Ha le Québec et ses changements de températures… C’est assez incroyable: pas plus tard que dimanche dernier, j’ai dû composer avec le froid et aujourd’hui, c’était écrasant, au point où j’ai fait une saucette dans la piscine dès mon réveil. Cinq petites journées pour passer d’un extrême à l’autre (pour la saison, on s’entend).
Comme la chaleur semblait vouloir se montrer le bout du nez hier matin, j’ai décidé de faire un test. Car c’est une règle établie en course à pied: ne jamais essayer en compétition ce qu’on n’a pas testé à l’entrainement. L’occasion était idéale: 30 km de prévus dans les sentiers du Mont Royal, température et humidité à la hausse, pourquoi ne pas en profiter pour essayer une nouvelle méthode d’hydratation ?
Car voyez-vous, depuis que j’ai découvert les sentiers, à chaque fois que je vais en terrain accidenté, c’est avec mon Camelbak sur le dos. Sauf que ça a certains inconvénients: c’est lourd, particulièrement au début, c’est un peu chaud et à chaque fois que je fais une course de plus de 30 km, j’en suis quitte pour un mal d’épaules. J’ai réussi à l’endurer pour 50 milles, mais pour 100 ? Oubliez ça !
Or, à observer les autres coureurs au Vermont 50, à voir les photos de plusieurs ultras et aussi à lire des récits de courses, j’ai remarqué que la grande majorité des ultrarunners courent avec une bouteille à la main. Cette façon de faire comporte plusieurs avantages: plus grande liberté de mouvement, meilleure aération du corps et rapidité au moment du remplissage.
Étant de constitution plutôt frêle pour un homme (5’10 », 150 livres, la plupart concentrées dans les jambes), je doutais avoir la force nécessaire pour tenir une bouteille remplie d’eau « naturellement » en courant. Mais bon, il fallait bien que j’essaie. De plus, je ne peux pas courir seulement à l’eau, ça me prend du Gatorade ou un de ses dérivés. Parce que l’eau, au bout d’un certain temps, pas capable… Ça fait que je suis également parti avec ma ceinture d’hydratation remplie de Gatorade à la taille avec l’idée d’alterner les deux.
En partant, j’ai vite constaté que je me sentais plus léger. Bon point. Mais dès la première montée, premier problème. C’est que la plupart de montées en sentiers, surtout celles que j’emprunte, sont plutôt abruptes, alors je les fais en marchant. En fait, c’est plus du power hiking: je me penche vers l’avant et avance à grands pas en accentuant le mouvement de mes bras. Cette façon de faire plutôt efficace m’a permis de dépasser bien des concurrents au Vermont 50 et m’a aussi valu quelques « Great pace ! » au passage, alors ça ne doit pas être si mal.
Sauf qu’avec un poids supplémentaire dans une main, j’étais tout désynchronisé dans mon mouvement de bras. J’avais beau essayer de me remettre en phase, rien à faire. J’ai fini par balancer seulement le bras avec la main libre, ce qui est moins efficace comme façon de faire.
Autre problème: quand la bouteille commence à se vider, le liquide bouge dedans, faisant déplacer le poids de l’eau d’une extrémité à l’autre. Je suppose que ça ne dérange pas les gars plus costauds ou qu’on finit par s’habituer, mais bon, ça me gossait un peu.
La cerise sur le sundae ? Elle est arrivée quand une des bouteilles de ma ceinture d’hydratation s’est mise dans la tête qu’elle n’aimait pas les descentes trop cahoteuses ou trop rapides et a décidé d’appuyer sur le bouton du siège éjectable. Après trois fois, j’ai laissé échapper un juron qui a probablement été entendu jusqu’à Ste-Anne-de-Bellevue. Je me voyais être obligé d’arrêter à tout bout de champ sur les sentiers menant à St-Donat et disons que cette vision ne me faisait pas vraiment plaisir.
Je me suis mis à faire les descentes sur les talons, question de ne plus perdre des morceaux. Je me retenais carrément en descendant, ce qui n’est vraiment pas la chose à faire. Au bout d’un certain temps, je me suis mis à courir avec la bouteille récalcitrante dans une main et la bouteille d’eau dans l’autre. C’était mieux, mais je n’étais pas à l’aise.
J’ai fini par un peu m’habituer, mais j’ai constaté que j’allais plus lentement que d’habitude. Ok, il faisait plus chaud, mais ça n’expliquait pas tout. Je n’étais vraisemblablement pas à l’aise avec quelque chose dans les mains, je préfère définitivement avoir les mains totalement libres.
Quand j’ai parlé de ça à ma douce au souper, je lui ai dit que ça me gossait un peu, que si tout le monde courait avec une bouteille à la main, il devait bien y avoir une raison. Elle m’a répondu que ce ne serait pas la première fois que je serais différent des autres (je suis un des très rares, particulièrement à mon niveau, à faire des courses sur route avec une ceinture d’hydratation) et que si je préférais le Camelbak, pourquoi pas ?
En effet, pourquoi pas ?
Mais il y a bien d’autres trucs qu’il me reste à essayer. Après plusieurs essais et erreurs, peut-être trouverai-je la combinaison idéale. Mais je doute que ce soit d’ici la fin juin…