« Courir, ce n’est pas bon pour les genoux… »

On me la sort régulièrement. Récemment, en l’espace de seulement quelques jours, on me l’a sortie deux fois. Presque à chaque fois, ça vient de la bouche de gens sédentaires, qui ne font pour ainsi dire aucune espèce d’activité physique. Ça se présente sous quelques variantes du style: «Courir, ce n’est pas bon pour les genoux » ou « Dans 10 ans, tu vas être dû pour un beau remplacement de hanche ». Si vous courez, vous en avez certainement déjà entendu des centaines dans la même lignée.

Au début, je me disais qu’ils avaient peut-être raison, que je devrais faire attention.  Puis je me suis mis à penser : combien d’anciens coureurs de haut niveau voient leur qualité de vie diminuée par des articulations douloureuses ou ont dû subir un remplacement quelconque ?  Combien ?  Aucun nom ne me venait en tête. Plusieurs vedettes des années 80 courent encore aujourd’hui: Alberto Salazar, Joan Samuelson, Jacqueline Gareau, les sœur Puntous. Même les légendes des années 70 Bill Rodgers et Frank Shorter lacent régulièrement leurs souliers de course, malgré le fait qu’ils se dirigent vers la fin de la soixantaine. Et que dire des ultramarathoniens Dean Karnazes, Pam Reed ou Marshall Ulrich, pour ne nommer que ceux-là ?

J’ai fait quelques recherches dans le but de trouver les traces d’une étude qui pourrait le moindrement confirmer ce que les gens avancent. Rien. Au contraire, je suis tombé sur des articles comme ceux-ci qui justement, contredisent ces merveilleux préjugés.

Ce qui explique que maintenant, j’avoue que ces phrases-là commencent à me gosser sérieusement. Ça fait des années et des années que les études ont confirmé ce que les gens savaient déjà: la sédentarité, le surpoids et évidemment, le tabagisme, sont de véritables fléaux qui contribuent à diminuer considérablement l’espérance et la qualité de vie de la population (l’alcool ?  Naaaaaah !  ;-)).

Et pourtant, je ne me permets jamais de passer de commentaires déplaisants du genre : «Tu es en train de te scrapper la santé» quand je rencontre quelqu’un qui transporte un gros surpoids ou qui fume.  Même si ce que j’avancerais est totalement vrai, contrairement aux mythes et légendes urbaines que le monde se plait (ou devrais-je dire, se complait) à répéter. Je laisse les gens vivre leur vie comme ils l’entendent, pour la simple et bonne raison que ça ne me regarde pas.

Alors pourquoi, en retour, certaines de ces mêmes personnes (ça demeure une minorité) se permettent-elles des remarques qui sont à la fois intrusives dans ma vie privée tout en étant totalement fausses ?  Est-ce par une espèce de culpabilité ?  Vous imaginez la tête qu’ils feraient si je leur répondais en faisant allusion à leur propre style de vie ?  Pour quel genre d’air bête je passerais, vous pensez ?  Et pourtant, c’est quoi la différence ?

Bref, je ne comprends pas ce comportement. Quelqu’un a une explication ?

13 avis sur « « Courir, ce n’est pas bon pour les genoux… » »

  1. Même constat de mon côté, évidemment. Site le pourquoi, tu as probablement raison que la culpabilité y est pour quelque chose, à la limite une once de jalousie dans certains cas, une excuse bidon pour justifier son inaction dans tous les cas. Ou tout simplement de l’ignorance?

    • Ouais, comme tu dis, une excuse vraiment bidon pour se déculpabiliser, pour se complaire dans leur inactivité.
      Ce qui me dérange, c’est cette façon de nous mettre ça en pleine figure, presque comme un reproche, alors qu’on ne fait strictement rien de mal… nous !

  2. Un peu de jalousie, je dirais. Pour un personne qui a vraiment mal aux genoux (mais qui pratique un autre sport), y en a trois qui se rassurent en se disant que la course, c’est mauvais, donc vaut mieux rester sagement à la maison. Alors qu’en fait, je crois surtout qu’ils manquent juste de guts. D’où la jalousie et le besoin de « dénigrer » le/les coureur(s).

