Le meilleur ami de l’homme: une question de respect

Lors de ma dernière incartade au mont St-Bruno (c’était avant les Fêtes, alors que la neige nous faisait l’immense privilège de ne pas se montrer le bout du nez), je suis allé aux nouvelles concernant l’avancement du projet-pilote qui devait permettre aux propriétaires de toutous d’amener leur compagnon lors de randonnées dans les sentiers du parc.

Le gentil préposé (ils ne le sont malheureusement pas tous) m’a donné le topo qu’il avait de la situation. Il semblerait que les discussions à ce sujet se poursuivaient, mais que ça ne regardait pas bien (c’était bien avant que cette nouvelle sorte cette semaine: le projet-pilote sera finalement mené dans trois parcs, mais pas dans mon parc). En fait, les responsables auraient entre autres consulté Parcs Canada et se seraient fait dire : « Ne vous lancez pas là-dedans ». En effet, l’expérience dans les parcs fédéraux, où les chiens sont admis depuis belle lurette, serait désastreuse, particulièrement au Québec. Les propriétaires laisseraient souvent leur meilleur ami seul au camping où celui-ci hurle à la lune, ne ramasseraient pas les « dépôts » laissés par leur animal, ne le tiendraient pas en laisse, etc. Bref, il y a des règlements, mais ils ne sont pas respectés.

Et le préposé d’ajouter : « Pour les anglo-saxons, le chien est un membre de la famille. Pour les francophones, c’est un animal de compagnie ».

Honnêtement, je ne pouvais être en désaccord avec ça. Partout où on va à l’extérieur du Québec, les chiens sont admis et ça ne fait aucun problème. Les propriétaires sont respectueux d’autrui, on n’entend jamais un chien hurler parce qu’il est abandonné et ça ne m’est jamais arrivé de me retrouver à avoir à défendre Charlotte contre un chien « qui n’est pas méchant » comme ça arrive si souvent ici quand le cabochon qui laisse son chien libre n’est pas foutu d’avoir le moindre contrôle dessus. Je ne me fâche pas souvent, mais c’est arrivé quelques fois de me mettre en colère contre ledit (ou ladite) cabochon(ne ?).  Car, chacun le sait : il n’y a pas de mauvais chiens, seulement des mauvais maitres.  Je me disais : les anglos, ils l’ont l’affaire.

En effet, ils considèrent leur chien comme un membre de la famille, donc il ne peut pas y avoir de problème, non ?  Ce que je pouvais me tromper. J’avais oublié un léger détail : il arrive que les « enfants » soient mal élevés par leurs « parents »…

Je vous raconte. J’étais avec Pierre, qui me faisait découvrir sa « tournée des trois sommets », qui m’intriguait beaucoup. Avec ma connaissance limitée de la Ville, pour moi, il n’y avait qu’un sommet : celui du Mont Royal. Hé non.

Donc, après nous être envoyés la rue Clarke, un vrai mur digne d’un ultra (les habitués savent de quoi je parle), nous nous sommes dirigés vers le premier sommet, le Westmount Summit. Tout en haut, un parc avec des sentiers enneigés. C’est vraiment chouette comme endroit, une belle place pour amener Charlotte que je me disais.

Un chien sans laisse est venu à notre rencontre. Déjà, les propriétaires avaient perdu un point dans mon esprit. Et je n’aimais pas beaucoup son comportement. J’adore les chiens et je sais généralement reconnaitre ceux qui peuvent potentiellement ne pas être commodes. Il y en a même un que je rencontre régulièrement au Mont Royal qui porte une muselière et pourtant, il se couche à mes pieds quand il me voit.

Mais celui-là… Il est allé voir Pierre en sautillant, puis est venu à moi avec son comportement bizarre, avant de poursuivre son chemin. Bon, fausse alerte, mais bien content de ne pas avoir eu Charlotte avec moi. Nous n’avions même pas fini de parler de son comportement douteux quand nous avons croisé un couple d’environ 70 ans dont le chien était… sans laisse bien sûr. Décidément…

Celui-là semblait plus enjoué qu’autre chose, mais il était tellement « enjoué » qu’il a voulu s’emparer de la mitaine de Pierre. Ou lui mordre la main, ce n’était pas clair. Mon partner a immédiatement perdu son sourire et s’est adressé au couple : « Hey, il m’a mordu vous savez !?! ». Le monsieur tentait de rappeler son chien. Sans succès, bien évidemment. Celui-ci est plutôt revenu à la charge, prenant une autre «joyeuse» mordée dans le postérieur de son nouveau « jouet ». « Hey, il m’a encore mordu !!! »

C’est à cause des gens comme ça que les chiens sont interdits à peu près partout. Ce qui fait que les propriétaires respectueux, comme nous, payons pour les autres. Encore. Nous étions maintenant deux à chialer. Le monsieur et la dame nous regardaient, sans vraiment nous entendre. Après un petit moment, le chien a fini par finir par se rapporter. J’ai cru percevoir un mot d’excuses, mais je n’en suis même pas certain. En fait, j’ai senti que ces gens nous regardaient avec un certain mépris. Comme les parents d’un enfant gâté qui se fait rabrouer par des étrangers.

