoue avoir un peu peur de cette épreuve. Bon, j’exagère un peu, mais pas tant que ça.

Quand j’ai commencé à courir, j’avais identifié cette course comme candidate principale pour en faire mon premier demi-marathon. Puis je m’étais blessé en jouant au hockey cosom et j’avais passé mon tour, attendant le demi Scotia Bank en avril. Ensuite, à chaque année, je me trouvais une excuse pour ne pas participer: trop de travail, trop de neige, trop de vent, trop froid (c’est le demi-marathon hypothermique, du con…). Trop de n’importe quoi, en fait.

La vérité est que l’incertitude face à cette course me rend mal à l’aise. On ne sait pas quoi la surface aura l’air et surtout, quelle température il fera. Bien sûr que je n’ai pas peur de la distance dans le froid, le vent et la neige, j’en fais autant sinon plus à tous les dimanches que le bon Dieu amène. Mais je ne sais pas, on dirait que je ne me fais pas à l’idée de rester dehors à geler plusieurs minutes avant le départ. Ou demeurer à l’intérieur avec mon linge de course d’hiver sur le dos, avoir chaud au point de transpirer, puis congeler en mettant le pied à l’extérieur. En hiver, j’aime bien m’échauffer à l’intérieur, enfiler mes vêtements de course, marcher/jogger jusqu’au bout de la rue et partir tout de suite. Pas attendre.

En vérité, si je veux être franc avec moi-même, j’ai peur de ne pas être en mesure de « performer ». Ma raison sait que c’est normal d’aller moins vite dans de telles conditions avant le début de la saison de course, mais mon coeur ne veut rien savoir d’avoir un « mauvais » temps sur un demi. Oui, je le sais, c’est nono…

Donc, encore cette année, comme je ne serai pas lapin de cadence, je passerai mon tour. Et comme à chaque année, c’est avec cette course-là en arrière-pensée que je ferai ma longue sortie demain.

À regarder la météo, c’est encore plus certain que je vais y penser: on prévoit autour de -13 degrés avec un fort vent du nord-ouest pour la matinée. Ouch. Quand il vente, il vente encore plus au parc Jean-Drapeau. La situation géographique (en plein milieu du fleuve, terrain plat) rend les îles Ste-Hélène et Notre-Dame très vulnérables. Pour m’y être entrainé très souvent en plus d’y avoir disputé plusieurs épreuves, j’en sais quelque chose. En fait, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que le vent est humide en hiver dans ce coin-là…  J’en ai des frissons juste à y penser. Brrr !!!

Donc, si ça peut aider les participants à la course de demain, un petit conseil: identifiez avant le départ la provenance du vent. Comme le parcours est constitué de 3 boucles de 7 km, le dieu Éole vous aidra et vous nuira en alternance. Alors essayez d’avoir des compagnons de route pour les bouts où il vous sera défavorable, question de partager le « travail ». D’après moi, la section qui longe le bassin olympique va être terriblement difficile et la petite montée après les puits, à l’extrémité ouest du circuit Gilles-Villeneuve, infernale. Mais quand on s’y attend, on dirait que c’est moins pire…

En terminant, je voudrais souhaiter la meilleure des chances à tous les participants. Je vous souhaite d’avoir beaucoup, beaucoup de plaisir. Et sachez que vous avez toute mon admiration !  🙂

Courir ferait vieillir ?!? Nah…

Dimanche dernier, j’étais à mon ordi, à compléter mon dernier “post”. Je regardais en l’air à la recherche d’une formulation qui avait le moindrement d’allure pour bien exprimer ma pensée. Mon regard s’est arrêté sur la photo d’un jeune homme.

Le “jeune” en question, c’était moi à l’arrivée de mon premier marathon en 2007. À l’époque, j’avais fait l’achat des photos officielles et c’est sur la 5×7 que nous avons décidé d’encadrer avec mon dossard que mes yeux se sont arrêtés. D’ordinaire, c’est en se regardant sur des photos récentes qu’on se rend compte qu’on vieillit. Mais là, je voyais bien que j’avais l’air pas mal plus jeune dans ce temps-là, même si ça fait à peine 5 ans et demi. Hum…

