Massanutten: ne pas avancer de jour…

Dès le départ, Pierre s’envole. Alexandre faisant partie des extraterrestres devant et les autres ayant décidé de demeurer sages au départ, je me retrouve à faire les premiers hectomètres sans mes compagnons québécois. Tout d’abord sur l’asphalte du Camp Roosevelt Road, puis sur la terre du chemin de campagne menant à Moreland Gap (mile 4.1).

Une belle petite mise en jambes, ce chemin. En montée graduelle, il permet de  s’échauffer et d’étirer le peloton avant d’entrer dans le vif du sujet. Il permet également de mettre un peu son placottage à jour, ce que ma foi, Amy et Pierre sont maintenant en train de faire tout juste devant moi. Je ne m’étais même pas rendu compte en remontant le peloton que je l’avais rejoint !

Je n’ai aucune idée de quoi ils causent, mais sociables comme ils sont tous les deux, ils ne doivent pas manquer de sujets. Puis, Amy s’éloigne peu à peu et je me hisse progressivement au niveau de mon partner qui semble étonné de me voir là. Vrai qu’à pareille date l’an passé, j’avais entrepris de monter les premières bosses à la marche, mais là, j’ai décidé de les courir.

Amy a l’air en forme… « Ouais, elle a l’air. Elle est partie pour faire ça sous les 24 heures, je pense ».

Et là, tout d’un coup, ça me frappe de plein fouet. J’ai beau le savoir, je viens de me le faire rappeler : ça va définitivement me prendre plus de 24 heures. Il m’en reste au moins 25 ou 26 à courir, marcher, grimper, descendre, sauter, avancer encore et toujours. Je vais voir non pas un, mais fort probablement deux levers de soleil avant de m’arrêter. Ouch !

Se présente alors une bonne montée, une première vraie de vraie. De la marde, je la marche. Il reste encore 100 miles, bout de viarge… « Si tu marches, je marche ». Cout’ donc, va-ton faire toute la course ensemble ?  Ce serait surprenant, Pierre étant nettement supérieur à moi dans le technique. « Toi Fred, t’es un grimpeur ! ». Ouin, mais ce que je donnerais pour être légèrement moins fort en montée comme lui pour être aussi bon dans le technique et en descente. À ce niveau, je ne suis même pas près de son calibre…

La station, telle qu’annoncée, est constituée de récipients de 5 gallons d’eau qui se trouvent dans le coffre arrière du véhicule d’un bénévole. Pas de bouffe, pas de Gatorade, pas de tables, pas de verres. Nous passons en envoyant la main et entrons dans les sentiers.

Au début, c’est plutôt facile et non seulement j’arrive à garder le contact avec Pierre, mais en plus, je réussis l’exploit de reprendre 2 ou 3 coureurs au passage.

Puis, arrivent les roches, les vraies. Et là, c’est le désastre. Mes lacunes au niveau technique se retrouvent exposées au grand jour (en fait, à la grande nuit car le soleil est encore couché, lui). Un à un des coureurs me rejoignent et, sentant leur présence tout juste derrière, je les laisse passer.

Une longue montée apporte un peu de répit. De la base, j’entends Amy jacasser plus haut. Ça m’encourage un peu, je me dis qu’elle n’a pas pris tant d’avance que ça, finalement… J’ai même envie de lui pousser un « Amy, we can hear you from down here ! », mais je me retiens. On ne peut pas dire qu’on se connait vraiment, même si on a déjà méméré une bonne dizaine de minutes (à la fin du Vermont 100).

Les roches recommencent de plus belle. « Fred, c’est toi ? ». C’est Stéphane qui vient de me rattraper. Ben oui, je suis pathétique dans de telles conditions. En fait, quand ils ont inventé ce mot, ils pensaient justement à moi parcourant ces sentiers.

J’essaie de m’accrocher à lui, mais c’est bientôt peine perdue. Il s’éloigne tranquillement, tout en continuant de me jaser. Comme un (autre) gars m’a déjà dépassé depuis, je dis : « Heu, Stéphane, ce n’est plus moi qui suis derrière toi ! ». Bientôt, je ne le reverrai plus.

Puis, tout juste derrière, je sens quelqu’un d’autre qui approche. Je me tasse et Kathleen Cusick, la championne en titre, passe en trombe, lâchant un « Good morning ! » au passage. Good morning et… ça m’a fait plaisir. Toujours aussi sympathique, il n’y a pas à dire, mais au moins elle m’a parlé. Deux gars sont à sa suite. J’aimerais bien me joindre au train, mais abandonne rapidement l’idée. L’an passé, elle m’avait passé le K.O. autour du 25e mile. Là, on n’en a même pas 10 de parcourus et je sais que je ne la reverrai plus.

Les suivants à me botter le derrière ?  Benjamin et Martin. Je parviens à m’accrocher un tout petit peu, profitant de l’occasion pour jaser souliers avec Benjamin, mon « compagnon d’écurie » chez Skechers (nous sommes les seuls coureurs en sentier de la marque au pays). Il porte le même modèle de souliers que moi et lui aussi semble très satisfait de leur comportement. Il y a juste que lui sait mieux les utiliser.

