Le tapis

Petit voyage pour le travail (duh !) à la centrale La Sarcelle en début de semaine. C’est où ça ?  Pour vous donner une idée, nous avons atterri à Nemiscau, à une heure d’avion au nord de Rouyn (oui, il y a de la vie au nord de Rouyn !), avons fait 75 km sur un chemin de terre pour atteindre Eastmain, puis un autre 110 km (toujours sur un chemin de terre et toujours vers le nord, bien évidemment) pour rejoindre le campement de la centrale. Loin vous dites ?

Aeroport Nemiscau

L’immense aéroport de Némiscau

L’hiver québécois ne finissant plus de finir cette année, vous pouvez imaginer qu’il n’est pas en reste dans le nord. D’un agréable -12 degrés bien secs à notre arrivée, le mercure est allé lorgner du côté des -30 au cours des 48 heures qui ont suivi.

Espérant une fenêtre de temps libre pour insérer une petite sortie de 12-15 km durant notre séjour, j’avais amené le nécessaire pour la course en hiver. Peine perdue. Bien que les 10-11 km séparant le campement de la centrale constitueraient dans d’autres circonstances un merveilleux terrain de jeux pour le coureur, on ne peut pas dire que les astres étaient alignés pour que je puisse assouvir ma passion.

La Sarcelle

Petite vue du campement de La Sarcelle.  Ça donne le goût de courir, pas vrai ? 😉

 

En effet, les journées de travail sont longues quand on est en essais. De plus, il y avait les horaires très rigides de la cafétéria du campement, le froid, la noirceur, la non-connaissance de l’environnement, les loups (!), le fait qu’il y ait très peu de voitures (je devrais plutôt dire, de pickups) qui passent dans le coin et quand ils le font, c’est à tombeau ouvert; bref, plein de bonnes raisons qui m’ont forcé à faire ce que je ne fais jamais: me rendre à la salle d’entrainement pour aller courir sur un tapis roulant. J’avais prévu le coup, ayant inséré une paire de shorts dans mes bagages, au cas où…

En partant, je n’étais pas dans mon meilleur état, ayant terminé mon repas du soir à peine 60 minutes auparavant. Mais pas le choix, le “gym” fermait à 21h30 et il était déjà 20h, alors…

Bref, je suis arrivé dans la salle d’exercice et j’y ai découvert un bel assortiment d’instruments de torture: vélos stationnaires, machine “elliptique” et tout près de la télé accrochée au mur, 3 merveilleux tapis roulants.

J’entends déjà d’ici le monde s’exclamer: “Tu parles d’un ingénieur !”, mais c’est un fait: la technologie et les pitons, ça m’emmerde. Le temps que je gosse après ces patentes-là, je le perds à ne pas faire quelque chose de plus intéressant. Alors quand j’ai vu l’infinité de possibilités qui se présentaient à moi pour régler le tapis que j’avais choisi, je dû réprimer quelques jurons (bah, j’exagère un peu…).

Pèse sur le piton “Start”, ça commence. Bon, ça ne va pas assez vite. La flèche vers le haut je suppose ?  Ouais, ça marche. Encore la flèche ? Ouais. Mais à quelle vitesse je vais, donc ?  Celle indiquée, elle est en mph (miles per hour), je suppose ?  C’est qui l’imbécile qui met la vitesse d’un coureur en milles à l’heure ?  Je joue avec le piton des unités et une vitesse en km/h semblant correspondre un peu à ma cadence se présente à l’écran. Ok, c’est peut-être ça..

Au bout de quelque temps, je me suis mis à courir sans tenir la barre devant moi. Mes Montrail frappaient le tapis avec une belle régularité. Ce n’était pas si mal, finalement… Puis, au bout de même pas 5 minutes, je me suis rendu compte que je ne faisais que fixer les indicateurs de temps et de vitesse et que surtout… je m’emmerdais. Et solidement à part ça. La télé jouait à tue-tête un épisode d’une série poche à Série Plus, ce qui faisait que je m’emmerdais doublement. En plus, comme je ne suis pas habitué à ces machins-là, j’ai vite remarqué que je ne tenais pas une ligne droite et que je m’approchais souvent des bords du tapis. Je m’imaginais prendre la débarque de ma vie sans que personne ne vienne à mon secours.

