Il me semble que ça fait longtemps que je n’ai pas bougonné un peu, je pense que ça me ferait du bien. Alors pourquoi ne pas en profiter pour parler de celui que je me plais à détester et qui pourtant, a (avait) réussi à m’attirer à chaque année ? J’ai nommé le marathon de Montréal.
Pourquoi entretiens-je donc ce rapport complexe avec cet événement ? Tout d’abord, j’y ai vécu mes plus fortes émotions en tant que coureur: c’est là que je suis devenu un marathonien, en ce merveilleux jour de septembre 2007. Par une journée splendide, j’ai sagement suivi un très sympathique jeune homme nommé David Le Porho qui agissait en tant que lapin de 3h45. Je n’oublierai jamais le fameux dernier kilomètre, l’arrivée au stade olympique, l’émotion de mes proches quand je les ai rejoints. Et le sourire de David, dont je suis la carrière depuis. Saviez-vous qu’il est le champion du monde de course en raquettes ?
C’est aussi sur ce diabolique parcours que j’ai vécu mes pires souffrances. Trop confiant en 2008, pas assez entrainé, j’ai visé 3h30 en ne tenant pas compte du temps qui était en mode « étuveuse » (pas comme aujourd’hui, mais bon…). Et j’ai vécu l’enfer. Décroché au kilomètre 27, les crampes à répétition un kilomètre plus loin. Réduit à la marche, j’ai terminé de peine et misère en 3h56. En 2011, j’ai vécu un peu la même chose, mon expérience m’aidant toutefois à limiter les dégâts (3h23 alors que je visais 3h15).
Le principal défaut de ce marathon était alors son parcours, ennuyeux, laid au possible et désert dans les bouts stratégiques. Maintenant qu’il a été changé, de quoi je me plaindrais ?
Hé bien voilà. Pour la première fois cette année, le marathon et le demi partiront en même temps et sur le même parcours. L’an passé, il y avait près de 10000 coureurs pour les deux épreuves réunies. Avec le groupe Rock ‘n’ Roll qui a repris l’organisation, il y en aura au moins 12000 cette année. Et tout ce beau monde partira du même endroit, le pont Jacques-Cartier, et entrera dans le parc Jean-Drapeau par l’île Ste-Hélène. Le groupe Rock ‘n’ Roll est réputé pour faire d’excellentes organisations, mais s’est également royalement planté à Las Vegas, alors rien n’est garanti.
Et c’est à croire que les organisateurs n’ont pas regardé le parcours… Même avec 2700 coureurs expérimentés, le goulot d’étranglement (il y a un îlot directionnel environ 500 mètres après de départ) que représente l’entrée à l’île Ste-Hélène était un irritant. Je n’ose même pas penser ce que ce sera à 12000 coureurs. Et ça, c’est sans compter les (probablement très) nombreux retardataires qui remonteront en sens inverse pour aller prendre le départ et qui seront dans le chemin. Voyez-vous plusieurs ne tiendront pas compte que le métro sera très plein, que la station est petite et située à environ 1.5 km du départ, que le départ sera donné relativement tôt, etc. C’est la même chose à chaque année…
Bref, quelqu’un qui “vise un temps” risque de perdre 1 ou même 2 minutes dès le départ, dans la seule véritable descente du parcours. Sans compter que ladite descente est toute cabossée et que si on ne regarde pas où on met les pieds, une cheville peut s’y tordre très facilement. Dans le genre partir du mauvais pied… Enfin, il parait qu’il y aura des départs par vagues. On verra bien.
Ceci dit, la grande, très grande amélioration vient de la qualité du parcours pour le demi. Au lieu de se taper grosso modo la pire partie de l’ancien marathon, les gens du demi vont parcourir sa meilleure partie, c’est-à-dire le parc Jean-Drapeau, avec le tour du circuit Gilles-Villeneuve, le pont de la Concorde avec vues sur la ville et Habitat 67, le Vieux Port, la Place Jacques-Cartier et pas très loin, l’arrivée au parc Lafontaine. Je le recommanderais fortement à quelqu’un qui veut faire son premier demi ou qui ne se soucie pas de la performance. Mais attention: la fameuse côte Berri attend tout le monde au kilomètre 19 (au lieu du kilomètre 4 pour l’ancienne version du demi), soyez vigilants ! 🙂 Et dépêchez-vous, il semblerait que les places commencent déjà à se faire rares…
En ce qui concerne le nouveau parcours du marathon, une fois rendus au parc Lafontaine, les coureurs vont devoir se taper de longs, difficiles et ennuyeux allers-retours sur des boulevards. Mieux qu’avant ? Peut-être, mais vraiment pas certain. Et arriver dans l’anonymat au beau milieu d’un parc Lafontaine rempli à craquer ? Pas sûr… Il faudrait que j’essaie pour être convaincu, mais bon, j’ai autre chose au programme ! 🙂 Comme j’ai le Vermont 50 la semaine suivante, j’aimerais beaucoup accompagner mon ami d’enfance Sylvain qui ferait son premier demi, mais il n’est pas encore décidé. Problèmes de mollet, de genou, de hanche. On ne rajeunit pas, hein ? 🙂
Ha, une dernière chose en terminant: Oasis sera encore commanditaire de l’événement. Alors coureurs, amenez votre propre Gatorade parce qu’il n’y en n’aura probablement pas sur le parcours. Je serais prêt à gager un petit 10$ que ce sera encore du merveilleux “jus” qui sera offert aux coureurs… Dans le genre faire amateurs…
Demain matin, essai au Mont Royal dans l’humidité. Si j’en sors vivant, je vous en reparle.