Mais comment font-ils (bis) ?

Au cours de mes premières années dans le merveilleux monde de la course, au lendemain d’une compétition, je me garrochais sur SportStats.ca pour aller voir les résultats. Bah, j’avoue que je le fais encore, mais là n’est pas mon point.

Après quelques visites sur ce site, j’ai vite constaté que des noms revenaient souvent. Ceux qui m’ont frappé dès le début: Terry Gehl et Myriam Grenon. Bien que loin de l’élite mondiale, ces deux-là se classaient presque toujours parmi les premiers lors de courses organisées au Québec. De plus, Terry faisait régulièrement des excursions hors-Québec. Au-delà de leurs performances, ce qui me fascinait le plus était la quantité phénoménale de compétitions auxquelles ils participaient à chaque année: autour de la vingtaine pour Myriam, plus de 30 pour Terry. Je ne cessais de me demander: comment font-ils ?

Surtout que quelques recherches m’ont démontré qu’ils ne sont pas des coureurs professionnels, ils ont des emplois et des obligations familiales comme tout le monde. Comment trouvaient-ils le temps pour s’entrainer, avoir une vie “normale” ET faire autant des compétitions ?  À cette époque, je faisais trois courses par année et je trouvais que je négligeais pas mal l’entretien de la maison… Comment pouvaient-ils y arriver en compétionnant 10 fois plus que moi  ?  Mystère…

Puis la folie s’est emparée de moi et je me suis lancé dans les ultramarathons. Ça voulait dire encore plus d’entrainement, encore moins de temps pour faire le nécessaire à la maison. Heureusement, mes horaires de travail sont flexibles et je cours souvent pour aller ou revenir du travail. Cette année, ça me fera un total de 6 courses auxquelles j’aurai pris part et je ne me vois pas en faire beaucoup plus.

Surtout qu’il faut théoriquement récupérer entre chaque épreuve. La règle du pouce est de se laisser un jour de récupération par mille parcouru en compétition. Ça ne veut pas dire de rester à ne rien faire, mais bien d’y aller relaxe pendant ces journées. Ainsi donc, grosso modo, pour un 10 km, ce serait une semaine de récupération; pour un demi, 2 deux semaines et pour un marathon, un mois. Selon la même logique, pour un 50 milles, ce serait… 7 semaines !

Il va sans dire que je ne respecterai cette règle en vue de Philadelphie. Et que les personnes citées plus haut ne la respectent généralement pas non plus. Sauf qu’il y a pire. Bien pire…

Premier “cas”: Sébastien Roulier, celui qui a terminé deuxième au Vermont 50. Pédiatre à Sherbrooke, il doit donc être légèrement occupé par son travail, non ? Pourtant, j’ai compté une quinzaine de courses dans son calendrier cette année. Et pas les moindres. En plus de 6 marathons, il s’est tapé trois courses de 50 milles et quelques autres courses en trail. Sans compter une course de 30 km qu’il a remportée… alors qu’il poussait son enfant dans un baby-jogger !  Imaginez: quatre petites semaines après le Vermont 50, il s’est fait le difficile marathon de Magog pleins gaz (2h42, un temps semblable à ce qu’il avait fait à Ottawa en mai) puis moins d’une semaine plus tard, a terminé 3e au Stone Cat Ale 50-miler dans le Massachusetts…  Bonjour la récupération.

Deuxième “cas”: Debbie Livingston, la fille avec qui j’ai joué au yo-yo autour du 35-40e mille au Vermont. Celle-là se spécialise dans les ultras. Et elle en gagne souvent (elle m’a raconté par après avoir été déçue de son temps au Vermont 50 !). Son calendrier de l’année:

Pinhoti 100M  AL 20 4 23:25:10 Nov 3, 2012
Monroe Dunbar Brook Trail 10M  MA 16 2 1:38:28 Oct 7, 2012
VASS Vermont 50M  VT 42 4 8:43:18 Sep 30, 2012
Vermont 100M  VT 22 3 19:20:27 Jul 21, 2012
Laurel Highlands 70M  PA 4 1 13:34:12 Jun 9, 2012
Zane Grey 50M  AZ 21 5 11:18:23 Apr 21, 2012
TARC Spring Thaw 6 Hour 6HRS  MA 4 1 33.5 Mar 18, 2012

