Petites vites du début janvier

Gros mois de janvier côté course. Côté travail aussi, mais ça, c’est une autre histoire… Je vous présente aujourd’hui un petit résumé de ce qu’il a l’air jusqu’à maintenant.

« Faites attention, c’est dangereux ! » – Dimanche le 4. Un système de basse pression s’est installé sur le sud de la Belle Province (d’ailleurs, d’où vient ce pompeux surnom ?  Ceux qui le lui ont donné ne l’ont certainement pas vue à Montréal en hiver !). Le mercure oscillant autour du point de congélation, c’est sous forme de pluie verglaçante que les abondantes précipitations s’abattaient sur ses habitants.

Qu’à cela ne tienne, comme pour prouver l’adage « You Quebecers are fucking tough !», j’ai enfilé mes souliers de course et mes crampons pour ensuite m’élancer dans les rues de ma petite banlieue, rues transformées en véritables patinoires.

Les rares piétons que je croisais avançaient à pas de pingouins. Les autres qui avaient osé mettre le nez à l’extérieur essayaient soit d’arranger leur entrée de cour afin de la rendre praticable, soit de déglacer leur voiture. Sans grand succès dans les deux cas, d’ailleurs. En me voyant passer certains me souriaient, d’autres m’envoyaient la main. J’ai aussi eu droit à quelques signes « pouces levé », ce qui ne faisait que m’encourager à poursuivre.

Un monsieur, les yeux exorbités, s’est mis à alterner frénétiquement la direction de son regard entre le sol et moi. Puis il m’a lancé, complètement affolé : « Faites attention, c’est DANGEREUX !!! ». Et moi de lui répondre en riant : « Je ne suis même pas encore tombé ! ». Ça faisait 17 kilomètres que je courais là-dessus, j’avais une légère idée à quel point c’était glissant, mettons. Je pense que j’ai ri pendant 10 minutes. Et je ne me suis jamais retrouvé sur mon postérieur.

Le tapis (bis) – Dans les heures qui ont suivi, le mercure est tombé en chute libre, perdant une vingtaine de degrés au passage. Comme pour ajouter à mon « malheur » de coureur, j’ai dû me rendre à Baie-Comeau pour le travail. Durant la journée, alors que nous étions en installation, il faisait un beau soleil et le temps était sec. Froid, très froid même, mais sec.

Le soir venu toutefois, le vent s’est mis à souffler. -24 degrés, -35 de refroidissement éolien, tout ça aggravé par une merveilleuse humidité provenant du fleuve. Aller courir le soir, dans une ville que je ne connais pas, dans telles conditions ?  Ça a beau être contre mes principes, mais quand j’ai vu que l’hôtel avait un petit gym (c’est en fait une ancienne chambre dans laquelle ils ont pitché 3-4 appareils de torture autant mentale que physique), je me suis dit que ça ferait l’affaire. Une fois n’est pas coutume.

Comme je déteste les tapis roulants, je ne me faisais pas trop d’illusions. Mais au final, je me suis tapé quelques intervalles, ce que je n’aurais pas pu faire dehors. Sauf que maudit que c’est plate, courir sur un tapis !  Ce n’est pas normal d’avoir besoin d’une télé pour se distraire quand on fait du sport.  À tous ceux qui s’astreignent à cette tâche régulièrement, chapeau bien bas.

Le Grand défi – Souper avec un couple d’amis et leurs enfants samedi le 10. Nathalie, enseignante au secondaire, m’avait averti : « Je vais avoir un grand service à te demander. »  Je me demandais bien ce que je pourrais faire pour elle.

Toujours impliquée dans son école, elle et un de ses collègues se sont lancés dans l’aventure de motiver et d’entrainer un groupe d’élèves en vue du Grand Défi Pierre Lavoie – la course au secondaire, course qui consiste à courir pendant 30 heures à relais, sans arrêt.

En début de projet, ils discutaient ensemble et mon « cas » est venu sur le sujet, Nathalie me présentant comme le parrain de sa fille, un gars qui « court beaucoup », glissant au passage une course que j’avais faite dans les sentiers à Bromont. Son collègue, qui avait pris part à la course de 12 km cette fin de semaine-là, de demander : « Frédéric Giguère ?  Tu connais Frédéric Giguère ?!? ». Hein, il y a quelqu’un qui me connaît ?!?  Je veux dire, à part dans le milieu des freaks en mon genre, il y a vraiment du monde normal qui me connaît ?  Le pire, c’est que mon amie, bien qu’on se connaisse depuis une vingtaine d’années, n’était même pas certaine de mon nom de famille !  🙂

Arrive le service qu’elle voulait me demander. Serais-je disponible pour les aider ?  Bien sûr. Pour faire quoi au juste ?  Parler aux étudiants, les motiver, courir avec eux…

Bon, pour ce qui est de parler, surtout si c’est devant un groupe de façon formelle, je vais laisser ça à quelqu’un qui est meilleur que moi là-dedans… comme dans la course d’ailleurs (Joan, c’est de toi que je parle; si tu n’as pas été contacté par un certain Éric, ça ne saurait tarder). Mais courir avec eux pour les motiver les soirs de semaine ou les samedis ?  N’importe quand !