Au bout de 15 minutes, ras-le-bol. Piton “Stop”. En débarquant du tapis, j’ai ressenti un petit étourdissement, semblable à ceux que je ressentais quand je faisais du vélo stationnaire. Étourdissements jamais agréables. Autre raison de ne pas aimer ces tapis-là.

Ok, tout d’abord changer de poste à la télé. Je ne suis pas amateur de hockey, mais ça allait faire pour ce soir-là. Puis, comme je n’avais rien pour boire (je me voyais mal arriver au gym avec ma veste d’hydratation), je suis allé à la buvette, puis suis revenu, rempli de bonnes intentions.

Piton “Start”, petite flèche vers le haut et c’était reparti. Même pas 5 minutes de “course” que l’ennui m’a repris. Et mon estomac qui me rappelait qu’il était encore bien rempli de mon souper. Moi, avoir des rapports au goût de brochettes quand je cours… Aussi, j’étais maintenant complètement détrempé, la sueur coulant de tous les pores de ma peau et probablement d’ailleurs aussi. Ha, faire du cardio à l’intérieur, quelle joie !  En plus, comme je n’avais pas vu de hockey depuis les Jeux de Sotchi, je trouvais la partie qui se jouait devant moi d’un ennui mortel. Décidément…

Autre arrêt pour prendre de l’eau (et autre étourdissement aussi désagréable que passager), puis je suis reparti, encore moins motivé. J’avais presque 30 minutes de faites, ce serait assez, non ?  J’ai alors commencé à m’intéresser aux “programmes” offerts, question d’essayer de me distraire un peu. Il y en avait une panoplie, mais si je voulais en faire un, je devais programmer le tout. Encore des maudits pitons à gosser, grrrr !

J’ai fini par en choisir un avec intervalles courts et surtout, par comprendre que c’était moi qui décidais la vitesse desdits intervalles. Je me suis donc retrouvé (si j’ai bien compris) à alterner des 2 minutes à 15.1 km/h avec des 2 minutes à 13 km/h. J’avais trouvé quelque chose qui m’allumait un peu, enfin !

Autour de 21h10, j’ai décidé que c’était suffisant. Toujours trempé à lavette, j’ai eu une pensée pour les addicts du gym qui se vantent de suer à profusion lors de leurs séances d’entrainement. Ma réponse la prochaine fois que j’en entendrai un chanter ses louanges ?  « Ouin, pis ? »  Je n’ai vraiment pas eu l’impression de me défoncer ce soir-là et pourtant, je pouvais tordre mes shorts tellement elles étaient imbibées d’eau, alors…

Mon « bilan » de l’expérience ?  Plus jamais !  J’ai détesté être enfermé, ne pas pourvoir respirer l’air du dehors, devoir regarder la télé en courant parce que ce que je faisais était d’un ennui mortel. Chapeau bien bas à tous ceux qui réussissent à s’entrainer régulièrement sur de tels machins !  Dans un autre sens, c’était mieux faire ça que ne rien faire du tout.

Je reconnais que pour faire des intervalles, c’est une machine parfaite car elle oblige le coureur à suivre les cadences préprogrammées, ce qui est une bonne chose, surtout pour quelqu’un comme moi qui ai une légère tendance à y aller trop fort durant la période de récupération. Mais c’est loin d’être une raison suffisante pour que j’envisage l’achat d’un tel bidule. Au grand plaisir de ma tendre moitié d’ailleurs !  🙂

Les petites vites de février

Les courses au grand froid. Plusieurs d’entre nous courons, hiver comme été. Il est donc normal qu’il y ait des compétitions à longueur d’année… et pas seulement à l’intérieur. Ainsi donc, c’est dimanche qu’avaient lieu le Winterman Marathon à Ottawa ainsi que le Demi-marathon hypothermique au parc Jean-Drapeau.

