Je fais quoi maintenant ?

Un mois. Maintenant un mois depuis que j’ai franchi la ligne d’arrivée à Bromont par cette merveilleuse matinée d’octobre. Et on m’en parle encore. D’ailleurs, ça m’étonne un peu. Les gens savaient que je courais des ultras. Ça faisait longtemps que je disais que je voulais faire un 100 miles, alors pourtant en faire tout un plat ?  Si disais que je voulais le faire, c’est que j’envisageais vraiment de le faire. Ce n’étaient pas seulement des paroles en l’air. Les paroles en l’air, ce n’est pas mon style. Ok, ça m’a pris un léger coup de pied dans les derrière de la part de Pat, mais je l’ai fait.

Maintenant, après pris deux semaines de repos complet (pas vraiment le choix au début, j’avais une entorse à la cheville droite et elle tout comme l’autre étaient ont pris 5 jours à désenfler; jamais la machine à glace d’un hôtel ne m’a été aussi utile !), puis m’être blessé à l’ischio droit lors mon retour, j’ai finalement pu reprendre le collier sans douleur. Alors, maintenant que je suis redevenu fonctionnel, une question se pose: je fais quoi ?

Pour la première fois depuis longtemps, je n’ai pas de plan précis pour les prochains mois. Je ne suis pas inscrit à Boston, ce qui laisse le champ libre pour le printemps. Je ne sais même pas si je ferai un marathon en 2015, ce qui serait une première depuis 2006, l’année où j’ai commencé à courir.

C’est qu’avec les années, je me suis mis à de moins en moins apprécier les compétitions sur route. Toujours surveiller sa cadence, se faire du souci avec le vent, la température et surtout, avec son temps. Ha, le foutu chronomètre, le maître absolu de la course sur route. Celui qui nous sert de comparatif, celui contre lequel on se bat en permanence. Je ne sais pas si c’est parce que je vieillis, mais je commence à en avoir soupé de me battre contre lui.

Ceci dit, l’entrainement sur route demeure nécessaire car il permet de rester affûté, de conserver sa pointe de vitesse, si essentielle pour être confortable à un rythme raisonnable pendant de longues heures.

Ce qui me ramène à la question originale : je fais quoi ?  Pour 2015, je ne veux pas rater le Vermont 100. Il me faudra d’abord pouvoir réussir m’inscrire, mais bon, c’est une autre histoire. Advenant que je puisse y participer, j’axerai ma saison là-dessus.

Comme course préparative, il y aurait le 60k à St-Donat (j’ai résisté à la tentation de m’essayer pour le 120k) ou l’Estrie 50 qui aurait lieu deux semaines avant.

Plus tôt au printemps, il y a évidemment le classique Bear Mountain (50 miles) qui est très populaire ici. Sauf que ça fait longtemps que je regarde du côté du marathon de Burlington et faire les deux la même année ne serait pas une bonne idée. En ce qui me concerne en tout cas. Mais il y a une autre course de 50 miles en avril dans la région de Washnington… À moins que je fasse Sulphur Springs ?  Je tente ma chance pour Massanutten ?

Bref, je ne sais pas. C’est la même chose pour l’automne. Chute du Diable, 120k Harricana, Virgil Crest, Bromont ?  Pas plus d’idée.

Pour le long terme,  c’est plus clair. Mon objectif est de faire les grandes courses, un peu comme Boston et New York sur la route : UTMB, Western States, Leadville, Wasatch, etc. Ajoutez à ça de belles courses comme celle dont m’a parlé un de mes lecteurs: l’Éco-Trail de Paris. Oui oui, une course de 80 kilomètres en sentiers à Paris !  Il faut que je fasse ça un jour, c’est certain.

Et à très court terme : je refais un 50k intérieur ou pas ?

Bref, beaucoup de plaisir en perspective… et encore plein de défis à relever ! J

Calendrier des courses possibles en 2015 (et non, je ne le ferai pas toutes !)

En terminant, comme une image vaut mille mots,  je vous laisse sur quelques clichés pris à Bromont.

Ce n'est pas le baiser du vainqueur, mais c'est ce qui s'en rapproche le plus !  ;-)

Ce n’est pas le baiser du vainqueur, mais c’est ce qui s’en rapproche le plus ! 😉

 

Mon fan numéro 1, mon ami, mon père

Avec mon fan numéro 1, mon ami, mon père

 

Une belle surprise à mon arrivée: Joan m'avait attendu. Définitivement que j'adore le monde de la course en sentiers !

Une belle surprise à mon arrivée: Joan m’avait attendu. Définitivement que j’adore le monde de la course en sentiers !

 

En entrevue avec le Journal de Mourial. Tout ce qui me venait en tête à ce moment: "Essaie de répondre autre chose que Oui ou Non et surtout, arrange-toi pour être compréhensible !". Le photographe est partie 10 minutes avant mon arrivée. Les articles sont ici.

En entrevue avec le Journal de Mourial. Tout ce qui me venait en tête à ce moment: « Essaie de répondre autre chose que Oui ou Non et surtout, arrange-toi pour être compréhensible ! ». Le photographe était parti 10 minutes avant mon arrivée…

 

Une bière à 9h30 le matin. Quoi, une fois n,est pas coutume, non ?

Une bière à 9h30 le matin. Quoi, une fois n’est pas coutume, non ?

 

À mon tour, j'ai attendu ceux qui ont terminé en troisième position: Louis (9) et Pierre (23). Avec nous, Patrick-le-bénévole-qui était-partout et Gilles, un des principaux organisateurs

À mon tour, j’ai attendu ceux qui ont terminé ensemble en troisième position: Louis (2) et Pierre (23). Avec nous, Patrick-le-bénévole-qui était-partout et Gilles, un des principaux organisateurs

 

Pat, maudit que t'avais raison !

Pat, maudit que t’avais raison !

 

 

Bromont Ultra: la première grand boucle

Suite à la course, un coureur bien connu m’a demandé (je ne suis pas certain que c’était à la blague :-)) combien de tomes aurait le récit. Je m’étais promis d’être plus concis dans mon histoire. Mais que voulez-vous, quand on a du Paul houde dans le nez… Voici donc la première partie de mon premier 100 miles, le Bromont Ultra.

Sections 1 et 2 : départ à ravito 2 (Versant du Lac, 13k)

Le départ est donné. Voilà, c’est parti : devant moi, le plus grand défi de ma « carrière » de coureur. 160 kilomètres, 100 miles à pied. On dirait que c’est trop gros pour que je me donne la peine de le réaliser.

Après un petit bout dans l’herbe détrempée du matin (on a déjà les pieds mouillés, ça commence bien), nous rejoignons le sentier C1 qui fait pour ainsi dire le tour de la montagne. Je me tiens dans le dernier tiers du mini-peloton et malgré tout, le premier kilomètre est parcouru en 5:10. Devant, Jeff s’est déjà envolé et je devine Joan pas loin derrière lui.

Assez rapidement, on se tape une plutôt longue montée. Je m’étonne de voir presque tout le monde la faire en courant. Malgré mes pulsions compétitives, je m’astreins à la marche. Pas question de brûler des cartouches si tôt dans la journée. De toute façon, je recolle dans la descente juste avant d’entrer dans le premier single track.

Comme on n’est pas nombreux (31 au départ), l’étroitesse du sentier ne pose pas problème. En tout cas, pas pour nous. Je ne dirais pas la même chose des vélos de montagne qu’on croise, par contre. Eux se demandent sérieusement s’ils vont être capables de pratiquer leur sport favori aujourd’hui. C’est que… on n’est pas beaucoup, mais on risque d’être là pour un petit bout, par contre !

Côté alimentation, vu que ça avait très fonctionné à Harricana, j’ai décidé d’utiliser la même stratégie ici : un gel à toutes les 30 minutes ou à peu près. Sans caféine pour les premières heures, avec caféine à partir de la tombée de la nuit. Je compte compléter le tout avec ce que je pourrai trouver dans les stations d’aide : patates bouillies, bretzels, bananes et éventuellement, des sandwichs… si le cœur m’en dit. Car il semblerait qu’à un moment ou un autre, c’est immanquable : le système digestif lâche et on n’a plus le goût de rien. Ça, c’est dans le meilleur des cas. Dans le pire, on retourne la marchandise.  Et vous me demandez pourquoi je fais des ultras ? Heu…

La course se décante et je me retrouve à partager les sentiers avec Pat, Louis et Pierre-Olivier, un tout jeune homme qui court avec le coupe-vent orange-flashant de Boston et abhorre même un tatouage du logo du plus vieux marathon du monde sur un mollet. Et quand je dis jeune, je n’exagère pas : il a seulement 22 ans !  Louis, qui en a 39 (mais qui semble en avoir 10 de moins), taquine Pat en disant qu’il est deux fois plus vieux que notre compagnon de course. C’est que moi aussi, j’ai le double de son âge !  Merde, je cours avec un gars qui pourrait littéralement être mon fils !  Ça y est, le poids des années me tombe dessus, avant même que la première heure de mon premier 100 miles soit complétée. Ouch !!!

On jase de nos courses précédentes, de nos lieux d’entrainement. Louis et Pat sont des vétérans aguerris, j’ai bien l’intention de demeurer avec eux un petit bout. Quant à Pierre-Olivier, il est un coureur rapide sur route (duh !), ayant fait 2h57 pour se qualifier pour Boston. Par contre, c’est un néophyte dans le monde des ultras : c’est son premier. Hiiiiii, 22 ans, premier ultra et il fait un 100 miles ?  Bonne chance mon gars !

Louis raconte à Pierre-Olivier qu’il devrait connaitre Pat parce qu’il est acteur et qu’il a joué dans plusieurs séries télévisées. Notre jeune compagnon répond qu’il n’écoute pas la télé. Pat ajoute : « Moi non plus ! », ce qui nous fait bien rire. Je ne peux m’empêcher d’ajouter mon grain de sel : « Moi, je n’écoutais pas Destinées, mais j’ai vu La marraine… C’était justement la marraine que je trouvais intéressante». Bon, on dirait que Louis non plus n’a pas vu La marraine…

Premier relais (Cercle des Cantons, kilomètre 7), un petit chapiteau et une table vide nous attendent. Aucune âme qui vive, pas la moindre goutte d’eau. Bof, on s’en fout un peu. On croise toutefois deux personnes qui courent en sens inverse dans le sentier une centaine de mètres plus loin. Seraient-ce les bénévoles qui sont en retard ?