Non mais, je ne me souvenais pas qu’il y avait autant de roches aussi tôt dans la course… C’est l’enfer !  Au moins, le nombre de personnes qui me dépassent semble se stabiliser un peu. Il y en a toutefois un dernier qui m’assène le coup de grâce : un monsieur assez âgé qui sautille allègrement d’une roche à l’autre avec un naturel aussi désarmant que frustrant. Ça a tellement l’air facile…

Quand, après une éternité, je débouche enfin sur le chemin de terre, j’y vais à pleins gaz. Non mais, c’est tellement frustrant de ne pas avancer, je vais au moins me laisser aller dans les descentes faciles. Et mon monsieur « âgé » qui trottine… Je passe en coup de vent, sachant fort bien qu’il va me reprendre plus loin.

Edinburg Gap (mile 12.1). Mon père m’attend une centaine de mètres avant la station avec mes affaires. Remplissage rapide de mes bouteilles, il me met au courant de la progression de mes amis : Alexandre est passé avec les meneurs, les autres ont quelques minutes d’avance, sans plus. Il a bien tenté de réparer le réservoir de Pierre, mais il n’est pas certain que ça a marché.

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Mon arrivée à Edinburg Gap (photo: Kevin Sayers)

Je le remercie, lui laisse ma frontale et me dirige vers la station pour prendre quelques trucs à manger. Car cette année, suite à mon expérience désastreuse de 2015, j’ai décidé de carburer à la nourriture « ordinaire » plutôt qu’aux gels qui ne seront là qu’en guise de « support ». Je me prends donc quelques trucs et repars.

Avant de traverser la route pour entrer à nouveau dans le sentier, j’aperçois Gary Knipling. Hey, GARY !!!  Je lui tends le poing, il me répond par son fameux fist bump en ajoutant, le sourire aux lèvres, le traditionnel « Good job ! ». Ça fait du bien de le voir souriant. Peut-être n’a-t-il rien de grave ?

Massanutten étant Massanutten, un ravito est immanquablement suivi d’une montée. Douce au début, la pente s’accentue par la suite. Comme je les aime. Allez, c’est le moment de reprendre du terrain !

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Le début de la montée en quittant Edinburg Gap (photo: Paul Encarnacion)

Justement, devant, une proie. Je fonds sur lui. En fait, je crois fondre sur lui. Je me rapproche, mais pas assez vite à mon goût. Voyons, qu’est-ce qui se passe ?  Déjà que j’ai remarqué que je n’avais pas amélioré mon (médiocre) temps de passage de l’an dernier, je ne suis même plus foutu d’être bon en montée ?

Je rattrape tout de même peu à peu le gars, mais surtout, j’entends quelqu’un à ma poursuite. Hein, je me fais rejoindre en montée ?  Ha ben là, il y a des limites ! Quand mon poursuivant arrive à moi, je me tasse pour lui laisser le chemin, mais il me dit non, que j’ai un excellent rythme, qu’il va demeurer derrière. Bon, au moins un petit encouragement… Il ajoute que c’est tout ce qu’il sait faire, monter. Ben on est deux, mon ami !

Nous rejoignons et dépassons l’autre et, rendus au sommet, je me tasse. « Are you sure ? ». You bet. On ne peut pas être aussi pourri que moi dans le technique, c’est physiquement impossible. Je parviens tout de même à le suivre un bout sur la crête de la montagne avant de le perdre de vue. Un autre. Ça doit bien faire 20-25 personnes qui me dépassent depuis qu’on est dans les sentiers.

Selon mes souvenirs, une fois rendu sur la crête de la montagne, cette section passait plutôt bien. Et effectivement, je peux la courir. Bah, il y a évidemment des bouts rocailleux (non !?!) où j’en arrache, mais en général, ça avance. C’est sûr que j’éprouve une certaine frustration quand le monsieur assez âgé me refait le coup de gambader sur les roches, mais bon, il fait beau, la température est agréable, les vues sont splendides, pourquoi ne pas en profiter ?  On est aussi ici pour ça !

Je suis donc d’assez bonne humeur quand j’arrive à Woodstock Tower (mile 20.3), surtout que ma mémoire me rappelle que la section suivante passait aussi plutôt bien. En effet, j’y avais même réussi à « coller » Amy.

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Woodstock Tower, mile 20.3 (photo: Kevin Sayers)

Avant de partir, je regarde ce qu’il y a côté bouffe. Hein, des hot dogs ?  Ça va pas, non ?  C’est l’enfer à avaler et encore plus l’enfer à digérer. Roter des roteux durant un ultra ?  Non merci !  Je choisis plutôt un sandwich et repars… dans la mauvaise direction.  Sans le bénévole, Dieu sait où je me serais retrouvé.

Tiens, il me semblait que c’était moins difficile que ça, ici… Et puis, quand je regarde mon chrono, bien que je ne me souvienne pas de tous mes temps de passage, j’ai vraiment l’impression que je ne vais pas plus vite que l’an passé. Pourtant, les conditions sont idéales ou à peu près… Ok, certains endroits sont plus boueux et il y a même des ruisseaux à traverser, ce qui n’avait pas été le cas jadis, mais quand même.

