Lapin privé au Lac Brome

Deux semaines avant l’Ultimate XC, j’avais pris part au Tour du Lac Brome, question d’accompagner mon ami Sylvain pour son premier 20 km. Dans les jours qui avaient suivi, j’avais commencé à pondre un petit récit, mais il y a eu l’Ultimate, « l’urgence » de produire suite à cette course, le travail, etc. Bref, manque de temps pour peaufiner ce que j’avais débuté. Mais je m’en serais voulu de ne pas vous raconter cette superbe journée passée entre amis.

Hé oui, j’ai encore une fois joué au lapin privé, pour le Tour du Lac Brome cette fois. À croire que j’y prends goût ! 🙂

Pour l’occasion, c’était mon ancien collègue et ami Sylvain que j’accompagnais pour le tour du lac, sur une distance de 20 kilomètres. Un habitué des courses de 10 km, Sylvain en était à ses premières armes sur une distance plus longue. Peu de temps avant la course, il m’avait dit prévoir tenir une moyenne de 5:10/km, mais comme il « vaut » 45 minutes sur 10k, je m’attendais évidemment à quelque chose de plus rapide, genre 4:50 – 4:55 /km, ce qui ferait une belle sortie d’entrainement pour moi… si je me « faisais un fond » avant le départ.

Honnêtement, j’avais envisagé faire un petit Dean Karnazes de moi-même et me taper tranquillement le parcours en sens inverse avant. Mais bon, ça m’aurait amené à me lever à l’heure des poules, à me dépêcher pour faire le premier tour et risquer d’arriver un peu juste. Je n’étais pas là pour moi, mais pour un ami après tout.

J’ai donc décidé de me faire un 10 km sur le parcours du 22.2 km du « Défi marathon » avant de rejoindre Maggie et Sylvain au parc des Lions. Autour de 7h15, je suis parti à vive allure direction Bromont, croisant de nombreux visages en point d’interrogation au passage. On m’avait dit que le parcours du 22.2 km était pas mal plus difficile que celui du tour du lac, qui n’est pourtant pas piqué des vers. Hé bien, ce n’était pas une exagération !  Rapidement, je me suis retrouvé sur un chemin de terre et devant moi s’est présentée une montée en face de cochon. C’est qu’elle ne finissait plus, la satanée montée !

Après une éternité, je suis finalement arrivé en haut. Devant moi, la campagne, la vraie. Les côtes, le chemin de terre, tout me rappelait le Vermont 50. Ha, le bonheur… J’ai complété mon aller de 5 km, puis suis revenu à mon point de départ après ce que j’appellerais une bonne sortie « tempo ». Un 20 km relaxe en compagnie d’un ami, ça complèterait parfaitement une belle journée.

Comme quoi je ferais n’importe quoi pour mes amis, mon cell était ouvert pour l’occasion. Oui oui, je le jure !  Après deux ou trois appels, j’ai fini par rejoindre Maggie et Sylvain. Quelques échauffements (je ne savais pas trop si je devais m’échauffer, m’étirer ou faire les deux) plus tard, nous nous sommes dirigés vers le départ. En attendant que soit finalement donné le signal, j’ai jasé avec Robert, un collègue de Sylvain, qui est légèrement plus rapide que lui. Il était à Ottawa pour le marathon et gardait le rythme pour se qualifier pour Boston quand les crampes l’ont assailli de toutes parts. Il a terminé de peine et misère, loin de son objectif. Ha, le marathon, ce que ça peut être cruel parfois…

C’est avec 10 minutes de retard que nous sommes partis (je soupçonne que certains coureurs d’élite se sont fait attendre, mais je n’ai aucune preuve de ce que j’avance) sur un rythme un peu lent, je dirais. Mais Robert s’est rapidement mis en marche et Sylvain a tenté de le suivre, me laissant un peu perplexe. En effet, au deuxième kilomètre, la cadence moyenne flirtait autour des 4:40/km. Ha, pas la mer à boire, mais si j’avais su, j’aurais peut-être moins appuyé lors de ma « mise en jambes ». Finalement, Sylvain a décidé de lever le pied et laisser aller Robert afin de poursuivre à son rythme. La course était encore jeune.

Je trouve toujours très drôles les débuts de courses, surtout quand j’accompagne des gens. C’est frappant de constater à quel point plusieurs personnes qui nous entourent partent trop rapidement, c’est aussi évident que le nez dans le visage. Il y avait entre autres celui qui respirait comme Darth Vader. Pensait-il vraiment pouvoir avancer à ce rythme pendant 20 km en respirant de même ?  Et que dire du gars avec un léger surpoids qui nous a clenchés dans la première descente ?  Dès la montée suivante, il a explosé.  Est-ce que c’était la première fois de sa vie qu’il courait ? Il se pensait où, au juste ?

Car le Tour du Lac Brome, sans être d’une difficulté extrême, n’est pas une mince affaire non plus. Je le surnomme affectueusement le « mini-Boston »: un enchainement infini de montées et de descentes. Ha, elles ne sont pas particulièrement difficiles, mais ça n’arrête pas: monte, descend, monte, descend… Pas un parcours pour débutant. Mais je n’avais aucune crainte de ce côté pour Sylvain, un habitué des côtes (il habite pour ainsi dire au pied du mont St-Hilaire).

Autre particularité du Lac Brome: des points d’eau vraiment mal espacés. Ça prend 4 kilomètres avant d’en atteindre un, puis le suivant est seulement un kilomètre plus loin. Tout juste si je n’avais pas encore mon verre dans les mains nous y sommes arrivés. C’est à n’y rien comprendre.

Comme c’est mon habitude quand je joue au lapin privé, je suis incapable de me fermer le clapet. Je me dis que c’est une bonne façon de distraire mon partner de course. Sylvain étant particulièrement réceptif à l’exercice, nous en avons jasé un coup durant le trajet. Je lui ai entre autres dit que je préférais accompagner Maggie parce qu’à la vitesse à laquelle il court, la gente féminine se fait plus rare. Pour citer un de mes amis du secondaire qui se plaignait du manque de filles lors dans ses cours au Cegep: « Des queues, des queues, il n’y a que des queues ! ». Sylvain a semblé la trouver drôle et m’a gentiment invité à attendre Maggie si je n’étais pas satisfait de ma situation. C’était bien envoyé, mais ça ne m’a pas empêché de protester quand il a ignoré ma supplication (hum hum) de demeurer derrière deux charmantes personnes. Ha, on n’a plus les amis qu’on avait…  😉

Mis à part ce sujet hyper-essentiel à la vie d’un coureur, nous avons échangé sur le parcours (qu’il ne trouvait pas si difficile), sur les spectateurs légèrement moins nombreux qu’à Ottawa et sur l’immensité de la carcasse d’un castor gisant sur le bord de la route. Sans blague, il était énorme et quand un spectateur a suggéré d’aller chercher une pelle pour l’enlever de là, j’ai répondu que ce serait une pépine dont il aurait besoin (pour mes amis européens, une « pépine » au Québec, c’est une pelle mécanique; ne me demandez pas d’où ça vient !).

