Citations estivales

Ce soir, quelques citations que j’ai retenues d’un été bien rempli. 🙂

« C’est le fun, tu jases. Les lapins sont loin d’être tous comme toi !» – Course des 7, peu après le départ du 21 km. Éric, qui m’a auparavant spotté dans mon costume de lapin, m’entretient ça depuis le début. De temps à autre, je réussis à placer une phrase. Les autres lapins devaient être foutrement silencieux…

« On est chanceux, on est entourés de plein de belles femmes ! »  – Maude était avec nous depuis le départ. Puis il y a eu Stéphanie qui est arrivée en trombe autour du 3e kilomètre. Relativement « costaude » (façon de parler) pour une coureuse, je m’étonnais qu’elle puisse tenir le rythme que mon rôle imposait. Et comme elle savait le souffle court en plus…  Disons que je ne m’attendais pas à ce qu’elle tienne le coup jusqu’à l’arrivée. S’ajouta ensuite Sophie au début du deuxième tour. Amie de Stéphanie et physiothérapeute de profession, elle s’ennuyait sur le site de départ-arrivée car au froid de canard qu’il faisait, il n’y avait pour ainsi dire pas un chat sur place qui sollicitait ses services.

Bref, Éric-le-moulin-à-paroles qui semblait les connaitre n’avait pas tort : leur compagnie était fort agréable. Et il ne se gênait pas pour le dire. Et le répéter.

Pour la petite histoire, Éric a décroché autour du 12e kilomètre et Stéphanie m’a fait mentir quand elle et Sophie se sont envolées à la fin du 2e des 3 tours. Quant à Maude, elle a fait une course bigrement intelligente, demeurant derrière moi quand le vent était à son plus fort et quand elle a senti qu’elle pouvait y aller, a ouvert la machine. J’avais fait mon travail.

Le tout s’est terminé dans la bonne humeur et les high fives.

« Ça c’est décourageant, hein ? » – La course de 7 kilomètres débutait exactement 1h45 après le départ du 21 kilomètres. J’avais demandé à l’organisation si je pouvais m’insérer et comme la réponse avait été positive, dès mon arrivée, je me suis précipité vers le départ.

Sauf que la course était déjà lancée et je n’étais pas avec les gens qui auraient normalement suivi ma cadence de 5 minutes au kilomètre. Je remontais donc le troupeau, dépassant les coureurs les uns après les autres quand j’ai entendu un monsieur dire ça à sa partenaire.

Et il a ajouté : « En plus, lui il a déjà 21 kilomètres dans les jambes… »

« Ça prend juste un bon tapering. Au moins 3 semaines » – Gilles, le grand manitou derrière le Bromont Ultra. Je venais de lui parler de l’Eastern States qui a la réputation d’être très difficile, qu’il va faire chaud, et patati, et patata…

J’ai l’habitude d’être assez négligent du côté tapering, mais j’ai décidé de m’essayer pour une fois. Mais je me suis laissé deux semaines, pas trois. On verra ce que ça donne.

« Hé content de te voir !  Câl… qu’il fait fait chaud ! » – Louis venait d’arriver au ravito Camp 10 Bear pour la première fois. Ouais, la canicule que nous avions subie durant la semaine s’était un tantinet résorbée, mais on ne peut pas dire que c’était frisquet, mettons. Toutefois, il avait l’air plus amoché moralement que physiquement. Ce satané Vermont 100, qu’on dit supposément facile, il a le don de nous rentrer dedans. Monte, descend, monte, descend…

Nous devions être 4 ou 5 autour de lui à essayer de lui amener de la bouffe, de l’aider avec ses affaires. Au moment de repartir, il m’a glissé : « Je ne suis pas certain que je vais finir… ». Je l’ai pris par les épaules et lui ai dit de prendre ça un ravito à la fois, de ne pas penser au reste. Dans un ultra, tout finit par passer. Dans le genre cliché, c’est dur à battre, mais bon, si j’avais de la répartie, je ferais peut-être un autre métier.

Au BBQ le lendemain, il me dira que je lui avais vraiment donné le boost dont il avait besoin. Ça m’a vraiment fait plaisir.

« Je t’avertis, ça va être long… » – Martin vient de se présenter pour la deuxième fois à Camp 10 Bear et à partir de là, je peux l’accompagner. La chaleur ne semble pas trop l’avoir affecté, mais les mouches à chevreuil, hou la la… Il a au moins une quinzaine de piqûres dans le dos.

Tu as du lousse en masse pour les 24 heures, tu sais… « C’est 20 heures que je vise ! ». C’est possible, vu qu’il a 5 minutes d’avance sur mon temps de l’an passé. À moi de l’amener vers son objectif, maintenant.

« À quoi ?!? » – À la demande de Martin, MON coureur, tel un Capitaine Caverne fouillant dans sa barbe, je suis parti à la recherche d’un gel à travers les multiples racoins de ma veste. Le premier que j’ai réussi à trouver était à saveur de… root beer. Oui Martin, de root beer.

Ils sont comme ça, GU avec leurs gels: ils offrent plein de saveurs bizarres. Bacon à l’érable, caramel salé, menthe concombre (?!?), « espresso love » (pourquoi « love » ?) et plusieurs autres. Dont root beer. Je m’étais dit que je l’essaierais, mais bon, c’est Martin qui sera mon cobaye. Autour du 130e kilomètre d’un ultra. Dans le genre timing pas tellement idéal…

J’ai d’autres sortes si tu veux… « Non, ça va être correct. » Il a à peine terminé sa phrase qu’il commence à engouffrer ledit gel. « Ost… !  Il a failli ressortir deux fois plus vite qu’il est entré ! ». Oups, on dirait bien que le mot « root » était de trop dans la description de la saveur du gel pour que ça passe mieux.

Car Martin, en tant qu’ultrarunner (en tout cas, en tant qu’ultrarunner québécois) a une légère tendance vers le houblon, le malt et autres produits dérivés. Et en plus, j’ai pu le constater depuis mon arrivée ici, le Vermont regorge de bières de microbrasseries. Non mais dites-moi, est-ce le paradis ici ou pas ?  De superbes chemins de campagne bien ondulés, des paysages magnifiques, des habitants  accueillants et respectueux qui élisent Bernie Sanders et qui en plus, produisent un éventail impressionnant de bières artisanales… Qui dit mieux ?

« C’est une fille, elle a du Cutex » – Martin et sa logique implacable. C’est que depuis que j’ai commencé à le pacer, nous jouons au yoyo avec une personne dont le genre est difficile à préciser. La queue de cheval tressée donne un indice, mais ne confirme pas tout. Nous lui avons même parlé, question d’en avoir le cœur net, mais sans confirmation définitive, sa voix s’apparentant à celle de Caitlyn Jenner. Dans le genre pas clair…

Mais avec une preuve comme celle que Martin vient de sortir…

« FRED !!!  Douleur, ça se dit comment en anglais ? » – Ravito Bill’s, mile 88. Martin a mal à un pied depuis quelques kilomètres et les Advil que j’ai sortis de ma barbe-de-Capitaine-Caverne n’ont pas réussi à tout endormir. Il tente tant bien que mal d’expliquer ce qui se passe au personnel médical et fatigue oblige, les mots ne viennent pas facilement.

Pain mon chum, pain. Finalement, c’est un bleu. Sous le regard sceptique de l’infirmière/médecin, il installe un morceau de bon vieux duct tape par-dessus son bas et enfile son soulier. La douleur disparaitra comme par enchantement.

« Je suis détruit » – Je suis définitivement un mauvais pacer. Pourquoi ?  Je n’ai pas de foutue mémoire. Tout comme à Bromont, je ne me souviens plus qu’il y avait tant de montées dans cette partie du parcours. Je savais qu’il y en avait, mais à ce point ?

Alors quand je dis que les montées achèvent, j’ai l’air de quoi quand une autre se présente ?  Ben c’est ça, d’un mauvais pacer.

Mon coureur est à bout, sa journée a été très longue. Et c’est en ces mots qu’il me résume son état. Je sais qu’il va se rendre au bout et aura probablement un sursaut d’énergie vers la fin. Mais en ce moment, je ne sais pas trop quoi faire pour l’encourager. Je ne suis tout de même pas pour commencer à lui chanter Sweet Caroline. En tout cas, je n’irai pas lui dire que la dernière montée était vraiment la dernière…

« Ça goûte la Laurentide » – Polly’s, mile 95. La veille, un bénévole a promis une bière à Martin à cet endroit. Chose promise, chose due et mon coureur se retrouve avec un verre de Genesee à la main.