Puis je me rends compte d’une chose : j’ai la chienne. Voilà, quand je pourrais aller le moindrement vite dans les roches, j’ai peur de m’enfarger et de planter face première. Et ça, la fraîcheur de l’air n’y peut rien. Si on a peur, on demeure plus prudent, un point c’est tout. Vaut mieux arriver plus tard que ne pas arriver du tout.

Une fois ce constat accepté, je poursuis à mon rythme jusqu’à Powell’s Fort (mile 25.8). Là, petit irritant, le ravito est placé à l’écart du parcours. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’énerve. Bout de viarge, quand bien même que tu ferais 200-300 pieds de plus, sur 103.7 miles, tu n’en mourras pas, du con !

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Alexandre, le premier de notre petit groupe à Powell’s Fort (photo: Paul Encarnacion)

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Le troupeau comprenant Benjamin, Martin et Pierre amené par Amy  (photo: Paul Encarnacion)

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Benjamin, Martin et Pierre sont sortis du troupeau pour la photo 😉 (crédit: Paul Encarnacion)

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Au tour de Stéphane, 5 minutes plus tard (photo: Paul Encarnacion)

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Me voilà enfin, un quart d’heure derrière (photo: Paul Encarnacion)

Aussi, j’en ai eu un petit aperçu à Woodstock Tower, mais j’en ai la confirmation ici : la ceinture à la taille avec les deux bouteilles, ce n’était pas la meilleure des idées. Je pensais que le remplissage se ferait rapidement et sur ça, j’avais raison. Dans mon super-raisonnement, j’ai aussi supposé qu’il serait facile pour moi d’y ajouter mon LG en poudre en sortant du ravito. Eh bien sur ça, j’étais dans le champ.

J’ai sous-estimé les manipulations à faire et les troubles que j’aurais à extirper de mon sac les petits pots de pilule contenant le LG. Sans oublier le fait que je perdais de l’eau chemin faisant et aussi que les bouchons des bouteilles seraient difficiles à desserrer et à resserrer. Bref, ça ne va pas bien. En plus, le frottement de la ceinture sur le bas de mon dos commence à joyeusement l’irriter.

Ajoutez à ça la température qui grimpe tranquillement (des mouches à chevreuil ont d’ailleurs commencé à me virer autour, signe indéniable) et j’appréhende déjà l’interminable section de 9 miles entre les miles 41.1 et 50.1. Pas certain que j’aurai assez de liquide dans mes bouteilles pour faire la distance. Bref, à Elizabeth Furnace (mile 33.3), je vais avertir mon père de préparer ma veste pour la station suivante.

Mais d’abord, je dois m’y rendre !  Le tout commence par un beau chemin de terre, qui ma foi, est beaucoup plus long que dans mes souvenirs, ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle en soit. Puis, avant d’entrer à nouveau dans le sentier, je croise des randonneurs. « Looking good ! » me lance l’un d’eux. Only looking good !  Celle-là, elle me sert depuis des années et fait rire presque à chaque fois.

Poursuivant tant bien que mal mon chemin, mes pensées divaguent. Non mais, faut quand même vouloir… Faire de la randonnée ici, vraiment ?  C’est l’enfer ! Puis j’y pense : et toi, le zouf, tu te penses brillant à te taper un 100 miles ici ?

J’ai à peine terminé ma « réflexion » que je croise mon idole : un gars en… vélo de montagne !  WHAT ?!?  Du vélo de montagne ici ?  J’ai peine à avancer sur mes deux jambes et lui le fait sur deux roues ?  Il a perdu un pari, quelque chose ?  Il veut se punir d’un péché ?  Je lui laisse le chemin question qu’il puisse garder un semblant de rythme et il me remercie gros comme le bras au passage.

Et le pire, c’est que je vais en croiser d’autres comme lui. Moi qui pensais que nous ultramarathoniens étions les plus fous sur cette terre…

Toujours est-il que tout ça me distrait et, bien que je n’avance pas plus vite, mes pensées sont très positives. Pas question d’envisager l’abandon cette année.

À Elizabeth Furnace, mon père m’informe que Pierre, Martin et Benjamin sont passés ensemble, une vingtaine de minutes auparavant. Ils ont rejoint Pierre ?  Ça ne me surprend pas de Martin, mais de Benjamin, wow ! Il a fait 33 heures à Bromont et il est parti sur une cadence de 25-26 heures ici !  Je suis très, très impressionné.

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Elizabeth Furnace, « déjà » le tiers de fait ! (photo: Tim Toogood)

Et Stéphane ?  Il ne l’a pas vu. Alexandre ?  Il n’est plus dans le peloton de tête, mais il est encore dans les premiers. Quant à Sébastien, incommodé par une blessure au genou, il prévoyait marcher et se retirer rapidement, alors sa course est probablement terminée.

J’informe mon crew de mon intention de prendre ma veste à Shawl Gap (mile 38.0), lui expliquant mon raisonnement. Il aura donc comme tâche de la préparer.

