2015, une drôle d’année

Les traditions étant les traditions, pas moyen de passer à côté de celle qui en est rendue à sa quatrième édition, soit la revue de ma dernière année dans le merveilleux monde de la course.

Voici donc ce qui m’a « frappé » au cours des 12 derniers mois…

Les femmes de la course – Contrairement aux années précédentes, j’ai cru remarquer qu’elles avaient eu un rôle plus important dans mon activité en 2015. Je ne peux donc tout simplement pas laisser leur apport sous silence.

Tout d’abord, je me dois évidemment de souligner, encore une fois, tout le soutien venant de la part de ma (la plupart du temps) tendre épouse Barbara. Contrairement à bien d’autres qui prétendent soutenir leur homme et qui profitent ensuite de la moindre occasion pour leur ramener ça sur le nez quand ça va moins bien, je sens vraiment qu’elle est derrière moi. Elle me connait mieux que personne et sait que je pourrais difficilement vivre sans mon sport. Or, quand je me suis blessé et aussi quand j’ai eu une grosse baisse de régime en fin d’année, au lieu de me casser les oreilles avec les classiques « Je te l’avais dit » et « Tu en fais trop », elle a cherché avec moi à trouver des solutions. Ajoutez à ça qu’elle a passé une autre nuit blanche à me suivre dans les coins le plus reculés de la Virginie profonde pour ensuite avoir l’immense bonheur d’avoir à me ramasser quand je suis tombé dans les pommes dans la salle de bain…

Donc, très humblement, merci pour tout, mon amour.

Une qui n’a pas eu à passer une nuit blanche, mais presque, et qui a gardé le sourire tout le long, c’est ma « petite » sœur Élise. Prise pour dormir sur le fauteuil de la chambre d’hôtel avant et après la course, elle n’a jamais perdu sa contagieuse bonne humeur tout au long de la journée. Et le sourire, elle l’avait encore par cette belle journée de novembre, quand elle a complété avec brio son premier demi-marathon. Je l’ai dit et le répète, il y a une marathonienne et même une ultramarathonienne dans ma frangine.

Dans un autre créneau, que dire de Fanny, celle pour qui j’ai joué au pacer à Bromont ?  Je l’ai rejointe alors qu’elle avait 124 longs kilomètres dans les jambes. Elle claudiquait, avançait lentement. Mais elle avait un moral d’acier et son esprit était si vif que je me suis trouvé nul de me sentir moche alors que j’avais dormi quelques heures.

Comme le lapin Energizer, elle a avancé, encore et toujours, grugeant lentement, mais sûrement un à un les obstacles qui se dressaient devant elle. Jamais je ne l’ai entendue se plaindre. Une battante, une vraie de vraie. Une inspiration.

Puis, comment oublier Christina, Kathleen et Amy, celles qui m’ont donné tant de fil à retordre en compétition ?

Christina, elle n’avait l’air de rien. Mais elle enfilait les kilomètres en enchainant les petites enjambées à une cadence époustouflante. Au fur et à mesure que la course progressait à Washington, elle s’éloignait de moi, me laissant croire que je n’étais pas vraiment dans une bonne journée. Et pourtant…

De Kathleen, je me rappellerai toujours le fait qu’elle n’arrête jamais, mais jamais de courir, même si elle avance plus lentement que quelqu’un qui marche dans certaines montées.  Et surtout, elle est ce qu’on appelle ici un cr… d’air bête. Autant à Massanutten qu’au Vermont, nous avons fait de longs bouts ensemble et la seule fois qu’elle m’a glissé un mot, c’était pour répondre au « Great job ! » que je lui avais lancé. Elle m’a répondu « You too ! » pour, quelques centaines de mètres plus loin, me dépasser sans me dire un foutu mot. Bout de viarge, elle a parlé plus aux chevaux qu’à moi durant toutes ces heures !

Quant à Amy, bien que son flot incessant de paroles m’ait un peu agacé à Massanutten, la longue jasette qu’on s’est piqué après le Vermont (où elle était directrice de course) m’a fait découvrir une femme charmante et drôle à souhait. Une vraie de vraie trail runneuse, contrairement à l’autre…

Aussi, un petit mot pour Anne, qui aurait bien pu être la première femme à me chicker dans un ultra au Québec. Si ce n’est pas elle, ce sera une autre, car le monsieur ne rajeunit pas et les femmes commencent à pousser pas mal fort ici…

En terminant, bien qu’on ne se soit pas côtoyés en course, j’ai suivi de près (mais à distance) l’impressionnante progression de mon amie Julie cette année. 4 ultras, en plus de plusieurs autres courses pas piquées des vers, c’est toute une saison qu’elle a eue. Et en juin prochain, nous ferons équipe dans le cadre de la Petite Trotte à Joan. J’y reviendrai.

Monsieur dream team – Il a été de tous mes 100 miles, il est sans contredit mon fan numéro un. Homme discret qui n’aime pas être le centre d’attention (c’est génétique, que voulez-vous…), il tient mordicus à faire partie de mon équipe de soutien. Et sa place est réservée à perpétuité (sauf pour les épreuves que je ferai en solo, bien évidemment). Un gros, gros merci pour tout papa.

Mon « entourage » – Bien que la course soit le sujet de ce blogue et que mes interventions Facebook ont presque toutes rapport à ça, c’est seulement quelque chose que je fais, ce n’est pas ce que je suis. Non mais, est-ce qu’il y a quelque chose de plus fatigant que quelqu’un qui parle toujours de la même affaire ?

Ma femme, ma famille, mes amis, mes collègues de travail me permettent d’échanger sur d’autres sujets d’intérêt. En fait, même entre ultrarunners, on parle souvent d’autre chose. Car, il n’y a pas que la course dans la vie, n’est-ce pas ?

« Mes jeunes » – C’est comme ça que je surnommais les étudiants de l’école Gérard-Filion avec qui je courais les lundis. Eux s’entrainaient pour le Grand Défi Pierre-Lavoie et moi, ben, je courais, comme d’habitude.

C’était beau de voir des jeunes motivés par le projet et des profs dévoués les encadrer. Une belle expérience de vie.

Ils nous ont quittés –  Quelques jours avant la course à Washington, j’ai appris le décès de mon oncle Claude, qui n’avait que 70 ans. Je ne le voyais pas tellement souvent, mais c’était toujours un immense plaisir d’être en sa compagnie. Il avait le don de nous faire rire, alternant taquineries et autodérision. Les funérailles ayant lieu le jour où nous partions, nous n’avons pas pu y assister.

Dans les 10 derniers miles, alors que le soleil était à son zénith et que je serrais les dents pour tâcher de terminer, je l’entendais me traiter de débile et rire de moi. J’ai ri tout seul parce que j’étais un peu d’accord avec lui…

Puis, peu avant le Vermont 100, j’ai appris le décès de Christian. Celui-là, je l’ai pris encore plus dur, probablement parce qu’il avait mon âge. Durant la course, dans les moments les plus difficiles, je me rappelais de ses expressions colorées et encore là, je riais tout seul. Deux jours plus tard, à la sortie de l’église de Ste-Julie, je n’ai pas retenu mes larmes. Il me manquait déjà.

Le froid – C’est difficile à croire avec le mois de décembre hyper-clément que nous avons eu, mais l’hiver a été dur dans la partie nord-est du continent. Très dur, même. Jamais vu autant de journées avec des températures descendant sous les -20 degrés, jamais vu un hiver aussi long. Pas les conditions idéales pour se préparer en vue de la saison des ultras, mettons.

La chaleur – Bon, j’ai beau m’en plaindre, mais mon corps vit plutôt bien avec le froid. Malgré les conditions extrêmes, je ne suis jamais allé au bout de ma garde-robe. Je ne protège que très rarement mon visage et n’ai aucun problème à respirer dans le froid. Ha, si mes mains pouvaient être comme le reste de mon corps…

Par contre, la chaleur… Ouch !  Là, c’est plus difficile. Et comme le hasard fait « bien » les choses, il fallait qu’il fasse chaud autant à Washington qu’à Massanutten. Si au moins ça s’était déroulé en fin de saison…  Mais non, c’était en avril et en mai. Dire que j’ai souffert serait un euphémisme.

Un parcours à ma mesure – En banlieue de Washington, sur les bords du Potomac. Deux parcs reliés entre eux par un sentier. Parcours peu technique, relativement rapide. Des boucles, des allers-retours. Un parcours fait pour moi (il le serait encore plus s’il y avait de vraies montées, mais bon…). Je pensais que j’aurais pu faire mieux, mais finalement…

WHAT ?!? – C’est ce qui est sorti de ma bouche. La première fois, alors que j’avais 75 km dans les jambes et que le pauvre bénévole m’annonçait que je devais me taper le foutue boucle de 2.2 miles qu’on s’était tapée plusieurs heures auparavant. Pendant que je bougonnais, les coureurs du 50 km que je venais de dépasser passaient tout droit. Quand j’ai vu Christina sortir de ladite boucle, je me suis résigné : j’y suis allé, la queue entre les jambes, comme si on m’envoyait à l’abattoir.

Puis, une fois l’arrivée franchie, alors que j’envisageais sérieusement de retourner à mon auto pour aller récupérer moi-même mon drop bag, je suis passé à la tente de chronométrage. Comme j’avais eu une course somme toute correcte, je m’attendais à avoir terminé entre les 20e et 30e places. Au mieux, la 15e. Puis, j’ai vu le chiffre : 9e, avec à la clé, une première place dans ma catégorie.

WHAT ?!?

Les roches – Massanutten Mountain Trail 100-Mile Run. Les roches en font sa réputation. J’en ai fait une indigestion, littéralement.

Abandonner ? – En course, j’y avais souvent songé, mais jamais sérieusement. C’était avant de connaitre Massanutten. Il faisait chaud, le parcours très technique faisait que j’avançais à pas de tortue. Je détestais ça profondément. Je voulais juste partir, être ailleurs. Avant même le premier tiers, j’ai songé à abandonner.

Je me suis trainé jusqu’au ravito. Puis jusqu’au suivant. Mon enthousiasme est revenu, avant de repartir. À la mi-parcours, j’étais en mode death walk. La providence a mis Pierre sur mon chemin. Sa présence m’a rassuré, revigoré. Ce n’est que beaucoup plus tard que je resongerai à abandonner, quand, envahi par la fatigue, mon corps ne voulait tout simplement plus avancer.

Le bourbon – Bird Knob, mile 81.6. Je me demande comment je fais pour tenir debout. Le ravito est minuscule et sur place, les bénévoles sont sur le party. Ils nous offrent du bourbon, il me reste tout juste assez d’intelligence pour décliner. Pierre accepte avec plaisir, alors que je me contente d’un concentré de café au chocolat (ou était-ce du chocolat au café ?).

En tout cas, c’est ce que Pierre m’a raconté, car honnêtement, ceci n’est qu’un vague souvenir pour moi.

Pas un pique-nique – Picnic Area, mile 87.9. Je suis au bout du rouleau. J’ignore si c’est la fin ou pas, mais je dois prendre un temps d’arrêt : je dors debout. Le problème est que je ne dors pas une fois couché, alors j’attrape au passage mon partner avant qu’il quitte et nous repartons ensemble.

Quelques centaines de mètres plus loin, mon système digestif me signifie son ras-le-bol. Il refera plusieurs fois des siennes pendant les 3 heures que durera le trajet nous menant au dernier ravito, à peine 9 miles plus loin.

Voulez-vous bien me dire pourquoi ils ont appelé ce ravito Picnic Area ?!?

Les hallucinations – Une dame qui nous fait des grands signes. Un chapiteau. Je les vois, clairement même. Mais Pierre ne les vois pas. J’hallucine, mais le pire est passé. Nous en rions encore.

Le « sprint » –  Nous avons enfin regagné la route. Plus que 6 petits kilomètres. Ma Garmin ayant rendu l’âme, je ne sais pas à quelle vitesse nous allons, mais j’ai l’impression que c’est très vite. Un à un, nous rejoignons des coureurs, les laissant dans notre sillage.

