Citations estivales

Ce soir, quelques citations que j’ai retenues d’un été bien rempli. 🙂

« C’est le fun, tu jases. Les lapins sont loin d’être tous comme toi !» – Course des 7, peu après le départ du 21 km. Éric, qui m’a auparavant spotté dans mon costume de lapin, m’entretient ça depuis le début. De temps à autre, je réussis à placer une phrase. Les autres lapins devaient être foutrement silencieux…

« On est chanceux, on est entourés de plein de belles femmes ! »  – Maude était avec nous depuis le départ. Puis il y a eu Stéphanie qui est arrivée en trombe autour du 3e kilomètre. Relativement « costaude » (façon de parler) pour une coureuse, je m’étonnais qu’elle puisse tenir le rythme que mon rôle imposait. Et comme elle savait le souffle court en plus…  Disons que je ne m’attendais pas à ce qu’elle tienne le coup jusqu’à l’arrivée. S’ajouta ensuite Sophie au début du deuxième tour. Amie de Stéphanie et physiothérapeute de profession, elle s’ennuyait sur le site de départ-arrivée car au froid de canard qu’il faisait, il n’y avait pour ainsi dire pas un chat sur place qui sollicitait ses services.

Bref, Éric-le-moulin-à-paroles qui semblait les connaitre n’avait pas tort : leur compagnie était fort agréable. Et il ne se gênait pas pour le dire. Et le répéter.

Pour la petite histoire, Éric a décroché autour du 12e kilomètre et Stéphanie m’a fait mentir quand elle et Sophie se sont envolées à la fin du 2e des 3 tours. Quant à Maude, elle a fait une course bigrement intelligente, demeurant derrière moi quand le vent était à son plus fort et quand elle a senti qu’elle pouvait y aller, a ouvert la machine. J’avais fait mon travail.

Le tout s’est terminé dans la bonne humeur et les high fives.

« Ça c’est décourageant, hein ? » – La course de 7 kilomètres débutait exactement 1h45 après le départ du 21 kilomètres. J’avais demandé à l’organisation si je pouvais m’insérer et comme la réponse avait été positive, dès mon arrivée, je me suis précipité vers le départ.

Sauf que la course était déjà lancée et je n’étais pas avec les gens qui auraient normalement suivi ma cadence de 5 minutes au kilomètre. Je remontais donc le troupeau, dépassant les coureurs les uns après les autres quand j’ai entendu un monsieur dire ça à sa partenaire.

Et il a ajouté : « En plus, lui il a déjà 21 kilomètres dans les jambes… »

« Ça prend juste un bon tapering. Au moins 3 semaines » – Gilles, le grand manitou derrière le Bromont Ultra. Je venais de lui parler de l’Eastern States qui a la réputation d’être très difficile, qu’il va faire chaud, et patati, et patata…

J’ai l’habitude d’être assez négligent du côté tapering, mais j’ai décidé de m’essayer pour une fois. Mais je me suis laissé deux semaines, pas trois. On verra ce que ça donne.

« Hé content de te voir !  Câl… qu’il fait fait chaud ! » – Louis venait d’arriver au ravito Camp 10 Bear pour la première fois. Ouais, la canicule que nous avions subie durant la semaine s’était un tantinet résorbée, mais on ne peut pas dire que c’était frisquet, mettons. Toutefois, il avait l’air plus amoché moralement que physiquement. Ce satané Vermont 100, qu’on dit supposément facile, il a le don de nous rentrer dedans. Monte, descend, monte, descend…

Nous devions être 4 ou 5 autour de lui à essayer de lui amener de la bouffe, de l’aider avec ses affaires. Au moment de repartir, il m’a glissé : « Je ne suis pas certain que je vais finir… ». Je l’ai pris par les épaules et lui ai dit de prendre ça un ravito à la fois, de ne pas penser au reste. Dans un ultra, tout finit par passer. Dans le genre cliché, c’est dur à battre, mais bon, si j’avais de la répartie, je ferais peut-être un autre métier.

