« Ça va certainement t’inspirer un article, hein ? »
Barbara venait de lire la chronique du jour d’Yves Boisvert sur le Marathon de Montréal. Je l’avais déjà lue.
Selon monsieur Boisvert, le groupe Competitor, propriétaire du Marathon depuis deux ans, a poussé la soif du profit à l’extrême limite pour l’édition de dimanche en coupant dans les dépenses et les services au coureurs tout en continuant de charger des montants prohibitifs pour l’inscription.
Des exemples ? Tout d’abord, l’absence d’une élite digne de ce nom. Car si les Québécois ont monopolisé les podiums, il y a une bonne raison : l’organisation a décidé de ne payer ni de cachets, ni les dépenses des coureurs d’élite. Dans la même veine, les bourses aux premiers de chaque épreuve ont été tout simplement charcutées. Ainsi, le vainqueur, David Savard-Gagnon, a récolté 1500 $ pour ses efforts alors qu’il y a deux ans, c’est 10000 $ qui avaient été remis au Kenyan Luka Kipkemoi Chelimo pour sa victoire.
Ça, c’est supposément pour mettre l’accent sur le volet participatif de l’épreuve. Si au moins c’était vrai. Les inscriptions sont toujours aussi dispendieuses (50 $ pour le 5 km !) et pourtant, si on se fie à ce que monsieur Boisvert écrit (et ça m’a été confirmé aujourd’hui par un collègue de travail), il ne semblait pas y avoir plus de toilettes au départ que jadis, quand je faisais partie de la fête. Pourtant, à l’époque, il y avait moins de participants, sans compter que le marathon et le demi partaient espacés de 90 minutes dans le temps. L’affluence pour les petits besoins nerveux d’avant-course était donc forcément moindre et ça n’empêchait pas que plusieurs (dont moi) allaient se soulager dans les buissons pour éviter les interminables attentes. Alors j’ai peine à imaginer ce que ça devait avoir l’air dimanche…
Mais il y avait une façon d’éviter ça. Hé oui, moyennant la modique somme de 5$, les participants pouvaient se prévaloir d’un accès VIP aux toilettes. Je vous suggère fortement de lire la chronique de Boisvert, ne serait-ce seulement que pour cette partie: je ne pourrais définitivement pas mieux exprimer ce que j’en pense !
Autre irritant majeur: un point d’eau autour du 30e kilomètre qui a manqué… de verres ! Quoi, manquer de verres à un point si stratégique sur le parcours ?!? Puis-je vous rappeler qu’il faisait frais et que le temps était couvert dimanche ? Une journée idéale (si on enlève la pluie) pour courir. Il serait arrivé quoi s’il avait fait le moindrement chaud ? On s’enlignait sur un désastre, c’est certain. Déjà que le Marathon de Montréal est le plus avare que j’ai connu au niveau du nombre de points d’eau sur le parcours, ils se permettent en plus de manquer de verres ? Dans le genre faire « amateurs », c’est dur à battre. Et c’est inacceptable.
Mais ce qui m’a le plus dérangé, c’est le fait qu’aucune couverture en aluminium n’était disponible pour les concurrents à l’arrivée. Ça, c’est tout simplement inadmissible. Il faisait frais, le temps était maussade. À la fin d’une longue course, le corps du coureur refroidit très rapidement, surtout par de telles conditions. À mon sens, c’est un manque total de respect de laisser des concurrents qui ont payé une centaine de dollars pour être là congeler sur place pendant qu’ils attendent leurs effets personnels.
Tout ça s’ajoute à un autre petit détail qui me chicotait déjà: le chiffre 32000 qu’on nous a servi ad nauseam dans les différents médias. « 32000 coureurs au Marathon de Montréal » qu’on pouvait lire ou entendre un peu partout. Certains prenaient soin de spécifier que ce nombre correspondait au total des participants de toutes les épreuves de l’événement, mais la grande majorité omettait de préciser que seulement environ 3000 de ces personnes prenaient part à l’épreuve-reine. J’ai même entendu le commentateur sportif Mario Langlois dire sur les ondes de 98.5 FM que David Savard-Gagnon « a été le premier des 32000 coureurs à franchir la ligne d’arrivée ». Vous allez me dire que les « experts » en sport, au Québec, quand on les sort du merveilleux monde du hockey, leurs connaissances… Mais il me semble qu’il y a des limites à dire des âneries quand on ne sait pas de quoi on parle.
Je crois sincèrement que cette confusion fait bien l’affaire de l’organisation. Ainsi, quand les gens font la comparaison avec les grands marathons, ils se disent : « On n’est pas si loin». Et pourtant, il y a un monde de différence et ça, il n’y a personne qui se donne la peine de l’expliquer. Heureusement cette année, je n’ai pas entendu notre ami Bruny Surin (que j’adore, soit dit en passant) nous dire que notre marathon était juste une coche en-dessous de Boston ou Chicago…
Ma conclusion : moi qui avais déjà une (grosse) dent contre notre Marathon, ils ne sont définitivement pas près de me revoir !
Je voudrais toutefois terminer le tout sur une note positive. Car peu importe à quelle épreuve prenaient part les 32000 personnes qui étaient là dimanche, le seul fait qu’elles aient pris la peine de s’inscrire, s’entrainer et se déplacer pour y être fait énormément plaisir. C’est dire à quel point les gens ont leur santé à cœur. Et ça, c’est tellement beau à voir… J’espère seulement que les nombreux faux-pas de l’organisation ne viendront pas décourager ces personnes et qu’elles continueront à pratiquer ce merveilleux sport, à la fois si simple et si satisfaisant.
Toutes mes félicitations à tous et à toutes !