Fatigué de payer pour les autres

Entendu aux nouvelles hier: la Ville de Montréal veut « mettre de l’ordre » dans les pistes cyclables en y interdisant, entre autres, l’accès aux joggers. Bon, c’est quoi cette affaire-là, encore ?  J’ai écouté le reportage, lu le petit article qui en fait le résumé et en suis venu à la conclusion suivante: les gens qui font preuve de bon sens et de civisme vont payer pour les autres. Encore une fois.

Je peux dire que je suis bien placé pour parler de ce qui se passe sur les pistes cyclables dans la grande ville car je les utilise très souvent, aussi bien en tant que cycliste qu’en tant que jogger. Et je crois que dans les deux cas, je me conduis de façon à ce que tout le monde puisse profiter pleinement de ce bien commun. Ainsi, quand je cours sur une piste cyclable, non seulement je demeure dans la voie de droite, je m’efforce en plus de courir en me tenant du côté extérieur de celle-ci, question que deux vélos puissent se croiser à ma hauteur. Car je sais fort bien qu’il est difficile pour un vélo de se timer lorsque vient le temps de dépasser un coureur. Aussi, dès qu’il y a un bout de piste réservé pour les piétons qui se présente à moi, comme sur les bords du canal Lachine, je m’y engage sur le champ. C’est l’évidence même, mais on dirait que ce n’est pas évident pour tout le monde.

Quand je suis à vélo, même si je vais plus rapidement que 95% des cyclistes, je prends tout de même toujours la peine de jeter un coup d’œil derrière avant d’effectuer un dépassement, question de ne pas nuire à une éventuelle fusée qui passerait dans le coin (vous savez, du genre habillé avec le petit kit du cycliste professionnel et qui vous donne une leçon d’humilité en passant en coup de vent…). C’est une simple question de civisme, il me semble.

Ça fait des années que je partage les pistes cyclables en pratiquant mes deux sports préférés et il ne m’est arrivé qu’une seule fois qu’un cycliste me dise d’utiliser le trottoir. Bien évidemment, il chevauchait un vélo de montagne et pédalait les pieds écartés en plus de trainer un surpoids. En plus, il venait en sens inverse, alors je ne pouvais même pas lui nuire. Ma réponse ?  Ça avait rapport à sa très prochaine visite aux toilettes (pour un numéro deux, bien évidemment) accompagnée d’un récipient utilisé pour boire le vin de messe. Ha oui, je lui ai peut-être montré mon majeur gauche, aussi…

Bien honnêtement, quand je suis à vélo, les joggers ne me dérangent pour ainsi dire jamais. Je ne sais pas, on dirait qu’ils savent se comporter, eux. Mais les pseudo-cyclistes…  Vous savez, ceux qui roulent deux par deux en jasant tranquillement ?  Ou les touristes qui se promènent en Bixi en regardant partout sauf devant, zigzagant sur toute la largeur de la piste ?  L’enfer.  Et que dire du petit couple en patins à roues alignées qui se promène main dans la main ?  Tassez-vous, bout de calv… !!!

Et pourtant, cette faune qui nuit aura encore droit de bloquer le chemin si cette interdiction à la con finit par passer. Le coureurs ?  Non. Bref, ça ne changera strictement rien.

Ce que je compte faire ?  Rien pantoute. Je ne me mettrai pas à courir sur le trottoir du pont de la Concorde et ainsi détruire ce qui me reste de genoux parce que les autres ne savent pas vivre. No way. Je sais bien qu’un jour, je vais tomber sur un pauvre policier qui aura reçu l’ordre stupide de faire respecter ce règlement. Comme toujours, je vais demeurer poli, mais vais lui demander quelle autre solution il a à me proposer, vu que le trottoir, c’est hors de question. La rue ?  Est-ce que pour pratiquer un sport qui ne cesse de gagner en popularité, les gens devront désormais aller dans la rue ? Quelle ironie ce serait, n’est-ce pas ?

Guérir, ça prend du temps

Aujourd’hui, tel que promis, suite des idées qui me sont passées par la tête au cours de notre séjour dans les Adirondack.