Arrive la première montée d’une pente de ski. Pat nous laisse aller. Louis, qui le connaît très bien, nous dit que c’est souvent comme ça : ils font les premiers kilomètres ensemble, puis il se détache. Pat finit par le rejoindre une dizaine d’heures plus tard, ils font un autre bout ensemble… jusqu’à ce qu’il parte et finisse devant lui. Ça ne m’étonne pas. La fois où on a couru ensemble, Pat m’a impressionné par sa régularité. Un vrai métronome… qui disait bonjour à tout le monde qu’on croisait. Je m’attends donc à le revoir.

Dans la section nous amenant au premier ravito complet, Louis nous raconte ses expériences : Virgil Crest, Bighorn, Wasatch, Rocky Racoon. Il lui est déjà arrivé de lire dans un guide des coureurs ce qu’il fallait faire en cas de morsure par un serpent à sonnette. Il lui est aussi déjà arrivé de passer une nuit entière à craindre qu’un cougar lui saute sur la nuque. Personnellement, je trouve ça super intéressant, mais je me demande ce que notre jeune ami en pense. On dirait qu’il a l’air intimidé…

Sections 3 et 4: ravito 2 (Versant du Lac, 13k) à ravito 4 (Ironhill, 24k)

En quittant le ravito, nous savons ce qui nous attend. En fait, les deux vieux routiers le savent, mais le jeune, pas certain… Devant nous, des montées infernales. Techniques, abruptes au possible. « Un parcours qui peut se faire en courant » qu’ils disaient. Yeah right !  Comment courir dans une face de cochon, voulez-vous bien me dire ?  Quand on doit tirer sur les racines des arbres (oui, sur les racines !) pour réussir tant bien que mal à se hisser en haut… Je n’ose m’imaginer ce que ça aura l’air la nuit. Bah, on verra plus tard, une chose à la fois comme on dit.

S’ensuit une descente, hyper technique comme il se doit. Puis, un petit bout plus roulant. Bah, pas si pire finalement. C’était ça, votre fameuse « lobotomie » ?  Bof… Louis sort le parcours de ses affaires. Il s’avère que nous venons de nous farcir les hors-d’œuvre. Le plat de résistance est à venir.

La montée suivante est tout simplement infernale. À certains endroits, je doute même être capable de me hisser tellement c’est dur. On fait de l’escalade ou quoi ?  Celle-là, elle est de notre compagnon qui commence à la trouver moins drôle, on dirait. « Pis, les côtes à Boston, est-ce qu’elles étaient si dures que ça ? » que je lui lance. Pas de réponse.

Après une ou deux éternités, nous arrivons entre les deux oreilles du cochon. Maintenant, je vais comprendre pourquoi ils appellent la prochaine descente la lobotomie: quelqu’un qui fait ça en courant est forcément passé chez son neurochirurgien récemment. Je suis constamment sur les freins, craignant un emballement et une éventuelle rencontre avec un arbre. Ou une roche. Ou les deux. À certains endroits, c’est mon postérieur qui sert d’équipement de glisse. Mes compagnons, bien que plus habiles que moi, n’avancent pas tellement plus vite. Finalement, les descentes très difficiles m’avantagent peut-être car elles ont effet de nivellement par le bas. Je ne m’en plaindrai certainement pas.

Juste avant d’aboutir (enfin !) sur un chemin de terre, Thibault, équipé de bâtons de marche, nous rejoint et c’est à quatre que nous arrivons au relais rue Knowlton (18e kilomètre) qui est constitué d’une table, d’un petit chapiteau et de trois cruches de 5 gallons de type Coleman. That’s it. Je m’accroupis et avale quelques gorgées d’eau à même la champlure. À la guerre comme à la guerre.

Devant nous, 19 kilomètres de chemins de campagne.  J’avoue que ça ne me fera pas pleurer d’enfiler un peu les kilomètres. Des fois, c’est décourageant de ne pas avancer quand on est dans le technique jusqu’au cou, alors un peu de route fera du bien. C’est en nous suivant sans vraiment nous suivre que nous évoluons tous sur cette route bien dégagée.

Dans une montée, Louis se met à la marche. Pierre-Olivier fait de même, mais se fait distancer peu à peu. Je le rejoins et une fois arrivé à sa hauteur, il me glisse : « Vous marchez vite !». Bon, première affaire le jeune : j’espère que le « vous » s’adresse à Louis et moi, parce qu’il y a des limites à se faire traiter de vieux !  Et de deux, qu’est-ce que tu veux que je te dise ?  Cours si tu trouves qu’on marche trop vite !

Ben non, je ne suis pas méchant à ce point-là… Je ne fais que lui dire que c’est comme autre chose, ça vient avec la pratique. Et effectivement, Louis marche vraiment vite !

Le ravito Ironhill (kilomètre 24) est installé dans le garage d’un particulier qui a eu l’immense gentillesse d’offrir sa propriété à l’organisation. J’entendrai même dire plus tard qu’il était sur place durant la nuit pour prêter main forte aux bénévoles. Comment peut-on être aussi gentil et ne pas être canonisé ?

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Le vétéran amène les deux recrues au ravito Ironhill, kilomètre 24

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La « recrue » de 44 ans qui a encore le sourire…

Mon père est sur place (je lui avais dit de laisser faire pour le ravito du 13e kilomètre, je ne prévoyais pas avoir besoin de quoi que ce soit), je vais pouvoir remplir mon réservoir pour la première fois.

Plus facile à dire qu’à faire. Prenez un homme qui a un bras dans le plâtre (mon père) et mettez-le en équipe avec un autre qui a les mains pleines de pouces et qui ne sait plus lesquels utiliser (ça, c’est moi). Bref, le gazon se retrouve engraissé de quelques onces de GU Brew, mais au final, j’ai à nouveau deux litres dans mon dos, près pour un autre bout.

Sections 5 et 6 : ravito 4 (Ironhill, 24k) à ravito 6 (Parking 7, 38k)

En sortant du garage, nous sommes dirigés vers l’arrière de la propriété, puis dans un sentier tracé en pleine forêt. Et ledit sentier est bouetteux à souhait. Mais c’est quoi cette affaire-là ?  On n’était pas supposés faire de la route pendant 19 kilomètres ?  Elle est où, notre belle route en terre ?!?

Je n’ai même pas terminé de chiâler que je la retrouve, ma route en terre. Louis et Pierre-Olivier sont devant moi, ayant quitté le ravito plus rapidement. Mais quand je vois Louis s’éclipser dans le fossé, pas besoin d’un dessin pour comprendre ce qui lui arrive !  😉

Le chemin est vallonné, les paysages seraient magnifiques… si les nuages n’étaient pas si menaçants. Un qui ne semble pas trop apprécier le paysage, c’est notre jeune ami bostonnais. Je le rejoins au creux d’un vallon et comme je passe à côté de lui, il me confie qu’il va prendre ça relaxe. C’est qu’on est dans un bout roulant, il devrait nous bouffer tout cru, vue sa pointe de vitesse. Et pourtant non. Preuve qu’un ultra et un marathon, ce sont deux choses bien différentes. Je commence à sérieusement mettre en doute ses chances de terminer.

Semblant totalement immunisé contre la fatigue, Thibault poursuit son petit bonhomme de chemin. Je joue un peu au yoyo avec lui, mais au bout d’un certain temps, je me résigne à le laisser aller. Il semble si « facile », je ne suis définitivement pas dans sa classe aujourd’hui.

Après un ou deux kilomètres sur l’asphalte, je me retrouve au relais du kilomètre 33 situé sur les bords du lac Bromont, où Barbara et mon père m’attendent. Encore un relais avec des 5 gallons sous des petits abris. Et heureusement qu’on les a, ces abris, car il pleut maintenant. Est-ce ma douce moitié qui a amené la pluie, comme pour nous rappeler ce merveilleux souvenir du Vermont 50 2012, mon premier ultra ?  Ça ne m’empêche pas de lui faire mon plus beau des sourires et de l’embrasser avant de repartir avec Louis qui m’a rejoint (et qui est définitivement plus rapide que moi pour « faire le vide ») !).

À la fin d’une montée assez corsée, nous nous retrouvons à l’intersection du chemin de Irlandais et O’Connor. Je me demande bien de quelle origine étaient ceux qui se sont établis ici… 😉  Dans le genre cliché, c’est dur à battre !  Pourquoi pas une intersection chemin des Écossais et MacLoed ?  Chemin des Vietnamiens et Nguyen ?  Chemin des Suédois et Johansson ? (Vous avez compris le concept…)

Je garde toutefois mes observations pour moi, mon partner ne me connaissant pas vraiment, il pourrait croire que je suis en train de délirer. En fait, peut-être que je délire tout le temps, qui sait ?  Toujours est-il que nous entrons ensemble dans une section qui ressemble beaucoup au mont St-Bruno : c’est large, roulant. Vraiment plaisant. Malheureusement, Louis est pris d’une autre attaque intestinale et doit encore s’arrêter. Je le plains, c’est tellement déplaisant quand ça nous prend…

Arrivé près la base des pentes de ski, j’aperçois un coureur au loin qui semble avoir raté un virage. Je crie à des passants de lui indiquer qu’il s’est trompé, ils me répondent qu’il est déjà entré dans le bois. Bah, tant pis. Peut-être se retrouvera-t-il. Je ne suis tout de même par pour courir après lui…

Je m’enfonce donc seul dans une petite section technique et juste assez rock’n’roll avec la traversée d’un ruisseau, des sentiers étroits et des enchaînements montées-descentes très plaisants. La course en sentiers à son plus pur.

