Mercredi soir, je me présente à l’heure exacte, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. C’est que voyez-vous, je n’ai jamais assisté au lancement d’un livre. Mais pour rien au monde j’aurais refusé l’invitation que m’avait envoyée la maison d’édition de « Territoires inconnus », le livre de mon ami Pat. Je ne pouvais tout simplement pas rater ça.
En entrant dans le sympathique resto où l’événement a lieu, j’aperçois Pat sur ma gauche, lui serre la pince en lui demandant à la blague ce qu’il fout là. Depuis le début de la journée, il est pris dans le tourbillon des photos, des entrevues et tout le tralala qui vient avec ce lancement, mais il semble de super bonne humeur. Il a l’air heureux, tout simplement.
Une gentille dame m’accueille avec le sourire et m’offre un petit coupon pour une consommation. Comment dire non ? Derrière elle, une table et plusieurs dizaines d’exemplaires du livre, « empilés » de façon à former une pyramide circulaire. J’en prends un sur le dessus et commence à le feuilleter en attendant de payer. Est-ce que ça se fait, feuilleter un livre durant un lancement ? Aucune idée, alors je le fais.
Quand on m’annonce le prix, je sursaute. Hein, juste ça ? Pouvez-vous seulement payer le papier à ce prix-là ? « C’est le prix de lancement » qu’une dame me dit en m’en tendant un autre exemplaire dans lequel elle a inséré un signet à l’effigie du livre. N’empêche…
Je replace l’exemplaire que je feuilletais sur la « pile » et remarque que discrètement, la dame rebâtit ladite « pile » de manière plus esthétique en le replaçant au « bon » endroit. Bon ben, on dirait que ça ne se fait pas, prendre un livre directement dans la « pile », puis le remettre là. Je vais le savoir pour une prochaine fois !
Je jette un œil tout autour: pas grand monde d’arrivé et pas un chat que je connais. Moi qui suis tellement, mais tellement à l’aise dans ce genre de situation… J’imagine que c’est comme ça que se sent un poisson rouge lorsqu’il se retrouve en dehors de son bocal (au moins, moi je suis en mesure de respirer). Mais pourquoi donc n’ai-je pas invité ma sœur à m’accompagner quand Barbara m’a dit qu’elle ne pourrait pas venir ? Ou une amie ?
Bah, j’ai un livre, j’ai de quoi passer le temps, non ? Encore là, je ne sais pas si ça se fait… Au pire, si je demeure le seul de ma gang, après le petit discours de Pat, je vais lui demander de dédicacer mon exemplaire et me transformerai ensuite en courant d’air. Pas plus compliqué que ça.
Je m’installe donc un peu à l’écart et commence ma lecture. Première chose qui me frappe : il a pensé à ses camarades de course de la génération X : c’est écrit assez gros pour qu’on puisse le lire sans « rallonges de bras ». 🙂 Puis, je suis rapidement absorbé. Tout de suite, je me reconnais dans ses écrits : les débuts avant les GPS, les ultras, sa description si exacte d’une sortie automnale au mont St-Bruno qu’on identifie sans qu’il ne le nomme. Moi, un lecteur lent (je suis lent dans tout, de toute façon), je tourne maintenant les pages à une vitesse presque normale.
Flairant mon « isolement », Pat se libère pour venir me piquer une petite jasette et me dire que les autres sont supposés venir. Et d’ailleurs, quelques minutes plus tard, Martin arrive, accompagné de sa charmante épouse dont j’ai oublié le prénom (cette manie que j’ai d’observer le non-verbal de quelqu’un quand on nous présente au lieu d’écouter ce qu’on me dit…).
La pauvre, elle va maintenant avoir à subir nos histoires de coureurs. Martin revient de la Chute du Diable, où il a joué au bénévole à un ravito pour le moins… insolite (ils avaient transformé le ravito en pseudo-hôpital) ! On parle aussi évidemment de l’Eastern States, course qui nous intrigue tous et où il a fait partie des 57 valeureux qui sont parvenus à terminer. Puis suivent toutes les histoires sur Bromont, Virgil Crest, Massanutten, le Vermont, etc. Pauvres conjointes qui ont à se taper ça…
Quand Pierre se pointe, la discussion ne fait que s’intensifier. C’est quoi tes prochaines courses ? Penses-tu t’essayer pour l’UTMB ? Pour le Western States ? Fais-tu Bromont ? Vous voyez le genre…
Pat nous fera un bien beau petit discours empreint de sincérité et d’émotion, puis dédicacera nos livres dans une ambiance sympathique et conviviale. Je ferai la connaissance de ses proches amis Geneviève et Charles, qui avaient beaucoup parlé avec Barbara à Bromont et que je n’avais pas encore eu la chance de rencontrer. Marathoniens tous les deux, ce sont eux qui jouent aux pacers avec lui au Vermont à chaque année. Je m’étais toujours demandé c’était comment, être pacer dans un ultra, et j’ai été très heureux d’en apprendre plus sur le sujet.
Puis, avant de partir pour de bon, je suis tombé sur Joan. UTMB, Tor des Géants, Western States, Hardrock, sa course Québec-Montréal (qu’il termine au moment où j’écris ces lignes, il est incroyable), tout y est passé et je n’ai pas vu le temps filer.
Le poisson rouge avait définitivement retrouvé son bocal.