Le but des vacances en camping, c’est de relaxer, de vivre lentement, au rythme de la nature. C’est donc se donner le luxe de profiter d’une ressource dont on manque cruellement: le temps. Comme j’étais en « convalescence », j’ai pu en profiter pleinement et j’ai aussi eu l’occasion de constater une chose: guérir, ça prend du temps. Beaucoup de temps.

Je ne parle pas ici de l’éternité entre le moment où la blessure se montre le bout du nez et l’instant béni où on se dit: « Enfin, je suis guéri ». Ça, c’est toujours trop long, on s’entend là-dessus. Ce dont je veux plutôt vous entretenir, c’est de l’investissement nécessaire pour aider, accélérer le processus de guérison. Car celui-là, on ne peut pas le négliger non plus, dans un cas comme le mien à tout le moins. Je m’en suis bien rendu compte ces dernières semaines.

Voyez-vous, mes tendons situés derrière le genou gauche étaient inflammés. Selon mon ostéopathe, la cause était fort simple (à ce que j’ai compris): les muscles de la cuisse et de la jambe étaient perpétuellement contractés, faisant ainsi travailler les tendons alors qu’ils auraient normalement dû être au repos. Le même problème se posait au niveau du sciatique, qui était comprimé par un muscle fessier trop contracté.

Pour aider tout ce beau monde à se détendre, elle m’a « prescrit » une série d’exercices d’étirements. Le premier, c’était pour les ischio-jambiers.

Ischio-jambiers

Étirement de l’ischio-jambier

Je devais tenir cette pose pendant 60 secondes (on aurait dit qu’elle trouvait que ça faisait moins long que de dire « une minute »), 3 répétitions pour chaque jambe. Vous m’imaginez dans cette position, couché sur la table à pique-nique de notre site de camping ?  Disons que j’ai eu droit à quelques visages en point d’interrogation. Et que dire de la place que je prenais dans notre micro-roulotte le soir quand je faisais cet exercice-là ?  La photo suivante (prise en 2007) donne une bonne idée des dimensions gargantuesques de notre VR. Vous m’imaginez faire mes singeries là-dedans ?

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Notre super mini-roulotte

Deuxième exercice maintenant: le côté de la cuisse (le nom du muscle m’échappe). Je devais tenir une position semblable, mais en version couchée plutôt qu’assise, pendant une minute, 3 fois pour chaque jambe.

etirement-cuisse

Étirement côté de la cuisse

Le troisième exercice, c’était pour étirer les muscles fessiers. Celui-là a fait des miracles pour mes troubles au sciatique. J’en voyais les bénéfices dès que les étirements étaient terminés, c’était efficace à ce point-là. J’y ai apporté ma touche personnelle: j’appuyais ma jambe sur un mur ou un arbre au lieu de la retenir avec mes mains, c’était tellement plus plaisant. Bon, encore là, couché sur la table à pique-nique, appuyé sur un arbre, je devais avoir l’air d’un beau zigoto, mais il faut ce qu’il faut. Combien de temps tenir cette position ?  Hé oui, une minute, 3 fois pour chaque jambe.

etirement fessiers

Étirement fessier

Le dernier exercice: les mollets. 3 fois une minute, mais ô miracle, je pouvais les faire les deux en même temps !  Par contre, celui-là, je n’ai pas troué le moyen de le faire dans la roulotte…  🙂

etirement-mollets

Étirement mollets

Au début, lorsque l’ostéo s’est mise à énumérer ces exercices, mon premier réflexe (c’est plate comme ça, un ingénieur) a évidemment été d’additionner les temps: 2×3 + 2×3 + 2×3 + 3 = 21 minutes. En pratique, comme il faut s’installer, faire des transitions entre les exercices, puis ramasser ses petites affaires par après, ça prend presque 30 minutes au total. Et il fallait que je m’exécute matin et soir. Puis, comme j’étais un élève studieux, mon ostéo m’a fait le cadeau suivant: pour accélérer encore plus la guérison, je devais faire les exercices 2 et 3 (pour la cuisse et le fessier) au moins une fois de plus par jour, idéalement deux.