Après un gel pris au 9e kilomètre, nous avons franchi la mi-parcours en 48:15, un excellent chrono. Quand j’en ai glissé un mot à mon partner, il m’a répondu qu’il ne prévoyait pas vraiment un negative split ici. Ha Sylvain et sa prudence, on ne le changera pas !  Sauf qu’il semblait ignorer un détail: la deuxième partie du Tour du Lac Brome est souvent plus rapide que la première… quand il ne fait pas trop chaud. Et ce jour-là, les conditions étaient idéales.

Les kilomètres ont continué à défiler, le rythme constant de Sylvain faisant que nous rattrapions pas mal de coureurs. Il y a bien celui qui poussait son petit avec un baby jogger qui nous a dépassés, mais à part ça…

Au 14e kilomètre, Sylvain a pris un gel et sentant mon estomac qui commençait à gargouiller, je m’en suis enfilé un aussi. Puis, devant nous, la fameuse côte nous amenant au 15e kilomètre. Une fille avec qui nous jouions au yo-yo depuis un petit bout nous a lancé un encouragement comme nous arrivions au pied de ladite côte: « Allez les gars, je suis sûre que vous êtres capables ! ».

Si elle avait su… Je ne suis même pas certain si nous avons ralenti dans la montée. Autour de nous, ça tombait comme des mouches. À partir des deux tiers de la côte, impressionné, je me suis mis à lâcher des « Ho yeah !!! » à répétition. Mon ami était en train de détruire le parcours (ok, je l’avoue, je m’emporte un peu) !

Puis suivit la descente, longue et agréable. Peu après, mon esprit compétitif a été réveillé par des bruits derrière. Un gars s’en venait en encourageant les gens qu’il dépassait au passage. Rendu à notre hauteur, il nous a lancé un encouragement, mais son sourire exprimait une satisfaction… un tantinet arrogante. Du genre l’air de dire « Hé hé, je vais plus vite que vous ! ». Je sais que ma tendre moitié va être découragée en lisant ça, mais mon sang n’a fait qu’un tour. Tous mes muscles m’ordonnaient de coller aux semelles de ce petit baveux et ensuite lui placer une couple d’accélérations pour lui montrer que j’en avais encore beaucoup sous la pédale. Question de lui faire avaler, son petit sourire… Mais je me suis retenu et l’ai laissé à ses illusions. Je n’en ai même pas glissé mot à Sylvain, qui continuait au rythme établi, sans broncher.

Ce n’est qu’à partir du 17e kilomètre que je l’ai senti faiblir un peu. Le parcours suivait un profil en faux-plat ascendant, le vent soufflait de façon défavorable pour la première fois… Je me suis placé devant, question de lui couper le plus de vent possible, mais nous ralentissions, je le savais. Puis le « bip » de sa Garmin lui annonçant qu’il avait franchi 18 kilomètres se fit entendre. « Oups, on a ralenti. Je ne m’en étais pas rendu compte. »  Je venais de voir passer un kilomètre en 5:06.

Aussitôt, ce fut l’accélération. C’est presque en trombe que nous avons traversé le village. 19e kilomètre dans les 4:20. « Ho yeah… » que je murmurais. Puis arriva le chemin qui mène au parc des Lions qui était maintenant en vue. La boucle était presque bouclée. Sur les côtés, les coureurs ayant terminé, ceux du 10 km, les accompagnateurs, bref, pas mal de monde. Une foutue belle ambiance.

J’ai posé la main sur l’épaule et lui ai dit: « God job, mon chum. Good job. » Ma Garmin indiquait une moyenne de 4:43/km (elle est toujours optimiste de 3-4 secondes, mais bon…), j’étais très impressionné. Sylvain était en train de réaliser une super-performance.

Une fois rendu à l’entrée du parc, il s’est mis à accélérer. J’allais encore me faire shifter par la personne que j’accompagne, un autre classique. J’ai bien essayé de le remonter, puis j’ai relâché mon effort: ce n’était pas le moment de me faire un claquage. Vraiment pas certain que j’aurais réussi à le rejoindre…

Son temps: 1:35:52. Le mien ? Une seconde de plus !  🙂  Un temps presque identique à celui que j’avais fait ici même en 2007. 3 mois plus tard, je complétais mon premier marathon.

C’est un Sylvain souriant et très fier de sa course que j’ai retrouvé à la sortie. Les félicitations et l’accolade étaient plus que méritées. Bravo mon ami pour ton premier 20 km !  Je sais qu’un jour, tu seras toi aussi marathonien !  Et plus vite que tu penses…

Xtrail Asics Orford: la montagne

En regardant vers le haut, je me suis rendu compte de l’ampleur de la tâche qui attendait mes amis. Le serpent multicolore que formaient les gens qui montaient les lacets de la montagne semblait s’allonger à l’infini. Et le pente avoisinait probablement les 20-25% côté inclinaison à certains endroits. Ouch !  Sylvain s’est tout de suite mis en mode power hiking et nous avons amorcé la montée. Tout autour de nous, ça soufflait. Ça soufflait très fort. Certains utilisaient déjà leurs mains pour appuyer sur leurs genoux afin de les aider à monter. Ça me faisait bizarre parce que le rythme auquel nous avancions m’était très confortable, au point de pouvoir respirer seulement par le nez. J’en profitais pour admirer le paysage, me retourner pour essayer de voir Daniel. À un moment donné, sentant que mon soulier un peu “lousse”, j’ai piqué une petite accélération question de prendre un peu d’avance avant de m’installer pour resserrer les lacets. Ceci m’a valu un gentil char de bêtises de la part de Sylvain quand il m’a rejoint. 🙂

Arriva ensuite une section de single track technique et la mauvaise surprise: embouteillage. C’était quoi cette affaire-là ?  Ça n’avançait tout simplement plus, chaque centimètre de sentier étant occupé. On pouvait toujours essayer de dépasser un ou deux coureurs de temps en temps, mais ça ne donnait vraiment pas grand chose car c’était aussi jammé que l’autoroute Décarie à 7h30 un lundi matin.

