Ferme-la, Lance !

J’ai failli pleurer en voyant la scène. Oui, je regardais bien une course de vélo et des larmes se sont quand même bousculées à mes yeux. C’était en 1995. Lance Armstrong venait de gagner une étape du Tour de France et en franchissant la ligne d’arrivée, il a regardé vers le ciel, pointé les index dans cette direction et crié: “This one is for you, Fabio !”. Le Texan un peu baveux, mais que je trouvais tellement divertissant, dédiait sa victoire à son coéquipier Fabio Casartelli qui avait trouvé la mort dans la descente d’un col trois jours auparavant. J’étais ému, surtout que les deux jeunes hommes avaient à peu près mon âge.

TOUR DE FRANCE 18

J’ai aussi été ébranlé à peine un an plus tard quand j’ai appris qu’Armstrong était atteint d’un cancer. Quoi, un gars plus jeune que moi, en pleine forme, risquait de mourir ?

Après sa guérison, j’ai suivi son retour à la compétition, constaté sa transformation. Plus jeune, il était costaud. À partir de 1999, on aurait droit à une version 2.0 de Lance Armstrong: plus mince, plus complet, invincible sur le Tour de France. Se dopait-il ?  Je n’en ai jamais douté. Celui qui ne savait pas grimper quelques années auparavant était maintenant devenu le meilleur dans le domaine. Ses adversaires se faisaient prendre. Ses anciens  coéquipiers, une fois qu’ils changeaient d’équipe, finissaient pas se faire prendre également. Et lui aurait été propre ?  Ben voyons donc…

Ça ne m’empêchait pas de l’admirer. Obsédé du détail, il ne laissait rien au hasard. Rien. Il voyait à tout, pour lui, mais aussi pour ses coéquipiers: l’équipement à utiliser, l’alimentation, la stratégie de course, l’horaire, etc. Le dopage n’était qu’une partie de l’équation. Je savais qu’il était un être antipathique, manipulateur, tout le contraire de ce qu’on appelle “un bon gars”. Mais je m’en foutais, c’était la machine à gagner des Tours de France qui m’impressionnait.

En 2009, pour son deuxième retour, il a réussi à terminer troisième du Tour de France. Un autre exploit. Puis vinrent les accusations, les aveux d’anciens équipiers, les témoignages. Les poursuites en diffamation qu’il avait pris l’habitude de lancer contre ceux qui osaient dire la vérité ne portaient plus. Traqué, il a fini par lâcher le morceau et avouer: oui, il s’était dopé.

Il a confessé la plupart des “crimes” qui lui étaient reprochés, mais a affirmé qu’il était propre en 2009 et 2010. Yeah right… Bah, un menteur, ça reste un menteur. C’est toutefois la lecture d’une entrevue qu’il a accordée au site spécialisé CyclingNews.com qui m’a fait sursauter.

Au cours de celle-ci, il affirme haut et fort que TOUS (les majuscules sont de lui, pas de moi) les sports d’endurance sont gangrénés par le dopage, pas seulement le cyclisme. Pardon ?!?  Qu’est-ce qu’il connait aux autres sports d’endurance, au juste ?  Lui qui s’était relancé dans les triathlons, parle-t-il en connaissance de cause ?  Connait-il intimement les meilleurs marathoniens au monde ?  Assez intimement pour savoir qu’ils se dopent TOUS ?  Ou est-il en train de prendre l’approche  “Si je tombe, les autres vont tomber aussi” ?  Tu sais Lance, ce n’est pas parce que tu as eu toutes les misères du monde à descendre sous les 3 heures à ton premier marathon tout en étant propre que tous ceux qui t’ont devancé avaient triché…

J’ai déjà parlé de dopage sur ce blogue. Je le dis et je le répète: je ne suis pas naïf. Je me doute bien que  certains coureurs de haut niveau font probablement usage de produits améliorant les performances. Mais j’y reviens encore: si ça se fait, ça ne se fait pas à la même échelle que dans le monde du cyclisme. Jamais de la vie. Si un jour un marathonien se mettait à gagner 4 ou 5 marathons par année, effectivement, ce serait très douteux. Mais ça n’arrive tout simplement pas. Les meilleurs se contentent de deux ou trois courses au maximum par année, question de laisser le temps au corps de récupérer. Rien à voir avec la rigueur des grands Tours en cyclisme au cours desquels un petit coup de pouce est souvent le bienvenu pour reprendre des forces.

En ce qui concerne les ultramarathons, ce n’est tout simplement pas dans la mentalité du milieu. Ces compétitions sont tellement “low profile” que le bénéfice que le gagnant en retirerait en trichant serait ridiculement faible par rapport au prix à payer, tant au niveau de la santé du coureur que du coût en argent en tant que tel. Car les ultras, c’est bien connu, n’offrent même pas de bourses aux gagnants. Pourquoi se doper alors si ça ne rapporte à peu près rien ?  Pour peut-être avoir des commanditaires en bout de ligne ?  Le seul qui fait vraiment de l’argent en marge des ultras, c’est Dean Karnazes. Et à voir ses résultats, il serait assez étonnant qu’il soit dopé…

Après avoir attendu des années avant que Lance Armstrong finisse par cracher le morceau, le voilà qu’il se met à lancer des accusations à tort et à travers quand il ouvre la bouche. Encore une fois, on voit l’oeuvre du manipulateur: il essaie de détourner l’attention vers d’autres au lieu de dire ce qui s’est réellement passé dans son équipe.

Si c’est pour faire ça que tu as décidé de parler, je n’ai qu’une chose à te dire, Lance: ferme-la donc !

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