Bref, ça tombait bien que je sois en vacances !

C’est officiel, plus d’ultras pour cette année

25 kilomètres au mont St-Bruno ce matin. Ce matin, j’étais convaincu à 99%, maintenant je le suis à 100%: les ultras, c’est fini… pour cette année !

Je voulais faire un dernier test, au cas où. Mais la forme n’y est tout simplement pas. Car si on veut faire un ultra, on ne s’en sort pas, il faut courir. Beaucoup. Pendant des semaines (qui m’ont semblé durer des mois et pour ma conjointe qui devait m’endurer, ça a dû sembler des années), je n’ai pas couru du tout et depuis que j’ai repris il y a maintenant une quinzaine de jours, j’ai à peine fait le kilométrage que je fais normalement en une semaine quand je me prépare pour une compétition. Ajoutez à ça que je dois encore faire très attention dans les descentes (il y en a énormément au Vermont 50, alors que pour le Harricana, je l’ignore), que l’an passé, malgré un entrainement très poussé, j’avais terminé pété de partout, et une seule solution s’imposait: déclarer forfait.

Autre détail non négligeable: les frais de déplacement et surtout, d’hébergement. Pour le Vermont 50, c’est deux nuits à l’hôtel (je l’admets, je ne suis pas un vrai ultrarunner, j’ai un petit côté douillet). Je ne me voyais pas nous engager dans ces frais pour devoir abandonner après seulement 19 km de course. Je viens donc d’écrire au directeur de l’épreuve pour lui annoncer que je me retirais. À grand regret. Ils sont supposés me rembourser une partie des frais d’inscription, c’est déjà ça.

Quant au Harricana, les frais engagés étant moindres (nous partagerons un chalet avec mon amie Maryse) et comme je suis tout de même en mesure de courir un peu, je suis maintenant inscrit au 28 km. C’est une course que je compte faire comme une sortie d’entrainement pour le Marathon de New York, sans plus. Et nous allons en profiter pour voir notre amie que nous ne voyons jamais assez souvent.

Je dois avouer que j’ai eu un pincement au cœur lorsque j’ai vu la liste des inscriptions après avoir confirmé la mienne. En effet, deux connaissances qui étaient à St-Donat s’étaient inscrites au 65 km très récemment. Grrr !!!  En plus, j’y aurais retrouvé beaucoup de coureurs d’élite d’ici, des gens avec qui il est toujours plaisant d’échanger. Aussi, si j’avais été au sommet de ma forme, j’aurais beaucoup aimé me comparer avec une athlète de haut niveau comme l’ancienne cycliste Lyne Bessette qui y sera. Ce sera pour une prochaine fois…

Retour à la maison

Voilà, toute bonne chose a une fin. Nous sommes revenus à la maison vendredi et depuis ce temps, nous nous astreignons à la série de tâches qui viennent irrémédiablement avec les retours de voyages: lavage, ménage de la roulotte, entretien de la maison, de l’extérieur, etc. Après 10 jours dans le paradis de Lake Placid, c’est le retour à la réalité.

J’ai tout de même pu faire un 11 km sur route hier, à une bonne vitesse, question de tester mes genoux. Oui, je dis « mes » car le droit a commencé à envoyer les mêmes signaux que l’autre, alors je le tiens à l’œil. Pas question qu’il me mette sur le carreau à son tour, celui-là. Moyenne de 4:16/km avec passage en 42:51 au 10e kilomètre. Pas de quoi écrire à sa mère, je suis probablement une douzaine de secondes au kilomètre plus lent qu’avant ma blessure. Mais avec deux genoux emprisonnés dans des espèces de bandages, ce n’est pas si mal non plus. Je me dis que la vitesse devrait revenir, si ce n’est pas pour cette année, ce sera l’an prochain. Le plus important est que je peux maintenant courir !!!  🙂

Au cours des prochains jours, je compte pondre quelques courts billets sur diverses choses qui me sont passées par la tête au cours de notre séjour aux USA. Certaines ont rapport à la course, d’autres non.

