Bromont Ultra: l’avant-course

Pour le Bromont Ultra, l’avant-course ne commence pas seulement quelques heures avant la course mais bien plusieurs jours avant (ça y est, je vois déjà ma douce rouler les yeux en se disant : « Ça va être long… »).

C’est que voyez-vous, je sortais vraiment de ma zone de confort avec cette course-là. Mon amie Chantale m’avait mis au défi de le faire en m’inscrivant à un 5 km, j’ai  plutôt opté pour l’autre extrémité du spectre, le 100 miles.

Dire que j’étais nerveux serait un euphémisme. Car non seulement j’allais me lancer dans l’inconnu, mais ma levée de fonds avait été un véritable succès. En effet, 575 $ avaient été amassés en mon nom, soit 3 fois et demi l’objectif initial. Or, en aucune façon je ne voulais laisser tomber les gens qui m’avaient appuyé. C’était une question d’honneur pour moi.

Heureusement, mon amie Maryse a le don de trouver les mots et le ton pour à la fois me rassurer et me brasser le derrière. Son courriel m’a fait rire et m’a fait me rendre compte que finalement, c’était juste une course. Une grosse course, mais juste une course quand même.

Autre coup de chance : je n’étais pas en essais de mise en service durant la semaine précédant l’événement, alors j’ai pu avoir une vie « normale » et non me taper de grosses heures de travail en chantier. J’ai donc fait mes deux petites sorties de 10 km en mode facile mardi et jeudi et pu prendre une partie du sommeil nécessaire à l’épreuve qui m’attendait.

Arrive vendredi. Je me présente au camp de base du Bromont Ultra, le parc équestre. Le cadre est enchanteur, ça augure bien. Quand j’arrive, la fourmilière est à l’œuvre. Tout semble terriblement bien organisé, comme si ça faisait des années que ces gens-là faisaient ça. Et pourtant, c’est la première édition.

Je reconnais Allister, un coureur d’élite ici, mais surtout, le concepteur du parcours. Je me présente et quand il apprend que je ferai le 160k, il me dit : « I’m sorry… ». J’éclate de rire. Est-ce que son parcours est si difficile ?  En tout cas, j’aime bien son sens de l’humour !

Aux tables des dossards, Gilles m’accueille. Tout sourire (il a le visage d’un homme qui sourit tout le temps), il se présente, me présente Ahmed et Thibault, qui tout comme moi, en serons à leur premier 100 miles. Il me parle du parcours, attire mon attention sur les 17 derniers kilomètres de la boucle de 55 km qui sont particulièrement difficiles et au cours desquels nous ne verrons aucune âme qui vive, mis à part les autres concurrents, bien évidemment, et peut-être des ours aussi. J’en prends bonne note (pas les ours, la longueur et la difficulté de la section).

Je récupère mon dossard : numéro 17. Gulp !  Un petit numéro. C’est comme si ça venait de me frapper : je vrais vraiment faire la plus grosse course de cette fin de semaine…

Avant de quitter, je demande où je dois me faire peser. Mini-panique du côté d’Audrey, la directrice de course : elle ne sait pas ni où ni quand on se fait peser. C’est que sur le site de l’événement, c’est écrit qu’on se fait peser la veille…

Dan DesRosiers, entendant les questions à ce sujet, aboie une réponse tellement typique de sa part : « Ben voyons donc, la pesée, c’est demain avant la course ! On ne pèse pas le monde la veille ! ». Comme si c’était l’évidence même, dans le même ordre que 2 et 2 font 4. D’accord, mais si le Vermont 100 le fait et que c’est écrit sur le site, me semble que… Enfin.

Une fois bien informé, je quitte les lieux, non sans avoir bien enregistré le dernier conseil de Gilles : « Repose-toi bien ce soir ! ». Ouais, je vais essayer…

Après une nuit de sommeil somme toute fort convenable et un solide déjeuner, c’est accompagné de mon père que je prends la route direction Bromont. Le RAV4 est rempli de trucs dont je risque d’avoir besoin: gels en quantités industrielles, barres énergétiques, gaufres, lampes frontales, piles de rechange, vêtements pour faire face à n’importe quelles conditions météo, 12 litres de GU Brew pré-mélangé, etc. Le tout bien classé dans des bacs à tiroirs faciles d’accès. Nous avons aussi installé un sac de couchage pour les longues heures d’attente.