J’attends donc la suite des choses. Contribuer à faire bouger nos jeunes, ce ne sera pas qu’un plaisir, ce sera un honneur. Et tant qu’à y être, les accompagner lors du défi ?  Je ne dis certainement pas non.

Les deux ordis – Dimanche le 11, 18h50. Dans à peine 10 minutes allaient ouvrir la deuxième vague d’inscriptions en vue du Vermont 100, le seul grand 100 miles de l’est du continent. Ignorant combien de places étaient disponibles suite à la première vague à laquelle je n’avais pas accès, j’étais prêt: non seulement l’Internet Explorer de mon ordinateur personnel était déjà à la bonne page, celui de mon ordinateur de bureau y était également, au cas où mon débile léger choisisse ce moment précis pour faire des siennes. Je ne voulais pas prendre de chance.

Après avoir cliqué à répétition sur le bouton « Rafraîchir » à l’approche de l’heure H, j’ai remarqué un changement sur la page d’inscriptions. Enfin !

Déception : les inscriptions n’étaient ouvertes que pour la liste d’attente. Ils avaient rempli le contingent de coureurs juste avec les privilégiés de la première vague ?  Shit…

C’est donc à contrecœur que je me suis mis à remplir le formulaire, question d’au moins inscrire mon nom en haut de la liste d’attente. Puis, avant de confirmer le tout (je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça), je me suis tourné vers l’autre ordi pour faire un autre « Rafraîchir ». Et miracle, les inscriptions pour la course étaient ouvertes !!!

Ne comprenant pas trop de quoi il en retournait, je me suis empressé de remplir les petites cases. Mon cœur battait la chamade  et sur le coup, je me suis vraiment senti niaiseux de m’énerver autant juste à l’idée de participer à une course. C’est que j’y tenais vraiment. Mais bout de viarge, c’était juste une course !

Puis, quand j’ai fait « Checkout », c’était confirmé : j’étais inscrit.

Pour la petite histoire, il y a eu un problème avec le système à l’heure où les inscriptions ont été ouvertes, ce qui explique les bizarreries du début. L’organisation s’en est d’ailleurs excusée. Mais le plus important est qu’à 4 heures du matin le 18 juillet prochain, je serai quelque part dans un trou perdu du Vermont, avec 300 de mes congénères. Et jamais je ne souhaiterai être ailleurs à ce moment-là.

Le Dow Jones – Ça fait des années que je ne suis plus la bourse. Mais lundi le 12, j’ai fait une exception. La raison ?  Ma participation à un autre 100 miles prestigieux, le Massanutten Mountain Trails 100, en dépendait.

Quel rapport vous demandez ?  C’est que le processus de sélection du contingent de coureurs pouvant participer à cette épreuve est assez particulier. Ne voulant pas soumettre ces pauvres petites bêtes au stress d’une inscription de type « premier arrivé – premier servi » comme le Vermont 100, l’organisation utilise le principe d’une loterie.

Sauf qu’au lieu de piger les noms des 208 chanceux en faisant un tirage classique, ils procèdent autrement. Ainsi, les fêlés comme moi qui désirent prendre part à cette épreuve ont quelques jours en début janvier pour signifier leur intention. Quand ils le font, ils reçoivent un numéro à 3 chiffres généré aléatoirement, numéro qui sera utilisé pour décider s’ils sont « gagnants » à la loterie ou pas.

Et comment se fait le « tirage » ?   En se basant sur les trois derniers chiffres de l’indice Dow Jones à la clôture des marchés, le 12 janvier. Ce numéro donnait le point de départ où on commençait à sélectionner les participants à partir de la liste des inscrits. En se basant sur d’autres variables, comme si lesdits 3 derniers chiffres ont été attribués ou pas et si le marché était à la hausse ou la baisse, l’organisation sélectionnait les 208 personnes autorisées à s’inscrire officiellement. Les autres se retrouvaient sur la liste d’attente, selon un autre système de priorités.

Compliqué ?  Un peu. Si vous voulez les détails, ils sont expliqués ici. Mais au final, j’ai eu le bonheur de constater que je fais partie de la liste des heureux élus, tout comme mes compagnons Joan, Pierre, Pat et Denis. Et je compte bien me prévaloir de ce privilège le 1er février prochain, lors de l’inscription officielle.

J’ai donc deux 100 miles officiellement inscrits à mon calendrier, moi qui doutais de mes capacités à en faire un il n’y a même pas un an de ça. Va falloir que je me mette à faire un petit peu de dénivelés d’ici là, je pense… 🙂

Ça fait du bien !

Un redoux accompagné de pluie était prévu. J’étais heureux comme un enfant la veille de Noël: j’allais enfin pouvoir courir sur l’asphalte !  Erreur: la merveilleuse version verglaçante de la pluie était tombée une partie de la nuit, transformant les rues en véritables patinoires.

