De retour après une longue pause, conséquence d’un classique manque de temps. J’ai bien quelques articles en préparation, mais aucun de « final ». À suivre, chers lecteurs.
En attendant, comme nous sommes dans la semaine du Marathon de Boston, j’ai pensé vous faire part d’une certaine réflexion, réflexion qui a pris sa source dans une conversation à bâtons rompus avec mon partner de course. Car comme vous le savez, quand on court, on a le temps de penser (quand on est seul) et de jaser (quand on est seul ou plusieurs)…
Or donc, quand j’ai commencé à courir, il n’y avait pour ainsi dire que trois marathons au Québec : Rimouski, celui des Deux Rives à Québec et évidemment, Montréal. À l’époque, je déplorais l’absence de courses intermédiaires entre le traditionnel demi-marathon et celle que je considérais comme l’épreuve reine.
Depuis, on a vu apparaître des courses de 30 kilomètres qui permettent aux futurs marathoniens de tester leur progression ou qui peuvent servir de course de préparation aux marathoniens expérimentés. Et c’est très bien ainsi.
Par contre, à ce phénomène s’en ajoute un autre : la multiplication des marathons. Ainsi, celui de Magog a vu le jour il y a quelques années. Puis cette année naîtront deux petits nouveaux : celui de Longueuil et celui des Érables. Il y en a bien d’autres, mais je ne vais m’attarder qu’à ceux-là. Car qu’ont de commun ces marathons ? Ils ne sont pas ce que j’appelle de « vrais » marathons. Je dirais plus qu’ils sont des marathons « patentés ».
Je m’explique. Tout marathonien vous le dira, faire 42.2 kilomètres, particulièrement sur la route, c’est difficile. Surtout quand on veut « faire un temps ». Et nous passons tous à peu près par les mêmes phases : euphorie du début, première moitié qui passe plutôt bien « parce qu’on ne va pas trop vite », petit blues après le demi, les craintes qui commencent à s’installer entre les 25e et 30e kilomètres, puis… là ça dépend. Quand ça va bien, les 12-15 derniers kilomètres ne passent pas si mal: on serre les dents, on prie pour que ça tienne, on s’accroche.
Mais quand ça va mal, que les crampes s’installent, que la machine dérape, c’est à ce moment que le mental doit prendre le dessus. Et pour ça, surtout quand on n’a pas beaucoup d’expérience, on a besoin d’un environnement qui a le moindrement de l’allure.
Or, certains « marathons » sont bourrés d’allers-retours (voir le parcours du marathon des Érables ci-bas). Non mais, est-ce qu’il y a quelque chose de plus décourageant que d’avoir à se taper une loooongue ligne droite pour se rendre à un vulgaire cône orange pour avoir à revenir sur ses pas ? Qui n’a pas « rêvé » de croiser à l’aller le gars qui lui est sur son retour et avec qui on a couru durant la première partie de la course ? Lui qui a l’air tout frais alors qu’on se sent comme de la merde…
Et que dire des courses qui offrent des boucles ? Les coureurs du demi en font une, ceux du marathon en font deux (comme à Longueuil). Wow, quelle imagination !
Je comprends très bien qu’avec toute la logistique impliquée dans l’organisation d’une course sur route (sécurité, fermetures de rues, etc.), c’est plus simple d’instaurer des allers-retours et/ou faire plusieurs boucles. Mais les « vrais » marathons, eux, offrent des parcours intéressants ou à tout le moins, variés aux coureurs. Pas un collage de détours-pour-faire-la-distance, de chemins déjà parcourus et/ou d’allers-retours coupe-jambes.
Ainsi donc, ayant couru 14 marathons officiels, j’ai eu la (mal)chance de m’attaquer à 8 parcours différents. Je vous présente aujourd’hui mon palmarès d’appréciation desdits parcours.
1- Boston (2013 et 2014)
En fait, il devrait plutôt s’appeler le Marathon de la banlieue de Boston car en réalité, les coureurs ne font seulement qu’environ 2 kilomètres dans la ville même. Le départ est donné à Hopkinton et son superbe parcours traverse une pléiade d’autres charmantes petites villes du même style liées entre elles par un chemin de campagne qui nous fait remettre en question l’organisation : allons-nous vraiment à Boston ? Surtout que le voyage pour se rendre au départ en autobus jaune semble prendre une éternité…
Ondulé, très ondulé même, il en offre pour son argent au marathonien qui est forcément aguerri… car il faut se qualifier d’abord ! On y retrouve plusieurs points de repères qui sont devenus célèbres au fil des ans : le scream tunnel de Wellesley, Charles River, la caserne des pompiers de Newton, la fameuse Heartbreak Hill, etc.
En 2014, quand je suis revenu de Boston, mon patron m’a demandé si, comme je venais du Québec, je ne ressentais pas une certaine animosité de la part des gens là-bas. « Tu sais, Canadien-Boston »…
Il ne pouvait pas être plus dans le champ. Tout d’abord, à Boston, le hockey passe loin, très loin derrière le football, le baseball et le basket. Et puis, le marathon, c’est une grande fête là-bas. Alors le Canadien de Montréal, les gens s’en balancent complètement. Tout au long du parcours, on sent l’enthousiasme des spectateurs ainsi que l’hospitalité typique de la Nouvelle-Angleterre avec qui nous, les Québécois, avons beaucoup d’affinités d’ailleurs.