Le plan est bien établi. Mon père agira comme équipe de support, me suivant de station en station (quand c’est possible) durant les premières heures de course. En début d’après-midi, Barbara viendra le rejoindre. À deux, s’il y en a un qui est fatigué, l’autre pourra prendre la relève. Il ne faut pas oublier que Barbara est atteinte d’arthrite rhumatoïde et que mon père vient tout de même d’avoir 68 ans…

La température est fraîche, un peu comme à Harricana, alors je compte partir vêtu exactement de la même façon : shorts, t-shirt, casquette, arm warmers et gants. C’est fou l’éventail de températures que je peux affronter avec cet accoutrement. Je porterai également ma fidèle veste Alpha UltraSpire, mais le vieux Camelbak est dans l’auto, au cas où.

Le site est animé par la même fourmilière que la veille. On sent une certaine nervosité chez les membres de l’organisation. Mais c’est une belle nervosité. Je me rends à la pesée et après avoir ajusté l’instrument de mesure (c’est une bonne vieille balance qui se désajuste à chaque utilisation, dans le genre imprécis…), mon poids de départ est déterminé à 148 livres. Avec des souliers, après un gros déjeuner ?  Ouais, c’est vrai qu’il n’est pas gros, le monsieur…

Nous sommes conviés à la tente tout près du lieu où nous arriverons, espérons-le, demain matin. Les ultras au Québec, c’est une petite communauté, alors même moi je connais presque tout le monde. Petite jasette avec Joan et Mélanie, sa femme. Je ne peux m’empêcher de dire au grand favori que si je le rattrape, je lui botte le derrière, ce qui fait bien rire sa douce moitié.

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En compagnie de Joan avant le départ. Dans un peu plus de 24 heures, nous serons à nouveau encore réunis…

Je croise Pierre, que j’adore. Toujours de bonne humeur, la bonté dans la voix, les yeux et les gestes, il incarne à lui seul l’esprit de la course en sentiers. Évidemment, Pat est un incontournable. Il me salue avec un clin d’œil, me demande si je suis prêt. J’espère, je le saurai bien assez vite… Sinon, ben ce sera de sa faute ! 😉

Denis, celui qui m’a tant encouragé à Sherbrooke en janvier, est ici pour son premier ultra en sentiers (il a par contre fait énormément de courses contre le temps, dont des 24 heures). Coureur rapide sur route (il a un PB de 2h51 sur marathon), il a commencé cette année à faire des sentiers. Son terrain de jeux: le mont Orford. Un plus gros défi que mon petit mont St-Bruno, mettons… Il me présente à Marie, sa charmante épouse et à son petit bonhomme qui est venu voir son papa courir. Toute la famille porte des tuques de course super originales, fort probablement des créations de Marie. Je sais où je vais faire mes prochains achats…

On prend ensuite une photo de groupe du style « pendant qu’on a encore le sourire », puis c’est le briefing (à moins que le briefing ait lieu avant ?  Je ne sais plus…) d’avant-course. Audrey nous donne les instructions de base: suivre les fanions et rubans roses, porter attention aux flèches noires sur fond jaune qui indiquent les virages. Le classique. Elle nous rappelle le code du coureur en sentiers: toujours, toujours porter assistance à un autre dans le besoin et ne rien jeter dans les sentiers. C’est à peu tout. Ou du moins, c’est tout ce que j’écoute.

Nous nous rendons ensuite en haut de la colline d’où sera donné le départ. Je fais le chemin en joggant, feignant un essoufflement incontrôlable. Ça y est, mon rythme cardiaque est déjà rendu à 200 (sans blague, je ne porte même pas de bidule pour vérifier ça) !  Je ne sais pas si c’est par politesse, mais certains rient comme je passe à côté d’eux.