En partant, j’ai un petit sourire intérieur juste à imaginer mon père pris pour remplir seul le réservoir et l’insérer dans ma veste. Personnellement, je suis habitué et ce n’est pas toujours évident, surtout quand on veut que le réservoir soit plein. J’ai bien hâte de voir comment il se débrouillera.

Mes souvenirs de cette section n’étaient pas mauvais, ils étaient tout simplement atroces. Des roches, des roches, encore des roches. Pas moyen de prendre le moindre rythme, toujours arrêté pour essayer de se trouver une trajectoire.

Et qu’est-ce qui arrive quand on s’attend à de la merde ? Hé bien ça finit (presque) toujours par être moins pire que prévu. Dans la montée initiale, je rejoins progressivement un gars, mais une fois rendu à lui, décide de demeurer derrière car je sais que ce sera très technique plus loin. Un autre arrive derrière et les deux se mettent à jaser. Heu, je ne vous dérange pas trop, les gars ?

Bah, de toute façon, quand le relief s’aplanit pour ensuite prendre une tendance vers le bas, je les perds de vue. Puis, le sentier devient de plus en plus praticable au point que je peux me laisser aller dans la descente menant au ravito. Ha que ça fait du bien…

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Je me présente à Shawl Gap, après une longue descente (photo: Anzhela Knyazeva)

« Hé hé, relaxe, ne va pas si vite ! ». C’est mon père qui m’accueille. Comment ça, pas aller si vite ?  Je n’avance pas !

Il me raconte les difficultés qu’il a eues avec ma veste. Car non seulement le remplir représentait un défi, mais il a également eu toutes les misères du monde à installer le réservoir. Heureusement, un bon samaritain l’ai aidé. Et en plus, il a perdu le morceau de plastique servant à le refermer. Mais, prévoyant comme toujours, j’avais un réservoir de réserve (ça fait bizarre à dire, non ?) et il a pu utiliser la pièce de ce dernier en remplacement.

Tout en l’écoutant, je ne peux m’empêcher de sourire. Comment a-t-il pu réussir à perdre ce morceau ?  Mais que voulez-vois, la distraction, c’est une tare familiale: je ferais exactement comme lui si j’étais à sa place !

Je transfère mes trucs de mon sac à ma veste: gels, guenille (j’en ai toujours une, au cas où…). J’arrive à l’imperméable de secours. Vais-je vraiment avoir besoin de ce machin ?  Le soleil est bien fort, il fait chaud au point que j’insère maintenant de la glace dans ma casquette. S’il pleut, ça va seulement me faire du bien, non ?  Bah, au cas où j’en aurais besoin durant la nuit, aussi bien faire le transfert tout de suite.

Avant de partir, je reçois un ordre: « À Habron, je veux que tu sois en forme ! ». Habron, c’est Habron Gap, la prochaine station où je le reverrai, dans quelque 16 miles. L’an passé, Pierre et moi mous y étions présentés avec des airs de morts-vivants. Mon paternel ne veut pas revoir cette image. Chef, oui chef !

Et mes amis ?  Toujours ensemble, une demi-heure devant.

Ok, une section de route menant Veach Gap (mile 41.1) maintenant. Petite facile avant une des pièces de résistance du parcours.

Ho, mais c’est qu’il y a des foutues bonnes montées ici ! Aille, aille, j’avais effacé ça de ma mémoire, moi… De bonnes pentes, genre Vermont 100. Ouin… Bon ben, faut faire avec ! J’avance tout de même bien et dépasse quelques coureurs. Cette partie a été plus difficile que prévu, mais rien pour écrire à sa mère.

Tiens, le ciel s’est couvert et comme par magie, on sent que la température a commencé à descendre un peu. Pas que je vais m’en plaindre. En quittant le ravito, un bénévole nous crie: « 3 miles up, 3 miles on the ridge, 3 miles down ». Simple, non ? 9 « petits » miles pour arriver à Indian Grave (mile 50.1). Et comme je quitte, il rajoute: « The rain is gonna come down any minute ! ». Amenez-la votre pluie, elle ne me fait pas peur…

Ha, l’infernale montée à la sortie de Veach Gap. Elle peut se vanter de m’avoir fait mettre un genou à terre, celle-là. Mais elle ne m’aura pas deux fois !

Je grimpe bien, au point où je commence à me faire des idées. En effet, peut-être que je pourrais réussir à rejoindre mes compagnons et qu’on ferait un bout ensemble par la suite. Si ça va bien, pourquoi pas ?

À mesure que je gagne en altitude, un vent frisquet se fait sentir. Hum, pas désagréable. Au sommet, je me dis « Déjà ? ». Wow, déjà 3 miles de faits, plus que 6 !

En fait, je ne sais pas où le bénévole a pris ses infos, mais la partie sur la crête de la montagne est beaucoup plus longue que 3 miles. Elle ne finit plus de finir et comble de bonheur, elle est technique au possible. J’avance péniblement, hésitant, reprenant un semblant de rythme. Puis, la pluie se met à tomber. Légère au début, elle prend progessivement de l’intensité.