Mon équipe m’attend à la station de ski (kilomètre 38). Il tombe maintenant des cordes et mon humeur s’en ressent. Dans le bois, c’était correct, mais là… Courir sous la pluie en plein été, pas de problème. Mais aujourd’hui ?  Pas sûr. Les risques d’hypothermie sont bien réels et en plus, une pluie soutenue rendrait certains sentiers impraticables. Pour ajouter la cerise sur le sundae, j’aperçois le gars qui s’était « perdu » plus tôt en train de monter la pente sous les télésièges à la sortie du poste de ravitaillement.

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En arrivant au ravito Parking 7, l’humeur devient maussade. Si ce n’était de la présence de mon père en arrière-plan, on ne devinerait pas la pluie. Et pourtant, elle tombe…

Ha ben sacrament !  Le gars a pris un raccourci. Que ce soit volontaire ou non (je doute que ce le soit), la seule raison pourquoi il est devant moi est qu’il a fait moins de chemin que moi, un point c’est tout. Et pendant que je rumine, un autre coureur arrive par le mauvais côté, mon père l’accueillant avec un « Tiens, un autre qui arrive du mauvais bord ! ». Un autre qui a pris un short cut, ouais !

J’engloutis quelques bananes et prends la direction des pentes de ski derrière Louis (qui est réapparu vêtu d’un sac à poubelle), des patates plein les mains. Mon père me dit de prendre ça relaxe, de les laisser aller, qu’il n’y a pas de presse. Oui mais, tu ne comprends pas que le gars en haut ne devrait justement pas être rendu là ?  Il devrait être derrière moi et je compte bien sur la montée pour que l’ordre soit rétabli.

Sections 7 et 8 : ravito 6 (Parking 7, 38k) à ravito 8 (Camp de base, 55k)

C’est dans ce merveilleux état d’esprit que j’entame ce que Gilles m’avait décrit comme la partie la plus difficile de tout le parcours : 17 kilomètres très techniques, beaucoup de montées, autant de descentes. Tout ça sans voir personne. Sous la pluie qui tombe maintenant comme une vache qui pisse. La joie.

Je me résous à enfiler mon imperméable de secours, dernier rempart entre l’hypothermie et moi. S’il s’avérait ne pas être suffisant…  De son côté, Louis, qui en a vu d’autres, prend le tout avec philosophie. Il lâche même des « WHOOO-HOOOO !!! » de temps à autre, comme pour défier les éléments. J’avoue que je l’envie un peu maintenant.

Tout en montant, je me rappelle les paroles de Joan lors de sa conférence: les organisateurs d’ultras finissent toujours par nous faire monter une pente de ski. Ici, j’ai l’impression qu’on se tape toutes les pentes. En montée et en descente. On aboutit sur une double-diamond à grimper. La pluie a ralenti, je sens que mes jambes poussent mieux. Lentement, mais sûrement, je gagne du terrain sur celui que je poursuis et distance Louis peu à peu.

Arrivé à ce qui semble être le sommet, je suis les petits fanions et me retrouve… parmi un groupe de coureurs, dont Pierre et Thibault, qui cherchent leur chemin. De quessé ?  Ils ont identifié le « dernier fanion », puis plus rien. Ils ont fait une tentative dans une piste, mais ont dû rebrousser chemin et remonter, étant incapables de trouver d’autres indicateurs. Je suis découragé pour eux.

Bon, on fait quoi là ?  On appelle l’organisation ?  À partir du dernier petit fanion, il n’y a rien. Rien de rien. Derrière, Louis termine son ascension et voyant qu’on est en train de se chercher, nous pointe rapidement l’endroit où on aurait dû tourner pour entrer dans le bois. Mon cerveau analyse la situation et en vient à la conclusion suivante: le fameux « dernier fanion » était de trop. Nous l’avons repéré, nous sommes dirigés vers lui et avons passé devant le virage sans le voir.  Ha, la damnée vision-tunnel… Je demande à Pierre d’enlever ce fanion, question de ne pas nuire aux autres coureurs. Il semblerait que nous n’avons pas été les seuls à nous faire tromper par lui.

C’est donc en groupe que nous entamons la descente, dans la bonne humeur (ça change vite durant un ultra…). Je laisse passer les descendeurs (Thibault, Pierre et un homme dont j’oublie le nom), puis me mets à les suivre. Louis et le gars du short cut (que je ne reverrai plus) sont derrière. À part décider où je mets les pieds, j’ai un autre problème à gérer: quoi faire avec mon foutu imperméable ?  J’ai croisé une poubelle en arrivant au sommet, mais n’ai pas osé le jeter, au cas où… Sauf que maintenant, je suis pogné avec. J’essaie de le replier, mais c’est peine perdue : je me retrouve avec une grosse boule de plastique à transporter.

Je la mets où ?  Je fais un bout avec en la tenant dans une main, mais après un certain temps, je me rends compte que j’ai besoin de mes deux mains, particulièrement dans les virages serrés ou les descentes un peu raides. Je décide de l’enfouir dans mon t-shirt. Ouais, pas confo. Sans compter le look femme enceinte… C’est finalement dans mes shorts qu’elle terminera la première boucle de 55 kilomètres.

C’est que ça semble sans fin, ces sentiers-là !  J’entends des voix devant, peut-être est-ce le relais Deltaplane (kilomètre 48) ?  Hé non. Juste des gars qui sont là à jaser. Ils font quoi, au juste ?  Jaser ?  Ici ?  2 ou 3 kilomètres plus loin, nous y parvenons enfin. C’est un relais réduit à sa plus simple expression : 3 5-gallons posés par terre, un point c’est tout. Pas de table, pas de chapiteau, encore moins de bénévoles. Bon ben, on ne niaisera pas trop longtemps ici…

Gilles m’avait dit que c’était en descente tout le long à partir de là. Hé bien non !  Ce sont encore et toujours des enchaînements, à tendance descendante toutefois. D’ailleurs, dans une partie particulièrement ardue, Pierre m’entend sacrer et me demande si je vais bien. Oui Pierre, je vais bien, c’est juste que les maudites descentes, j’HAÏS ça !!!

Il ne le sait pas, mais il m’est d’un très grand secours durant cette partie. Il en est à son 5e 100 miles et je sais pertinemment qu’il est plus rapide que moi sur la route. Je me fie donc sur lui pour la cadence dans les parties plus roulantes. Je sais que chacun doit faire sa course, mais il n’y a pas de mal à s’inspirer des experts, non ?

Alleluia, la sortie du bois et un chemin carossable !  J’anticipe le parc équestre bientôt, surtout que la Garmin indique que j’approche les 55 kilomètres. Je n’apprendrai donc jamais… En ultra, quand on s’attend à ce que quelque chose finisse bientôt, on se trompe immanquablement. Il reste encore du technique. Ha, pas si pire, mais du technique quand même.

Puis, après 7 heures de course (j’en espérais 6), j’entrevois la fin de la première boucle de 55 (56 selon Sainte-Garmin) kilomètres. Sur place, Barbara, mon père, ma petite sœur (qui vient de terminer sa première course organisée, le 6 km; bravo Élise !), notre amie Marie-Claude et sa fille Marie-Pier.

Pour plusieurs, c’est une première expérience en tant que spectatrices d’un ultra et elles n’en reviennent pas de me voir souriant après 55 kilomètres de course. Heu, c’est que je n’ai que le tiers de fait, s’il fallait que je tombe de fatigue…  Je ne dirais pas que je suis à mon meilleur, mais je me sens d’attaque pour la suite.

Vue l’heure, je sais que j’ai le temps de faire la boucle du lac Gale (18 km) avant la tombée de la nuit. Je décide donc de ne pas prendre mes frontales tout de suite. Après quelques photos de circonstance, je me dirige, la bouche pleine, vers ma prochaine destination. Au passage, je croise Élise. On se félicite mutuellement, on se donne un gros câlin. Ma sœur et moi sommes pas mal différents, mais nous partageons une grande affection mutuelle. Ça ne m’empêche toutefois pas de penser de lui demander un autre imperméable de secours vu que j’ai réussi à faire de l’espace dans mes shorts en me débarrassant de ma boule de plastique.

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Après 55 kilomètres, j’ai retrouvé mon monde… et le sourire ! 🙂

Ce bel intermède où j’ai pu voir mon monde m’a fait un grand bien. Maintenant, back to business. 55 down, 105 to go !

Ultimate XC 2014: la conclusion (finalement !)

Ça a continué à être rock’n’roll côté professionnel en juillet et c’est Le dernier kilomètre qui en a souffert. Heureusement, la dernière semaine a été plus tranquille et j’ai finalement réussi à terminer mon récit de St-Donat, avec plus d’un mois de retard. Ma douce moitié me dira que si je n’y allais pas autant dans les détails, peut-être que je serais en mesure de produire plus rapidement. Je ne peux pas dire qu’elle a totalement tort.  Mais que voulez-vous, c’est mon petit côté Paul Houde… 🙂

Station Inter-Centre – Station Chemin Wall (km 42.2) – J’entame la descente pas trop technique, puis arrive dans le vif du sujet : la bouette et le labyrinthe à travers lequel on nous fait passer. Non mais, est-ce qu’il y a vraiment un sentier ici ? J’ai l’impression que Dan et ses amis ont placé des petits rubans roses à travers des arbres, au hasard, et que nous devons les suivre car c’est le seul chemin qui a une chance de nous ramener à la civilisation. Une idée me vient à l’esprit : le fameux Barkley, est-ce comme ça ?  Un parcours qui ne semble suivre aucun chemin tracé, dans lequel on a l’impression d’être perdu ?  Puis je me souviens d’un léger détail : au Barkley, le parcours n’est même pas marqué…

