Et elles couraient encore

Mon dernier billet à propos d’une rencontre qui aurait pu avoir des conséquences très désagréables a suscité plusieurs réactions auprès de mes lecteurs, réactions amusées pour la plupart.

Ce que les gens ignorent, c’est que c’était loin d’être la première fois que je croisais une belle petite bête décorée d’une ligne blanche sur le dos, bien au contraire. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de le faire (dont un spécimen king size aperçu au désormais célèbre parc Marie-Victorin de Longueuil là où, tout comme Yves Boisvert, je n’avais aucune espèce d’idée de ce qui pouvait s’y passer derrière les buissons), mais c’était la première fois qu’elles se dirigeaient vers moi.

D’ailleurs, dès le lendemain, ce ne sont pas une, ni même deux ou trois, mais bien quatre admirables skunks avec qui j’ai eu la « chance » de partager la route cyclable de la voie maritime. Je ne sais pas ce qui se passe ces temps-ci, mais ils sont de sortie !

Je me rendais donc au travail en empruntant « illégalement » cette voie (elle est encore officiellement fermée à ce temps-ci de l’année) quand j’ai aperçu une première moufette qui gambadait elle aussi en direction de la ville. Prenant bien soin de me tenir de l’autre côté du chemin, je l’ai suivie à distance. Mais à un moment donné, j’ai commencé à m’impatienter. Ça ne court pas vite vite, ces petites bêtes-là… C’est que j’avais une réunion ce matin-là et bon, je ne me voyais pas tellement évoquer l’excuse-skunks pour expliquer mon retard (quoi que ç’aurait été plus original que « le chien a mangé mon devoir » ou un de ses équivalents adultes que sont « mon cadran n’a pas sonné » et « j’ai eu des problèmes avec mon char », sans oublier le grand classique «j’ai été pogné dans le trafic»).

J’ai donc pris une grande respiration et bien que je n’avais aucunement envie de faire des intervalles ou du fartlek ce matin-là, je me suis lancé dans un sprint à fond la caisse pour la dépasser, n’osant pas lui jeter un regard au passage, question d’éviter de conjurer le sort. Qu’est-ce qui s’est passé ? Rien. Aucun arrosage et si je me fie à mon nez, il n’y en a pas eu suite mon action non plus. Ouf !

Confiant (je dirais même borderline arrogant), j’ai eu à répéter le même manège à deux reprises avant d’arriver au pont Champlain , la quatrième petite bête ayant quant à elle décidé de trouver le salut dans la fuite vers les bois avant même mon arrivée à sa hauteur. J’avoue que celle qui s’est arrêtée pour me fixer alors que j’étais encore derrière elle m’a un peu fait peur et j’ai eu une petite pensée pour les conséquences d’un arrosage en règle. Mais, comme une partie du lobe frontal de mon cerveau n’est probablement pas encore assez développée, j’ai foncé et ça a passé.

J’ai toutefois eu la vague impression que j’étirais un tantinet ma chance…