Californie 2020: sauter la clôture à Santa Cruz

Afin de poursuivre dans la veine « essayons de parler de quelque chose de différent même si on a l’impression que c’est foutrement inutile », je vous offre aujourd’hui un autre mini-récit de sortie de course à l’étranger. C’était il y a 6 semaines à peine et pourtant, j’ai l’impression que ça fait une éternité…

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Grosse sortie ce matin. Oui madame. Un énorme « 5×4 », soit 5 fois 4 minutes de course, avec une minute de marche entre chaque « intervalle ». Amenez-les, vos ultras ! 😉

Sans blague, je me suis juré d’y aller très progressif, de suivre à la lettre le programme de retour au jeu que m’a fourni Rémi et je n’y dérogerai pas. De toute manière, mon dos me rappelle allègrement qu’il n’est pas prêt à en faire plus. Et je l’avoue bien humblement: mon niveau de forme ne me le permettrait pas non plus !

Nous sommes à Santa Cruz, une jolie ville de taille moyenne qui borde la baie de Monterey, à environ 120 km au sud de San Francisco. Le Natural Bridges State Park est tout près, mais le chemin pour m’y rendre ne m’inspire guère et sachant très bien que nous allons le faire à la marche un peu plus tard (sans compter l’éternité que ma douce y passera pour prendre des photos), je décide plutôt de me diriger vers Moore Creek Preserve, plus au nord. Selon Google Maps, ça semble être un parc avec des sentiers. On verra bien.

Barbara devant un des « Natural Bridges »

Après les 5 minutes de marche réglementaires pour commencer, je me mets au pas de course. Ouille, mon foutu dos !  Ça devrait se réchauffer, juste à prendre ton temps. Patience vieux, patience.

Sur la rue qui mène au parc, on se sent presque en campagne. Les propriétés sont impressionnantes, les terrains, immenses. Le bruit de mes pas éveille l’attention d’une demi-douzaine de chevreuils qui profitent de la tranquillité matinale pour effectuer une incursion dans la civilisation. J’ai beau en voir assez souvent, je m’émerveille toujours quand mon chemin croise celui de ces belles bêtes.

Arrivé au parc, une belle « surprise » m’attend: il s’agit effectivement d’un beau sentier qui parcourt un champ, puis un petit bois un peu plus loin. Je vais faire du single track, yéééé !!!

La montée se passe assez bien, mais la descente, ouf… Non seulement c’est plus dur pour le dos, mais côté technique, j’ai réussi l’exploit d’être encore plus pourri qu’avant !  Bah, peu importe, je m’amuse !  Au point où j’oublie de vérifier mon chrono et dépasse mon « temps ». Je trouve que c’est plutôt bon signe.

Sur le chemin du retour, je constate que déjà la ville a commencé à s’activer un peu plus et que mes amis cervidés ont quitté. Dommage. Les chocs répétés sur l’asphalte me rappellent que le chemin de la guérison sera encore très long. J’avais compris, pas besoin de me faire ch… avec ça…

De retour à notre Airbnb, je compose le code de la serrure pour ouvrir la clôture. Ça ne marche pas. J’essaie à nouveau. Rien. Une autre fois, peut-être ?  Toujours rien. Oui je sais, je suis entêté. C’est une qualité pour  un ultramarathonien, vous savez ?

Ouais, j’espère que notre hôte est là, sinon je suis dedans jusqu’au cou… Mais nous sommes un lundi, mettons que je ne me fais pas trop d’illusions.

Sonne à la porte. Cogne. Sonne une autre fois (entêté, je vous dis). Pas de réponse. Merde.

Ce n’est pas qu’il fasse si froid, mais je ne suis pas habillé pour cette température, moi là !  Surtout que j’ai tout de même produit un peu (je dis bien: un peu) de sueur. Et quelle est la principale fonction de la sueur ?  Hé oui, rafraîchir le corps. Je peux l’attester: à cet instant précis, ça commence à drôlement bien fonctionner !

Je refais donc le tour de la propriété et envisage mes options. Je n’ai évidemment pas mon téléphone sur moi, c’est contre ma religion. Tiens, je vais faire comme dans les films et tenter d’attirer l’attention de Barbara en lançant des cailloux dans les fenêtres.