Quelques heures auparavant, je pensais que j’allais mourir. Pourtant, en ce moment, je vole. Et je n’ai jamais pris de repos entre les deux. C’est bizarre, le corps humain.

Mon partner – Nous avons passé 17 heures ensemble. 17 heures à échanger sur tout, à se soutenir, à s’encourager. On dit que pour vraiment connaitre une personne, il faut courir un ultra avec elle. Hé bien, je crois qu’on a vraiment eu la chance de se connaitre tout au long de cette journée et de cette nuit.

J’ai pris le départ de cette course sans trop savoir à quoi m’attendre. Je l’ai terminée avec un ami.

Lapin de cadence – Un rêve devenu réalité 8 ans plus tard. À cause de mon déguisement (ou malgré lui, c’est selon), plusieurs personnes sont venues me parler. Et pendant plus d’une heure, j’ai été leur guide. Une responsabilité que j’assumais pleinement, espérant secrètement avoir contribué un tantinet à la réussite de certains d’entre eux.

Je n’avais juste pas prévu faire les 6-7 derniers kilomètres tout seul…

On s’habitue à tout – St-Donat, la première fois, j’ai détesté. Profondément détesté. Trop technique, trop de bouette, pas moyen de prendre un semblant de rythme. Puis, par masochisme, j’y suis retourné. Bah, pas si pire, que je me disais. J’en ai donc remis une couche cette année.

Ha ben bout de viarge, j’ai même aimé ça !  Comme quoi, on s’habitue vraiment à tout.

Perdu – Mon ami Pierre a la fâcheuse tendance à se perdre quand il court des ultras et j’avoue que nous le taquinons un peu avec ça. Mais cette fois-ci, à St-Donat, c’est moi qui me suis royalement fourvoyé peu après le sommet de la Noire.

Têtu comme une mule, je me suis enfoncé, encore et encore. C’est par une chance incroyable que j’ai fini par retrouver le bon sentier. À ne pas refaire.

Le kyste – Je le trainais depuis longtemps. Des mois, des années ?  Je ne sais pas trop. Il était dans mon dos, alors il ne paraissait pas et ne me dérangeait pas, alors pas de presse à le faire enlever, n’est-ce pas ?

Erreur. Durant les 8 heures que j’ai passées dans les sentiers de St-Donat, le frottement incessant de ma veste d’hydratation a probablement fini par causer une ou plusieurs micro-blessures et ledit kyste s’est infecté. Après quelques jours à l’endurer, j’ai dû me rendre à l’évidence : je ne m’en sortirais pas seul.

On l’a ouvert, vidé, puis on y a installé une mèche que je devais faire changer tous les jours. On m’avait dit que ça durerait 7 à 10 jours, le temps que la plaie se referme. Ça a pris 6 interminables semaines.

Finalement, c’est un chirurgien que j’ai rencontré par hasard la veille du Vermont 100 qui m’en a débarrassé, plusieurs semaines après.

« And you ran a 100 miles with that… » – C’était Amy, après le Vermont 100, alors que je venais de lui expliquer pourquoi je devais retourner au Québec avant le traditionnel barbecue. Tu aurais fait pareil, chère Amy.

« Il est tout mouillé » – L’infirmière qui a effectué le changement de pansement-mèche le lendemain du Vermont. C’est que voyez-vous, j’ai couru 100 miles dans la grosse humidité et pour couronner le tout, je me suis fait arroser non pas par un, mais bien deux orages.

Alors oui, c’est possible qu’il soit mouillé.

Monte, descend, monte, descend… – Dans le milieu, on le dit « facile ». Vrai qu’il n’est pas tellement technique, vu qu’il se passe à 70% sur des chemins de terre. Quand on sait que le record de parcours se situe sous les 15 heures…

Ceci dit, ça n’empêche pas le Vermont 100 d’être tout un test. 100 miles, 161 foutus kilomètres, toujours en montée ou en descente. Aucune de ces montées ne peut se targuer d’être une véritable ascension. Il en va de même pour les descentes, qui se font à peu près toutes à pleine vitesse. Mais c’est l’ensemble, qui est beaucoup plus difficile que la somme des parties, qui fait de ce parcours ce qu’il est : un défi à ne pas sous-estimer.

La cheville – Bang, bang, bang. Des milliers de fois, mes pieds ont frappé le sol. Au bout d’un certain temps, ma cheville en a eu marre. Deux semaines de repos, je la pensais guérie. Erreur. La persistance de ce mal m’a forcé à essayer de changer ma technique de course.

Changement de technique – En course à pied, il faut toujours, toujours y aller graduellement. Ce que je n’ai évidemment pas fait. Des mollets et des tendons d’Achille sollicités au maximum, des malaises qui ne finissent plus de guérir. Je suis maintenant contraint de recommencer à zéro, en espérant que ma cheville me le permette…

Pacer – Étant dans l’impossibilité de compétitionner pour moi-même, je me suis rabattu sur le pacing en fin de saison. Tour à tour, Sylvain, Fanny et ma sœur Élise ont eu à m’endurer, parfois pendant des heures. Je les plains.

Porteur de bière – Mon ami Sylvain était blessé, je me sentais tellement, mais tellement inutile. Quand il m’a réclamé de la bière, j’ai tout d’abord cru à une blague. Constatant son sérieux, je me suis exécuté avec plaisir. Si au moins je pouvais servir à ça…

Réflexion toutefois : 5$, était-ce suffisant pour acheter cette grosse canette de Heineken dans un dépanneur ?

Bénévole –  C’était ma première « vraie » expérience en tant que bénévole dans un ultra. Observer les autres agir, ça nous permet d’en apprendre beaucoup, autant sur eux que sur soi-même, tout en se rendant utile. À refaire.

Courir à travers l’histoire – Rome, Florence. La Place St-Pierre, le Tibre, le Circo Massimo, le Colisée, l’Arno, le Ponte Vecchio, le Duomo, le Palazzo Vecchio.  Des endroits célèbres, « courus » par les touristes. Hé bien moi, j’étais le touriste qui les ai découverts en courant au (très) petit matin, alors qu’il n’y avait personne.

Une manière de découvrir le monde autrement. Je ne l’avais jamais fait, je ne pourrai plus m’en passer. Merci pour le tuyau, Didier.

Ambassadeur – Hé oui, je suis maintenant ambassadeur Skechers. Qui l’eût cru ?

Le down – Retour d’Italie, petite sortie de 10 km en vue du demi avec ma sœur trois jours plus tard. Catastrophe : je fais du 4:23/km de moyenne, de peine et misère. Je mets ça sur le compte du décalage horaire.

Les semaines se suivent et je n’avance toujours pas. La nouvelle technique peut être en cause, mais comme je reviens peu à peu à mes premières amours, il me semble que… Puis, un dimanche, après 11 petits kilomètres à St-Bruno, étourdissements. Je persiste, puis finis par capituler après 18 kilomètres. La semaine suivante, ma « longue sortie » ne fera que 16 misérables kilomètres.

Entre les deux, les sorties plus courtes étaient somme toute convenables. J’en parle aux copains qui ont des propos rassurants. Je consulte tout de même un médecin qui décèle un léger souffle au cœur et commande un bilan médical complet. Une fois « sevré » d’alcool, je me retrouve une aiguille enfoncée dans le bras avant de faire pipi dans le petit pot pour ensuite jouer dans mon caca avec un petit bâton. La joie. J’aurai les résultats d’ici 2 semaines.

Entre temps, j’ai décidé de contrôler ce que je peux contrôler, soit mon alimentation. Donc, moins de sucre et moins d’alcool. Pas de coupure drastique (la vie serait tellement plate et c’est tout de même le temps des Fêtes !), mais un certain contrôle. Ça ne peut pas nuire.

Depuis deux semaines, je sens que je remonte la pente. J’étais peut-être juste fatigué après tout…

Les loteries – L’année a commencé par celle de Massanutten, où j’ai « gagné ». Elle s’est terminée par une « défaite » en vue du Western States (j’avais un gros 3.6% de chance d’être pigé) et un suspens en vue de l’UTMB. Hé oui, j’ai appris tout récemment que mon résultat à Massanutten était admissible pour l’obtention des fameux « points » nécessaires pour avoir le droit de participer à la mythique épreuve.

Mais, tout comme quelques-uns de mes comparses, j’avoue que toutes ces loteries commencent à me peser. Bientôt, on ne pourra plus avoir la moindre idée de notre programme de la saison avec tous ces foutus jeux de hasard…

2016 ? – Le programme se dessine tranquillement. Encore une fois, pas de marathons, à moins que ce soit comme accompagnateur. Les marathons et moi…

Malgré toutes mes belles promesses, je compte retourner à Massanutten. J’ai un compte à régler avec cette course-là et comme je l’ai déjà terminée, j’ai à peu près 100% des chances d’y retourner si c’est ce que je veux.

Ensuite, ce sera la Petite Trotte à Joan, puis, comme je ne suis qu’un être humain, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de me faire le Vermont 100 trois petites semaines plus tard. De toute façon, si je suis pris à l’UTMB… Je sais, Joan s’est farci les trois l’an passé, mais je le répète, je ne suis qu’un être humain, moi. Et si ça ne fonctionnait pas du côté des Alpes, ce sera l’Eastern States, qu’on dit très, très difficile. Ok, c’est moins glamour, mais bon, c’est aussi pas mal moins loin !

À l’automne, j’espère bien effectuer un retour à Bromont, mais c’est encore loin. Puis, j’aimerais bien me faire  quelque chose de plus petit en mars ou avril. Un 50 km ou un 50 miles. On verra.

Encore une fois, bien des beaux projets ! 🙂

Bonne année 2016 à tous !

D’autres petites vites

  1. Demi-marathon des microbrasseries

Je trouve un peu injuste d’en parler dans le cadre d’une « petite vite », mais en même temps, ma petite soeur a tellement bien fait ça que j’aurais peut-être manqué de mots (mais si, ça m’arrive !) pour faire un récit complet de toute façon.

Un récit de quoi ?  De son premier demi-marathon, bien sûr ! Ça se passait le dimanche suivant notre retour d’Italie, dans le cadre du Demi-marathon des microbrasseries à Bromont.

C’était une merveilleuse journée ensoleillée, mais un peu froide à mon goût, surtout qu’avec le petit vent… Pour vous dire, je suis certain que le Johnny on the spot dans lequel je me suis installé tremblait de tous bords tous côtés pendant que je faisais ce que j’avais à faire avant le départ. Je ne me souviens pas avoir déjà grelotté à ce point avant une course. Mais je me suis rappelé pourquoi je ne voulais plus faire ni Boston, ni New York…

Heureusement, nous avions accès à nos autos pour espérer garder un tant soit peu de chaleur. Mais je dois avouer que la partie réchauffement a été légèrement escamotée.

Sur la ligne, nous étions quatre: ma soeur Élise, son amie Mimi, mon ami Sylvain qui faisait sa plus longue sortie depuis son marathon, et votre humble maigrichon-chiâleux. Le plan était que j’accompagne les deux filles pour la course et que Sylvain s’amuse en nous jasant car il n’avait pas envie d’y aller à fond.

Comme tout bon plan, il dû être rajusté dès la première montée, une véritable face de cochon de 600-700 mètres de longueur, le genre de côte qu’on ne voit habituellement pas en course sur route. Suivant son plan de marcher les côtes les plus difficiles, Élise s’est mise à la tâche. C’est qu’elle a un bon pas, la frangine… Et Mimi a décroché. Nous l’avons attendue, mais dès la montée suivante, elle a dit à son amie d’y aller, qu’elles n’étaient pas du même calibre ce jour-là. Le côté compétitif semblant une tare familiale, Mimi n’a pas eu à le répéter deux fois… Les deux se sont embrassées, puis nous étions repartis, à trois.

Pour le reste, je dois avouer qu’Élise m’a beaucoup impressionné. Elle a gardé un rythme constant, semblant toujours demeurer « en dedans ». En plus, elle était d’une bonne humeur contagieuse. Petit à petit, nous grugions du terrain, faisant du bunny chasing, car oui, il y avait des lapins de cadence. Ça m’étonnait un peu, vu que le parcours, très accidenté, ne se prêtait guère à l’exercice.

