Les suites d’un abandon

Luc, t’as besoin de bénévoles ?

« Hey Freeeed, comment ça va ? ». Je l’avais vu passer au 38e kilomètre, je m’étais dit que j’essaierais de le voir après l’arrivée pour lui annoncer mon retrait du 50 km 5 Peaks d’Orford dont il est l’organisateur. Si je n’étais pas foutu de faire plus de 4 kilomètres après une semaine sans courir, il était hors de question d’en envisager 50 trois semaines plus tard. Dans le meilleur des cas, je pourrais reprendre le collier cette fin de semaine-là.

J’ai perçu de la tristesse sur son visage quand je lui ai résumé ma mésaventure. Entre coureurs, on se comprend. On sait c’est quoi, être privés de notre drogue. « Ha, on a toujours besoin de bons bénévoles… Je vais te mettre en charge de surveiller les toilettes, tiens ! ». J’ai éclaté de rire. Il me fait toujours rire. Vous devriez lire ses info-lettres pour sa course : du bonbon.

J’avoue que ça me faisait bizarre de déambuler dans une aire de retrouvailles après une course après avoir dû l’abandonner. On voit tous ces coureurs radieux, avec leur médaille de finisher au cou… On se sent… comment dirais-je ?  Pas à sa place. Comme si on n’avait pas du tout d’affaire à être là.

Au moins, j’étais vraiment, mais vraiment heureux pour ma sœur. Me connaissant, j’avais peur que le fait d’être blessé me rende d’une humeur massacrante et que je devienne le casseux-de-party de son premier marathon. Mais non, j’étais si heureux pour elle. Et c’était tellement beau de voir la fierté de Christian et de mes parents. Vraiment, un beau moment passé en famille.

J’appréhendais également le long retour en voiture. Deux heures seul avec moi-même, deux heures pour tout ressasser. Encore là, rien à signaler. Ce n’est pas comme s’arrêter durant un ultra parce qu’on n’en peut plus ou qu’on n’a plus le goût. Dans ce temps-là, on se dit qu’on aurait pu faire ceci, dû faire cela, etc. Ce n’était pas le cas. J’étais blessé, je ne pouvais pas poursuivre, point à la ligne.

J’ai plutôt dressé mon plan pour les prochaines semaines. En plus du 50k d’Orford, j’allais devoir me retirer de la Course des 7, où j’étais supposé être lapin de cadence, et du Vermont 100. J’avais une blessure de fatigue, il n’était pas question que j’essaie de me faire un 100 miles plutôt roulant dans un délai si court.

Mais il fallait surtout que je soigne. Et ça, ce serait l’affaire d’Annie-Claude, la physio qui a réglé mon problème d’ischio.

Faut croire que je ne suis pas le seul à la trouver bonne parce que j’ai dû attendre au vendredi pour avoir un rendez-vous. Verdict : déchirure de grade 1 (ça a l’air qu’il y en a 3), pronostic de deux autres semaines sur les lignes de côté. Définitivement que j’avais bien fait de déclarer forfait pour mes courses !

Finalement, après une semaine où j’ai été un patient modèle (c’est-à-dire que j’ai fait tous les exercices prescrits et ce, sans en faire trop), j’ai eu la permission de reprendre. Ok, « reprendre », façon de parler: 15 minutes en mode 2/1 (2 minutes de course pour 1 minute de marche), mais bon. En fait, ça fait un beau prétexte pour se rendre l’épicerie qui coin. Demain, ce sera 20 pleines minutes. Hou la la…

Ceci dit, c’est peut-être psychologique, mais depuis que je me suis fait cette micro-sortie hier, il me semble que le mollet va mieux. Comme si la reprise avait aidé la guérison. Oui je sais, c’est dans ma tête…

Il y a une affaire que je retiens dans cette histoire-là (mis à part le fait qu’il ne faut jamais présumer de son « invincibilité ») : demander des conseils à d’autres coureurs, lire des publications, aller voir sur les forums de discussions, ça donne une bonne idée. Mais il n’y a jamais rien qui va égaler l’avis un professionnel. Lui, il nous voit, nous tâte, constate quels mouvements on peut faire ou ne pas faire. Des blessures, il en voit à longueur de journée et elles sont toutes différentes.  Bref, il a tous les outils pour cerner le problème et prescrire le « remède » approprié.

La suite des choses maintenant ?  Pour l’instant, je ne suis inscrit à aucune course. Toutefois, mon retrait du Vermont a un double impact sur les « monuments » auxquels j’aimerais prendre part. Tout d’abord, il y a évidemment l’UTMB, pour lequel je dois amasser 3 petits points cette année pour assurer mon inscription l’an prochain. Je comptais sur le Vermont pour aller en chercher 6. Il y a toujours Bromont qui demeure toujours dans ma ligne de mire, mais comme il n’est pas encore accrédité officiellement (Gilles ?), j’aurais préféré être fixé plus rapidement.

Autre inconvénient: le Vermont était la seule course qualificative pour le Western States que j’avais prévu faire cette année. Oups.

Ha, ce n’est pas la fin du monde, c’est juste une course… Mais dans un autre sens, je trouverais pas mal cool de me faire les deux courses en sentier les plus célèbres. Je suis donc allé voir la liste des courses qualificatives, au cas où il y en aurait pas trop loin en automne.

Et sur quoi suis-je tombé ?  Sur le Harricana 125. Début septembre, une organisation extraordinaire que je connais bien, franchement pas loin de la maison… En plus, cette course donne 5 points UTMB. Comment passer à côté ?

Bref, histoire à suivre. Si la guérison se déroule bien…

3 avis sur « Les suites d’un abandon »

  1. Dommage pour ces courses auxquelles tu comptais participer. Mais je trouve ton idée pour le 125km Harricana excellente. Comme tu avais aimé le 65km, il y a de bonnes chances que tu apprécies le 125km. C’est un bel objectif !

  2. Bonjour Fred,
    Je te suis maintenant depuis pas mal de temps dans tes récits de courses fort sympathiques, tu m’as fait marrer plus d’une fois.
    Grace à toi, j’ai découvert quelques trails dans le coin, tu es une excellente source d’inspiration.
    Période pas facile pour toi sur le plan physique, je te souhaite vraiment de pas lâcher et revenir encore plus fort pour nous raconter tes belles courses ! !
    En souhaitant te voir sur le 125k Harricana !
    Amitiés sportives
    Laurent

    • Merci Laurent !
      Je fais tout en mon possible pour revenir, mais j’avoue que c’est difficile de trouver le bon dosage pour progresser sans se blesser.
      Disons que si je me retrouve sur la ligne de départ à Harricana, ce sera belle belle victoire pour moi.
      Au plaisir de te rencontrer ! 🙂

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