Une semaine où il fallait vraiment vouloir

Je ne sais pas si le Bon Dieu voulait tester la persévérance de la communauté des coureurs du Québec au cours des derniers jours, mais il aurait voulu le faire qu’il n’aurait pas agi autrement. Retour sur une semaine de course pas comme les autres.

Dimanche 8 décembre. Il faisait un temps splendide, le vent se tenait tranquille, parfait pour le 33 km que j’avais au programme. J’ai profité de cette sortie pour découvrir un nouveau quartier et surtout, un nouvel aréna dans la ville voisine. Comme je ne vais courir dans ce coin-là que durant l’hiver, j’ai été surpris de constater à quelle vitesse tout ça avait poussé. On ne pourrait pas engager ce monde-là pour construire le nouveau pont Champlain ?

Mardi 10 décembre. Temps relativement doux et venteux, je me promettais d’appuyer un peu. Sauf qu’il est arrivé un imprévu: j’avais oublié ma Garmin allumée dimanche et la batterie était à plat. J’allais courir “tout nu”, pour ainsi dire. Avancer sans point de repère, ça me faisait tout bizarre. Ne pas connaitre ma vitesse dans la neige du canal Lachine, ni dans la ligne droite menant au pont de la Concorde… Je me sentais comme si je conduisais une automobile sans indicateur de vitesse.

Mais en même temps, j’ai ressenti un grand sentiment de liberté. C’est fou la dépendance qu’on développe pour les gadgets électroniques, particulièrement quand on court sur route. J’y allais comme je le sentais, accélérant ou ralentissant selon mes sensations (ou la glace !) et c’était tout. J’ai tellement aimé que je songe à recommencer, peut-être même me garder une sortie par semaine juste moi “tu-seul”, sans artifice, question de revenir aux sources.

Jeudi 12 décembre. Pour souligner l’arrivée du froid, j’ai eu la merveilleuse idée de me rendre au métro en courant. Au grand dam de ma mère à qui j’en ai parlé en fin de semaine. Et au grand dam de Barbara qui était découragée à la vue de mon manteau Louis Garneau dont je me sers seulement quand il fait très froid. Désolé mon amour, mais je n’étais tout de même pas pour me les geler juste pour ne pas te décourager…

C’est qu’il faisait froid pas à peu près ! Quand je suis parti, il faisait encore nuit et le vent soufflait déjà allégrement. Il fallait vraiment que je sois motivé ou que j’aie perdu le dernier semblant de raison qui me restait. Mais qu’est-ce que je foutais là, alors que tout le monde ou à peu près était encore au chaud, sous les couvertures ?

Suite à un arrêt pour prendre un gel en arrivant dans la ville aux rues-patinoires (St-Lambert), je n’ai jamais réussi à faire dégeler mes mains. Jamais je n’ai été si content d’arriver au métro (il était hors de question d’envisager le pont Jacques-Cartier par ce vent et ce froid !).

Vendredi 13 décembre. Deux sorties en intensité en deux jours, une première pour moi. Mais bon, avec le party de Noël du bureau le soir, j’avais la légère impression que je ne serais pas à mon meilleur le lendemain, alors… Encore une fois, j’ai dû affronter le vent et le froid. Encore une fois, je me suis dit qu’il fallait vraiment vouloir. Et encore une fois, je me sentais tellement bien par après que je n’ai jamais regretté.

Dimanche 15 décembre. C’était le summum: 30 centimètres de neige avec du vent et en bonus, une température froide. Quoi, du froid et de la neige en même temps ?  C’est quoi ce pays de schnoutte-là ?

Barbara m’a demandé: “Tu veux vraiment aller courir ?   Pelleter, tu en aurais en masse, non ?”. Ce n’est tellement pas la même chose que les deux termes ne devraient même pas pouvoir être cités dans la même phrase. Pelleter, c’est une tâche, comme faire le ménage ou la tondeuse. Une tâche pas trop déplaisante, mais une tâche quand même. Courir, c’est un plaisir et là, j’avais envie de me faire plaisir. La tâche pouvait attendre. Elles peuvent toujours attendre.

J’ai enfilé mes vieux Brooks avec des Yaktrax tout neufs par dessus. Notre rue était assez bien dégagée, j’étais optimiste. Ho la belle erreur d’évaluation !  Notre rue étant plutôt principale, l’entretien y est fait plus régulièrement. Mais ailleurs en ville, ouch !  De la neige semi-tapée où mes pieds s’enfonçaient joyeusement, j’en ai vu comme jamais dans ma vie. À un moment donné, je me disais que le coach Cloutier serait fier de moi parce que je courais à son fameux “bon rythme”. C’est pour dire à quel point je n’avançais pas !

Au début, je me disais que si je faisais au moins 10 km, ce serait correct. Puis, au moins 15… Ok, 20 et j’arrête. Finalement, je suis tombé sur la piste cyclable fraichement dégagée et bon, une chose en amenant une autre, j’ai fini par faire 30 km. Dans les circonstances, c’était plus que satisfaisant… et inquiétant pour ma douce moitié qui commençait à envisager de faire mettre ma photo sur les bouteilles de bière.

À mon arrivée à la maison, j’ai constaté que la neige ne s’était pas pelletée toute  seule. Devinez où j’ai passé mon après-midi… Disons que j’ai bien dormi hier soir ! 🙂

4 avis sur « Une semaine où il fallait vraiment vouloir »

  1. Bonjour, je découvre ton blog, Il faut être costaud pour courir l’hiver chez vous, heureusement il fait plus clément par ici (Belgique). Je tiens moi aussi un blog sur ma passion la CAP. Tu viens dire bonjour quand tu veux 🙂

    • Ton commentaire tombe à pic: il est tombé 10 autres centimètres aujourd’hui. Je m’apprête d’ailleurs à aller les pelleter. Dire que l’hiver ne commence qu’officiellement demain…
      Je vais certainement aller visiter ton blog très très prochainement ! 🙂

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