Je me suis quand même essayé, au cas où. Par bonheur, des abrasifs avaient été épandus à certains endroits, dont sur la piste cyclable longeant le fleuve. J’ai donc pu m’en donner à cœur joie, malgré la quantité infinie de mares d’eau qui me forçaient souvent à l’arrêt. Mais entre deux lacs, j’y allais à fond. Ok, j’en ai définitivement perdu côté vitesse, mais Bon Dieu que ça fait du bien !

On en profite pendant que ça passe…

De la cr… de m… !

Je m’étais pourtant promis que cette année, je m’adapterais sans broncher. Que j’allais prendre ce que la nature nous donnerait et ferait avec. Un peu comme on s’adapte et on accepte les différentes conditions qu’on doit affronter durant un ultra. Je me disais que cette année, l’hiver m’aiderait à forger mon caractère, me permettrait de monter ma résilience d’une ou deux coches.

Jusqu’à maintenant, je pense que j’avais bien fait ça. La neige du pont de la Concorde, la slush en descendant Jacques-Cartier, le froid. J’avais même fait une longue sortie dans la tempête dimanche dernier et un 16 km dans la boucle du sommet du Mont Royal jeudi. Tout ça avec le sourire.

C’était avant cette maudite dépression en provenance du Texas. Comme si ce n’était pas suffisant de nous avoir fait endurer un président nul pendant 8 ans, il fallait qu’en plus, les Texans nous envoient leur cr… de m… !  On leur a fait quoi, à ce monde-là pour qu’ils nous haïssent comme ça ?

Toujours est-il que depuis vendredi, il tombe un joyeux cocktail de précipitations sur le sud de Québec. Grésil, verglas, un peu de neige perdue à travers tout ça. Il fait -7 degrés le jour comme la nuit et il vente à écorner les boeufs. La conséquence: les rues sont dans un état lamentable.

Évidemment, le beau tata que je suis a voulu courir quand même hier. Il voulait faire de l’intensité en plus. Ben oui, toi… Je suis parti avec mes crampons, me disant que ce ne serait pas si mal. Erreur. La surface de course était la pire qu’un coureur puisse affronter: ce que j’appelle la cassonade. Vous savez, un mélange granuleux brunâtre dans lequel le pied s’enfonce, glisse et ne trouve aucune espèce de traction ?  Ben c’était ça. Les crampons étaient totalement inutiles, je pense même qu’ils me nuisaient plus qu’autre chose.

Après quelques kilomètres, j’ai décidé de les retirer. Ça ne changeait effectivement pas grand chose de les avoir ou non. Sauf que ça prend de la place dans les poches d’un coupe-vent, ces machins-là… Donc, retour à la maison où Barbara m’a accueille avec un « Déjà ? ». Voyant moins air de beu, elle a vite compris que je n’avais pas respecté ma belle promesse de garder une attitude positive envers la saison maudite.

Peu de temps après être reparti, une douleur à la fesse droite est apparue. À force de « twister » à cause de la cr… de cassonade, mon muscle fessier s’était trop contracté et coinçait maintenant mon sciatique. Calv… !

Bien sûr, en tant que tata, j’ai continué en me disant que ça allait passer. Ben oui chose ! Je me suis mis à arrêter à tout bout de champ, essayant tant bien que mal de m’étirer. Vu que l’étirement pour le sciatique se fait couché et qu’il faisait froid, venteux et qu’il y avait des millions de centimètres de neige au sol, pas question de m’étendre par terre. Je n’ai jamais trouvé une autre façon qui « faisait la job », comme on dit.

En plus, je ne sais pas pourquoi, mais on dirait que les automobilistes perdent une partie de leur cerveau quand il fait mauvais. Certains s’arrêtent en plein milieu de la rue, prenant bien soin de ne pas actionner le moindre feu clignotant pour indiquer leurs intentions. Tu fais quoi, du con ? Ton char prend toute la place !!!  D’autres choisissent ce moment pour avancer à 15 km/h. Donc, quand on se tasse sur le côté pour les laisser passer, ils prennent une éternité à le faire, nous faisant ainsi profiter le plus longtemps possible de la partie la plus épaisse de la m… qui couvre la rue. Pas de quoi améliorer mon humeur.

J’ai fini pas faire 15 kilomètres, en bougonnant. Depuis ce temps, à part pelleter (et chiâler), je passe mon temps à étirer mon fessier, dans l’espoir qu’il finisse par laisser mon sciatique tranquille. Pas question de courir avant que cette douleur disparaisse. De toute façon, avec la cr… de m… qui recouvre encore les rues… D’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, j’entends encore le grésil qui frappe dans les fenêtres. C’est vraiment la joie.

Non mais, ils sont où les Noëls de notre enfance où il n’y avait pas de neige et qu’il pleuvait de la vraie pluie ?  😉