Ça y est, j’entends déjà mon amie Maryse me traiter de mongol. Alors que tout le monde parlait de ne rien foutre en fin de semaine à part faire des ploufs dans une piscine, j’ai fait mes deux sorties au programme: un 15 km sur route hier et un 33 km au mont St-Bruno ce matin.
Comme ça avait plutôt bien été hier (4:12/km de moyenne), j’étais confiant. Tellement confiant que j’avais passé l’après-midi à rôtir au soleil pendant que j’appliquais de la teinture à quelques uns des cent (en tout cas, il me semble y en avoir au moins cent !) panneaux de bois qui forment la clôture autour de notre terrain du 450. Samedi était supposée être la pire journée de cette canicule qui ne finit plus, non ?
Quand j’ai mis le pied dehors à l’heure des poules ce matin, j’ai déchanté: c’était le sauna. Norvégien, suédois, finlandais, je le sais-tu moi, mais c’était le sauna. Pas vraiment la bonne journée pour courir… Mais bon, il faut habituer son corps à tout, non ? S’il venait à faire cette température le 30 septembre, je fais quoi si mon corps ne l’a jamais subie ?
7h30, je m’élande donc, mon Camelbak rempli de deux litres de Gatorade, une bouteille d’eau supplémentaire à la ceinture, bouteille que je compte remplir de temps à autre. Je n’ai pas fait 1 km qu’un pick-up du parc se dirige vers moi. Quand je fais du sport, je hais les pick-ups. Viscéralement. Je ne sais pas pourquoi, mais on dirait que ceux qui conduisent les pick-ups ne voient ni vélos, ni coureurs. On ne fait tout simplement pas partie de leur monde. « Tu ne conduis pas un char ou un truck, tasse-toi de dedans le chemin ! » semble être leur devise. Je les hais.
Mais là, comme c’est un pick-up du parc, il fallait que le gars qui le conduit me voit… Il m’appelle d’un signe de la main. Shit, je n’ai pas payé (encore une fois), je viens de me faire prendre… La conversation commence:
– Monsieur, le parc parc ouvre à 8h… Avez-vous votre carte ? Avez-vous payé ?
– Non et non, du con. Mais si le parc est fermé, ça change quoi si j’ai payé ou pas? Et vos petites maudites boîtes vertes à l’entrée, elle ne donnent pas de change !!! Je ne vous laisserez certainement pas un 20 $ dedans ! Non, je n’ai pas ma carte, je voulais aller l’acheter au centre de services. Le jour où je me ferais pogner, bien évidemment…
– Ça ouvre à 8 heures, vous allez devoir sortir. Ou aller payer à la petite boîte à l’entrée d’où vous arrivez. 7h50, ce serait correct, mais 7h30, c’est trop de bonne heure. Allez sur Internet pour commander votre carte et vous pourrez revenir après.
– T’es zélé en criss toé ! Me semble que je vais me taper un autre 20-25 minutes de char pour aller cliquer ta maudite carte sur Internet. 30$, c’est juste 30$ ! Tu le veux où, au juste ? Il va faire chaud aujourd’hui, il fait déjà chaud, penses-tu que j’ai envie de retarder ma course d’une heure ? Tu me me fais perdre du temps, sacrament ! C’est que je n’habite pas ici, j’habite Ste-Catherine… Je vais me rendre au centre de services et attendre l’ouverture…
– C’est fermé, vous n’avez pas le droit d’être dans le parc avant 8h. Vous devez sortir.
– Va chier ! Pis mange ce qui sort !!! OK, je vais retourner à mon auto, si c’est ce qu’il faut faire…
Je me redirige donc vers la sortie, pour un, aller chercher ma carte de crédit et deux, empêcher mes pensées moins polies de sortir par ma bouche. Moi qui avais décidé de partir tranquillement, je vole littéralement dans les sentiers tellement je suis en ta… Rendu à l’auto, je dois me calmer un peu, sinon je risque de m’épuiser… Il n’est évidemment pas encore 8h, mais je retourne dans le parc en prenant bien soin d’éviter les sentiers où un pick-up pourrait passer. Vers 7h50 – 7h55, je me dirige vers le centre de services. Chemin faisant, je croise un couple qui se prépare à commencer leur course. Sauf qu’à les voir, pas certain que c’est le genre d’exercice qu’ils ont en tête en ce moment. Le gros french-kiss, les mains sur les fesses, envoye donc, chose ! Hé, vous deux, le parc n’est pas encore ouvert ! 😉 Ce qui est un peu surprenant, c’est qu’on est habitués de voir des grandes démonstrations comme celles-là chez des ados ou des jeunes adultes. Mais ces deux-là ont la quarantaine facile, je dirais même la cinquantaine pour le monsieur. Et.. ho boy, c’est qu’ils ne se lâchent pas (remarquez, je le comprends un peu ;-)) ! Wo-ho, je dérange ? Non, il ne se taperont pas 33 km ce matin ces deux-là… 🙂
Bon, centre de services fermé. Bien sûr. Je vais donc me faire un petit sentier rustique de 3.5 km avant de revenir. Ha, la sainte paix… Et pas de criss de pick-up qui peut venir m’emmerder. Dans le bois, une maman chevreuil et son petit. Je m’arrête pour les observer. Non mais, c’est-y pas merveilleux ici… Mais qu’est-ce que c’est que ces mouches ?!? Des mouches à… chevreuil (duh !). Merde, ils sont juste là, vous ne les voyez pas ? Pourquoi vous venez m’achaler ? Pourquoi tout le monde est contre moi aujourd’hui ?!?