Genesee ?  Connais pas. « Elle a du goût. Ne me parlez pas des Michelob, Budweiser, Miller, ça ne goûte rien. Celle-là goûte quelque chose et n’est pas chère : on peut en avoir une caisse de 30 pour 16$»

Pas rassurant. Vous savez, je suis persuadé que mon urine a du goût et elle ne coûte définitivement pas cher, ce n’est pas une raison pour en boire. Martin me confirme le tout pas cette simple phrase… et m’en offre une gorgée. Je pense que je vais laisser faire.

« Awesome ! » – C’est Amy Rusiecki, la directrice de course. Martin vient de terminer en 20 heures et 33 minutes (j’ai définitivement mal fait mon travail), en 27e position. Elle est mariée au grand gagnant, elle a fait cette course sous les 20 heures à quelques reprises et pourtant, elle accueille et félicite chaque participant avec un bel et sincère enthousiasme, comme si elle venait d’assister à un véritable exploit. Je l’adore.

Elle me jette un coup d’œil, je me demande si elle reconnait le zigoto qui lui a suggéré de lui foutre une claque sur la gueule il y a quelques semaines à peine. Si oui, elle ne le montre pas.

« Fred, je l’ai clenchée !!! » – Pierre vient d’arriver. Son mollet lui a causé des soucis tout au long de la journée, mais il est tout content de m’annoncer qu’il a dépassé la seule personne qui n’est pas sympathique dans le monde des ultras. On en avait parlé lors de notre dernière virée, on en rêvait presque : si on pouvait lui botter le derrière au moins une fois… Voilà, Pierre a réussi, se payant le luxe de la dépasser définitivement dans les 5 derniers miles.

Ha, si je pouvais lui faire le coup à Eastern States, que ce serait jouissif !  🙂

« Si t’as des problèmes intimes, tu diras à ta femme que c’est parce que tout ton sang est rendu dans ton mollet » (version censurée) – Pierre nous montrait son mollet. Pourtant déjà plutôt bien pourvu dans le domaine, celui qui est blessé dépasse tout de même de 50%  son collègue en volume. Martin dormait sur la chaise à côté il n’y a même pas 15 secondes de ça, mais ça ne l’a pas empêché de nous sortir celle-là du champ gauche.

Je la ris encore.

« Après 22 kilomètres, on aurait dit que tu venais juste de commencer à courir !» – Jonathan, le fils de 14 ans de mon amie Marie-Josée. Très bon coureur à son école, il est fasciné par les distances que je peux parcourir. À chaque fois qu’on se voit, il ne tarit pas de questions.

Par ce beau samedi matin, je m’étais élancé sur le chemin Gosford, près du lac Nicolet, me promettant de revenir « prendre » Jonathan ainsi que mes amis d’enfance Sylvain et Louis une fois que j’aurais une vingtaine de kilomètres dans les jambes. Après les avoir manqués, j’ai poursuivi ma route et ai fini par croiser le jeune homme. Il avait fière allure, ça semblait bien aller son affaire. Il a beaucoup de potentiel, à mon humble avis.

Mais bon, les distances, ça impressionne toujours. Et pourtant…

« Je vais faire un demi » – Dimanche, je termine ma dernière tournée du mont St-Bruno avant Eastern States. Un 20 kilomètres sans forcer, sans aller dans les plus grosses montées. À l’accueil, je croise Pat qui en est à sa dernière avant son prochain défi, le Bigfoot 200.

On placote un peu, parle du Bigfoot. Il se rappelle que je fais aussi une course en même temps que lui, c’est là que je lui dis ça.

« Tu vas à Eastern States ?  Tu le fais au complet, non ? ». C’est ce que je dis : ça fait un « demi ». Je pense qu’il l’a trouvée bonne.

« Tu n’as pas peur d’avoir chaud ? » – Une mère, ça demeure toujours une mère : ça s’inquiète pour ses enfants. Non maman, je n’ai pas peur d’avoir chaud, je VAIS avoir chaud. En plus, les sentiers risquent d’être complètement gorgés d’eau. On dirait bien qu’encore une fois, je ne pourrai pas vivre un 100 miles sans pluie. Le bonheur.

Pourquoi je fais ça, donc ? 😉

Lapin privé à Ottawa

Bon, je sais que le Marathon d’Ottawa est chose du passé depuis quatre longues semaines, alors un récit après un si long délai, bof…  Mais bon, vaut mieux tard que jamais, pas vrai ?

Voici donc, en version « 100 commentaires », le récit de mon expérience de lapin privé à Ottawa, une première pour moi dans un marathon. Expérience que j’ai adorée et serais prêt à recommencer demain matin.

  1. Pour la proximité des hôtels, Philadelphie peut aller se rhabiller. Le Holiday Inn où Maggie a passé la nuit, est situé à 600 mètres du départ… et ce n’est même pas l’hôtel le plus rapproché !
  2. Maggie, c’est Marie-Hélène, une ancienne collègue de travail. Son surnom provient du fait qu’elle était la plus jeune parmi nous. Hier, le « bébé » a célébré ses 40 ans…
  3. Qu’est-ce qu’on fait quand les gens qui ne connaissent pas la course (les employés de l’hôtel) nous achalent parce qu’on a mis un imperméable jetable question de se protéger du froid alors qu’il fait beau dehors ?  On les envoie promener ?
  4.  Pourquoi suis-je toujours celui qui tombe sur les bonshommes bizarres qui me racontent leur vie de façon incohérente ?  À 6 heures du matin, avant un marathon…
  5.  Maggie partageait une chambre équipée d’une cuisinette avec sa soeur Caroline (qui en sera également à son premier marathon) qui était accompagnée de son conjoint Xavier. Les enfants et les grands-partents ont dormi ailleurs (ne me demandez pas où)
  6.  Je croise Pat dans le lobby, il semble en pleine forme. Quand je lui apprends que le standard pour Boston à son âge vénérable est de 3h25, je sens un certain intérêt (il croyait que c’était 3h20). Sauf qu’il n’a pas encore pu faire de vraies longues distances cette année, alors il ne sait pas où il se situe côté endurance. Avec l’été qui l’attend, il va le savoir assez vite !
  7. Question: si Pat peut faire 3 courses de 100 milles cet été, qu’est-ce qui m’empêcherait d’en faire une alors que mon volume d’entrainement est (pour le moment) supérieur au sien ?
  8.  Les parents de Maggie et Caroline viennent nous voir avant le départ.

    Caro et Maggie

    Caroline et Maggie, moins d’une heure avant le départ de leur premier marathon

  9. Rencontre avec la gang de Team in Training. Plusieurs en sont à leur premier marathon et sont visiblement nerveux. Quand on me demande si c’est mon premier, je me demande comment répondre la vérité sans avoir l’air d’un frais chié.
  10. C’est jusqu’à ce que je me mette à jaser avec Gillian, la coach du groupe, qui en sera à son 21-22e (je ne sais plus) marathon en plus d’avoir fait 22-23 (là non plus, je ne sais plus) demis. La vue de son visage quand je lui apprends que j’ai couru des intervalles la veille en plus de prendre de la bière du vin au souper vaut 1000 $.
  11. Question: comment peut-on savoir le nombre de demis qu’on a faits quand on est rendu à plus de 20 marathons ?  Au fait, j’ai couru combien de demis ?  Le lac Brome, est-ce que ça compte pour un demi ?  Et le 28 km à Harricana, ça compte pour quoi ?
  12. L’incontournable: l’hymne national. Il fait le même effet à tous: on s’en balance !
  13. J’aperçois David Le Porho, tout sourire. Il viserait 2h20 selon ce que j’ai entendu.
  14. Nous nous installons derrière le lapin de 4h45 avant le départ. Nous sommes accompagnés par Chantal, Sylvie et Caroline, toutes de Team in Training. Je me sens un peu comme le coq dans la basse-cour. Ou comme le chien dans un jeu de quilles, c’est selon.
  15. Maggie est fébrile, mais c’est parce qu’elle me le dit que je le sais parce que son non-verbal indique tout le contraire.
  16. Le départ est donné. Maggie sort son téléphone intelligent pour poster sur Face de Bouc. Le coq se sent vieillir de quelques années…
  17. 5 minutes plus tard, nous franchissons enfin la ligne de départ. C’est parti !