Parlant du 0parcours, plusieurs sections empruntaient certaines routes de campagne que nous avions foulées dans le cadre du Bromont Ultra. Je ne comptais plus les fois où je disais: « Ha oui, on est passés par ici… » pour ensuite ajouter: « Mais on virait par là ! » quand un sentier se présentait à la route.

Ainsi donc, quelques kilomètres après avoir dompté le lapin de 2h15, nous avions celui de 2h10 en point de mire. Je n’ai pas pu réprimer un sourire quand, dans la dernière grosse montée, j’ai entendu ma compagne de route « rugir » pour poursuivre à la course alors que le lapin s’était mis à marcher. De qui tient-on cet esprit compétitif, donc ? De notre père ou de notre mère ?  🙂

C’est seulement dans le dernier kilomètre que je l’ai sentie faiblir un peu, mais jamais je n’ai douté qu’elle tiendrait le coup. À l’arrivée, ce sont des parents pas mal fiers de leur progéniture qui nous ont accueillis après 2h08 de course. Sur un tel parcours, ça équivaut à moins de 2 heures sur le plat, j’en suis certain.

Sylvain dans tout ça ?  Il a eu l’air de s’amuser comme un gamin, allant parfois devant, parfois derrière. Il avait pris de l’avance pour nous réserver un verre de bière (c’était tout de même le demi-marathon des microbrasseries !) autour du 17e kilomètre, mais comme ma partner a refusé l’offre, j’ai fait de même. On était un team !  🙂

Je dois aussi dire que c’était ma plus longue sortie depuis que j’essaie de changer ma technique de course et mes tendons d’Achille me suppliaient d’arrêter, alors la bière ne me disait pas grand chose. Une fois n’est pas coutume, comme on dit !

Et Mimi ?  Elle a terminé avec le sourire, 25 minutes plus tard, se contentant de faire la distance à son rythme.

Mes impressions au final: c’est une future marathonienne que j’ai côtoyé, je n’en doute pas une seconde. En fait, je dirais même qu’elle a plus l’âme d’une ultramarathonienne: très efficace dans les montées, tenace comme dix, je la verrais très bien s’esquinter dans le bois avec son idiot de grand frère. En tout cas, j’ai mon pacer pour le prochain Vermont 100 !  🙂

« Est-ce qu’il y a des côtes aussi pires que ça ? »

Cette question, elle est venue de mon ami Sylvain après la course. Lui, le gars qui avec qui j’ai fait Orford il y a deux ans. Lui, un de mes lecteurs les plus fidèles. Il me demandait si dans le cadre d’un ultra, il y avait des côtes aussi pires que celles qu’on venait de se taper. Si lui se demandait ça, j’osais à peine m’imaginer ce que peut penser le commun des mortels…

Heu… Comment dire ?  Le Demi des microbrasseries, c’est un parcours très difficile… pour une course sur route. Pour une course en sentiers ou un ultra, ce n’est pas de la petite bière,  c’est une insulte à la petite bière ! Car, si effectivement le Bromont Ultra empruntait certains tronçons où ma sœur a fait ses premières enjambées dans le monde des demi-marathons, il nous faisait aussi monter et descendre le mont Brome à six reprises, par trois versants.  Sans oublier le mont Gale, qui ne donne pas sa place lui non plus, à deux occasions. Alors, les côtes qu’on retrouve sur la route, elles étaient plus des mises en appétit qu’autre chose.

Tout ça pour dire que lorsqu’on parle ultramarathons, les gens sont très impressionnés par les distances. Mais, et c’est un peu triste, ils n’ont aucune espèce d’idée du terrain que nous devons affronter. Et pourtant, si ça prend plus de 24 heures pour faire 100 miles, ce n’est pas juste à cause de la distance parcourue.

À Massanutten, il y a une section où ça monte sur 5 kilomètres… sans arrêt !  En tout, ce sont autour de 6000 mètres d’ascension (et bien sûr, tout autant de descente) que ce parcours nous propose. À Bromont, c’est sensiblement la même chose. Alors si vous faites un petit calcul simple, ça revient à passer toute la course dans une pente à 7.5%, soit en montée, soit en descente. Et comme il y a toujours des bouts plus plats…

Imaginez des courses comme l’UTMB, le Hardrock ou le Grand Raid de la Réunion qui présentent dans les 10000 mètres de dénivelés…

Ambassadeur, moi ?

Celle-là, elle m’est un peu tombée dessus par hasard. Suite à l’insistance d’un ami auprès du représentant de la compagnie Skechers, je me suis retrouvé ambassadeur de la marque… sans même l’avoir déjà portée !

Au cours des prochains jours, je recevrai ma première paire, le modèle de route GORun 4. Un essai en boutique a piqué ma curiosité, j’ai bien hâte de les battre à plate couture. Ironiquement, je suis plus « connu » (c’est un bien grand mot) pour ce que je fais en sentiers plutôt que sur la route où je n’ai pas « compétionné pour moi » depuis Boston 2014, alors ça fait un peu bizarre. Mais on m’assure que le nouveau modèle de trail sera disponible au printemps. À voir.

Ceci dit, ce genre de situation me rend un peu mal à l’aise, car je perds par le fait même mon objectivité. Et comme je ne parle pas souvent d’équipement sur ce blogue (je trouve ça tellement, mais tellement ennuyeux de m’éterniser sur les détails techniques; non mais, on s’en câlisse-tu de la foutue drop !), j’aurais l’air de quoi si je me mettais à vanter ces souliers à tour de bras ?

Bref, je vais probablement en glisser un mot de temps en temps et si j’en parle encore dans un an, c’est parce qu’ils font l’affaire. Car ils auront beau ne pas me coûter cher, si je ne les aime pas, je ne les porterai pas. Point.

Nouvelle technique de course

Blessure à répétition à la cheville oblige, j’ai entrepris de changer ma technique de course, car je suis à peu près persuadé que mon attaque-talon est la cause de mes maux.

Mais bon, à 45 ans, désapprendre pour réapprendre à courir, c’est beaucoup, beaucoup de travail. Et le corps se rebelle contre ça. Théoriquement, je devrais diminuer mon volume pour faire une telle transition, mais le problème est que le reste de mon corps a besoin de sa dose d’endorphines pour me permettre de continuer à vivre presque convenablement en société. Je dois donc essayer de ménager la chèvre et le chou. Sans trop de succès.

Je m’attendais à souffrir des mollets et durant les 2-3 premières semaines, c’était effectivement le cas. Big deal. Mais depuis, ce sont les tendons d’Achille qui ont pris la relève et là, aille, aille ! Parfois, ça va bien, mais parfois…

Ajoutez à ça les milliers de trucs qu’on lit un peu partout qui font que courir devient aussi compliqué que frapper une balle de golf. Et puis il y a la vitesse, qui n’est plus au rendez-vous: j’ai facilement perdu une bonne quinzaine de secondes au kilomètre. J’essaie de me dire que ça va revenir une fois la transition complétée, mais être patient, ce n’est pas toujours facile. Surtout quand ça concerne MA course.

Depuis peu, j’essaie d’appliquer un conseil que Joan m’a donné: me concentrer à ne pas faire de bruit. Bizarrement, le pied droit obéit, mais pas le gauche. Ça adonne bien, c’est justement de ce côté que la cheville est récalcitrante…

Bref, à suivre !

Débarrassé !

Voilà, c’est fait: le kyste qui m’a tellement fait ch… cet été est maintenant chose du passé, gracieuseté de l’intervention de François, que j’avais rencontré au Vermont 100. Enfin !!! Comme j’ai tendance à produire de ces machins sans trop savoir comment (c’était le quatrième que je faisais enlever), j’anticipe de retourner sur sa table d’ici quelques années.

Et cette fois, je me promets bien de ne pas attendre qu’une infection vienne me jouer des tours avant de passer sous le bistouri !  Sauf que me connaissant, ce ne sera jamais le bon moment: il va y avoir telle course ici, tel voyage là…

Deux nombres: 3.6 et 410

Inscription en vue du Western States, LE 100 miles original. La demande pour participer à cette épreuve est tellement forte que l’organisation se permet d’exiger que le coureur ait participé à l’une des épreuves qualificatives au cours de la dernière année. Par chance, j’en ai complété deux cette année,  Massanutten et le Vermont 100.

Ça n’a pas empêché 3524 personnes de s’inscrire à la loterie qui déterminera les 270 « chanceux » lors du tirage qui aura lieu samedi. Par souci de justice, le nombre de billets de tirage attribué à chaque participant est lié de manière exponentielle au nombre d’années que celui-ci a « perdu » à ladite loterie. Or, comme j’en suis à ma première année, je n’ai qu’un seul billet de tirage et selon les études statistiques publiées sur le site, j’aurais 3.6% de chance que mon nom soit tiré. Je pense que je ne réserverai pas mes billets d’avion tout de suite…  😉

Nous sommes 12 Québécois inscrits au total, dont mes amis Stephane, Vincent, Joan, Seb et Simon. Sans oublier Fanny, qui vit en Alberta. Ce serait cool de la revoir là-bas !  🙂

Ceci dit, et je ne suis pas le seul à le penser, je trouve l’organisation de cette course un peu beaucoup au-dessus de ses affaires. Tout d’abord, le prix d’entrée est astronomique: 410 $ US. Hé, c’est plus cher que le Marathon de New York !  En plus, et Pat l’a vécu l’an dernier, ils se permettent de charger lesdits frais dès que notre nom est pigé et pas moyen de se faire rembourser en tout ou en partie si on n’est dans l’impossibilité de se présenter. Et par le fait même, pas de liste d’attente pour permettre que des gens qui aimeraient participer puissent prendre la place de ceux qui ne peuvent pas. On encaisse l’argent et si vous n’êtes pas là, hé bien tant pis !

Un peu ordinaire, si vous voulez mon avis…

Des petites vites

Beaucoup de choses à raconter ces derniers temps, mais malheureusement, pas tellement de temps pour le faire. Je dois donc me résoudre aujourd’hui à y aller en mode « petites vites », sinon certaines histoires seront perdues à jamais. Et ce serait tellement dommage… 😉

« C’est le lapin… »

Avant-veille de notre départ pour l’Italie, je suis à mon poste habituel du mardi matin, soit le mont Royal. Tradition oblige, je m’arrête quelques instants sur le belvédère face au chalet, même si ce ce jour-là, la météo n’est vraiment pas propice aux grands spectacles, contrairement à ce qu’elle était quelques jours auparavant. En effet, le ciel est gris, il y a de la brume et même les édifices du centre-ville, pourtant tout près, sont difficiles à distinguer. Alors pour les monts St-Hilaire et St-Bruno, on repassera…

Toujours est-il que pendant que j’admire le non-paysage, je me rends compte que trois dames (à partir de quel âge doit-on abandonner le terme « fille » pour le remplacer par le mot « dame » ?  C’est qu’elles sont tout de même plus jeunes que moi, je dirais…) en tenue de course me jettent des regards furtifs tout en murmurant entre elles.

Bon, qu’est-ce que j’ai, au juste?  Je suis trop vieux pour avoir des substances verdâtres qui me pendent au bout du nez et comme je porte des shorts de course (règle numéro un: il fait plus de 5 degrés, je cours en shorts), pas de risque que ma braguette soit à découvert. Alors, qu’est-ce que c’est ?

J’entreprends de recommencer à courir quand, passant près d’elles, j’entends clairement: « C’est le lapin… Oui, c’est le lapin.. ». Ha ben, du monde qui vient de mon coin de banlieue… Mais suis-je si reconnaissable (tes genoux, du con, il n’y a pas grand monde qui court avec des machins aux genoux !) ?

Au passage, l’une d’elles me demande si j’étais le lapin à la Course des 7. Une petite jasette s’ensuit et j’apprends qu’elle habite à un coin de rue de chez moi. Et pourtant, bien que son visage me semble familier, je ne l’aurais jamais parié. C’est fou à quel point on ne connait pas ses voisins…

Avant de repartir, je lui ai suggéré de jeter un œil à son édition du lendemain du journal local…

L’entrevue

En fait, c’est l’édition de la semaine suivante qu’il aurait fallu qu’elle regarde, mais bon, je ne pouvais pas le savoir.