Comme j’en ai déjà glissé un mot, ces épreuves me font toujours un peu peur à cause… du froid, bien évidemment !  De plus, je ne peux être certain pour le Winterman, mais je sais que les îles Ste-Hélène et Notre-Dame sont très exposées au vent et il peut être assez pénible merci d’y courir quand le dieu Éole est de la partie.

Et la journée de dimanche n’est pas demeurée en reste du côté météo, avec une température de -15 degrés et un vent autour de 30 km/h. Ajoutez à ça l’humidité omniprésente en plein milieu du fleuve et j’en ai les frissons juste à y penser. Je sais, on a connu pire cet hiver, mais quand on est à l’entrainement, on a toujours l’option d’arrêter pour se réchauffer ou tout simplement retourner à la maison. En course, ce n’est pas la même chose.

Bref, toutes mes félicitations aux participants, j’ai eu une pensée pour vous pendant que je courais dans les rues enneigées de ma petite banlieue.

La demande est-elle suffisante ?   Les ultramarathons en sentiers, c’est quelque chose de relativement nouveau au Québec. L’Ultimate XC de St-Donat et le XC de la Vallée font figures de pionniers et pourtant, ces épreuves n’existent que depuis quelques années. En 2013, d’autres épreuves ont fait leur apparition, je pense entre autres à la Chute du Diable (50k), à l’UT Harricana (65k) et au Tour du Massif des Falaises (50k).

Déjà, on se retrouvait avec une quantité non-négligeable d’épreuves, assez pour satisfaire l’apprenti ultramarathonien en tout cas. Or, voilà que pour 2014, d’autres épreuves ont fait leur apparition:

  • L’Estrie 50, une course de 50 milles qui empruntera une partie des Sentiers de l’Estrie
  • À St-Donat, une course de 120 km a été ajoutée, sur “invitation” pour cette année, mais sur “qualification” à partir de 2015
  • La Pandora 24, une course de 24 heures qui se déroulera dans les mêmes sentiers que le Tour du Massif des Falaises
  • La Chute du Diable a ajouté une épreuve à sa liste: un 80 km
  • L’organisation de l’UT Harricana offre également un 80 km aux coureurs cette année
  • La Trans Gaspésia, une course par étapes de 260 km
  • J’ai entendu entre les branches qu’il y aurait également un ultra organisé à Bromont cet automne

À mon humble avis, ça fait beaucoup de courses pour un bassin de coureurs relativement réduit. En comparaison, bien que la course sur route demeure beaucoup plus populaire, il n’y a toujours que 4 “vrais” marathons au Québec. On estime qu’il y a environ 300 ultramarathoniens ici, chiffre que je trouve réaliste car même si je cours en sentiers depuis seulement deux ans et n’ai pas fait beaucoup de courses, j’ai l’impression de revoir les mêmes visages à chaque fois. Bref, je m’interroge à savoir si la demande est vraiment là pour une telle quantité d’épreuves… En tout cas, on le souhaite très fort !

Les intervalles.  J’en ai glissé un mot l’an passé, je trouve le Marathon de Boston bien mal placé dans le calendrier. En effet, toujours cédulé le troisième lundi d’avril, il exige que les coureurs fassent la majeure partie de leur entrainement en plein hiver.

Question: avez-vous déjà essayé de faire des intervalles en hiver ?  L’air arctique qui gèle les poumons, on peut s’y faire, mais la neige qui nous fait spinner ?  Et la glace qui transforme chaque virage en entreprise périlleuse ?  D’ailleurs, les experts recommandent de ne pas faire d’intervalles à l’extérieur en hiver, mais plutôt de s’y astreindre soit sur une piste intérieure, soit sur un tapis roulant. Comme aucune de ces solutions ne m’enchante vraiment (je sais, j’ai tourné en rond pendant presque 4 heures dernièrement, mais c’était dans le cadre d’une compétition, bon !), je me retrouve à ne pour ainsi dire pas faire grand chose pour améliorer ma vitesse, à part quelques sprints ici et là, quand la surface le permet. Je me suis aussi lancé dans la neige folle jusqu’aux mollets samedi dernier, m’époumonant à avancer à 6:00/km. Je ne sais pas si ça a aidé, mais c’était bien amusant !