    AuDepart

    Le départ pour la longue aventure !

  18. Le premier kilomètre se fait très (trop ?) lentement. Des messieurs profitent des premiers buissons pour se soulager. Je ne suis pas pour les laisser seuls…
  19. Premier point d’eau au 2e kilomètre. Il est fermé !!!  Un point d’eau fermé ?  C’est quoi cette affaire-là ?
  20. Le parcours longe le canal Rideau. C’est vraiment beau, surtout avec la brume matinale. C’est plaisant accompagner quelqu’un, on peut faire du tourisme au lieu d’être concentré sur ses affaires. Je devrais faire ça plus souvent… mais pas à Montréal !
  21. Les maisons sur le bord du canal sont également magnifiques et tellement bien entretenues…
  22. Début de marathon = convivialité. On fait un bout avec ce qui semble être une famille: un père, sa fille, son gendre, des amis. Le bonhomme est vraiment comique, il nous fait bien rire. Sa fille en a honte, mais elle n’a pas l’air en mesure de courir assez vite pour s’en « débarrasser ».
  23. Après le premier point d’eau, miracle: le Gatorade est à l’orange !  J’aime vraiment Ottawa !
  24. Maggie et moi nous détachons des trois autres. Je lui rappelle qu’un marathon, c’est long et que partir trop vite, c’est mortel. Quand les autres nous rattrapent, elle leur raconte qu’elle s’est faite chicaner. Ben quoi, c’est ma job, non ?
  25. Les filles « suivent la parade » au lieu de courir les tangentes. Je leur fais remarquer qu’un marathon, c’est déjà assez long comme ça, pas besoin de prendre des détours. Mais bon, on dirait que ce n’est pas tout le monde qui est compétitif comme moi.
  26. Un brouillard recouvre la ville depuis le lever du jour. Il est encore là et j’espère qu’il attende à midi pour se dissiper.
  27. Brouillard = humidité. Il y a même de la buée qui sort de la bouche des coureurs, nous donnant l’impression de suivre des fumeurs.
  28. Autour du 6e kilomètre, la cadence se stabilise à 6:16/km sur ma Garmin. À ce rythme, la cible de 4h30 est fort envisageable.
  29. Je trouve que Sylvie souffle beaucoup pour quelqu’un en début de marathon. Elle est capable de parler avec nous, mais on voit que c’est plus difficile. Ça n’augure pas bien pour la suite.
  30. Autour du 8e kilomètre le quartier dans lequel on se retrouve ne me dit strictement rien !  Pourtant, ne suis-je pas déjà passé par ici moi ?
  31. Les 10 km sont atteints en 1:03:35, ce qui nous donne sous les 4h30 comme cadence. So far, so good.
  32. Encore envie de me soulager, décidément…  Pourquoi c’est toujours de même quand j’accompagne quelqu’un ?
  33. Je trouve un autre buisson accueillant, puis reviens au groupe en expliquant ma théorie: quand j’agis ainsi, je le fais par galanterie. Oui mesdames. En effet, pendant que je me soulage dans un endroit naturel, je laisse la place aux dames qui doivent impérativement utiliser les toilettes. Logique, non ?
  34. C’est drôle, je ne sens pas que ma théorie soit totalement soutenue par mes compagnes de course…
  35. J’ai faim. Pourquoi c’est toujours de même quand j’accompagne quelqu’un ?  C’est vrai, quand je fais ma course, je suis correct, mais avec quelqu’un d’autre, j’ai toujours faim. Heureusement, j’ai mes bretzels !
  36. Avis à tous: ne jamais faire des économies de bout de chandelle avec les ziplocs. Celui dans lequel j’ai mis mes bretzels ne ferme pas à moitié et à chaque fois que j’en prends, il en tombe par terre. C’est gossant à la longue !
  37. Autour du 13e kilomètre, c’est le moment des comparaisons entre la laideur de ce qui nous entoure (rien, en fait) et l’usine Five Roses à Montréal. Cette dernière l’emporte finalement haut la main.
  38. 14e kilomètre atteint en 1h30, j’annonce que nous sommes encore dans le rythme pour 4h30 (en fait c’est plutôt 4h31, mais je laisse tomber ce détail). Maggie me demande comment je peux savoir ça, je lui réponds que 14, c’est le tiers de 42, non ?  Suis-je le seul à savoir ça ?
  39. On dirait bien…
  40. Long détour sur les bords de la rivière Outaouais. Vraiment la partie la plus ennuyeuse du parcours.
  41. Maggie me demande comment je vis le tapering habituellement, car elle a trouvé le sien très difficile. Elle était d’une humeur exécrable, etc. Heu personnellement, non pas si pire. Les hormones peut-être ?
  42. Heureusement, ma question n’a pas été trop mal prise…  😉
  43. Petite montée… Je me rends compte qu’elles sont beaucoup plus difficiles pour les gens qui vont moins vite car ils ne sont autant pas entrainés par leur élan que les coureurs plus rapides. Mon Dieu que ces petites montées doivent être faciles pour les coureurs d’élite !
  44. Peu avant de traverser au Québec, autour du 20e kilomètre, j’aperçois la table de ravito réservée aux coureurs d’élite. Curieux, je m’y rends et ramasse une bouteille à moitié vide (ou à moitié pleine, je m’en fous un peu).
  45. Le contenu: un liquide vert. Et quand je dis vert, c’est vraiment vert, genre crème de menthe. Il FAUT que je goûte à ce que se tape un coureur d’élite. Verdict: bof, ça ne goûte pas grand chose, finalement…
  46. Maggie s’empare de bâtons enduits de vaseline et m’avertit que les manoeuvres à venir ne seront pas des plus élégantes.
  47. En effet: elle entreprend d’étendre le tout au niveau de son aine, sous son cuissard. Drôle de gymnastique, mais bon, en course, j’ai pas mal tout vu. Depuis qu’une fille a fait pipi debout juste à côté de moi…
  48. Chantal nous suit presque au pas, Caroline joue au yo-yo au gré des ravitaillements, mais nous avons définitivement perdu Sylvie.
  49. Passage au demi: 2:15:07. Le rythme est toujours égal.
  50. Question d’encourager ces dames, je leur dis que j’ai presque toujours un passage à vide entre les 22e et 26e kilomètres d’un marathon, alors si ça leur arrive, il n’y a pas à s’en faire, ça finit par passer.
  51. Ce qui ne passe pas par contre, c’est encore l’appel des buissons…  Ceux que je choisis cette fois sont infestés de maringouins. Hé, lâchez mon monsieur, vous autres !
  52. Petit blagueur, je raconte cette super-anecdote à mon retour dans le groupe, question d’amener une certaine distraction. Résultat ?  Bof…  😉
  53. Côté paysage, Hull, on repassera…
  54. Je fais un petit check de ma partner et lui demande comment ça va. Elle me répond qu’elle sent la fatigue s’installer dans les jambes, mais le reste va. So far, so good. Ma job est tellement facile… Je me garde cependant bien de lui dire que la cadence a légèrement ralenti.
  55. Je lui suggère de se lancer dans le poker car son non-verbal ne laisse rien paraitre.
  56. Petite discussion sur les descentes. Elle est incapable de les faire autrement qu’en freinant. J’essaie de lui montrer ma technique, l’encourage à essayer. Rien à faire, elle a un blocage.
  57. Suivre des cours de descente avec moi, faut vraiment être mal pogné !  🙂
  58. Tiens, une rue plutôt chouette avec des pubs et des petits restos, ça fait changement. Une autre affaire que j’avais manquée la dernière fois ! Il faudrait bien que je revienne ici à un moment donné…
  59. Je sens que Maggie commence à faiblir, vivement l’apparition de sa famille, de l’autre côté de la rivière.
  60. Retour à Ottawa via le pont Alexandria. Un vieux pont, étroit et bien pittoresque. Quand je suis passé dessus en voiture un peu plus tôt, le brouillard était tellement épais que je ne voyais pas à 50 pieds devant. Maintenant, le soleil est bel et bien sorti, ce qui m’inquiète pour la suite.
  61. Tel que prévu, nous sommes attendus du côté ontarien. Maggie fait des grands signes, mais comme je n’ai vu que ses parents qu’une seule fois, je ne les reconnais pas. Elle par contre…  Une petite photo pour la postérité.

    RetourOttawa

    Enfin de retour en Ontario !

