Lundi matin, quand j’ai sorti Charlotte pour qu’elle puisse faire ses petits besoins, j’ai eu, encore une fois, un choc: il devait faire 22 degrés, c’était humide… Merde, il n’était même pas encore 5 heures ! J’avais 50 km au programme, moi !
J’ai tout de même fait mes petites affaires et me suis rendu au mont St-Bruno, en espérant que tout se passe bien malgré tout. J’avais à peine commencé mes réchauffements (il faudrait vraiment trouver un autre terme, moi me « réchauffer » quand il fait presque 30 degrés…) que deux gentils toutous se sont purement et simplement garrochés sur moi, comme s’ils me connaissaient depuis toujours. Étais-je pour refuser une si belle marque d’affection spontanée ? Disons que ça m’a mis de bonne humeur avant de partir. 🙂
J’étais bien déterminé à prendre ça cool, rester « en dedans », comme on dit. Je ne sais pas si mon deuxième kilomètre était complété quand j’ai croisé mes premiers chevreuils, tout près d’un lac. Une mère insouciante avec deux petits plus craintifs. Quelles merveilleuses bêtes ! Je les ai observés quelques minutes, puis suis reparti, le sourire aux lèvres.
Comme il faisait chaud, j’avais décidé de tester une nouvelle méthode d’hydratation. Je transportais mon Camelbak rempli de Gatorade sur mon dos et ma ceinture de route à la taille avec trois bouteilles remplies d’eau. J’allais alterner les deux liquides et essayer de m’arranger pour avoir à remplir l’eau à chaque « tour », soit aux 9-10 km.
À la fin de mon premier tour, je me dirigeais allègrement vers une petite cabane près du terrain de jeu, là où je savais qu’il y avait de l’eau quand j’ai été immédiatement alerté: le pick-up !!! J’ai tout de suite appliqué les freins et ai rebroussé chemin. Non mais, je n’avais pas envie de faire encore semblant d’aller me faire sécher dans mon char, moi là (parce que non, le parc n’était pas officiellement ouvert) !
Après m’être trouvé de l’eau, je suis reparti. Ma cadence pour le premier tour avait été de 5:01/km, bien correct pour moi. J’étais à la fin de la montée du début du deuxième tour quand j’ai croisé une femelle. Vraiment un bon matin côté chevreuils, il n’y avait pas à dire ! Et qu’est-ce j’ai vu quelques kilomètres plus loin ? Deux autres, encore de belles femelles habituées de voir du monde, mais pas apprivoisées pour autant… Selon moi, c’est l’équilibre parfait entre l’homme et la nature.
J’ai poursuivi mon petit bonhomme de chemin, prenant une pause predzels-gel après environ 19 km. Les kilomètres passaient bien et j’ai bien pris soin de noter le moment où je passerais le 25e. J’ai alors eu un petit sourire. Si j’avais fait une longue sortie en préparation d’un marathon, il ne m’en aurait resté seulement 7 à faire. En marathon, ça aurait été 17. Et là, il m’en restait 25… Ha ben cout’ donc ! 🙂
Après 28.5 km, autre arrêt à l’accueil. Comme j’aidais une jeune mère de famille à faire entrer son giga-carrosse dans la salle de toilettes familiale, Patrice Godin est passé. Pas que je voulais le suivre, mais bon, il allait à la même place que moi, alors… Pas facile de trouver quelqu’un qui connaît les ultras. Or, il a le malheur d’être connu, accessible et de faire des ultras. J’ai donc commencé à lui jaser. Pendant que lui pissait et se changeait et que de mon côté, je buvais et remplissais mes bouteilles, il m’en a beaucoup appris. Par exemple, lui ne fait jamais plus de 50 km à l’entraînement, même en préparation pour un 100 milles. Il m’a jasé stratégie, « drop bags », de l’effet que ça peut faire de voir sa blonde quand on commence à trouver le parcours long, etc. On a parlé de Virgil Crest, son prochain défi (100 milles). J’avoue que celui-là me ferait un peu peur… Rendus dehors, placotte, placotte, c’est fou ce que la course me rend sociable ! En tout cas, merci Patrice pour les conseils et petits « hints », ça va m’être fort utile !
Tour suivant sans histoire à part que mon ventre commençait à crier famine, alors une autre pause-bouffe s’imposait. Pendant que j’emplissais mon creux, une jolie jeune femme à l’allure athlétique m’a abordé: « Parti pour une longue sortie ? ».
Je ne sais jamais quoi répondre dans ce temps-là… Les chiffres, Fred, les chiffres, il n’y a rien de plus objectif. « Ben j’en suis rendu à 37.5 et je m’enligne sur 50… » Quand des coureurs se rencontrent comme ça ils se demandent toujours à propos de leur prochaine course. J’ai donc parlé du Vermont 50. Elle connaissait, elle y avait déjà fait le 50 km. Sa saison de compétition était terminé, elle avait fait entre autres le 38 km à St-Donat et le XC de la Vallée. « Les trois jours ? » ai-je demandé. « Oui, oui » qu’elle m’a répondu nonchalamment. Ok! Une vraie de vraie… Donc, quand elle m’avait félicité sur mon pace, elle savait de quoi elle parlait…
Elle m’a appris qu’elle faisait de la trail depuis 6 ans (mon Dieu, elle a quel âge ?) et qu’elle était chiropraticienne. Cool, j’allais savoir le nom du muscle d’arrière-cuisse qui s’amuse à me faire peur: c’est ischio-jambier (pas certain de l’orthographe). Elle m’a donné quelques trucs pour contourner mon problème et faire travailler d’autres muscles. Vraiment gentil de sa part… 🙂
J’ai terminé ma run, comme on dit, puis suis retourné à la maison. Fatigué, mais totalement satisfait. La confiance est là, la forme aussi. Avec ce que je m’impose comme régime, si je suis intelligent le jour de la course, ça devrait bien aller.
Mais ma curiosité était piquée: qui était cette jeune femme ? Je suis allé voir les résultats du XC de la Vallée et je n’ai pas eu à chercher longtemps: il s’agit de Marie-Josée Dufour de Québec (que faisait-elle à St-Bruno un lundi ?). C’est elle qui a gagné chez les femmes, tout comme à St-Donat d’ailleurs. Elle est également championne québécoise de course en raquettes. Quand je dis que les coureurs ne sont pas vantards de nature…
En tout cas, sortie très profitable au final: j’ai vraiment pu travailler mon endurance, tester l’hydratation et en bonus, ai reçu plein d’infos utiles de la part de deux experts. Que demander de plus ?