Étant maintenant rendu dans un des points les plus bas de la course, je constate une affaire : il fait chaud en ta… Premier ruisseau à traverser, j’en profite pour me répandre l’eau sur le visage, derrière le cou, sur le reste du corps. Un peu plus loin, deuxième ruisseau, je reprends le même manège. Ça me rafraichit un peu, mais pas tant que ça. Arrive la «rivère», j’ai de l’eau jusqu’aux cuisses. Après une brève hésitation, je plonge au complet dedans. Haaaa… Moi qui dis toujours que je pèse 150 livres mouillé, ce serait peut-être le temps de vérifier.  Quelqu’un a une balance ? Quoi, que dites-vous ?  J’ai perdu la raison ?  Ha oui ?  😉

Cette petite baignade impromptue me fait le plus grand bien et je traverse le Vietnam sans trop de problème. Ha, il est évidemment bouetteux à souhait et les marécages sont bien présents, mais tellement loin de ce qu’ils étaient dans mes souvenirs… Par contre, le squelette est toujours là, ce qui me fait sourire encore une fois. On dirait qu’il a passé l’hiver ici parce qu’à voir son niveau de décoloration…

Éric, un concurrent qui terminera tout juste derrière moi, alors qu'il a littéralement les deux pieds dans le Vietnam

Éric, un concurrent qui terminera tout juste derrière moi, alors qu’il a littéralement les deux pieds dans le Vietnam

J’arrive à la 329, que nous devons traverser en empruntant un tunnel qui passe sous la route. J’ai de l’eau jusqu’aux genoux, rien de dramatique, quand l’envie de me soulager me prend. Drette là, comme on dit. Puis me vient une idée. Non, je ne suis pas pour faire ça… J’ai déjà vu un cycliste professionnel le faire, alors pourquoi pas moi ?  Ici, dans le ruisseau, personne ne me verra… Je fais donc ce que j’ai à faire… sans m’arrêter !  Il faut bien qu’il y ait des avantages à être un homme, non !  😉

Quelques heures avant moi, des concurrents du 38 km sortent du tunnel sous la 329

Quelques heures avant moi, des concurrents du 38 km sortent du tunnel sous la 329

La montée vers la station Chemin Wall se fait tout d’abord à même un ruisseau, puis on se retrouve sur la terre ferme… en plein soleil, bien sûr. Mais le plongeon dans la rivière a fait son effet et je suis revigoré, ce qui rend l’ascension plus facile. À l’approche de la station, un bénévole toujours au poste observe notre arrivée avec des jumelles et crie notre numéro pour que les autres préparent nos drop bags. Encore une fois, l’organisation m’impressionne par son efficacité.

Le ruisseau que nous devons "escalader" après avoir traversé la 329

Le ruisseau que nous devons « escalader » après avoir traversé la 329

Depuis un moment déjà, j’ai pris la décision de ne pas changer de souliers. Mes New Balance, malgré leur fâcheuse habitude de se délacer facilement quand ils sont mouillés, font le travail pour le reste. En plus, j’avais regretté mon move en 2013, la bouette ayant refait son chemin jusqu’à mes pieds en moins de 3 minutes. Je change toutefois de camisole et de casquette. J’en suis rendu à essayer de remettre ma veste d’hydratation en place (c’est toujours tortillé, ces machins-là) quand Luc me poke dans les côtes en passant en coup de vent. J’ai l’impression qu’il ne s’est même pas arrêté… Vais-je le revoir ?

2 ou 3 minutes plus tard, je remercie abondamment les bénévoles de la station et reprends ma route. Coup d’œil au chrono : 5h45. Ça m’a pris 15 minutes de moins pour traverser le Vietnam, preuve que les conditions sont pas mal plus faciles. Mais je me pose sérieusement des questions pour les autres: combien d’entre eux seront en mesure de respecter la coupure fixée à 7 heures ici ?

Station Chemin Wall – Station Lac Lemieux (km 46) – En quittant la station, un bénévole me lance : « Ça a l’air que le bout jusqu’à la prochaine station se fait bien ! ». C’est ce que je me souviens également. Une section qui ne fait même pas 4 kilomètres, piece of cake !

Détail que j’avais oublié cependant : ça monte. Pis ça monte. Et ça monte encore. Même si c’est dans le bois, la chaleur se rend très bien à nous et l’effet de ma baignade s’est dissipé. Je commence à reprendre des coureuses du 38 km, coureuses que j’avais déjà dépassées avant la montagne Noire. Mais des gens du 60 km ?  Nada. Voyons, pourtant ça monte, je devrais en reprendre quelques uns, non ?  Et Luc, il est où, bout de viarge ?

Finalement, après ce qui m’a semblé durer des heures, je sens le terrain qui commence à prendre une pente descendante. J’arrive à la station tout juste après deux participantes du 38 km. Et Luc qui n’est nulle part autour… Est-ce qu’il s’est envolé ?

Alors que je regarde sur la table pour me prendre quelques trucs à bouffer, le bénévole, empruntant un ton admiratif, me demande : « Ho, un coureur du 60 km !  Avez-vous besoin de quelque chose ?  Est-ce que je peux vous aider ?»  Je l’ignorais à ce moment, mais pour le reste de la course, nous serons traités comme des V.I.P. Comme le parcours empruntera les mêmes sentiers que ceux utilisés par les épreuves de 22, puis plus loin, de 11 km, les gens assignés à ces stations me sembleront très impressionnés de constater que des êtres humains (pas toujours sains d’esprit, mais bon) puissent parcourir une telle distance sur leurs deux jambes. Mais que diront-ils quand Joan et Tomas passeront et qu’ils verront « 120 km » écrit sur leur dossard ?

Station Lac Lemieux – Station Lac Bouillon (km 49) – Ha, une belle petite section roulante, parfaite pour reprendre du temps !

Encore une fois, ma mémoire me fait défaut. Oui, c’est une section roulante grâce à son sentier large et descendant. Sauf qu’il fait de plus en plus chaud et on est au soleil en tout temps. Ajoutez à ça une cheville gauche qui commence à en avoir ras le pompon de cogner sur le sol à répétition et on a un bonhomme qui trouve les 3 kilomètres un peu longs à son goût. D’ailleurs, depuis le départ, mon GPS m’indique toujours une distance parcourue plus courte que celle indiquée sur les cartes. Mais j’ai l’impression que tout le retard sera comblé lors de ces seuls « 3 » kilomètres.

À un moment donné, la cheville se plaint tellement que je prends la peine de m’arrêter pour tenter de l’étirer un peu. Pas que ça donne vraiment quelque chose, mais bon… Finalement, j’arrive sur le site d’un chantier de construction et je sais que la station est proche.

Sur place, toujours pas le moindre indice de la présence de Luc. Il s’est volatilisé ma parole !  Une dame, probablement à l’affût de demandes en mariage, offre des douches gratuites à même un 18 litres d’eau. Je suis probablement le 50e de la journée à lui faire la grande demande dans les instants qui suivent ma douche improvisée. Au risque de me répéter, ça fait du bien !!!

Je fais un dernier plein de ma veste, prenant bien soin d’y ajouter une donne dose de GU Brew et me lance à l’assaut des 11 derniers kilomètres en jetant un regard inquiet au chrono: avec la côte de l’enfer et la descente qui la suit, il me sera difficile de faire sous les 8 heures.

Station Lac Bouillon – Station Ravary (km 54.5) – J’entame la section tout juste derrière deux autres concurrents du 60 km. Est-ce que je les ai rejoints ou ce sont eux qui m’ont rattrapé ?  Aucune idée ! Le sentier est large et généralement plat. Comme je suis à leur hauteur, j’entends un lancer à l’autre : « Luc, il court comme s’il était parti en mission ! ». Et comment ! Après un petit problème technique qui m’oblige à m’arrêter, je reprends ma course et réussis à reprendre mes compagnons tout juste avant la côte de l’enfer.

Cette côte n’est ni plus ni moins qu’une pente de ski à grimper. Et vous savez quelle est la principale caractéristique des pentes de ski ?  Elles sont presque toujours tracées sur le versant sud de la montagne, question d’être exposées le plus possible au soleil durant les froids d’hiver. Or, qu’on soit en hiver ou en été, le soleil, il est toujours du même côté à cette heure du jour. Alors…

Petit coup d’œil au chrono, question de comparer mon temps d’ascension à celui de l’année passée (je m’attends à être plus lent, mais bon…) et on entame la montée. Tout en haut de la première face de cochon à grimper, d’autres participants, qui me semblent si petits… Jamais je ne serai capable de les rejoindre.

Hé oui ! Progressivement, je gagne du terrain, ce qui m’encourage. Le soleil me ralentit, mais moins que les autres on dirait. Je reprends plusieurs concurrent(e)s des autres courses qui ont chaque fois la gentillesse de me laisser le passage. Je les remercie à tous coups et leur lance quelques mots d’encouragement.

J’arrive à la courte partie plate entre les deux sections ascendantes, fais quelques pas à la course, puis me lance dans la montée de la deuxième face de cochon. Celle-là est vraiment en plein soleil, pas le moindre arbre pour se protéger. À mi-chemin, qui vois-je devant, montant les mains sur les reins ?  Luc !  Il ne s’est pas envolé après tout, il est seulement quelques dizaines de pieds au-dessus de moi. Ai-je des chances de le rejoindre ?  Il semble rendu près du sommet. Mais quand un gars monte les mains sur les reins, c’est qu’il en arrache, alors peut-être que…

La pente commence à s’adoucir comme j’arrive à sa hauteur. Il me dit tout doucement : « Good job ! », compliment que je lui rends sur le champ. J’aimerais bien qu’on termine ensemble, car pour moi, la course en sentiers, c’est ça : la camaraderie, l’entraide et surtout, la satisfaction de voir les autres terminer. La compétition ?  Oui, il y en a toujours un peu, mais par rapport à la route…

J’hésite cependant. Luc est plus rapide que moi sur route (il m’a pris 4 minutes à New York en novembre dernier) et définitivement plus fort dans le technique. Or, il nous reste une longue descente très technique à faire, puis probablement quelques bons trous de bouette. Comme je ne veux pas le retarder, je décide de prendre un peu d’avance en ne m’éternisant pas à la station d’aide du sommet (un ajout cette année, excellente idée !) et en m’élançant presque immédiatement vers la descente. Je prends tout de même le temps de constater que j’ai mis 2 minutes de moins que l’an passé pour grimper la fameuse côte de l’enfer. Hey, pas mal…

La descente se révèle beaucoup moins difficile que dans mes souvenirs. Ceci dit, je passe quand même proche de me perdre mais heureusement, des concurrentes du 38 km m’indiquent le chemin à suivre, me laissant le passage en prime. Un peu plus loin, j’en rattrape une autre et je crois la reconnaître : c’est Audrey, l’organisatrice en chef du Bromont Ultra. J’entame la conversation pendant que nous nous faufilons entre les arbres. Elle est surprise que je la connaisse, vu qu’elle ne me connaît pas du tout (c’est l’histoire de ma vie), alors je me présente un peu. Je lui dis qu’à moins d’une trop grande charge côté travail, je serai de la partie pour son 160 km en octobre. J’espère vraiment pouvoir y être…

Tout en bas de la descente, la station. Le temps d’attraper de quoi manger et de caler un verre de Gatorade, je suis reparti.