  62. Le meneur du demi nous dépasse et prend la direction du centre-ville. Il ne semble pas aller si vite, tellement que j’ai l’impression que je pourrais le suivre. Maggie me dit d’oublier ça.
  63. Sussex Drive, l’endroit où on passe dans les deux sens. Je surveille de l’autre côté au cas où je verrais quelqu’un que je connais. Nous croisons le lapin de 3h30, je me dis donc que Pat est probablement déjà passé.
  64. Malheureusement, il suit pas loin derrière. Je lui crie un encouragement, il me répond que sa jambe est fichue. Merde !  Ce que je souhaiterais pouvoir me séparer en deux pour aller le soutenir un peu… Il nous raconte ce qui lui est arrivé ici.
  65. Voyons, me semblait que c’était chouette ici, non ?  Qu’est-ce qui se passe, donc ?  J’allume : tout le côté nord de Sussex est en construction,  rendant l’environnement moche et inhospitalier.
  66. 28 km, nous sommes légèrement plus lents que 4h30, mais pas si mal.
  67. Changement par contre: Maggie arrête pour boire en marchant au point d’eau et demeure Chantal et Caro, ce qu’elle n’a jamais fait depuis le début. Je sens que mon travail va bientôt commencer pour vrai.
  68. Comme je m’y attendais, les deux autres partent et nous laissent derrière.
  69. Maggie me dit qu’elle ne se sent pas si mal, mais n’avance plus. Constat : ses réserves de glycogène sont vides et elle fonctionne maintenant uniquement sur ses graisses. Ma diplomatie légendaire m’empêche toutefois d’utiliser ce terme quand je parle à une femme et je me garde bien de lui parler du fameux mur.
  70. « Quoi, tu me dis que tous les glucides que j’ai absorbés depuis trois jours sont maintenant partis ? ». Heu… oui. Tu as mangé des pâtes pendant trois jours ?!?
  71. « As-tu pris des gels depuis le début ? » que je demande. Réponse : « C’est mon troisième ! ». Ouais, pour un gars qui était supposé la garder à l’œil, pas fort mon affaire…
  72. Le parcours fait une grande boucle avant de nous ramener sur Sussex. Je sais que cette boucle peut paraître très longue car on n’y retrouve à peu près aucun spectateur.
  73. La vue sur la rivière Outaouais est magnifique, mais Magie est dans sa bulle. J’essaie de l’encourager en lui pointant les gens qui marchent alors que nous courons. Elle me répond qu’elle a juste envie de se joindre à eux…
  74. Je lui donne alors le conseil des ultras: se fixer des petits objectifs. Premier objectif : se rendre à la pancarte devant. Une fois rendus, se rendre à la toilette. Puis à la pancarte, puis… Il faut fractionner la course en petits morceaux, question de la rendre un tant soit peu digestible.
  75. On dirait bien que le tout demeure indigeste…
  76. Elle me fait part d’étourdissements.
  77. Shit, c’est quoi ça ?  Je fais le tour des symptômes que je connais et ça ne me dit rien. « As-tu froid ? » Négatif. « Est-ce que tu transpires ? »  Franchement, demander à une femme si elle transpire…  Et je pousse l’audace jusqu’à vérifier. Affirmatif. Ok, ce n’est pas un coup de chaleur. Ouf !  Je lui dis de me tenir au courant, que ça va peut-être passer. (Je faisais erreur, les étourdissements sont un symptôme du coup de chaleur; heureusement, elle n’en sera pas victime)
  78. 32e kilomètre, plus que 10. Un 10k, tout le monde est capable de faire ça, non ?
  79. En bon porteur d’eau, je prends un verre supplémentaire à chaque ravito. La première fois que je lui en offre un, elle me demande : « Tu ne le veux pas ? ». Je lui rappelle mon rôle et rapidement, elle s’y habituera. Enfin, je suis un peu utile !
  80. Au 34e kilomètre, des emballages de Mr Freeze jonchent le sol. Malheureusement, il n’en reste plus…   Reminder pour moi : toujours me trainer un peu d’argent, pour ce genre d’urgence. Un dépanneur ou une pharmacie, ça ferait la job, non ?
  81. Pause-marche. Je la sers contre moi pour la réconforter. Les kilomètres semblent s’étirer de plus en plus…
  82. Des pancartes d’encouragement sont installées un peu partout. La meilleure ?  « Because 42.3 km would be insane »
  83. Je me souviens alors de ce qu’a fait Dusty, le fidèle pacer de Scott Jurek, lors du Badwater en 2005: je dis à Maggie qu’on va partir à telle pancarte et juste essayer de se rendre à la suivante.
  84. À la pancarte donnée, nous repartons. Une fois la pancarte-cible atteinte, nous courons toujours. Sa détermination est belle à voir. Je ne sais pas si elle a songé à abandonner, mais jamais elle ne m’en a parlé.
  85. Devant nous, deux filles. Il est clair qu’elles sont dans la même situation que nous: l’une est débutante et l’autre l’encourage. Son approche est légèrement plus « agressive » que la mienne, si on peut dire. Je me demande si Maggie apprécierait…
  86. Personnellement, j’arracherais la tête de quelqu’un qui m’agresse de même !
  87. Retour sur Sussex, la « boucle de la mort » est enfin terminée.
  88. 37e kilomètre, je montre ma main grande ouverte à Maggie et lui dis: « Il en reste 5, juste 5, comme les doigts de la main. On est rendus… ». Je sens que ça fait image.
  89. On entre dans le centre-ville, qui est beaucoup moins animé que lorsque j’étais passé ici en route vers mon premier Boston. Les spectateurs désertent au fur et à mesure que leurs coureurs passent et je trouve ça un peu triste pour ceux qui auraient bien besoin d’encouragements.
  90. Je sais que nous allons croiser sa famille bientôt, mais n’ose pas lui en parler au cas où elle serait déçue. J’aurais peut-être dû, car Maggie choisit ce moment pour marcher un peu.
  91. Antoine, son plus vieux, apparait.
  92. Un peu plus loin, Sylvain et le plus jeune (Émile) nous attendent. Elle leur réclame un câlin.
  93. La vérité sort de la bouche des enfants: « Ouach maman, t’es toute mouillée ! »
  94. Ils font un bout avec nous, Sylvain demande si je fais bien ça. Maggie répond que je suis parfait (je suis tout à fait en désaccord avec ça, mais bon…), ce à quoi j’ajoute: « Elle ne m’a sacré que 3 ou 4 baffes depuis le début ».

    38eKM

    Avec Sylvain et Émile. Maggie garde le sourire, plus que 4 kilomètres à faire !

  95. Une fois revenus juste tous les deux, elle me demande: « Est-ce que je t’ai vraiment donné des claques  ? ».  Il est vraiment temps que ça finisse…
  96. 39 km, trois doigts. Les coureurs du demi sont maintenant avec nous et plusieurs peinent. Je dis à Maggie qu’elle est tellement meilleure qu’eux, mais elle est ailleurs.
  97. Elle m’annonce: au 40e kilomètre, on prend une dernière pause. Et directement sous la bannière, on se remet à la marche. Le lapin de 4h45 en profite pour nous dépasser.
  98. 200 au 300 mètres plus loin, on repart. C’est dur un marathon…
  99. On traverse le canal une dernière fois, on passe le 41e kilomètre, puis la pancarte annonçant le dernier kilomètre. Le fameux dernier kilomètre. Je lui dis de le savourer, on le vit qu’une seule fois, le dernier kilomètre de son premier marathon.
  100. Au loin, l’arrivée. Je prends soin de me tenir un pas derrière et lui laisse la ligne. Elle la franchit les bras dans les airs, avec le sourire. Résultat final: 4:45:41.

 

Le tapering, version Fred

Jeudi 10 avril. Je suis dans le Vieux-Port, en face du Centre des Sciences, l’endroit d’où je m’élance habituellement quand je cours le soir pour retourner à mon auto, garée à St-Lambert. La température est (enfin) douce, alors je suis habillé en court. Comme Boston n’est que dans 11 jours, je suis théoriquement en tapering. Je dois donc essayer d’y aller plutôt relaxe. Vu que j’espère (je dis bien: j’espère) tenir une cadence moyenne de 4:25/km en course, quelque chose autour de 4:20 serait correct pour les 14 km que j’ai au programme (je sais, tous les experts diront que je vais trop vite, mais c’est comme ça que je m’entraine, bon !). Me connaissant, je vais plutôt me « contenter » de 4:15…

En partant, c’est vent de face. Rapidement, j’ai le souffle assez court. Suis-je parti trop vite ?  Suis-je en train d’en faire trop ?  Bof, le vent dans la face, c’est toujours difficile de toute façon, alors je dois être correct. Le premier kilomètre sonne: 4:11. Shit, pas mal trop vite. Relaxe bonhomme, relaxe !  Je fais ensuite la petite rue devant l’horrible usine Five Roses, puis passe sous l’autoroute Bonaventure en slalomant. Deuxième kilomètre en 4:16. Ok, c’est mieux.