Voilà, je ne peux pas m’en sortir, je suis détrempé. Et sur la crête, nous sommes exposés au vent comme jamais. J’essaie de poursuivre malgré le fait que je commence sérieusement à me les geler, mais je finis par hisser le drapeau blanc: je vais devoir enfiler mon imperméable.

En fait, c’est un vulgaire poncho de secours qu’on peut se procurer dans une pharmacie pour la modique somme de 1$. Il y a juste un problème avec ces machins-là: c’est l’enfer de les enfiler.

Comme je suis (très) têtu, j’entreprends de me taper l’opération tout en marchant. Bon, il est où, le trou pour la tête ?  Ha, le semblant de capuchon est ici, ça doit être ça. J’essaie d’entrer ma tête par là et elle se retrouve… dans un trou où on devrait passer un bras ! J’essaie à nouveau, même résultat. Dans le trou pour l’autre bras ou le même trou ?  Aucune idée ! Tout ce que je sais, c’est qu’il n’y a pas de capuchon, alors ma tête n’est pas au bon endroit. Calv… !

Finalement, je me résous à arrêter et investir un peu de temps dans l’opération. On n’est pas à 2-3 minutes  près, n’est-ce pas ?

J’ai vraiment bien fait car ni la pluie ni le vent ne baissent en intensité. Cette protection de fortune n’est vraiment pas idéale pour courir, mais bon, sans elle, je risquerais l’hypothermie.

Un gars me rejoint et je lui fais part de mon « inquiétude » par rapport à la longueur que nous avons à parcourir sur la crête. Ne trouve-t-il pas que c’est un long 3 miles ?  Il me répond que le bénévole était probablement dans les patates, que nous avons plus 1.5 mile de montée, 6 miles de crête et 1.5 mile de descente à faire. Ouais, ça a de l’allure son affaire…

Arrive ce que je pense être le début de la descente. Ho que c’est compliqué ça mes amis: les possibilités de se péter la marboulette sont presque infinies !  Je descends donc prudemment (comme d’habitude) et une fois au niveau du plancher des vaches, attends avec impatience l’arrivée de la station. Après ce virage-là, oui, je me souviens. Hé non. Après celui-là ?  Nope. Cout’ donc, l’ont-ils oubliée ?

Finalement, des voix. Ha… J’ai un mince espoir de voir un de mes compagnons m’attendre, mais je ne me fais pas d’illusion: la crête et la descente ont été très difficiles pour moi, c’est plutôt improbable que je puisse leur avoir repris du terrain. En arrivant sur place, j’aperçois un gars qui porte un bandeau. Serait-ce Benjamin ?

Hé non. Ben ben, ça a l’air que je vais devoir me débrouiller comme un grand garçon pour la suite…

Massanutten – l’avant-course

« Nous sommes arrivés hier à 23h30. Quand nous sommes entrés dans notre sukkah, ça sentait le moisi et il y avait des milliers crottes de souris partout, même sur les lits. On en aurait eu pour au moins une heure à faire le ménage avant de peut-être pouvoir se coucher. On a décidé de laisser faire et d’aller à l’hôtel. On est au Holiday Inn Express à Woodstock. Vous voulez que je vous réserve une chambre ? » (citation approximative)

Hé, c’est notre hôtel ça !

Ben oui, je ne suis pas un « vrai » (mot que je devrais utiliser avec parcimonie, je crois ;-)) ultrarunner. En ce sens que bien que j’adore fraterniser avec les copains et que, suivant l’esprit de la course en sentiers, je ne compétitionne pas vraiment avec eux, je suis trop douillet et trop antisocial (certains diront « sauvage ») pour la vie minimaliste et en communauté que cet esprit implique.

Coucher dans l’humidité d’une tente ou dans une salle commune la veille de me taper 160 kilomètres à la course ?  Comme dirait l’autre, c’est trop pour moi. Mes comparses ont toute mon admiration d’être en mesure de le faire.

À Massanutten, les offres d’hébergement dépassent le camping classique. Comme le quartier général de la course est situé dans un camp de vacances, on y retrouve des cabins et des sukkahs (soit la misère et la grosse misère), endroits où on retrouve plusieurs lits. Les cabins ont l’eau, l’électricité et une toilette commune. Les sukkahs ?  Heu… Un toit ?  On dit qu’elles sont plus tranquilles. Je me demande bien pourquoi…

Avant la remise des dossards et suite au message que Sébastien avait envoyé aux quatre (Alexandre, Martin, Pierre et Stéphane) qui faisaient la route le vendredi, mon père et moi sommes allés visiter lesdites cabins.

Ouf, bien que celle que nous avons visitée n’était pas aussi « garnie » que la description que Sébastien en faisait de leur sukkah, j’aurais définitivement été trop douillet pour passer la nuit là. Lits superposés trop petits, sales et gorgés d’humidité, planchers en contre-plaqué datant de l’avant-guerre et, oui, on y retrouvait des dépôts provenant de rongeurs. À 30$ par personne par nuit, c’était tout simplement du vol.

De retour au quartier général, j’ai pris mon dossard et nous nous sommes installés sous la tente en attendant les autres et le début du briefing.