Finalement, je reviens au centre de services qui est, ô miracle, ouvert. Je me dis que quelques minutes à l’air climatisé ne me feront pas de tort. Un fois à l’intérieur, il me semble qu’il fait plus chaud que dehors. Et je me mets à dégoutter de partout. Beuh, ce que je suis dégueux… Le jeune au comptoir est poli, mais sans plus. Je serais probablement comme lui si j’étais obligé de travailler par cette chaleur. Surtout avec un t-shirt sous ma chemise… Maudit qu’il doit avoir chaud ! Ok, vous allez dire que moi je cours par cette chaleur, mais je ne suis pas obligé. Il a tout de même la gentillesse de m’offrir de signer ma carte à la maison, question de ne pas la détremper durant l’opération et la rendre illisible. Ouais, bonne idée, mais si Joe-pick-up me redemande ma carte, est-ce qu’il va encore me faire ch… parce qu’elle n’est pas signée ?
Bon, trève de chiâlage, je dois courir, moi. J’ai déjà 6 km dans les jambes, plus que 27.
J’aurais dû me douter qu’une telle entrée en matière n’annonçait rien de bon… Comme à presque chaque fois que je fais une longue sortie à la chaleur, je me suis encore fait prendre. On dit qu’on va y aller mollo et au début, ça va bien. Mais on n’y va jamais assez mollo. J’ai pris une pause bretzels-gel énergétique après 15 km et déjà, je sentais les problèmes. Merde, du 4:47 de moyenne, ralentis, y’a pas le feu !!! Tu as fait 4:41 par 10 degrés de moins la semaine passée, hello ?!?
J’ai mouillé ma casquette (pas vraiment besoin, mais bon…), bu comme un bon, mais ça n’a pas suffi. Après 25 km, j’étais brûlé. Ayant le tête très (mais très) dure, j’ai persisté. Dans les derniers kilomètres, j’étais tout simplement pathétique, arrêtant à tous bouts de champ.
Comme je terminais ma torture, j’ai eu une illumination: c’était la sortie d’entrainement la plus difficile que je m’étais jamais imposée. J’ai souvent fait des 32 km à la chaleur, mais c’était sur route (au parc Jean-Drapeau, en fait). Un terrain pas mal moins difficile que les côtes du mont St-Bruno (heureusement que je n’avais pas mis le cap sur le mont St-Hilaire aujourd’hui !) et avec l’humidité ambiante, disons que l’ombre des arbres ne faisait pas une grosse différence. Pas étonnant que ça se soit terminé comme ça. Mais j’ai déjà vécu pire, pas mal pire, alors c’est tout de même un peu encourageant.
Leçons à retenir de tout ça ? La première, toujours éviter les pick-ups. La deuxième: ralentir, encore plus quand il fait chaud. Dans le « pire » des cas, qu’est-ce que ça dérangerait si je terminais en me disant: « Ouin, j’aurais pu aller plus vite… » ? J’espère que je vais finir par faire entrer ça dans ma caboche d’ici la fin septembre…
Un seul mot; espèce de… MONGOL! J’ai bien fait un 5km avant-hier, juste avant les 12 coups de midi, à 33 degrés plus humidex 2000, remarque, mais j’ai aussi arrêté à tout bout de champ, et dévié de mon trajet habituel, qui serpentait entre des herbes et arbustes si hauts qu’ils rendaient l’air encore plus humide et irrespirable. Moi qui y allait pour un 10km, j’ai quand même eu la sagesse d’arrêter à 5 km, et d’emprunter un boulevard qui laissait passer le tout petit vent de l’ouest! Bah, les hommes et leur entêtement aux performances, ça ne date pas d’hier, hein? Mais saches que c’est le jour où tu ralentiras un peu que tu m’épateras le plus, cher mentor 😉
Ha merci Maryse, je sais que venant de toi, c’est un beau compliment ! 🙂 Ton mentor est très fier que sa protégée (tu parles de termes bizarres pour décrire notre amitié, toi !) soit plus intelligente que lui. Mais dans un sens, ce n’est peut-être pas un si grand défaut d’avoir la tête dure quand on s’enligne pour faire un (des ?) ultra(s), non ?
Je vais faire mon possible pour t’épater un jour, c’est promis ! 🙂