Piste cyclable menant au parc Jean-Drapeau. J’ai maintenant le vent dans le dos. Ma Garmin est toujours fuckée dans ce coin-là, alors pas moyen d’avoir une véritable idée de ma cadence. Troisième bip: 4:12. Comment ça, 4:12 ?  Avec le vent dans le dos, de la façon que j’appuie, je devrais être un peu plus rapide, non ?  Je passe devant Habitat 67 (je devrais m’arrêter de temps en temps pour l’admirer, celui-là), puis monte sur le pont de la Concorde. Quatrième kilomètre en 4:14. Tab… !  Déjà, je ne pense plus à relaxer. J’essaie de me raisonner: « Il y avait une petite montée, c’est normal que ce soit un petit peu plus lent… ». Rien à faire, je me dis qu’avec les efforts que je produis, le vent dans le dos, je devrais être plus rapide.

Mon cinquième kilomètre se fait en 4:09. Ok, c’est mieux. Je descends sur le circuit et me dirige vert l’est. Arrivé sur l’île Ste-Hélène, j’entame le tour de l’Isle. Habituellement, je le fais 3 fois, mais comme je suis en tapering, je n’en ferai que 2, un dans chaque sens.

Montée abrupte vers le pont Jacques-Cartier. Les efforts des derniers mois semblent payer car je la sens plus facile que d’habitude. J’arrive en haut un peu essoufflé, mais je suis bien. Ok, je suis en tapering (je suis en tapering, je suis en tapering…) , je vais prendre ça relaxe pour la descente. Mais c’est ma dernière occasion ou à peu près de travailler ma technique… Je me penche donc vers l’avant et entame la descente presque à fond, tâchant de faire mouliner les jambes rapidement et que le contact des pieds avec le sol se fasse sous mon bassin. Pas évident…

Je termine la descente, me rends jusqu’au Hélène-de-Champlain (qui est en rénovation depuis une éternité), puis fais demi-tour. Relaxe bonhomme, relaxe…

J’attaque la côte que je viens à peine de descendre, question de retourner vers le pont. Elle n’est pas tellement abrupte, mais elle est relativement longue (selon les standards de la course sur route, on s’entend) et me fait énormément penser à la fameuse Heartbreak Hill. Plus haut, devant moi, un gars se dirige vers le pont à vélo. Il tourne un braquet minuscule et n’avance pas, alors qu’est-ce qui me passe par la tête ?  L’idée d’arriver sur le tablier avant lui, bien évidemment !

J’ai maintenant un objectif, on fera du tapering plus tard. J’accélère, gardant le vélo en point de mire. Je gagne du terrain, je vais plus rapidement que lui, c’est évident. Ha ha, je vais l’avoir, lalalère !  Je le rejoins et le dépasse à une cinquantaine de mètres du tablier. Même pas difficile. Tiens toi !

Coup d’oeil à la moyenne: 4:14. Compte tenu des côtes, c’est trop rapide. Mais le pont est là, il m’attend…  C’est que je cours toujours très bien sur le pont Jacques-Cartier, je ne sais pas pourquoi. Contre toute logique, j’enclenche donc la vitesse supérieure. Bout plat, petite montée et longue descente vers la rive sud. Une fois rendu à St-Lambert, toute idée de retenir mes élans s’est envolée. Comme on dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions. J’enchaine les kilomètres autour de 4 minutes, faisant fi de la raison. Rendu près du but, après 14 kilomètres, je m’arrête finalement. Moyenne globale: 4:10/km.

Durant mon retour au calme, la raison me rattrape enfin. Pourquoi tu es allé si vite, du con ?

Note: j’y suis allé plus relaxe cette semaine… mais jamais assez. Je suis vraiment incorrigible.

 

Qu’est-ce qui m’attend ?

Comme j’en ai déjà parlé, c’est dimanche prochain que je prendrai part à la course de 50 km dans le cadre du marathon intérieur de Sherbrooke. Piste de 200 mètres, 250 tours à compléter. Simple, non ?  Pas tant que ça. Ce type d’épreuve m’est totalement inconnu et bien que je tâche de tout prévoir, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je me dis que je dois prendre ça comme une expérience, mais je le sais, mon esprit compétitif va travailler pour essayer de trouver la meilleure façon d’obtenir un résultat qui a de l’allure. Que voulez-vous, on ne me change pas.

Première interrogation: l’entrainement. Est-il adéquat ?  Honnêtement, je ne me suis pas entrainé avec cette course-là à l’esprit. Mon premier vrai objectif de la saison, c’est Boston. Ok, j’ai fait quelques distances plus longues (dont une sortie de 36 km) depuis le début de 2014, mais des intervalles ?  Pas vraiment moyen, avec le froid et la glace. La vitesse n’est donc pas là, bien que samedi dernier, je me suis un peu surpris avec du 4:08/km sur 13 km.

Deuxième interrogation: le tapering. Encore là, pas ma meilleure. 84 km la semaine dernière, on ne peut pas vraiment appeler ça du tapering (en ce qui me concerne, du moins). J’y vais très relaxe cette semaine, mais ce sera probablement trop peu, trop tard.

La distance. Bah, c’est “juste” 8 km de plus qu’un marathon…  Ben justement, c’est tout de même presque 20% de plus. Je n’ai fait cette distance que 5 fois dans ma vie (deux ultras, deux fois au mont St-Bruno et une fois sur la route pour le plaisir), ce n’est quand même pas beaucoup. Et il y a l’aspect mental à considérer. En marathon, quand j’arrive aux 25-26e kilomètres, je me dis qu’il ne me reste plus qu’une sortie de semaine à faire et ce sera fini. Mais sur un 50 km, je n’en serai rendu qu’à la moitié. Psychologiquement, j’aurai besoin de m’adapter, c’est certain.

Le psychologique, justement. Tourner en rond comme ça, pendant des heures, ça risque d’être très difficile mentalement. Je ne compte plus le nombre de personnes qui n’en reviennent pas que je me sois embarqué là-dedans, qui me trouvent courageux (ou débile, c’est selon), etc. Moi qui ai envie de pleurer quand je me tape un tour du bassin olympique au parc Jean-Drapeau parce que je trouve ça ennuyant, imaginez 250 tours… Sauf que je compte bien utiliser le tout à mon avantage. On dit toujours qu’il ne faut jamais voir une course longue distance dans son ensemble, qu’il est de beaucoup préférable de la fractionner mentalement en plusieurs petites courses. Ainsi, durant un ultra en trail, on ne doit penser qu’au prochain poste de ravitaillement et oublier le reste. Puis au suivant, puis au suivant… J’avoue que ça marche plutôt bien. Alors dans ce cas-ci, surtout si ça commence à mal aller, il me sera plus facile de seulement me concentrer à terminer un tour et oublier qu’il en reste une infinité.

Ok, peut-être plus facile à dire qu’à faire…

Les conditions. Évidemment, pas de vent, pas de pluie, pas de neige, pas de glace. Mais quelle sera la température ?  Sur le site de l’événement, il est indiqué que le chauffage sera probablement fermé durant la nuit, permettant à la température du stade intérieur d’atteindre une valeur acceptable pour la course. On parle de 15 à 20 degrés. Or, il ne faut pas oublier que nos corps sont présentement habitués à combattre le froid, alors 20 degrés pour courir, ce serait peut-être un tantinet élevé à mon goût. Je ne devrai pas négliger l’hydratation, c’est certain.

Et que dire de la qualité de l’air ?  Une autre inconnue. Est-ce qu’il sera vicié ou il y aura une certaine circulation ?  À voir sur place.