Nous sommes repartis. Nous n’avions pas fait 10 enjambées que le monsieur s’est remis à rappeler son chien. Malgré l’incident, son incontrôlable cabot n’était toujours pas en laisse et il était reparti à nos trousses. Ils avaient seulement fait semblant de l’attacher. Est-ce que ces imbéciles attendaient qu’il morde un enfant ?  Mon sang n’a fait qu’un tour. Je ne retranscrirai pas ici les mots exacts que j’ai utilisés, car ils n’étaient vraiment pas jolis. Je pense que même le chien a eu peur de se faire mordre.

Heureusement, Pierre n’est pas comme moi : il se défâche assez rapidement et après 5 minutes, nous n’en parlions plus. Nous avons poursuivi notre route et fait les 2 autres sommets, tel que prévu.

N’empêche, j’adore les chiens et ce qui s’est passé m’a mis hors de moi. J’imagine à peine comment se serait sentie une personne qui n’apprécie pas la gente canine. La vie en société est basée sur le respect, une notion qui semble échapper à certaines personnes…

Des petites vites

Beaucoup de choses à raconter ces derniers temps, mais malheureusement, pas tellement de temps pour le faire. Je dois donc me résoudre aujourd’hui à y aller en mode « petites vites », sinon certaines histoires seront perdues à jamais. Et ce serait tellement dommage… 😉

« C’est le lapin… »

Avant-veille de notre départ pour l’Italie, je suis à mon poste habituel du mardi matin, soit le mont Royal. Tradition oblige, je m’arrête quelques instants sur le belvédère face au chalet, même si ce ce jour-là, la météo n’est vraiment pas propice aux grands spectacles, contrairement à ce qu’elle était quelques jours auparavant. En effet, le ciel est gris, il y a de la brume et même les édifices du centre-ville, pourtant tout près, sont difficiles à distinguer. Alors pour les monts St-Hilaire et St-Bruno, on repassera…

Toujours est-il que pendant que j’admire le non-paysage, je me rends compte que trois dames (à partir de quel âge doit-on abandonner le terme « fille » pour le remplacer par le mot « dame » ?  C’est qu’elles sont tout de même plus jeunes que moi, je dirais…) en tenue de course me jettent des regards furtifs tout en murmurant entre elles.

Bon, qu’est-ce que j’ai, au juste?  Je suis trop vieux pour avoir des substances verdâtres qui me pendent au bout du nez et comme je porte des shorts de course (règle numéro un: il fait plus de 5 degrés, je cours en shorts), pas de risque que ma braguette soit à découvert. Alors, qu’est-ce que c’est ?

J’entreprends de recommencer à courir quand, passant près d’elles, j’entends clairement: « C’est le lapin… Oui, c’est le lapin.. ». Ha ben, du monde qui vient de mon coin de banlieue… Mais suis-je si reconnaissable (tes genoux, du con, il n’y a pas grand monde qui court avec des machins aux genoux !) ?

Au passage, l’une d’elles me demande si j’étais le lapin à la Course des 7. Une petite jasette s’ensuit et j’apprends qu’elle habite à un coin de rue de chez moi. Et pourtant, bien que son visage me semble familier, je ne l’aurais jamais parié. C’est fou à quel point on ne connait pas ses voisins…

Avant de repartir, je lui ai suggéré de jeter un œil à son édition du lendemain du journal local…

L’entrevue

En fait, c’est l’édition de la semaine suivante qu’il aurait fallu qu’elle regarde, mais bon, je ne pouvais pas le savoir.

Car, comme mes amis Face de bouc le savent depuis un bout de temps, on retrouvait ma face en gros plan dans un article du Reflet (dans la version papier, ça faisait presque peur), notre hebdo local. Le sujet ?  Les ultras, bien évidemment.

Pour faire une longue histoire courte, les gens des loisirs de la ville ont parlé de moi aux gens du Reflet et après quelque temps, un journaliste m’a contacté. L’entrevue, qui devait durer une quinzaine de minutes à l’origine, en a duré au moins le double et aurait pu se prolonger encore très longtemps. Pas volubile de nature, je suis difficile à arrêter quand j’entreprends le sujet. J’ai tâché de faire de mon mieux pour être à la fois instructif et précis dans mes réponses. Surtout que, contrairement à ma première expérience dans le domaine, je ne venais pas de tout juste terminer un 160 kilomètres à la course, alors je n’avais pas d’excuse pour dire des idioties !  🙂

Les ultras faisant partie de ma vie depuis quelques années, je m’étonne toujours un peu de voir (ou entendre) des personnes tomber à la renverse quand je parle des distances parcourues. Ben oui, il m’est arrivé de faire plus de 100 miles à pied, je ne suis pas le seul, vous savez…

N’empêche, j’aime toujours quand on me demande quelque chose du genre: « Vous faites ça en combien de jours ? ». Ma réponse, toujours la même: « On part tous en même temps et c’est le premier qui arrive qui gagne. Des fois, oui, on part un matin et on termine le lendemain. ». Ça a toujours un effet bœuf ! 🙂

Monsieur Penven, le journaliste qui a mené l’entrevue, a été hyper-sympathique et très intéressé durant notre entretien. Aussi, il a plutôt bien synthétisé ce que je lui ai raconté afin que ce soit accessible aux gens dits normaux. Il y a bien quelque petites erreurs factuelles dans l’article, mais dans l’ensemble, je suis très satisfait du résultat. Si ça peut aider à promouvoir notre sport et permettre aux épreuves locales de continuer à exister…

Maintenant, c’est rendu que les dames Témoins de Jéhovah qui nous rendent parfois visite le samedi matin m’appellent notre « vedette du Reflet »…

Course à Florence

J’ai déjà raconté mon expérience de course à Rome, je ne peux pas garder sous silence celle que j’ai vécu à Florence, quelques jours plus tard.

