Dimanche 24 juin au matin. Il est 7h30 et au lieu de me remettre d’une beuverie comme plusieurs de mes compatriotes, je suis dans le parking du parc du mont Arthabaska à faire mes échauffements d’avant-course.
Le mont Arthabaska, c’est le nouveau nom de notre bon vieux mont St-Michel de notre adolescence. Probablement qu’ils lui ont donné ce nom lorsque la « grande » ville de Victoriaville a avalé sa petite voisine Arthabaska. Un prix de consolation, en quelque sorte. À 15-16 ans, je m’amusais à me rendre à sa croix avec mon super-vélo à 18 vitesses (18 vitesses, incroyable !!!). À 17-18 ans, il m’est arrivé de m’y rendre, le soir en voiture, avec celle qui allait devenir mon épouse. Hé là les esprits tordus, on y allait pour admirer les lumières de la ville, pas pour faire autre chose (hum hum) !
Disons que l’endroit a changé depuis. La croix est toujours là, mais c’est à peu près tout ce qui reste de mes souvenirs. Le stationnement a été agrandi, un joli bistrot a été construit et un grand belvédère aussi. Et surtout, un grand parc avec sentiers pédestres et pour vélos de montagne a été aménagé. On y retrouve également trois « trous » de disc-golf. L’endroit idéal pour tester mes nouveaux souliers de trail d’un merveilleux rouge-orange flashant.
Au début, je voulais faire une partie du « Sentier des trotteurs », qui relie le mont au petit village de Ste-Hélène de Chester, 26 km plus loin. Avec 24 km au programme, je me disais que je me rendrais environ à la moitié, puis reviendrais sur mes pas. Un coup d’oeil rapide sur la carte et me voilà parti.
J’ai beau tourner en rond, je ne trouve pas le foutu sentier. Les indications ne sont pas vraiment claires et j’aboutis dans un champ de vaches. Un vrai champ de vaches, avec Béatrice (je trouvais que ça lui allait bien comme nom, alors c’est celui que je lui ai donné) qui me regarde ayant l’air de se dire: « Bon, encore un autre perdu… ». Pas trop énervée, la madame…
Je regarde au loin, vers la clôture, s’il n’y aurait pas une indication quelconque, mais rien. Pour en avoir le coeur net, je commence à dévaler la pente du champ encore tout détrempé de la rosée du matin. Et au lieu d’éviter les roches et les racines, mon attention se porte plutôt sur les copieux dépôts laissés par Béatrice et ses congénères. Si je veux que mes souliers gardent leur merveilleuse couleur…
Arrivé en bas, je dois me rendre à l’évidence: je me suis gouré. Rebrousse chemin, essaie d’autres sentiers, rien à faire. Et en plus, il y a le maudit gueling-gueling de mon trousseau de clés que j’ai oublié dans mon Camelbak qui commence à me tomber sur les rognons. Ha non, il fait beau, pas encore vraiment chaud, je ne vais tout de même pas commencer à m’énerver parce que je ne trouve pas un petit maudit sentier et que mon giga-trousseau de clés n’arrête pas de sautiller dans mon Camelbak !
Donc, retour au parking, question de laisser ce poids inutile (et ce bruit !) dans l’auto et de regarder plus sérieusement la carte. Non mais, de quoi je vais avoir l’air si je raconte que je n’ai pas trouvé un sentier, moi là ?
Bon, étude plus approfondie de la carte… Tu suis la piste de vélo numéro 22 et quand tu croiseras la 25, le Sentier des trotteurs sera tout près. Tu n’es pas assez nono pour le manquer, il me semble…
Me voilà donc reparti, mais j’ai “déjà” 7 km au compteur (les kilomètres prennent pas mal plus de temps en sentier). Oups, c’est que la piste en question est cotée “difficile” pour le vélo… C’est donc très technique, ce qui n’est vraiment pas mauvais pour moi. Ça tourne dans tous les sens, c’est rempli de roches et de toutes sortes d’obstacles. Dur pour les jambes vous dites ? Finalement, je vois une petite indication pour la piste 25, j’ouvre grand les yeux pour ne pas manquer mon sentier… qui est finalement impossible à manquer: la pancarte doit bien faire 3 pieds de large par 1 pied de haut ! Enfin !
Je me dirige donc vers la terre promise. Après un beau petit bout, ça va mal: le sentier est à flanc de montagne, je dois donc courir les pieds penchés. Pas bon pour mes chevilles, ça… Puis j’aboutis dans un autre champ que les indications m’incitent à traverser EN LONGEANT LA CLÔTURE. Pourquoi donc ? Ça dérange qui si je vais dans le champ ? Béatrice ? Enfin…
J’arrive à un chemin asphalté que je dois suivre sur 1 km. Ouin, bon, je voulais faire de la trail moi… Bah, ça va être bon pour ma moyenne ! 😉 Sur le chemin, j’aperçois un chevreuil dans un autre champ. Il s’arrête, me jauge un peu, puis détale dès que je fais mine de bouger. Quelle belle bête… Après le kilomètre promis, je prends un petit chemin de terre sur une propriété privée, puis arrive dans le bois. Déception: le “fameux” sentier est très peu utilisé et envahi d’herbe longue. Et cette herbe est toute détrempée. Je me dis qu’il faut bien que je m’habitue à ça, mais j’ai plus l’impression de faire du travail de friche qu’autre chose et je décide de rebrousser chemin. Dommage…
Ho, je ne m’en étais pas trop rendu compte, mais ça faisait un bout que je descendais… Et ce qui descend, remonte (en trail, en tout cas). Aille, mes jambes commencent à faire mal et mon coeur veut sortir de ma poitrine. Je finis par revenir de peine et misère au parc et commence à en faire le tour, dans tous les sens. J’aurais préféré le plan original, mais bon…
Finalement, c’est très bien comme endroit pour l’entrainement. Très côteux, technique à souhait, disons que mes jambes demandaient grâce à la fin. Je me demande bien ce que des experts en penseraient… S’il y en a qui lisent ceci et qui connaissent l’endroit, ne vous gênez pas, ça me donnerait une idée.
Petite anecdote en terminant. Quand j’ai fini par finir de m’entrainer, je me suis installé près de la terrasse du bistrot pour faire mes étirements. Tout près de moi, un groupe de “bikers” dans la cinquantaine qui prenaient un drink, fumaient et parlaient fort pendant que je mangeais ma barre énergétique et buvais mon Gatorade. J’ai trouvé ça un peu surréaliste comme situation: j’avais l’impression que quelqu’un n’était pas à sa place, mais je ne savais pas trop qui. Vraiment bizarre …