Dans l’herbe mouillé et la fraicheur matinale, j’égrène les dernières minutes avant 9h en jasant avec Denis de tout et de rien. En fait, je jase beaucoup de Boston et après avoir utilisé à quelques reprises des termes un peu crus (mes choix de mots étaient borderline bûcheron par bouts, il m’arrive de me faire honte à moi-même) pour exprimer ce que je pense du parcours, je me rends compte qu’il y a un petit homme de 8 ans avec nous. Oups, pas fort. Vraiment pas fort. J’espère que Marie ne m’en voudra pas trop…

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Le bûcheron avec Denis, Marie et leur fils

Juste avant que le départ soit donné, Jeff fait le tour du groupe et se donne la peine de souhaiter bonne chance à tout le monde. Co-vainqueur avec Florent du 80k à Harricana, ces deux-là feront la course à relais aujourd’hui: Jeff fera la première boucle, Florent, la deuxième. Juste pour le plaisir.

Quand il arrive à moi, je lui dis, non sans une certaine pointe d’ironie: « On va essayer de te suivre ! ». Comme il ne me connait pas, je vois à sa réaction qu’il se demande si je suis sérieux. Principe numéro un avec Fred: il n’est jamais sérieux ! 🙂

Voilà, plus que quelques secondes et le départ sera donné. J’ai été nerveux cette semaine, mais je ne le suis plus. Advienne que pourra. Je sais que je vais avoir du plaisir pour au moins la première moitié de course. Après, on avisera.

Xtrail Asics Orford: le wrap-up

Comme c’est maintenant devenu la tradition, je vous propose aujourd’hui un dernier petit wrap-up sur la dernière compétition à laquelle j’ai pris part, le Xtrail Asics Orford.

Sur le site de l’événement, il est annoncé que cette course est la plus grosse course en sentiers au pays, réunissant un total 2200 coureurs. Aussi, on nous dit qu’elle a été votée comme étant une des 10 plus belles courses à faire au pays. Bref, à ne pas manquer.

À plusieurs égards, c’est tout à fait vrai. Le site du Mont Orford est vraiment magnifique et les vues qu’on a à partir du sommet valent à elles seules le déplacement. L’organisation est très bien rodée, les bénévoles sont nombreux et enthousiastes. Aussi, pour une course en sentiers, c’est le paradis des spectateurs car ils peuvent emprunter le remonte-pente pour se rendre au sommet assister à la fin de l’ascension de la montagne par les coureurs. Le fait d’avoir des spectateurs en haut complètement a certainement aidé la motivation de certains. Bien évidemment, si des spectateurs décidaient d’assister au passage de leur coureur au sommet, il leur était impossible d’assister à son arrivée à la base de la montagne. On ne peut pas tout avoir.

Je ne peux pas parler pour les autres parcours, mais en ce qui concerne les sentiers empruntés par le 11.5 km, ils étaient dans un très bon état. Il y a seulement des bouts dans la dernière descente qui avaient plus souffert, probablement parce que beaucoup de coureurs étaient déjà passés par là. Mais pour le reste, rien à redire.

En ce qui concerne la difficulté du parcours, elle était au rendez-vous. Après une première partie rappelant le mont St-Bruno, la deuxième représentait tout un défi. La montée et la descente du mont Orford, c’est quelque chose. En plus, le tout n’était pas très technique, ce qui me plait particulièrement, n’étant vraiment pas habile pour “danser” dans les roches et les racines.

Toutefois, et vous l’aurez deviné, il y avait un gros problème dans tout ça. Peut-être que je n’étais pas dans la bonne course. En effet, si je n’avais pas été là pour accompagner mes amis, j’aurais fait le 20  km cross-country ou le 23 km en sentiers. Aussi, nous sommes partis dans la deuxième vague du 11.5 km alors que mon niveau me situe définitivement dans la première vague. Toujours est-il que le fait d’avoir à attendre que les autres coureurs avancent dans les sections “plus étroites” de la montée (c’est ainsi que c’est décrit sur le site de l’événement) m’a beaucoup dérangé. Je me sentais comme quand je dois conduire sur une route secondaire sinueuse et que l’auto à l’avant d’une longue filée roule à 60 km/h. C’était frustrant.