Ha, Florence… Moins spectaculaire que Rome, la capitale de la merveilleuse Toscane est d’une beauté inégalée (quoi que Sienne ne donne pas sa place non plus). Autre occasion que je ne pouvais, que je ne devais absolument pas manquer.

6 heures du matin encore une fois donc, je me suis élancé. Après avoir longé l’Arno de par ses deux rives (le traversant entre autres par un Ponte Vecchio entièrement désert), je me suis un peu perdu en cherchant la Piazzale Michelangelo, les indications n’étant pas tellement claires. Quand c’était rendu qu’on annonçait un terrain de camping et un autodrome, j’ai reviré de bord, comme on dit chez nous.

J’ai terminé en sillonnant le labyrinthe des rues pavées formant la ville historique, tâchant de passer à travers chaque place connue, devant chaque église ou monument. Visiter une ville à la course avant qu’elle soit envahie, ha…

Territoires inconnus

Je l’avoue bien candidement, je ne lis pas beaucoup. On dirait que ça prend une occasion spéciale pour que je me donne le « droit » de le faire: les vacances, avant le dodo la veille d’une course, les longs voyages en avion (qui n’arrivent vraiment pas souvent), etc.

Ainsi donc, avant de partir en voyage, je n’avais pas encore terminé la lecture de Territoires inconnus, le livre de Pat, que j’avais amorcée lors du lancement. L’avion n’était pas atterri que j’avais passé au travers.

Comme je ne suis vraiment pas objectif, je ne m’éterniserai pas dans une longue tirade dithyrambique. Je vais plutôt me contenter de dire que Pat s’y livre avec une belle simplicité et authenticité hors du commun. Pas de détours, pas de faux-fuyants. Comme ce qu’il est quand on a la chance de le côtoyer le moindrement.

Pour apprendre à connaitre l’homme et aussi, l’ultramarathonien. Car les deux sont indissociables. À lire absolument.

Le silence

4 degrés, un petit vent. Il faisait toujours nuit. En me dirigeant vers la montagne, je me disais que ce serait peut-être ma dernière sortie matinale dans ces sentiers. En effet, le voyage approche à grands pas et à notre retour, l’automne, le vrai, pourrait être bien installé. Et puis, je dois l’avouer, courir à la noirceur sur le Mont Royal, ce n’est pas ce qu’il y a de plus rassurant. Même à 4 degrés.

Étant toujours en « apprentissage » d’une nouvelle technique de course (je soupçonne ma bonne vieille attaque talon d’être la grande responsable de mes problèmes répétés à la cheville, alors…), je n’étais pas en mode « tempo », bien au contraire. Comme à chaque fois que je cours depuis le Marathon de Montréal, je me concentrais sur une seule chose : atterrir sur la plante du pied, tout en tâchant d’ignorer les gémissements répétitifs de mes mollets me demandant grâce à chaque enjambée. Plus facile à dire qu’à faire, après des années à courir de la même façon.

Toujours est-il qu’après avoir atteint le sommet et en avoir fait deux fois la boucle par le chemin Olmsted, j’ai fait ce que je fais toujours : je suis allé voir la ville qui s’éveillait.

À toutes les fois que je vais sur le belvédère en face du grand chalet, il y règne une espèce d’effervescence. Les gens trouvent ça beau, prennent des photos de groupe, des selfies, parlent de tel édifice ou de telle montagne au loin, etc.

Ce matin, rien de tout ça. C’était le silence complet. Les 12-15 personnes qui étaient sur place semblaient garder une forme de respect envers le magnifique spectacle qui s’offrait à nous. Les rayons du soleil levant éclairaient la ville et les feuillages colorés de l’automne avec un angle parfait. Nous demeurions immobiles, subjugués.

Certains arrivaient, d’autres partaient, mais tous semblaient être sous l’emprise d’une force invisible les obligeant à demeurer muets et simplement admirer.

Je suis reparti en remerciant (encore une fois) le ciel d’être devenu dépendant aux endorphines. Dire qu’à l’instant même, j’aurais pu être entassé dans un quelconque train de banlieue ou pire, coincé dans la circulation…

J’aurais donc dû…

J’en ai déjà glissé un mot, je commençais à en avoir vraiment marre de faire mes longues sorties du dimanche matin dans les petites rues pour « déjouer » le vent. Tanné de voir les mêmes quartiers résidentiels, fatigué de faire des interminables allers-retours nord-sud et/ou est-ouest en changeant de rue pour tenter de tromper l’ennui. Au bout de quelques semaines, ça ne marchait plus.

