Je m’étais pourtant dit que je ne ferais qu’un seul billet sur cette course-là. 11.5 km relaxes avec des amis, je n’en aurais pas tant que ça à dire, non ? Hé bien oui. Voici donc la première partie du récit de ma journée de samedi.
En arrivant au mont Orford autour de 8h15-8h30 samedi matin, un gentil bénévole chargé de nous faire payer le stationnement m’a accueilli. “Vous venez pour la course ?”. Non, pour le ski, que j’ai répondu. Ça a l’air que je n’étais pas le premier à la sortir celle-là (duh !). Ouais, pas ma meilleure, en effet. “En tout cas, bonne chance ! Vous allez en avoir besoin…” Comment ça ? C’est quoi, cette affirmation gratuite-là ? Penses-tu vraiment qu’elle me fait peur, ta montagne de feffi ? Je viens ici pour un entrainement cool avec mes chums, moi…
En me garant, j’ai tout de suite senti la fébrilité dans l’air. Pourtant, le départ n’était qu’à 10h15… Puis j’ai allumé: le 23 km, l’épreuve principale, partait à 9h. D’ailleurs, à voir les gens qui se promenaient, c’était évident qu’ils se préparaient pour une course difficile.
Je me suis dirigé vers le chalet où avait lieu la remise des dossards. Tout s’est passé rondement. Bien évidemment, personne ne m’a demandé la preuve que j’avais un droit d’accès au parc. Je me demande bien pourquoi ils font payer un surplus aux gens s’ils ne vérifient pas ceux qui, comme moi, prétendent avoir déjà leur droit d’accès. Enfin… (pour votre info, j’avais mon droit d’accès sur moi)
Le chalet de ski à Orford est spacieux et offre une très belle vue sur les trois monts qui forment la station. J’ai donc pu m’installer à une table pour lire un peu et grignoter tout en attendant que le départ soit donné. Pouvais-je demander mieux ? J’ai cru reconnaitre quelques visages, dont celui de Florent Bouguin, gagnant du 65 km au Harricana. À la table à côté de la mienne, une fille racontait ses “exploits”, jouant à la grande habituée. Hé, on a beau être dans un chalet de ski, savais-tu chose que ce n’est pas tellement dans la tradition de ce sport-ci de parler plutôt qu’agir ? Je sais qu’en ce qui concerne l’autre sport…
Après le départ, je suis retourné à l’auto pour enfiler ma tenue de course, ai lu encore un peu, puis suis revenu tranquillement. J’adore les événements où je ne compétitionne pas vraiment: aucun stress, aucune inquiétude en rapport à l’alimentation ou l’équipement. Je vis juste le plaisir d’être là. Une vraie belle journée de congé.
Je suis revenu au bas des pentes juste à temps pour assister à l’arrivée du 20 km cross country, une épreuve moins technique que le 23 km en sentiers, mais plus difficile que le 11.5. On annonçait déjà que le premier était passé au sommet et on l’attendait d’une minute à l’autre. C’était Sébastien Roulier, j’en étais certain. Le mont Orford, c’est son terrain de jeux. En plus, dans une course moins technique, ça aurait pris une très grosse pointure pour le devancer.
L’annonceur s’est mis à s’époumoner quand on a commencé à apercevoir Seb en haut de la dernière descente. Les organisateurs avaient prévu 1h40 pour le gagnant, Seb s’enlignait pour faire 1h36. Comme de raison, il a traversé la ligne tout sourire et sitôt arrivé, il avait un micro planté sous le nez et une caméra dans le visage (c’était le même gars qui tenait la caméra et le micro, ça faisait un petit peu Cégep, si vous voulez mon avis). Les joies d’être une vedette locale. Quant à moi, ce 1h36 (1:35:47, en vérité) me disait une chose: j’aurais eu bien de la difficulté à descendre sous les deux heures sur ce parcours-là. Ça a pris plus de 5 minutes avant qu’un autre coureur daigne se montrer le bout du nez.
Après avoir dit “que c’était facile pour Sébastien de faire un 20 km, vu qu’il était habitué à 40, 60, 80…”, l’annonceur s’est pris d’une autre obsession: la première femme. C’est parce que ladite première femme à s’être présentée au sommet était Lyne Bessette. À chaque gars qui se pointait, il nous annonçait Lyne, au point où ça en était devenu ridicule. Il y a probablement quelqu’un qui s’est écoeuré et lui a précisé que Bessette était habillée en rose. Ça nous a épargné quelques exclamations à chaque fois qu’un nouveau coureur apparaissait.