Ben voyons, c’était une course, oui ou merde ? Rester immobile à attendre que les autres avancent pendant une course ?  Ridicule.

Heureusement, ce n’était pas trop long. On dirait même que ça m’a plus dérangé que ça a dérangé Sylvain. Nous avons repris l’ascension, longue et toujours très abrupte. Ouais, je vous dis que c’est de la montée !  Côte de l’enfer à St-DonatMont Grand-Fonds à La Malbaie ?  Ils peuvent aller se rhabiller. C’était  la montée la plus difficile que j’avais faite en course. Heureusement, le sol était bien sec.

Puis, une autre foutue section de single track. Encore plus abrupte. Il fallait maintenant prendre appui sur les roches et sur les arbres pour grimper. Et c’était encore l’embouteillage. Merde, ce que ça peut être gossant !  Tout au long de cette section, Sylvain a réussi à se faufiler, de sorte qu’il y avait une vingtaine de personnes en lui et moi. À un certain point, un spectateur/bénévole nous encourageait: “Vous êtes rendus aux trois quarts de la montée”. S’il avait dit que le dernier quart se faisait en single track, je lui arrachais la tête…

Finalement non (et pour le single track, et pour la tête). À mon grand bonheur, nous sommes retombés sur le chemin utilisé par la machinerie et j’ai pu rejoindre Sylvain. Il semblait bien aller. Nous avons poursuivi, sans trop jaser. Mais suite à cette autre section à ne pas avancer, je commençais en me sentir refroidir. En plus, j’ai eu envie de voir ce que ça donnerait si je faisais la montée à mon rythme, alors je suis parti.

Je me suis mis à zigzaguer au travers des gens, sentant mon coeur qui commençait à pomper. Ha, ça faisait du bien ! À l’approche du sommet, les bénévoles et spectateurs me félicitaient pour ma cadence. Heu… Arrivé en haut, j’ai attendu Sylvain. Il m’a rejoint après 2-3 minutes, toujours à un rythme constant. Coup d’oeil vers le bas, toujours pas de Daniel en vue.

J’ai demandé à Sylvain comment il allait: très bien. Ses bobos se tenaient à carreau et il ne s’était pas vidé dans la montée. Good. La semaine dernière, suite à notre sortie au mont St-Hilaire, il nous avait dit qu’il prendrait une pause au sommet pour admirer le paysage (qui était à couper le souffle, soit dit en passant), mais il ne s’est pas arrêté. Dès que la pente s’est mise à redescendre, il a recommencé à courir.

Je m’attendais à une réplique de la montagne Noire du Harricana comme descente. C’était à peu près ça. Heureusement, Sylvain est aussi prudent que je le suis devenu par la force des choses, alors je ne me suis pas fait larguer. Arriva une section plus technique et boueuse. Welcome to the swamp ! Ha hiiiii !  Au milieu de cette section, alors que Sylvain poursuivait sa descente, j’ai croisé Éric Turgeon qui remontait la pente. Non mesdames, il n’était pas torse nu…

Je lui ai demandé s’il était blessé, il m’a répondu que non, qu’il avait terminé (il faisait le 23 km). Il a ajouté que le field était très fort car il avait terminé en 6e position (soit la même qu’à Bear Mountain !) malgré le fait qu’il avait couru tout le long de la course (!) et que David Le Porho n’était pas là. Ces gars-là courent même dans ces pentes de fous ?  Ils pratiquent définitivement un sport avec lequel je ne suis pas familier. À ce moment, il faisait le chemin en sens inverse pour aller retrouver sa blonde qui faisait le 11.5 km. Je l’ai félicité pour sa course et suis reparti.

Sylvain avait pris pas mal d’avance pendant que je faisais du social, mais heureusement, il y avait une petite montée à la sortie de la section technique, ce qui m’a permis de le rejoindre. Le reste, c’était de la descente pure avec au passage, quelques trous de bouette juste pour nous rappeler que nous faisions de la course en sentiers. Nous nous sommes suivis durant toute la descente de la montagne et tradition oblige, il a terminé devant moi.

C’est vrai: à chaque fois que j’ai accompagné quelqu’un dans une course, la personne a terminé devant moi et ce, sans que je fasse exprès. Avec Maryse au Lac Brome, nous avons fini en nous tenant par la taille et sa puce a traversé la ligne avant la mienne. Au demi-marathon de Magog l’an passé, mon (autre) ami Sylvain était parti dans un sprint déchaîné que je n’avais pas pu égaler. Cette fois-ci, je ne voulais pas me scrapper les genoux… ni me casser la marboulette. Ça fait que j’ai terminé 2 secondes derrière, en 1:26:06.

Après les félicitations à mon chum qui venait de terminer sa plus longue course en “carrière”, on nous a remis nos médailles. À la préposée qui nous félicitait en parlant de la difficulté de la montagne, Sylvain a répondu que c’était plus difficile au mont St-Hilaire qu’ici. Hein ?  De quessé ?  La bénévole ne semblait pas trop le croire elle non plus. Puis il a précisé qu’au niveau technique, Orford, ce n’était pas tellement compliqué. Effectivement  (dans la partie qu’on a vue en tout cas; on n’avait pas fait le sentier des Crêtes). Mais le mont St-Hilaire non plus à certains endroits. Et c’est définitivement moins haut qu’ici !

Alors que normalement, nous aurions dû sortir de l’aire d’arrivée, nous étions pris dans notre troisième embouteillage de la journée. C’était la première fois que je voyais ça dans une course en trail, on se serait crus au Marathon de Montréal du temps de l’arrivée au Stade. Pourquoi ça n’avançait pas, donc ?

Bah, ça nous a permis de surveiller si Daniel arrivait. Rapidement, tout en haut, j’ai aperçu un kangourou avec un t-shirt bleu qui dévalait la pente: il ne courait pas, il sautait. Ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre que lui. Je me suis dit qu’à descendre comme ça, il aurait définitivement les quads détruits avant même d’être rendu au quart d’un ultra…  Il a traversé la ligne en volant littéralement, peinant à s’arrêter pour recevoir sa médaille. Sapré Daniel ! Au final, un très bon temps de 1:28:13.

Mes deux comparses avaient l’air très heureux de leur expérience. En tout cas, moi je l’étais. Après les étirements et le changement de vêtements, nous nous sommes dirigés au chalet pour le repas fourni avec l’inscription. Pendant que Daniel retournait à son auto pour récupérer son dossard, je suis tombé sur Pat qui était venu pour faire du bénévolat. Encore du placotage à mettre à jour.