Station Ravary – Station 329 (km 56.5) – Deux petits kilomètres avant la dernière station, c’est rien, non ?

Décidemment, je n’apprendrai jamais car encore une fois, grossière erreur ! Je suis sur le point de dépasser une dame lorsque, alors que j’avance à un bon rythme, mon pied bute sur un obstacle. Une roche ? Une racine ?  Aucune espèce d’idée. J’essaie par tous les moyens de récupérer le déséquilibre qui s’ensuit. Je ne sais pas si c’est à cause des multiples mouvements brusques que je tente durant l’opération, mais toutes les crampes qui étaient en embuscade décident de se montrer. En même temps !

Du coup, j’ai l’impression que tout ce qui peut cramper sous ma ceinture (non mes petits coquins, ÇA ne peut pas cramper !) crampe en même temps: quads, ischios, mollets, name it. Je me retrouve évidemment au sol, incapable de bouger. Ma première pensée ?  « Les 8 heures, c’est foutu ! ». Ma deuxième ?  « Comment je vais me relever de là ? ». Pendant que tout ça me passe par la tête, je crie parce que ça fait mal en ta…

La dame que j’allais rejoindre s’arrête et rebrousse chemin pour s’enquérir de mon état. « Are you broke ? » qu’elle me demande. Heu, « broke », ça ne veut pas dire « cassé », dans le sens de « j’ai pas une cenne » ?  Enfin, l’important, c’est de se comprendre. Je veux lui répondre que seulement ma fierté est atteinte (yeah right) et le seul mot qui me vient est « pride ». Je bredouille donc quelque chose autour du mot «pride». Merde, j’ai quand même 55 km dans les jambes, alors les subtilités de la langue de Shakespeare…

Luc arrive sur les entre-faits.

-Man, est-ce que ça va ?

-Je viens de planter et je suis crampé de partout !

-Ha, moi c’est le festival de la crampe depuis tantôt !

Sa remarque me fait rire et me donne un bon coup de pied au derrière. Pensais-tu être le seul à avoir des crampes, du con ?  Il m’aide à me relever, me donne une tape d’encouragement sur l’épaule, puis repart en courant, ma bonne samaritaine à sa suite. Je reprends en y allant d’un petit jogging et finalement, me rends compte que je peux presque courir normalement.

Cette partie étant assez technique, nous sommes contraints à faire toutes sortes d’acrobaties pour la passer. Et à chaque tronc d’arbre, à chaque roche, bref à chaque mouvement qui sort un peu de l’ordinaire, les muscles menacent de cramper. Et ceux de Luc ne font pas que menacer car je l’entends aligner les « Ouch !», « Ayoye !» et « Haaaaa !» à toutes les 10 enjambées. Et moi de rire comme un débile à chaque fois. La pauvre dame coincée entre nous deux doit bien se demander d’où les deux zigotos qui l’escortent peuvent bien sortir. Du 60 km, madame, du 60 km.

 De façon à ne pas prolonger sa torture mentale, je la dépasse quand j’en ai l’occasion, dans un petit élargissement. En passant à son niveau, je lui dis : « Still going, still going… », comme pour lui prouver que j’ai définitivement perdu la raison.

J’arrive à la station 329 comme Luc finit de prendre quelques gorgées à même une canette de Coke. Je ne fais ni une ni deux et cale le restant. Hum, c’est bon après des heures et des heures dans le bois !  Ça me rappelle mon adolescence et les voyages à vélo que je faisais avec mon père. C’était notre récompense de fin de journée : un bon Coke bien froid.

En haut de la petite butte, Luc s’est arrêté. Il me fait un large sourire et me montre le sentier avec un signe de tête : « Allez, on finit ça ensemble ! »

Station 329 – Arrivée (km 60) – Ma mémoire vient encore s’amuser à mes dépens. Alors que je m’attends à un beau sentier large et facile, nous frappons de bons vieux trous de bouette. Luc lui se souvient : « Il reste encore pas mal de beurre de peanuts ». Ouais, je ne pourrais pas mieux décrire la texture de ce que nous devons traverser.

Nous nous échangeons la tête, cherchant la trajectoire idéale, tout en placotant un peu. Nous parlons de New York, de sa copine Anne qui participe elle aussi à cette course. Arrive finalement la « piste cyclable » tant attendue où les distances restantes seront supposément indiquées à tous les 500 mètres. Après presque 8 heures passées dans les sentiers, à monter et descendre des côtes, à contourner des milliers d’obstacles, les deux quadragénaires ont hâte d’arriver.

Un ami de Luc se joint à nous sur une centaine de mètres, le temps de nous apprendre qu’Anne n’est pas très loin derrière (elle terminera une dizaine de minutes après nous, en première position chez les femmes). Nous traversons la route en deux occasions, prenons la pose pour la postérité et finalement, nous entendons un murmure caractéristique : l’arrivée est proche !

Luc, à droite, et moi, à quelques centaines de mètres de l'arrivée

Luc, à droite, et moi, à quelques centaines de mètres de l’arrivée. Beaux bonshommes, avouez !  😉

Oui, je porte encore mes bidules aux genoux... Je suis encore étonné qu'ils aient tenu toute la course !

Oui, je porte encore mes bidules aux genoux… Je suis encore étonné qu’ils aient tenu toute la course !

Pour la première fois de la journée, nous avons des spectateurs. Les félicitations fusent de toutes parts. Une dernière petite descente et le voilà enfin, le parc des Pionniers.

Nous nous présentons dans le couloir réservé aux coureurs. Je cherche l’arche d’arrivée du regard : « Elle où la maudite arrivée ? ». Luc me la pointe, à l’autre bout du parc. Elle me semble encore loin, mais je ne sens plus l’effort. Je souris à mon partner et lui tends la main. On va terminer comme ça, main dans la main, peu importe l’ordre officiel, pour montrer que nous avons tous les deux vaincu ce damné parcours. Encore une fois.

Après l’arrivée – La suite des événements s’embrouille dans ma tête. Luc et moi nous sommes évidemment donnés le gros bear hug de circonstance, tout contents de notre performance, heureux des ces moments passés ensemble. Notre temps ?  8:11:53. En ce qui me concerne, c’est 20 minutes de mieux que l’année passée, sur un parcours 2 kilomètres plus long. Bon, il était dans un bien meilleur état (ce n’était même pas comparable), mais la chaleur a également eu son rôle à jouer. J’ai été surpris d’apprendre que personne n’avait fait sous les 6 heures, Gareth Davies arrivant premier en 6:07:46 et Florent Bouguin le suivant en 6:16:23. Ils ont été les seuls à faire sous les 7 heures…

Luc s’est presque immédiatement lancé dans le lac alors que moi, pour une raison que j’ignore, j’ai niaisé un peu. Comme si une fois la course terminée, l’urgence de me rafraichir avait disparu. Bizarre.

J’ai placoté avec d’autres coureurs, dont Phil avec qui j’avais fait la connaissance le matin et qui était insatisfait de son temps de 7h16… jusqu’à ce qu’il apprenne qu’il avait terminé troisième !  J’ai aussi échangé avec Pierre, qui avait retrouvé son légendaire sourire et qui sirotait tranquillement une Sleeman’s tout en savourant l’ambiance. J’ai vu Pat arriver dans un temps de 8h40 et surtout, je l’ai vu littéralement garrocher au bout de ses bras le sac qu’il avait porté toute la course et qu’il voulait tester en vue de l’UTMB. On dirait bien que ledit sac n’a pas atteint la note de passage et ne sera pas du voyage…

Je dévorais tranquillement le succulent lunch offert par l’organisation en assistant aux diverses cérémonies quand il est passé près de moi quelques minutes plus tard, pieds nus. Quand je lui ai dit mon temps, il m’a sacré un (gentil) coup de pied et m’a lancé : « T’es super fort !  Je ne veux plus jamais t’entendre me dire que tu n’es pas prêt pour un 100 milles !  Tu es plus que près !!! ». Ok Pat, si tu le dis… La dernière fois qu’il a « ordonné » à quelqu’un de faire une course, c’était à Joan pour Virgil Crest. Il avait raison : Joan a terminé celle-là en troisième position…

Parlant du loup, je me tenais un peu à l’écart pour me changer en vue du retour à la maison quand j’ai entendu une clameur. Surpris au début, je me demandais bien de quoi il pouvait s’agir car les premières femmes étaient arrivées depuis un bout. J’ai vite fait le lien : c’était Joan. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais persuadé que c’était lui, et non Tomas qui avait aussi tenté de revenir (et qui a dû s’arrêter en chemin).

Je me suis tout de suite dirigé (en boitant) vers l’aire d’arrivée. Il avait l’air fatigué, vidé, mais tellement fier de lui !   Et je soupçonne qu’il en avait encore sous la pédale… Je ne pouvais pas partir sans le féliciter. Encore une fois, un gros bravo Joan !

