J’ai connu Christian quand on travaillait tous les deux chez Dessau (hé oui, j’ai déjà travaillé là…). Nous étions sur le même étage, mais rien ne nous rapprochait vraiment parce qu’en plus de ne pas être de la même spécialité (il est ingénieur civil, moi électrique), nous n’étions pas dans le même département. Sauf qu’après un certain temps, plusieurs personnes des deux groupes étant à peu près du même âge, des liens ont commencé à se tisser. Une fille de mon département et un gars du sien ont commencé à se fréquenter. Puis Christian a commencé à sortir avec mon amie Chantale, dont le bureau était situé tout juste à côté du mien.
Chantale courait depuis un certain temps à l’époque (c’était à l’hiver 2007) et je m’y étais mis aussi, ayant fait mon premier 10 km en compétition quelques mois plus tôt. Les choses suivant leur cours, nous nous sommes retrouvés tous les trois au départ du demi-marathon Scotia Bank au parc Jean-Drapeau, en avril. Une première pour Christian et moi, un deuxième demi (plus un 20 km) pour Chantale.
Je n’avais jamais couru plus de 16 km avant cette course et je me souviens d’avoir souffert dans le dernier tiers pour terminer en 1:46:54. Christian allait suivre en 1:58:49 et Chantale en 2:07:22. J’avais devancé le “jeunot” (il est 7 ans et demi plus jeune que moi) de 12 minutes, mais je savais bien qu’avec son physique, il était un “naturel” et que s’il s’y mettait, j’aurais bien de la difficulté à le devancer.
Deux mois plus tard, Tour du Lac Brome, un 20 kilomètres. Tout le monde avait progressé et malgré les quelques bières au camping la veille, j’ai fait un 1:35:55 et Christian, 1:42:13. Il avait pour ainsi dire coupé de moitié le temps qui nous séparait deux mois plus tôt…
Bon, la vie étant ce qu’elle est… Chantale et Christian se sont séparés, il a changé d’emploi quelques mois plus tard et on ne s’est presque plus revus. Jusqu’au Lac Brome l’année suivante. J’étais confiant, ayant amélioré mon temps de 7 minutes au Scotia Bank quelques semainesauparavant. Nous avons jasé un peu avant le départ, puis sommes partis ensemble. Mais holly shit, il était rendu assez rapide merci… Pas mal pour un gars qui craignait pour son genou ! J’ai décidé de le laisser aller. Au 14e kilomètre, je l’ai aperçu: son genou avait lâché. Il allait terminer en marchant, en 2h22. Moi, j’avais fait 1:30:50 et j’étais tout fier. Mais si Christian n’avait pas été blessé, il m’aurait pris 3-4 minutes facilement. Quand je disais qu’il était un “naturel”…
C’est la dernière fois que je l’ai vu. Au fil des années, je regardais de temps en temps sur SportStats.ca, voir s’il lui arrivait de faire des compétitions. Il n’en faisait pas beaucoup, mais l’an passé, j’ai remarqué de très bons temps sur 5k et 10k en plus d’un demi dans un temps semblable aux miens. Mais en 2012, rien. Jusqu’au demi à Oka début novembre: 1:26:54 ! Le gars ne fait aucune compétition pendant un an et sort un temps-canon (moi qui étais tout fier de mon 1:28:33 du Scotia Bank…) ! C’était tout de même 32 minutes plus rapide que son premier demi.
J’ai donc pris mon clavier et ai décidé de lui écrire. Fallait que je le félicite, j’étais vraiment très, très impressionné… Comme ça faisait un bout, on s’est un petit peu mis à jour dans les nouvelles. Il vit maintenant à Pincourt avec sa conjointe et leur petite fille de 16 mois (elle est trop cute !). Il n’avait participé à aucune course avant Oka cette année à cause de blessures (méchante façon de se reprendre !). Je l’ai mis au courant à propos de mon mariage avec Barbara, des mes courses, des ultras et finalement, de ce blogue (parce que quand je commence à parler ultras, je ne finis plus, alors je préfère laisser le choix aux gens de lire le blogue plutôt que de m’endurer ou avoir à se taper une courriel qui ne finit plus).
Je ne sais pas s’il a tout lu, ni ce qu’il y a dans mes états d’âme qui a réveillé en lui certaines “pulsions”, mais toujours est-il qu’hier matin, il s’est inscrit pour le Marathon d’Ottawa ! Ce sera son premier. Et voilà, Le Dernier Kilomètre a fait sa première “victime”… À moins qu’il y en ait d’autres ailleurs ?
J’avoue que ça me fait un petit velours. L’idée originale de ce blogue, c’était marier mes deux passions: la course et l’écriture. Et prs la bande, d’arrêter de casser les oreilles de ma douce moitié avec mes histoires de courses, d’entrainements et surtout, de cadences. Mais j’espérais secrètement que le fait de partager le tout sur la grande toile inspire les gens, les pousse à se tester, à dépasser ce qu’ils croyaient être leurs limites, à vivre l’exaltation, l’euphorie, le grand rush d’émotions qu’on ressent dans le fameux dernier kilomètre quand on sait qu’on va réussir, que tout ce travail, tous ces efforts, vont finir par payer. Et vivre le restant de ses jours avec la satisfaction d’un tel accomplissement.
Sauf que là, il me glisse que les ultras le tentent aussi. St-Bruno, St-Hilaire, deux places qu’il connaît bien… Mais wo-ho, je ne veux pas être la raison pour laquelle une adorable petite fille vivra en garde partagée de ses parents, moi ! 😉 Ceci dit, je ne peux pas lui dire de ne pas essayer, c’est tellement plaisant, la course en sentiers… Je me suis concentré sur la route ces dernières semaines, mais n’ai pas pu m’empêcher d’aller faire un tour sur le bord du fleuve à quelques reprise, alors… Petit conseil toutefois : un pas à la fois, un marathon c’est déjà beaucoup. Et rien n’empêche de faire une partie de l’entrainement en sentiers.
Je vais donc essayer de garder contact avec Christian au cours des prochains mois, question de savoir où il en est rendu. Quand il m’a annoncé la nouvelle, j’ai eu envie de m’inscrire à mon tour. Mais Boston ne sera vieux que de 6 semaines, alors pas certain que je pourrais vraiment performer comme du monde, surtout que j’aurai commencé mon entrainement en trail en vue de St-Donat. On verra. Steph, mon hôtel est toujours disponible ? 😉
Bonne course à Philadelphie. Au plaisir d’en lire le compte-rendu. xx