Les côtes. Elles sont essentielles en prévision de Boston, le foutu parcours n’étant jamais plat. Monte, descend, monte descend… Mais bon, il n’y a pas vraiment de côtes dans mon coin et j’hésite toujours à trop m’éloigner de la maison quand il fait froid… Bref, un déménagement à Vancouver commence presque sérieusement à être envisagé !  😉

Le talon. Selon les théories à la mode ces dernières années, la cause principale des blessures répétées chez les coureurs serait… le coussinage trop épais des chaussures de course. En effet, l’être humain serait mécaniquement constitué pour courir. Durant la préhistoire, il pourchassait ses proies sans relâche, en courant pieds nus. Avez-vous déjà couru pieds nus en atterrissant sur le talon ?  Ouch !

Pourtant, c’est ce que l’absorption hors norme que nous procurent les chaussures modernes nous incite à faire. Et à la longue, cette mauvaise habitude finirait par créer des problèmes au niveau musculo-squelettique. Depuis que je cours, je n’ai jamais senti que c’était mon talon qui touchait le sol en premier, j’avais plutôt l’impression que chaque partie de mon pied faisait contact avec le sol en même temps que ses congénères. En regardant mes souliers, je me disais même que je devais faire le tout correctement car le devant de la semelle était toujours la partie qui usait en premier.

Or, les photos du marathon intérieur m’en ont donné un premier aperçu, puis j’en ai eu la confirmation en regardant plus attentivement les semelles de mes souliers de route: à chaque foulée, le premier contact de mes pieds avec le sol se fait par l’extérieur du talon. Pas que l’impact se fasse directement sur le talon, mais disons que ma foulée n’est pas optimale. Si je ne veux pas me retrouver sur les lignes de touche de façon permanente d’ici quelques années, je dois essayer de changer ça. Quand ça fait des années qu’on court d’une façon, et qu’on est rendu dans le milieu de la quarantaine, plus facile à dire qu’à faire.

Mardi de la semaine passée, je pense que je “l’avais”: corps penché légèrement vers l’avant au niveau des chevilles, je combattais constamment la gravité pour garder mon équilibre. Je sentais les quads qui travaillaient, qui me propulsaient vers l’avant sans effort particulier. Et je volais littéralement. Les premiers 5 km ont été avalés en 20:05. Pourtant, les 3 derniers étaient avec vent de face et je me suis tapé la montée vers l’écluse sur ces 5 km. Je n’en revenais pas. C’était si facile, ça allait tellement bien…

Puis je l’ai “perdu”, quelque part dans la neige deux jours plus tard. Pas facile d’utiliser seulement le bout du pied pour se propulser quand ça spinne. Mais je vais le retrouver, je le sens !

Le vent… et la neige !

De retour après quelques jours qui ont été plutôt occupés…

Conditions idéales pour courir, la semaine dernière, n’est-ce pas ?  Des vents de 40-50 km/h avec des rafales à 70, quoi demander de mieux ?  😉

Ça m’a rappelé une petite anecdote. Nos voisins sont des grands amateurs de cyclotourisme. Lui en particulier, il adore tout ce qui touche au vélo: équipement, mécanique, voyages. Il agit souvent comme bénévole au Tour de l’Île et comme accompagnateur lors des voyages organisés par Vélo-Québec. Un jour, avant qu’ils partent tous les deux faire la Hollande à vélo, un autre cyclotouriste les a bien avertis: il y a beaucoup de vent en Hollande, vous allez en arracher.

