Lâchez le trottoir !

Lorsque je cours près de chez moi, je vais inévitablement faire au moins un petit bout sur la piste cyclable asphaltée qui longe le boulevard Marie-Victorin, sur les bords du fleuve. C’est une transition parfaite vers le Recréo-parc de Ste-Catherine, la voie martime du St-Laurent ou Candiac, Laprairie, Brossard et compagnie. Et je ne compte plus les fois où je croise quelqu’un qui court sur le trottoir, de l’autre côté du boulevard. À ces gens, j’ai toujours envie de crier: « Lâchez le trottoir ! ».

Ça fait des années que je sais ça et je m’étonne encore que des coureurs continuent d’ignorer ce fait: le béton, c’est extrêmement dur. En courant sur le béton, les gens font subir des tortures incroyables à leurs pieds, chevilles et genoux, augmentant considérablement les risques de blessures. Et puis après, l’aspĥalte aussi c’est dur, non ?  Hé bien non, justement. L’asphalte a des propriétés d’aborption infiniment plus grandes que le béton.

Hier, alors que j’avais ce petit billet en tête, j’ai décidé de faire une expérience, question de prouver ce que je voulais avancer. J’ai empoigné mon marteau (oui oui, j’en ai un, moi le gars aux mains pleines de pouces; un 16 onces en plus) et me suis dirigé vers la rue. J’ai donné un bon coup sur la bordure de béton et qu’est-il arrivé ?  Le marteau a tout simplement rebondi. Presque toute l’énergie que j’avais donnée au marteau pour qu’il aille frapper le béton a été restituée. Puis, j’ai répété le manège, avec la même force, sur l’asphalte. Le marteau est resté collé au sol, comme si je venais d’enfoncer un clou. L’asphalte avait absorbé l’énergie. L’histoire ne dit cependant pas si mes voisins se sont posés des questions à propos de l’usage que j’avais fait dudit marteau avant de faire cette expérience…

Alors, chers coureurs qui pratiquez notre sport favori sur le béton, voici ce qui se produit: à chaque foulée, la plus grande partie de l’énergie avec laquelle votre pied frappe le sol est retournée dans votre jambe. C’est votre corps qui absorbe les coups, pas le sol. À chaque foulée. Alors ne vous étonnez pas si vous vous retrouvez sur la liste des blessés…

Ça me fait penser à deux anecdotes. La première se déroule lors de mon premier marathon, à Montréal en 2007. Nous venons de monter le faux-plat sur St-Joseph et tournons sur St-Lautrent, autour du kilomètre 29. Le groupe 3h45 a perdu pas mal de ses membres suite à la montée, mais nous sommes encore une dizaine. Au tournant, une spectatrice, probablement fâchée que la course bloque les rues, nous lance: « Vous ne pourriez pas courir sur le trottoir ? », ce à quoi je réponds: « Mange donc de la marde, toé ! ». Le lapin l’avait trouvée très drôle, comprenant fort probablement l’origine ma réponse plutôt… impolie.

Deuxième « anecdote ». Chacun sait que courir l’hiver, au Québec, ce n’est pas toujours évident. Surtout quand il y a beaucoup de neige. J’ai donc envisagé, à l’hiver 2011, de me joindre au club des Vainqueurs, le plus grand club de course au Québec. Dirigé par Jean-Yves Cloutier (dont j’ignorais les méthodes à ce moment), ce club avait une excellente réputation. Sauf un problème: les entrainements d’hiver avaient lieu… au stade olympique !  Hein ?  Sur le béton ?  Non, désolé, je ne paierai pas pour courir sur du béton. C’est quoi cette affaire-là ? J’avoue que ça me surprend énormément de monsieur Cloutier, dont les méthodes toutes en douceur sont justement développées pour que le coureur s’améliore progressivement, sans « donner de coups », de façon à ce que le coureur évite les blessures. Dans le genre contradiction…

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