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Le classique « mug shot ». Maintenant je comprends pourquoi ils voulaient que je me place au-dessus du petit fanion au sol… (photo: Kevin Sayers)

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Devant le fameux « silo » qui, après réflexion, est fort probablement un ancien observatoire. En tout cas, ce serait un bon endroit pour en installer un, en plein milieu de nulle part…

Notre joyeux quatuor est arrivé avec une marge de manœuvre, autour de 15h45. Au point où, le briefing commençant avec un peu de retard, Pierre s’est même permis de se plaindre à la blague que ça prenait du temps.

Kevin, le directeur de course, s’est emparé du micro. J’adore son sens de l’humour. Il a le don de passer des infos qui ne seraient normalement pas intéressantes en y ajoutant sa touche toute personnelle. C’est donc dans la bonne humeur que le tout s’est déroulé. J’ai surtout retenu que la météo allait jouer au yo-yo le lendemain: fraîche en début de course, presque chaude en mi-journée pour être suivie de pluie et d’une baisse marquée de la température. La gestion de l’habillement allait jouer un rôle-clé.

Briefing

Avec mon père et Martin durant le briefing. Celui-là a le don de me faire rire à chaque fois qu’il ouvre la bouche. On en a la preuve ici… 🙂 (Photo: officiellement Kevin Sayers, mais bon, il était en train de jaser au micro, alors ce n’est certainement pas lui qui a pesé sur le piton)

Il manquait un gros morceau à ce briefing : Gary Knipling, la légende. J’ai vu qu’il était inscrit, mais il n’était pas là. Un bénévole en a fait allusion, disant porter un bracelet en son honneur. J’avoue que ça m’a inquiété. Il avait quelque chose, mais quoi ?  Un cancer ?  C’était ce qu’il y avait de plus plausible, dans les circonstances… Un Massanutten sans un fist bump de la part de Gary Knipling, c’est comme un Masters sans la présence d’Arnold Palmer. On sait que ça va arriver un jour, mais on se fait pas à l’idée que ça pourrait être cette année.

Toujours est-il que le briefing s’est terminé après quelques questions posées çà et là par des coureurs inquiets: dans quelles conditions sont les sentiers, quand les drop bags seraient-ils disponibles, etc. Honnêtement, malgré son humour, j’ai eu l’impression que Kevin n’était pas totalement «dedans» car ça m’a semblé beaucoup plus court que l’an passé. Et quand la bouffe est arrivée, tout le monde s’est garroché et à partir de là, l’assemblée était levée.

Pour nous, ça signifiait l’heure du retour à l’hôtel car, je le répète, je ne suis pas un « vrai » ultrarunner. Je ne me suis jamais résigné à manger autre chose que la bouffe de ma douce la veille d’une course. Pourtant, ce n’est jamais rien de compliqué : des pâtes avec une sauce toute simple à base d’huile d’olives. Mais bon, je ne veux pas faire des essais la veille d’une course, alors…

En tout cas, ce n’est pas autour de l’hôtel que j’aurais pu tenter des expériences culinaires par ce beau vendredi soir. Ha, il y avait bien des restos tout autour, mais tous du genre très « américain » : McDonald, Burger King, Taco Bell, PFK, Wendy’s, Pizza Hut. Après ça on se demande comment il peut y avoir une véritable épidémie d’obésité au sud de la frontière…

J’ai tout de même fait quelque chose de différent en cette veille de course: j’ai succombé à l’appel du houblon.  Je l’avais fait à Washington avec des résultats pour le moins surprenants, alors pourquoi ne pas tenter ma chance ici ?  C’est quoi le pire qui pouvait m’arriver ?  Que je me plante le lendemain ?  Ce ne serait certainement pas une bière qui allait faire tout basculer.

Nous avons eu à peine le temps de terminer notre souper que nous avons entendu parler français dans le corridor : les 4 joyeux lurons étaient dans la chambre en face de la nôtre !

Vous allez dormir à 4 ici ?  Voilà, c’est confirmé: je ne suis définitivement pas digne d’être appelé un ultrarunner. J’aime bien mes compagnons de course, je les aime beaucoup même, mais de là à partager un lit double avec l’un d’eux… Moi, sentir le frottement des pieds d’un autre sur mes jambes, bof… Traitez-moi de vieux garçon si vous voulez, mais à part ma tendre moitié, il n’y a personne avec qui j’ai envie de vivre ça. Ok, à la limite, vraiment mal pris, j’accepterais peut-être Magalie Lépine-Blondeau. Peut-être. Savez-vous si elle fait des ultras ?

Mais bon, ça n’avait pas l’air de les déranger outre mesure. Quoi qu’à les voir trinquer leur IPA, peut-être qu’après tout…

Stéphane m’a demandé mes objectifs. Heu, bonne question !  Après réflexion, j’aurais aimé au minimum le finir, bien évidemment. Ensuite, j’aurais visé de faire un meilleur temps qu’en 2015. Descendre sous les 26 heures était selon moi atteignable, surtout que la température allait être plus clémente. Sous les 24 heures ?  Ce serait le nirvana !  Côté classement, un top 20 ?  Possible, surtout qu’on a fini en 23e position l’an passé. À voir.