Ok, il n’y a pas un nombre effarent d’épreuves. Mais j’ai trouvé des résultats seulement sur Ultra Signup, il y en a probablement ailleurs. Pour le reste, vous avez bien lu: alors que je me demande si j’aurai vraiment récupéré du Vermont 50 pour Philadelphie dans 11 jours, elle s’est tapé un 100 milles en Alabama la fin de semaine passée !  Sans compter le Vermont 100 et les autres courses de 50 milles ou plus… Et ce n’est pas parce qu’elle ne fait que ça dans la vie: elle est mariée et maman de jeunes enfants de 3 et 6 ans…

Troisième « cas » et non le moindre: David Le Porho, celui qui avait agi comme « mon » lapin lors de mon premier marathon. En tout, plus de 30 courses cette année. Il a commencé par des courses en raquettes (il est double champion du monde de la discipline), puis a enfilé toutes les distances, du 5 km au 100 km, sur toutes les surfaces. Une vraie machine… fort sympathique par ailleurs !  Son 100 km, il l’a fait le même jour que le Vermont 50 et il sera à Philadelphie comme moi. Mais bien évidemment, contrairement à moi, il aura fait quelques courses entre les deux…

Je n’en reviens pas…  Comment font-ils ?  Et en plus, pour faire un ultra, ça prend du temps et de l’argent. Il faut se rendre sur place (et c’est habituellement loin), avoir un endroit pour dormir. Ce n’est pas strictement essentiel, mais disons aussi que le soutien d’une ou plusieurs autre(s) personne(s) est fort apprécié, donc des frais supplémentaires et surtout, du temps pour ces gens si gentils qui nous accompagnent. Il y a aussi les frais d’inscription qui sont les mêmes pour tous car à ce que je sache, il n’y a pas vraiment d’élite en ultras (quoi que je crois que Davis a été invité par l’organisation pour son 100 km…), vu il n’y a généralement pas assez de concurrents et de commanditaires pour “absorber” leurs frais.

Bref, je lève mon chapeau à ces personnes qui réussissent ce qui est pour moi un double exploit: compétitionner sur une base (très) régulière à un (très) haut niveau ET réussir à concilier le tout avec la vie quotidienne. S’il y a un truc, j’aimerais bien le connaitre…

Annulation du Marathon de New York: la bonne décision

La nouvelle est arrivée en fin d’après-midi vendredi. Après des jours à répéter que le marathon aurait bel et bien lieu malgré les dégâts causés par l’ouragan Sandy, le maire de New York Michael Bloomberg a finalement cédé aux pressions qui venaient de partout et a annulé l’événement, une première depuis sa création en 1970.

La tempête ayant frappé la région lundi , le maire et les organisateurs croyaient que la ville aurait repris ses esprits deux ou trois jours plus tard au maximum et que l’événement ferait office de symbole: il permettrait à tous de faire un pied-de-nez à Dame Nature et montrerait que New York est capable de se remettre sur ses pieds rapidement. Aussi, le marathon génère des retombées économiques substantielles qui auraient été bienvenues dans les circonstances.

Malheureusement, vendredi en fin de journée, des milliers de foyers étaient encore et toujours privés d’eau et d’électricité. Et la grogne commençait à s’intensifier par rapport à la tenue de l’épreuve. En effet, le marathon demande une logistique impressionnante (policiers, transport, etc.) et il aurait été tout simplement indécent d’utiliser ces ressources pour une course alors que des gens sont encore dans le besoin. Et c’est sans compter le fait que le départ est traditionnellement donné à Staten Island, le coin le plus touché par l’ouragan.

Certains ont proposé de retarder le tout d’une semaine ou deux, mais on ne parle pas ici d’une partie de football qui se joue dans un endroit précis. On parle d’une course qui se déroule dans les rues de la ville, qui s’étend sur 42.2 km. On parle de 47000 coureurs qui vont faire la distance (ils font tous le marathon, contrairement à ce qu’on est habitué de voir au Canada où plusieurs épreuves se déroulent en même temps) avec tout ce que ça implique: fermetures de rues, points d’eau, bénévoles, chapiteaux, nourriture, toilettes, etc. La plupart des gens impliqués, que ce soit les coureurs ou les bénévoles, avaient arrangé leur horaire pour être disponibles ce jour-là et c’est tout. Combien de participants venaient de l’étranger ou à tout le moins, de l’extérieur de la ville ?  La très grande majorité, et pour eux, revenir plus tard était fort probablement impossible.