Au BBQ le lendemain, il me dira que je lui avais vraiment donné le boost dont il avait besoin. Ça m’a vraiment fait plaisir.

« Je t’avertis, ça va être long… » – Martin vient de se présenter pour la deuxième fois à Camp 10 Bear et à partir de là, je peux l’accompagner. La chaleur ne semble pas trop l’avoir affecté, mais les mouches à chevreuil, hou la la… Il a au moins une quinzaine de piqûres dans le dos.

Tu as du lousse en masse pour les 24 heures, tu sais… « C’est 20 heures que je vise ! ». C’est possible, vu qu’il a 5 minutes d’avance sur mon temps de l’an passé. À moi de l’amener vers son objectif, maintenant.

« À quoi ?!? » – À la demande de Martin, MON coureur, tel un Capitaine Caverne fouillant dans sa barbe, je suis parti à la recherche d’un gel à travers les multiples racoins de ma veste. Le premier que j’ai réussi à trouver était à saveur de… root beer. Oui Martin, de root beer.

Ils sont comme ça, GU avec leurs gels: ils offrent plein de saveurs bizarres. Bacon à l’érable, caramel salé, menthe concombre (?!?), « espresso love » (pourquoi « love » ?) et plusieurs autres. Dont root beer. Je m’étais dit que je l’essaierais, mais bon, c’est Martin qui sera mon cobaye. Autour du 130e kilomètre d’un ultra. Dans le genre timing pas tellement idéal…

J’ai d’autres sortes si tu veux… « Non, ça va être correct. » Il a à peine terminé sa phrase qu’il commence à engouffrer ledit gel. « Ost… !  Il a failli ressortir deux fois plus vite qu’il est entré ! ». Oups, on dirait bien que le mot « root » était de trop dans la description de la saveur du gel pour que ça passe mieux.

Car Martin, en tant qu’ultrarunner (en tout cas, en tant qu’ultrarunner québécois) a une légère tendance vers le houblon, le malt et autres produits dérivés. Et en plus, j’ai pu le constater depuis mon arrivée ici, le Vermont regorge de bières de microbrasseries. Non mais dites-moi, est-ce le paradis ici ou pas ?  De superbes chemins de campagne bien ondulés, des paysages magnifiques, des habitants  accueillants et respectueux qui élisent Bernie Sanders et qui en plus, produisent un éventail impressionnant de bières artisanales… Qui dit mieux ?

« C’est une fille, elle a du Cutex » – Martin et sa logique implacable. C’est que depuis que j’ai commencé à le pacer, nous jouons au yoyo avec une personne dont le genre est difficile à préciser. La queue de cheval tressée donne un indice, mais ne confirme pas tout. Nous lui avons même parlé, question d’en avoir le cœur net, mais sans confirmation définitive, sa voix s’apparentant à celle de Caitlyn Jenner. Dans le genre pas clair…

Mais avec une preuve comme celle que Martin vient de sortir…

« FRED !!!  Douleur, ça se dit comment en anglais ? » – Ravito Bill’s, mile 88. Martin a mal à un pied depuis quelques kilomètres et les Advil que j’ai sortis de ma barbe-de-Capitaine-Caverne n’ont pas réussi à tout endormir. Il tente tant bien que mal d’expliquer ce qui se passe au personnel médical et fatigue oblige, les mots ne viennent pas facilement.

Pain mon chum, pain. Finalement, c’est un bleu. Sous le regard sceptique de l’infirmière/médecin, il installe un morceau de bon vieux duct tape par-dessus son bas et enfile son soulier. La douleur disparaitra comme par enchantement.

« Je suis détruit » – Je suis définitivement un mauvais pacer. Pourquoi ?  Je n’ai pas de foutue mémoire. Tout comme à Bromont, je ne me souviens plus qu’il y avait tant de montées dans cette partie du parcours. Je savais qu’il y en avait, mais à ce point ?

Alors quand je dis que les montées achèvent, j’ai l’air de quoi quand une autre se présente ?  Ben c’est ça, d’un mauvais pacer.