La circulation. En tout, nous serons 34 sur la piste en même temps : 21 pour le marathon, 13 pour le 50k. Un petit calcul rapide permet de découvrir que quelqu’un qui court à 5:00/km fera 6 tours de piste pendant que la personne qui court à 6:00/km en fera 5 (mail quel grand mathématicien, quand même !). Ce qui veut dire un total d’une quarantaine de dépassements durant la course ! Imaginez s’il y a un petit vite qui fait le marathon à 3:45/km et qu’une autre personne va à 7:00/km. À 34 personnes…

Normalement, durant une course, quand un coureur plus rapide en dépasse un plus lent, ça arrive une seule fois et c’est tout. Au fur et à mesure que l’épreuve se déroule, les coureurs de même force tendent à se regrouper et les manoeuvres de dépassement se font de plus en plus rares. Aussi, il y a généralement assez de place pour passer. Mais là… Sans compter l’effet psychologique de se faire prendre plusieurs tours par la même personne. Bref, il va falloir dealer avec la circulation, quelque chose de tout nouveau pour moi qui n’ai jamais fait de course sur piste.

La musique. Je cours toujours dans le silence le plus complet car j’aime me perdre dans mes pensées. Or, on nous annonce de l’animation. En marathon, quand je passe devant un orchestre, mes sentiments à son égard sont mitigés. Si ça va bien, une bonne petite toune avec un bon beat, ça me pompe et je suis énergisé. Mais quand ça va mal, ça me tape sur les rognons. Les cuivres et les percussions ont le don de venir chercher une corde sensible…

Bref, je vais sortir de ma zone de confort et j’avoue que je ne déteste pas ça du tout. J’ai bien hâte de voir comment ça va se passer…

Répétition générale

« N’oublie pas qu’il faut que tu fasses de la route demain ! »

C’était ma douce moitié qui jouait le rôle de ma conscience au moment du dodo hier soir. Elle avait raison: il fallait que je fasse un vrai entrainement sur route deux semaines avant le dernier grand rendez-vous de la saison, le Marathon de New York. Pas question d’aller s’épivarder dans le bois comme un petit gars, fallait que j’agisse en adulte, pour une fois.

Pour moi, cette dernière sortie semi-longue avant un marathon sert toujours de répétition générale avant la course. 25 km que je fais à un rythme modéré, près de celui anticipé pour la course (je sais que ce n’est pas ce qu’on est supposé faire, mais c’est ce que je fais, bon), avec l’équipement que je compte utiliser ce jour-là: souliers, casquette, shorts, ceinture d’hydratation, gels, etc. Aussi, contrairement à mes sorties de semaine, pas question de m’arrêter. En effet, quand je reviens du boulot, je dois m’arrêter assez souvent: pour traverser une intersection, passer sous le pont Jacques-Cartier pour aller rejoindre le trottoir piétonnier, me masser les tendons du genou ou simplement pour jaser avec un ami qu’il m’arrive de croiser en chemin. Veux, veux pas, ces petites pauses sont des moments de repos et faussent un peu le rythme véritable qu’on peut tenir sur une certaine distance. Cette fois-ci, je voulais faire comme en course, soit continuer peu importe les circonstances.

Première surprise en me levant: il était 6h30 à peine qu’il ventait déjà à écorner un boeuf. Merde, comment évaluer correctement si une cadence est la bonne dans de telles conditions ?  Deuxième surprise: en me rendant récupérer mes souliers de route au sous-sol, mes quads m’ont fait savoir qu’ils avaient trouvé pas mal difficile la descente du mont Orford hier (j’y reviendrai au cours des prochains jours). J’étais racké d’une course de 11.5 km faite pour le plaisir !  Double merde !

 Je bougonnais en me rendant au bout de la rue en trottinant pour m’échauffer. J’aurais dû aller en sentiers que je me disais. Le foutu vent, il ne nous dérange pas, dans le bois. En plus, il faisait beau, ça devait encore débile dans mon terrain de jeux. J’essayais de demeurer positif, de me dire que si je faisais une bonne sortie dans ces conditions, ce serait très encourageant pour New York… Rien à faire, je voulais être ailleurs.

Je suis parti avec comme objectif de faire du 4:25/km. Ça ne devrait pas être trop difficile, non ?  Ouais, mais le vent, les quads… et le souper arrosé d’hier soir…

J’ai évité d’affronter Éole pendant 5-6 kilomètres, me contentant de zigzaguer dans les petites rues. Mais à un moment donné, il a bien fallu que je me le tape. Sur les bords du fleuve, il était terrible. Je devais le combattre sans cesse, courant à angle pour compenser. Au 7e kilomètre, ma montre a sonné: 4:33. Quoi, un kilomètre en 4:33 dans cette tempête et ce, sans y mettre toute la gomme ? Finalement, ce serait peut-être une bonne sortie…

J’ai réussi à traverser le pont des écluses juste avant qu’il lève et me suis dirigé vers le parc. Le vent était à son apogée, mais je réussissais à tenir un rythme acceptable. En arrivant au récréo-parc, un peu plus à l’abri, ma moyenne était rendue à 4:23. Dans les circonstances, on peut dire que tout allait bien.

Je l’avoue, je n’ai pas respecté ma promesse de ne pas m’arrêter. La raison: Charlotte qui prenait sa marche matinale et voulait absolument un câlin de son « papa ». Et je n’étais pas pour passer à côté de ma femme sans l’embrasser, pas vrai ?  🙂

Il me restait 14 km à faire quand je suis reparti et ils sont passés sans histoire. Au final, une moyenne à 4:21, ce qui est amplement satisfaisant. Les genoux n’ont pas bronché, je crois que je peux leur faire confiance pour dans deux semaines, surtout que je serai en tapering et ne dépasserai plus 16 km au cours des 14 prochains jours.

J’ai donc bien fait de faire de la route. Mais ça ne me tentait tellement pas…

Il faudrait que je fasse de la route…

New York, c’est dans trois semaines. Théoriquement, je devrais y aller à fond de train sur la route, regarder mon pace, faire des intervalles, apporter les légers correctifs à ma posture, tester si je vais courir avec ma ceinture d’hydratation ou pas. Selon les grands principes, j’aurais dû faire une sortie sur la route hier, puis ma dernière vraie longue (32 km) aujourd’hui. Après, ce serait le début du tapering.

Il y a juste un problème: c’est l’automne et il fait tellement beau… Demandez-moi si j’ai le goût de m’ennuyer sur les interminables kilomètres de bitume. Hier, j’avais une excuse: j’avais une virée de prévue au mont St-Hilaire avec les deux amis que j’accompagnerai la semaine prochaine à Orford pour le Xtrail Asics. Une répétition générale en quelque sorte pour Daniel et Sylvain qui n’ont jamais fait de compétition en sentiers. D’ailleurs, Daniel n’a jamais fait de compétition, point. Mais il m’a beaucoup impressionné dans les descentes. Dans les parties roulantes, ça m’aurait pris tout mon petit change au sommet de ma forme pour le suivre (avec mes genoux toujours sur le bord de lâcher, on oublie ça). Et quand les descentes devenaient le moindrement techniques, je me retrouvais irrémédiablement largué. Heureusement, j’avais le plat et les montées pour me reprendre.  Non mais, c’est supposé être moi, le plus rapide des trois, non ?  😉

Nous avons fait tous les sommets, prenant bien soin d’admirer la vue à chaque fois, puis sommes repartis au moment où la cohue s’épaississait. C’est fou la quantité de monde qu’il peut y avoir à cet endroit à ce temps-ci de l’année. Dans la longue filée de voitures qui attendaient pour entrer quand nous avons quitté, il y avait quelqu’un avec une roulotte !  Je ne sais pas ce qu’il avait l’intention de faire avec ça, ni comment il a seulement pu repartir de là, mais ce n’était vraiment pas une bonne idée !

Aujourd’hui par contre, pas d’excuse. Je devais faire de la route. Mais rien à faire, je ne pouvais me motiver à manger de l’asphalte par une telle journée. Qui sait, peut-être n’aurais-je plus l’occasion d’aller faire le tour de mon terrain de jeux cette année ?  Je ne pouvais tout de même pas manquer ça…  Est-ce que ça pouvait me nuire pour New York ?  Je ne crois pas et bien honnêtement, je m’en balançais un peu: j’avais envie de courir à St-Bruno, je courrais à St-Bruno, un point c’est tout.

Ho que je n’ai pas regretté !  Température parfaite, un merveilleux soleil d’automne qui perçait difficilement les feuilles encore dans les arbres, les couleurs toujours présentes. 33 km de pur bonheur.