Je vais commencer par quelque chose qui n’a pas rapport et qui m’a frappé là-bas: le patriotisme des Américains. J’avoue que je ne comprends pas. Peut-être que nous, Québécois et Canadiens, sommes moins fiers de notre patrie, je ne sais pas, mais nos voisins du sud, ho la la… Des drapeaux américains, il y en a partout. En voir en face des édifices publics, soit. Sur les terrains des particuliers ?  Ok, ils ont bien le droit. Mais que les gens se donnent la peine de trainer un drapeau, son mât et d’installer le tout devant leur roulotte dans un camping, je ne vois tout simplement pas à quoi ça peut servir. Heu, on devine bien que vous êtes américains, nous sommes capables de le lire sur les plaques d’immatriculation… Pourquoi ce besoin de le proclamer ainsi, en plein milieu des Adirondack ?  Et certains accompagnaient même ce merveilleux montage de pancartes où on pouvait lire les slogans classiques: « Live Free or Die », « Liberty » ou « Proud to Be American » (noooon !!!).

Non, je ne comprends pas ce besoin de s’afficher comme ça. Faudrait qu’on m’explique…

Toujours pas changé d’avis

Hé oui, c’est toujours la lune de miel avec la région de Lake Placid. Hier, nous sommes allés faire un tour en « ville » et j’ai pu faire une épicerie type ultrarunner en faisant le plein de gels GU (à 99 cents !!!) et de barres énergétiques. Et comble de bonheur, ils avaient toutes les saveurs et la date de péremption n’était pas la mi-septembre.  Je pourrais m’habituer à ça, moi…

En plus, il me semble que j’aurais tant d’endroits à découvrir, à explorer… Juste à partir des sentiers situés tout près, il y a trois sommets qui sont accessibles et je n’ai pas encore pu y aller. Hier, j’ai fait un essai avec ma compagne quadrupède, mais comme il faisait chaud, elle a fini par me faire savoir qu’elle n’avait vraiment pas envie de se taper l’ascension au complet, alors nous avons rebroussé chemin, sans savoir si le sommet était proche ou non. Ce sera pour une prochaine fois. Ça m’a tout de même permis de faire un entraînement en montée et certains passages n’étaient pas piqués des vers. Pour la descente, disons que j’enviais son centre de gravité situé à 6-8 pouces du sol. Elle passait son temps à se retourner, ayant l’air de dire: « Ben voyons, tu te grouilles le derrière ou pas ? ». Ouais ouais, mademoiselle chose, tu ne disais pas la même affaire en montant !

Pour ce qui est de la course, tout va encore relativement bien. Évidemment, le protecteur que je porte me nuit un peu, mais je ne me vois pas encore courir sans lui. Je ne fais tout simplement pas assez confiance à mes tendons pour ça. Par contre, je fais assez confiance au reste pour me lancer dans un demi en sentiers demain matin. Si le test est concluant, ce sera le 28 km pour moi au Harricana… s’il n’est pas trop tard pour changer d’épreuve. Un 28 km que je ferais relaxe, comme un entraînement en vue de ce qui est devenu l’objectif ultime de la saison: le Marathon de New York pour lequel une seule chose importera: m’amuser en visitant la Grosse Pomme.

Et en attendant, ma tendre moitié à la chance d’avoir un homme qui a réappris à sourire. Et ça, c’est très plaisant. Et ce le sera encore plus le jour où Internet fonctionnera comme du monde. Car honnêtement, il est à ch… ici !

On déménage !

Ça a l’air que ça me pogne à chaque fois que nous campons au sud de la frontière.  Ça m’est arrivé à Burlington, puis à Lake George l’an passé. Mais cette fois-ci, c’est encore pire: je veux ABSOLUMENT déménager ici !

Je vous raconte. Depuis mardi, nous sommes installés au camping KOA de Wilmington NY, à précisément 17 km de Lake Placid. Il n’y a qu’un seul mot pour décrire notre environnement: le paradis. Devant moi, alors que j’écris ce billet, derrière les arbres se cache Whiteface Mountain, là où se sont déroulées les épreuves de ski alpin des Jeux d’hiver de 1980 (et fort probablement ceux de 1932 aussi). On n’a pas de montagne comme celle-là par chez nous. La preuve: il faut faire toutes sortes de contorsions pour essayer de fabriquer une pente assez longue pour tenir la descente des hommes. Ici, pas besoin.