À son retour, quand je lui ai demandé comment ça s’était passé, il m’a simplement répondu: “Bof, vraiment rien d’exceptionnel, leur vent. Quand on vit en Montérégie…”

Mais bon, des rafales à 70 km/h, c’est un peu hors norme, même pour nous Montérégiens. Des intervalles là-dedans ?  Oubliez ça. Je me suis dit que tant qu’à prendre des mauvaises habitudes de course et à sacrer, aussi bien utiliser mon temps d’entrainement plus intelligemment. Donc mardi dernier en fin d’après-midi, j’ai mis le cap sur le mont St-Bruno. Je me disais que la montagne et les arbres atténueraient un peu les effets du vent, que les côtes remplaceraient les intervalles et en plus, avec une boucle de 3.6 km autour du lac Seigneurial, j’alternerais souvent vent favorable/défavorable.

Ce fut probablement la meilleure idée que j’ai eue depuis fort longtemps. Il y avait du vent, oui, mais bien moins que sur le bord du fleuve. La neige avait presque entièrement fondu, le chemin était dans un bon état à part à quelques endroits. Et en prime, comme j’arrivais à la fin de ma course, quatre superbes chevreuils étaient là, semblant m’attendre. Puis trois autres se sont pointés alors que je faisais mes étirements. Dire que j’aurais pu être pris à pester contre le vent dans mon récréo-parc…

J’ai donc remis ça jeudi, vu que le vent avait décidé qu’il continuait à souffler en débile. Et je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je pétais le feu. Pas de chevreuil à l’arrivée par contre. On ne peut pas tout avoir…

Je me suis rendu compte d’une chose lors de ces deux jours: définitivement que je suis fait pour la course dans le bois. C’est tellement différent. On se sent en communion avec la nature, on ne passe pas son temps à vérifier la cadence, on se “contente” de s’amuser à courir. Et je n’étais pas vraiment dans le bois, alors imaginez… Vivement que Boston passe pour que j’y retourne !  🙂

En attendant, il a bien fallu que je retourne à la route en fin de semaine. Je ne sais pas si ce sont mes deux sorties de la semaine qui m’ont donné du tonus, mais samedi a été ma plus rapide de l’année. Dimanche, avec le vent qui était revenu de plus belle (combiné avec la fatigue relative suite à la course de la veille), a été plus lente, mais ce n’était vraiment pas grave: c’était la dernière vraie journée d’entrainement. D’ailleurs, j’ai toujours de la difficulté avec la dernière fin de semaine précédant un marathon. La combinaison 13-16 km est pas mal plus courte que ce dont je suis habitué et je me sens bizarre à chaque fois. Il me semble que je n’en fais jamais assez…

Imaginez cette semaine: après un 10 km relaxe tantôt, ce sera un autre jeudi, puis… plus rien ! Peut-être aller travailler à vélo demain et c’est tout. C’est ça, le tapering. Je sens que je vais avoir la bougeotte dimanche, moi…

Bon, il ne nous reste plus qu’à prier pour que la neige annoncée vendredi tombe sous forme liquide. De la neige à la mi-avril, ils veulent rire de nous ou quoi ?  Dire qu’il faisait 30 degrés au départ du marathon l’an passé…

Boston, le mal placé

C’est le rêve de tout marathonien. Tout le monde connait cette course mythique et même les non-coureurs savent qu’on ne peut pas y participer autrement qu’en se qualifiant. Quand on commence à courir, c’est notre Everest: se qualifier pour Boston.

À mes débuts, le standard que je devais atteindre était 3:15:59. Wow, impossible… Mon but a d’abord été de faire un “demi-Boston”, soit tenir la vitesse désirée sur un demi-marathon. Je n’ai atteint cet objectif qu’une fois rendu à 40 ans, en faisant 1h34 sur un demi. Prochain objectif: l’avoir pour vrai.