Mon coureur est à bout, sa journée a été très longue. Et c’est en ces mots qu’il me résume son état. Je sais qu’il va se rendre au bout et aura probablement un sursaut d’énergie vers la fin. Mais en ce moment, je ne sais pas trop quoi faire pour l’encourager. Je ne suis tout de même pas pour commencer à lui chanter Sweet Caroline. En tout cas, je n’irai pas lui dire que la dernière montée était vraiment la dernière…

« Ça goûte la Laurentide » – Polly’s, mile 95. La veille, un bénévole a promis une bière à Martin à cet endroit. Chose promise, chose due et mon coureur se retrouve avec un verre de Genesee à la main.

Genesee ?  Connais pas. « Elle a du goût. Ne me parlez pas des Michelob, Budweiser, Miller, ça ne goûte rien. Celle-là goûte quelque chose et n’est pas chère : on peut en avoir une caisse de 30 pour 16$»

Pas rassurant. Vous savez, je suis persuadé que mon urine a du goût et elle ne coûte définitivement pas cher, ce n’est pas une raison pour en boire. Martin me confirme le tout pas cette simple phrase… et m’en offre une gorgée. Je pense que je vais laisser faire.

« Awesome ! » – C’est Amy Rusiecki, la directrice de course. Martin vient de terminer en 20 heures et 33 minutes (j’ai définitivement mal fait mon travail), en 27e position. Elle est mariée au grand gagnant, elle a fait cette course sous les 20 heures à quelques reprises et pourtant, elle accueille et félicite chaque participant avec un bel et sincère enthousiasme, comme si elle venait d’assister à un véritable exploit. Je l’adore.

Elle me jette un coup d’œil, je me demande si elle reconnait le zigoto qui lui a suggéré de lui foutre une claque sur la gueule il y a quelques semaines à peine. Si oui, elle ne le montre pas.

« Fred, je l’ai clenchée !!! » – Pierre vient d’arriver. Son mollet lui a causé des soucis tout au long de la journée, mais il est tout content de m’annoncer qu’il a dépassé la seule personne qui n’est pas sympathique dans le monde des ultras. On en avait parlé lors de notre dernière virée, on en rêvait presque : si on pouvait lui botter le derrière au moins une fois… Voilà, Pierre a réussi, se payant le luxe de la dépasser définitivement dans les 5 derniers miles.

Ha, si je pouvais lui faire le coup à Eastern States, que ce serait jouissif !  🙂

« Si t’as des problèmes intimes, tu diras à ta femme que c’est parce que tout ton sang est rendu dans ton mollet » (version censurée) – Pierre nous montrait son mollet. Pourtant déjà plutôt bien pourvu dans le domaine, celui qui est blessé dépasse tout de même de 50%  son collègue en volume. Martin dormait sur la chaise à côté il n’y a même pas 15 secondes de ça, mais ça ne l’a pas empêché de nous sortir celle-là du champ gauche.

Je la ris encore.

« Après 22 kilomètres, on aurait dit que tu venais juste de commencer à courir !» – Jonathan, le fils de 14 ans de mon amie Marie-Josée. Très bon coureur à son école, il est fasciné par les distances que je peux parcourir. À chaque fois qu’on se voit, il ne tarit pas de questions.

Par ce beau samedi matin, je m’étais élancé sur le chemin Gosford, près du lac Nicolet, me promettant de revenir « prendre » Jonathan ainsi que mes amis d’enfance Sylvain et Louis une fois que j’aurais une vingtaine de kilomètres dans les jambes. Après les avoir manqués, j’ai poursuivi ma route et ai fini par croiser le jeune homme. Il avait fière allure, ça semblait bien aller son affaire. Il a beaucoup de potentiel, à mon humble avis.

Mais bon, les distances, ça impressionne toujours. Et pourtant…

« Je vais faire un demi » – Dimanche, je termine ma dernière tournée du mont St-Bruno avant Eastern States. Un 20 kilomètres sans forcer, sans aller dans les plus grosses montées. À l’accueil, je croise Pat qui en est à sa dernière avant son prochain défi, le Bigfoot 200.