L’hiver québécois a beau s’éterniser, je l’ai envoyé paître hier soir: j’ai décidé que j’allais faire ma longue sortie dans mon terrain de jeux, au Mont St-Bruno. Les pistes de raquettes et de randonnée pédestre étaient probablement encore durcies par le froid et il y a toujours le sentier Seigneurial qui fait 7 km de long et qui est accessible. Je pourrais certainement me débrouiller là-dedans.

Dès les premiers kilomètres, la phrase m’est venue à l’esprit: « J’aurais donc dû… » comme dans « J’aurais donc dû revenir ici avant ! ».  Après ma petite virée au mont Royal jeudi, je retrouvais pour la deuxième fois cette semaine le plaisir de la course en sentiers. Les enchainements montée-descentes, la tranquillité de la course en forêt, l’air pur, le silence brisé seulement par le bruit de mes pas sur le sol. Ha, le bonheur…

Tout en courant, je pensais à Pierre, Pat (qui n’y est finalement pas allé, victime d’une grippe) et Denis qui tournaient en rond quelque part à Vaudreuil, à mon « record » qui était probablement en train de tomber et j’étais plus que convaincu d’avoir pris la bonne décision, soit celle de ne faire qu’une seule course intérieure cet hiver. Car j’étais bien, aux oiseaux même. Quoi que ceux sur place n’ont pas tellement apprécié que je m’arrête pour les observer, une mésange se permettant un avertissement à 2-3 pouces de mon nez. Baveux pour sa grosseur, celui-là !

Au final, 34 km et beaucoup de travail en montée (par contre, les descentes en hiver, bof…). Boston ne me surprendra pas deux fois.

Google Maps Inside

Nous habitons en banlieue. Et qui dit banlieue, dit “quartiers à thèmes”. Ainsi, à Ste-Catherine où nous vivons, il y a le quartier des peintres, celui des chansonniers, celui des fleurs, celui des bateaux, celui des athlètes et bien sûr, l’incontournable quartier des oiseaux, le nôtre.

Comme je promène le chien dans le quartier et ceux autour, je me fais évidemment souvent demander où est située telle ou telle rue. Et évidemment, je ne sais jamais. Rue des Sarcelles, rue des Hiboux, rue des Harfangs, je le sais-tu moi c’est laquelle ?  Quand j’avais 10 ans, je démêlais toutes les rues du quartier de mon enfance (et je les démêle encore, bien que ça me soit maintenant complètement inutile), mais à 43 ans, ça fait des années que j’ai abandonné l’espoir de retenir où est située chaque rue.

Vous imaginez quand je cours ? On dirait qu’il est écrit “Google Maps Inside” dans mon dos. Parfois, je suis à Laprairie, Brossard, St-Lambert et on m’arrête pour me demander des directions. Quand je dis que je n’habite pas dans le coin, on me regarde comme si j’avais deux têtes. Comment voulez-vous que je sache par où passer pour se rendre à Ville LeMoyne ?  Un GPS, ça ne vous tente pas ? C’est comme si  les gens s’imaginaient que parce qu’on est à pied, on vit forcément très près et surtout, qu’on connait le coin comme le fond de sa poche. Heu… non !

L’expérience a monté d’un cran jeudi au Mont Royal quand deux touristes m’ont demandé des indications pour se rendre… à l’Oratoire. Tout d’abord, nous avions une grosse barrière: la langue. Ils parlaient espagnol et leur anglais était quelconque. Comment leur faire comprendre qu’ils devaient emprunter un chemin dont j’oubliais le nom (c’est le Remembrance, je ne devrais plus oublier !), puis le chemin de la Côte-des-Neiges ?  Et même là, je n’étais vraiment pas certain de mon affaire. Ce n’est pas parce que je cours sur le Mont Royal que je connais tout ce qu’il y a autour…

Je savais toutefois que c’était assez loin et comme ils étaient à pied, alors je leur ai laissé savoir qu’ils en avaient pour 3-4 kilomètres. Puis la question qui tue: comment aller d’Houttobouss à Montréal ?  De quessé ?  Houttobouss ?  C’est où ça ?  Voulez-vous dire Otterburn Park ?  Pourquoi vous voulez aller à Otterburn Park ? Au Liechtenstein, tant qu’à faire ? Le monsieur essayait de répéter, la dame également, rien à faire, je comprenais toujours la même affaire.  Houttobouss ?  Puis finalement, j’ai allumé: c’était le terme espagnol pour “autobus” !  Ils voulaient de l’information pour l’autobus qui se rend à Montréal. Heu, la ville est en bas, juste là, vous ne la voyez pas (nous étions en face du chalet) ? Et pour l’autobus, aucune espèce d’idée. Vous ne voyez pas que je suis à pied ?  Ils ont malheureusement dû se débrouiller avec mes indications… quelconques.