Quand elle a fini par arriver en 9e position, il s’est mis à chanter ses louanges, la vantant des ses exploits des dernières semaines. Elle avait entre autres gagné une course de cyclo-cross dans la région. Heu, c’était supposé nous impressionner ? On parle d’une ancienne cycliste de niveau olympique qui n’a pas encore 40 ans, c’est normal qu’elle gagne ces courses-là… “Tu devrais retourner aux Olympiques, Lyne !”. Elle a fait signe que non et effectivement, je ne vois pas ce qu’elle pourrait faire là. Pour ma part, c’est plus son temps qui m’intéressait: 1:46:12. Wow, moi qui me demandais si je pouvais me comparer à elle, j’ai eu ma réponse: non. Pourtant, elle avait fait 9h24 au Vermont 50 en 2011. Serait-elle moins forte sur les plus longues distances ?
Mes chums Daniel et Sylvain sont arrivés sur les entre-faits. Ça tombait bien, l’annonceur commençait vraiment à me les taper (vous allez me dire que je n’étais pas obligé de rester là et vous auriez bien raison). Ou bien il ne connait pas la course, ou bien il ne savait pas quoi dire. Il était maintenant rendu à enfiler les commentaires très profanes à propos des distances. Faire un 20 km en montagnes, même pour un athlète comme Sébastien Roulier, ce n’est pas nécessairement facile si c’est fait à pleine vitesse. Il en a passé un autre plus tard à propos du gagnant du 5 km, Alister Gardner, qui “était venu se reposer”. Ha oui ? Et les grands marathoniens, ils se “reposent” quand ils viennent faire le 10 km à Ottawa je suppose ?
Bon, trêve de chiâlage… pour le moment. Coup d’oeil à mes deux amis: ils avaient l’air de bonne humeur, détendus, heureux d’être là. C’est vrai que l’endroit est superbe et la météo l’était également. Ok, Daniel, dont c’était la première compétition officielle, semblait un peu plus nerveux. Il me posait plein de questions à propos de la montagne, si j’avais déjà fait plus difficile (non), si j’avais déjà fait un marathon à la pluie (ça oui !), etc. Mais quand on le connait, on sait que pour lui, ce n’est pas ça être nerveux ! 😉
Le temps s’est ensuite mis à filer. Poignée de main à Seb pour le féliciter, réchauffements et c’était déjà la première vague du 11.5 km qui partait. Le dernier coureur avait à peine disparu du premier virage que l’aire de départ était déjà bondée de gens de la deuxième vague. Shit, on allait devoir se placer derrière. Je savais que mes chums étaient au moins des coureurs de milieu de ce peloton, sinon mieux, alors nous allions avoir des problèmes de circulation dans les premiers kilomètres. Mais ça n’avait pas l’air de déranger les principaux intéressés. Peut-être suis-je trop compétitif…
En sentiers, on dirait que tout est plus smooth. Ainsi, je n’ai pas remarqué de précipitation au départ, ce qui est une bonne chose. Les premiers kilomètres se faisaient dans un sentier de ski de fond, en descente en bonne partie. Vraiment chouette comme endroit, il faudrait bien que je vienne m’y entrainer une fois de temps en temps. À 1h15 de chez moi, ce n’est pas si loin…
Je ne sais pas si Sylvain a couru dans les traces laissées par les VTT durant les 3 premiers kilomètres. Il passait son temps à courir dans l’herbe longue pour dépasser des gens. Moi, je suivais sans broncher, Daniel également. Nous étions définitivement mal placés dans le peloton au départ. Par contre, les dépassements se faisaient bien, les sentiers étant suffisamment larges.
Principe universel en sentiers: tout ce qui descend, remonte ! Tout au long de la semaine, je me demandais lequel des deux amis j’allais suivre: le plus lent ou le plus rapide ? Puis, comme l’arrivée était située à la fin d’une longue descente, j’ai décidé d’accompagner Sylvain car je savais que Daniel me laisserait dans la brume dans la descente.
Habitué à son Mont St-Hilaire, Sylvain se débrouille bien dans les montées. Donc, quand nous avons frappé les premières, il conservait un bon rythme, dépassant plus de gens qu’il ne se faisait dépasser. Après 5 kilomètres couverts à une bonne cadence, la pièce de résistance se présenta à nous: le Mont Orford dans toute sa splendeur. Ce n’était pas compliqué: il fallait le monter, puis le descendre. Facile, hein ?