Daniel et Sylvain m’ont dit qu’ils en avaient profité pour se reposer et ça ne les avait pas dérangés. Sauf que ces sections avaient un effet “nivellement par le bas”. En effet, il fallait avancer au rythme du plus lent, un point c’est tout. Sur une course très longue, c’est bien correct. Mais sur à peine plus de 10 km ?  Et à voir le nombre de personnes que nous étions à attendre notre tour, j’imagine difficilement que ça pouvait se passer beaucoup mieux dans la première vague.

Je dirais donc que cette épreuve de 11.5 km constitue une excellente initiation à la course en sentiers et à voir le nombre impressionnant de gens qui y participaient (presque 1000 !), je crois que ce but est atteint. Par contre, malgré les départs par vagues, ce nombre est trop élevé pour la capacité des sentiers, ce qui fait je ne la recommanderais pas à quelqu’un de niveau plus avancé qui devrait plutôt se tourner vers une  des deux épreuves plus longues pour éviter les frustrations.

Dans un autre ordre d’idées, cette course m’a fait réaliser quelque chose. La boucle que formaient la montée et la descente du mont Orford, qui faisait environ 6 km au total, ne doit pas être tellement différente de la “Alpine Loop” de Virgil Crest. J’ai vérifié et cette boucle-là, qui doit être effectuée 4 fois dans le cadre du 100 milles, présente un dénivelé moins important que son équivalente à Orford. Or, c’est la pièce de résistance de cette course. Comme je me débrouille très bien dans ce genre d’effort, je me dis que finalement, Virgil Crest, c’est peut-être dans mes cordes. Ça risquerait de chambouler mon calendrier de courses pour l’an prochain…  🙂

En terminant, les photos de cette belle journée entre amis étant maintenant disponibles, en voici quelques unes. Les deux premières ont été prises avant de débuter la grande montée.

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Sylvain accompagné de son chaperon

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Notre ami Daniel à l’effort

Puis, dans la partie technique de la descente…

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Admirez l’élégance !

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Pourri en descente + problèmes aux genoux = …

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Le Daniel Paré de Varennes dans son habitat naturel

Xtrail Asics Orford: la montagne

En regardant vers le haut, je me suis rendu compte de l’ampleur de la tâche qui attendait mes amis. Le serpent multicolore que formaient les gens qui montaient les lacets de la montagne semblait s’allonger à l’infini. Et le pente avoisinait probablement les 20-25% côté inclinaison à certains endroits. Ouch !  Sylvain s’est tout de suite mis en mode power hiking et nous avons amorcé la montée. Tout autour de nous, ça soufflait. Ça soufflait très fort. Certains utilisaient déjà leurs mains pour appuyer sur leurs genoux afin de les aider à monter. Ça me faisait bizarre parce que le rythme auquel nous avancions m’était très confortable, au point de pouvoir respirer seulement par le nez. J’en profitais pour admirer le paysage, me retourner pour essayer de voir Daniel. À un moment donné, sentant que mon soulier un peu “lousse”, j’ai piqué une petite accélération question de prendre un peu d’avance avant de m’installer pour resserrer les lacets. Ceci m’a valu un gentil char de bêtises de la part de Sylvain quand il m’a rejoint. 🙂

Arriva ensuite une section de single track technique et la mauvaise surprise: embouteillage. C’était quoi cette affaire-là ?  Ça n’avançait tout simplement plus, chaque centimètre de sentier étant occupé. On pouvait toujours essayer de dépasser un ou deux coureurs de temps en temps, mais ça ne donnait vraiment pas grand chose car c’était aussi jammé que l’autoroute Décarie à 7h30 un lundi matin.

Ben voyons, c’était une course, oui ou merde ? Rester immobile à attendre que les autres avancent pendant une course ?  Ridicule.

Heureusement, ce n’était pas trop long. On dirait même que ça m’a plus dérangé que ça a dérangé Sylvain. Nous avons repris l’ascension, longue et toujours très abrupte. Ouais, je vous dis que c’est de la montée !  Côte de l’enfer à St-DonatMont Grand-Fonds à La Malbaie ?  Ils peuvent aller se rhabiller. C’était  la montée la plus difficile que j’avais faite en course. Heureusement, le sol était bien sec.

