Mon expérience à Boston: l’avant-course

Maintenant que les coupables ont été épinglés, on peut essayer de passer à autre chose. Je vais donc commencer par raconter mon aventure sportive à Boston. Aujourd’hui, l’avant-course, qui a été une expérience en soit.

Il est environ 5h15 quand je mets les pieds dans le lobby de l’hôtel, en vue de prendre la navette de 5h30 qui m’amènera aux navettes qui se rendront au départ. Hé oui, comme je disais: une navette pour aller prendre la navette. C’est ça, Boston. Le préposé de l’hôtel me donne mon lunch dans un petit sac en papier brun. Ouin, ça n’a pas l’air trop copieux comme déjeuner, une chance que j’ai fait quelques réserves tantôt…

Un monsieur dans la cinquantaine est assis, attendant tranquillement la navette. Coup d’oeil à mon sac: numéro 6883. Il me dit que je suis un petit rapide, lui a un numéro dans les 9000. Nous entamons la conversation. Il vient d’Ottawa, en sera à son 4e Boston. Je lui raconte que c’est mon premier et peut-être mon dernier. Car bien que ce soit un rêve de courir ici, ça demeure un cauchemar logistique. Quitter sa chambre à 5h15 pour un départ à 10h…

Il me dit que je dois absolument faire New York, car bien que l’organisation soit incroyable ici, il n’y aurait pas de comparaison avec celle de New York qui est parfaite. Ça tombe bien, c’est déjà prévu dans mon calendrier…

Arrive un jeune à l’air pas trop réveillé. Son numéro: 588 !  Wow !  Tout de suite on lui demande son temps: 2h44. Holly shit !  Nous ne sommes pas encore tout à fait remis de nos “émotions” quand un autre jeune arrive… avec le numéro 547 !  Quand celui au numéro 1142 se pointe le nez, nous ne sommes plus impressionnés.

Nous nous entassons dans la petite van de l’hôtel, direction centre-ville. Le chauffeur nous demande ce que nous ferons à Hopkinton, en attendant le départ. Le jeune 1142, qui n’a pas dit un traitre mot depuis son apparition, me regarde et dit tout doucement: “Try to stay warm…”. Je souris. J’essaie de renchérir, mais je m’enfarge dans mon anglais rouillé et mes blagues tombent à plat. Pas de jokes en anglais, Fred, pas de jokes en anglais… Par après, 1142 déballe le petit sac qu’on lui a donné à l’hôtel. Un véritable festin: une banane et une barre tendre (aux raisins sec, beuh…), qu’il regarde avec la face en point d’interrogation. Comme dirait l’autre, on n’ira pas chier loin avec ça, hein ?

Arrivés en ville, la foumilière est déjà en action. Tout près du parc Boston Common, une longue filée d’autobus scolaires jaunes s’étend vers l’infini. Il y a des bénévoles partout, au moins deux par autobus. Quand un autobus est plein, un bénévole lève un petit drapeau orange, avertissant les coureurs et évitant ainsi des contre-temps. Donc, après une première pause-pipi (l’organisation a évidemment prévu de très nombreuses toilettes dans le parc), j’entre dans un autobus et m’installe à côté d’une coureuse. Quand je peux, je choisis toujours de m’asseoir à côté d’une femme dans les transports en commun: elles prennent habituellement moins de place que leurs congénères masculins qui ont parfois (souvent) l’habitude de s’étendre.

Au moment où je prends place, je sens un petit soulagement: finis les soucis logistiques. Ne me reste plus qu’à me laisser conduire au départ et attendre. Vers 6h15, le convoi se met en branle. On sent la fébrilité dans l’autobus. Le soleil se lève timidement, la journée s’annonce splendide. L’organisation n’a vraiment rien laissé au hasard: les rues par où passe le convoi  sont bloquées et sur l’autoroute, nous avons droit à une escorte policière.

