Il est environ 5h10 quand nous entrons dans le grand chapiteau où chaque concurrent, coureur ou cycliste doit s’enregistrer. L’organisateur en chef est supposé donner son speech d’avant-course à 5h15. « C’est très important que vous soyiez là à 5h15 » qu’on m’avait dit la veille. Ouais ouais, à voir le genre d’organisation, ça me surprendrait bien gros que le speech en question débute à l’heure pile. Et puis, ils vont nous apprendre quoi, au juste ? Qu’il pleut ? Qu’il n’y a pas vraiment de moufette à Skunk Hollow ? Enfin, comme je suis toujours à l’heure et que Barbara est comme moi, bien nous voilà.
Le check-in se fait en criant ciseaux et l’attente commence. Tout autour, des coureurs, oui, mais surtout des cyclistes. Il y en a de toutes sortes, de ceux qui semblent vouloir viser un temps à ceux qui feront une randonnée pour le plaisir. Ça a l’air qu’avec ce parcours, ce n’est justement jamais une partie de plaisir ! En tout cas, il faudrait qu’ils me paient pour que je me tape ça en vélo de montagne… Quant aux coureurs, ça semble plus homogène. Les gens entrent et sortent de la tente, mais disons que le petit crachin qui tombe nous pousse à demeurer à l’abri. Au microphone, on nous répète sans relâche qu’on doit aller s’enregistrer pour avoir le droit de prendre le départ. Oui oui, on a compris…
L’ambiance est totalement différente d’une course sur route. À part quelques cyclistes, tout le monde semble tellement, mais tellement relaxe. Moi le premier. J’ai eu une nuit normale (hormis le fait qu’elle a été légèrement plus courte qu’à l’accoutumée) et je ne me sens pas nerveux. Bizarre. J’ai beau me dire que je ne me mets pas de pression, un temps sous les 8 heures et/ou une place dans le top 10% me feraient bien plaisir. Mais bon, on va commencer par essayer de le finir et on verra la performance après. Barbara aussi a bien dormi et Charlotte semble en pleine forme, comme toujours. Et comme à son habitude, elle attire les câlins des inconnus.
Bon, mon départ est à 6h25, je n’ai pas envie de rester debout pendant une heure en attendant, moi. Est-ce qu’il le fait, son foutu speech qu’on retourne à l’auto ? Nous entendant jaser dans la langue de Jean Chrétien, une femme à l’allure d’une habituée nous aborde. Elle vient de Québec et en sera à son sixième Vermont 50. Elle me parle des années passées, particulièrement l’an passé où il avait fait très chaud (j’avais souffert le même jour lors du marathon de Montréal). Elle me demande ce qui se passe avec Patrice Godin (au moment d’envoyer ce post, je recevais un update de Patrice sur Virgil Crest, dans le genre timing…), me raconte comment c’était lui qui l’avait convaincue de ne pas abandonner l’année dernière et plein d’autres anecdotes sur la course.
Ha, le speech commence. En retard, évidemment. Ho la la que je suis surpris…. On écoute un peu, mais le monde jase pas mal… jusqu’à ce qu’un gars dans le fond lâche un véritable cri de mort. Silence complet. Le monsieur continue et effectivement, ne nous apprend pas grand chose, à part que le parcours est en bon état, malgré les pluies des deux derniers jours. Bon à savoir.
Tranquillement, nous reprenons la conversation avec Louise (c’est son nom). Elle parle de Boston, de ses expériences. Comme c’est mon premier, je vois dans son regard qu’elle s’attend à ce que j’en bave. Elle m’avertit même qu’il y a toujours un moment en ultra où on est tellement down qu’on veut arrêter. Mais ça finit toujours par passer. Dernier conseil: manger des patates aux stations d’aide. Celui-là, je le retiens… Pour le reste, j’ai confiance. Bout de viarge, si je ne suis pas assez entrainé, je me demande bien ce que ça prend !
Une petite photo pendant que j’ai encore le sourire
Les premières vagues de cyclistes commencent à partir, alors c’est le temps d’un dernier pipi. On se donne un high five de bonne chance et je lui dis qu’on se reverra sur le parcours.
Les cyclistes partent littéralement à la noirceur, me semble que ça doit être freakant… Finalement, pas vraiment le temps de retourner à l’auto, la petite jasette ayant fait passer le temps assez vite merci. Super sympathique, Louise, j’espère qu’on se reverra dans d’autres courses. La dernière vague de vélos est appelée et après, ce sera notre tour. Shit, dans 5 minutes, je vais m’élancer pour 80 kilomètres. C’était quoi l’idée, donc ?