Puis, une autre foutue section de single track. Encore plus abrupte. Il fallait maintenant prendre appui sur les roches et sur les arbres pour grimper. Et c’était encore l’embouteillage. Merde, ce que ça peut être gossant !  Tout au long de cette section, Sylvain a réussi à se faufiler, de sorte qu’il y avait une vingtaine de personnes en lui et moi. À un certain point, un spectateur/bénévole nous encourageait: “Vous êtes rendus aux trois quarts de la montée”. S’il avait dit que le dernier quart se faisait en single track, je lui arrachais la tête…

Finalement non (et pour le single track, et pour la tête). À mon grand bonheur, nous sommes retombés sur le chemin utilisé par la machinerie et j’ai pu rejoindre Sylvain. Il semblait bien aller. Nous avons poursuivi, sans trop jaser. Mais suite à cette autre section à ne pas avancer, je commençais en me sentir refroidir. En plus, j’ai eu envie de voir ce que ça donnerait si je faisais la montée à mon rythme, alors je suis parti.

Je me suis mis à zigzaguer au travers des gens, sentant mon coeur qui commençait à pomper. Ha, ça faisait du bien ! À l’approche du sommet, les bénévoles et spectateurs me félicitaient pour ma cadence. Heu… Arrivé en haut, j’ai attendu Sylvain. Il m’a rejoint après 2-3 minutes, toujours à un rythme constant. Coup d’oeil vers le bas, toujours pas de Daniel en vue.

J’ai demandé à Sylvain comment il allait: très bien. Ses bobos se tenaient à carreau et il ne s’était pas vidé dans la montée. Good. La semaine dernière, suite à notre sortie au mont St-Hilaire, il nous avait dit qu’il prendrait une pause au sommet pour admirer le paysage (qui était à couper le souffle, soit dit en passant), mais il ne s’est pas arrêté. Dès que la pente s’est mise à redescendre, il a recommencé à courir.

Je m’attendais à une réplique de la montagne Noire du Harricana comme descente. C’était à peu près ça. Heureusement, Sylvain est aussi prudent que je le suis devenu par la force des choses, alors je ne me suis pas fait larguer. Arriva une section plus technique et boueuse. Welcome to the swamp ! Ha hiiiii !  Au milieu de cette section, alors que Sylvain poursuivait sa descente, j’ai croisé Éric Turgeon qui remontait la pente. Non mesdames, il n’était pas torse nu…

Je lui ai demandé s’il était blessé, il m’a répondu que non, qu’il avait terminé (il faisait le 23 km). Il a ajouté que le field était très fort car il avait terminé en 6e position (soit la même qu’à Bear Mountain !) malgré le fait qu’il avait couru tout le long de la course (!) et que David Le Porho n’était pas là. Ces gars-là courent même dans ces pentes de fous ?  Ils pratiquent définitivement un sport avec lequel je ne suis pas familier. À ce moment, il faisait le chemin en sens inverse pour aller retrouver sa blonde qui faisait le 11.5 km. Je l’ai félicité pour sa course et suis reparti.

Sylvain avait pris pas mal d’avance pendant que je faisais du social, mais heureusement, il y avait une petite montée à la sortie de la section technique, ce qui m’a permis de le rejoindre. Le reste, c’était de la descente pure avec au passage, quelques trous de bouette juste pour nous rappeler que nous faisions de la course en sentiers. Nous nous sommes suivis durant toute la descente de la montagne et tradition oblige, il a terminé devant moi.

C’est vrai: à chaque fois que j’ai accompagné quelqu’un dans une course, la personne a terminé devant moi et ce, sans que je fasse exprès. Avec Maryse au Lac Brome, nous avons fini en nous tenant par la taille et sa puce a traversé la ligne avant la mienne. Au demi-marathon de Magog l’an passé, mon (autre) ami Sylvain était parti dans un sprint déchaîné que je n’avais pas pu égaler. Cette fois-ci, je ne voulais pas me scrapper les genoux… ni me casser la marboulette. Ça fait que j’ai terminé 2 secondes derrière, en 1:26:06.

