Comme un schizophrène

Été 2013, sans trop savoir comment, j’ai développé une tendinite derrière le genou gauche. Puis, après un arrêt d’une semaine et un traitement en chiro, j’ai fait un essai qui s’est avéré catastrophique. Non seulement mon genou n’allait vraiment pas mieux, mais mon sciatique du côté gauche (encore la gauche, toujours la gauche !) avait bloqué, me causant des douleurs atroces au bas du dos et me faisant marcher tout croche.

Durant les jours et les semaines qui ont suivi, ce sera surtout ce dernier qui me causera des problèmes. Sans les bons soins de mon ostéo ainsi que les étirements qu’elle m’avait donné à faire, pas certain que je m’en serais remis.

Toujours est-il que depuis ce temps, craignant la réapparition de ces maux, j’avais suivi religieusement ma routine d’étirements : ischios, mollets, bandelettes, fessiers. Au minimum deux fois par jour.

Mais, au fil des mois, tout en discutant avec les amis coureurs, je me suis rendu compte que j’étais pas mal le seul à me farcir une telle routine. Aussi, je lisais un peu partout que les étirements à froid, ça ne donnait pas grand-chose… Ajoutez à ça le temps que je pouvais sauver dans une journée en raccourcissant le processus et vous obtenez un coureur qui en était rendu à ne faire que les étirements liés à la blessure au genou et ce, rarement plus d’une fois par jour.

Après ma baisse de régime un peu inexplicable de la fin 2015, je commençais à sentir que ça revenait tranquillement. Quand j’ai fait la tournée des 3 sommets avec Pierre la dernière fois, j’ai eu l’impression qu’il ne s’ennuyait pas du tout, bien au contraire (je parle d’un ennui du point de vue « athlétique », pour ce qui est de ce que j’avais à lui jaser, je ne peux pas dire si ça l’ennuyait; mais bon, ça faudrait lui demander ! :-)). Ça voulait dire que j’étais à peu près à son niveau, ce qui ne peut forcément pas être mauvais.

Dans la semaine qui a suivi, la course fartlek s’est bien déroulée, tout comme mon entrée en ville à la course. Des intervalles le samedi ?  Mes meilleurs depuis des lunes. Puis vint la sortie du dimanche : les 3 sommets auxquels j’ai ajouté la Camilien-Houde. 31 kilomètres avec beaucoup de dénivelé pour une sortie en ville.

Le soir, j’ai senti le sciatique se coincer. Oups. J’ai bien tenté de récupérer le tout en reprenant les étirements. Trop peu, trop tard. Deux jours après, je retournais sur la liste des blessés.

Je pensais bien pouvoir m’en sortir seul avec quelques jours de repos et une reprise assidue des étirements. Nada. Progressivement, la tentative de « retour au jeu » s’est soldée par un échec. J’ai dû m’avouer vaincu : je devais consulter.

Par miracle, Norbert, le massothérapeute sportif de Julie, ma partner de pour la Petite Trotte à Joan, avait de la place hier soir. Quand je l’ai vu, j’avoue avoir eu un peu peur: le gars est bâti comme Georges St-Pierre !  Mon pauvre petit sciatique allait tellement, mais tellement souffrir…

Finalement non. En fait, pas plus que ce que m’a déjà fait subir Sophie. Ok, pendant plus d’une heure, je me suis senti comme un pantin désarticulé, mais j’ai survécu. J’attends maintenant de voir si ça fait son effet. Je suis optimiste. À suivre.

La leçon de l’histoire ?  Je ne suis pas comme les autres : j’ai besoin de mes étirements si je veux continuer à pratiquer mon sport. Tel un schizophrène qui doit accepter de prendre ses médicaments s’il veut avoir une chance de fonctionner normalement, je dois accepter de me taper cette routine quotidiennement. C’est la vie…

« Salut monsieur. Vous allez bien ? »

J’étais étendu sur le sol, dans un endroit isolé de la station de métro Longueuil. J’avais un pied posé sur une colonne de soutien et l’autre en position d’étirement pour mon fessier. Des dames d’âge mûr venaient de passer tout près et m’avaient regardé avec un drôle d’air avant d’aller parler au gentil gardien de sécurité. Celui-ci était tout suite venu vérifier auprès de moi.

Une niaiserie m’a (évidemment) brûlé les lèvres, du genre « Si vous considérez que courir 25 km avant d’aller travailler, c’est bien aller, alors oui, je vais bien » ou « Physiquement, je pense que ça va, c’est mon mental qui m’inquiète », mais j’ai décidé de laisser faire. S’il avait fallu qu’il me prenne au premier degré…

« Oui oui, ça va très bien. Je fais seulement mes étirements. »  Il m’a souri et est reparti faire sa ronde. Je ne suis pas certain qu’il ait compris ce que je faisais, mais l’important pour lui, c’était que je sois correct. Le reste… C’était sympa de sa part d’être venu s’enquérir de mon état de santé.