On placote un peu, parle du Bigfoot. Il se rappelle que je fais aussi une course en même temps que lui, c’est là que je lui dis ça.

« Tu vas à Eastern States ?  Tu le fais au complet, non ? ». C’est ce que je dis : ça fait un « demi ». Je pense qu’il l’a trouvée bonne.

« Tu n’as pas peur d’avoir chaud ? » – Une mère, ça demeure toujours une mère : ça s’inquiète pour ses enfants. Non maman, je n’ai pas peur d’avoir chaud, je VAIS avoir chaud. En plus, les sentiers risquent d’être complètement gorgés d’eau. On dirait bien qu’encore une fois, je ne pourrai pas vivre un 100 miles sans pluie. Le bonheur.

Pourquoi je fais ça, donc ? 😉

Le lapin et autres petites affaires

« Ce n’est pas dangereux, avec toutes ces roches ? »

J’étais au mont Royal, à peine 10 jours après Massanutten. Il avait plu durant la nuit. La question venait d’un monsieur que je croise régulièrement alors qu’il promène son chien à cette heure matinale. On échange toujours quelques mots car je suis probablement le seul coureur qui ose approcher son toutou malgré sa muselière. Il e le dit souvent d’ailleurs: « She likes you ». Il n’y a aucune malice dans ce chien, il est juste un peu énervé et ses aboiements peuvent impressionner quelqu’un qui ne connait pas la gente canine. D’où la muselière, pour sécuriser les gens.

Pendant que je massais doucement les oreilles de la bête poilue, j’ai souri au maître avant de répondre à sa question. Il y a bien quelques roches dans les sentiers de notre petite montagne, mais vraiment pas de quoi écrire à sa mère.

 «Ne vous en faites pas, je suis habitué… »

Le lapin

J’ai découvert la Course des 7 par pur hasard l’an dernier, alors que je partais faire ma sortie du samedi matin. Les rues étaient bloquées, des coureurs passaient. Une course chez nous et elle se faisait sans moi ?

Des petites recherches m’ont amené à découvrir qu’elle était organisée par la municipalité, dans le cadre de « Ma ville en fête ». Comme son nom l’indique, elle se déroule sur un parcours de 7 kilomètres, à faire une, deux ou trois fois selon l’épreuve à laquelle on est inscrit.

J’ai vu là l’occasion idéale de réaliser mon rêve de devenir lapin de cadence. Car oui, je « rêvais » de faire ça depuis le jour où David Le Porho m’a si gentiment montré la voie lors de mon premier marathon, en 2007. J’ai donc contacté l’organisation. Réponse ?  Quelque chose du genre : « Ça tombe bien, on se demandait comment améliorer l’événement et l’idée d’avoir des lapins de cadence avait été amenée. »

C’est donc coiffé d’une casquette sur laquelle j’avais agrafé de (trop) longues oreilles rouges et transportant une pancarte de fortune sur laquelle ma douce moitié avait écrit (son écriture est tellement plus belle que la mienne) la cadence que j’allais tenter de maintenir que j’ai quitté la maison pour le lieu du départ, tâchant une dernière fois de courir à ladite cadence, soit 5:00/km. Et comme durant toutes mes séances « d’entrainement », j’ai échoué lamentablement. Cette fois-ci, mon GPS me donna une moyenne de 4:48/km. Doh !  Allais-je pouvoir faire un lapin le moindrement potable ?

Sur place, je ne sais pas pourquoi, mais les gens de l’organisation m’ont tout de suite reconnu. 😉 Comme j’étais en avance, je suis parti faire un autre tour, question d’essayer de trouver le bon rythme. Deux autres kilomètres plus loin, je commençais à « l’avoir », alors j’ai décidé d’arrêter et de retourner au site.