Je pouvais enfin lui remettre la AK Vest qu’il m’avait prêtée… en juin !  Il m’a tout de suite remercié (heu Pat, c’est moi qui te l’avais empruntée, tu n’avais pas à me remercier parce que je te la rendais !) puis on s’est mis à jaser bobos et prochaines courses. Il m’a appris qu’il s’était inscrit à la loterie pour le Hardrock. J’étais un peu mêlé dans les courses, puis j’ai allumé: le Hardrock, c’est la course de fous dans les Rocheuses du Colorado !  Une affaire complètement débile: 100 milles avec 34000 pieds de dénivelés (en plus ET en moins), en altitude. Temps limite: 48 heures. Pour avoir le droit de s’y inscrire, il faut s’être qualifié en complétant au moins une des courses se retrouvant sur la liste qu’on retrouve à la fin de cette page. Imaginez, le Vermont 100 n’en fait même pas partie… Pat, grâce à son Massanutten, est éligible.

Quand je lui ai fait la remarque qu’il ne pourrait pas faire cette course-là et le Vermont 100 la même année (elles se déroulent deux semaines consécutives), il m’a fait un clin d’oeil avec un sourire en coin et lancé: “Peut-être…”.

Et il y en a pour dire que je suis fou ?  😉   Le pire, c’est que je l’envie !

Il faudrait que je fasse de la route…

New York, c’est dans trois semaines. Théoriquement, je devrais y aller à fond de train sur la route, regarder mon pace, faire des intervalles, apporter les légers correctifs à ma posture, tester si je vais courir avec ma ceinture d’hydratation ou pas. Selon les grands principes, j’aurais dû faire une sortie sur la route hier, puis ma dernière vraie longue (32 km) aujourd’hui. Après, ce serait le début du tapering.

Il y a juste un problème: c’est l’automne et il fait tellement beau… Demandez-moi si j’ai le goût de m’ennuyer sur les interminables kilomètres de bitume. Hier, j’avais une excuse: j’avais une virée de prévue au mont St-Hilaire avec les deux amis que j’accompagnerai la semaine prochaine à Orford pour le Xtrail Asics. Une répétition générale en quelque sorte pour Daniel et Sylvain qui n’ont jamais fait de compétition en sentiers. D’ailleurs, Daniel n’a jamais fait de compétition, point. Mais il m’a beaucoup impressionné dans les descentes. Dans les parties roulantes, ça m’aurait pris tout mon petit change au sommet de ma forme pour le suivre (avec mes genoux toujours sur le bord de lâcher, on oublie ça). Et quand les descentes devenaient le moindrement techniques, je me retrouvais irrémédiablement largué. Heureusement, j’avais le plat et les montées pour me reprendre.  Non mais, c’est supposé être moi, le plus rapide des trois, non ?  😉

Nous avons fait tous les sommets, prenant bien soin d’admirer la vue à chaque fois, puis sommes repartis au moment où la cohue s’épaississait. C’est fou la quantité de monde qu’il peut y avoir à cet endroit à ce temps-ci de l’année. Dans la longue filée de voitures qui attendaient pour entrer quand nous avons quitté, il y avait quelqu’un avec une roulotte !  Je ne sais pas ce qu’il avait l’intention de faire avec ça, ni comment il a seulement pu repartir de là, mais ce n’était vraiment pas une bonne idée !

Aujourd’hui par contre, pas d’excuse. Je devais faire de la route. Mais rien à faire, je ne pouvais me motiver à manger de l’asphalte par une telle journée. Qui sait, peut-être n’aurais-je plus l’occasion d’aller faire le tour de mon terrain de jeux cette année ?  Je ne pouvais tout de même pas manquer ça…  Est-ce que ça pouvait me nuire pour New York ?  Je ne crois pas et bien honnêtement, je m’en balançais un peu: j’avais envie de courir à St-Bruno, je courrais à St-Bruno, un point c’est tout.

Ho que je n’ai pas regretté !  Température parfaite, un merveilleux soleil d’automne qui perçait difficilement les feuilles encore dans les arbres, les couleurs toujours présentes. 33 km de pur bonheur.

Définitivement: la route pouvait encore attendre. On va être pognés ensemble tout l’hiver de toute façon…

Au garage

Le rendez-vous avec Sophie s’est super bien passé. Elle a longuement travaillé mon genou et évidemment, fait quelques tours de passe-passe typiques des chiros sur lesquels on ne se pose pas de questions. On a jasé course, de son gros objectif de la saison (le TDS), des miens (le Vermont 50 et New York), du Ultimate, etc. Bref, difficile de demander mieux comme visite chez un professionnel de la santé.

Mon problème ?  Il semblerait que mon tibia était vraiment déplacé, ce qui faisait que mon genou travaillait mal, amenant des problèmes aux tendons. Selon elle, je m’étais très fort probablement fait ça à St-Donat et les dommages au genou étaient survenus par après. C’était plausible.

Je pouvais reprendre la course dès le lendemain si je promettais d’être sage, c’est-à-dire d’y aller mollo. Pas le moment de faire des intervalles. Chef, oui chef !  🙂

Je suis donc sorti de la clinique rempli d’optimisme. J’ai même poussé la sagesse jusqu’à voyager au travail à vélo hier (question de me faire prendre par la pluie le matin… et le soir !) pour faire un petit essai tranquille ce matin.

Au programme: une douzaine de kilomètres relaxes, la majorité sur le chemin de terre longeant le fleuve. Au début, tous mes efforts étaient concentrés sur une chose: y aller mollo. Pas facile quand on est habitué à un certain rythme. J’ai tout de même réussi à me « retenir » pour un premier kilomètre en 4:23. Tout allait bien. Le premier signal est arrivé 500 mètres plus loin.

J’ai poursuivi, en me disant que je ne faisais que me dérouiller. Après la montée vers le pont des écluses, j’ai même emprunté les marches pour descendre sur les bords du fleuve, question de ne pas taxer mon genou. Mais à mesure que j’avançais, je le savais: ça n’allait pas mieux. Puis, à 3.75 km, j’ai senti une douleur vive, identique à celle de dimanche dernier, qui m’a forcé à arrêter.

Après de longues minutes à me masser les muscles et à me demander quoi faire, j’ai essayé de reprendre. Maintenant, ce n’était plus seulement le genou, la hanche s’était mise de la partie. Je n’avançais pour ainsi plus. Découragé, je me suis encore arrêté et rendu à l’évidence: je n’allais définitivement pas mieux. C’était peut-être même pire.