Après notre « petite » jasette (à un moment donné, nous étions 8 dans la chambre), ce fut la courte nuit et maintenant à 2h45, il est l’heure de partir pour Caroline Furnace. Étonnamment, le stationnement de l’hôtel est plein à craquer, preuve que beaucoup de gens s’y arrêtent pour passer la nuit (c’est tout juste à côté de l’autoroute). Comme nous rangeons nos choses dans le RAV4, un gars arrive et commence à faire de même dans l’auto stationnée tout juste à côté. Il s’en va à la même place que nous, celui-là !  Ça me rassure un peu de savoir que je ne suis pas le seul freak de la ponctualité qui s’arrange toujours pour être vraiment d’avance. Vous savez, au cas où qu’il y aurait un imprévu dans les imprévus…

Le sinueux chemin qui nous mène au départ est (ho surprise) désert. Après avoir évité renards et chevreuils, nous arrivons au départ qui bourdonne déjà d’activité. Comme il fait frais, presque froid (environ 8 degrés), mon père va demeurer dans l’auto durant mon « éclipse » dans les boîtes bleues. Je le rejoindrai plus tard et c’est de là que nous attendrons.

3h45, nous nous dirigeons à la tente. Après l’enregistrement, je retrouve mes amis. Pierre n’a pas son sourire détendu habituel et pour cause: son sac d’hydratation a une fuite. Après quelques recherches, il n’a pas trouvé de moyen pour le réparer. Je lui offre du duct tape, mais il est trop tard, mon père n’aura pas le temps d’aller le chercher au RAV4 avant le départ. Peut-être au premier ravito, à Edinburgh Gap ?

J’avoue que je me fais un peu de souci pour mon partner. Lors de notre dernière sortie ensemble, il en avait arraché, au point d’arrêter après 19 kilomètres. Bon, il avait gros rhume, mais il ne m’était pas apparu à son top lors du fat ass non plus. Ajoutez à ça qu’il n’a pas fait son volume d’entrainement habituel et bon, je me demande comment il va s’en tirer ici. Bah, au pire pour lui, il devra s’accrocher à moi comme je me suis accroché à lui l’an passé.

Pour ma part, côté équipement, j’ai décidé de partir avec ma ceinture à la taille avec deux bouteilles à la base du dos. Sur ce parcours, je préfère avoir les mains libres et je me dis que s’il devait faire chaud, je ne serais pas «emprisonné» dans ma veste. Le plan est d’enfiler ladite veste à Camp Roosevelt (mile 63.9) ou au mieux, à Gap Creek I (mile 69.6), en vue de la nuit. Dans mes pieds, mes Skechers GOtrail Ultra 3 qui ont passé les tests que je leur ai imposés avec les grands honneurs. Malgré l’épaisseur de leur semelle, ils sont très stables et en plus, côté confort, ils sont incroyables. Aussi, ils m’ont prouvé leur efficacité sur la roche mouillée, un incontournable ici. Je porte également le couvre-chef de la compagnie, mais malheureusement pas la camisole, qui n’est pas conçue pour porter une veste (et qui ne me va vraiment pas bien, pour être bien honnête). Quant aux shorts, je n’ai pas eu l’occasion de les tester sur une longue sortie, alors ce n’est pas le moment de faire des essais. Pas vraiment envie de me retrouver les parties intimes à vif avant la nuit, mettons…

Tiens, voilà Gary Knipling !  Il est en grande conversation avec un coureur et abhorre son légendaire sourire. Ses traits sont tirés, mais son visage n’est pas amaigri. Peut-être que ce qu’il a n’est pas si grave après tout. En tout cas, il ne prendra pas le départ car il porte une bonne vieille paire de jeans.

La température froide rend l’ambiance un peu étrange. En effet, personne ne sort de la tente, malgré le fait que le départ est dans moins de 3 minutes. Et comme on n’est pas dehors, on ne sent pas d’empressement ou de nervosité d’avant-course. Et pourtant…

En tout cas, pas moyen de faire la photo « pendant qu’on a le sourire » devant l’horloge comme l’an passé, on va faire ça à l’intérieur:

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La délégation québécoise (presque) au grand complet: Sébastien, moi, Stéphane, Martin, Pierre et Benjamin avant le départ. Ne manque qu’Alexandre, aux prises avec une « urgence » de dernière minute ! 😉

Puis, mon père me souhaite bonne chance et me dit de m’amuser. Je lui réponds tout simplement « Merci » en le serrant contre moi. Je suis vraiment content qu’il soit là. Contrairement à l’an passé, je suis serein. Je sais ce qui m’attend et malgré mes objectifs, je ne me suis mis aucune pression. Je vais prendre les roches une à la fois. Les blessures ?  Tout est sous contrôle. Le sciatique est rentré dans l’ordre juste à temps, la cheville se tient tranquille. Il y a bien le genou droit qui est endolori suite à mes premières sorties de vélo (ben oui, certains laissent la course pour le vélo à cause de problèmes aux genoux et moi, je fais le contraire), mais il devrait tenir. Il va tenir.