Après avoir complété mon texte, j’ai fait un peu de cyber-flânage. Je me suis retrouvé sur YouTube et suis tombé sur ceci. Un superbe petit vidéo, bien réalisé, sur la dernière édition du Badwater 135. Cette épreuve me fascine et me fascinera toujours. Plusieurs en rêvent, mais moi, pas vraiment. La chaleur extrême, un parcours (qui semble) monotone et un coût prohibitif pour y participer font que j’ai beaucoup d’autres courses à faire avant de faire celle-là. Mais je ne peux pas m’empêcher d’être fasciné…

À un moment donné, on voit passer à l’écran les vétérans de cette pure folie qui apportent leur grain de sel. J’ai évidemment reconnu Dean Karnazes, beaucoup moins flamboyant que les images de lui qu’on voit un peu partout. Puis Pam Reed, qui a même déjà gagné là-bas en battant tous les hommes.  Une chose m’a frappé: je savais qu’elle était début-cinquantaine, mais la dame qui est apparue à l’écran semblait avoir au moins 60 ans.

J’ai regardé à nouveau la photo du “jeune homme”. Double hum… Ma femme et ma mère auraient-elles raison après tout ?  Est-ce que la course ultra-distance pourrait causer vieillissement prématuré chez ceux qui en font la pratique ?

Pour en avoir le coeur net, j’ai essayé de trouver des “pièces à conviction”, soient des exemples d’athlètes qui courent des ultramarathons depuis des années.  En observant leurs photos, j’allais bien voir s’ils semblaient plus vieux que leur âge…

Premier “cas”: madame Pam Reed. Sur ce cliché pris en 2011, elle avait 50 ans.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Pam Reed

Ici, le fameux Dean Karnazes, qui allait avoir 50 ans au moment où il a pris la pose.

DeanKarnazes

Dean Karnazes

Le grand Scott Jurek, 39 ans ici.

SAMSUNG DIGITAL CAMERA

Scott Jurek

Finalement, Debbie Livingston, que j’ai rencontrée au Vermont 50. Bien qu’inconnue, je sais qu’elle a une cinquantaine d’ultramarathons à son actif, alors ça donne une bonne idée. Elle avait 37 ans sur cette photo.

DebbieLivingston

Debbie Livingston

Mon opinion ?  Définitivement que les dames semblent plus vieilles que leur âge. Quand aux deux hommes, s’ils ont vieilli prématurément, ça ne saute pas aux yeux (bien que je soupçonne Karnazes d’avoir légèrement altéré la couleur de ses cheveux…). Je dirais même que Jurek est pas mal bien conservé pour un gars qui va taper la quarantaine. Vous ne trouvez pas qu’il a presque l’air d’un adolescent ?

J’ai fait quelques recherches sur le sujet et à part un forum où la question était discutée, je n’ai rien trouvé qui apportait des preuves d’un vieillissement prématuré qui aurait été causé par l’abus des longues distances. Il faut dire qu’une étude sur ce sujet serait très compliquée à mener car plusieurs autres paramètres entrent en ligne de compte quand vient le temps d’évaluer les causes du vieillissement d’une personne: la génétique, l’environnement, le stress, la maladie, etc.

Il y a aussi une différence entre avoir l’air plus vieux et vieillir réellement. Par exemple,  il est bien connu que les gens plus gras nous semblent souvent plus jeunes, pour la simple et bonne raison que leur visage est plus rond et que leurs rides paraissent moins, sinon pas du tout. Pourtant, je ne gagerais pas que leur espérance de vie soit supérieure à celle des gens minces. Et bien évidemment, les ultramarathoniens sont rarement gras… De plus, les longues heures passées à l’extérieur, parfois par temps froid, souvent par temps chaud et au soleil, doivent certainement entrer en ligne de compte si on pense vieillissement de la peau. Or, qu’est-ce qu’on regarde pour évaluer l’âge d’une personne ?  Son visage, soit la partie du corps d’un coureur la plus exposée aux intempéries.

Mon avis au final ?  Les êtres humains sont tous différents. Selon moi, certaines personnes pourraient souffrir à long terme de faire des ultra-distances alors que d’autres vont en bénéficier. Pour certains, courir 10 et 15 km par semaine serait mauvais alors que pour d’autres, en faire 200 ne leur ferait que du bien. La seule façon d’avoir une bonne idée des effets positifs/négatifs de la course très longue distance sur le corps serait de faire une expérience sur plusieurs années avec des couples de jumeaux identiques: une moitié du couple ferait de la course ultra-distance et l’autre moitié vivrait une vie plus “normale”.  Essayez de trouver des volontaires, maintenant…  🙂