Je me suis assis sur une espèce de banc (il ont construit ça ces dernières années et je ne sais toujours pas pourquoi: il n’y a jamais un chat qui va là !) donnant vue sur le fleuve. Ce cours d’eau qui m’a si souvent apaisé… Puis, j’ai eu une vision: au moment même où se déroulait la course à laquelle je rêve participer (le Vermont 100), sur ma gauche se trouvait le Mont Royal, sur ma droite, le Mont St-Bruno et, perdu dans le nuages, le Mont St-Hilaire. Mes trois terrains de jeux, les endroits où j’aime tant aller m’entrainer. Ils étaient si loin, ils me semblaient terriblement hors d’atteinte.

J’ai bien essayé de reprendre la course pour le retour à la maison, mais j’ai terminé en marchant. Aussitôt arrivé, j’ai envoyé un courriel à Sophie: je fais quoi ?

Elle m’a répondu très rapidement. Elle va essayer de me trouver un trou cette semaine. En attendant, ok pour le vélo. mais pas de course. On dirait bien qu’elle veut que je guérisse autant que moi, ce qui est très encourageant. Mais si c’était au-dessus de ses compétences ?  Et si elle me faisait plus de mal que de bien ?

J’ai fait quelques recherches, je vais faire des appels en début de semaine. J’envisage maintenant d’autres solutions: la médecine sportive, l’ostéopathie. Parce que je n’ai définitivement pas envie de demeurer au garage bien bien longtemps.

Fallait vraiment vouloir… encore

La pluie n’avait jamais vraiment cessé depuis vendredi. Le genre de pluie qui donnait l’impression qu’elle allait tomber jusqu’à la fin des temps. Mais que voulez-vous, quand on se fixe des objectifs, on n’est pas pour se laisser arrêter par un petit peu de mauvais temps, n’est-ce pas ? Hier donc, 16 km dans les sentiers boueux de la voie maritime et aujourd’hui, le jackpot: la distance d’un marathon au mont St-Bruno.

J’ai regardé les prévisions horaires en me levant, espérant qu’un dégagement puisse se pointer le nez durant la matinée. Mes espoirs furent vite anéantis: des probabilités de précipitations dans les 80-90% pour tout l’avant-midi. Fallait vraiment vouloir. Et dire que les chanceux à Ottawa ne recevaient rien de tout ça…

Avec la pluie qui tombait et une température de 6 degrés, le terme « réchauffement » prenait tout son sens. Mais je ne me suis pas trop enfargé dans les fleurs du tapis pour cette partie avant de commencer à courir: j’étais en train de congeler sur place et voulait juste me mettre en route.

Je croyais bien que je serais seul sur la montagne. Hé bien non. J’ai croisé quelques promeneux qui prenaient toute la place avec leurs giga-parapluie et plusieurs « braves » (j’entends d’ici mon amie Maryse plutôt parler de « mongols »), dont un gars qui semblait faire comme moi: s’entrainer pour une longue distance. Il avait un Camelbak sur le dos tout comme moi et je l’ai croisé à au moins quatre reprises. À la fin, on ne se souriait même plus et on semblait se demander ce qu’on foutait là… C’est qu’à un moment donné, je me suis vraiment posé des questions sur mon état mental. Il tombait des cordes et je commençais à avoir froid. Pour une fois que l’infinie quantité de linge amené « au cas où » allait servir…

Une fois ravitaillé (on gèle encore plus vite quand on a l’estomac vide) et changé à la station d’aide « Toyota Corolla 1998 beige », tout allait beaucoup mieux. Jusqu’à ce que je me tape pour une deuxième fois la montée vers le centre de ski. En fait, la montée s’est bien déroulée, mais la descente… Comme c’était glissant avec les feuilles et les roches, j’y allais prudemment. Une fois rendu en bas, j’ai un peu ouvert les gaz sans me rendre compte que les lacets de mon soulier droit étaient sortis de leur petite pochette protectrice.

Un ultrarunner qui s’enfarge dans ses lacets…. Pathétique. En moins de deux, je me suis (littéralement) retrouvé face contre terre. Après avoir évidemment arrêté mon chrono (il n’y a rien à faire, c’est un réflexe) et vérifié que personne ne m’avait vu (un autre réflexe), j’ai fait le tour des dégâts. Le genou gauche avait mangé le coup et saignait. Mes mains étaient écorchées un peu, mais sans plus. Quelques éraflures aussi sur la cuisse et le coude, rien de grave. Je me suis demandé ce que j’allais faire. 31 km au GPS, retourner à la maison ou pas ?  Nah, je pouvais continuer…

Pendant que je me rendais au lac tout près pour me débarbouiller, je ne pouvais m’enlever de la tête l’image de sieur Sylvain de Guérette qui s’était foutu de ma gueule quand il m’avait rejoint après que je me sois planté au mont St-Hilaire l’an passé. Et j’avais envie de rire… Je m’imaginais, le beau tata, m’enfarger dans mes lacets de bottines. Ça devait être comique à voir. C’est toujours drôle, quelqu’un qui tombe, non ?

Puis j’ai regardé l’heure: 11h30. Maggie, sa blonde, était fort probablement sur la fin de son demi à Ottawa. Je me suis demandé comment elle allait, surtout qu’elle avait fait les 2 et 10 km la veille… C’est donc en lui envoyant des ondes positives que j’ai couru les 3-4 kilomètres suivants, encore plus dans la montée vers la tour de télécom. Je ne sais pas si elle les a reçues ou si elle m’en a envoyées, mais mes 11 deniers kilomètres se sont vraiment bien déroulés.

À mon arrivée à la maison, après une petite douche (j’en avais un petit peu besoin), je me suis garroché sur les résultats, question de voir comment ça s’était passé pour tous et chacuns. Je ne nommerai pas tout le monde ici, il y en aurait beaucoup et je risquerais d’en oublier (et des perdre des followers !  ;-)), mais on dirait que ça s’est bien passé pour Maggie qui a fracassé son record personnel sur la distance. Félicitations !

Je voudrais aussi dire un gros bravo à tous pour vos performances et vos efforts. Dites-vous que quelque part dans le bois, sous la pluie, un « mongol » pensait à vous et vous enviait un peu.

Petit wrap-up

Petite journée tristounette aujourd’hui, ça me rappelle une certaine partie de la Nouvelle-Angleterre…

Bon, pour en finir avec le Vermont 50 (ça fait tout de même deux semaines…), un petit complément, question de faire un wrap-up.