Définitivement: la route pouvait encore attendre. On va être pognés ensemble tout l’hiver de toute façon…

L’infolettre

Ils avaient dit qu’ils nous enverraient une dernière infolettre “à la mi-juin”. La dernière infolettre en vue de l’Ultimate XC de St-Donat est finalement arrivée par courriel une semaine plus tard, mais on peut dire qu’elle était assez complète merci !

L’organisateur commence en lion en annonçant que deux de ses bons amis allaient partir à la course vendredi soir avec l’intention de se taper le parcours du 58 km en sens inverse, puis revenir avec nous, les participants, qui prendront le départ de la “vraie” course le lendemain matin autour de 7h. Un petit 116 km au total… Le but ? Sensibiliser la population aux problèmes de santé mentale (heu, c’est que les gens normaux pensent déjà que les ultrarunners ont justement un problème de santé mentale… ;-)) et venir en aide aux personnes en proie avec des idées suicidaires. Si ça peut marcher le moindrement, j’appuie l’initiative à 100%. Les troubles mentaux sont tellement mal vus, voire honteux dans notre société. Et pourtant, tellement de gens en souffrent…

Et qui retrouve-t-on parmi ces deux braves ?  Sophie Limoges, ma chiro unique et préférée !  Elle qui m’avait dit qu’elle n’était pas certaine qu’elle y serait, elle va faire deux fois la distance. Quand j’ai vu son nom, j’ai décidé que tant qu’elle le voudrait bien, je serais son patient. Parce que je sais qu’elle comprend ce qui se passe dans ma tête et si ELLE me dit un jour que je dois prendre du repos, je vais suivre ses conseils.

Détail que j’ai constaté dans le reste de cet envoi: je ne sais pas si c’est volontaire, mais on y retrouve beaucoup de répétitions. Il me semble qu’il serait amplement suffisant d’écrire une seule fois que les concurrents des courses en trail doivent obligatoirement emprunter la navette pour se rendre à leur départ ou que la cueillette du dossard doit absolument se faire le vendredi soir pour les participants des course de 38 et 58 km. Mais non, on se le fait répéter. Signe d’une époque où les gens sont trop pressés ou incapables de se concentrer assez longtemps pour lire un texte de plus de 10 lignes ?  Peut-être…

L’infolettre contient aussi plein de renseignements plus ou moins utiles comme par exemple qu’il y a un bureau de poste à St-Donat (que d’émotion) ou la description de ce qui semble être un jeu que je ne connais pas et qui n’a aucun lien avec les courses. Enfin…

Ceci dit, la description des différents parcours est très intéressante et surtout, très instructive. Déjà que les cartes et les différents dénivelés étaient disponibles sur le site depuis un bon moment, un petit complément d’information, accompagné de quelques conseils, c’est vraiment excellent. On nous avertit entre autres où nous risquons (très) fortement de nous retrouver les pieds mouillés. Un beau contraste avec le Vermont 50 où ni le parcours, ni le dénivelé ne sont rendus publics.

À quoi s’attendre ?  Je ne peux pas dire avec certitude. Et ça fait un peu partie du charme de ce type d’épreuve. Je regarde les temps de l’an passé et je me dis que le parcours doit être très difficile. En effet, le gagnant avait terminé en 5h46, seulement deux autres coureurs avaient pris moins de 7 heures et la première femme (c’était évidemment Sophie) pointait à la 15e position en 7h54. Ce sont des temps qui ne sont pas très loin de ceux enregistrés au Vermont 50… qui était 22 km plus long !  Vrai qu’il faisait très, très chaud l’année dernière, mais cette année, avec le printemps pluvieux que nous avons vécu (sans compter le déluge prévu vendredi), les sentiers risquent d’être dans un piteux état et les rivières à traverser, plus profondes. Les temps devraient donc être du même ordre de grandeur, mais je peux facilement me tromper.

Si je ne peux prédire le déroulement général de la course, je peux encore moins prédire comment je vais m’y comporter. Surtout qu’un petit bobo inconnu a décidé de se monter la binette lors de ma dernière sortie de 20 km en sentiers lundi. Je ne sais pas si tous les coureurs sont comme moi, mais dans mon cas, j’ai des bobos “familiers”: ma cheville gauche et mon ischio droit en sont des exemples. Je les connais et quand ils refont de temps à autre une apparition, je sais comment les gérer. On est comme de vieilles connaissances.

Mais cette fois-ci, alors que j’étais dans la dernière descente m’amenant vers l’accueil de mon terrain de jeux, c’est une douleur au tibia droit qui est apparue. De quessé ?  J’étais en tapering, je ne m’étais vraiment pas surmené ces derniers temps, c’était quoi le problème ?  Je ne comprends pas trop, mais comme j’ai trainé ce petit malaise le reste de la journée de lundi et un peu hier aussi, j’ai décidé de ne pas faire le petit dernier 10 km que j’avais prévu pour ce matin. Ce sera la première fois que je me présente au départ d’une course avec quatre jours de repos (si on ne compte pas les 50 km de vélo par jour pour voyager au travail…). Habituellement, c’est deux jours. J’ai essayé trois pour Philadelphie et Boston et ça a plutôt bien fonctionné. Mais quatre ?  Enfin, on verra bien.

Si on suppose que tout irait bien côté santé, le top 10% que je vise sur route est à mon humble avis hors de portée (ça m’amènerait en 12-13e place, yeah right !). Une place dans les 30 premiers ?  Ouais, peut-être. Quant au temps, ça va probablement s’enligner autour de 8h.

Du côté des “tops”, je prédis le podium suivant:

1- David Le Porho

2- Gareth Davies

3- Alister Gardner

Disons que Seb Roulier m’a rendu la tâche plus facile en s’alignant sur le 21 km plutôt que le 58 (il sera aux championnats du monde de course en sentiers au Pays de Galles la semaine prochaine, alors même lui doit se ménager un peu… tout en visant la “gagne” sur le 21, quand même) !  Quant aux femmes, je ne peux pas croire que Sophie va rééditer son exploit de l’an dernier après avoir couru toute la nuit, alors j’y vais avec la fille de mon patelin natal: Rachel Paquette, de Victoriaville.

Mais LA prédiction qui a le plus de chances de se réaliser: beaucoup, beaucoup de plaisir pour les 1200 coureurs qui seront là samedi !  🙂

Le vent… et la neige !

De retour après quelques jours qui ont été plutôt occupés…

Conditions idéales pour courir, la semaine dernière, n’est-ce pas ?  Des vents de 40-50 km/h avec des rafales à 70, quoi demander de mieux ?  😉

Ça m’a rappelé une petite anecdote. Nos voisins sont des grands amateurs de cyclotourisme. Lui en particulier, il adore tout ce qui touche au vélo: équipement, mécanique, voyages. Il agit souvent comme bénévole au Tour de l’Île et comme accompagnateur lors des voyages organisés par Vélo-Québec. Un jour, avant qu’ils partent tous les deux faire la Hollande à vélo, un autre cyclotouriste les a bien avertis: il y a beaucoup de vent en Hollande, vous allez en arracher.

À son retour, quand je lui ai demandé comment ça s’était passé, il m’a simplement répondu: “Bof, vraiment rien d’exceptionnel, leur vent. Quand on vit en Montérégie…”

Mais bon, des rafales à 70 km/h, c’est un peu hors norme, même pour nous Montérégiens. Des intervalles là-dedans ?  Oubliez ça. Je me suis dit que tant qu’à prendre des mauvaises habitudes de course et à sacrer, aussi bien utiliser mon temps d’entrainement plus intelligemment. Donc mardi dernier en fin d’après-midi, j’ai mis le cap sur le mont St-Bruno. Je me disais que la montagne et les arbres atténueraient un peu les effets du vent, que les côtes remplaceraient les intervalles et en plus, avec une boucle de 3.6 km autour du lac Seigneurial, j’alternerais souvent vent favorable/défavorable.