Donc, comme rien n’est prouvé, je vais continuer de faire ce que j’aime et advienne que pourra.  Au pire, ma tendre moitié héritera plus tôt et pourra ensuite s’enfuir avec un petit jeune !  😉

D’une cheville à l’autre

Contrairement à ce que Springsteen chantait, nous ne sommes peut-être pas nés pour courir après tout… Mais non, je blague. J’ai lu avec beaucoup d’attention le livre Born to Run de Christopher McDougall et ce dernier m’a confirmé que l’être humain est génétiquement programmé pour courir. Sauf qu’il faut le faire correctement, sinon les blessures…

Il faut croire que je ne le fais pas tout à fait comme il le faudrait parce que depuis Philadelphie, mon ischio-jambier droit m’embêtait. Pour le protéger, je me suis mis à porter un bandage autour du mollet droit. Conséquence: ledit mollet s’est mis à mal travailler et mon pied droit cognait lourdement au sol. Des « tocs » successifs à chaque emjambée, ce n’est pas nécessairement le genre de musique qu’un coureur aime entendre quand il s’entraine. À un moment donné, ces chocs répétés finissaient par engourdir la cheville. Et qu’est-ce que je faisais pour essayer de régler ça ? Je compensais par la jambe gauche.

Ça fait qu’hier soir, j’ai senti revenir en force ma vieille blessure au tendon de la cheville gauche, subie l’année passée. En fait, elle ne revient pas vraiment en force, mais disons qu’elle fait sentir sa présence, un peu comme il y a 12 mois.

Le point positif dans tout ça ?  Ça m’a forcé à ralentir la cadence pour ma longue sortie de 27 km ce matin. Ça et la neige, bien évidemment. Pendant plus de deux heures, j’ai porté attention à ma cheville et c’est avec un certain soulagement que je n’ai constaté aucune détérioration supplémentaire en arrivant. Ouf !

J’ai tout de même pu apprécier une autre superbe journée d’hiver pour la course, comme dimanche dernier. Un beau soleil, température froide, mais loin d’être glaciale, vent calme. Le sol ?  Ouais, enneigé et glissant par endroits, mais j’ai connu pire. Pas mal pire. Bien honnêtement, la neige n’a pas été un si gros problème pour courir cet hiver.

À un moment donné, je longeais la « frontière » entre la ville et la réserve de Kahnawake. Chemin faisant, je n’ai pas pu m’empêcher de songer aux déboires du sénateur Patrick Brazeau. Oui, je sais, Kahnawake est une réserve mohawk alors que Brazeau est un Algonquin, mais bon… Je me disais que cet homme avait une chance unique de devenir un modèle, une inspiration pour son peuple. Mais non, il a choisi d’abuser bêtement du système en faisant de fausses déclarations et ne se présentant pas en chambre. Mais le pire, c’est qu’il est un homme foncièrement violent (je ne m’étendrai pas sur les charges qui ont été retenues contre lui), qui a probablement eu énormément de mal à se remettre émotivement de la râclée que Justin Trudeau lui a infligée dans le ring.

Bref, il a des problèmes. Je me suis alors demandé: et s’il canalisait ses énergies vers autre chose chose que le karaté ou la boxe, peut-être qu’il serait plus en paix avec lui-même, non ? Si je pense à la course en disant ça ?  Bien sûr.  Attention, comprenez-moi bien ici: je ne veux aucunement sous-entendre que le karaté et la boxe transforment les gens qui les pratiquent en être violents une fois sortis du gymnase. Bien au contraire, ces sports requièrent une discipline hors norme et apprenent le respect de l’adversaire à ceux qui les pratiquent. Ils ne rendent pas les gens violents.

Mais quand quelqu’un a des pulsions violentes à la base, peut-être qu’il devrait au moins essayer autre chose. Courir ou faire du ski de fond pendant des heures dans le superbe parc de la Gatineau ferait fort probablement un plus grand bien au sénateur Brazeau que de taper sur un sac de sable. Et à la longue, lui, son entourage et peut-être même son peuple tout entier en sortiraient gagnants.

Je sais, j’ai fait du coq à l’âne aujourd’hui. Un peu comme mon mal qui est passé d’une cheville à l’autre, je suis passé d’un sujet à un autre. Ce sont des choses qui arrivent…

Les réseaux sociaux

Aujourd’hui, j’aurais bien envie de chiâler contre la neige, mais je vais me retenir… pour le moment !  😉   Je vais plutôt parler d’un phénomène avec lequel nous avons parfois une drôle de relation: les réseaux sociaux.