En tant que coureur, j’étais évidemment déchiré quant à savoir si le tout devait avoir lieu. Pour moi, le sport est une grande distraction, un superflu tellement nécesaire à la vie. Et comme le maire bloomberg, j’adhérais à la thèse du symbole. Je croyais que le marathon enverrait une bouffée d’air frais à une ville qui en avait grand besoin. De plus, je pensais aux mois d’entrainement perdus, aux sacrifices pour se retrouver le bec à l’eau.

Puis je me suis mis à penser à comment je me serais senti si j’avais été là. J’aurais été bien installé dans ma chambre d’hôtel et une chose m’aurais frappé au visage: j’aurais pris la place de gens que la tempête avait foutus dehors de chez eux. Je n’aurais jamais été capable de vivre avec ce sentiment de culpabilité. Pour participer à une simple course, j’aurais occupé une chambre que d’autres personnes auraient eu besoin pas mal plus que moi. Dès lors, il n’y avait plus aucun doute dans mon esprit: la décision prise était la bonne.

Ceci dit, elle est survenue trop tard. Je comprends que le maire et les organisateurs ont misé sur un rapide retour à la normale qui ne s’est pas concrétisé. Ils auraient été fortement critiqués s’ils avaient décidé de tout annuler dès lundi et que les services à la population étaient revenus en totalité mardi ou mercredi. Ils ont cru que le temps jouerait en leur faveur, mais ils se sont trompés. Ce sont des choses qui arrivent.

Le principal problème rattaché au fait que l’annulation ait été confirmée si tard est que la plupart des participants venant de l’extérieur étaient déjà arrivés. Certains avaient même déjà récupéré leur dossard. Moi-même, si j’avais été inscrit, j’aurais au moins été en route, mais probablement que j’aurais déjà été rendu sur place. Pour tous ces gens, ça signifie bien des dépenses qu’ils auraient pu éviter s’ils avaient été avertis plus tôt. Et bien des chambres d’hôtel ont été occupées inutilement par des personnes qui n’en avaient pas réellement besoin…

Je voudrais ici souligner le geste que les Steelers de Pittsburgh de la NFL ont posé. Leur match contre les Giants de New Tork (le stade est situé dans le New Jersey) avait lieu cet après-midi à 16h. Habituellement, les équipes visiteuses arrivent dans la ville où elle sont supposées jouer la veille du match. Les Steelers quant à eux, pour ne pas occuper des chambres d’hôtel, sont arrivés au New Jersey ce matin. C’était très délicat de leur part.

Toute cette histoire pourrait bien avoir des conséquences pour quelques années. Et ça pourrait même changer mon calendrier de courses pour l’année prochaine. En effet, au lieu de fonctionner par « premier arrivé, premier servi » le Marathon de New York effectue un tirage au sort pour « remplir » son événement. Comme je n’avais pas été « pigé » lors des tirages des trois dernières, j’étais supposé être automatiquement admis pour l’événement de 2013. Or, à ce que j’ai compris, tous ceux qui étaient inscrits cette année auront l’option de participer l’an prochain, réduisant de beaucoup la possibilité d’admission de nouveaux participants.

Je devine donc que les chances sont bonnes pour que je ne puisse pas faire partie de la fête l’an prochain et devrai attendre en 2014. Je suis allé voir sur le site Web et il n’y a pas encore de renseigenements à ce sujet. C’est bien normal, ce n’est pas si urgent… Barbara de son côté a entrepris des recherches afin de trouver une épreuve de remplacement pour novembre/décembre 2013. Pas facile de dénicher quelque chose d’aussi intéressant et aussi proche de chez nous… Philadelphie est une bonne option, mais je le fais déjà cette année. Donc, histoire à suivre.

Bien des points positifs et quelques suggestions

Vu que ça en est rendu une habitude, pourquoi pas un petit tour d’horizon sur ma dernière course, le tout jeune Marathon de Magog ?

Comme j’en ai glissé un mot dans mon dernier article, je dois avouer que j’ai été agréablement surpris par la qualité de l’organisation de l’événement. Si on veut comparer avec une épreuve du même genre, les organisateurs n’ont rien à envier à ceux du Tour du Lac Brome.

