Une épreuve un peu… différente

Il n’y a rien de plus simple que de courir un mile. On se trouve une piste de 400 mètres (au Québec, c’est peut-être la partie la plus compliquée, surtout à ce temps-ci de l’année) et on y fait 4 tours. Si on veut être puriste, on y ajoute 9 mètres, car le mile américain mesure en réalité 1609 mètres, et le tour est joué.

Jusqu’au milieu du 20e siècle, il y avait une barrière psychologique qui se dressait devant les meilleurs coureurs de demi-fond de la planète : les fameuses 4 minutes. En effet, personne n’avait réussi à parcourir cette distance mythique en moins de 4  minutes jusqu’à ce que Roger Bannister, bien épaulé par des coéquipiers qui lui dictèrent le rythme lors des trois premiers tours, réussisse l’exploit en 1954. Aujourd’hui, le record du monde de la distance est de 3:43:13 et est détenu par le Marocain Hicham El Guerrouj depuis 1999.

Mes lecteurs seront peut-être surpris de me voir m’intéresser à cette distance, vu mon penchant vers l’autre extrêmité du spectre. Rassurez-vous, je n’ai aucune intention de me lancer dans ce que j’appelle les « sprints ». Déjà qu’un 5 km, c’est trop éprouvant pour moi, imaginez un mile

Non, ce qui a attiré mon attention dernièrement, c’est plutôt une version modifiée du mile traditionnel : le beer mile. Quand j’ai vu ça passer sur mon fil Facebook, j’ai fait : « De quessé ? ». Vous savez, quand on parle de bière à un ultramarathonien…

En quoi consiste un beer mile ?  Pas tellement compliqué : avant chaque tour de piste, le coureur/buveur doit avaler une bière. Donc, 4 bières, 4 tours de piste.

Et c’est très sérieux là !  En fait,  les gens qui pratiquent cette « discipline » ne se prennent pas vraiment au sérieux (duh !), mais il existe bel et bien des règlements pour ceux qui seraient tentés de contourner le système et ainsi se donner un avantage.

Par exemple, vous vous dites que ça « boit plus vite » à partir d’un verre. Peut-être, mais c’est interdit. La bière doit se boire directement à la canette ou à la bouteille et le récipient doit contenir au minimum 12 onces (355 mL) de houblon fermenté (ou un dérivé quelconque). Dans le même ordre d’idées, seules des canettes ou bouteilles dites « normales » sont permises. Donc, pas de version avec grande ouverture ou avec trou de « ventilation ». Et évidemment, percer un trou dans le bas de la canette et ouvrir le haut « pour que ça coule plus vite » (un shotgun dans le jargon des buveurs) n’est pas permis non plus.

Certains voudraient ouvrir le récipient contenant le précieux liquide avant la course, question de laisser échapper un peu de gaz ?  Prohibé. Les participants doivent ouvrir leur bière eux-mêmes au début de chaque tour, juste avant de la boire. On se dit que de la bière plus légère serait plus facile à tolérer en course ?  Malheureusement, il y a un taux minimal d’alcool, qui est fixé à 5%. Donc, exit Coors Light, Miller Lite, Canadian 67 et autres sous-produits qui osent porter l’appellation de bière. Vous voulez prendre une bière « pour la route » ? Pas permis non plus. Il faut l’avaler dans la zone de transition située dans les 10 derniers mètres de la piste.

Comme moi, vous avez un foie fragile qui a tendance à retourner facilement la marchandise ?  On a prévu le coup : un tour de pénalité. Comme les « officiels » sont généreux, ils n’obligent toutefois pas le malheureux à également s’envoyer une autre bière derrière la cravate pour que sa « performance » soit acceptée. Ni à se taper autant de tours supplémentaires que le nombre de renvois d’ascenseur. Sachez que la meilleure performance enregistrée par quelqu’un qui n’a pas conservé tout le liquide absorbé est de 7:30. Avec le tour de pénalité, ça fait tout de même 2 kilomètres parcourus à la plus que très honorable cadence moyenne de 3:45/km… sans compter les 4 arrêts pour boire et évidemment, l’autre arrêt imprévu pour…

Vous croyez que tout ça prend source dans l’imagination fertile d’étudiants en manque de façons de boire ?  Vous avez peut-être raison. Mais sachez que ce sont de véritables athlètes qui s’adonnent à cette discipline. À preuve, le record du monde de la spécialité, qui a été établi tout récemment par le Canadien James Nielsen. Son temps ?  4:57.7. Vous pouvez visionner son exploit ici.

Incroyable.

Personnellement, si je m’y étais mis à un plus jeune âge, j’aurais peut-être, je dis bien peut-être, été en mesure de descendre sous les 5 minutes sur un mile « normal ». Aujourd’hui, je pourrais faire quoi, 5:30 ?  Aucune idée. Et je n’ai vraiment pas envie d’essayer, je n’ai pas l’intention de risquer une blessure pour rien.  Quant à boire 4 bières en 5 minutes, over my dead body. I-M-P-O-S-S-I-B-L-E !!!

Hé bien ce gars-là a réussi à faire les deux : courir un mile ET boire 4 bières en moins de 5 minutes. Je suis éberlué. Pour moi, ça sort autant de l’entendement que tenir 20 km/h sur tout un marathon.

À voir la liste des meilleures performances de tous les temps, on constate une quantité incroyable de coureurs (et de buveurs !) qui ont réussi des temps extraordinaires. Je me demande si un coureur d’élite s’est déjà essayé…

En tout cas, il y a bel et bien un athlète célèbre qui a tenté sa chance pour une qualification en vue des championnats du monde (oui, oui, des championnats du monde !) de la spécialité : Lance Armstrong. Résultat ?  Il a fait exactement ce que j’aurais fait à sa place: il a échoué lamentablement en abandonnant à la fin du premier tour. Trop habitué à la Michelob Ultra, mon Lance ?  Pas facile, prendre de la vraie bière, hein ?  😉   Le vidéo de son « exploit » se trouve ici. Remarquez qu’il boit malgré tout sa deuxième bière… mais à une vitesse plus « conventionnelle ».

5 avis sur « Une épreuve un peu… différente »

  1. Alors ça c’est le genre de défi à l’américaine qu’on regarde avec de grands yeux vu d’europe… Moi je trouve ça fun!!
    Un peu moins quand je vois que le je finirai tout juste devant ce gars au mile mais sans ingurgiter de bière! 😉

    • Et que dire de moi qui ne serais même pas capable de le suivre sur un mile… malgré ses différents « arrêts aux puits » ? 🙂
      Mais effectivement, c’est très nord-américain comme genre de défi. Toutefois, il semblerait que les Britanniques aient leur propre version où les coureurs doivent absorber une pint de bière avant chaque tour, ce qui amène le coureur à terminer son « exploit » encore plus « chargé ». 🙂

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