« N’oublie pas qu’il faut que tu fasses de la route demain ! »
C’était ma douce moitié qui jouait le rôle de ma conscience au moment du dodo hier soir. Elle avait raison: il fallait que je fasse un vrai entrainement sur route deux semaines avant le dernier grand rendez-vous de la saison, le Marathon de New York. Pas question d’aller s’épivarder dans le bois comme un petit gars, fallait que j’agisse en adulte, pour une fois.
Pour moi, cette dernière sortie semi-longue avant un marathon sert toujours de répétition générale avant la course. 25 km que je fais à un rythme modéré, près de celui anticipé pour la course (je sais que ce n’est pas ce qu’on est supposé faire, mais c’est ce que je fais, bon), avec l’équipement que je compte utiliser ce jour-là: souliers, casquette, shorts, ceinture d’hydratation, gels, etc. Aussi, contrairement à mes sorties de semaine, pas question de m’arrêter. En effet, quand je reviens du boulot, je dois m’arrêter assez souvent: pour traverser une intersection, passer sous le pont Jacques-Cartier pour aller rejoindre le trottoir piétonnier, me masser les tendons du genou ou simplement pour jaser avec un ami qu’il m’arrive de croiser en chemin. Veux, veux pas, ces petites pauses sont des moments de repos et faussent un peu le rythme véritable qu’on peut tenir sur une certaine distance. Cette fois-ci, je voulais faire comme en course, soit continuer peu importe les circonstances.
Première surprise en me levant: il était 6h30 à peine qu’il ventait déjà à écorner un boeuf. Merde, comment évaluer correctement si une cadence est la bonne dans de telles conditions ? Deuxième surprise: en me rendant récupérer mes souliers de route au sous-sol, mes quads m’ont fait savoir qu’ils avaient trouvé pas mal difficile la descente du mont Orford hier (j’y reviendrai au cours des prochains jours). J’étais racké d’une course de 11.5 km faite pour le plaisir ! Double merde !
Je bougonnais en me rendant au bout de la rue en trottinant pour m’échauffer. J’aurais dû aller en sentiers que je me disais. Le foutu vent, il ne nous dérange pas, dans le bois. En plus, il faisait beau, ça devait encore débile dans mon terrain de jeux. J’essayais de demeurer positif, de me dire que si je faisais une bonne sortie dans ces conditions, ce serait très encourageant pour New York… Rien à faire, je voulais être ailleurs.
Je suis parti avec comme objectif de faire du 4:25/km. Ça ne devrait pas être trop difficile, non ? Ouais, mais le vent, les quads… et le souper arrosé d’hier soir…
J’ai évité d’affronter Éole pendant 5-6 kilomètres, me contentant de zigzaguer dans les petites rues. Mais à un moment donné, il a bien fallu que je me le tape. Sur les bords du fleuve, il était terrible. Je devais le combattre sans cesse, courant à angle pour compenser. Au 7e kilomètre, ma montre a sonné: 4:33. Quoi, un kilomètre en 4:33 dans cette tempête et ce, sans y mettre toute la gomme ? Finalement, ce serait peut-être une bonne sortie…
J’ai réussi à traverser le pont des écluses juste avant qu’il lève et me suis dirigé vers le parc. Le vent était à son apogée, mais je réussissais à tenir un rythme acceptable. En arrivant au récréo-parc, un peu plus à l’abri, ma moyenne était rendue à 4:23. Dans les circonstances, on peut dire que tout allait bien.
Je l’avoue, je n’ai pas respecté ma promesse de ne pas m’arrêter. La raison: Charlotte qui prenait sa marche matinale et voulait absolument un câlin de son « papa ». Et je n’étais pas pour passer à côté de ma femme sans l’embrasser, pas vrai ? 🙂
Il me restait 14 km à faire quand je suis reparti et ils sont passés sans histoire. Au final, une moyenne à 4:21, ce qui est amplement satisfaisant. Les genoux n’ont pas bronché, je crois que je peux leur faire confiance pour dans deux semaines, surtout que je serai en tapering et ne dépasserai plus 16 km au cours des 14 prochains jours.
J’ai donc bien fait de faire de la route. Mais ça ne me tentait tellement pas…