Voilà, c’est fait: j’ai « tiré la plogue », comme on dit. En fait, elle s’est tirée par elle-même quand je n’ai pas confirmé mon inscription, mais ça revient à la même chose: je ne serai pas à Massanutten en mai prochain. Je me faisais peu à peu à l’idée depuis quelque temps, c’est maintenant officiel… et ça me fait tout drôle. Cette course, je l’avais tellement détestée à mes débuts, en 2015, pendant les longues heures que j’avais passées sur les foutues roches, sous le soleil de plomb… J’avais fini par l’apprivoiser en faisant la deuxième moitié de l’infernal parcours avec mon ami Pierre puis l’an passé, je m’étais carrément attaché. L’organisation, les gens, le site, tout. Le monde des ultras tel qu’on l’apprécie. Sans compter le fait qu’il y aura encore cette année une belle délégation québécoise. Mais bon, je n’en ferai pas partie.
Pourtant, il y a quelqu’un qui a rallumé la lumière au bout du tunnel. Cette personne, c’est Annie-Claude, la physio que j’ai consultée à la clinique de la gare centrale. Sentant que j’étais allé au bout de l’ostéopathie pour la blessure que j’avais et constatant que la guérison stagnait, je me suis dit: pourquoi ne pas essayer la physio ?
À notre premier rendez-vous, elle m’a demandé un ordre de grandeur de mon volume habituel d’entraînement. J’ai répondu que je faisais entre 80 à 100 kilomètres par semaine, parfois 110 en « période de pointe ».
Pas de réaction. « Vos prochaines compétitions ? ». 50 kilomètres début avril (Runamuck) et 167 kilomètres début mai (Massanutten, évidemment). À peine un sourcillement. Soulagement: je n’allais pas passer pour un hurluberlu et ne me ferait pas dire « que j’en faisais beaucoup trop, que ça n’avait pas de bon sens, et patati et patata… ». Cool.
Après m’avoir examiné, fait faire un paquet de petits tests, taponné mon ischio de tous bords, tous côtés, elle m’a expliqué ce que j’avais et ce qu’il fallait faire pour guérir. En gros, oui, le muscle avait déchiré, mais il était en train de reprendre. Sauf qu’il fallait qu’il reprenne « comme il faut » et pour ça, je devais faire à tous les jours une série d’exercices qu’elle allait me prescrire.
La question me brûlait évidemment les lèvres : pouvais-je reprendre la course ? « Pas cette semaine, mais à partir de la semaine prochaine, si vous faites vos exercices, le retour progressif à la course va faire partie de votre réhabilitation ».
Enfin !!! Ça faisait 6 semaines que je m’étais blessé, ma dernière tentative remontait à 10 jours. Dire que je trouvais le temps long serait un euphémisme.
Et mon début de saison ? « Je pense qu’il vaut mieux prévoir un retour progressif dans le but d’avoir un bon milieu et une bonne fin de saison qu’essayer d’aller trop vite. »
Flûte-caca-boudin. Mais bon, disons que je m’y attendais. J’allais définitivement « tirer la plogue ».
Je me suis donc mis à la tâche, assidûment, soir après soir. D’ailleurs, je ne comprendrai jamais pourquoi certaines personnes vont voir un professionnel comme un physio ou un ostéo pour ensuite ne pas faire les exercices prescrits. Ils pensent quoi, que ça va se faire tout seul ? Que le pro a une baguette magique et va nous faire guérir en un claquement de doigts ? C’est comme aller voir le médecin et ensuite, ne pas aller chercher les médicaments prescrits. Pourquoi y aller, voulez-vous bien me dire ?
Bref, après une semaine, deuxième rendez-vous. J’ai eu droit à des félicitations pour mes progrès et, extase, ai reçu mes instructions de course. Je devais commencer par une sortie de 20 minutes au cours de laquelle j’alternerais 3 minutes de course avec 1 minute de marche.
Moi, le gars plate, le gars de chiffres, fallait que je demande : 20 minutes, est-ce que c’est juste pour la course ou c’est pour le total. « Pour le total ». Ouin… Si ça allait bien, je pouvais ensuite monter progressivement: 30 minutes, 40 minutes. Puis passer à 5/1, 6/1, etc. Vous voyez le principe. Dans le genre progressif…
***
« Ça va pas ?!? ». C’en était presque comique. Ma belle-maman était à la maison pour quelque jours et lorsque je suis revenu de ma première sortie, peu habituées à me voir partir si peu longtemps, elle et Barbara ont posé cette question exactement en même temps.
Vous savez, 20 minutes, ce n’est pas tellement long… Et pas tellement épuisant non plus, à vrai dire, surtout quand on fait du 3/1. 5 petits blocs de 4 minutes et c’est terminé.
C’était il y a 3 semaines. Depuis, j’ai revu Annie-Claude à 2 reprises et ne devrais plus avoir à y retourner. Le retour graduel se poursuit. Une raideur (qui est tout à fait normale, à ce qu’il paraît) se pointe de temps à autre, me rappelant de ne pas brûler les étapes.
Maintenant, aurais-je pu faire Massanutten ? Aucune idée. Et on ne le saura jamais…
Mais disons qu’avec le satané rhume qui m’est tombé dessus (oui oui, une vraie grippe d’homme ! Une chance que j’avais écrit le squelette de ce texte il y a quelques jours…), je ne suis pas trop fâché de ne pas avoir cette pression-là.
Bonjour,
Je ne suis vraiment pas du type « fan » mais je dois admettre que j’aime bien vous lire. Je vois que vous ne ferai pas le 50 km d’Orford au mois de juin. Si la raison est qu’il est « complet », je veux juste vous informer que j’en ai un à vendre (prix coûtant + frais de changement s’il y en a). Je me suis trompé en voulant acheter le 24 km, donc j’ai maintenant un 24 et un 50. J’aimerais bien vous lire à propos d’un parcour que je vais aussi faire.
Au plaisir,
Réjean
Merci Réjean !
À moins d’avoir une « rechute », je serai à Orford pour le 50k, en préparation pour le Vermont 100. Je suis inscrit en bonne et due forme. Un récit devrait suivre la course, comme d’habitude. 🙂
Si vous voulez, je peux demander à l’organisateur pour votre dossard « en trop », je le connais assez bien.
Bonne saison !