Ceci dit, je me pose parfois, en fait, souvent la question: suis-je sain d’esprit ? J’ai beau aimer courir, mais au point de décoller de la maison alors qu’il n’est même pas 6 heures, qu’il fait noir et par un froid de canard (ce n’était pas le cas ce matin-là, mais bon…) ?  Je regardais passer la foule, les milliers de personnes qui venaient de descendre des autobus et se dirigeaient vers le métro et je me disais que je n’étais pas normal, que je devais certainement avoir quelque chose de dérangé. Pourquoi donc ne suis-je pas comme eux ?

Puis je me suis dit que si un médecin pouvait se taper le mont Orford à la noirceur en plein hiver ou qu’un développeur informatique faisait quotidiennement l’aller-retour Longueuil-centre-ville à la course hiver comme été, je pouvais bien me rendre au métro en courant une fois par semaine avant d’aller travailler, non ?  Et tant qu’à faire, pourquoi pas deux fois ?  😉

En fait, je ne crois pas être dérangé. Différent ?  Oui, peut-être. Mais à regarder autour de moi, on dirait bien que je ne suis pas seul…  🙂

 

Guérir, ça prend du temps

Aujourd’hui, tel que promis, suite des idées qui me sont passées par la tête au cours de notre séjour dans les Adirondack.

Le but des vacances en camping, c’est de relaxer, de vivre lentement, au rythme de la nature. C’est donc se donner le luxe de profiter d’une ressource dont on manque cruellement: le temps. Comme j’étais en « convalescence », j’ai pu en profiter pleinement et j’ai aussi eu l’occasion de constater une chose: guérir, ça prend du temps. Beaucoup de temps.

Je ne parle pas ici de l’éternité entre le moment où la blessure se montre le bout du nez et l’instant béni où on se dit: « Enfin, je suis guéri ». Ça, c’est toujours trop long, on s’entend là-dessus. Ce dont je veux plutôt vous entretenir, c’est de l’investissement nécessaire pour aider, accélérer le processus de guérison. Car celui-là, on ne peut pas le négliger non plus, dans un cas comme le mien à tout le moins. Je m’en suis bien rendu compte ces dernières semaines.

Voyez-vous, mes tendons situés derrière le genou gauche étaient inflammés. Selon mon ostéopathe, la cause était fort simple (à ce que j’ai compris): les muscles de la cuisse et de la jambe étaient perpétuellement contractés, faisant ainsi travailler les tendons alors qu’ils auraient normalement dû être au repos. Le même problème se posait au niveau du sciatique, qui était comprimé par un muscle fessier trop contracté.

Pour aider tout ce beau monde à se détendre, elle m’a « prescrit » une série d’exercices d’étirements. Le premier, c’était pour les ischio-jambiers.

Ischio-jambiers

Étirement de l’ischio-jambier

Je devais tenir cette pose pendant 60 secondes (on aurait dit qu’elle trouvait que ça faisait moins long que de dire « une minute »), 3 répétitions pour chaque jambe. Vous m’imaginez dans cette position, couché sur la table à pique-nique de notre site de camping ?  Disons que j’ai eu droit à quelques visages en point d’interrogation. Et que dire de la place que je prenais dans notre micro-roulotte le soir quand je faisais cet exercice-là ?  La photo suivante (prise en 2007) donne une bonne idée des dimensions gargantuesques de notre VR. Vous m’imaginez faire mes singeries là-dedans ?

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Notre super mini-roulotte

Deuxième exercice maintenant: le côté de la cuisse (le nom du muscle m’échappe). Je devais tenir une position semblable, mais en version couchée plutôt qu’assise, pendant une minute, 3 fois pour chaque jambe.

etirement-cuisse

Étirement côté de la cuisse

Le troisième exercice, c’était pour étirer les muscles fessiers. Celui-là a fait des miracles pour mes troubles au sciatique. J’en voyais les bénéfices dès que les étirements étaient terminés, c’était efficace à ce point-là. J’y ai apporté ma touche personnelle: j’appuyais ma jambe sur un mur ou un arbre au lieu de la retenir avec mes mains, c’était tellement plus plaisant. Bon, encore là, couché sur la table à pique-nique, appuyé sur un arbre, je devais avoir l’air d’un beau zigoto, mais il faut ce qu’il faut. Combien de temps tenir cette position ?  Hé oui, une minute, 3 fois pour chaque jambe.

etirement fessiers

Étirement fessier

Le dernier exercice: les mollets. 3 fois une minute, mais ô miracle, je pouvais les faire les deux en même temps !  Par contre, celui-là, je n’ai pas troué le moyen de le faire dans la roulotte…  🙂

etirement-mollets

Étirement mollets

Au début, lorsque l’ostéo s’est mise à énumérer ces exercices, mon premier réflexe (c’est plate comme ça, un ingénieur) a évidemment été d’additionner les temps: 2×3 + 2×3 + 2×3 + 3 = 21 minutes. En pratique, comme il faut s’installer, faire des transitions entre les exercices, puis ramasser ses petites affaires par après, ça prend presque 30 minutes au total. Et il fallait que je m’exécute matin et soir. Puis, comme j’étais un élève studieux, mon ostéo m’a fait le cadeau suivant: pour accélérer encore plus la guérison, je devais faire les exercices 2 et 3 (pour la cuisse et le fessier) au moins une fois de plus par jour, idéalement deux.

Bref, ça tombait bien que je sois en vacances !