Tout en promenant Charlotte autour du camping, qui est super propre, tranquille, ombragé et qui possède même une « pet trail » spécialement pour les toutous, qu’ai-je découvert ?  Un sentier qui mène à… un réseau de sentiers !  Après l’avoir exploré en compagnie de ma compagne à quatre pattes, j’y ai fait mon deuxième essai à course jeudi, un 10 km. Tout a tenu le coup, mais on est loin de la coupe aux lèvres. Contrairement à mon « retour au jeu » de décembre, je sens encore quelque chose, tant au niveau du sciatique que du genou. Mais je suis capable de courir et avec un tel terrain de jeux, pas question m’en passer !

Ce matin, autre essai. Un 13 km qui s’est transformé en 14, vu que je me suis un petit peu perdu dans les sentiers. Et comme j’ai emprunté les sentiers les plus techniques, avec de bonnes côtes et beaucoup de roche, je suis revenu aussi fatigué que si j’avais fait un 30-35 jadis. Comme quoi la forme, ça se perd vite. Mais il semblerait que ça revient assez rapidement aussi. De toute façon, je m’en balance: je me sens revivre. La nature, les sentiers, une température parfaite, que demander de plus ?

Ce qu’il y a de merveilleux avec cet endroit-là, c’est qu’il y a assez de sentiers « lisses » et relativement plats pour que Barbara puisse venir marcher avec nous, comme hier après-midi. Et détail non négligeable pour la gente féminine: la rivière tout près avec son bruit si apaisant.

Mais Lake Placid, c’est bien plus que ça. Comme c’est ici qu’on retrouve le centre d’entraînement de l’équipe nationale américaine, on constate rapidement que tout est axé sur le sport. À voir le nombre disproportionné de magasins de sports sur la rue principale, pas difficile de s’en convaincre.

D’ailleurs la clientèle du camping donne un bon indice. Des vélos, des kayaks, ça aussi, on en a vu beaucoup plus que d’habitude. Ici, les gens ne passent pas leur journée à boire de la bière et parler fort. Ils bougent et le soir, ils dorment.

Parlant de vélo… J’ai amené le mien, question de ne pas me transformer en monstre en cas de retour sur la liste des éclopés. J’ai fait une sortie hier, une petite virée du côté de Lake Placid avec des détours, dont un dus tremplins utilisés pour les sauts à ski. Non mais, ça prend-tu des maudits débiles pour se lancer en bas de ça avec deux planches dans les pieds ?  Impressionnant ?  Le mot est faible !  Je n’en reviens pas encore…

Pour ce qui est du vélo en tant que tel, j’ai fait connaissance avec les routes PARFAITES de l’état de New York. Une surface plus qu’idéale, un accotement d’un mètre de large et des automobilistes qui font réellement attention et pour qui les panneaux « Partageons la route » veulent dire quelque chose. Le paradis, je vous dis !

Alors mon amour, on déménage quand, question d’avoir une vraie connexion internet ?  😉

Le genou va bien…

Trois semaines après ma tentative désastreuse du 20 juillet, semaines au cours desquelles j’ai subi un traitement de chiropractie et deux d’ostéopathie, aujourd’hui était le jour J. Mon genou ne me faisait plus souffrir depuis quelque temps et j’étais maintenant capable de promener notre Charlotte pendant plus d’une heure sans que mon sciatique ne se plaigne. C’était le moment de passer à l’étape suivante.

Dès les premiers petits pas à la course en période d’échauffement, ma raison s’est mise à crier: « Arrête ! ». Je sentais déjà quelque chose dans le fessier. Je me disais qu’en se réchauffant, peut-être que… Mais non, la raideur est demeurée. Que faire ?  Après 1.8 km, j’ai bien failli retourner à la maison et aller enfourcher mon vélo. Mais j’ai voulu en avoir le cœur net et tant que la douleur ne montait pas dans le dos, j’allais poursuivre.