J’ai fait ma tournée et après mes étirements, je me rendais à l’auto rapidement parce que j’étais en train de me les geler quand d’autres gentils touristes, français cette fois, m’ont abordé. Contrairement à plusieurs Québécois qui n’ont pas eu de bonnes expériences avec nos cousins, moi je les adore. Sauf qu’ils ont parfois tendance à utiliser beaucoup de mots pour exprimer leurs idées et j’étais trempé de sueurs au vent hivernal…

Au bout de ce qui m’a semblé une éternité, j’ai su qu’ils voulaient savoir comment se rendre à l’avenue de Mont-Royal.  Par chance, nous étions déjà sur le chemin Olmsted et le chalet était en vue. Je leur ai indiqué les deux options (l’escalier pour prendre un raccourci ou faire le grand tour en suivant le chemin). J’ai toutefois oublié de préciser qu’une fois rendus en bas, ils n’arriveraient pas nécessairement sur ladite avenue. Bah, ils ont certainement demandé leur chemin à un autre membre de la communauté “Google Maps Inside”…

Une grosse fin de semaine de course

Aujourd’hui, c’était la journée « En ville sans ma voiture ». Alors qu’ai-je fait ?  J’ai pris ma voiture pour rentrer en ville et me stationner au pied du Mont-Royal en vue de ma dernière randonnée dans la montagne de la cité pour cette année. Que voulez-vous, j’ai un petit peu l’esprit de contradiction et j’ai horreur de me faire dire quoi faire…

Bon, changement de sujet. C’est encore arrivé cette semaine: un collègue m’a demandé si je faisais le marathon ce week-end. À peu près tout le monde qui me connait le sait: je suis un coureur. Mais ceux qui ne me connaissent pas beaucoup (et/ou ne me lisent pas !) ignorent que j’entretiens un rapport complexe d’amour-haine avec le Marathon de Montréal. J’en ai parlé de long en large l’an passé, alors je n’y reviendrai pas. Mais en bref, malgré la proximité, donc le fait que la veille de la course, on dort (ou pas) dans son lit, qu’on mange « sa » nourriture, je passe encore mon tour cette année. De toute façon, le Vermont 50 était prévu pour la semaine prochaine et je ne voulais pas faire les deux.

Donc, comme l’an passé, je serai au mont St-Bruno quand le départ sera donné. Je serai avec vous en pensée, chers coureurs. J’ai quelques amis et connaissances qui y seront et il est certain que je vais suivre vos exploits de près dès que les résultats seront disponibles. Je vous souhaite la meilleure des chances et surtout, beaucoup, beaucoup de plaisir !

Tant qu’à suivre des courses à distance, il y en aura une autre qui attirera mon attention, encore plus que notre marathon: le Virgil Crest Ultra. Très difficile avec ses 22000 pieds de dénivelé positif (et autant dans le négatif), cette course de 100 milles fait partie de ma bucket list. Je ne sais pas quand je la ferai, mais ça va arriver, c’est certain.

Quelques Québécois y seront cette année, dont mes followers Joan et Pat (dont je suis également les blogues respectifs, ici et ici). Le départ sera donné demain matin à 6 heures et ce ne sera probablement pas avant le lever du soleil dimanche que nos amis termineront leur long périple dans les sentiers de l’état de New York. Bande de chanceux… Allez les gars, on est avec vous !  🙂

Au garage

Le rendez-vous avec Sophie s’est super bien passé. Elle a longuement travaillé mon genou et évidemment, fait quelques tours de passe-passe typiques des chiros sur lesquels on ne se pose pas de questions. On a jasé course, de son gros objectif de la saison (le TDS), des miens (le Vermont 50 et New York), du Ultimate, etc. Bref, difficile de demander mieux comme visite chez un professionnel de la santé.

Mon problème ?  Il semblerait que mon tibia était vraiment déplacé, ce qui faisait que mon genou travaillait mal, amenant des problèmes aux tendons. Selon elle, je m’étais très fort probablement fait ça à St-Donat et les dommages au genou étaient survenus par après. C’était plausible.

Je pouvais reprendre la course dès le lendemain si je promettais d’être sage, c’est-à-dire d’y aller mollo. Pas le moment de faire des intervalles. Chef, oui chef !  🙂

Je suis donc sorti de la clinique rempli d’optimisme. J’ai même poussé la sagesse jusqu’à voyager au travail à vélo hier (question de me faire prendre par la pluie le matin… et le soir !) pour faire un petit essai tranquille ce matin.

Au programme: une douzaine de kilomètres relaxes, la majorité sur le chemin de terre longeant le fleuve. Au début, tous mes efforts étaient concentrés sur une chose: y aller mollo. Pas facile quand on est habitué à un certain rythme. J’ai tout de même réussi à me « retenir » pour un premier kilomètre en 4:23. Tout allait bien. Le premier signal est arrivé 500 mètres plus loin.

J’ai poursuivi, en me disant que je ne faisais que me dérouiller. Après la montée vers le pont des écluses, j’ai même emprunté les marches pour descendre sur les bords du fleuve, question de ne pas taxer mon genou. Mais à mesure que j’avançais, je le savais: ça n’allait pas mieux. Puis, à 3.75 km, j’ai senti une douleur vive, identique à celle de dimanche dernier, qui m’a forcé à arrêter.

