C’était une belle journée

La température était fraiche, juste comme il faut. Il faisait un beau soleil et les vents étaient légers. Des conditions idéales pour la course, quoi.

J’avais perdu mon combat contre le parcours par décision partagée: au 34e kilomètre, j’avais été assailli par des crampes. Je ruminais à ça, paisiblement allongé dans le bain. Qu’est-ce que j’aurais pu faire de différent ?  Comment allais-je attaquer ce parcours accidenté la prochaine fois ?  Est-ce qu’il y aurait seulement une prochaine fois ?  J’avais déjà mon ticket pour l’année suivante, mais est-ce que ça me tentait vraiment ?

Puis LA nouvelle est arrivée à nous. Incrédulité. Stupeur. Consternation. Les images montrant l’aire d’arrivée étaient terrifiantes, d’une horreur sans nom. On venait de s’en prendre à mon sport. On venait de s’en prendre à ma communauté. J’étais passé à quelques mètres des bombes, j’aurais pu faire partie des victimes.  On nous avait attaqués. Nous, les coureurs.

Du coup, comme des millions de mes semblables à travers le monde, j’ai perdu mon innocence. Notre monde ne serait plus jamais pareil. Ha, les conversations et rigolades d’avant et d’après-course seraient toujours de mise. Après l’arrivée, je féliciterais et recevrais des félicitations de la part des autres coureurs, comme avant. Mais nous aurons toujours ÇA en arrière-pensée.

Ça s’est passé le 15 avril 2013, il y a un an. Jamais je n’oublierai.