La boucle étant bouclée, j’ai pris le chemin de la maison, la tête remplie de souvenirs de cette superbe journée. 12 mois plus tôt, j’étais à peu près certain de ne plus jamais remettre les pieds à St-Donat. Pourtant, je suis revenu. Et je n’ai jamais regretté.

Petites vites de début d’année

Question de parler d’autre chose que du temps qu’il fait (avouez que ce n’est vraiment pas évident ces jours-ci, surtout quand le mercure grimpe, puis replonge de 25 degrés en l’espace de quelques heures avant de vouloir remonter en vue de la fin de semaine), voici ce qui a retenu mon attention au cours des derniers jours dans notre merveilleux petit monde des coureurs du froid et de l’humidité.

1- Marathon de Boston: la résilience (encore). Un petit coup d’oeil furtif à la liste des inscrits au prochain Marathon de Boston m’a confirmé ce que je savais déjà: la résilience des coureurs, ce n’est pas de la frime. Qu’il s’agisse de personnes connues ici (Éric Hoziel, Suzanne Gariépy), de coureurs connus  au Québec (Sébastien Roulier) ou ailleurs (Team Hoyt, Amy Rusiecki) ou de connaissances à moi, tous ceux qui étaient là en 2013 seront de retour en 2014.

C’est avec beaucoup de fierté que je me joindrai à eux à Hopkinton le 21 avril au matin.

2- Ultimate XC St-Donat. Les autobus jaunes s’emplissent rapidement !  Plus de la moitié des places sont déjà prises pour chacune des épreuves de 38 et 60 km après seulement une semaine d’inscriptions. Il serait étonnant que ces deux courses-là n’affichent pas “complet” d’ici au printemps.

3- Vermont 100. “Online registration opened on January 6th 2014. And the response was overwhelming !”. Ce sont les mots que l’on retrouve sur le site internet du Vermont 100. Et “overwhelming”, c’est le moins qu’on puisse dire !  J’ignore en combien de temps le 100 milles s’est rempli, mais à peine 4 heures après l’ouverture des inscriptions, il ne restait plus de place et la liste d’attente comptait déjà une trentaine de noms.

Je me demande bien ce que les organisateurs comptent faire pour les prochaines éditions, l’approche “premier arrivé, premier servi” n’étant peut-être pas la meilleure quant une épreuve devient trop populaire. Se voir refuser l’accès à une course pour cause de problème de connexion internet, ça doit être assez frustrant merci ! Je prédis l’instauration loterie pour l’édition 2015.

En ce qui concerne le 100k, la course que j’envisageais faire cette année, il reste encore une vingtaine de places au moment d’écrire ces lignes.

4- Pandora 24. C’est maintenant décidé, je ne serai pas de la fête à Silver Hill Meadow en juillet. Le but de m’inscrire au 100k était d’aller chercher de l’expérience en vue d’un 100 milles. Or, bien que cette course m’aurait été fort utile en ce sens, elle aurait représenté un investissement logistique et monétaire équivalent à la “vraie” course. De plus, je craignais d’éprouver un certain regret à la vue des 100-milers tout autour de moi.

Je mettrai donc le cap sur Prévost cet été. Mon but: effectuer des tests. Voir ce qui marche, ce qui ne marche pas côté alimentation, hydratation, vêtements, chaussures, etc. Le fait de pouvoir avoir accès à mes affaires à tous les 10 km me permettra de pouvoir m’ajuster en cours de route tout en étant pas mal moins exigeant pour l’équipe de support !  Je pourrai également tester ma volonté car après plusieurs heures passées dans les sentiers, il sera probablement tentant de sauter dans l’auto pour retourner à la maison !

Aussi, détail non négligeable, on ne m’a dit que du bien du Massif des Falaises et de l’organisation du Tour en octobre dernier.

5- La fin de saison. Encore une fois, toujours question d’y aller progressivement, pas de Virgil Crest pour 2014. J’envisage plutôt deux courses de 80 km / 50 milles: la Chute du Diable et mon Vermont 50 chéri que j’ai dû laisser tomber en 2013. Mais bon, j’ai encore le temps d’y penser, pas vrai ?

6- Face de bouc. Comme les valeureux Gaulois, je résiste, encore et toujours à l’envahisseur. Mais pour combien de temps encore ?  Maintenant, les réseaux que l’on dit sociaux sont partout et si on les évite, on finit par se priver d’informations très intéressantes. Ainsi, la très grande majorité des épreuves ont leur page Facebook sur laquelle ils publient les dernières informations pertinentes. Les infolettres arrivent souvent plus tard… quand elles arrivent. Dans certains cas, être un irréductible comme moi présente des inconvénients considérables. Par exemple, l’organisation des 6 heures Frozen Ass Mount Royal n’avait même pas de site web, l’inscription se faisant par Facebook uniquement.

Va peut-être falloir que je me fasse à l’idée…

Un 80 km au XC Harricana

La nouvelle est sortie presque en catimini il y a une dizaine de jours et je ne l’ai tout simplement pas vue passer: en plus des épreuves tenues lors de la première édition cette année (5, 10, 28 et 65 km), le XC Harricana offrira en 2014 un choix supplémentaire aux fous de mon espèce: un 80 km (50 milles). Cette nouvelle épreuve se déroulera en fait sur exactement le même parcours que le 65 km auquel on ajoutera une quinzaine de kilomètres supplémentaires tirés du parcours du 28 km, dont l’ascension du mont Grand-Fonds.

J’avoue ne pas trop savoir quoi penser de tout ça. Comme je l’ai déjà dit, l’organisation du Harricana est excellente et je suis certain que les gens en place sauront relever ce défi avec brio. De plus, je n’ai entendu que des échos positifs à propos du 65 km et pour ma part, j’ai adoré le 28. Donc, pas de problème à prévoir de ce côté.

Par contre, je me pose des questions au niveau participation. Bien que la course en sentiers gagne en popularité (Orford en est la preuve par dix), on ne peut pas dire que le nombre d’ultramarathoniens dans notre belle province suit une progression aussi rapide. J’étais à St-Donat et au Harricana cette année et le nombre de visages que j’ai vus aux deux places était frappant. À mon avis, il risque plus d’y avoir une séparation du contingent de coureurs dans chacune des deux courses qu’autre chose.

Aussi, le départ des autobus à 3 heures du matin de la station de ski en vue d’un départ de course à 5 heures risque d’en décourager plus d’un (moi le premier !). À ça s’ajoute le fait que le 65 km était considéré par plusieurs comme une épreuve de préparation pour les ultras de l’automne. Vraiment pas certain que la nouvelle épreuve présentera le même attrait.

Une avenue qui serait peut-être intéressante consisterait à faire comme à Virgil Crest: donner le départ du 65 et du 80 km en même temps et permettre à ceux inscrits au 80 d’avoir tout de même un classement à la course de 65 km s’ils désirent s’arrêter lors du premier passage à la station de ski ou après, pour quelque raison que ce soit. Je crois qu’une telle mesure aiderait à augmenter le nombre d’inscriptions pour la longue course.

D’une manière plus générale, je me questionne également sur la nouvelle date choisie. En effet, le XC Harricana s’est déroulé le 7 septembre cette année, soit le samedi après la Fête du Travail. La raison en est simple: ça permettait d’allonger la saison touristique de la région de Charlevoix d’une semaine, les hébergements affichant complet durant cette fin de semaine. Or, en 2014, les courses auront lieu la semaine suivante, soit le 13 septembre. Une semaine avant Virgil Crest, deux avant le Vermont 50. Comme je compte faire une de ces deux courses (non, pas les deux, je ne suis pas complètement débile), je serai en tapering à ce moment-là, alors les chances que je sois à Charlevoix sont bien minces. À moins que je refasse le 28 km, question d’être sage…  😉

Xtrail Asics Orford: le wrap-up

Comme c’est maintenant devenu la tradition, je vous propose aujourd’hui un dernier petit wrap-up sur la dernière compétition à laquelle j’ai pris part, le Xtrail Asics Orford.

Sur le site de l’événement, il est annoncé que cette course est la plus grosse course en sentiers au pays, réunissant un total 2200 coureurs. Aussi, on nous dit qu’elle a été votée comme étant une des 10 plus belles courses à faire au pays. Bref, à ne pas manquer.

À plusieurs égards, c’est tout à fait vrai. Le site du Mont Orford est vraiment magnifique et les vues qu’on a à partir du sommet valent à elles seules le déplacement. L’organisation est très bien rodée, les bénévoles sont nombreux et enthousiastes. Aussi, pour une course en sentiers, c’est le paradis des spectateurs car ils peuvent emprunter le remonte-pente pour se rendre au sommet assister à la fin de l’ascension de la montagne par les coureurs. Le fait d’avoir des spectateurs en haut complètement a certainement aidé la motivation de certains. Bien évidemment, si des spectateurs décidaient d’assister au passage de leur coureur au sommet, il leur était impossible d’assister à son arrivée à la base de la montagne. On ne peut pas tout avoir.

Je ne peux pas parler pour les autres parcours, mais en ce qui concerne les sentiers empruntés par le 11.5 km, ils étaient dans un très bon état. Il y a seulement des bouts dans la dernière descente qui avaient plus souffert, probablement parce que beaucoup de coureurs étaient déjà passés par là. Mais pour le reste, rien à redire.

En ce qui concerne la difficulté du parcours, elle était au rendez-vous. Après une première partie rappelant le mont St-Bruno, la deuxième représentait tout un défi. La montée et la descente du mont Orford, c’est quelque chose. En plus, le tout n’était pas très technique, ce qui me plait particulièrement, n’étant vraiment pas habile pour “danser” dans les roches et les racines.

Toutefois, et vous l’aurez deviné, il y avait un gros problème dans tout ça. Peut-être que je n’étais pas dans la bonne course. En effet, si je n’avais pas été là pour accompagner mes amis, j’aurais fait le 20  km cross-country ou le 23 km en sentiers. Aussi, nous sommes partis dans la deuxième vague du 11.5 km alors que mon niveau me situe définitivement dans la première vague. Toujours est-il que le fait d’avoir à attendre que les autres coureurs avancent dans les sections “plus étroites” de la montée (c’est ainsi que c’est décrit sur le site de l’événement) m’a beaucoup dérangé. Je me sentais comme quand je dois conduire sur une route secondaire sinueuse et que l’auto à l’avant d’une longue filée roule à 60 km/h. C’était frustrant.