L’après-course s’est somme toute plutôt bien déroulée. Bon, ok, ça faisait à peine trois minutes que la ligne d’arrivée était franchie que mes muscles ont décidé de « jammer » tous en même temps. Dès lors, tout mouvement était extrêmement difficile. La petite descente (d’au moins 5 pieds) m’amenant au buffet a été très très compliquée pour moi à négocier. Mais elle en valait la peine: j’y ai mangé le meilleur burger au monde. Patrice, je comprends maintenant ce que tu veux dire !  🙂

Tout en mangeant, j’ai entendu l’annonceur nous dire que les cérémonies de remise des prix allaient commencer. Cool, j’avais fini AVANT la remise des prix !  🙂

Mais que dire de la montée démentielle vers le stationnement ?  Atroce !  J’avançais à pas de tortues, comme un vieillard. Pathétique. Rendu au RAV4, j’ai essayé de faire quelques étirements, c’était peine perdue: j’étais figé de partout. Vous devinez que ce n’est pas moi qui ai conduit pour le retour à l’hôtel. Pauvre Barbara, pognée avec un handicapé sentant le… après avoir passé une journée à la pluie.

À l’hôtel, j’ai d’abord pris une douche pour enlever la boue sur mes jambes (il y en avait une belle croûte), puis un long bain pour détendre les muscles. Ça a fait du bien, mais les épaules m’ont fait beaucoup souffrir. Il va définitivement falloir que je revoie ma stratégie avec le Camelbak.

La pizza que nous avons mangée pour souper est desendue en deux temps, trois mouvements. La bière ?  Pas une goutte: le tab… de dépanneur en face de l’hôtel était fermé. J’ai envisagé lancer une roche au travers de la vitrine, mais à la vitesse que j’avançais, je n’aurais même pas eu le temps de m’emparer d’une misérable canette que les policiers m’auraient attrapé par le collet. J’aurais pu plaider la démence passagère, mais bon, pour une bière, je me suis dit que ça ne valait pas tout à fait la peine de prendre le risque.

Au niveau des résultas en tant que tels, voici quelques chiffres:

1er chez les hommes: Brian Rusiecki en 6:27:48 (comment il fait ?!?)

1ère femme: Amy Rusiecki (tiens tiens…) en 8:1830

Quant à moi, mon temps officiel de 8:42:22 me donne le 40e rang sur 321 partants. J’ai terminé 5e sur 91 partants dans ma catégorie (les hommes de 40-49 ans), ce qui me surprend un peu et m’enchante beaucoup. Je suis aussi 3e chez les Québécois. En tout, 271 personnes ont terminé sur 321 au départ. On remarque donc que le taux d’abandon est très élevé par rapport à ce qu’on voit en courses sur route.

Quoi, vous voulez des nouvelles de Louise et des autres ?  Ça va venir cette semaine, le temps que je fasse quelques recherches (parce que je vous connais, vous allez vouloir des photos).

Maintenant, l’heure des bilans. Comme je suis très compétitif avec moi-même, j’essaie toujours de m’améliorer et dans ce cas-ci, je vois beaucoup de pistes pour les améliorations. Bon, mon objectif initial de 8 heures était peut-être légèrement optimiste. Si j’avais réussi, j’aurais fini 14e au général et premier dans ma catégorie !

Ceci dit, je me rends compte que j’ai perdu beaucoup aux stations d’aide, particulièrement quand j’ai changé de vêtements. Une gestion plus efficace de cet arrêt aurait pu me sauver facilement 3 ou 4 minutes. Aux autres stations, un petit 30 secondes à chaque fois, ça fait bien un autre 4 minutes à l’arrivée, non ? Au total, entre 7 et 8 minutes que j’aurais pu couper facilement.

Pour l’équipement, je devrai revoir. Le Camelbak pourrait sauter, surtout que je n’ai pas la carrure pour trainer autant de stock. Avec 6-7 livres de moins sur moi, c’est évident que j’irais plus vite. Et mes épaules m’en remercieraient grandement !  Plusieurs avaient des bouteilles dans les mains, mais je ne suis pas certain que c’est adapté pour moi. Comme je disais, pas vraiment costaud, le gars… Une ceinture d’hydratation avec du Gatorade et de l’eau ?  C’est une avenue que je vais explorer. Par contre, c’est loin d’être efficace au niveau remplissage.

Pour ce qui est de l’entrainement en tant que tel, je pense avoir fait les bonnes choses, sauf un point: définitivement que je devrai faire plus de montagne. Quand je retournerai au mont St-Bruno, il y a deux côtes en particulier que je prenais bien soin d’éviter mais que je devrai dorénavent faire à répétition, autant en montée qu’en descente. Surtout sur la fin de mes longues sorties, de façon à habituer mes quads à la souffrance. Le mont St-Hilaire risque de recevoir plus féquemment ma visite et mes parents seront heureux (du moins, je l’espère !) d’apprendre que je compte bien aller m’entrainer dans leur coin l’an prochain.

Parce que oui, j’ai définitivement l’intention de recommencer. Plein de beaux projets, hein ?  🙂

« Extreme »

Tout le monde au bureau sait que je cours. Enfin, presque tout le monde… Il faut dire que quand un gars arrive tout dégoulinant de sueurs au travail, en tenue de course, avec la casquette et la ceinture d’hydratation, disons qu’il y a des indices qui ne trompent pas. Ne vous inquiétez pas, je ne passe pas la journée dans cet état: nous disposons de douches au Saint Siège (il me semble que je me répète; fidèles lecteurs, n’hésitez pas à me le faire savoir si ça m’arrive).

Sauf que ce n’est pas tout le monde qui sait jusqu’à quel point…  Jean-François, un de mes « abonnés », m’a décrit cette semaine comme un peu « extreme ». Heu, ha oui ?  Tu trouves ?  Comme je lis beaucoup sur les ultras, question d’en apprendre le plus possible sur l’hydratation, l’alimentation, les stratégies de courses, etc., je suis exposé (virtuellement) à des gens qui courent pas mal plus que moi. Alors je ne me suis jamais vraiment considéré comme « extreme ». Ce n’est tout simplement pas dans ma personnalité qui est toute en nuances. Disons que jamais rien n’est tout noir ou tout blanc avec moi, sauf si je vois un jour Pierre-Karl Péladeau ou volant d’un pick-up, alors là…

Or je me suis retrouvé sur le mont Royal jeudi matin, à faire 32 km. Alors que j’avais fait un 31 km au  mont St-Hilaire dimanche. Ouin, peut-être qu’il a raison, après tout…  Parce que 32 km, c’est la distance maximale recommandée dans la préparation en vue d’un marathon et la plupart des programmes suggèrent d’en faire 2 ou 3 en tout, vers la fin. Ouin, et moi qui compte en faire 50 lundi , avant de partir en vacances.  « Extreme » ou ai-je tout simplement perdu la tête ?  Hum…