C’est arrivé l’année suivante, à Mississauga. Mais bon, je n’ai pas été admis, mais je me suis repris l’an passé à Ottawa et serai à Boston cette année. Sauf qu’il y a un détail que je n’avais pas considéré pendant toutes ces années: la date.

Le Marathon de Boston se tient toujours le troisième lundi du mois d’avril. Or, pour nous qui vivons dans les pays nordiques, c’est à peine un mois après la fin de l’hiver. Comme un entrainement pour un marathon s’échelonne habituellement sur 3 ou 4 mois, nous n’avons pas le choix: nous devons absolument nous entrainer durant la saison froide.

Or, ça s’avère parfois difficile (j’en ai peut-être déjà glissé un mot)… La neige, la glace et les journées courtes font en sorte qu’il est difficile de faire du travail de vitesse. En effet, le coureur craint toujours de glisser et de se planter, alors il est plus prudent. En plus, pas facile de bien voir le GPS et suivre sa progression quand le soleil est couché à partir de 17 heures. Et je ne parle pas de la neige… Pour ma part, ce n’est que la semaine dernière que j’ai vraiment commencé les intervalles, soit moins de six petites semaines avant la course. Avant ça, je faisais du fartlek ou quelque chose du genre: je me donnais un objectif au loin (une pancarte, un poteau, une maison, etc.) et sprintais jusque là. Et ça, c’était quand la surface le permettait. C’est mieux que rien, mais ce n’est pas l’idéal.

Pour ce qui est du travail en côtes, on a un peu le même problème. Les montagnes environnantes (monts Royal et St-Bruno) sont difficilement praticables à la course en hiver. On n’a pas tous la chance d’habiter Sherbrooke… Or, je l’ai constaté l’an passé, faire des côtes, c’est très payant et en plus, il semblerait qu’il faut se préparer parce qu’il y en a trois belles vers la fin du parcours à Boston.

Bref, je me suis déjà demandé pourquoi le taux de “requalification” au Marathon de Boston n’était que de 46%. Je pense en avoir une réponse à tout le moins partielle ici: sa situation dans le temps qui “empêche” certains participants de se présenter au départ dans la forme optimale qu’ils avaient le jour où ils ont finalement réussi leur exploit personnel.

Ceci dit, je suis tout de même optimiste. Je sais, je suis déjà qualifié pour 2014 et je ne compte même pas participer de toute façon. Mais je veux me requalifier, c’est mon premier objectif. C’est comme une question de principe, une façon de “valider” ma présence là-bas. Après ça, j’aimerais bien faire mieux qu’à Ottawa. Mon record personnel ? Je n’y pense même pas.

Et puis, il ne faut pas oublier que tout peut arriver côté conditions, Il faisait 30 degrés  (!) au départ l’an passé. Dans un cas pareil, les objectifs…  D’ailleurs le taux de requalification avait chuté dramatiquement.  De toute façon, je cours depuis assez longtemps pour savoir qu’il faut être prêt à faire face à n’importe quoi !

Un premier aperçu de l’hiver

Mardi 16 octobre,  quoi de mieux qu’une bonne course après une journée de formation ?  Il était à peu près 18h quand je me suis élancé. Le temps était frais, mais tout de même agréable: je portais des shorts et un combiné t-shirt-coupe-vent pour le haut du corps. Rien d’hivernal comme conditions, mais je l’ai tout de même vue se pointer, la saison maudite.

Avant, l’hiver me dérangeait un peu, mais sans plus. Mais depuis que je cours, j’HAÏS l’hiver. Le froid ?  Pas de problème, il y a des vêtements pour ça. Mais la tab… de m… blanche…  L’enfer !  Elle a le don de se transformer en « cassonade », une espèce de neige sale à la texture du sable du désert: complètement impraticable. Le coureur se retrouve à la merci des déneigeurs, qui dégagent généralement les pistes cyclables en dernier. Les rues rétrécissent, s’emplissent d’eau.  Ou de glace. Des fois, je me dis qu’il faut vraiment vouloir…

Mais bon, quel rapport avec mardi dernier ?  Bien voilà: il faisait un vent à écorner un boeuf et le soleil était sur le point de se coucher. Dans quelques minutes, il allait faire noir. Comme en hiver. Avec un tel vent, par température fraîche, je me devais donc de faire la première moitié de mon trajet avec le vent dans la figure. Comme en hiver. Le vent étant presque toujours de l’ouest, je devais donc me diriger vers le quartier industriel. Comme en hiver.