Car, comme mes amis Face de bouc le savent depuis un bout de temps, on retrouvait ma face en gros plan dans un article du Reflet (dans la version papier, ça faisait presque peur), notre hebdo local. Le sujet ?  Les ultras, bien évidemment.

Pour faire une longue histoire courte, les gens des loisirs de la ville ont parlé de moi aux gens du Reflet et après quelque temps, un journaliste m’a contacté. L’entrevue, qui devait durer une quinzaine de minutes à l’origine, en a duré au moins le double et aurait pu se prolonger encore très longtemps. Pas volubile de nature, je suis difficile à arrêter quand j’entreprends le sujet. J’ai tâché de faire de mon mieux pour être à la fois instructif et précis dans mes réponses. Surtout que, contrairement à ma première expérience dans le domaine, je ne venais pas de tout juste terminer un 160 kilomètres à la course, alors je n’avais pas d’excuse pour dire des idioties !  🙂

Les ultras faisant partie de ma vie depuis quelques années, je m’étonne toujours un peu de voir (ou entendre) des personnes tomber à la renverse quand je parle des distances parcourues. Ben oui, il m’est arrivé de faire plus de 100 miles à pied, je ne suis pas le seul, vous savez…

N’empêche, j’aime toujours quand on me demande quelque chose du genre: « Vous faites ça en combien de jours ? ». Ma réponse, toujours la même: « On part tous en même temps et c’est le premier qui arrive qui gagne. Des fois, oui, on part un matin et on termine le lendemain. ». Ça a toujours un effet bœuf ! 🙂

Monsieur Penven, le journaliste qui a mené l’entrevue, a été hyper-sympathique et très intéressé durant notre entretien. Aussi, il a plutôt bien synthétisé ce que je lui ai raconté afin que ce soit accessible aux gens dits normaux. Il y a bien quelque petites erreurs factuelles dans l’article, mais dans l’ensemble, je suis très satisfait du résultat. Si ça peut aider à promouvoir notre sport et permettre aux épreuves locales de continuer à exister…

Maintenant, c’est rendu que les dames Témoins de Jéhovah qui nous rendent parfois visite le samedi matin m’appellent notre « vedette du Reflet »…

Course à Florence

J’ai déjà raconté mon expérience de course à Rome, je ne peux pas garder sous silence celle que j’ai vécu à Florence, quelques jours plus tard.

Ha, Florence… Moins spectaculaire que Rome, la capitale de la merveilleuse Toscane est d’une beauté inégalée (quoi que Sienne ne donne pas sa place non plus). Autre occasion que je ne pouvais, que je ne devais absolument pas manquer.

6 heures du matin encore une fois donc, je me suis élancé. Après avoir longé l’Arno de par ses deux rives (le traversant entre autres par un Ponte Vecchio entièrement désert), je me suis un peu perdu en cherchant la Piazzale Michelangelo, les indications n’étant pas tellement claires. Quand c’était rendu qu’on annonçait un terrain de camping et un autodrome, j’ai reviré de bord, comme on dit chez nous.

J’ai terminé en sillonnant le labyrinthe des rues pavées formant la ville historique, tâchant de passer à travers chaque place connue, devant chaque église ou monument. Visiter une ville à la course avant qu’elle soit envahie, ha…

Territoires inconnus

Je l’avoue bien candidement, je ne lis pas beaucoup. On dirait que ça prend une occasion spéciale pour que je me donne le « droit » de le faire: les vacances, avant le dodo la veille d’une course, les longs voyages en avion (qui n’arrivent vraiment pas souvent), etc.

Ainsi donc, avant de partir en voyage, je n’avais pas encore terminé la lecture de Territoires inconnus, le livre de Pat, que j’avais amorcée lors du lancement. L’avion n’était pas atterri que j’avais passé au travers.

Comme je ne suis vraiment pas objectif, je ne m’éterniserai pas dans une longue tirade dithyrambique. Je vais plutôt me contenter de dire que Pat s’y livre avec une belle simplicité et authenticité hors du commun. Pas de détours, pas de faux-fuyants. Comme ce qu’il est quand on a la chance de le côtoyer le moindrement.

Pour apprendre à connaitre l’homme et aussi, l’ultramarathonien. Car les deux sont indissociables. À lire absolument.

Le lapin et autres petites affaires

« Ce n’est pas dangereux, avec toutes ces roches ? »

J’étais au mont Royal, à peine 10 jours après Massanutten. Il avait plu durant la nuit. La question venait d’un monsieur que je croise régulièrement alors qu’il promène son chien à cette heure matinale. On échange toujours quelques mots car je suis probablement le seul coureur qui ose approcher son toutou malgré sa muselière. Il e le dit souvent d’ailleurs: « She likes you ». Il n’y a aucune malice dans ce chien, il est juste un peu énervé et ses aboiements peuvent impressionner quelqu’un qui ne connait pas la gente canine. D’où la muselière, pour sécuriser les gens.

Pendant que je massais doucement les oreilles de la bête poilue, j’ai souri au maître avant de répondre à sa question. Il y a bien quelques roches dans les sentiers de notre petite montagne, mais vraiment pas de quoi écrire à sa mère.

 «Ne vous en faites pas, je suis habitué… »

Le lapin

J’ai découvert la Course des 7 par pur hasard l’an dernier, alors que je partais faire ma sortie du samedi matin. Les rues étaient bloquées, des coureurs passaient. Une course chez nous et elle se faisait sans moi ?

Des petites recherches m’ont amené à découvrir qu’elle était organisée par la municipalité, dans le cadre de « Ma ville en fête ». Comme son nom l’indique, elle se déroule sur un parcours de 7 kilomètres, à faire une, deux ou trois fois selon l’épreuve à laquelle on est inscrit.

J’ai vu là l’occasion idéale de réaliser mon rêve de devenir lapin de cadence. Car oui, je « rêvais » de faire ça depuis le jour où David Le Porho m’a si gentiment montré la voie lors de mon premier marathon, en 2007. J’ai donc contacté l’organisation. Réponse ?  Quelque chose du genre : « Ça tombe bien, on se demandait comment améliorer l’événement et l’idée d’avoir des lapins de cadence avait été amenée. »

C’est donc coiffé d’une casquette sur laquelle j’avais agrafé de (trop) longues oreilles rouges et transportant une pancarte de fortune sur laquelle ma douce moitié avait écrit (son écriture est tellement plus belle que la mienne) la cadence que j’allais tenter de maintenir que j’ai quitté la maison pour le lieu du départ, tâchant une dernière fois de courir à ladite cadence, soit 5:00/km. Et comme durant toutes mes séances « d’entrainement », j’ai échoué lamentablement. Cette fois-ci, mon GPS me donna une moyenne de 4:48/km. Doh !  Allais-je pouvoir faire un lapin le moindrement potable ?

Sur place, je ne sais pas pourquoi, mais les gens de l’organisation m’ont tout de suite reconnu. 😉 Comme j’étais en avance, je suis parti faire un autre tour, question d’essayer de trouver le bon rythme. Deux autres kilomètres plus loin, je commençais à « l’avoir », alors j’ai décidé d’arrêter et de retourner au site.

Une belle surprise m’attendait : Dany, une amie du primaire et du secondaire, qui habite tout près. Coureuse depuis peu, elle m’a présenté à sa gang de Cardio Plein Air. J’ai été étonné de constater que j’étais relativement connu. « Ha, c’est lui qui court si vite au parc ! ». Heu… C’est que je suis toujours en intervalles ou en tempo quand vous me voyez au parc… « Le monsieur qui me dépasse toujours au mont St-Bruno !  Il va tellement vite…». Hein, moi ça ? À St-Bruno ?  Je ne vais jamais vite, à St-Bruno… Vous ne vous trompez pas avec quelqu’un d’autre ?

D’autres personnes sont venues me voir. Certaines se demandaient ce que je faisais avec cet accoutrement, d’autres voulaient juste jaser. « Ça fait combien de temps que tu cours ? ». 9 ans, cher monsieur. « Ha, tu as commencé sur le tard… ». Trop gentil. Non mais, pourquoi faut-il qu’il y ait toujours quelqu’un, quelque part, qui réussisse à me rappeler que je suis vieux ?

Avant le départ, je me suis placé où ce que je pensais être le bon endroit dans les couloirs de départ (ce n’était vraiment pas clair, et j’ai pourtant pas mal d’expérience dans le domaine), puis ai jasé avec mon ami René, qui allait courir le 7 km, sa première course. Vraiment pas du genre à s’en faire avec la vie, ce cher René affichait son calme habituel. Initialement, il voulait me suivre, mais bon, le départ du 7 km serait donné 10 minutes après celui simultané des 14 et 21 kilomètres, alors…

Après le réchauffement animé par l’entraineuse de Cardio Plein Air, puis le petit discours de la mairesse (heureusement, pas d’hymne national, vive le Québec !), ce fut le départ. C’est avec 5-6 coureurs collés à mes baskets que j’ai amorcé la course.

Premier kilomètre : 5 minutes tapant !  Ho yeah ! Dès lors, je savais que je n’aurais pas trop de difficulté à garder un rythme assez constant. J’avais prévu demeurer silencieux au début, puis me mettre à parler un peu plus au fur et à mesure que la course progresserait, question d’encourager et/ou distraire mes « clients ». Je me suis donc tenu tranquille lors du premier tour, ajustant ma cadence pour boucler (non sans une certaine fierté) le premier tour en 35 minutes exactement. Bah, je l’ai peut-être raté de 2 ou 3 secondes…

Mais bon, j’avais oublié un léger détail: les lapins, les gens ne suivent pas ça ad vitam aeternam. Ou bien ils se rendent compte que ça va trop vite et les laissent aller, ou bien ça ne va pas assez vite pour eux et ils décollent. Ce qui fait qu’il ne restait plus que deux personnes à me suivre à partir du milieu du deuxième tour.

Je peux toutefois dire que j’ai amené un coureur du 14 kilomètres à bon port. Il soufflait fort, se tenait dans mon sillage à s’accrochant du mieux qu’il pouvait. Je l’encourageais à tenir le coup, égrainant les kilomètres pour l’encourager. Et il a tenu bon pour terminer tout juste sous les 1h10. Quant à l’autre, un participant du 21 km, il est parti au début du dernier tour, ce qui fait que je me suis retrouvé seul.

Ça me faisait tout drôle. Je me sentais un peu ridicule à courir seul avec ma pancarte et mes oreilles de lapin. D’ailleurs, les éclats de rire des enfants que je croisais depuis le début exprimaient plutôt bien ce que je m’imaginais avoir l’air. En plus, les oreilles étaient en train de lâcher, gracieuseté de la transpiration qui détrempait le papier-construction dans lequel je les avais découpées. Hum, il va falloir revoir la conception de ces machins-là…

J’ai au moins servi de motivation à une dame qui portait un t-shirt rose et qui gardait une belle constance depuis le début. Quand j’ai fini par la rejoindre, ça lui a donné un coup de fouet et elle s’est envolée… pour que je la reprenne quelques hectomètres plus loin. Puis, à environ deux kilomètres de l’arrivée, autre sursaut d’orgueil : elle m’a dépassé, ayant l’air de vouloir en finir avec ce satané lapin, et cette fois, elle a tenu le coup.

Ce ne fut malheureusement pas le cas d’un autre « client » que j’avais rejoint entre temps. Je l’ai bien encouragé à s’accrocher, mais il peinait. J’étais déchiré entre l’idée de « faire mon temps » et celle de l’attendre pour le soutenir, mais le sens du devoir a fini par avoir le dessus et c’est avec un petit pincement au cœur que j’ai conservé la cadence.