Après les félicitations à mon chum qui venait de terminer sa plus longue course en “carrière”, on nous a remis nos médailles. À la préposée qui nous félicitait en parlant de la difficulté de la montagne, Sylvain a répondu que c’était plus difficile au mont St-Hilaire qu’ici. Hein ?  De quessé ?  La bénévole ne semblait pas trop le croire elle non plus. Puis il a précisé qu’au niveau technique, Orford, ce n’était pas tellement compliqué. Effectivement  (dans la partie qu’on a vue en tout cas; on n’avait pas fait le sentier des Crêtes). Mais le mont St-Hilaire non plus à certains endroits. Et c’est définitivement moins haut qu’ici !

Alors que normalement, nous aurions dû sortir de l’aire d’arrivée, nous étions pris dans notre troisième embouteillage de la journée. C’était la première fois que je voyais ça dans une course en trail, on se serait crus au Marathon de Montréal du temps de l’arrivée au Stade. Pourquoi ça n’avançait pas, donc ?

Bah, ça nous a permis de surveiller si Daniel arrivait. Rapidement, tout en haut, j’ai aperçu un kangourou avec un t-shirt bleu qui dévalait la pente: il ne courait pas, il sautait. Ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre que lui. Je me suis dit qu’à descendre comme ça, il aurait définitivement les quads détruits avant même d’être rendu au quart d’un ultra…  Il a traversé la ligne en volant littéralement, peinant à s’arrêter pour recevoir sa médaille. Sapré Daniel ! Au final, un très bon temps de 1:28:13.

Mes deux comparses avaient l’air très heureux de leur expérience. En tout cas, moi je l’étais. Après les étirements et le changement de vêtements, nous nous sommes dirigés au chalet pour le repas fourni avec l’inscription. Pendant que Daniel retournait à son auto pour récupérer son dossard, je suis tombé sur Pat qui était venu pour faire du bénévolat. Encore du placotage à mettre à jour.

Je pouvais enfin lui remettre la AK Vest qu’il m’avait prêtée… en juin !  Il m’a tout de suite remercié (heu Pat, c’est moi qui te l’avais empruntée, tu n’avais pas à me remercier parce que je te la rendais !) puis on s’est mis à jaser bobos et prochaines courses. Il m’a appris qu’il s’était inscrit à la loterie pour le Hardrock. J’étais un peu mêlé dans les courses, puis j’ai allumé: le Hardrock, c’est la course de fous dans les Rocheuses du Colorado !  Une affaire complètement débile: 100 milles avec 34000 pieds de dénivelés (en plus ET en moins), en altitude. Temps limite: 48 heures. Pour avoir le droit de s’y inscrire, il faut s’être qualifié en complétant au moins une des courses se retrouvant sur la liste qu’on retrouve à la fin de cette page. Imaginez, le Vermont 100 n’en fait même pas partie… Pat, grâce à son Massanutten, est éligible.

Quand je lui ai fait la remarque qu’il ne pourrait pas faire cette course-là et le Vermont 100 la même année (elles se déroulent deux semaines consécutives), il m’a fait un clin d’oeil avec un sourire en coin et lancé: “Peut-être…”.

Et il y en a pour dire que je suis fou ?  😉   Le pire, c’est que je l’envie !

Xtrail Asics Orford: jusqu’au pied de la montagne

Je m’étais pourtant dit que je ne ferais qu’un seul billet sur cette course-là. 11.5 km relaxes avec des amis, je n’en aurais pas tant que ça à dire, non ?  Hé bien oui. Voici donc la première partie du récit de ma journée de samedi.

En arrivant au mont Orford autour de 8h15-8h30 samedi matin, un gentil bénévole chargé de nous faire payer le stationnement m’a accueilli. “Vous venez pour la course ?”. Non, pour le ski, que j’ai répondu. Ça a l’air que je n’étais pas le premier à la sortir celle-là (duh !). Ouais, pas ma meilleure, en effet. “En tout cas, bonne chance !  Vous allez en avoir besoin…”  Comment ça ?  C’est quoi, cette affirmation gratuite-là ?  Penses-tu vraiment qu’elle me fait peur, ta montagne de feffi ?  Je viens ici pour un entrainement cool avec mes chums, moi…

En me garant, j’ai tout de suite senti la fébrilité dans l’air. Pourtant, le départ n’était qu’à 10h15… Puis j’ai allumé: le 23 km, l’épreuve principale, partait à 9h. D’ailleurs, à voir les gens qui se promenaient,  c’était évident qu’ils se préparaient pour une course difficile.