C’est dans ce merveilleux état d’esprit que je suis parti, avec l’idée de faire des intervalles. Mais comment surveiller sa progression quand il fait noir et qu’on ne peut pas voir son GPS, hein ?  J’avais beau essayer de regarder en passant près des lampadaires, c’était peine perdue: je ne voyais rien. J’ai donc décidé de faire des intervalles « patentés », c’est-à-dire me fixer sporadiquement des objectifs au loin (genre pancartes de signalisation routière ou une intersection en particulier) et sprinter jusque là. Après un certain temps, mon coeur voulait sortir de ma poitrine et je crachais mes poumons. Bon, j’avais un peu atteint mon but…

Après 8 km, j’ai arrêté mon manège… pour lancer un dernier sprint avant le 10e km. Tout juste sous les 41 minutes pour 10 km, c’était très satisfaisant dans les circonstances. Je me suis arrêté pour reprendre mon souffle, me disant que j’allais prendre ça relaxe pour terminer. Bien sûr… Au final, 16 km à 4:06/km de moyenne. Ma pointe de vitesse revient, on dirait.

Mais ce que j’ai surtout retenu, c’est de profiter des dernières semaines avant la saison froide. Parce que je n’ai pas fini d’affronter le vent sur St-Laurent et de voir le parc industriel moche de ma petite ville de banlieue…

Fallait bien que ça finisse par arriver

Avant de commencer, petit correctif sur mon dernier post. Antoine n’a pas complété 5 marathons, mais plutôt 7. Sauf que les faits que je vous relatais étaient bel et bien véridiques: lors de son cinquième marathon, à Montréal en 2009, il a été photographié montrant le nombre « 8 » avec ses doigts. Mais en 2010, il a fait coup sur coup les marathons de Québec et de Montréal, ses 6e et 7e.  On ne trouve rien d’autre sur les différents sites de chronométrage. Donc, il pense probablement qu’il a fait (au moins) 10 marathons, mais en fait, il en a 7 au compteur. Petite précision que je voulais apporter.

Bon, histoire de la fin de semaine maintenant. Je dois l’avouer, j’étais (presque) en extase quand j’ai vu la météo: des nuits entre 11 et 13 degrés !?  Et des journées entre 22 et 25 ? Hourrah !!!  J’en ai donc profité hier pour faire mes premiers vrais intervalles depuis Ottawa. J’avais essayé à quelques reprises depuis, mais j’en étais tout simplement incapable. Mais hier…  Et c’est avec un grand bonheur que j’ai pu constater que la pointe de vitesse était encore là. Pas que ça va m’être tellement utile au Vermont, mais à Philadelphie…

Puis aujourd’hui, deuxième sortie au mont St-Hilaire. Le plan était le suivant: j’arrivais à l’ouverture (8h) et je faisais ce qui me tentait, Puis, vers 10h30, Sylvain (sieur de Guérette de son vrai nom) venait me rejoindre et on faisait un petit bout ensemble.

Dès mon arrivée, encore une fois, l’accueil m’a jeté par terre. J’étais un peu en avance quand je me suis présenté à la guérite, alors j’ai demandé au préposé si ça dérangait. Sa réponse ?  « Quand je suis là, le parc est ouvert. »  Je l’aurais embrassé sur le champ (bah, presque). Maudit que ça fait différent du sacr… de conducteur de pick-up de St-Bruno !