Puis, après avoir passé la pancarte du 20e kilomètre en 1h40 juste, j’ai fait l’erreur de sous-estimer l’effet d’entrainement du dernier kilomètre. Surtout qu’à 200 ou 300 mètres de l’arrivée, j’ai entendu l’annonceur crier « l’arrivée du lapin », ce qui a créé une mini-vague de cris et d’applaudissements et m’a naturellement poussé à accélérer. C’est donc après 1:44:38 de travail que j’ai traversé la ligne. Objectif raté de 22 secondes. Oups.

 

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L’arrivée du lapin !  Ce qu’il a dans ses mains ?  Ce qui reste de ses oreilles !

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Ouais, il n’a pas fait « bull’s eye », comme on dit…

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Bah, on a eu du plaisir quand même !

Au final, j’ai beaucoup aimé l’expérience et ai offert mes services à l’organisation pour l’an prochain. Je pense que ça va devenir une tradition. 🙂

« Courez-vous des marathons ? »

Comme je retournais à la maison en joggant, toujours avec ma pancarte à la main, des gens qui avaient terminé la course entraient dans leur maison située près de chez moi. M’apercevant, une dame s’est écriée: « Heille, c’est le lapin !!! ». J’ai souri et ai envoyé la main. Allais-je être reconnu dans mon petit coin à partir de maintenant ?

Toujours est-il que quelques jours plus tard, alors que je faisais la promenade canine du soir, un jeune garçon qui jouait avec son skateboard m’a demandé : « Est-ce que vous courez des marathons, vous ? ». Heu, oui. Pourquoi demandes-tu ça ?  « Parce que vous marchez souvent avec votre chien».

Je ne voyais pas le rapport et j’ai trouvé ça très drôle. Ha, les enfants et leur esprit de déduction… différent !  Il y a plein de monde dans le quartier qui, banlieue oblige, promènent leur chien à tous les soirs, jamais je ne croirai qu’il demande ça à tous ceux qui passent.

Puis, j’ai analysé un peu et en suis venu à la conclusion que les parents du petit ont probablement parlé du fait que celui qui faisait le lapin pour la Course des 7 était le gars qui passait tous les soirs devant la maison pour promener son chien et que c’était quelqu’un qui courait des marathons. Le petit a rassemblé toutes ces informations dans sa tête et en est venu à la conclusion que je courais des marathons parce que je promenais souvent mon chien. Trop cute !

« Négligerais-tu St-Donat ? »

Achat de souliers « hybrides » (qui conviennent autant pour les chemins de terre que les sentiers), tests en vue de l’utilisation d’une bouteille à la main pour l’hydratation, disons que ces derniers temps, mes actions s’orientent beaucoup vers le Vermont 100.

Ce qui donnait à croire que je négligeais ou même sous-estimais St-Donat, comme m’a demandé ma douce. Non, je ne néglige pas et sous-estime encore moins St-Donat. On ne peut pas sous-estimer St-Donat. C’est notre Massanutten : un parcours difficile, technique, qui teste autant le physique que le mental du concurrent. Une véritable bête.

Mais comme c’est le seul ultra que j’ai fait plus d’une fois, je sais à quoi m’attendre : je vais distancer beaucoup de monde dans la première montée pour ensuite me faire shifter dans la descente. Puis ça va recommencer, encore et encore. Et je vais me dire que c’est la dernière fois et patati et patata…

C’est demain et je ne m’attends vraiment pas à des miracles, vu que j’ai plein de petits bobos achalants. Mais on va s’amuser !  🙂

Lapin privé au Lac Brome

Deux semaines avant l’Ultimate XC, j’avais pris part au Tour du Lac Brome, question d’accompagner mon ami Sylvain pour son premier 20 km. Dans les jours qui avaient suivi, j’avais commencé à pondre un petit récit, mais il y a eu l’Ultimate, « l’urgence » de produire suite à cette course, le travail, etc. Bref, manque de temps pour peaufiner ce que j’avais débuté. Mais je m’en serais voulu de ne pas vous raconter cette superbe journée passée entre amis.

Hé oui, j’ai encore une fois joué au lapin privé, pour le Tour du Lac Brome cette fois. À croire que j’y prends goût ! 🙂

Pour l’occasion, c’était mon ancien collègue et ami Sylvain que j’accompagnais pour le tour du lac, sur une distance de 20 kilomètres. Un habitué des courses de 10 km, Sylvain en était à ses premières armes sur une distance plus longue. Peu de temps avant la course, il m’avait dit prévoir tenir une moyenne de 5:10/km, mais comme il « vaut » 45 minutes sur 10k, je m’attendais évidemment à quelque chose de plus rapide, genre 4:50 – 4:55 /km, ce qui ferait une belle sortie d’entrainement pour moi… si je me « faisais un fond » avant le départ.

Honnêtement, j’avais envisagé faire un petit Dean Karnazes de moi-même et me taper tranquillement le parcours en sens inverse avant. Mais bon, ça m’aurait amené à me lever à l’heure des poules, à me dépêcher pour faire le premier tour et risquer d’arriver un peu juste. Je n’étais pas là pour moi, mais pour un ami après tout.

J’ai donc décidé de me faire un 10 km sur le parcours du 22.2 km du « Défi marathon » avant de rejoindre Maggie et Sylvain au parc des Lions. Autour de 7h15, je suis parti à vive allure direction Bromont, croisant de nombreux visages en point d’interrogation au passage. On m’avait dit que le parcours du 22.2 km était pas mal plus difficile que celui du tour du lac, qui n’est pourtant pas piqué des vers. Hé bien, ce n’était pas une exagération !  Rapidement, je me suis retrouvé sur un chemin de terre et devant moi s’est présentée une montée en face de cochon. C’est qu’elle ne finissait plus, la satanée montée !

Après une éternité, je suis finalement arrivé en haut. Devant moi, la campagne, la vraie. Les côtes, le chemin de terre, tout me rappelait le Vermont 50. Ha, le bonheur… J’ai complété mon aller de 5 km, puis suis revenu à mon point de départ après ce que j’appellerais une bonne sortie « tempo ». Un 20 km relaxe en compagnie d’un ami, ça complèterait parfaitement une belle journée.

Comme quoi je ferais n’importe quoi pour mes amis, mon cell était ouvert pour l’occasion. Oui oui, je le jure !  Après deux ou trois appels, j’ai fini par rejoindre Maggie et Sylvain. Quelques échauffements (je ne savais pas trop si je devais m’échauffer, m’étirer ou faire les deux) plus tard, nous nous sommes dirigés vers le départ. En attendant que soit finalement donné le signal, j’ai jasé avec Robert, un collègue de Sylvain, qui est légèrement plus rapide que lui. Il était à Ottawa pour le marathon et gardait le rythme pour se qualifier pour Boston quand les crampes l’ont assailli de toutes parts. Il a terminé de peine et misère, loin de son objectif. Ha, le marathon, ce que ça peut être cruel parfois…

C’est avec 10 minutes de retard que nous sommes partis (je soupçonne que certains coureurs d’élite se sont fait attendre, mais je n’ai aucune preuve de ce que j’avance) sur un rythme un peu lent, je dirais. Mais Robert s’est rapidement mis en marche et Sylvain a tenté de le suivre, me laissant un peu perplexe. En effet, au deuxième kilomètre, la cadence moyenne flirtait autour des 4:40/km. Ha, pas la mer à boire, mais si j’avais su, j’aurais peut-être moins appuyé lors de ma « mise en jambes ». Finalement, Sylvain a décidé de lever le pied et laisser aller Robert afin de poursuivre à son rythme. La course était encore jeune.

Je trouve toujours très drôles les débuts de courses, surtout quand j’accompagne des gens. C’est frappant de constater à quel point plusieurs personnes qui nous entourent partent trop rapidement, c’est aussi évident que le nez dans le visage. Il y avait entre autres celui qui respirait comme Darth Vader. Pensait-il vraiment pouvoir avancer à ce rythme pendant 20 km en respirant de même ?  Et que dire du gars avec un léger surpoids qui nous a clenchés dans la première descente ?  Dès la montée suivante, il a explosé.  Est-ce que c’était la première fois de sa vie qu’il courait ? Il se pensait où, au juste ?

Car le Tour du Lac Brome, sans être d’une difficulté extrême, n’est pas une mince affaire non plus. Je le surnomme affectueusement le « mini-Boston »: un enchainement infini de montées et de descentes. Ha, elles ne sont pas particulièrement difficiles, mais ça n’arrête pas: monte, descend, monte, descend… Pas un parcours pour débutant. Mais je n’avais aucune crainte de ce côté pour Sylvain, un habitué des côtes (il habite pour ainsi dire au pied du mont St-Hilaire).

Autre particularité du Lac Brome: des points d’eau vraiment mal espacés. Ça prend 4 kilomètres avant d’en atteindre un, puis le suivant est seulement un kilomètre plus loin. Tout juste si je n’avais pas encore mon verre dans les mains nous y sommes arrivés. C’est à n’y rien comprendre.

Comme c’est mon habitude quand je joue au lapin privé, je suis incapable de me fermer le clapet. Je me dis que c’est une bonne façon de distraire mon partner de course. Sylvain étant particulièrement réceptif à l’exercice, nous en avons jasé un coup durant le trajet. Je lui ai entre autres dit que je préférais accompagner Maggie parce qu’à la vitesse à laquelle il court, la gente féminine se fait plus rare. Pour citer un de mes amis du secondaire qui se plaignait du manque de filles lors dans ses cours au Cegep: « Des queues, des queues, il n’y a que des queues ! ». Sylvain a semblé la trouver drôle et m’a gentiment invité à attendre Maggie si je n’étais pas satisfait de ma situation. C’était bien envoyé, mais ça ne m’a pas empêché de protester quand il a ignoré ma supplication (hum hum) de demeurer derrière deux charmantes personnes. Ha, on n’a plus les amis qu’on avait…  😉

Mis à part ce sujet hyper-essentiel à la vie d’un coureur, nous avons échangé sur le parcours (qu’il ne trouvait pas si difficile), sur les spectateurs légèrement moins nombreux qu’à Ottawa et sur l’immensité de la carcasse d’un castor gisant sur le bord de la route. Sans blague, il était énorme et quand un spectateur a suggéré d’aller chercher une pelle pour l’enlever de là, j’ai répondu que ce serait une pépine dont il aurait besoin (pour mes amis européens, une « pépine » au Québec, c’est une pelle mécanique; ne me demandez pas d’où ça vient !).

Après un gel pris au 9e kilomètre, nous avons franchi la mi-parcours en 48:15, un excellent chrono. Quand j’en ai glissé un mot à mon partner, il m’a répondu qu’il ne prévoyait pas vraiment un negative split ici. Ha Sylvain et sa prudence, on ne le changera pas !  Sauf qu’il semblait ignorer un détail: la deuxième partie du Tour du Lac Brome est souvent plus rapide que la première… quand il ne fait pas trop chaud. Et ce jour-là, les conditions étaient idéales.

Les kilomètres ont continué à défiler, le rythme constant de Sylvain faisant que nous rattrapions pas mal de coureurs. Il y a bien celui qui poussait son petit avec un baby jogger qui nous a dépassés, mais à part ça…

Au 14e kilomètre, Sylvain a pris un gel et sentant mon estomac qui commençait à gargouiller, je m’en suis enfilé un aussi. Puis, devant nous, la fameuse côte nous amenant au 15e kilomètre. Une fille avec qui nous jouions au yo-yo depuis un petit bout nous a lancé un encouragement comme nous arrivions au pied de ladite côte: « Allez les gars, je suis sûre que vous êtres capables ! ».

Si elle avait su… Je ne suis même pas certain si nous avons ralenti dans la montée. Autour de nous, ça tombait comme des mouches. À partir des deux tiers de la côte, impressionné, je me suis mis à lâcher des « Ho yeah !!! » à répétition. Mon ami était en train de détruire le parcours (ok, je l’avoue, je m’emporte un peu) !