Je vais commencer par un petit retour en arrière. Cet automne, une tragédie a frappé les Chiefs de Kansas City, de la NFL (National Football League). Un de leurs joueurs, le secondeur de ligne Jovan Belcher, a assassiné sa conjointe avant de se diriger vers le site où l’équipe tient ses entraînements pour s’enlever la vie une fois rendu sur place, sous les yeux de son entraîneur et du directeur général de l’équipe qui ont tenté en vain de le convaincre de ne pas appuyer sur la gâchette. Le couple avait un bébé de 3 mois.

Suite aux événements, le quart-arrière de l’équipe, Brady Quinn, a eu ce commentaire qui en disait long: “Nous vivons dans un monde de réseaux sociaux, avec des pages Twitter et Facebook, et c’est correct. Mais dans nos interactions avec nos collègues, notre famille, nos amis, on dirait que la moitié du temps, nous sommes plus préoccupés par notre téléphone et tout le reste que par la personne qui est tout près de nous”.

J’aime bien le football, mais ne suis pas un fan fini. Toutefois, cette tragédie m’a ébranlé. À mon humble avis, le fait que les joueurs passent leur temps à fouiner sur leur cellulaire n’a pas changé grand chose. Jovan Belcher serait fort probablement passé aux actes s’il s’était senti de la même façon il y a 10 ans. Mais le commentaire du quart-arrière m’a fait tout de même réfléchir.

Je ne suis pas un adepte des réseaux que l’on dit “sociaux”. Je pense toutefois que la mission originale de Facebook, qui consiste à reprendre et garder contact avec des vieilles connaissances est géniale. L’an passé, nous avons eu une soirée de retrouvailles des finissants du secondaire et sans Facebook, il aurait été impossible d’organiser le tout. Je le sais, ma tendre moitié faisait partie du comité d’organisation. Ceci dit, non, je n’ai pas de compte Facebook.

À mon avis, comme dans bien des situations de la vie, c’est l’utilisation que font les gens des réseaux sociaux qui est problématique, pas les réseaux sociaux en tant que tels. Ils en deviennent complètement accrocs et ne sont tout simplement plus capables de se séparer de leur cellulaire. J’ai un collègue au bureau qui a toujours le nez rivé sur son téléphone, même quand on est en réunion. On dirait que ce petit gadget électronique est rendu plus important que les personnes qui l’entourent. Et j’observe ce phénomène partout. Ce qui m’attriste le plus, c’est de voir un couple au restaurant qui ne se parle pas, chacun étant trop occupé à regarder ses courriels, mettre à jour son compte Twitter ou aller voir ce qui se passe sur Facebook. Le comble pour moi ?  La personne qui photographie son repas et le publie sur les réseaux sociaux. Et l’être humain devant soi, on en fait quoi ?  La personne avec qui on est sorti, elle n’est pas plus importante ?

Le rapport avec la course ?  Oui oui, il y en a un. J’ai lu beaucoup de récits sur des courses, beaucoup d’histoires inspirantes de gens qui ont surmonté des grandes difficultés soit pour faire des compétitions, soit pour compléter une dure épreuve. Bien évidemment, mes lectures sont la plupart du temps orientées vers les ultras, mais le raisonnement s’applique aussi pour les courses sur route. Car quel est le fil conducteur de toutes ces histoires ?  Les contacts entre les gens, les émotions partagées, peu importe la distance parcourue.

À prime abord, ça pourrait paraitre étonnant. La course, c’est avant tout un sport individuel. On passe des heures et des heures seul à s’entrainer. Certains le font en groupe, mais d’autres, comme moi, préfèrent la solitude. Et pourtant, quand on lit les récits, et les miens font partie du lot, tous les coureurs parlent des gens qu’ils ont côtoyés avant, pendant et après la course. Ils parlent d’émotions vécues, mais surtout, partagées. Ils ont tous de bons mots pour les bénévoles, l’organisation, leur équipe de support, leur pacer.