Une belle surprise m’attendait : Dany, une amie du primaire et du secondaire, qui habite tout près. Coureuse depuis peu, elle m’a présenté à sa gang de Cardio Plein Air. J’ai été étonné de constater que j’étais relativement connu. « Ha, c’est lui qui court si vite au parc ! ». Heu… C’est que je suis toujours en intervalles ou en tempo quand vous me voyez au parc… « Le monsieur qui me dépasse toujours au mont St-Bruno !  Il va tellement vite…». Hein, moi ça ? À St-Bruno ?  Je ne vais jamais vite, à St-Bruno… Vous ne vous trompez pas avec quelqu’un d’autre ?

D’autres personnes sont venues me voir. Certaines se demandaient ce que je faisais avec cet accoutrement, d’autres voulaient juste jaser. « Ça fait combien de temps que tu cours ? ». 9 ans, cher monsieur. « Ha, tu as commencé sur le tard… ». Trop gentil. Non mais, pourquoi faut-il qu’il y ait toujours quelqu’un, quelque part, qui réussisse à me rappeler que je suis vieux ?

Avant le départ, je me suis placé où ce que je pensais être le bon endroit dans les couloirs de départ (ce n’était vraiment pas clair, et j’ai pourtant pas mal d’expérience dans le domaine), puis ai jasé avec mon ami René, qui allait courir le 7 km, sa première course. Vraiment pas du genre à s’en faire avec la vie, ce cher René affichait son calme habituel. Initialement, il voulait me suivre, mais bon, le départ du 7 km serait donné 10 minutes après celui simultané des 14 et 21 kilomètres, alors…

Après le réchauffement animé par l’entraineuse de Cardio Plein Air, puis le petit discours de la mairesse (heureusement, pas d’hymne national, vive le Québec !), ce fut le départ. C’est avec 5-6 coureurs collés à mes baskets que j’ai amorcé la course.

Premier kilomètre : 5 minutes tapant !  Ho yeah ! Dès lors, je savais que je n’aurais pas trop de difficulté à garder un rythme assez constant. J’avais prévu demeurer silencieux au début, puis me mettre à parler un peu plus au fur et à mesure que la course progresserait, question d’encourager et/ou distraire mes « clients ». Je me suis donc tenu tranquille lors du premier tour, ajustant ma cadence pour boucler (non sans une certaine fierté) le premier tour en 35 minutes exactement. Bah, je l’ai peut-être raté de 2 ou 3 secondes…

Mais bon, j’avais oublié un léger détail: les lapins, les gens ne suivent pas ça ad vitam aeternam. Ou bien ils se rendent compte que ça va trop vite et les laissent aller, ou bien ça ne va pas assez vite pour eux et ils décollent. Ce qui fait qu’il ne restait plus que deux personnes à me suivre à partir du milieu du deuxième tour.

Je peux toutefois dire que j’ai amené un coureur du 14 kilomètres à bon port. Il soufflait fort, se tenait dans mon sillage à s’accrochant du mieux qu’il pouvait. Je l’encourageais à tenir le coup, égrainant les kilomètres pour l’encourager. Et il a tenu bon pour terminer tout juste sous les 1h10. Quant à l’autre, un participant du 21 km, il est parti au début du dernier tour, ce qui fait que je me suis retrouvé seul.

Ça me faisait tout drôle. Je me sentais un peu ridicule à courir seul avec ma pancarte et mes oreilles de lapin. D’ailleurs, les éclats de rire des enfants que je croisais depuis le début exprimaient plutôt bien ce que je m’imaginais avoir l’air. En plus, les oreilles étaient en train de lâcher, gracieuseté de la transpiration qui détrempait le papier-construction dans lequel je les avais découpées. Hum, il va falloir revoir la conception de ces machins-là…

J’ai au moins servi de motivation à une dame qui portait un t-shirt rose et qui gardait une belle constance depuis le début. Quand j’ai fini par la rejoindre, ça lui a donné un coup de fouet et elle s’est envolée… pour que je la reprenne quelques hectomètres plus loin. Puis, à environ deux kilomètres de l’arrivée, autre sursaut d’orgueil : elle m’a dépassé, ayant l’air de vouloir en finir avec ce satané lapin, et cette fois, elle a tenu le coup.