J’ai beau avoir souffert les deux fois que je l’ai fait et m’être promis de ne jamais y retourner, c’est un must absolu à vivre au moins une fois si on a la chance de se qualifier.
2- New York (2013)
C’est New York, oui, mais le vrai New York, pas celui qu’on montre aux touristes. Le parcours prend son envol à Staten Island et rejoint Brooklyn via le pont Verrezano-Narrows, offrant une vue spectaculaire sur Manhattan. Après Brooklyn, c’est le Queens, puis Manhattan direction Bronx par la première avenue. Les coureurs reviennent ensuite vers Manhattan pour finir le tout en beauté dans Central Park.
Tout au long du parcours, la foule est très dense. Dans le dernier kilomètre, les cris sont tout simplement assourdissants. Une expérience unique. Son coût prohibitif m’empêchera de recommencer, mais j’en garderai toujours un souvenir impérissable.
3- Ottawa (nouveau parcours, 2012 et 2014)
Le plus grand week-end de course au pays, une organisation hors pair. Quant au parcours, il amène les coureurs dans plusieurs racoins de la capitale. Quelques endroits sont plus difficiles mentalement : l’aller-retour au milieu de nulle part le long de la rivière des Outaouais, la petite virée dans Gatineau ainsi que le petit bout où les coureurs doivent partager la chaussée avec la circulation en étant protégés seulement par des cônes.
Mais le canal Rideau ainsi que le passage dans le centre-ville rattrapent le tout. Je me souviendrai toujours de la réponse de la foule quand je leur ai demandé du bruit. J’en ai encore les frissons.
4- Philadelphie (2012)
Ce parcours réussit l’exploit de nous faire oublier une ville somme toute bien ordinaire en nous montrant ses plus beaux attraits. L’aller-retour de la deuxième partie pourrait être difficile à supporter, mais la vue sur la rivière ainsi que sur les cavernes réussissent à sauver (un peu) la mise. Une arrivée devant les fameuses « marches à Rocky » agrémentée d’un high five au maire font de ce marathon une destination de choix pour l’automne.
5- Ottawa (ancien parcours, 2010)
Pas tellement différent du nouveau parcours, il avait la particularité de « perdre » les coureurs dans un endroit isolé dans les kilomètres les plus difficiles. Au 35e kilomètre, ça tombait comme des mouches. Ça prenait le retour dans le portrait du canal Rideau pour remonter le moral.
Personnellement, je m’en suis sorti, mais ce n’est pas le cas pour tous…
6- Montréal (ancien parcours, 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011)
J’ai souvent, et avec raison, déblatéré contre l’ancien parcours de notre marathon local. La première partie était plutôt bien, avec le départ sur le pont Jacques-Cartier, le tour du circuit Gilles-Villeneuve, le passage devant Habitat 67 et la traversée du Vieux.
Ça se gâchait sur Ste-Catherine avec le détour qui semblait obligé dans l’est de la ville et par un retour sur le très monotone boulevard Maisonneuve. La côte Berri suivie du parc Lafontaine et du Plateau annonçaient des kilomètres intéressants.
Erreur. Après un long faux-plat qui coupait les jambes, les coureurs devaient se taper St-Laurent dans son plus moche suivi du suprême casse-moral : la rue des Carrières, une horreur sans nom. Les survivants devaient par la suite se taper l’interminable rue Rachel qui ne donne pas sa place côté laideur elle non plus.
Le tour du parc Maisonneuve venait rattraper un peu les choses, surtout une fois que la montée Pie IX avait été complétée. Mais c’est là que j’ai cru que j’allais mourir, dans la fournaise de 2011.
L’arrivée dans le stade avait quelque chose de magique et quand ce dernier est devenu trop petit pour la taille de l’événement, le parc Maisonneuve a offert une belle alternative.
Ceci dit, le gros, gros problème à Montréal, c’est la foule : il n’y en a tout simplement pas. Pas un foutu chat pour lancer un encouragement au moment opportun. Rien. Comme si le marathon était un emmerdement pour la population. Ça faisait un peu pitié.
7- Mississauga (2011)
Départ dans une cour de centre d’achats (ça ne s’invente pas), un aller-retour dans un quartier industriel moche au possible, des détours placés çà et là pour essayer de nous faire faire la distance et tellement pas de monde que celui qui a franchi la ligne le premier avait justement court-circuité un de ces détours sans le savoir.
L’arrivée est située sur les bords du lac Ontario et s’il avait fait beau, probablement que je serais moins sévère. Mais je suis tombé sur une fin de semaine de pluie…
8- Montréal (nouveau, 2015))
Il garde les qualités de l’ancien parcours dans sa première moitié et épargne même les coureurs de la partie déprimante dans l’est de la ville.
Mais une fois la mi-parcours franchie, c’est le désastre. Un chemin de croix, un vrai de vrai, composé non pas de un, mais bien de trois allers-retours. Toujours pas un chat sur le parcours, des bands qui jouent sans conviction et qui finissent par tomber sur les nerfs…
On dirait que toute l’emphase est mise sur le demi-marathon et pour ceux qui font le marathon, hé bien il y a cette merde-là si vous y tenez tant que ça. Honnêtement, ça fait dur.
Heureusement, ceux qui s’aligneront au départ à Hopkinton lundi prochain n’auront pas à vivre ça, bien au contraire. Petit conseil: profitez de chaque instant, même si le parcours est difficile. Car c’est le plus beau marathon du monde !