Je me suis dirigé vers le chalet où avait lieu la remise des dossards. Tout s’est passé rondement. Bien évidemment, personne ne m’a demandé la preuve que j’avais un droit d’accès au parc. Je me demande bien pourquoi ils font payer un surplus aux gens s’ils ne vérifient pas ceux qui, comme moi, prétendent avoir déjà leur droit d’accès. Enfin… (pour votre info, j’avais mon droit d’accès sur moi)

Le chalet de ski à Orford est spacieux et offre une très belle vue sur les trois monts qui forment la station. J’ai donc pu m’installer à une table pour lire un peu et grignoter tout en attendant que le départ soit donné. Pouvais-je demander mieux ? J’ai cru reconnaitre quelques visages, dont celui de Florent Bouguin, gagnant du 65 km au Harricana. À la table à côté de la mienne, une fille racontait ses “exploits”, jouant à la grande habituée. Hé, on a beau être dans un chalet de ski, savais-tu chose que ce n’est pas tellement dans la tradition de ce sport-ci de parler plutôt qu’agir ?  Je sais qu’en ce qui concerne l’autre sport…

Après le départ, je suis retourné à l’auto pour enfiler ma tenue de course, ai lu encore un peu, puis suis revenu tranquillement. J’adore les événements où je ne compétitionne pas vraiment: aucun stress, aucune inquiétude en rapport à l’alimentation ou l’équipement. Je vis juste le plaisir d’être là. Une vraie belle journée de congé.

Je suis revenu au bas des pentes juste à temps pour assister à l’arrivée du 20 km cross country, une épreuve moins technique que le 23 km en sentiers, mais plus difficile que le 11.5. On annonçait déjà que le premier était passé au sommet et on l’attendait d’une minute à l’autre. C’était Sébastien Roulier, j’en étais certain. Le mont Orford, c’est son terrain de jeux. En plus, dans une course moins technique, ça aurait pris une très grosse pointure pour le devancer.

L’annonceur s’est mis à s’époumoner quand on a commencé à apercevoir Seb en haut de la dernière descente. Les organisateurs avaient prévu 1h40 pour le gagnant, Seb s’enlignait pour faire 1h36. Comme de raison, il a traversé la ligne tout sourire et sitôt arrivé, il avait un micro planté sous le nez et une caméra dans le visage (c’était le même gars qui tenait la caméra et le micro, ça faisait un petit peu Cégep, si vous voulez mon avis). Les joies d’être une vedette locale. Quant à moi, ce 1h36 (1:35:47, en vérité) me disait une chose: j’aurais eu bien de la difficulté à descendre sous les deux heures sur ce parcours-là. Ça a pris plus de 5 minutes avant qu’un autre coureur daigne se montrer le bout du nez.

Après avoir dit “que c’était facile pour Sébastien de faire un 20 km, vu qu’il était habitué à 40, 60, 80…”, l’annonceur s’est pris d’une autre obsession: la première femme. C’est parce que ladite première femme à s’être présentée au sommet était Lyne Bessette. À chaque gars qui se pointait, il nous annonçait Lyne, au point où ça en était devenu ridicule. Il y a probablement quelqu’un qui s’est écoeuré et lui a précisé que Bessette était habillée en rose. Ça nous a épargné quelques exclamations à chaque fois qu’un nouveau coureur apparaissait.