Ce fut probablement la meilleure idée que j’ai eue depuis fort longtemps. Il y avait du vent, oui, mais bien moins que sur le bord du fleuve. La neige avait presque entièrement fondu, le chemin était dans un bon état à part à quelques endroits. Et en prime, comme j’arrivais à la fin de ma course, quatre superbes chevreuils étaient là, semblant m’attendre. Puis trois autres se sont pointés alors que je faisais mes étirements. Dire que j’aurais pu être pris à pester contre le vent dans mon récréo-parc…

J’ai donc remis ça jeudi, vu que le vent avait décidé qu’il continuait à souffler en débile. Et je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je pétais le feu. Pas de chevreuil à l’arrivée par contre. On ne peut pas tout avoir…

Je me suis rendu compte d’une chose lors de ces deux jours: définitivement que je suis fait pour la course dans le bois. C’est tellement différent. On se sent en communion avec la nature, on ne passe pas son temps à vérifier la cadence, on se “contente” de s’amuser à courir. Et je n’étais pas vraiment dans le bois, alors imaginez… Vivement que Boston passe pour que j’y retourne !  🙂

En attendant, il a bien fallu que je retourne à la route en fin de semaine. Je ne sais pas si ce sont mes deux sorties de la semaine qui m’ont donné du tonus, mais samedi a été ma plus rapide de l’année. Dimanche, avec le vent qui était revenu de plus belle (combiné avec la fatigue relative suite à la course de la veille), a été plus lente, mais ce n’était vraiment pas grave: c’était la dernière vraie journée d’entrainement. D’ailleurs, j’ai toujours de la difficulté avec la dernière fin de semaine précédant un marathon. La combinaison 13-16 km est pas mal plus courte que ce dont je suis habitué et je me sens bizarre à chaque fois. Il me semble que je n’en fais jamais assez…

Imaginez cette semaine: après un 10 km relaxe tantôt, ce sera un autre jeudi, puis… plus rien ! Peut-être aller travailler à vélo demain et c’est tout. C’est ça, le tapering. Je sens que je vais avoir la bougeotte dimanche, moi…

Bon, il ne nous reste plus qu’à prier pour que la neige annoncée vendredi tombe sous forme liquide. De la neige à la mi-avril, ils veulent rire de nous ou quoi ?  Dire qu’il faisait 30 degrés au départ du marathon l’an passé…

En tapering… et suite sur la logistique

Plus que deux semaines avant le Jour J. Ce qui devait être fait ayant (supposément) été fait, je suis maintenant dans la phase de tapering. Il ne me reste qu’à diminuer progressivement la charge d’entrainement, question de laisser mon corps récupérer tout en conservant la forme. En cette fin de semaine de Pâques, je lui ai fait subir un 16 km tempo au mont St-Bruno samedi et un 25 km race pace hier, dans le vent. Après mon 20 km très rapide de jeudi matin, ça en faisait pas mal pour mes jambes à ce temps-ci de l’année. Disons que j’étais content de seulement aller promener Charlotte ce matin !  🙂

Pour les jours à venir, ce sera probablement des 14 km avec intervalles ou en terrain accidenté cette semaine, des petites sorties de 13 et 16 km en fin de semaine, puis deux petits 10 km la semaine prochaine. Je ne peux pas croire qu’il ne me reste que 6 sorties avant le marathon…

Petit update sur la logistique maintenant. J’ai fait mon essai-nutrition hier: ça a bien fonctionné. Une banane, un bagel et quelques bretzels au beurre d’arachides avalés 4 heures après le lever et 90 minutes avant de commencer à courir ont fait le travail. Ça faisait juste bizarre de faire autre chose pour passer le temps avant d’aller courir, moi qui donne toujours la priorité de ma journée à la course… Car tout le monde sait bien que le ménage, les autos, le gazon, l’épicerie, ça peut TOUJOURS attendre. Mais pas la course !  :-).

Pour ce qui est du reste, même si je n’avais pas besoin d’avoir une autre indication que le Marathon de Boston n’est vraiment pas une épreuve comme les autres, j’en ai tout de même eu une cette semaine. Par le courrier, j’ai reçu un beau petit guide ainsi que mon passeport personnalisé de la part de l’organisation.

Comptant 28 pages, le guide contient tous, mais tous les renseignements utiles et moins utiles qu’un participant peut avoir besoin. On y retrouve entre autres:

  • des informations sur l’expo-marathon avec en prime, un plan du plancher nous montrant la disposition des kiosques
  • toutes les informations concernant le souper d’avant-course, avec indications pour le stationnement ce soir-là
  • les adresses d’une vingtaine de restaurants suggérés
  • la cédule de tous les événements
  • des informations pour le stationnement autant au départ qu’à l’arrivée
  • l’horaire des navettes (qu’il est FORTEMENT  recommandé d’utiliser)
  • des recommandations par rapport à l’hydratation, à l’alimentation, aux vêtements à porter s’il fait froid ou s’il fait chaud (il ne faut tout de même pas oublier que les participants sont généralement des coureurs expérimentés…)
  • un plan du parcours accompagné du très utile graphique des dénivelés
  • des cartes montrant clairement où se trouveront les lieux importants pour le jour de la course
  • des informations sur les services médicaux disponibles
  • etc.

Quant au passeport personnalisé, il représente un petit condensé du guide du participant. Et pour faciliter la cueillette du dossard, il est pourvu d’une partie détachable avec mon nom, mon temps de qualification (ça ne sert pas à grand chose, mais bon…) et mon numéro de dossard. Je n’aurai qu’à donner cette partie au préposé à l’expo-marathon et je pourrai recevoir le précieux dossard. Aussi à l’intérieur, on retrouve un billet pour le souper d’avant-course avec une heure de réservation. Pas que ça me sera très utile, vu que je m’arrange pour toujours manger maison la veille, mais quand même…

Impressionné vous dites ?  Wow, de la grande, de la très grande classe ! J’ai peine à imaginer l’ordre de grandeur des frais qui sont engagés dans l’organisation de cette course. En tout cas, jusqu’à maintenant, ça vaut largement les 200 $ que l’inscription m’a coûté. Et je n’ai même pas encore vécu l’ambiance…

En période de tapering ? Déjà ?

Pour bien des gens normaux, le mois de novembre est synonyme de déprime. C’est le mois des morts, les arbres ont perdu leurs feuilles, la grisaille s’installe, les journées raccourcissent. Bref, l’hiver s’en vient. Comme je ne suis pas normal, j’adore novembre. Les températures fraîches combinées à un sol encore en parfait état pour courir font que je pète le feu. En novembre, j’ai parfois l’impression de voler tellement ça court bien. C’est d’ailleurs à cette époque-ci l’an dernier, par une superbe journée comme aujourd’hui, que j’ai trempé pour la première fois dans le monde des ultras en parcourant les 58 kilomètres séparant la maison de mes beaux-parents de celle de mes parents à la course. Juste pour le plaisir. Cette année, j’ai décidé de profiter de cette période pour faire Philadelphie.

Sauf qu’il y a un détail: le programme général d’entrainement que je suivais habituellement a été complètement bousillé cette fois-ci. En effet, pour un marathon, celui que je suis normalement s’échelonne sur 15 semaines au cours desquelles j’insère parfois un demi en compétition pour me tester.

Mais bon, jusqu’à la fin septembre, disons que tout était orienté vers un seul but: le Vermont 50. Puis, j’ai pris 5 jours de repos complet de la course avant de recommencer (presque) progressivement. Toutefois, j’avais seulement 7 semaines entre les deux courses, alors je me suis fait une sortie de 33 km 2 semaines après ma promenade à la campagne pour ensuite me suis donner le luxe de tomber malade la semaine suivante. 5 autres jours de repos complet, même pas de vélo, juste des petites marches avec Charlotte.

A suivi le (demi-)Marathon de Magog. Je devais théoriquement tomber à ce moment-là dans la phase de tapering , soit la diminution progressive de l’entrainement dans les trois semaines précédant la course.  Heu, ha oui ? Déjà ?  Ben, c’est que, dans le genre que je n’ai finalement pas fait grand chose…  Ça a fait que j’étais un peu fourré dans mes affaires, moi là…  J’ai décidé de faire un petite entorse à la règle et de m’envoyer un beau 32 km pour aller travailler le 1er novembre au matin. Puis, au lieu de 24 km, j’en ai fait 26 dimanche dernier. Hou…

Tout ça pour dire que je ne me sens vraiment pas à la fin d’un long et difficile entrainement, mais plutôt que je me la coule douce. Après un 13 km ce matin, j’ai un 16 km prévu demain. Ces deux sorties me paraissent tellement, mais tellement insuffisantes… Surtout qu’avec une telle température, j’aurais vraiment le goût d’en faire plus, question d’en profiter avant que la schnoutte blanche nous tombe dessus.