Puis suivit la descente, longue et agréable. Peu après, mon esprit compétitif a été réveillé par des bruits derrière. Un gars s’en venait en encourageant les gens qu’il dépassait au passage. Rendu à notre hauteur, il nous a lancé un encouragement, mais son sourire exprimait une satisfaction… un tantinet arrogante. Du genre l’air de dire « Hé hé, je vais plus vite que vous ! ». Je sais que ma tendre moitié va être découragée en lisant ça, mais mon sang n’a fait qu’un tour. Tous mes muscles m’ordonnaient de coller aux semelles de ce petit baveux et ensuite lui placer une couple d’accélérations pour lui montrer que j’en avais encore beaucoup sous la pédale. Question de lui faire avaler, son petit sourire… Mais je me suis retenu et l’ai laissé à ses illusions. Je n’en ai même pas glissé mot à Sylvain, qui continuait au rythme établi, sans broncher.

Ce n’est qu’à partir du 17e kilomètre que je l’ai senti faiblir un peu. Le parcours suivait un profil en faux-plat ascendant, le vent soufflait de façon défavorable pour la première fois… Je me suis placé devant, question de lui couper le plus de vent possible, mais nous ralentissions, je le savais. Puis le « bip » de sa Garmin lui annonçant qu’il avait franchi 18 kilomètres se fit entendre. « Oups, on a ralenti. Je ne m’en étais pas rendu compte. »  Je venais de voir passer un kilomètre en 5:06.

Aussitôt, ce fut l’accélération. C’est presque en trombe que nous avons traversé le village. 19e kilomètre dans les 4:20. « Ho yeah… » que je murmurais. Puis arriva le chemin qui mène au parc des Lions qui était maintenant en vue. La boucle était presque bouclée. Sur les côtés, les coureurs ayant terminé, ceux du 10 km, les accompagnateurs, bref, pas mal de monde. Une foutue belle ambiance.

J’ai posé la main sur l’épaule et lui ai dit: « God job, mon chum. Good job. » Ma Garmin indiquait une moyenne de 4:43/km (elle est toujours optimiste de 3-4 secondes, mais bon…), j’étais très impressionné. Sylvain était en train de réaliser une super-performance.

Une fois rendu à l’entrée du parc, il s’est mis à accélérer. J’allais encore me faire shifter par la personne que j’accompagne, un autre classique. J’ai bien essayé de le remonter, puis j’ai relâché mon effort: ce n’était pas le moment de me faire un claquage. Vraiment pas certain que j’aurais réussi à le rejoindre…

Son temps: 1:35:52. Le mien ? Une seconde de plus !  🙂  Un temps presque identique à celui que j’avais fait ici même en 2007. 3 mois plus tard, je complétais mon premier marathon.

C’est un Sylvain souriant et très fier de sa course que j’ai retrouvé à la sortie. Les félicitations et l’accolade étaient plus que méritées. Bravo mon ami pour ton premier 20 km !  Je sais qu’un jour, tu seras toi aussi marathonien !  Et plus vite que tu penses…

Lapin privé à Ottawa

Bon, je sais que le Marathon d’Ottawa est chose du passé depuis quatre longues semaines, alors un récit après un si long délai, bof…  Mais bon, vaut mieux tard que jamais, pas vrai ?

Voici donc, en version « 100 commentaires », le récit de mon expérience de lapin privé à Ottawa, une première pour moi dans un marathon. Expérience que j’ai adorée et serais prêt à recommencer demain matin.

  1. Pour la proximité des hôtels, Philadelphie peut aller se rhabiller. Le Holiday Inn où Maggie a passé la nuit, est situé à 600 mètres du départ… et ce n’est même pas l’hôtel le plus rapproché !
  2. Maggie, c’est Marie-Hélène, une ancienne collègue de travail. Son surnom provient du fait qu’elle était la plus jeune parmi nous. Hier, le « bébé » a célébré ses 40 ans…
  3. Qu’est-ce qu’on fait quand les gens qui ne connaissent pas la course (les employés de l’hôtel) nous achalent parce qu’on a mis un imperméable jetable question de se protéger du froid alors qu’il fait beau dehors ?  On les envoie promener ?
  4.  Pourquoi suis-je toujours celui qui tombe sur les bonshommes bizarres qui me racontent leur vie de façon incohérente ?  À 6 heures du matin, avant un marathon…
  5.  Maggie partageait une chambre équipée d’une cuisinette avec sa soeur Caroline (qui en sera également à son premier marathon) qui était accompagnée de son conjoint Xavier. Les enfants et les grands-partents ont dormi ailleurs (ne me demandez pas où)
  6.  Je croise Pat dans le lobby, il semble en pleine forme. Quand je lui apprends que le standard pour Boston à son âge vénérable est de 3h25, je sens un certain intérêt (il croyait que c’était 3h20). Sauf qu’il n’a pas encore pu faire de vraies longues distances cette année, alors il ne sait pas où il se situe côté endurance. Avec l’été qui l’attend, il va le savoir assez vite !
  7. Question: si Pat peut faire 3 courses de 100 milles cet été, qu’est-ce qui m’empêcherait d’en faire une alors que mon volume d’entrainement est (pour le moment) supérieur au sien ?
  8.  Les parents de Maggie et Caroline viennent nous voir avant le départ.

    Caro et Maggie

    Caroline et Maggie, moins d’une heure avant le départ de leur premier marathon

  9. Rencontre avec la gang de Team in Training. Plusieurs en sont à leur premier marathon et sont visiblement nerveux. Quand on me demande si c’est mon premier, je me demande comment répondre la vérité sans avoir l’air d’un frais chié.
  10. C’est jusqu’à ce que je me mette à jaser avec Gillian, la coach du groupe, qui en sera à son 21-22e (je ne sais plus) marathon en plus d’avoir fait 22-23 (là non plus, je ne sais plus) demis. La vue de son visage quand je lui apprends que j’ai couru des intervalles la veille en plus de prendre de la bière du vin au souper vaut 1000 $.
  11. Question: comment peut-on savoir le nombre de demis qu’on a faits quand on est rendu à plus de 20 marathons ?  Au fait, j’ai couru combien de demis ?  Le lac Brome, est-ce que ça compte pour un demi ?  Et le 28 km à Harricana, ça compte pour quoi ?
  12. L’incontournable: l’hymne national. Il fait le même effet à tous: on s’en balance !
  13. J’aperçois David Le Porho, tout sourire. Il viserait 2h20 selon ce que j’ai entendu.
  14. Nous nous installons derrière le lapin de 4h45 avant le départ. Nous sommes accompagnés par Chantal, Sylvie et Caroline, toutes de Team in Training. Je me sens un peu comme le coq dans la basse-cour. Ou comme le chien dans un jeu de quilles, c’est selon.
  15. Maggie est fébrile, mais c’est parce qu’elle me le dit que je le sais parce que son non-verbal indique tout le contraire.
  16. Le départ est donné. Maggie sort son téléphone intelligent pour poster sur Face de Bouc. Le coq se sent vieillir de quelques années…
  17. 5 minutes plus tard, nous franchissons enfin la ligne de départ. C’est parti !

    AuDepart

    Le départ pour la longue aventure !

  18. Le premier kilomètre se fait très (trop ?) lentement. Des messieurs profitent des premiers buissons pour se soulager. Je ne suis pas pour les laisser seuls…
  19. Premier point d’eau au 2e kilomètre. Il est fermé !!!  Un point d’eau fermé ?  C’est quoi cette affaire-là ?
  20. Le parcours longe le canal Rideau. C’est vraiment beau, surtout avec la brume matinale. C’est plaisant accompagner quelqu’un, on peut faire du tourisme au lieu d’être concentré sur ses affaires. Je devrais faire ça plus souvent… mais pas à Montréal !
  21. Les maisons sur le bord du canal sont également magnifiques et tellement bien entretenues…
  22. Début de marathon = convivialité. On fait un bout avec ce qui semble être une famille: un père, sa fille, son gendre, des amis. Le bonhomme est vraiment comique, il nous fait bien rire. Sa fille en a honte, mais elle n’a pas l’air en mesure de courir assez vite pour s’en « débarrasser ».
  23. Après le premier point d’eau, miracle: le Gatorade est à l’orange !  J’aime vraiment Ottawa !
  24. Maggie et moi nous détachons des trois autres. Je lui rappelle qu’un marathon, c’est long et que partir trop vite, c’est mortel. Quand les autres nous rattrapent, elle leur raconte qu’elle s’est faite chicaner. Ben quoi, c’est ma job, non ?
  25. Les filles « suivent la parade » au lieu de courir les tangentes. Je leur fais remarquer qu’un marathon, c’est déjà assez long comme ça, pas besoin de prendre des détours. Mais bon, on dirait que ce n’est pas tout le monde qui est compétitif comme moi.
  26. Un brouillard recouvre la ville depuis le lever du jour. Il est encore là et j’espère qu’il attende à midi pour se dissiper.
  27. Brouillard = humidité. Il y a même de la buée qui sort de la bouche des coureurs, nous donnant l’impression de suivre des fumeurs.
  28. Autour du 6e kilomètre, la cadence se stabilise à 6:16/km sur ma Garmin. À ce rythme, la cible de 4h30 est fort envisageable.
  29. Je trouve que Sylvie souffle beaucoup pour quelqu’un en début de marathon. Elle est capable de parler avec nous, mais on voit que c’est plus difficile. Ça n’augure pas bien pour la suite.
  30. Autour du 8e kilomètre le quartier dans lequel on se retrouve ne me dit strictement rien !  Pourtant, ne suis-je pas déjà passé par ici moi ?
  31. Les 10 km sont atteints en 1:03:35, ce qui nous donne sous les 4h30 comme cadence. So far, so good.
  32. Encore envie de me soulager, décidément…  Pourquoi c’est toujours de même quand j’accompagne quelqu’un ?
  33. Je trouve un autre buisson accueillant, puis reviens au groupe en expliquant ma théorie: quand j’agis ainsi, je le fais par galanterie. Oui mesdames. En effet, pendant que je me soulage dans un endroit naturel, je laisse la place aux dames qui doivent impérativement utiliser les toilettes. Logique, non ?
  34. C’est drôle, je ne sens pas que ma théorie soit totalement soutenue par mes compagnes de course…
  35. J’ai faim. Pourquoi c’est toujours de même quand j’accompagne quelqu’un ?  C’est vrai, quand je fais ma course, je suis correct, mais avec quelqu’un d’autre, j’ai toujours faim. Heureusement, j’ai mes bretzels !
  36. Avis à tous: ne jamais faire des économies de bout de chandelle avec les ziplocs. Celui dans lequel j’ai mis mes bretzels ne ferme pas à moitié et à chaque fois que j’en prends, il en tombe par terre. C’est gossant à la longue !
  37. Autour du 13e kilomètre, c’est le moment des comparaisons entre la laideur de ce qui nous entoure (rien, en fait) et l’usine Five Roses à Montréal. Cette dernière l’emporte finalement haut la main.
  38. 14e kilomètre atteint en 1h30, j’annonce que nous sommes encore dans le rythme pour 4h30 (en fait c’est plutôt 4h31, mais je laisse tomber ce détail). Maggie me demande comment je peux savoir ça, je lui réponds que 14, c’est le tiers de 42, non ?  Suis-je le seul à savoir ça ?
  39. On dirait bien…
  40. Long détour sur les bords de la rivière Outaouais. Vraiment la partie la plus ennuyeuse du parcours.
  41. Maggie me demande comment je vis le tapering habituellement, car elle a trouvé le sien très difficile. Elle était d’une humeur exécrable, etc. Heu personnellement, non pas si pire. Les hormones peut-être ?
  42. Heureusement, ma question n’a pas été trop mal prise…  😉
  43. Petite montée… Je me rends compte qu’elles sont beaucoup plus difficiles pour les gens qui vont moins vite car ils ne sont autant pas entrainés par leur élan que les coureurs plus rapides. Mon Dieu que ces petites montées doivent être faciles pour les coureurs d’élite !
  44. Peu avant de traverser au Québec, autour du 20e kilomètre, j’aperçois la table de ravito réservée aux coureurs d’élite. Curieux, je m’y rends et ramasse une bouteille à moitié vide (ou à moitié pleine, je m’en fous un peu).
  45. Le contenu: un liquide vert. Et quand je dis vert, c’est vraiment vert, genre crème de menthe. Il FAUT que je goûte à ce que se tape un coureur d’élite. Verdict: bof, ça ne goûte pas grand chose, finalement…
  46. Maggie s’empare de bâtons enduits de vaseline et m’avertit que les manoeuvres à venir ne seront pas des plus élégantes.
  47. En effet: elle entreprend d’étendre le tout au niveau de son aine, sous son cuissard. Drôle de gymnastique, mais bon, en course, j’ai pas mal tout vu. Depuis qu’une fille a fait pipi debout juste à côté de moi…
  48. Chantal nous suit presque au pas, Caroline joue au yo-yo au gré des ravitaillements, mais nous avons définitivement perdu Sylvie.
  49. Passage au demi: 2:15:07. Le rythme est toujours égal.
  50. Question d’encourager ces dames, je leur dis que j’ai presque toujours un passage à vide entre les 22e et 26e kilomètres d’un marathon, alors si ça leur arrive, il n’y a pas à s’en faire, ça finit par passer.
  51. Ce qui ne passe pas par contre, c’est encore l’appel des buissons…  Ceux que je choisis cette fois sont infestés de maringouins. Hé, lâchez mon monsieur, vous autres !
  52. Petit blagueur, je raconte cette super-anecdote à mon retour dans le groupe, question d’amener une certaine distraction. Résultat ?  Bof…  😉
  53. Côté paysage, Hull, on repassera…
  54. Je fais un petit check de ma partner et lui demande comment ça va. Elle me répond qu’elle sent la fatigue s’installer dans les jambes, mais le reste va. So far, so good. Ma job est tellement facile… Je me garde cependant bien de lui dire que la cadence a légèrement ralenti.
  55. Je lui suggère de se lancer dans le poker car son non-verbal ne laisse rien paraitre.
  56. Petite discussion sur les descentes. Elle est incapable de les faire autrement qu’en freinant. J’essaie de lui montrer ma technique, l’encourage à essayer. Rien à faire, elle a un blocage.
  57. Suivre des cours de descente avec moi, faut vraiment être mal pogné !  🙂
  58. Tiens, une rue plutôt chouette avec des pubs et des petits restos, ça fait changement. Une autre affaire que j’avais manquée la dernière fois ! Il faudrait bien que je revienne ici à un moment donné…
  59. Je sens que Maggie commence à faiblir, vivement l’apparition de sa famille, de l’autre côté de la rivière.
  60. Retour à Ottawa via le pont Alexandria. Un vieux pont, étroit et bien pittoresque. Quand je suis passé dessus en voiture un peu plus tôt, le brouillard était tellement épais que je ne voyais pas à 50 pieds devant. Maintenant, le soleil est bel et bien sorti, ce qui m’inquiète pour la suite.
  61. Tel que prévu, nous sommes attendus du côté ontarien. Maggie fait des grands signes, mais comme je n’ai vu que ses parents qu’une seule fois, je ne les reconnais pas. Elle par contre…  Une petite photo pour la postérité.