Ce ne fut malheureusement pas le cas d’un autre « client » que j’avais rejoint entre temps. Je l’ai bien encouragé à s’accrocher, mais il peinait. J’étais déchiré entre l’idée de « faire mon temps » et celle de l’attendre pour le soutenir, mais le sens du devoir a fini par avoir le dessus et c’est avec un petit pincement au cœur que j’ai conservé la cadence.

Puis, après avoir passé la pancarte du 20e kilomètre en 1h40 juste, j’ai fait l’erreur de sous-estimer l’effet d’entrainement du dernier kilomètre. Surtout qu’à 200 ou 300 mètres de l’arrivée, j’ai entendu l’annonceur crier « l’arrivée du lapin », ce qui a créé une mini-vague de cris et d’applaudissements et m’a naturellement poussé à accélérer. C’est donc après 1:44:38 de travail que j’ai traversé la ligne. Objectif raté de 22 secondes. Oups.

 

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L’arrivée du lapin !  Ce qu’il a dans ses mains ?  Ce qui reste de ses oreilles !

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Ouais, il n’a pas fait « bull’s eye », comme on dit…

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Bah, on a eu du plaisir quand même !

Au final, j’ai beaucoup aimé l’expérience et ai offert mes services à l’organisation pour l’an prochain. Je pense que ça va devenir une tradition. 🙂

« Courez-vous des marathons ? »

Comme je retournais à la maison en joggant, toujours avec ma pancarte à la main, des gens qui avaient terminé la course entraient dans leur maison située près de chez moi. M’apercevant, une dame s’est écriée: « Heille, c’est le lapin !!! ». J’ai souri et ai envoyé la main. Allais-je être reconnu dans mon petit coin à partir de maintenant ?

Toujours est-il que quelques jours plus tard, alors que je faisais la promenade canine du soir, un jeune garçon qui jouait avec son skateboard m’a demandé : « Est-ce que vous courez des marathons, vous ? ». Heu, oui. Pourquoi demandes-tu ça ?  « Parce que vous marchez souvent avec votre chien».

Je ne voyais pas le rapport et j’ai trouvé ça très drôle. Ha, les enfants et leur esprit de déduction… différent !  Il y a plein de monde dans le quartier qui, banlieue oblige, promènent leur chien à tous les soirs, jamais je ne croirai qu’il demande ça à tous ceux qui passent.

Puis, j’ai analysé un peu et en suis venu à la conclusion que les parents du petit ont probablement parlé du fait que celui qui faisait le lapin pour la Course des 7 était le gars qui passait tous les soirs devant la maison pour promener son chien et que c’était quelqu’un qui courait des marathons. Le petit a rassemblé toutes ces informations dans sa tête et en est venu à la conclusion que je courais des marathons parce que je promenais souvent mon chien. Trop cute !

« Négligerais-tu St-Donat ? »

Achat de souliers « hybrides » (qui conviennent autant pour les chemins de terre que les sentiers), tests en vue de l’utilisation d’une bouteille à la main pour l’hydratation, disons que ces derniers temps, mes actions s’orientent beaucoup vers le Vermont 100.

Ce qui donnait à croire que je négligeais ou même sous-estimais St-Donat, comme m’a demandé ma douce. Non, je ne néglige pas et sous-estime encore moins St-Donat. On ne peut pas sous-estimer St-Donat. C’est notre Massanutten : un parcours difficile, technique, qui teste autant le physique que le mental du concurrent. Une véritable bête.

Mais comme c’est le seul ultra que j’ai fait plus d’une fois, je sais à quoi m’attendre : je vais distancer beaucoup de monde dans la première montée pour ensuite me faire shifter dans la descente. Puis ça va recommencer, encore et encore. Et je vais me dire que c’est la dernière fois et patati et patata…

C’est demain et je ne m’attends vraiment pas à des miracles, vu que j’ai plein de petits bobos achalants. Mais on va s’amuser !  🙂