Ça y est, je suis trop vieux. Dépassé, plus juste bon pour le CSHLD et le manger « texturé ». Je ne comprenais rien de quoi on causait. Ha, je sais c’est quoi un hashtag, mais là, quand le représentant de l’est du pays s’est mis à expliquer comment les utiliser, on m’aurait parlé en mandarin que je n’aurais pas plus compris. Moi qui n’en utilise jamais, comment voulez-vous que je sache où les placer, de quelle manière, et patati et patata ? Euh…
C’était au début du mois, à la soirée des athlètes et ambassadeurs dans les bureaux de Skechers. J’en étais à ma deuxième expérience, alors je savais plus à quoi m’attendre: une gang d’introvertis anormalement minces qui allaient bouffer du Subway avant de se faire briefer sur les nouveaux produits.
Bon, ce n’était pas du Subway, c’était de la pizza (mauvais timing, j’en avais mangé pas mal ces derniers temps, rapport au foutu dégât d’eau qui nous empêche de vivre normalement depuis une éternité), mais pour le reste, c’était pas mal ça. Bah, les gens n’étaient pas si introvertis non plus, certains se connaissant depuis des années. J’ai jasé un peu avec un monsieur de 60 ans dont j’oublie le nom (maudite mémoire) et qui s’en allait à Boston pour la cinquième fois. Il m’a raconté qu’il venait de traverser la ligne d’arrivée en 2013 quand ça a pété. Il a même senti le souffle des explosions. Ouf…
J’étais un peu rassuré quand il m’a demandé si je comprenais de quoi on causait. Lui aussi a semblé l’être quand il a vu ma face en point d’interrogation. On était au moins deux. Je me demande si les autres « seniors » sur place étaient comme nous.
Toujours est-il qu’à part ça, j’ai très bien compris de quoi il était question lors de ce briefing. Et j’ai été très, très impressionné.
Remise en contexte. Fin 2015, j’étais invité à devenir ambassadeur pour Skechers. Originalement, je ne comprenais pas trop pourquoi, surtout quand j’ai vu le calibre des athlètes qui étaient à la soirée. Puis j’ai compris: l’ultra-trail était sous-représenté dans l’équipe, seulement mon ami Benjamin faisant partie du domaine. La compagnie voulait avoir l’avis de plusieurs personnes qui testeraient les divers produits. Ha…
Je vous ai déjà fait part de mes craintes face à ce « contrat ». Je ne voulais pas perdre mon « indépendance » et devenir un panneau publicitaire pour Skechers. En même temps, la compagnie n’allait pas me fournir des équipements juste pour mes beaux yeux.
Je suis donc demeuré relativement discret sur le sujet. Mais j’ai pris à cœur mon rôle de cobaye. Ainsi, dans un long courriel envoyé à mon représentant, j’ai détaillé tout ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas des divers produits, photos à l’appui.
Et qu’ai-je découvert (à part mon ignorance sur les subtilités des réseaux sociaux) durant le briefing ? Que la compagnie écoute les athlètes ! Et ça ne lui prend pas 5 ou 10 ans avant de se revirer de bord, elle le fait en un an. Wow !
Ainsi, deux choses me chicotaient avec les modèles de l’an passé : la semelle s’usait rapidement et l’empeigne (la partie « bottine » du soulier) des modèles de trail n’était pas résistante. Et qu’est-ce que Skechers a fait ? Elle a développé de nouveaux matériaux pour rendre les semelles plus résistantes tout en conservant les acquis au niveau légèreté et confort. Quant à l’empeigne des souliers de trail, elle a été renforcée.
Il me reste à tester le tout et je dois dire que les essais préliminaires donnent des résultats remarquables. Déjà que l’avis des utilisateurs soit écouté et surtout, appliqué, c’est remarquable en soit. Mais qu’ils apportent les changements proposés, wow.
Oui, je suis impressionné.
Bravo mon frère! C’est intéressant que tu contribues au développement de chaussures de course. Je m’en suis d’ailleurs acheté une nouvelle paire aujourd’hui. Je commence moi aussi mon petit musée de l’espadrille. Je ne suis pas capable de me défaire des vieilles paires. L’usure des semelles me rappelle tous les km courus.