Grande première vendredi dernier: un massage donné par une professionnelle. Pour les esprits tordus, je tiendrais à préciser qu’il s’agissait d’une massothérapeute, et non pas ce qu’on appelle souvent une masseuse. En fait, c’est mon ostéo qui a plusieurs cordes à son arc et qui selon ce que j’avais entendu dire, était excellente dans ce domaine-là aussi. Cout’ donc, toute douce, gentille comme ça ne se peut pas, super bonne dans deux domaines, est-ce qu’elle a des défauts, cette fille-là ?
Arrivé dans sa salle de traitement, il a fallu qu’elle m’instruise. Barbara m’avait dit qu’il fallait que je me déshabille au complet, mais bon, je préférais attendre la confirmation, au cas où. Tout doucement, elle m’a expliqué qu’elle sortirait, que je me déshabillerais alors et me coucherais sous les draps de la table de massage/traitement. Elle entrerait ensuite et commencerait le massage, ne découvrant que la partie du corps qu’elle massait. Je pouvais garder les sous-vêtements ou pas, à mon aise. Pour le massage, elle m’a demandé ce que je voulais. De quessé ? On n’est pas ici pour un massage ? Est-ce qu’il en existe plusieurs sortes ? Tu ne vas pas me parler de millénarisme, toujours ? Ha, l’intensité… Je ne connais pas ça, moi, alors je lui ai dit d’y aller comme elle le sentait. Elle a envoyé une couple de jets de push-push qui sent bon, puis a quitté la pièce.
Pas pudique pour deux sous, j’avais commencé à me déshabiller avant même qu’elle sorte. Bon, garder mes boxers ou pas ? Hum… Allais-je passer pour un pervers-pépère si je les enlevais ? Ou pour un coincé si je les gardais ? Gros dilemme… Et puis merde, j’ai décidé de les enlever, ça risquait d’être plus gossant qu’autre chose.
Aussitôt rendu sous les draps, j’ai eu chaud. Ouais, pas l’idéal pour se détendre. Je m’imaginais couvert de sueurs, tout visqueux… J’ai essayé de laisser la température de mon corps baisser un peu, mais rien à faire, fallait que j’enlève la couverture du dessus. Comment ça se fait que nous les hommes avons toujours chaud ?
Quand elle est entrée, voyant la couverture par terre, elle m’a dit: « Je pense que je ne monterai pas la température de la ventilation ». Bien jugé. Commença alors le massage proprement dit. Par dessus le drap. Heu, elle ne va pas me frotter de même avec un drap pendant une heure ? Ça va être poche…
Finalement non et elle a commencé par le dos. Tu n’oublies pas mes jambes, hein ? Je suis ici pour ça, après tout. Est-ce que j’ai le droit de parler ? C’est quoi, le décorum ? La petite musique de détente incite au calme, c’est certain, mais si ça fait mal, est-ce que j’ai le droit de le dire ?
Parce que moi, ça faisait mal. Les épaules, hou la la… Elle s’attardait à certains endroits, exactement où ça faisait mal. Et j’ai payé pour être ici, moi ? À un moment donné, je n’en pouvais plus, j’ai brisé le silence en laissant aller des petits grognements de gars qui se plaint un peu. C’est là que j’ai compris: c’était moi qui décidais si on parlait ou pas.
« Je vous dis qu’il y a de la tension là-dedans ! » qu’elle m’a lancé, prenant soin de préciser qu’elle y allait entre le doux et le moyen comme intensité. Aille, comment une femme à la voix si douce pouvait me torturer ainsi en y allant supposément si peu fort ? « Allez, on détend ça cette épaule-là ». Facile à dire quand on sait qu’on va se la faire enfoncer dans la table dans moins de 15 secondes… « Je pense qu’on va y aller pour un massage thérapeutique ». Ce n’était pas ça, le but ? Je n’avais pas fini ma phrase qu’elle a enfoncé son doigt/poing/coude dans mon épaule. Ouch !!! Tu ne vois pas que j’ai seulement des os dans ce coin-là ?
Évidemment, petit à petit, j’ai senti que ça faisait effet. Les endroits douloureux l’étaient de moins en moins et ça faisait du bien de me faire brasser (au sens propre) un peu. Elle s’est ensuite attaquée aux jambes. Enfin… Je me disais que les tensions devaient certainement être moins pires dans ce coin-là. Il fallait qu’elles soient moins pires. Mais bon, vu que mes tendons ont fini par se plaindre parce qu’ils travaillaient trop, peut-être qu’au bout du compte…
Hé oui, elle a réussi à trouver des spots presque aussi douloureux que les épaules. « Ho que ces muscles-là sont fatigués ! » qu’elle a dit. Ils sont sensibles aussi, genre que ça fait mal, tsé veux dire ? Définitivement pas un massage de détente, en tout cas… Elle en était rendue à me masser le visage quand elle m’a annoncé que c’était terminé. Déjà ? Je commençais tout juste à y prendre goût, moi là… Semble-t-il que j’avais tellement de tensions qu’elle n’a pas eu le temps de « faire le tour ».
Quand je me suis levé, je me suis rendu compte que merde, ça m’avait vraiment fait du bien ! Je me sentais vraiment relaxe. Assez pour recommencer: j’ai donc pris un autre rendez-vous sur le champ. Faut croire que j’ai un côté maso.
Il y a toutefois quelque chose qui me dérange: toute cette tension, elle doit bien venir de quelque part, non ? Pourtant, je ne suis vraiment pas d’un naturel nerveux, ni du genre à courir à gauche et à droite (là, c’est au sens figuré que je parle, parce qu’au sens propre, on peut dire que je cours à gauche et à droite). Qu’est-ce que ce serait si je l’étais ? Vais-je devoir me mettre aux arts martiaux ? Au tai chi ? Au qi gong ? À la méditation ? À la camomille ?