    RetourOttawa

    Enfin de retour en Ontario !

  62. Le meneur du demi nous dépasse et prend la direction du centre-ville. Il ne semble pas aller si vite, tellement que j’ai l’impression que je pourrais le suivre. Maggie me dit d’oublier ça.
  63. Sussex Drive, l’endroit où on passe dans les deux sens. Je surveille de l’autre côté au cas où je verrais quelqu’un que je connais. Nous croisons le lapin de 3h30, je me dis donc que Pat est probablement déjà passé.
  64. Malheureusement, il suit pas loin derrière. Je lui crie un encouragement, il me répond que sa jambe est fichue. Merde !  Ce que je souhaiterais pouvoir me séparer en deux pour aller le soutenir un peu… Il nous raconte ce qui lui est arrivé ici.
  65. Voyons, me semblait que c’était chouette ici, non ?  Qu’est-ce qui se passe, donc ?  J’allume : tout le côté nord de Sussex est en construction,  rendant l’environnement moche et inhospitalier.
  66. 28 km, nous sommes légèrement plus lents que 4h30, mais pas si mal.
  67. Changement par contre: Maggie arrête pour boire en marchant au point d’eau et demeure Chantal et Caro, ce qu’elle n’a jamais fait depuis le début. Je sens que mon travail va bientôt commencer pour vrai.
  68. Comme je m’y attendais, les deux autres partent et nous laissent derrière.
  69. Maggie me dit qu’elle ne se sent pas si mal, mais n’avance plus. Constat : ses réserves de glycogène sont vides et elle fonctionne maintenant uniquement sur ses graisses. Ma diplomatie légendaire m’empêche toutefois d’utiliser ce terme quand je parle à une femme et je me garde bien de lui parler du fameux mur.
  70. « Quoi, tu me dis que tous les glucides que j’ai absorbés depuis trois jours sont maintenant partis ? ». Heu… oui. Tu as mangé des pâtes pendant trois jours ?!?
  71. « As-tu pris des gels depuis le début ? » que je demande. Réponse : « C’est mon troisième ! ». Ouais, pour un gars qui était supposé la garder à l’œil, pas fort mon affaire…
  72. Le parcours fait une grande boucle avant de nous ramener sur Sussex. Je sais que cette boucle peut paraître très longue car on n’y retrouve à peu près aucun spectateur.
  73. La vue sur la rivière Outaouais est magnifique, mais Magie est dans sa bulle. J’essaie de l’encourager en lui pointant les gens qui marchent alors que nous courons. Elle me répond qu’elle a juste envie de se joindre à eux…
  74. Je lui donne alors le conseil des ultras: se fixer des petits objectifs. Premier objectif : se rendre à la pancarte devant. Une fois rendus, se rendre à la toilette. Puis à la pancarte, puis… Il faut fractionner la course en petits morceaux, question de la rendre un tant soit peu digestible.
  75. On dirait bien que le tout demeure indigeste…
  76. Elle me fait part d’étourdissements.
  77. Shit, c’est quoi ça ?  Je fais le tour des symptômes que je connais et ça ne me dit rien. « As-tu froid ? » Négatif. « Est-ce que tu transpires ? »  Franchement, demander à une femme si elle transpire…  Et je pousse l’audace jusqu’à vérifier. Affirmatif. Ok, ce n’est pas un coup de chaleur. Ouf !  Je lui dis de me tenir au courant, que ça va peut-être passer. (Je faisais erreur, les étourdissements sont un symptôme du coup de chaleur; heureusement, elle n’en sera pas victime)
  78. 32e kilomètre, plus que 10. Un 10k, tout le monde est capable de faire ça, non ?
  79. En bon porteur d’eau, je prends un verre supplémentaire à chaque ravito. La première fois que je lui en offre un, elle me demande : « Tu ne le veux pas ? ». Je lui rappelle mon rôle et rapidement, elle s’y habituera. Enfin, je suis un peu utile !
  80. Au 34e kilomètre, des emballages de Mr Freeze jonchent le sol. Malheureusement, il n’en reste plus…   Reminder pour moi : toujours me trainer un peu d’argent, pour ce genre d’urgence. Un dépanneur ou une pharmacie, ça ferait la job, non ?
  81. Pause-marche. Je la sers contre moi pour la réconforter. Les kilomètres semblent s’étirer de plus en plus…
  82. Des pancartes d’encouragement sont installées un peu partout. La meilleure ?  « Because 42.3 km would be insane »
  83. Je me souviens alors de ce qu’a fait Dusty, le fidèle pacer de Scott Jurek, lors du Badwater en 2005: je dis à Maggie qu’on va partir à telle pancarte et juste essayer de se rendre à la suivante.
  84. À la pancarte donnée, nous repartons. Une fois la pancarte-cible atteinte, nous courons toujours. Sa détermination est belle à voir. Je ne sais pas si elle a songé à abandonner, mais jamais elle ne m’en a parlé.
  85. Devant nous, deux filles. Il est clair qu’elles sont dans la même situation que nous: l’une est débutante et l’autre l’encourage. Son approche est légèrement plus « agressive » que la mienne, si on peut dire. Je me demande si Maggie apprécierait…
  86. Personnellement, j’arracherais la tête de quelqu’un qui m’agresse de même !
  87. Retour sur Sussex, la « boucle de la mort » est enfin terminée.
  88. 37e kilomètre, je montre ma main grande ouverte à Maggie et lui dis: « Il en reste 5, juste 5, comme les doigts de la main. On est rendus… ». Je sens que ça fait image.
  89. On entre dans le centre-ville, qui est beaucoup moins animé que lorsque j’étais passé ici en route vers mon premier Boston. Les spectateurs désertent au fur et à mesure que leurs coureurs passent et je trouve ça un peu triste pour ceux qui auraient bien besoin d’encouragements.
  90. Je sais que nous allons croiser sa famille bientôt, mais n’ose pas lui en parler au cas où elle serait déçue. J’aurais peut-être dû, car Maggie choisit ce moment pour marcher un peu.
  91. Antoine, son plus vieux, apparait.
  92. Un peu plus loin, Sylvain et le plus jeune (Émile) nous attendent. Elle leur réclame un câlin.
  93. La vérité sort de la bouche des enfants: « Ouach maman, t’es toute mouillée ! »
  94. Ils font un bout avec nous, Sylvain demande si je fais bien ça. Maggie répond que je suis parfait (je suis tout à fait en désaccord avec ça, mais bon…), ce à quoi j’ajoute: « Elle ne m’a sacré que 3 ou 4 baffes depuis le début ».

    38eKM

    Avec Sylvain et Émile. Maggie garde le sourire, plus que 4 kilomètres à faire !

  95. Une fois revenus juste tous les deux, elle me demande: « Est-ce que je t’ai vraiment donné des claques  ? ».  Il est vraiment temps que ça finisse…
  96. 39 km, trois doigts. Les coureurs du demi sont maintenant avec nous et plusieurs peinent. Je dis à Maggie qu’elle est tellement meilleure qu’eux, mais elle est ailleurs.
  97. Elle m’annonce: au 40e kilomètre, on prend une dernière pause. Et directement sous la bannière, on se remet à la marche. Le lapin de 4h45 en profite pour nous dépasser.
  98. 200 au 300 mètres plus loin, on repart. C’est dur un marathon…
  99. On traverse le canal une dernière fois, on passe le 41e kilomètre, puis la pancarte annonçant le dernier kilomètre. Le fameux dernier kilomètre. Je lui dis de le savourer, on le vit qu’une seule fois, le dernier kilomètre de son premier marathon.
  100. Au loin, l’arrivée. Je prends soin de me tenir un pas derrière et lui laisse la ligne. Elle la franchit les bras dans les airs, avec le sourire. Résultat final: 4:45:41.

 

De Staten Island jusqu’au Queens: le premier demi à New York

Coup de klaxon et c’est le départ. ENFIN !!!

Aussitôt, on entend les premières notes du fameux “New York, New York” de Sinatra. Je n’aime pas Sinatra et son style de musique non plus, mais cette chanson-là aura toujours un petit quelque chose. En plus, je ne sais pas s’il y a un système de haut-parleurs installé sur le pont ou si c’est ajouté seulement pour l’événement, mais la chanson jouera tant et aussi longtemps qu’on y sera. Quand j’entends la phrase: “If we can make it there” (le “I” de la version originale a été changé par un “we” dans celle-ci), je sens ma motivation monter d’un cran.

La course commence par une montée en pente plutôt douce, un peu comme le pont Jacques-Cartier. J’essaie de demeurer avec le lapin de 3h15, mais son rythme trop lent me fatigue. Un premier kilomètre en 4:57 ?  Nah, définitivement trop lent, alors je pars et le laisse derrière. J’en ai maintenant fait une habitude, alors…

Nous, les “bleus” (c’est nous qui faisons exactement le même parcours que l’élite, soit dit en passant) occupons la partie de droite de l’étage supérieur du pont. Les orangés courent à côté de nous sur la gauche et les verts, quelque part en dessous. Mon réflexe est de me concentrer sur mon rythme, ma foulée, ma course quoi. Mais je me rappelle que je suis ici pour visiter un peu, alors je regarde sur ma gauche. La vue sur Manhattan est imprenable. Quelle belle ville, quand même ! Je suis sorti de mes rêveries par deux bonshommes qui avancent à pas de tortue. Malgré tous les contrôles, il y en a toujours qui réussissent à se placer au mauvais endroit au départ et qui nuisent. Je les contourne en bougonnant, puis reprends mon chemin. Pour le reste, tout se déroule bien dans le peloton. L’organisation a vraiment bien réparti les coureurs.