Elle n’est jamais montée plus haut et j’ai complété les 7 kilomètres prévus en tâchant d’y aller vraiment relaxe (4:31/km de moyenne, j’ai donc presque réussi ;-)). En courant, comme je pensais continuellement à mon sciatique, j’avais l’impression d’être devenu un monsieur Caron (désolé pour ceux qui ne sont pas de la génération RBO comme moi) obsédé par ses douleurs: « Garde, garde, chus maaalaaade !  Mon sciatique ! Ma prostate !!!  Ma bru m’a payé un voyage en Euthanasie… ». Je n’ai pu réprimer un sourire. Ouais, je dois l’admettre: je ne rajeunis pas.

Vers la fin, je me suis rendu compte d’une chose: je ne pensais pas du tout à mon genou, la cause première de tous les pleurs et grincements de dents des derniers temps. Bien enveloppé dans un support style « Docteur Gibaud », il a très bien répondu aux efforts que je lui commandais de faire. Ça, c’est très encourageant.

Quant au sciatique, je crois avoir reculé de ce côté, mais je sens que les étirements prescrits par l’ostéo ainsi que le traitement prévu pour demain vont le ramener rapidement dans le droit chemin. Bref, je ne suis pas tiré d’affaire, mais je vois la lumière au bout du tunnel. Il suffit maintenant d’être patient. Encore.

Le coureur de fond ou le sprinter ?

La nouvelle est sortie il y a plusieurs jours, mais je ne pouvais la laisser passer sans ajouter mon grain de sel: le sprinter Usain Bolt a accepté de relever le défi lancé par le coureur de fond Mo Farah. Ce dernier. vainqueur sur 5000 et 10000 mètres aux derniers Jeux olympiques, avait lancé l’idée que les deux athlètes s’affrontent sur une distance mitoyenne, les profits d’une telle confrontation allant à des oeuvres de charité. Donc, rien à voir avec la fameuse confrontation sur 150 mètres qui devait supposément déterminer, en 1997, lequel de Donavan Bailey ou Michael Johnson était l’homme le plus rapide du monde (alors qu’en réalité, c’est Maurice Greene qu’aurait dû revenir le titre). Comme il y avait un gros magot à la clé pour le gagnant, les négociations avaient été ardues entre les deux parties. Bailey avait même menacé de se retirer quand il avait appris que la course aurait lieu sur une piste composée d’une courbe de 75 mètres suivie d’une ligne droite de 75 mètres.  Le tout s’était terminé en queue de poisson, alors que Johnson s’était blessé en pleine course.

Dans le cas de Farah et Bolt, la grande question est: quelle distance présenterait une course intéressante ? Rappelons que Bolt est double tenant des titres olympiques sur 100 et 200 mètres. Il est sans contredit le plus grand sprinter de tous les temps. On dit qu’il s’entrainerait à faire des 400 mètres, question d’améliorer son « endurance » dans les fins de course. Quant à Farah, il compétitionne parfois sur 1500 mètres dans le but d’améliorer sa vitesse. L’affrontement devrait donc obligatoirement se dérouler sur une distance comprise entre les deux. Le 800 mètres étant considéré comme une épreuve de demi-fond au même titre que le 1500 mètres, il n’est pas surprenant que le choix se soit arrêté sur 600 mètres.

Le débat enflamme déjà les experts: qui gagnera ?  Les deux hommes sont tellement différents, leurs spécialités si éloignées les unes des autres, qu’au bout du compte, on ne sait pas. À première vue, on pourrait penser que Bolt est avantagé, car finalement, 600 mètres, ce n’est pas tellement plus long que 200, non ?  Un tour de piste de plus, c’est quoi, hein ?  Sauf que justement, l’effort que Bolt est habitué de fournir ne cadre vraiment pas avec une course aussi « longue ». Le sprint, c’est une explosion. Le corps humain est tout simplement incapable de produire un tel effort sur plus de 200 mètres. Pourrait-il alors se « retenir » et se contenter de suivre sur un tour de piste pour lâcher son énorme pointe de vitesse dans les derniers 200 mètres ?  Peut-être, mais lui resterait-il assez d’énergie pour le faire à ce moment-là ?

