À partir du moment où j’ai perdu mon petit gras de bébé autour de l’âge de 13-14 ans (hé oui, j’avais un penchant vers le grassouillet dans ma jeunesse) jusqu’à l’âge d’environ 30 ans, j’avais un talent particulier: je courais vite. Très vite. En sprint, je veux dire. Quand je jouais à la balle-molle, si je frappais un roulant de routine à l’arrêt-court, celui-ci devait avoir un bras puissant pour que son relais me devance au premier but. Au hockey cosom, mes habiletés (très) limitées étaient compensées par ma faculté d’être toujours le premier sur la balle ou de me retrouver dans les culottes d’un joueur qui se croyait seul en échappée avec le gardien.
Sauf qu’à 30 ans, à la balle-molle justement, j’ai essayé d’étirer ma jambe vers le premier but, question encore une fois d’essayer de battre un relais quand à l’atterrissage, j’ai senti quelque chose lâcher dans ma cuisse: claquage. J’ai claudiqué sur quelques pas avant de tout simplement m’effoirer de douleur. Pas capable de terminer la partie, sur le carreau pour quelques semaines (alors il n’y avait finalement même pas eu de relais, bout de sacrament !). Les choses n’ont plus jamais été pareilles par après. Avec les années, quand j’essayais d’enclencher la vitesse supérieure, je sentais ce même muscle qui avait envie de lâcher. J’ai essayé l’ultimate frisbee et c’était le pire de sports pour ça: des séries de sprints, juste du « stop and go ». Un jour, c’est mon mollet qui a lâché et j’ai dû accrocher mes crampons. Il faut dire que j’étais vraiment, mais vraiment pourri…
Heureusement, entre-temps, j’avais commencé à faire du jogging et comme j’avais arrêté les sports « stop and go », mes derrières de cuisses me laissaient tranquille. C’était jusqu’à samedi dernier. En faisant mes intervalles, j’ai senti quelque chose. La même sorte de « crampe » du côté droit. Je n’étais pas en sprint, mais tout de même autour de 3:45/km… J’ai continué quelques enjambées, puis me suis arrêté pour me masser un peu. J’ai pu finir mes intervalles, mais j’ai senti ces malaises le reste de la journée.
Dimanche, au mont St-Hilaire, rien de spécial à signaler. Mais mardi, retour aux intervalles et j’ai encore dû m’arrêter. Shit, ne me dite pas que je suis blessé ! Non, pas à moins de 6 semaines du grand jour… J’étais un peu découragé. Je suis reparti, plus lentement et ça a tenu le coup. Mais j’ai trainé un malaise par après, au point que ma démarche en était changée.
Mercredi, journée à vélo, j’ai pu récupérer un peu. Mais hier matin, j’avais 32 km de prévus au mont Royal (le joie de pouvoir s’accumuler du temps au bureau). Ça passait ou ça cassait. Honnêtement, après 1 km, j’étais certain que je serais obligé de rebrousser chemin. Mais je me suis dit que si le muscle finissait par se réchauffer, peut-être que… J’ai fait très attention dans les descentes, les montées se sont faites à plus petites enjambées et à la fin, je me sentais tout simplement mieux qu’au début ! C’est vraiment bizarre, le corps humain…
Mais bon, je ne suis pas vraiment sortie de l’auberge. Si j’étais certain d’avoir affaire à une blessure au moins… Et si c’était un simple malaise (le déni, pratique très répandue chez les coureurs qui leur permet de faire semblant que certaines blessures n’existent pas) ? Je vais voir. Ma tête sait qu’il vaut mieux se présenter à la ligne de départ un peu sous-entrainé qu’un peu blessé. Mais après des centaines de kilomètres à l’entrainement, ce n’est pas toujours facile d’être raisonnable si près du but. Je vais probablement lever le pied du côté des intervalles et continuer ma progression pour le reste. On verra bien ce qui arrivera. Si j’avais écouté tout le monde après ma blessure à la cheville en novembre dernier, je n’aurais jamais eu le printemps que j’ai eu.
Déni et tête dure, beau mélange, hein ?