Dans les films, ils n’ont pas une foutue clôture dans le chemin et les fenêtres sont accessibles. Et c’est que je ne veux rien casser non plus !  Après quelques essais infructueux, j’abandonne l’idée. Pas le choix: va falloir que je saute (littéralement) la clôture !

Plus facile à dire qu’à faire. À son point le plus bas (qui est en forme de « V »), elle est à la hauteur de mon menton. Allez, un petit effort !

Je parviens à me hisser jusqu’au niveau de la taille, mais comment faire pour passer une jambe ?  Déjà que j’étais raide comme une barre de fer durant ma jeunesse, je suis maintenant coureur et j’ai presque 50 ans, alors impossible que je puisse posséder la souplesse nécessaire à un tel mouvement.

(Anecdote: en début d’hiver, alors que je m’apprêtais à aller dégager une de nos premières bordées de neige, Barbara m’a gentiment rappelé de faire attention. « Tu sais, tu approches de la cinquantaine. Il y a beaucoup de gens qui font des crises cardiaques en pelletant… »  Je la ris encore. J’admets que ma forme a diminué cette dernière année, mais pas au point de crever en pelletant !  Merci quand même mon amour de te soucier de moi ! :-))

Je me laisse retomber. Mais comment vais-je pouvoir entrer, bout de viarge ?

J’aperçois un arbre qui surplombe la clôture un peu plus loin. C’est ma dernière chance. J’empoigne la branche qui dépasse et entreprends de grimper. À 10 ans, j’étais trop pissou pour grimper aux arbres et voilà qu’à 50, je m’y mets, C’est le monde à l’envers !

Alors que je tente de me dépêtrer parmi les branches, j’éclate de rire. Non mais, est-ce que j’ai du fun ou je n’en ai pas ?  Dire qu’il y a des gens qui se demandent pourquoi les tout-inclus ne m’intéressent pas…

C’est non sans quelques contorsions et une ou deux égratignures que je parviens à mes fins et aboutis dans la cour arrière, où l’entrée de notre hideout est située. Ma douce me voit entrer hilare, les cheveux remplis de petits cossins.

« Puis, ça a bien été ? »

Ça n’aurait pas pu mieux aller !

(Pour la petite histoire, notre hôte Daniel était en conférence téléphonique pour le travail quand je me suis présenté à sa porte. Il est venu nous voir dès qu’il a pu et s’est confondu en excuses. Ce n’était pas nécessaire, cet homme est tellement sympathique et son hideout était si parfait pour nous que j’aurais été prêt à refaire le manège à tous les jours s’il avait fallu !)

Un lion de mer qui se repose sous le wharf, à Santa Cruz. Une des attractions de cette charmante localité.

 

Courses matinales dans le sud-ouest américain – Balboa Park

Aujourd’hui, question encore une fois de ne pas parler du virus-qui-rend-les-gens-accros-au-papier-de-toilette, je vous livre mon deuxième article sur les petites courses matinales que j’ai pu faire durant notre voyage dans le sud-ouest américain à l’hiver 2019. Pour la petite histoire, j’ai également couru à Las Vegas durant ce séjour, mais il n’y avait vraiment rien d’intéressant à raconter, alors…

Bonne lecture ! 🙂

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Quelle ville californienne visiter ?  Hum…

San Francisco ?  Durant la saison froide, je n’étais pas chaud (duh !) à l’idée, San Francisco n’étant pas réputée pour ses hivers cléments (l’avenir nous dira que j’avais tort, mais bon…). Los Angeles ?  Moi qui passe mon temps à chiâler après le trafic, je m’en taperais durant mes vacances ?  Nah…

Nous avons donc jeté notre dévolu sur San Diego, la petite soeur des deux autres. J’en bavais presque en regardant la carte: nous allions crécher tout près de Balboa Park !  J’allais pouvoir courir dans des sentiers en pleine ville, Yéééé !