Daniel et Sylvain m’ont dit qu’ils en avaient profité pour se reposer et ça ne les avait pas dérangés. Sauf que ces sections avaient un effet “nivellement par le bas”. En effet, il fallait avancer au rythme du plus lent, un point c’est tout. Sur une course très longue, c’est bien correct. Mais sur à peine plus de 10 km ?  Et à voir le nombre de personnes que nous étions à attendre notre tour, j’imagine difficilement que ça pouvait se passer beaucoup mieux dans la première vague.

Je dirais donc que cette épreuve de 11.5 km constitue une excellente initiation à la course en sentiers et à voir le nombre impressionnant de gens qui y participaient (presque 1000 !), je crois que ce but est atteint. Par contre, malgré les départs par vagues, ce nombre est trop élevé pour la capacité des sentiers, ce qui fait je ne la recommanderais pas à quelqu’un de niveau plus avancé qui devrait plutôt se tourner vers une  des deux épreuves plus longues pour éviter les frustrations.

Dans un autre ordre d’idées, cette course m’a fait réaliser quelque chose. La boucle que formaient la montée et la descente du mont Orford, qui faisait environ 6 km au total, ne doit pas être tellement différente de la “Alpine Loop” de Virgil Crest. J’ai vérifié et cette boucle-là, qui doit être effectuée 4 fois dans le cadre du 100 milles, présente un dénivelé moins important que son équivalente à Orford. Or, c’est la pièce de résistance de cette course. Comme je me débrouille très bien dans ce genre d’effort, je me dis que finalement, Virgil Crest, c’est peut-être dans mes cordes. Ça risquerait de chambouler mon calendrier de courses pour l’an prochain…  🙂

En terminant, les photos de cette belle journée entre amis étant maintenant disponibles, en voici quelques unes. Les deux premières ont été prises avant de débuter la grande montée.

Sylvain2

Sylvain accompagné de son chaperon

Daniel2

Notre ami Daniel à l’effort

Puis, dans la partie technique de la descente…

Sylvain1

Admirez l’élégance !

Fred1

Pourri en descente + problèmes aux genoux = …

Daniel1

Le Daniel Paré de Varennes dans son habitat naturel

La vraie belle saison

Quand j’étais enfant, je détestais l’automne. Pour moi, l’automne c’était le début de l’année scolaire et malgré le fait que je me débrouillais plus que très bien à l’école, je détestais ça à mourir. Et les mois de septembre, octobre et novembre étaient synonymes de vacances d’été qui étaient très loin.

Maintenant que j’ai un peu vieilli et que surtout je me suis mis à la course (sans oublier que je ne vais plus à l’école depuis belle lurette), je suis devenu le plus grand fan de l’automne. Les températures fraîches, l’air qui s’assèche, les couleurs, la tranquillité… Ha, c’est définitivement l’automne qui est LA vraie belle saison !

J’en ai encore eu la preuve hier matin. Je voulais faire un petit 15 km et ne pouvais me résoudre à tourner en rond sur le bitume, alors j’ai mis le cap sur St-Bruno. En arrivant, première belle surprise: le sol n’était pas mouillé, alors j’allais me faire la boucle des Grands Ducs: 3.5 km de sentiers rustiques que j’aime beaucoup, mais que je fais peu souvent car il y en a une bonne partie dans l’herbe et comme elle est souvent longue et mouillée, ce n’est pas toujours agréable. Mais hier, les conditions étaient parfaites. Le bonheur.

Puis, je me suis lancé dans la combinaison des deux sentiers principaux, le Montérégien et le sentier des Lacs. Il n’y avait presque personne, l’air était si bon… À un moment donné, je me suis rendu compte que mon kilométrage commençait à avancer pas mal vite et je devais retourner à l’auto, question de « de pas en faire trop ». Mais je ne sais pas pourquoi, je tenais absolument à voir le lac des Bouleaux. Je me suis donc dit « fuck les genoux, ils pèteront » et ai décidé de me faire plaisir. Je ne l’ai pas regretté, le spectacle qui m’y attendait était digne d’une carte postale: un lac calme entouré d’arbres matures de toutes les couleurs. Superbe. Je suis resté planté là une bonne minute, adirant le tout sans bouger. Et après ça, les gens se demandent pourquoi j’ai maintenant une forte tendance vers les sentiers…

Sur le chemin du retour (il fallait bien que je finisse par finir), j’ai croisé Pat. On a évidemment parlé de Virgil Crest. Il s’est promis d’avoir sa vengeance sur ce foutu parcours. Il ne sait pas quand, mais il va l’avoir. Et je sais qu’il va l’avoir, je n’en doute pas une seconde. Quand un coureur a quelque chose dans la tête, il ne l’a pas dans les pieds… J’en sais quelque chose, il faut juste se donner le temps…  En tout cas, la description qu’il m’a faite de l’épreuve m’a confirmé une chose: moi aussi, j’y serai un jour. Fort probablement pas l’an prochain, mais pour mes 45 ans peut-être ?

Ce serait une belle façon de débuter l’automne, n’est-ce pas ?

Les petites vites

De retour après quelques jours assez occupés. Voici ce qui a retenu mon attention ces derniers temps.

Virgil Crest Ultras – Ça fait 10 jours que la course a eu lieu et je n’ai pas eu l’occasion d’en parler. Pourtant, durant la fin de semaine du Marathon de Montréal, mes pensées étaient non pas ici, mais bien dans un coin perdu de l’état de New York. Comme le temps était frais et pluvieux par chez nous, je me disais que ça devait être la même chose là-bas. En plus, avec le principe du double aller-retour pour le 100 milles, pas difficile d’imaginer que l’état des sentiers devait se détériorer à vue d’oeil à mesure que la journée (et la nuit) avançait.

Nous étions en mode “ménage” à la maison, car nous avions fait des rénos et elles étaient terminées. Est-ce qu’il y a une meilleure façon d’avoir la tête ailleurs que faire du ménage ?  J’en étais pathétique: j’allais voir les mises à jour sur le site de l’événement aux 30 minutes, question de suivre l’évolution de nos coureurs québécois. J’ai vite constaté, à voir les temps de passage, que certains d’entre eux couraient ensemble.

La course a été difficile. Très difficile. Sur 66 au départ du 100 milles, ils étaient seulement 18 à l’arrivée. Plusieurs se sont arrêtés à la mi-parcours, obtenant ainsi un classement officiel pour la course de 50 milles qui se déroulait en même temps. Le gagnant, James Blandford, est un habitué des courses dures: c’est lui qui a remporté le Massanutten en mai. Les Québécois ne sont pas demeurés en reste. Joan a terminé en excellente 3e position; son récit de course est du bonbon, à ne pas manquer (me croirez-vous si je vous dis qu’il est rentré au travail en courant deux jours plus tard ?!?  T’es une machine, Joan !). Le toujours souriant Pierre Lequient a quant à lui fini 4e et Pierre Arcand, 6e. Quant à Pat, il s’est arrêté après une soixantaine de milles. Il nous raconte son expérience ici. Cette lecture m’a beaucoup fait réfléchir.

Record du monde à Berlin – Berlin a la réputation d’être un marathon ultra-rapide. Je ne sais pas ce qui se passe là-bas, mais les records du monde y tombent comme des mouches. Je suppose que le parcours est très plat, mais il y a certainement autre chose. Est-ce le climat ?  Le bitume ?  Le fait que les pacers engagés par l’organisation sont de très haut niveau ?

En tout cas, le Kenyan Wilson Kipsang y a réussi dimanche une course parfaite et a fait éclater le record du monde: 2:03:23, soit 15 secondes de mieux que l’ancien record de Patrick Makau. Kipsang est un coureur établi qui avait failli s’emparer du record en 2011 en faisant 2:03:42 à Francfort. Gagnant à Londres en 2012, il avait raté sa chance aux Jeux olympiques trois mois plus tard: il était l’un des deux Kenyans à s’être fait jouer un vilain tour par l’Ougandais Stephen Kiprotich dans les derniers kilomètres.

À Berlin, il a réussi une course parfaite. Se tenant à l’arrière du peloton de tête amené avec vigueur par deux pacers de très haut calibre, il a conservé un rythme constant du début à la fin. En effet, ses splits sur 5 km ont varié de 14:27 à 14:48 (non mais, comment ils font pour aller à une telle vitesse bout de sacrament ?!?). Du grand art.

Seul bémol: un tata qui a décidé de faire une pub pour un site de prostitution et qui a réussi à se faufiler pour franchir le fil d’arrivée juste devant Kipsang. Donc, pas de photo d’arrivée triomphale pour le nouveau recordman du monde. Dommage.

Record de parcours au Vermont 50 – Celle-là m’a fait énormément plaisir. Ma course préférée, à laquelle je ne pouvais pas participer alors qu’il faisait un temps splendide, a été remportée par David Le Porho. Le sympathique David a donné une véritable leçon de course à Brian Rusiecki, le vainqueur de l’année passée, en établissant un record du parcours (6:09:31 !) et laissant ce dernier 24 pleines minutes derrière lui.

Au cours d’une conférence à laquelle j’ai assisté récemment, David a dit être en préparation pour sa première course de 100 milles. La course visée ?  Le Western States 100, rien de moins. Comme il est très rapide (il a fait 2h21 sur marathon cet été) et qu’il n’est pas du genre à s’embarquer dans un projet à la légère, je ne parierais pas contre lui. Je pense que les chances qu’on le voit à St-Donat l’an prochain sont plutôt minces. 😉

En début de saison, j’ambitionnais de compétitionner avec les meilleures femmes lors du VT50. En effet, Amy Rusiecki (oui, la femme de l’autre) avait gagné en 8h18 l’an passé, soit 24 minutes de mieux que moi. Je me disais qu’avec un entrainement plus poussé en côtes et une meilleure gestion des ravitaillements, peut-être que… Or cette année, elle est descendue sous les 8 heures… mais ce n’est pas elle qui a gagné. C’est plutôt Aliza Lapierre qui a fait un temps-canon de 7:01:08.  Définitivement que j’aurais eu à réviser mes ambitions à la baisse !