Dans la descente, quelques uns défient les consignes et risquent la disqualification en soulageant la pression. On voit ça à tous les marathons, c’est immanquable. Au fur et à mesure que je descends, je vois ma cadence moyenne qui s’améliore. Bon, ça se replace, mes affaires…  Finalement, nous aurons franchi plus de 3 kilomètres sur ce pont. Une fois rendu en bas, je sais que le vent sera moins mordant, alors j’enlève mes manches. Il fait peut-être même assez chaud pour retirer mon coupe-vent au complet et le laisser à Barbara en passant. À voir tantôt.

En arrivant à Brooklyn, le deuxième borough que nous visiterons aujourd’hui, je remarque les coureurs des autres groupes qui passent au-dessus de nous ou à côté. Ça fait bizarre de ne pas suivre exactement le même parcours. Quant à nous, nous sommes sur la 4e avenue, une artère commerciale et… plutôt moche. En effet, l’urbanisme y est très ordinaire et les magasins, pas tellement attirants. Ça me rappelle la rue quétaine de Niagara Falls ou la rue Chestnut de Philadelphie. On dirait que toutes les bâtisses sont vieilles et entretenues au minimum. L’environnement idéal pour se concentrer sur sa course. Mais bon, c’est très large: trois voies de chaque côté. Le groupe orangé occupe toujours le côté gauche et nous, le côté droit.

Je croise la 95e rue. Je m’attends à voir Barbara, ma soeur Élise et son amie Mimi entre les 10e et 20e rues, alors j’ai du temps devant moi. J’observe les styles de course qui, comme chez les golfeurs du dimanche, varient beaucoup d’une personne à l’autre. Certains font de longues enjambées, d’autres ne bougent pas les bras, etc. D’ailleurs, j’aimerais bien me voir courir. Il semblerait que je n’ai pas l’air tellement viril. Que voulez-vous…

Ha le vent tant annoncé… Il est plutôt présent et très difficile à jauger à cause des nombreux édifices. J’essaie de m’abriter derrière certains coureurs, mais je n’arrive jamais à trouver l’angle idéal pour me protéger. Depuis le milieu de pont, je suis un Danois (c’est écrit sur son t-shirt, je n’ai tout de même pas deviné) et je me rends compte que ma cadence moyenne est maintenant à 4:22/km depuis le début. Ho ho, woh les moteurs !  Plus rapide qu’à Philadelphie ?  No way, je dois ralentir, sinon je vais me planter. Je le laisse donc aller et jette mon dévolu sur un gars qui est vêtu d’une simple paire de shorts.

C’est qu’il ne doit pas avoir chaud, la bedaine à l’air comme ça… Et effectivement, après une bourrasque de vent, il enfile… une tuque !  Et une grosse en laine, pas une petite tuque moumoune de coureur. Un gars qui court torse nu avec une tuque sur la tête. Only in America !  D’ailleurs, il l’avait cachée où, sa tuque ?

Bon, celui-là semble ralentir tout d’un coup, alors je le dépasse. Il va trouver le chemin long, je pense. Nous passons le premier point d’eau au niveau du 3e mille. Ouch, ça c’est un point d’eau !  Il occupe les deux côtés de chacune des deux moitiés de l’avenue. Des bénévoles, en voulez-vous, en v’là !  Bien décidé à ne pas me déshydrater, je prends un verre d’eau au passage. Tout au long de la course, j’alternerai eau et Gatorade (encore une fois au citron, bout de calv… !) avec le GU Brew que je traîne dans ma ceinture.

Passage au 5e kilomètre: 22:12. Premier constat: mon GPS est déjà décalé. Deuxième constat: pas de record personnel pour aujourd’hui car je suis 12 secondes en retard. Et je n’ai aucunement l’intention de le battre. Par contre, j’aimerais bien faire mieux qu’à Ottawa en 2012 et pourquoi pas, descendre sous les 3h10. En tout cas, ça va plutôt bien car je sens que je dois me retenir. Et c’est parfait ainsi.

Les verts se joignent à nous au niveau de la 77e rue, mais on ne sent aucun effet du petit surplus de coureurs. On dirait vraiment que tout a été pensé, il n’y a pas à dire. Je me concentre donc sur le parcours. L’avenue, en plus d’être ennuyante, a l’aimable particularité d’être une longue ligne droite composée d’une série de faux-plats alternant entre le descendant et l’ascendant. Je me méfie de ces faux-plats, ils ont le don de rentrer dans les jambes et gruger l’énergie…

À partir de la 30e rue, je commence à surveiller plus attentivement sur les côtés, au cas où j’apercevrais mon fan club. Et à partir de la 20e, je surveille de très près. Depuis quelques minutes, j’anticipe ce petit moment de bonheur où je m’arrêterai pour embrasser la femme de ma vie, donner un high five à ma soeur et son amie, puis repartirai recrinqué comme un ressort.

Peut-être suis-je distrait à cause du passage au 10e kilomètre (44:29) qui se fait à peu près en même temps. Peut-être aussi que j’ai commencé à regarder de l’autre côté de l’avenue quand je suis arrivé au niveau de la 12e. Peut-être ne les ai-je pas aperçues parmi la foule très dense qui occupe les côtés du chemin. Toujours est-il qu’elles sont là, au niveau de la 10e rue, sous un viaduc, du même côté que moi. Et je les rate. Même chose pour elles qui ne voient que des milliers de coureurs qui arrivent tel un raz-de-marée arrive sur un plage.

Moi qui n’avais pas eu de down depuis le début, j’avoue que ce mini-épisode vient me déranger un peu. En plus, comme pour me narguer, se dresse devant moi, tout au bout de l’avenue, le One Hanson Place Building dont la forme me rappelle beaucoup un doigt d’honneur. Ha oui ?  Ben va te faire foutre aussi, espèce de building à la con !

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Le One Hanson Place dans toute sa provocation

Bon, je me remets tout de même rapidement de ce petit épisode moins heureux. Dès le 7e mille, je remarque que nous passons par un point de chronométrage. À partir de maintenant, en plus d’être enregistrés à tous les 5 kilomètres, nos temps de passage le seront également à tous les milles, le tout retransmis en direct sur internet afin que les gens puissent suivre leur coureur à distance.  En tout cas, quelqu’un qui veut tricher dans de telles circonstances devra faire preuve d’une belle imagination !

Finalement, après 13 km de course (dont presque 10 exclusivement sur cette 4e avenue !), à la hauteur du doigt d’honneur, nous tournons sur Flatbush. À cet endroit, les trois parcours convergent en un seul et c’est tout le monde ensemble que nous entamons la montée sur LaFayette. Et c’est ce moment que je choisis pour avoir mon premier down. C’est bizarre, le corps humain. Je suis bien reposé, bien hydraté. J’ai seulement 13 km de parcourus à 4:24 – 4:25 de moyenne et il m’envoie des signes comme si j’étais fatigué. Pourtant je ne le suis pas, mais mon subconscient commence à dire à mon corps de ralentir.

J’enfile donc un gel, à saveur caramel-salé (je sais, ça peut paraître bizarre, mais c’est très bon) en montant, tâchant de synchroniser le tout avec un point d’eau. J’ai beau avoir de l’expérience, à chaque fois que je frappe un down en début de course, j’envisage l’abandon. Pourtant, je devrais savoir, surtout que je n’ai jamais abandonné…

15e km: 1:07:02. Mon ordinateur mental s’emballe. Ça veut dire quoi en termes de cadence réelle ?  Mon GPS est à 4:25, mais la supposée réalité, elle est à combien ?  Après une ou deux minutes, mes pensées sont trop embrouillées et je laisse tomber. Pourtant, le calcul n’était pas si compliqué, mais que voulez-vous, en course, il arrive que le cerveau…

Sur Bedford Avenue, je commence à sentir que les choses se replacent. Aussi, mes genoux continuent de faire leur travail sans broncher. Quant à ma mini-périostite, elle se tient à carreau. Le gel ayant fait son effet, tout baigne.

Bon, mon cerveau gauche a beau être en mode “repos”, le droit, de son côté, fonctionne parfaitement. Il me permet donc de remarquer que depuis peu, je suis en mode yoyo avec une jolie jeune femme au visage rousselé. Elle est grande, au moins 5’8” et relativement costaude. Ça m’avait frappé à Boston et c’est le même phénomène ici: je suis impressionné par le nombre de femmes “ordinaires” qui vont au même rythme que moi. Par “ordinaire”, je veux parler de femmes qui ne sont pas montées sur un frame de chat et qui pèsent moins de 100 livres comme les athlètes d’élite, mais qui sont constituées “normalement”. À Ottawa, j’avais fait la course entière seulement avec des hommes. À Philadelphie, c’était un peu moins vrai, mais rien à voir avec Boston et ici, où il y a beaucoup de femmes qui tiennent un rythme sous les 3h10. Quand on pense que toutes les dames qui courent sous 3h35 se qualifient pour Boston, ça donne un bon indice sur leurs qualités athlétiques. Chapeau bien bas…

Toujours est-il que la jeune femme en question et moi jouons au chat et à la souris. Elle me devance dans la montée, je m’accroche à elle pour ensuite la dépasser dans la descente. Puis nous recommençons le manège. Et le tout sans échanger le moindre mot, le moindre regard. Ça arrive souvent en course sur route: des “liens” se créent ainsi, sans se parler.

JuliaBezgin

Julia Bezgin, 31 ans, ma partner de course entre les kilomètres 15 et 20. Elle terminera avec un excellent 3:14:44

Nous passons au 20e kilomètre en 1:29:37. Bon, j’ai encore ralenti. Les combinaisons montées-descentes ajoutées au vent tourbillonnant commencent peut-être à faire leur oeuvre. Mais en même temps, ça me fait sourire quand je me rappelle mon premier Tour du lac Brome que j’étais tout fier d’avoir fait en 1h36. Il est loin, ce jour-là…

Arrive ensuite un pont que je ne connais pas. Serait-ce le Queensboro Bridge ?  Traverserait-on sur Manhattan tout de suite ?  J’avais dans mon idée que c’était autour du 25e kilomètre que nous retournions en ville. Bon ça y est, je suis encore tout mêlé, moi là !

Finalement, il s’avère que je me retrouve sur le Pulaski Bridge, qui permet de passer de Brooklyn au Queens, le troisième des cinq boroughs de New York. Et sur le pont, j’atteins la mi-parcours où j’aurai vraiment une bonne idée de ma progression. Le verdict: 1:34:30. Je suis exactement sur un rythme de 3h09. Hum…

New York, New York !

C’est au son du célèbre classique de Sinatra que nous nommes élancés ce matin. Le ton ėtait donnė.

Je m’étais promis de suivre sagement le lapin de 3h15. Mais que voulez-vous, il n’avançait vraiment pas assez vite à mon goût  dans la montée du Verrazano-Narrows Bridge, alors je suis parti.

Mon record personnel étant hors d’atteinte, je ne me faisais pas d’illusion de ce côté. Mais comme j’avais une cadence de 3h09 en passant au demi, je me disais que le 3h10 était jouable. Finalement, la foutue montée du 23e mille m’est rentrée dedans, alors j’ai dû me « contenter » de 3:10:08.

Satisfait ?  Dans les circonstances, avec les blessures et tout le kit, amplement. Terminer avec le temps qu’on sait qu’ on avait dans les jambes ce jour-là, on ne peut vraiment pas se plaindre. Surtout quand on tient compte que le parcours est loin d’être facile et que le vent s’est amusé à nous jouer des tours durant toute la journée.

J’ai évidemment plein de choses à raconter (duh !), ça viendra au cours des prochains jours.