Après de longues minutes à me masser les muscles et à me demander quoi faire, j’ai essayé de reprendre. Maintenant, ce n’était plus seulement le genou, la hanche s’était mise de la partie. Je n’avançais pour ainsi plus. Découragé, je me suis encore arrêté et rendu à l’évidence: je n’allais définitivement pas mieux. C’était peut-être même pire.

Je me suis assis sur une espèce de banc (il ont construit ça ces dernières années et je ne sais toujours pas pourquoi: il n’y a jamais un chat qui va là !) donnant vue sur le fleuve. Ce cours d’eau qui m’a si souvent apaisé… Puis, j’ai eu une vision: au moment même où se déroulait la course à laquelle je rêve participer (le Vermont 100), sur ma gauche se trouvait le Mont Royal, sur ma droite, le Mont St-Bruno et, perdu dans le nuages, le Mont St-Hilaire. Mes trois terrains de jeux, les endroits où j’aime tant aller m’entrainer. Ils étaient si loin, ils me semblaient terriblement hors d’atteinte.

J’ai bien essayé de reprendre la course pour le retour à la maison, mais j’ai terminé en marchant. Aussitôt arrivé, j’ai envoyé un courriel à Sophie: je fais quoi ?

Elle m’a répondu très rapidement. Elle va essayer de me trouver un trou cette semaine. En attendant, ok pour le vélo. mais pas de course. On dirait bien qu’elle veut que je guérisse autant que moi, ce qui est très encourageant. Mais si c’était au-dessus de ses compétences ?  Et si elle me faisait plus de mal que de bien ?

J’ai fait quelques recherches, je vais faire des appels en début de semaine. J’envisage maintenant d’autres solutions: la médecine sportive, l’ostéopathie. Parce que je n’ai définitivement pas envie de demeurer au garage bien bien longtemps.

Aux puits ou au garage ?

En langage de hockey, on dirait que je suis « blessé au bas du corps ». J’ai reçu les premiers signes samedi le 6, une semaine après l’Ultimate, pendant que je courais à vive allure dans les sentiers sur le bord du fleuve. C’était comme un pincement derrière le genou. Je n’en ai pas fait de cas, le genre de petit bobo qui arrive souvent.

Le lendemain, au Mont St-Bruno, j’avais un 30 km au programme. Le pincement est revenu dans la descente vers St-Basile. Constatant que ça continuait à “chatouiller” surtout dans les descentes, j’ai décidé de ne pas faire les côtes de l’antenne de télécommunications et du centre de ski. Et j’ai terminé par le sentier rustique, plus plat.

Je me disais qu’avec une journée de repos, tout irait pour le mieux le mardi. Erreur. Dès les premières enjambées, c’est revenu. Au bout de 10-12 km, je sentais clairement la douleur provenant de ce que je pense être un tendon (mais c’est peut-être un ligament, je suis nul en anatomie). Et dès que j’arrêtais, la douleur s’estompait. Bizarre.

J’ai décidé de “sauter” ma sortie du jeudi et reprendre le tout samedi. Je pensais bien qu’un petit 10 km à bonne allure, suivi d’un autre plus tranquille avec mon amie Maryse, ce serait bien correct pour tester le genou. Au début, ça allait bien, mais après 5 km, c’est revenu, au point que j’ai dû arrêter. Dans une descente, évidemment. Après quelques petits massages, j’ai fini par reprendre et terminer ma tournée. Le tour avec Maryse s’est bien déroulé, mais je faisais très attention dans les descentes (nous avons rencontré Pierre Lequient, un ultrarunner qui était en préparation pour le VT100; je ne sais pas si un jour je vais en croiser un qui n’est pas sympathique…).

Puis hier, c’était le Mont Royal. Avec la chaleur, je voulais prendre ça vraiment relaxe de toute façon, alors je me suis mis à courir à petits pas et à un rythme modéré. Après 10 km, toujours rien, je me croyais sorti d’affaire. Puis c’est revenu progressivement, jusqu’à faire très mal dans une descente, bien évidemment. J’avais 14-15 km de faits, j’étais au sommet et ma voiture… en bas. J’ai dû emprunter le chemin Olmsted (sacrilège !) et descendre en marchant ou trottinant, pendant que je me faisais dépasser à tour de bras par des coureurs infiniment moins rapides. Frustrant vous dites ?

J’ai contacté ma super-chiro qui croit bien savoir quel est mon problème et pense pouvoir régler ça assez facilement. Sauf un petit détail: le prochain trou dans son horaire est le 30 juillet !  Shit…

En attendant, je fais quoi ?  Suis-je simplement arrêté aux puits pour des ennuis mineurs ou dois-je entrer au garage ? Au moins, je ne ressens aucune douleur sur le vélo, alors je n’ai pas à me taper le train de banlieue par cette chaleur. Pour le reste, je vais procéder à un autre essai cette semaine, en courant doucement, avec un bandage autour du genou. On verra bien si ça fonctionne. La prochaine compétition est dans plus de 7 semaines, j’ai encore du temps devant moi.