Car voyez-vous, ça n’a l’air de rien, mais Farah est capable de tenir une vitesse de 26.5 km/h sur 800 mètres. Après 400 mètres à ce régime, resterait-il encore de l’essence dans le réservoir de Bolt, qui ne l’oublions pas, doit trainer une carcasse de 6’5" et 200 livres ?  Pas certain. De plus, Bolt ne connait rien aux tactiques de course. Pour lui, chacun court dans son couloir et que le plus fort (c’est-à-dire lui) gagne. En courses de demi-fond et de fond, la tactique joue un rôle crucial. En effet, tout comme en cyclisme, celui qui prend la tête en début de course dépense plus d’énergie que les autres, la résistance de l’air à de telles vitesse n’étant pas négligeable. Toutefois, il est possible que la course se fasse en couloirs. En effet, le 400 mètres se déroule en couloirs alors que le 800 mètres se dispute « tout le monde ensemble ».  Qu’est-ce que ce sera sur 600 mètres ?

Ma prédiction ?  Mes lecteurs connaissent mon aversion pour les sprinters et leurs sparages. Je n’aime pas les sprinters, même s’ils sont sympathiques comme Bolt ou notre cher Bruny Surin. En fait, j’entretiens un rapport d’amour-haine avec eux, car je suis toujours incapable de quitter le téléviseur des yeux quand un grand sprint se prépare. Alors mon cœur va du côté de Farah et je crois que si la course se déroule en dehors du balisage des couloirs, il pourrait bien gagner. Mais si les deux hommes sont confinés à demeurer entre deux lignes blanches, sans interaction, ce sera Bolt. Malheureusement.

Tourner en rond

Non, je ne parlerai pas encore de ma blessure, quoi qu’effectivement, ça tourne un peu en rond de ce côté. Mais non, j’exagère. Grâce aux étirements que je fais religieusement et au soutien de ma tendre épouse, qui fait ma « job » en allant promener Charlotte, laissant ainsi mon sciatique se reposer, je sens une amélioration ces derniers jours. Rien de spectaculaire, mais ça va dans le bon sens. Lentement mais sûrement.

Comme je peux faire du vélo sans dommage (je sais, c’est weird de ne pas vraiment pouvoir marcher, mais être capable de pédaler), j’ai décidé dimanche matin d’aller faire un tour à St-Bruno, tout près de mon parc. Pourquoi ?  Pour aller jeter un coup d’œil à une épreuve assez particulière: le Tourne en rond.

Que ce soit pour les courses à pied, à vélo ou en automobile, nous sommes généralement habitués à une façon de procéder: il y a une distance à faire, un parcours et c’est celui qui prend le moins de temps pour compléter le tout qui est déclaré vainqueur. Or, il existe un autre type d’épreuve où les concurrents ne font pas face au parcours, mais plutôt au temps. Il y a une durée prédéterminée pour l’épreuve et le gagnant est celui qui aura parcouru la plus grande distance à l’intérieur de ce laps de temps. En course automobile, les 24 heures du Mans en sont l’exemple le plus connu.

En course à pied, ces épreuves se déroulent habituellement sur des parcours en boucle relativement courts et faciles. Principale difficulté: combattre la monotonie et l’ennui.  En  marathon, on fait un peu de tourisme, on regarde la ville qu’on traverse, salue les gens au passage. En ultra, il y a souvent des paysages magnifiques, on doit regarder où on pose les pieds, être attentif aux indications pour ne pas se perdre. Bref, on a toujours quelque chose pour s’occuper l’esprit et qui aide à oublier les bobos ou la fatigue. Aussi, quand ça va moins bien, on peut faire un petit effort supplémentaire, question de terminer plus vite. Mais quand on a du « temps » à faire au lieu d’une distance, on ne peut pas s’en tirer ainsi.