Ha, le pacer… À première vue, il n’y a aucune raison pour laquelle quelqu’un serait prêt à se taper cette job-là. Attendre longtemps, parfois des heures, avant que le coureur arrive. Puis l’accompagner sur de longues distances, souvent plus longues qu’un marathon, par toutes sortes de conditions. Il doit toujours garder l’oeil ouvert, surveiller “son” coureur, être son ange-gardien, en quelque sorte. Certains sont même prêts à le faire pour des gens qu’ils ne connaissent pas. Et pourquoi le fait-il ?  Pour le simple plaisir d’aider, de donner à l’autre. Pour l’accolade qu’il recevra à la fin, pour la joie et la reconnaissance qu’il verra dans les yeux de celui qui se sera rendu au bout de ses limites, au bout de ses rêves.

D’après vous, dans ces moments-là, le cellulaire et les réseaux sociaux, ils sont où dans les priorités des gens ?  Là où ils devraient toujours être quand on est avec quelqu’un: loin, très loin.

Bon ça y est, j’entends d’ici ma fan numéro 1 me dire que de toute façon, les cellulaires sont tout simplement incapables de capter le moindre signal dans les endroits perdus où sont organisés les ultras. Bla bla bla…  😉

Une petite gêne

Je ne sais pas quel genre de relation vous avez avec vos voisins. Pour nous, à part pour un couple dont nous sommes plus proches, nos relations avec ceux qui habitent tout autour de notre humble maison se résument à peu près ainsi: petits sourires, beaux bonjours, signes de la main quand on se croise en auto et petits services à l’occasion. Bref, la vie moderne étant ce qu’elle est, chacun va à ses affaires, chacun entretient les bonnes relations entre voisins. On sait qu’on peut compter sur eux si on est dans le trouble, c’est la même chose pour eux, mais sans plus.

Ça fait qu’à chaque fois qu’un voisin se met à me parler de ma course, ça me gêne un peu. C’est arrivé encore hier. Je revenais de ma petite sortie de semaine quand j’ai croisé mon jeune voisin. Je dis “jeune” car je pense bien qu’il n’a pas encore 35 ans. Très gentil, deux jeunes enfants, vie rangée, le banlieusard typique. Je m’attendais à ce qu’on se dise un petit bonjour, peut-être un traditionnel “Comment ça va ?”. À la limite, il me demanderait un petit service, mais c’est plutôt rare en hiver.

Mais non, il m’a demandé quelle distance j’avais couru. “11 km” que j’ai répondu. “Je voyais bien que tu partais pas mal plus longtemps que moi (il court lui aussi de temps en temps). Fais-tu de la compétition ?”. Comme je voulais bien lui faire comprendre que je suis loin de faire partie de l’élite, j’ai essayé de dimiunuer la portée du terme “compétition”, mais dans le fond, oui j’en fais. “Des demi-marathons ?  Des MARATHONS ?”. Heu, oui, entre autres. Mais comment parler de ce que je fais sans avoir l’air du gars qui se vante ?  Merde, que j’haïs ça…  Je ne cours pas pour impressionner la galerie, je cours parce que j’aime ça, parce que ça me fait du bien, parce que j’aime relever des défis. Mais parler des distances que je cours à quelqu’un qui ne me connait pas beaucoup ?  Ça me rend mal à l’aise.

J’ai donc essayé de couper court, question de ne pas en mettre trop. J’ai dit que oui, je ferais un marathon cette année (en prenant bien soin de ne pas parler des autres auparavant) et trois ultras (en prenant bien soin de demeurer vague sur le sujet).  J’étais pour ajouter que je n’avais pas d’enfant, donc j’avais probablement plus de temps que lui pour m’entrainer, et qu’en plus, à son âge, je ne courais même pas, alors il avait du temps en masse pour me rattraper. Mais ça n’a pas été nécessaire, il m’a dit de ne pas lâcher et souhaité bonne chance dans mes courses. Ouf, je n’ai pas passé pour un frais-chié.

Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. Peut-être parce que je n’aime pas entendre les gens se vanter en long et en large de leurs « exploits ». Écrire ce que je fais sur mon blogue ?  Pas de problème. Si ça n’intéresse pas les gens, ils n’ont qu’à ne pas le lire. Mais en parler ?  Ça m’indispose toujours.  Mais si quelqu’un montre un véritable intérêt, je m’ouvre un peu. Puis, progressivement, si je sens que cet intérêt se maintient, alors je peux en parler pendant des heures. Parce que ça me passionne. Mais je me garde toujours une petite gêne, au cas où…

Suis-je le seul comme ça ?