Augmentation des mesures de sécurité à New York – Ça fait des semaines que les New York Road Runners m’envoyaient des courriels de schnoutte. De la pub pour leurs autres courses, des promos à la noix, des sondages, etc. Puis est arrivé le courriel que nous attendions en espérant ne jamais le recevoir: celui à propos des nouvelles mesures de sécurité.

On voit immédiatement les effets post-Boston 2013. En gros, on nous dit que tous les sacs à dos risquent d’être fouillés, que les spectateurs doivent se préparer à de longues files d’attente, que l’aire des retrouvailles risque d’être très difficile d’accès et qu’il serait préférable de donner rendez-vous à ses proches ailleurs (ha oui, où ça ?  À la Statue de la Liberté ?). À ça s’ajoute une longue liste d’articles qu’il sera interdit pour nous coureurs de transporter. Il y en a des évidents: couteaux, armes-qui-n’en-sont-pas-mais-qui-pourraient-l’être (genre un marteau), armes à feu (duh !), etc. Mais il y a aussi des articles qui pourraient être utiles en course qui seront interdits. Les vestes d’hydratation, par exemple. Honnêtement, celle-là me dérange un peu plus car j’avais jonglé avec l’idée d’utiliser la mienne au lieu de ma ceinture. Maintenant, comme il y a des points d’eau à chaque mille, je pense sérieusement à faire comme tout le monde: courir avec rien. Ce serait une première pour moi.

Mais malgré toutes ces belles précautions, dans ce genre d’événement, on ne peut pas tout prévoir. Juste à voir comment un nono a réussi à s’infiltrer en fin de parcours à Berlin…

Pendant ce temps-là, du côté du blessé… – Le Grand Blessé a reçu son traitement d’ostéo vendredi dernier. Toujours le même problème: mes muscles sont trop contractés, alors les tendons sont sollicités en permanence. Et les douleurs finissent par se pointer…

Le remède ?  Repos (pas facile !), étirements (ça semble marcher) et massages. Suite au traitement, j’ai reçu l’ordre de me reposer au moins 48 heures, le temps que ses manipulations fassent effet. Pour une fois, j’ai écouté, me contentant de marches comme exercice durant la fin de semaine. Puis lundi, à vélo, je suis parti pour la première fois sans ma Garmin, question de mettre toutes les chances de mon côté pour y aller vraiment mollo. Car je me connais, quand je vois une vitesse affichée qui ne fait pas mon affaire, je pousse toujours un petit peu…

Mardi, retour à la course. Encore là, relaxe: 15 km que j’ai faits à 4:25/km de moyenne pour entrer au travail. Les genoux ont tenu le coup, mais ça faisait vraiment bizarre de terminer avec un sentiment du style “il me semble que j’aurais pu aller pas mal plus vite…”. Pas habitué à ça, le monsieur. Aujourd’hui, c’était encore le mollo-vélo et demain, un autre 15 km. En espérant que ça tienne encore…

Une grosse fin de semaine de course

Aujourd’hui, c’était la journée « En ville sans ma voiture ». Alors qu’ai-je fait ?  J’ai pris ma voiture pour rentrer en ville et me stationner au pied du Mont-Royal en vue de ma dernière randonnée dans la montagne de la cité pour cette année. Que voulez-vous, j’ai un petit peu l’esprit de contradiction et j’ai horreur de me faire dire quoi faire…

Bon, changement de sujet. C’est encore arrivé cette semaine: un collègue m’a demandé si je faisais le marathon ce week-end. À peu près tout le monde qui me connait le sait: je suis un coureur. Mais ceux qui ne me connaissent pas beaucoup (et/ou ne me lisent pas !) ignorent que j’entretiens un rapport complexe d’amour-haine avec le Marathon de Montréal. J’en ai parlé de long en large l’an passé, alors je n’y reviendrai pas. Mais en bref, malgré la proximité, donc le fait que la veille de la course, on dort (ou pas) dans son lit, qu’on mange « sa » nourriture, je passe encore mon tour cette année. De toute façon, le Vermont 50 était prévu pour la semaine prochaine et je ne voulais pas faire les deux.

Donc, comme l’an passé, je serai au mont St-Bruno quand le départ sera donné. Je serai avec vous en pensée, chers coureurs. J’ai quelques amis et connaissances qui y seront et il est certain que je vais suivre vos exploits de près dès que les résultats seront disponibles. Je vous souhaite la meilleure des chances et surtout, beaucoup, beaucoup de plaisir !

Tant qu’à suivre des courses à distance, il y en aura une autre qui attirera mon attention, encore plus que notre marathon: le Virgil Crest Ultra. Très difficile avec ses 22000 pieds de dénivelé positif (et autant dans le négatif), cette course de 100 milles fait partie de ma bucket list. Je ne sais pas quand je la ferai, mais ça va arriver, c’est certain.

Quelques Québécois y seront cette année, dont mes followers Joan et Pat (dont je suis également les blogues respectifs, ici et ici). Le départ sera donné demain matin à 6 heures et ce ne sera probablement pas avant le lever du soleil dimanche que nos amis termineront leur long périple dans les sentiers de l’état de New York. Bande de chanceux… Allez les gars, on est avec vous !  🙂

L’air bête

“Ça va pas, hein ?”

Dimanche matin , nous étions dans la voiture. Nous avions un pique-nique avec des collègues de travail et c’est là que nous nous rendions. Quand ça fait 26 ans qu’on est avec la même personne, dont les 23 dernières à vivre ensemble, disons qu’on n’a pas besoin de se parler pour se comprendre.

“Non.”

Depuis la veille, je n’avais qu’une seule chose en tête: mon foutu genou. Et toutes les questions que cette blessure apporte avec elle.  Vais-je pouvoir être au Harricana ?  Au Vermont 50 ?  À New York ?  Vais-je seulement courir à nouveau ?  Quand ???

Et la douleur à la hanche/dos/fesse… Merde, tout allait bien de ce côté avant que Sophie y touche. Est-ce récupérable ?  Ai-je des dommages ?  Moi qui n’avais jamais cru à la chiropractie, j’en étais devenu un fervent défenseur. Plus maintenant. Le doute s’est installé. Et le lien de confiance, à défaut d’être rompu, s’est un peu fragilisé.

Ça fait que je traine un maudit air bête à longueur de journée. Et Barbara qui est tellement compréhensive… Elle pourrait bien me sermonner, me dire que sa situation est 1000 fois pire que la mienne (elle aurait raison), mais non. Elle sait à quel point j’ai besoin de courir pour me sentir bien. Me sentir libre. Me sentir moi-même. Quand on parle de soutien de la part de sa conjointe…

J’essaie de me dire que ce n’est pas la fin du monde, que je ne suis pas le premier à passer par là. Je m’encourage en pensant à Pat qui a été sur le carreau pendant des semaines au printemps, puis qui a réussi à se taper deux courses de 100 milles presque coup sur coup. S’il a réussi à se rétablir à temps, pourquoi pas moi ?  Surtout que les courses que j’ai au programme sont pas mal moins longues que les siennes…

Je pense aussi à ces coureurs professionnels qui ratent des marathons importants pour cause de blessures. Eux, c’est leur job, leur gagne-pain. Moi, c’est juste un passe-temps. Des courses, dans le pire des cas, il va y en avoir d’autres, non ?  Aussi, je suis encore capable de pédaler sans douleur (ou presque). Hier, j’ai fait 60 km, ma plus longue randonnée de vélo depuis des années. Si au moins je peux garder le cardio intact, en attendant…

Mais tout ça, c’est seulement de la belle rationalisation. La réalité, c’est que je me sens comme un pur-sang enfermé dans son enclos. Je piaffe d’impatience, rue dans les brancards (je commence à comprendre d’où viennent ces expressions-là). J’ai fait quelques appels aujourd’hui. J’ai pris un rendez-vous avec une ostéopathe dont on me dit énormément de bien. Elle est spécialisée dans le genou et va certainement m’aider pour ma hanche. J’ai aussi contacté des spécialistes en médecine sportive: pas de place avant octobre !  C’est que je devrais normalement avoir fait deux ultras d’ici là, moi…

Bon, pour se changer les idées un peu, petit mot sur le Vermont 100. Un coureur de chez nous s’est  illustré: Sébastien Roulier, qui en était à sa première course de 100 milles, a terminé en septième position et ce, seulement deux semaines après nous avoir fièrement représentés aux championnats de monde. Toutes mes félicitations Seb !  🙂

Il semblerait toutefois que la course a été très difficile cette année, probablement à cause de l’humidité. En tout cas, le taux d’abandons a été élevé et certains ultrarunners aguerris n’ont pas été en mesure de terminer, alors ça donne une bonne idée.  J’y avais d’ailleurs pensé durant les jours de chaleur accablante que nous avons subie la semaine dernière et j’y songe de plus en plus sérieusement: peut-être (advenant que je puisse recommencer à courir un jour ;-)) que finalement, le Vermont 100, ce n’est pas une bonne idée pour mon premier 100 milles. Comme je tolère très mal la chaleur quand je cours (en fait, je la tolère mal tout le temps: je porte des chemises à manches courtes à longueur d’année), je devrais peut-être m’orienter vers des courses à l’automne.

Dans ma mire: Haliburton Forest (Ontario) en septembre, Virgil Crest (New York) aussi en septembre et Oil Creek (Pennsylvanie) en octobre. Les deux premiers sont de type double aller-retour d’un parcours de 25 milles alors que le troisième est constitué d’une boucle de 50 km à faire trois fois suivi d’une “mini-boucle” de 11 km. J’opterais probablement pour ce dernier, mais j’ai encore bien du temps pour y penser.