Quand elle a fini par arriver en 9e position, il s’est mis à chanter ses louanges, la vantant des ses exploits des dernières semaines. Elle avait entre autres gagné une course de cyclo-cross dans la région. Heu, c’était supposé nous impressionner ?  On parle d’une ancienne cycliste de niveau olympique qui n’a pas encore 40 ans, c’est normal qu’elle gagne ces courses-là… “Tu devrais retourner aux Olympiques, Lyne !”. Elle a fait signe que non et effectivement, je ne vois pas ce qu’elle pourrait faire là. Pour ma part, c’est plus son temps qui m’intéressait: 1:46:12. Wow, moi qui me demandais si je pouvais me comparer à elle, j’ai eu ma réponse: non. Pourtant, elle avait fait 9h24 au Vermont 50 en 2011. Serait-elle moins forte sur les plus longues distances ?

Mes chums Daniel et Sylvain sont arrivés sur les entre-faits. Ça tombait bien, l’annonceur commençait vraiment à me les taper (vous allez me dire que je n’étais pas obligé de rester là et vous auriez bien raison). Ou bien il ne connait pas la course, ou bien il ne savait pas quoi dire. Il était maintenant rendu à enfiler les commentaires très profanes à propos des distances. Faire un 20 km en montagnes, même pour un athlète comme Sébastien Roulier, ce n’est pas nécessairement facile si c’est fait à pleine vitesse. Il en a passé un autre plus tard à propos du gagnant du 5 km, Alister Gardner, qui “était venu se reposer”. Ha oui ?  Et les grands marathoniens, ils se “reposent” quand ils viennent faire le 10 km à Ottawa je suppose ?

Bon, trêve de chiâlage… pour le moment. Coup d’oeil à mes deux amis: ils avaient l’air de bonne humeur, détendus, heureux d’être là. C’est vrai que l’endroit est superbe et la météo l’était également. Ok, Daniel, dont c’était la première compétition officielle, semblait un peu plus nerveux. Il me posait plein de questions à propos de la montagne, si j’avais déjà fait plus difficile (non), si j’avais déjà fait un marathon à la pluie (ça oui !), etc. Mais quand on le connait, on sait que pour lui, ce n’est pas ça être nerveux !  😉

Le temps s’est ensuite mis à filer. Poignée de main à Seb pour le féliciter, réchauffements et c’était déjà la première vague du 11.5 km qui partait. Le dernier coureur avait à peine disparu du premier virage que l’aire de départ était déjà bondée de gens de la deuxième vague. Shit, on allait devoir se placer derrière. Je savais que mes chums étaient au moins des coureurs de milieu de ce peloton, sinon mieux, alors nous allions avoir des problèmes de circulation dans les premiers kilomètres. Mais ça n’avait pas l’air de déranger les principaux intéressés. Peut-être suis-je trop compétitif…

En sentiers, on dirait que tout est plus smooth. Ainsi, je n’ai pas remarqué de précipitation au départ, ce qui est une bonne chose. Les premiers kilomètres se faisaient dans un sentier de ski de fond, en descente en bonne partie. Vraiment chouette comme endroit, il faudrait bien que je vienne m’y entrainer une fois de temps en temps. À 1h15 de chez moi, ce n’est pas si loin…

Je ne sais pas si Sylvain a couru dans les traces laissées par les VTT durant les 3 premiers kilomètres. Il passait son temps à courir dans l’herbe longue pour dépasser des gens. Moi, je suivais sans broncher, Daniel également. Nous étions définitivement mal placés dans le peloton au départ. Par contre, les dépassements se faisaient bien, les sentiers étant suffisamment larges.

Principe universel en sentiers: tout ce qui descend, remonte !  Tout au long de la semaine, je me demandais lequel des deux amis j’allais suivre: le plus lent ou le plus rapide ?  Puis, comme l’arrivée était située à la fin d’une longue descente, j’ai décidé d’accompagner Sylvain car je savais que Daniel me laisserait dans la brume dans la descente.

Habitué à son Mont St-Hilaire, Sylvain se débrouille bien dans les montées. Donc, quand nous avons frappé les premières, il conservait un bon rythme, dépassant plus de gens qu’il ne se faisait dépasser. Après 5 kilomètres couverts à une bonne cadence, la pièce de résistance se présenta à nous: le Mont Orford dans toute sa splendeur. Ce n’était pas compliqué: il fallait le monter, puis le descendre. Facile, hein ?