Je me console en me disant que j’aurais pu être inscrit au Vermont 100 qui a lieu ce week-end. Si ça avait été le cas, je pense que j’en aurais pleuré…

Essais et erreurs

Ha le Québec et ses changements de températures…  C’est assez incroyable: pas plus tard que dimanche dernier, j’ai dû composer avec le froid et aujourd’hui, c’était écrasant, au point où j’ai fait une saucette dans la piscine dès mon réveil. Cinq petites journées pour passer d’un extrême à l’autre (pour la saison, on s’entend).

Comme la chaleur semblait vouloir se montrer le bout du nez hier matin, j’ai décidé de faire un test. Car c’est une règle établie en course à pied: ne jamais essayer en compétition ce qu’on n’a pas testé à l’entrainement. L’occasion était idéale: 30 km de prévus dans les sentiers du Mont Royal, température et humidité à la hausse, pourquoi ne pas en profiter pour essayer une nouvelle méthode d’hydratation ?

Car voyez-vous, depuis que j’ai découvert les sentiers, à chaque fois que je vais en terrain accidenté, c’est avec mon Camelbak sur le dos. Sauf que ça a certains inconvénients: c’est lourd, particulièrement au début, c’est un peu chaud et à chaque fois que je fais une course de plus de 30 km, j’en suis quitte pour un mal d’épaules. J’ai réussi à l’endurer pour 50 milles, mais pour 100 ?  Oubliez ça !

Or, à observer les autres coureurs au Vermont 50, à voir les photos de plusieurs ultras et aussi à lire des récits de courses, j’ai remarqué que la grande majorité des ultrarunners courent avec une bouteille à la main. Cette façon de faire comporte plusieurs avantages: plus grande liberté de mouvement, meilleure aération du corps et rapidité au moment du remplissage.

Étant de constitution plutôt frêle pour un homme (5’10 », 150 livres, la plupart concentrées dans les jambes), je doutais avoir la force nécessaire pour tenir une bouteille remplie d’eau « naturellement » en courant. Mais bon, il fallait bien que j’essaie. De plus, je ne peux pas courir seulement à l’eau, ça me prend du Gatorade ou un de ses dérivés. Parce que l’eau, au bout d’un certain temps, pas capable… Ça fait que je suis également parti avec ma ceinture d’hydratation remplie de Gatorade à la taille avec l’idée d’alterner les deux.

En partant, j’ai vite constaté que je me sentais plus léger. Bon point. Mais dès la première montée, premier problème. C’est que la plupart de montées en sentiers, surtout celles que j’emprunte, sont plutôt abruptes, alors je les fais en marchant. En fait, c’est plus du power hiking: je me penche vers l’avant et avance à grands pas en accentuant le mouvement de mes bras. Cette façon de faire plutôt efficace m’a permis de dépasser bien des concurrents au Vermont 50 et m’a aussi valu quelques « Great pace ! » au passage, alors ça ne doit pas être si mal.

Sauf qu’avec un poids supplémentaire dans une main, j’étais tout désynchronisé dans mon mouvement de bras. J’avais beau essayer de me remettre en phase, rien à faire. J’ai fini par balancer seulement le bras avec la main libre, ce qui est moins efficace comme façon de faire.

Autre problème: quand la bouteille commence à se vider, le liquide bouge dedans, faisant déplacer le poids de l’eau d’une extrémité à l’autre. Je suppose que ça ne dérange pas les gars plus costauds ou qu’on finit par s’habituer, mais bon, ça me gossait un peu.

La cerise sur le sundae ?  Elle est arrivée quand une des bouteilles de ma ceinture d’hydratation s’est mise dans la tête qu’elle n’aimait pas les descentes trop cahoteuses ou trop rapides et a décidé d’appuyer sur le bouton du siège éjectable. Après trois fois, j’ai laissé échapper un juron qui a probablement été entendu jusqu’à Ste-Anne-de-Bellevue. Je me voyais être obligé d’arrêter à tout bout de champ sur les sentiers menant à St-Donat et disons que cette vision ne me faisait pas vraiment plaisir.

Je me suis mis à faire les descentes sur les talons, question de ne plus perdre des morceaux. Je me retenais carrément en descendant, ce qui n’est vraiment pas la chose à faire. Au bout d’un certain temps, je me suis mis à courir avec la bouteille récalcitrante dans une main et la bouteille d’eau dans l’autre. C’était mieux, mais je n’étais pas à l’aise.

J’ai fini par un peu m’habituer, mais j’ai constaté que j’allais plus lentement que d’habitude. Ok, il faisait plus chaud, mais ça n’expliquait pas tout. Je n’étais vraisemblablement pas à l’aise avec quelque chose dans les mains, je préfère définitivement avoir les mains totalement libres.

Quand j’ai parlé de ça à ma douce au souper, je lui ai dit que ça me gossait un peu, que si tout le monde courait avec une bouteille à la main, il devait bien y avoir une raison. Elle m’a répondu que ce ne serait pas la première fois que je serais différent des autres (je suis un des très rares, particulièrement à mon niveau, à faire des courses sur route avec une ceinture d’hydratation) et que si je préférais le Camelbak, pourquoi pas ?

En effet, pourquoi pas ?