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Plus quelques secondes…

Kevin égrène les secondes et c’est parti. Mon onzième ultra, mon quatrième 100 miles est maintenant commencé.

Découvrez la Maison bleue

De retour de Massanutten depuis quelques jours, après un petit crochet pour une visite-éclair de Washington avec mon paternel. Un deuxième Massanutten beaucoup moins éprouvant que le premier et dont je vous reparlerai très bientôt.

Avant d’aborder le sujet principal de ce billet, j’aimerais d’abord dire un gros merci à tous ceux qui ont laissé des commentaires (que ce soit sur ce site ou par Facebook) suite à mon dernier article. J’apprécie beaucoup votre honnêteté et j’ai tiré plusieurs leçons de la « mini-saga des parcours ». Pour ceux qui se poseraient la question, non, monsieur Houde n’a pas donné de suite à ma réponse. Par contre, mes comparses n’ont pas raté l’occasion de me taquiner durant notre séjour dans la Virginie profonde. Et c’était tout à fait mérité.

Bon, le sujet du jour. J’ai longuement (moi, longuement, ben voyons…) élaboré sur le sujet quand j’ai fait Bromont en 2014 : j’éprouve un grand malaise quand vient le temps de prendre part à une levée de fond. Je ne sais pas, c’est probablement causé par une timidité maladive ou une peur de me faire « revirer », mais bref, j’ai toujours, toujours eu beaucoup de difficulté avec ça.

Lorsque ma partner Julie et moi nous sommes inscrits à la Petite Trotte à Joan, un des prérequis à la participation à cette épreuve était d’épouser une cause et de transporter un objet la symbolisant tout au long de notre odyssée.

Jusque là, pas de problème. Puis Julie m’a dit : tant qu’à faire, on devrait faire une levée de fond !

Heu…

Et puis merde, si elle sortait de sa zone de confort en se lançant dans une aventure presque deux fois plus longue que les 65 kilomètres qu’elle s’était tapés à Harricana en guise de plus grosse course à vie, pourquoi je ne ferais pas un effort moi aussi ?

Ok, mais c’était elle, la dame extravertie (en tout cas, elle l’est certainement plus que moi !) qui allait se faire les démarches. Moi, parler au téléphone… Vous savez que lorsqu’on utilise ces bidules, il y a parfois de vrais gens à l’autre bout ?  C’est traumatisant, parler à du vrai monde, vous savez…

Bon, on fait ça pour qui ?  Après discussions, nous nous sommes arrêtés sur une cause bien connue. Julie leur a écrit, à plusieurs reprises. Elle les a aussi appelés. Aucun accusé de réception, aucun retour. Nada. Je ne les nommerai pas, mais mettons qu’ils semblent plus intéressés à organiser leur spectacle annuel mettant en vedette le chanteur des pubs de Canadian Tire que de répondre aux gens « ordinaires » qui voudraient faire un petit effort pour les aider. À moins qu’ils soient du genre à avoir peur qu’il y ait quelqu’un à l’autre bout du fil s’ils devaient retourner un appel… Vous savez, il y a des gens comme ça, j’en connais !

Toujours est-il que ce fut peut-être un mal pour un bien car nous avons mis le cap sur la Maison Bleue. Et nous ne l’avons pas regretté, loin de là.

Qu’est-ce que la Maison bleue ?  C’est un centre qui accompagne les familles durant la grossesse et, le plus important selon moi, durant le développement de l’enfant. Si vous désirez avoir plus de détails, je vous conseille d’aller visiter leur site web. Aussi, Guylaine Tremblay, leur porte-parole, en parle plus longuement ici.

Salma, la responsable du financement, nous a chaleureusement accueillis à la maison de Parc-Extension. Tout de suite, le courant a passé. Elle nous a expliqué en détails l’histoire de la Maison, les services qui y sont offerts, la clientèle visée, les projets de développement, etc. Nous avions bien choisi notre cause. Et elle n’en revenait tout simplement pas que des êtres humains puissent se taper 120 kilomètres à pied. Tu sais Salma, ce ne sont pas tous les êtres humains qui sont doués de raison…

Suite à cette rencontre, je me tourne maintenant vers vous chers lecteurs afin d’aider à faire un petit quelque chose qui fait une grosse différence dans la vie de gens qui ne l’ont pas toujours facile. Car malheureusement, ce n’est pas vrai qu’on naît tous égaux. À nous les privilégiés de faire en sorte que certains, moins chanceux que d’autres, puissent effectuer leurs premiers pas dans notre merveilleux monde sans avoir à se soucier de choses dont ils ne devraient pas avoir à se soucier.

Pour effectuer vos dons, une page a été créée tout spécialement pour notre Petite Trotte. Ne vous gênez pas pour aller y jeter un coup d’oeil, elle est très chouette. On y retrouve même une belle photo de nous deux prise lors de notre tournée des trois sommets. En fait, la photo serait vraiment belle si je n’étais pas dessus, mais bon, que voulez-vous, il n’y a rien de parfait dans ce monde…