On se sent toujours mieux après

Il était 21 heures hier soir quand je me suis mis à cogner des clous. Oui, 21 heures un samedi soir, méchant party animal, n’est-ce pas ?  Barbara, qui, je tiens à le rappeler, souffre d’arthrite rhumatoïde et qui devrait théoriquement être toujours plus fatiguée que moi, était découragée. Moins de 30 minutes plus tard, j’étais au lit.

Quand j’ai ouvert l’oeil à 7 heures ce matin, je ne pouvais pas croire que la nuit était déjà terminée. Je me suis littéralement trainé en dehors du lit, ne me sentant pas une miette plus reposé que lorsque je m’étais étendu. Mais que se passait-il donc ?  Le souper d’hier qui ne passait pas ?  Courir ce matin ?  Ho que ça me semblait un long shot… Je me suis mis à craindre une répétition du mois d’octobre, alors qu’un virus m’avait tenu à l’inactivité pendant une semaine.

Le déjeuner a plutôt bien rentré, mais je n’avais pas plus le goût de courir. Moi qui suis d’une lenteur hors normes pour me préparer en temps normal, je rivalisais maintenant avec le plus lent des escargots. Comme elle s’apprêtait à aller promener Charlotte, Barbara m’a regardé et s’est exclamée: « T’as bien l’air fatigué ! ». Merci mon amour, trop gentil… Mais effectivement, je ne me sentais vraiment pas terrible. « Es-tu certain que c’est une bonne idée d’aller courir ? ». Non, je n’étais pas certain et si j’avais la même chose qu’à l’automne dernier, ça ne prendrait pas trop de temps avant que j’en sois informé…

La température n’était pas mauvaise pour la course. Je me serais bien passé de la petite neige qui était tombée toute la journée d’hier, mais bon. Je me disais qu’elle m’inciterait peut-être à aller moins vite… en supposant que je sois capable de courir le moindrement.

Je suis parti et après 2-3 km, à part mon pied droit qui cognait au sol (problème que j’ai depuis ma blessure), je me sentais plutôt bien. La piste cyclable était encore enneigée et me faisait sacrer. Si je maudissais la neige, c’était plutôt bon signe, non ?  Arrivé tout près du parc à Candiac, la neige était vraiment chiante. J’ai fini par m’arrêter pour secouer mes souliers. Juste avant, j’avais vu une fille qui s’en venait en sens inverse. Comme je repartais, il y avait quelque chose dans mon champ de vision qui clochait, quelque chose que mon cerveau a pris quelques secondes à analyser.

La dame était dans une position disons… inhabituelle. Et ses pantalons de courses étaient « couleur peau », genre. Pervère pépère a fini par allumer: c’était une cuisse et une fesse qu’il était en train de regarder. Et ça avait l’air vraiment pas si mal, je dois avouer (ne vous en faites pas, j’ai tout raconté à ma tendre moitié en revenant). La pauvre coureuse était victime du nombre très limité de toilettes disponibles durant la saison hivernale et devait y aller de façon plutôt primitive. À la vitesse à laquelle elle a fait ça, ce n’était certainement pas une première. Quand je l’ai croisée, on s’est fait un petit sourire.

Cette rencontre un peu impromptue m’a mis de bonne humeur pour le reste de ma course. Rendu à Laprairie, j’ai emprunté une piste cyclable qui était enneigée, oui, mais bizarrement, pas glissante. Mes articulations étaient donc moins sollicitées. Pas de voitures, une piste praticable, un beau soleil, un vent calme. Le bonheur. Dieu que j’étais content d’avoir au moins essayé de courir.

Le retour a été parfois plus difficile, en partie à cause du fait que mes jambes refusaient obstinément d’écouter ce que je leur ordonnais de faire: ralentir. Et dans les deux derniers kilomètres, j’avais faim. Avez-vous déjà essayé de courir pendant que vous avez faim ?  Aussi bien essayer de remettre le dentrifice dans son tube.

Durant ma marche de retour au calme, une chose m’a frappé: j’étais bien. Je me suis rappelé Dean Karnazes à qui on demandait pourquoi il aimait tant courir. Sa réponse: « Parce qu’à chaque fois que je cours, je me sens mieux après avoir terminé qu’avant de commencer ». Jamais ça n’avait été aussi vrai pour moi. La fatigue d’avant-course était maintennt chose du passé. Je me sentais revigoré alors que théoriquement, 25 km, ça aurait été supposé me fatiguer.

Devinez ce que je vais faire la prochaine fois où je vais me sentir moche avant de courir ?