Par un lendemain de journée pluvieuse, je m’élance donc au petit matin, tout heureux à l’idée de faire de nouvelles découvertes. Hou la, méchante descente…  Ok, doucement, doucement, pas le moment de me péter la figure. Ce n’est pas parce qu’elle n’est pas mon instrument de travail je ne dois pas y faire attention !  Et puis, elle est tout de même située tout prêt dudit instrument de travail (je parle de mon cerveau, bien évidemment), si on y pense bien, alors…

J’entre dans le parc par le nord-est. Euh, comment dire ?  Chers habitants de San Diego, je ne voudrais pas vous insulter, mais c’est ça, votre fameux Balboa Park ? Ouin…  Peut-être suis-je naïf, mais je m’attendais à une version locale de Central Park. Quelque chose de vert, luxuriant, propre. J’en demandais un peu trop, nous sommes tout de même dans une ville qui n’est pas tellement réputée pour recevoir une quantité appréciable de précipitations. N’empêche, ce n’est pas une raison pour laisser traîner des cochonneries !

Je longe le terrain de disc golf, à la recherche d’un « vrai » sentier. Un de ces objets volants non-identifiés vient frôler mes oreilles. Y’a pas à dire, c’est plaisant…

Je décide de me diriger vers l’ouest, peut-être que… En contournant le terrain de baseball principal (qui semble être dans un très bon état, je dois avouer), j’aperçois sur ma droite un… vélodrome. Hey, c’est foutrement pratique de vivre dans un coin de pays où il ne pleut à peu près jamais ! Mais bon, ledit vélodrome est vide, pas moyen de pouvoir apprécier la vitesse de cyclistes sur piste. Ça fait partie des choses qui m’intriguent dans la vie, que voulez-vous. C’est bien beau apprécier des sports à la télé, mais de quoi ça a l’air « en vrai » ?  Pour cette partie-là, je devrai attendre.

Bon, un vrai sentier, je vais pouvoir m’amuser. Sauf que j’avais oublié un détail: un climat sec et la pluie des derniers jours, qu’est-ce que ça donne ?  Eh oui, de l’eau partout !  Chez nous, un lendemain de pluie, c’est parfois un peu boueux, sans plus, mais ici ? Bof…

Ok, veux-tu aller courir sur l’asphalte parmi les autos, maudit chiâleux ?  Bien sûr que non. Alors j’entame la descente (pour ceux qui l’ignoreraient encore, c’est foutrement côteux, la Californie) et finalement, le sentier n’est pas si mal. J’arrive à Florida Drive, une route passante qui coupe le parc en deux. Non mais, c’est quoi ça ? Une autoroute, tant qu’à faire (le pire, c’est qu’il y en a effectivement une un peu plus loin) ?  C’est un parc, chers amis américains, un parc. Pas moyen d’y limiter le moindrement la circulation ?  Dire que nous sommes dans l’état le plus écolo de ce pays, imaginez le Texas…

Je parviens à traverser sans me faire renverser et entame la montée qui m’amènera, je l’espère, vers de plus beaux paysages.

Monte. Monte encore. Foutrement plaisante cette montée !  Je vais peut-être finir par l’aimer, votre parc !  🙂

QUESSÉ ÇA ?!?

Arrivé en haut, après avoir enjambé un petit pont, je me retrouve dans, comment je pourrais appeler ça, donc ?  Un village ?  Pas vraiment. Un parc d’attraction ? Bof… Las-Vegas-sans-les-casinos ?  Ouin…

Bref, je me retrouve au centre de plusieurs bâtiments très différents les uns des autres, chacun ayant une architecture particulière: le San Diego Natural History Museum, le San Diego History Center, le San Diego Museum of Art, et plein d’autres. Ajoutez à ça d’impressionnants jardins un peu partout.

Ok, c’est ÇA votre parc. Là je comprends…  C’est chouette, vraiment chouette. Définitivement que nous allons revenir ici plus tard dans la journée, il faut absolument que ma douce voit ça. À cette heure matinale, il n’y a à peu près personne, mais comme nous sommes samedi, je devine que ça va s’emplir assez rapidement.

Je poursuis ma découverte de l’endroit en joggant sans me presser, les yeux grand ouverts question de ne rien manquer: d’autres musées, un théâtre, encore des jardins. J’aperçois également le fameux zoo. Mais qui a eu l’idée de planter toutes ces affaires-là ici, alors qu’elles n’ont pour ainsi dire aucun rapport entre elles ?

Sur le chemin du retour, j’ai une pensée pour mon ami Didier. C’est lui qui m’a donné l’idée de découvrir de nouveaux endroits à la course, au petit matin. Merci encore une fois, cher ami. Sans toi, j’aurais encore raté une belle découverte !