Originalement, je craignais un embouteillage pour les stationnements et un service de navettes ne suffisant pas à la tâche. Mes craintes ne se sont pas concrétisées. Aussi, comme le parcours empruntait des routes ouvertes à la circulation, on aurait pu avoir des problèmes de ce côté également. Hé bien non, je me dois de souligner l’excellent travail des policiers affectés au contrôle de la circulation automobile. Ils donnaient toujours la priorité aux coureurs et jamais nous n’avons été embêtés par des conducteurs impatients ou tout simplement inconscients.

Autre signal « pouce levé »: les points d’eau. Ils étaient très nombreux et les bénévoles qui y étaient affectés accomplissaient leurs tâches avec un bel enthousiasme. L’idée d’offrir des bretzels était aussi excellente (surtout pour un gars comme moi qui avais déjeuné pas mal de temps avant le départ !). Par contre, l’eau et le « Gatorade » (il était transparent, pas certain que c’était vraiment du Gatorade…) étaient servis dans des petits verres en plastique. Côté environnemental, ce n’est déjà pas un bon point. Mais en plus, boire dans un verre en plastique tout en courant, c’est très difficile. Des verres en carton, s’il-vous-plait.

En ce qui concerne les toilettes, Maggie qui était sur place et que je n’ai malheureusement pas rencontrée, a trouvé qu’il en manquait. Quant à moi, il m’a semblé y en avoir en très bonne quantité, encore plus qu’à ma dernière participation au Marathon de Montréal. De toute façon, j’en appelle ici à la galanterie de mes congénères de sexe masculin: quand il y a un boisé tout proche, laissez donc les toilettes aux dames…

Mais que dire du paysage ?  Magnifique. Vraiment le plus beau que j’ai connu pour une course sur route. Et de loin.

Bon, après les fleurs, le pot…  Mais non, des suggestions je dirais. La première, c’est le chronométrage. Il était carrément déficient. Toute course qui se respecte a au moins une horloge. De plus, tous les concurrents ont été crédités du même « temps de départ », soit l’heure supposément précise à laquelle le départ a été donné. C’est un peu ridicule. Pour le demi, nous étions environ 1000 et certaines personnes ont croisé la ligne de départ un bon 3-4 minutes après les premiers. C’est injuste pour eles. Une association avec une compagnie de chronométrage reconnue comme SportStats est un must à mon humble avis. D’ailleurs, il n’est pas normal que dans le monde dans lequel on vit, les participants doivent attendre jusqu’au mercredi suivant l’épreuve pour avoir les résultats en ligne.

Autre point à améliorer: le dépôt de sacs. Avant le départ, la file pour ceux qui désiraient laisser quelques effets personnels « en consigne » était démesurément longue. Dans les minutes précédant une course, la dernière chose qu’on veut, c’est se stresser à savoir si on va manquer le départ. Assigner plus de bénévoles à cette tâche serait apprécié.

Dernier point: refaire le profil du parours tel que présenté sur le site web. Il n’était vraiment pas représentatif du relief auquel les coureurs étaient confrontés. En fait, jusqu’aux kilomètres 7-8, je dirais qu’il est exact, mais après ça…  Ainsi, sur le relief présenté, il est montré que le parcours s’élève régulièrement du 8e jusqu’au 11e kilomètre, puis est généralement descendant pour les 6 kilomètres suivants. Or, ce n’était pas du tout le cas, les descentes et les montées se succédant de façon assez régulière dans cette section. Sylvain, qui avait étudié ce relief, a été un peu découragé de constater une fois rendu sur place que ce n’était pas ce qu’il s’attendait à voir…

Ha oui, j’oubliais… Cette épreuve se targue d’être le demi-marathon le plus difficile au Québec. Léger bémol ici… Je ne connais pas les autres courses sur route, mais je sais pertinemment qu’il y a des demi-marathons plus difficiles. Je parle entre autres des XC trails de Sutton et Orford, l’Ultimate XC kmag de St-Donat et du XC de la Vallée qui présentent tous des demi-marathons qui ne devrainet même pas être cités dans la même phrase que celui de Magog. Même pas proche d’être proche au niveau difficulté. Mais bon, ce n’est pas de la route, alors…

Ceci dit, le Marathon de Magog est une belle épreuve que je recommanderais à tous, autant aux coureurs avancés qu’aux débutants… s’ils n’ont pas dans l’idée de battre des records !