Oui Maryse, je t’entends d’ici: mongol, je le sais…  🙂

En attendant, un petit 16 km presque tempo ce matin (4:12 de moyenne, pas de quoi écrire à sa mère; de toute façon, elle me lit). La cuisse a tenu le coup, mais s’est tout de même montrée présente.  Ironiquement, elle ne m’inquiète pas tellement pour lundi. L’humidité, par contre…

Total de la semaine: 96 km

Total de la semaine dernière: 104 km

Fallait bien que ça finisse par arriver

Avant de commencer, petit correctif sur mon dernier post. Antoine n’a pas complété 5 marathons, mais plutôt 7. Sauf que les faits que je vous relatais étaient bel et bien véridiques: lors de son cinquième marathon, à Montréal en 2009, il a été photographié montrant le nombre « 8 » avec ses doigts. Mais en 2010, il a fait coup sur coup les marathons de Québec et de Montréal, ses 6e et 7e.  On ne trouve rien d’autre sur les différents sites de chronométrage. Donc, il pense probablement qu’il a fait (au moins) 10 marathons, mais en fait, il en a 7 au compteur. Petite précision que je voulais apporter.

Bon, histoire de la fin de semaine maintenant. Je dois l’avouer, j’étais (presque) en extase quand j’ai vu la météo: des nuits entre 11 et 13 degrés !?  Et des journées entre 22 et 25 ? Hourrah !!!  J’en ai donc profité hier pour faire mes premiers vrais intervalles depuis Ottawa. J’avais essayé à quelques reprises depuis, mais j’en étais tout simplement incapable. Mais hier…  Et c’est avec un grand bonheur que j’ai pu constater que la pointe de vitesse était encore là. Pas que ça va m’être tellement utile au Vermont, mais à Philadelphie…

Puis aujourd’hui, deuxième sortie au mont St-Hilaire. Le plan était le suivant: j’arrivais à l’ouverture (8h) et je faisais ce qui me tentait, Puis, vers 10h30, Sylvain (sieur de Guérette de son vrai nom) venait me rejoindre et on faisait un petit bout ensemble.

Dès mon arrivée, encore une fois, l’accueil m’a jeté par terre. J’étais un peu en avance quand je me suis présenté à la guérite, alors j’ai demandé au préposé si ça dérangait. Sa réponse ?  « Quand je suis là, le parc est ouvert. »  Je l’aurais embrassé sur le champ (bah, presque). Maudit que ça fait différent du sacr… de conducteur de pick-up de St-Bruno !

Après mes réchauffements, je me suis élancé, doucement. Bah, façon de parler, parce qu’avec les montées du Mont St-Hilaire… J’ai fait une boucle, puis un sommet. Puis un autre (le pain de sucre: plus jamais, joual vert !). Après avoir pris une petite pause, je suis reparti. J’étais après Burned Hill, en direction du pas-de-pain-de-sucre, dans une descente vraiment anodine quand c’est arrivé. Fallait bien que ça arrive un jour…

Il n’y avait pas de racines et pour ainsi dire, pas de roches. Mon esprit devait encore maugréer contre le pain de sucre, je ne sais pas trop, mais bon, j’ai mal jaugé une roche qui sortait un peu plus du sol que prévu et mon pied gauche a carrément buté dessus. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas réussi à rétablir la situation et je me suis retrouvé entre ciel et terre, parallèle au sol. Évidemment, je ne suis pas resté longuement entre ciel et terre…

Mes deux mains et mon genou gauche ont absorbé le choc. Première chose à faire: arrêter le chrono-GPS (à 16.00 km exactement !). Deuxième étape: est-ce que quelqu’un m’a vu ? Non. Bon, maintenant les dégâts… Mon t-shirt, mes shorts, mes bouteilles d’hydratation et le devant de mon Camelbak étaient pleins de terre. Mes jambes et mes mains, on n’en parle pas…  Je sentais mes mains éraflées, mais le sang ne semblait pas vouloir transpercer la terre. Sur mon genou, un beau « spot » de sang commençait à prendre place.

J’ai essayé (et réussi), à me relever. Ok, pas trop de dommages, j’étais bon pour continuer. J’ai rincé du mieux que j’ai pu mes bouteilles, essayé d’enlever les surplus de terre que j’avais un peu partout (pas facile quand les mains elle-mêmes sont pleines de terre !) et suis reparti. J’avais une belle coulisse rouge-brunâtre sur la jambe gauche, les gens me regardaient avec un drôle d’air, mais ça a tenu le coup.

Arrivé à l’accueil à 10h26, après avoir mangé quelques grains de terre en chemin (mes bouteilles d’eau pas propres-propres), Sylvain n’était pas encore là. J’ai pu aller me nettoyer un peu et ressortir prendre une pause-bouffe le temps qu’il arrive. Plein de sincère compassion à son arrivée, il a purement et simplement éclaté de rire. « Aurais-tu planté, pas hasard ? » qu’il m’a demandé entre deux éclats de rire. Il faut dire que dans le genre crotté, j’étais dur à battre… J’aimerais te voir, moi…

Nous somme partis peu après, dans la boucle mauve, la plus belle pour la course selon son expertise de la montagne. Et mettons que je suis d’accord avec lui. Je cours habituellement seul, mais je dois dire que courir avec quelqu’un, c’est fort plaisant. On a jasé de la place, bien évidemment, mais aussi de ma première job, le simulateur, où Sylvain travaille toujours. Bref, disons que le temps passe vite avec un partner. À peine avions-nous commencé que nous avions fait 11 km (ça m’en faisait 31 au total, ce qui était bien suffisant pour aujourd’hui) et c’était l’heure de la bouffe.

Une bouffe qui s’est prise chez eux, qui habitent tout près. J’ai pu revoir Maggie (Marie-Hélène, sa conjointe, qui est aussi une ancienne collègue) qui lisait tranquillement en nous attendant. Elle a eu la gentillesse de me fournir deux guenilles pour me débarbouiller un peu. Comme j’ai dit: elle est bonne à marier, Sylvain !  🙂   Maggie avait fait son entrainement ce matin, en vue de demi à Montréal. Leurs deux jeunes garçons étant chez des amis, j’ai pu seulement rencontrer le plus jeune, au moment où je suis parti.

