Quand il est émotif, et ça lui arrive souvent, il arrive que l’être humain moyen fasse usage de jurons. Bizarrement, le répertoire utilisé varie d’un peuple à un autre. Pour les anglophones, la grande majorité des gros mots sont reliés au sexe. Pour nous Québécois qui jadis avons tant été contrôlés par l’Église catholique, la tendance est à faire le ménage du lieu de culte local quand nous sommes fâchés. La plupart du temps, nous nous contentons d’utiliser les mots à une, maximum deux syllabes pour nous exprimer. Mais il y en un, un vrai, qu’on sort seulement pour les grandes occasions. Parce qu’il est long à dire: trois syllabes et que lorsqu’on s’en sert, c’est parce que on vraiment en…
Le soleil se levait à peine hier matin quand il a retenti sur le bord du fleuve, dans mon petit patelin de banlieue. Et vous l’aurez deviné, le grossier personnage qui a osé s’époumoner ainsi, c’était moi. Mon genou droit venait de me jouer exactement la même chanson que son confrère de gauche m’avait jouée en juillet: le coup de la corde de violon. Parce que c’est comme ça que je le sens quand ça arrive: on dirait qu’un de mes tendons derrière le genou est tellement tendu (il me semble que c’est justement le propre d’un tendon d’être tendu, non ?) qu’il m’envoie une note ultra aiguë qui traverse mon système nerveux à vive allure et se retrouve à mon cerveau en moins de deux. Aussitôt, la douleur est si vive que je dois m’arrêter. Et le juron sort tout seul. Blessé à 5 semaines de New York, tab… !!!
Évidemment, j’avais reçu des signes bien avant. Les premiers, c’était pendant que je faisais du vélo avant même que je recommence à courir, au début août. Mais un coureur, ça réussit toujours à se trouver des raisons, à se convaincre que mais non, ce n’est pas ça. Cette fois-là, je me disais que c’était parce que ma jambe droite travaillait trop pour compenser pour la gauche et que tout rentrerait dans l’ordre une fois la gauche guéri. Bien sûr.
Quand j’ai repris la course, comme j’allais lentement et faisais des distances plus courtes, le genou droit se tenait effectivement tranquille. Puis, avec les semaines et l’augmentation de volume, les signes ont commencé à réapparaitre, petit à petit. Au début, je portais un protecteur seulement sur le genou gauche. Puis, quand j’allais en montagne, j’en mettais sur les deux. Depuis deux semaines, je portais un protecteur sur chaque genou à toutes les fois que je courais. Mais non, je n’avais pas de problème…
Contrairement à la première fois, je me suis tout de suite arrêté et suis retourné à la maison en marchant. Je ne me suis pas bourré d’Advil pour continuer malgré tout et ai immédiatement lancé un appel à l’aide à Marie-Ève, l’ostéo qui m’avait remis sur pieds cet été. Par chance, j’ai réussi à avoir un rendez-vous pour cet après-midi. À partir de là, j’aviserai.
Toutefois, une réflexion s’impose pour le long terme. J’aime, j’adore courir, alors je ne veux certainement pas arrêter. Je vais cependant avoir à changer des choses dans mon entrainement. Par exemple, devrais-je améliorer ma routine d’échauffement ? Courir plus souvent et moins longtemps ? Consulter un entraineur peut-être ? Pierre Lequient, un marathonien de mon calibre qui s’est lancé dans les ultras depuis peu a eu une saison de rêve cette année après en avoir engagé un… Peut-être aurais-je besoin de me faire masser ? Mes blessures sont causées par des muscles qui sont trop contractés et il semblerait que les étirements que je fais religieusement ne sont pas suffisants pour les faire relâcher.
Bref, bien des choses à envisager. Mais après New York !
Prompt rétablissement, mon frère!