Après mes réchauffements, je me suis élancé, doucement. Bah, façon de parler, parce qu’avec les montées du Mont St-Hilaire… J’ai fait une boucle, puis un sommet. Puis un autre (le pain de sucre: plus jamais, joual vert !). Après avoir pris une petite pause, je suis reparti. J’étais après Burned Hill, en direction du pas-de-pain-de-sucre, dans une descente vraiment anodine quand c’est arrivé. Fallait bien que ça arrive un jour…

Il n’y avait pas de racines et pour ainsi dire, pas de roches. Mon esprit devait encore maugréer contre le pain de sucre, je ne sais pas trop, mais bon, j’ai mal jaugé une roche qui sortait un peu plus du sol que prévu et mon pied gauche a carrément buté dessus. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas réussi à rétablir la situation et je me suis retrouvé entre ciel et terre, parallèle au sol. Évidemment, je ne suis pas resté longuement entre ciel et terre…

Mes deux mains et mon genou gauche ont absorbé le choc. Première chose à faire: arrêter le chrono-GPS (à 16.00 km exactement !). Deuxième étape: est-ce que quelqu’un m’a vu ? Non. Bon, maintenant les dégâts… Mon t-shirt, mes shorts, mes bouteilles d’hydratation et le devant de mon Camelbak étaient pleins de terre. Mes jambes et mes mains, on n’en parle pas…  Je sentais mes mains éraflées, mais le sang ne semblait pas vouloir transpercer la terre. Sur mon genou, un beau « spot » de sang commençait à prendre place.

J’ai essayé (et réussi), à me relever. Ok, pas trop de dommages, j’étais bon pour continuer. J’ai rincé du mieux que j’ai pu mes bouteilles, essayé d’enlever les surplus de terre que j’avais un peu partout (pas facile quand les mains elle-mêmes sont pleines de terre !) et suis reparti. J’avais une belle coulisse rouge-brunâtre sur la jambe gauche, les gens me regardaient avec un drôle d’air, mais ça a tenu le coup.

Arrivé à l’accueil à 10h26, après avoir mangé quelques grains de terre en chemin (mes bouteilles d’eau pas propres-propres), Sylvain n’était pas encore là. J’ai pu aller me nettoyer un peu et ressortir prendre une pause-bouffe le temps qu’il arrive. Plein de sincère compassion à son arrivée, il a purement et simplement éclaté de rire. « Aurais-tu planté, pas hasard ? » qu’il m’a demandé entre deux éclats de rire. Il faut dire que dans le genre crotté, j’étais dur à battre… J’aimerais te voir, moi…

Nous somme partis peu après, dans la boucle mauve, la plus belle pour la course selon son expertise de la montagne. Et mettons que je suis d’accord avec lui. Je cours habituellement seul, mais je dois dire que courir avec quelqu’un, c’est fort plaisant. On a jasé de la place, bien évidemment, mais aussi de ma première job, le simulateur, où Sylvain travaille toujours. Bref, disons que le temps passe vite avec un partner. À peine avions-nous commencé que nous avions fait 11 km (ça m’en faisait 31 au total, ce qui était bien suffisant pour aujourd’hui) et c’était l’heure de la bouffe.

Une bouffe qui s’est prise chez eux, qui habitent tout près. J’ai pu revoir Maggie (Marie-Hélène, sa conjointe, qui est aussi une ancienne collègue) qui lisait tranquillement en nous attendant. Elle a eu la gentillesse de me fournir deux guenilles pour me débarbouiller un peu. Comme j’ai dit: elle est bonne à marier, Sylvain !  🙂   Maggie avait fait son entrainement ce matin, en vue de demi à Montréal. Leurs deux jeunes garçons étant chez des amis, j’ai pu seulement rencontrer le plus jeune, au moment où je suis parti.

Un dîner fort agréable, entre amis qui ne s’étaient pas vus depuis des lunes (je côtoie toutefois Sylvain professionnellement). Comme quoi le sport finit toujours par rapprocher les gens…

(Viarge, je suis dont ben philosophique à soir…)