Samedi, vraie journée de congé: pas de course, juste une petite promenade avec la Charlotte-aux-grandes-oreilles. Nous sommes allés assister à l’arrivée d’un triathlon classique: 1.5 km de natation, 40 km de vélo et 10 km de course près du lac. J’ai toujours eu dans l’idée que les gens « ordinaires » ne faisaient pas de triathlons, mais disons que j’en ai vu beaucoup et ils ont toute mon admiration. Je ne me vois vraiment pas me lancer là-dedans. La raison ? Un, je nage comme une roche et je n’ai vraiment pas le goût de commencer à suivre des cours et me mettre à aller faire des longueurs. Vraiment pas mon truc. Deux, j’ai horreur d’entretenir un vélo. Le mien sert pour aller travailler et c’est bien assez… Mais j’avoue que ça faisait bizarre de voir des gens en compétition et de ne pas être de la fête.
Hier matin, Barbara a suggéré que je commence ma course sur les bords du lac, pendant qu’elle et Charlotte allaient arpenter un parc tout près. En arrivant au village, nous avons eu la surprise de constater qu’il y avait encore un triathlon. Hein ? De quessé ?
J’ai commencé à courir sur un autre chemin, qui menait au camping. En montant, bien évidemment. Après que mon foutu ischio-jambier se soit rapelé à mon bon souvenir (le tab…), je suis arrivé près du camping et ai constaté que la partie course de la compétition se déroulait sur MA piste cyclable. Comme celle-ci n’était pas fermée à la « circulation », j’ai décidé de me joindre à la fête.
J’avais 4 km dans les jambes alors que les coureurs que je voyais en arrachaient visiblement. Mettons qu’ils avaient légèrement plus d’efforts de faits que moi depuis le début de la journée… Donc, pas tellement surprenant que j’aille plus vite. Pour les encourager, je me faisais un devoir de spécifier à chaque personne que je dépassais que je ne faisais pas partie de la course. Non mais, après des heures d’efforts, se faire shifter de même…
J’ai croisé le meneur, un gars plutôt costaud qui semblait aller à la même vitesse que moi. J’ai eu envie de retourner et lui offrir de le « pacer », mais c’est habituellement interdit, alors j’ai continué mon chemin. Au point de demi-tour, le bénévole m’a fait des grands signes pour m’indiquer que je devais faire un 180 degrés. Il a fallu que je répète « I’m not in the race » à plusieurs reprises avant qu’il finisse par comprendre. Quoi, mon accent est-il si prononcé que ça ?
Je me suis arrêté pour lui demander de quelle course il s’agissait. Un triathlon, qu’il m’a répondu. Ouais, avec les numéros de dossard inscrits sur les bras et les jambes des participants, je ne suis pas nono, j’avais fait la déduction. « Which distance ? ». Un demi-Ironman, qu’il m’a répondu.
Ouch, le monde que je voyais courir avait déjà 1.9 km de natation et 90 km de vélo dans les jambes (et le derrière !). Et ils étaient en train de se taper un demi-marathon. Chapeau bien bas… J’ai eu une pensée pour le meneur qui allait au moins aussi vite que moi alors qu’il avait déjà tout ce chemin de parcouru. Pour ma part, si j’allais à ce rythme, c’était parce que j’avais un gros 15 km de prévu. Ouin, il y en a qui sont vraiment forts…
J’ai poursuivi ma route, ai fait mon propre demi-tour, puis suis revenu sur la course. Comme j’arrivais, un gars à l’allure légère Se pointais. Son visage dégageait une certaine… suffisance, genre. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé au point d’eau, mais disons qu’il n’a pas été exemplaire avec les bénévoles. Il a fait des grands signes à la pauvre jeune fille de 10-12 ans qui avait eu le malheur d’entraver la progression de Monsieur en lui offrant un verre d’eau. Fred-le-justicier a donc décidé de lui donner une petite leçon. Je sais, ça ne donne rien de faire ça, mais bon, Fred, c’est Fred…
J’ai rejoint le gars (il avait un bon rythme) et lui ai collé aux fesses un petit peu. Pas habitué de se faire rattraper, je l’ai senti paniquer un petit peu. Il s’est mis à se retourner, le regard inquiet. Ha ha, j’avais fait mon effet… Allez hop, une petite accélération et j’étais à sa hauteur. Je l’ai encore laissé dans le doute un peu, puis lui ai lancé mon « I’m not in the race ». Ça a semblé le rassurer un peu. Il s’est informé de mon rythme au mille. Ben heu, j’étais à 4:08/km de moyenne, multiplié par 1.6…
Je faisais les calculs à voix haute quand il m’a lancé: « Ah, you’re Canadian… ». Cout’ donc, pas capable de se rendre compte que j’ai un « léger » accent ? Je lui répondu que oui, nous utilisons les kilomètres parce que c’est plus court. Puis je me suis rappelé que je ne devais pas faire de blagues au second degré en anglais, mais bon… Et sur ce, je suis parti.
Sur le chemin, j’ai vu des scènes qu’on voit souvent en marathon: des coureurs qui marchent de peine et misère, d’autres qui sont assaillis par les crampes. Ce qui me dérangeait le plus pour ceux, c’était l’absence de spectateurs. Ces gens-là souffraient, seuls, sans encouragements. J’aurais bien aimé pouvoir faire quelque chose, mais je n’y pouvais rien. En fait, la seule chose que je pouvais faire, c’était de quitter le parcours au plus vite afin d’arrêter de les écœurer…
Au final, toutes mes félicitations aux participants du triathlon classique et du demi-Ironman de Lake George. Ce sont de beaux exploits que vous avec réalisés ce week-end et j’ai eu la chance voir ça de près. De très près.