Un dîner fort agréable, entre amis qui ne s’étaient pas vus depuis des lunes (je côtoie toutefois Sylvain professionnellement). Comme quoi le sport finit toujours par rapprocher les gens…

(Viarge, je suis dont ben philosophique à soir…)

Une autre paire de manches

Encore une sortie « tempo » de 15 km à la chaleur aujourd’hui. Vraiment, mais vraiment rien à signaler là-dessus. À part qu’il fait aussi chaud dans les alentours de mon Victoriaville natal que dans mon 450 d’adoption.  Pas moyen de s’en sauver, cet été…

J’aimerais plutôt parler d’hier: je me suis pour ainsi dire auto-introduit au mont St-Hilaire. Premier contact assez brutal merci. Déjà dans le stationnement, je voyais que le mont St-Bruno, c’était de la petite bière: je devais virer la tête vers l’arrière pour voir le haut de la montagne et il me semblait que déjà, le petit sentier qui nous amène à l’accueil était un peu à pic à mon goût…

J’ai fait mes échauffements à l’auto, puis me suis dirigé audit accueil en marchant (routine d’avant-course habituelle pour moi). Énième coup d’oeil à la carte des sentiers, j’en sélectionne un qui semble commencer plus smooth que les autres (le Rocky rouge pour ceux qui connaissent). Non mais, si je veux faire 25 km là-dedans, vaut mieux ne pas y aller trop raide, hein ?

J’aperçois alors un gars qui a l’air assez hot merci. Jeune trentaine, bas de compression, petit Camelbak. Il semble être un habitué, je risque d’en manger toute une si je me frotte à lui. Ouin, je vais le laisser partir devant, question de ne pas me faire clencher. Mais c’est qu’il niaise, il niaise… Ho, il a l’air de faire la même affaire que moi. J’ai compris, je pars, espèce de chicken…

J’y vais vraiment progressif en passant par le lac Hertel où des gens font du yoga (le yoga, pas mal moins fatigant que courir, je devrais peut-être essayer…), puis finis par rejoindre mon sentier. Après 200-300 mètres, qui vois-je ?   Mon gars hot qui court devant moi. Je ne veux pas le rattraper, le dépasser, puis me faire coller au cul ensuite. Ok, j’arrête un bon 3 minutes pour lui laisser le champ libre puis repars. Le sentier est bien: large, un peu rocailleux avec quelques racines, mais tout à fait correct. C’est valonné au départ, ce que j’espérais.

Puis ça se met à monter. On marche. Message à mon ami de Guérette: t’avais raison, impossible de courir partout sur cette montagne-là, surtout quand il fait 30 degrés !  Pour faire changement, ça monte encore. Et encore. Je suis essouflé même quand je marche, bout de viarge !  Par pitié, faites que ce ne soit pas comme ça au Vermont !  Shit, même pas 3 kilomètres dans les pattes et je suis à bout de souffle. Je continue, alternant course et marche, travaillant à améliorer ma technique de montée. Et qui vois-je devant ?  Le gars pas si hot, finalement. Ok, je lui laisse encore du lousse. Rien à faire, je me retrouve encore sur ses talons alors que j’ai l’impression de ne pas avancer.

Dans une section tellement abrupte que j’ai presque besoin de mes mains pour monter, je décide de passer. Le gars me regarde, la langue sortie faisant comme s’il était complètement à bout. Il me fait le signe du pouce levé, me démontrant une certaine « admiration », si on peut dire. Pas pire le vieux, hein ?  Je lui lâche une niaiserie à propos de la montée, puis poursuis mon chemin. Je ne l’ai plus revu.

Après une éternité à monter, je jette un oeil à ma Garmin au moment où j’atteinds le quatrième kilomètre. 8:11 apparait. Ça m’a pris  plus de 8 minutes à faire un kilomètre !?!  Je pars à rire. C’est certainement un record !  Ça y est: une tortue et un escargot sont sur le point de me dépasser, je le sens !

J’arrive au sommet Rocky. Ouf, petite pause. Ho mais quelle vue on a !  Wow !!!  Ouin, je comprends pourquoi le monde vient ici… Mais bon, 5 km à la Garmin, on doit redescendre: on en a encore pour 20, non ?

Aille, decente très, très technique. La montée l’était aussi, mais ça dérange moins. Beaucoup de roche, des racines, pentes débiles, c’est vraiment quelque chose. Je me tourne une cheville, mais pas de dommage. Un peu plus loin, je trébuche sur une roche et réussis à reprendre mon équilibre à la dernière seconde. Ouf, s’il avait fallu que je plante… Pendant que mon cerveau est occupé à m’imaginer gisant par terre dans les roches, ensanglanté, mes jambes (mes quadriceps, surtout) poursuivent leur travail: m’amener en bas. Disons que je suis content d’avoir fait des descentes ailleurs avant de venir ici…

Une fois cette introduction à la Montagne passée, je suis parti vers un autre sommet, le Dieppe. Montée beaucoup plus progressive, sentier plus facile à pratiquer, presque un congé par rapport à l’autre. J’ai terminé le tout par deux boucles de 4.9 km du sentier mauve, que j’ai cru à tort être facile. Ha, il l’est… par rapport aux autres. Mais par rapport à St-Bruno ?  Définitivement une autre paire de manches !

En terminant ma deuxième boucle, j’ai croisé deux ados qui dévalaient un autre sentier à toute vitesse. Comme ils en faisaient moins long que moi, ils sont évidemment arrivés avant. Quand je suis arrivé, l’un d’eux m’a regardé avec un petit criss de sourire…  Ben oui, le jeune, j’ai 25 km dans le derrière, c’est normal que je sois complètement détrempé !  Mon côté mâle me poussait à lui lancer un défi pour lui enlever, son petit sourire fendant. Je m’imaginais lui pousser dans le derrière dans la montée, lui rappelant à chaque minute que son petit gras de bébé, ça devait être pesant transporter… Puis je me suis dit que j’étais justement en train de faire l’adolescent et l’ai laissé avec ses illusions.

Après être redevenu un adulte, je me suis rendu compte d’une chose: quand ils disent qu’ils sont une « réserve naturelle », ce n’est pas de la bullshit. Je cherchais un endroit pour m’étirer, genre du gazon à l’ombre et… je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de gazon !  Quelques herbes qui poussaient ici et là, comme à l’état sauvage. Étant tout mouillé, je ne voulais pas m’installer sur le sol, alors j’ai enligné une vieille table de pique-nique. En bois naturel, pas traité.

Ouais, tout est « naturel » au mont St-Hilaire et j’avoue que j’aime ça. J’ai aussi adoré le contact avec les employés, autant le sympathique monsieur à la guérite que la gentille dame à l’accueil. Pas de place pour les chauffeurs de pick-up-air-bête, ici !

En fait, il n’y a qu’un seul inconvénient: les sentiers sont difficiles et je ne me vois pas me taper 50 km là-dedans. Ça me prendrait bien la journée !  Je le sais, c’est mon problème…