Le Tourne en rond consistait en deux épreuves: 6 heures et 12 heures. Le tout se déroulait sur la piste d’athlétisme du parc de la Rabastelière, à St-Bruno. Toujours être confronté aux mêmes 400 mètres, encore et encore…  Je voulais voir de quoi ça avait l’air et surtout, jauger le moral de participants.

Je suis arrivé sur place autour de 9h45. Il y avait une dizaine de coureurs qui tournaient en rond depuis 6h. Ils n’avaient pas encore le tiers de parcouru. En fait, je devrais plutôt dire qu’ils n’avaient pas le tiers du temps d’écoulé. Les participants de l’épreuve de 6 heures allaient les rejoindre à midi.

Je n’avais pas encore enlevé mon casque qu’une jeune participante s’est arrêtée et m’a lancé: « Voulez-vous courir ? » . Je lui ai répondu que j’étais blessé, mais que j’aurais bien aimé essayer. Et elle d’ajouter: « Ça ne me surprend pas, à voir votre t-shirt… ». Je portais mon t-shirt à manches longues du Ultimate XC de St-Donat. Ouais, effectivement…

Côté ambiance, c’était, comme dirais-je ?  Tranquille ?  Calme ?  Silencieux ? Pas de spectateurs, quelques bénévoles sur place pour aider les coureurs et surtout, compter les tours. Car à chaque fois qu’un participant passait, les gens de l’organisation marquaient son passage sur une feuille. Aucun comptage électronique, tout se faisant manuellement. Sur les deux ou trois tables, des sandwichs au beurre d’arachides, des bananes. Quant à la partie liquide, elle semblait être dans une glacière, un peu plus loin.

Je me suis mis à jaser avec un bénévole qui ne semblait pas trop occupé (il s’avère qu’il est thérapeute et c’est lui qui « réparait » les gens qui avaient des problèmes). Quand je lui ai fait remarquer que ça devait être très difficile mentalement de faire une telle course sur une piste de 400 mètres, il m’a répondu qu’au contraire, c’était très rassurant pour les participants de ne jamais être à plus de 400 mètres des toilettes, des ravitaillements, de l’aide médicale. Hum, bon point.

J’observais en même temps les coureurs. Certains couraient à vitesse constante, d’autres alternaient course et marche. Il y avait également ce couple qui faisait probablement 70 ans et qui marchait. Je me demandais quelle était la stratégie idéale à adopter pour ce genre de compétition…  Et surtout, quelle distance allait parcourir l’éventuel gagnant. 100, 110, 120 km (ça s’est finalement gagné avec 110 km) ?  En tout cas, le moral de tous semblait excellent, ce qui me surprenait un peu.

En théorie, assister à une telle course devrait être aussi passionnant que regarder de la peinture blanche sécher sur un mur. Pourtant, je ne pouvais cesser d’observer ce qui se passait… même s’il ne se passait pas grand chose. Un monsieur de Montmagny, qui était là pour les 6 heures et semblait un tantinet nerveux, m’a tiré de mes rêveries. Il parlait à tout le monde et mon tour est venu comme j’allais m’éclipser. À l’entendre parler, j’ai cru comprendre qu’il était un adepte de ce genre de course. Il en a fait un peu partout (quand on a couru à Drummondville et Alma, on a couru partout) et semblait connaître tout le monde sur place. Quand je lui ai parlé de ma blessure, il m’a parlé d’un remède homéopathique indétectable aux contrôles antidopages (ha bon, puis après ?), d’un système qu’il a développé pour faire des étirements, du fait qu’il avait couru 292 km en une semaine récemment, m’a présenté un de ses amis qui a déjà fait 312 km en 48 heures (!), etc. Un vrai moulin à paroles. J’aurais dû garder son nom, il me ferait un pacer parfait pour mon premier 100 milles: avec lui, je ne me serais jamais ennuyé.

Sur le chemin du retour, j’y ai pensé et ce serait le genre de défi qui me tenterait éventuellement, question de « durcir mon mental ». Peut-être pas le Tourne en rond, car si la température était clémente pour la course dimanche, ce n’est habituellement pas le cas à ce temps-ci de l’année. Mais pour une autre occasion ?  C’est fort possible.