    • On dirait bien que je ne suis pas le seul à subir des commentaires, on dirait… Et dans mon cas, je ne me souviens pas qu’une seule fois ce soit venu de la part d’une personne vraiment sportive.
      Alors oui, ça sent la jalousie et la déculpabilisation… et la manque de guts, comme tu dis !

  3. Autre hypothèse : parce que c’est vrai en partie. L’homme est une machine à courir, toute sa morphologie (saine) l’y porte. Il peut courir longtemps et souvent sans problème.
    Quand une personne est en situation d’obésité (pas juste 2 à 5 kilos en trop), courir est un vrai problème pour l’articulation du genou. Le ski aussi, et pour les mêmes raisons d’ailleurs.

    Alors la prochaine fois qu’une personne grasse et sédentaire énonce que « courir, c’est mauvais pour les genoux », vous pourrez lui répondre que c’est effectivement vrai « en cas d’obésité », mais pas pour une personne « en bonne santé ». Mais soyez clément(e) dans vos répliques, s’il vous plaît. Gardez notamment à l’esprit que la sédentarité est la conséquence de l’obésité et non le contraire.

    Bonne course !

    • Merci pour ce commentaire !
      En effet, le surpoids est très souvent le grand responsable des problèmes aux genoux et aux hanches. Et votre hypothèse tient bien la route: les gens qui se permettent les phrases qui finissent par me les gonfler transposent fort probablement le supposé stress que subissent mes articulations à leur propre cas.
      Là où je suis plus moins moins d’accord, c’est dans le fait que la sédentarité est la conséquence de l’obésité. En tout cas, ce n’est pas le cas ici, en Amérique du Nord (lors d’un voyage en France, j’ai été abasourdi de constater à quel point les gens sont minces, je présume que c’est la même chose en Suisse, en Allemagne, en Espagne, dans les pays scandinaves, etc.).
      Un exemple: dans le cadre de mon travail, je suis amené à voyager, donc à côtoyer des collègues en dehors des heures de travail. Et je constate une chose: une fois le soir arrivé, ils mangent (habituellement de la bouffe riche en gras), puis vont s’écraser devant la télé ou se coller le nez à l’ordinateur. Et ce, après avoir passé la journée bien installés sur leur postérieur. Je ne sais pas comment ils font… Moi, au pire, je vais prendre une marche, question de bouger. Et au mieux, je vais évidemment courir.
      Conséquence: la plupart traînent des kilos en trop, tout en étant fatigués après leur journée de travail. S’ils bougeaient le moindrement…

  4. Moi aussi ça me gosse ce genre de commentaire. Ou l’autre que j’entends souvent est « j’aimerais bien, mais moi je n’ai vraiment pas le temps avec les enfants, la famille, le travail, etc. ». Je me dis quand on n’est même pas capable de s’accorder ne serait-ce même que 15 minutes par jour pour prendre soin de sa santé, c’est vraiment vraiment triste. Pour ce qui est du fameux mal de genou, je pense qu’il y a aussi le fait que c’est un mythe qui est véhiculé à qui mieux mieux et aussi certains débutent la course à fond de train avec de mauvaises techniques et continuent de courir sur des blessures sans consulter. Ces situations à mon avis ne peuvent que mal finir et ne sont pas dues au fait de courir, mais plutôt au fait de courir mal. Bon billet comme toujours !

    • Honnêtement, as-tu déjà vu des gens qui n’avaient vraiment pas le temps de faire de l’exercice ? Pourtant, ils trouvent le temps pour regarder la télé ou aller sur les réseaux sociaux… Une de mes meilleures amies a 4 enfants, travaille à temps plein, est atteinte de sclérose en plaques et pourtant, elle court. Pas des ultras, mais elle court quand même. Ça fait que moi, les « pas le temps »…
      Pour ce qui est des genoux, ton hypothèse est fort plausible. il faut croire que je ne m’en tire pas trop mal, malgré une technique que je dirais… quelconque ! 🙂

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