Mais il y a bien d’autres trucs qu’il me reste à essayer. Après plusieurs essais et erreurs, peut-être trouverai-je la combinaison idéale. Mais je doute que ce soit d’ici la fin juin…

Un bel événement

Ceux qui me connaissent savent que ce n’est vraiment pas mon style. J’aime courir seul, m’entrainer seul. À mon rythme, arrêter quand je veux, accélérer quand ça me tente, aller où mes jambes m’amènent.

Mais hier, c’était définitivement une occasion spéciale. Quand j’ai appris qu’un regroupement de coureurs était organisé pour rendre hommage aux victimes de l’attentat de Boston, je n’ai pas hésité une seconde: j’y serais, beau temps mauvais temps.

Les dieux de la course étaient de notre bord: il faisait frais et un soleil éclatant. Marc Cassvi, l’initiateur de ce mouvement via Twitter, avait fixé rendez-vous à tout le monde à 11 heures, au monument de Sir George-Étienne Cartier au pied du Mont-Royal.

Comme j’étais un peu d’avance, j’ai repris contact avec les sentiers avant le rendez-vous. MES sentiers. Étonnamment, ils étaient à peu près tous dans un état impeccable, peu ou pas de boue, presque plus de neige. J’y suis allé doucement, reprenant avec joie ce plaisir que je n’avais pas vécu depuis… le Vermont 50. En fait, j’étais tellement absorbé par ce que je faisais qu’il était 10h40 quand j’ai regardé l’heure. J’étais encore au sommet. Oups…

J’ai donc dévalé la montagne en passant par tous les raccourcis que je connais et suis arrivé en bas avec un gros 5 minutes d’avance. Pas que ça aurait été grave, mais les retards et moi…

Des centaines de coureurs étaient déjà arrivés, le jaune et le bleu de Boston étant bien en évidence. La télé aussi était bien présente: TVA, Radio-Canada, CBC, RDS. J’ai regardé un peu autour, personne que je connaissais. Après avoir enfilé mon t-shirt de Boston (d’un beau jaune pétant), je me suis mis à me promener dans la foule, au cas où je croiserais une connaissance.

Un monsieur et sa femme donnaient une entrevue à RDS. Le monsieur avait terminé 5 minutes avant les explosions et on pouvait encore lire l’émotion dans ses yeux. J’ai écouté son entrevue, puis ai échangé quelques mots avec lui. La communauté des coureurs était tissée serrée d’avance, alors après des événements comme celui-là…

Puis, sans signal ni appel particulier, la course s’est mise en branle. Pas de cérémonie, juste un rassemblement de coureurs pour un simple hommage. Ça faisait bizarre, me retrouver dans un peloton, à zigzaguer comme dans un vrai début de course. Car comme on dit, le but n’était peut-être pas de faire une course, mais à un moment donné, il faut aussi aller à un rythme qui nous convient…

Parlant de rythme, qui est apparu sur le bord du chemin Olmsted ?  Hé oui, monsieur « Courir au bon rythme » lui-même, Jean-Yves Cloutier et sa bouille sympathique. Plusieurs le saluaient au passage, il répondait avec un large sourire, semblant reconnaitre tous ceux qui appelaient son nom. Mais il n’a pas pu s’empêcher de pousser un: « Allez, on y va au bon rythme ! ». Il n’en démord, y’a rien à faire…  J’ai même eu envie de retourner pour lui dire qu’il aurait été impossible que je gagne 36 minutes sur mon temps en courant à son ridicule de « bon rythme ». mais bon, ce n’était vraiment pas le moment.

Au bout d’un certain temps, le peloton s’est étiré et j’ai fini par me retrouver en avant, avec Cassivi et quelques personnes. Tout le monde avait une histoire à raconter, que nous étions à Boston ou non. Et comme pour montrer que le « deuil » était en train de se faire, nous avons parlé des événements, oui, mais de bien d’autres choses aussi. Par exemple, un de mes compagnons s’impliquait dans la cause qui aide les jeunes provenant d’un milieu défavorisé à s’entrainer pour faire un marathon. D’autres parlaient des marathons qu’ils avaient faits, ceux qu’il recommandaient de faire. Nous avons échangé sur nos performances, nos ambitions. Je n’ai pas osé parler d’ultras, vu que ça ne cadrait pas tellement bien avec la conversation.

Preuve qu’il ne voulait pas trop déranger les habitudes des gens de la montagne, Cassivi s’inquiétait de la densité des coureurs. Finalement, le peloton s’étant étiré, nous n’avons probablement pas trop dérangé. Ou si peu.

Arrivés au chalet, nous avons entrepris de faire la boucle du sommet par la droite. Or, quand nous avons commencé à descendre, nous nous sommes mis à croiser des coureurs. Beaucoup de coureurs. Les gens avaient définitivement pris la boucle par la gauche. À toutes les 10 personnes, il y en avait une qui félicitait notre « organisateur ». Il ne l’a pas dit, mais je pense qu’il était fier de la tournure des événements.

Il a de quoi être fier. Ce qui avait été planifié comme un hommage silencieux a plutôt tourné en ce que devrait toujours, toujours être un rassemblement de coureurs: une partie de plaisir. À la fin, on s’est tous donnés la main et dits au revoir, le sourire aux lèvres.

Un bien beau rassemblement. Merci Marc…