Il y a juste une affaire: Hopkinton, c’est loin. Peu à peu, je sens la nervosité diminuer tout autour de moi. Les yeux auparavant grand ouverts se mettent à fermer. Je me joins au mouvement, malgré une nuit de sommeil pour ainsi dire parfaite (pour la veille d’un marathon, on s’entend).

Il est environ 7h quand nous arrivons à destination. Voilà, maintenant va falloir retourner en ville à pied… Une autre armée de bénévoles dirige les autobus vers l’endroit où nous serons débarqués. Puis, nous sommes dirigés à notre tour, vers le Village des athlètes dans notre cas. Une petite marche de 5 minutes, assez longue pour qu’un coureur près de moi lance à la blague que l’an prochain, il va prendre un autobus de la fin du convoi pour ne pas avoir à marcher autant. Très drôle à entendre de la part de quelqu’un qui va se taper 42 km à la course tantôt…

Le Village des athètes est installé sur les terrains de ce qui semble être une école secondaire. C’est gigantesque. On y retrouve bien évidemment des toilettes (duh !), je n’en ai jamais vu autant de toute ma vie. Ottawa ?  Mississauga ?  Pffff !  C’est absolument rien à côté de ça.  Il y a aussi plusieurs tentes abritant les commanditaires qui distribuent ce dont tout athlète pourrait avoir besoin en attendant le départ: Power bar, café, eau, Gatorade, muffins, bagels, bananes. Avoir su, je n’aurais pas amené mon lunch… Il y a aussi de la musique, un animateur qui dirige les coureurs en rappelant certaines consignes et un écran géant.

HopkintonStartArea

Carte du Village des athlètes; remarquez où est situé le départ…

Après une (autre) pause-pipi, je me mets à la recherche d’un endroit où je vais m’installer pour… trop longtemps à mon goût, finalement. Il fait frais et humide, alors le gazon ou le béton me tentent moins. L’idéal serait de trouver une planche de bois. Finalement, ma recherche s’avère infructueuse et je jette mon dévolu sur l’aire de lancer du marteau, qui en en petit gravier. Ce sera mieux que rien.

Voilà, il est 7h15 et la longue attente commence. Heureusement, il ne pleut pas. Mais je dois enfiler toutes les pelures que j’ai apportées et m’asseoir sur mon imperméable d’urgence pour garder le plus de chaleur possible. “Try to stay warm” qu’il disait… Je regarde autour (je n’ai que ça à faire de toute façon !) et constate une chose: il y en a qui sont plus habitués que d’autres. Certains ont amené un livre. Le gars à côté de moi est étendu sur un matelas de sol et bien à l’abri sous une couverture. Ouais, si je reviens un jour, moi aussi je vais être équipé et ce sera un autre gars qui va se dire: “J’aurais dû amener ça ou ça ou ça…”

Tout ce que je peux faire, c’est écouter l’animateur. Au bout d’un certain temps, il commence à me taper sur les rognons parce qu’il a un tic de langage: il finit toujours ses phrases par “if you know what I mean”. C’est vraiment gossant à la longue, surtout pour un auditif comme moi. Et comme il répète toujours les mêmes foutues consignes, à un moment donné…

Un peu comme en avion, j’essaie de vivre lentement, de découper en petites parties les longues minutes qui me séparent du départ. Ainsi, j’ai décidé de manger à 8h puis après, ce sera… hum hum.. heu, faire la file aux toilettes pour heu… if you know what I mean…

7h45, je n’en peux plus de regarder autour et essayer de me trouver une position confortable. Deux autres convois d’autobus ont déposé des milliers de coureurs et maintenant, chaque pied carré du village est occupé. Je mange un peu (quelques bretzels au beurre d’arachides, une banane, mon bagel au beurre), bois beaucoup d’eau, puis… if you know what I mean…

Par après, l’animateur nous invite à aller écouter un psychologue sportif qui nous donnera les derniers conseils avant le marathon. Heu, des conseils 90 minutes avant la course, ça va pas ? Il semble oublier que tout le monde ici a déjà au moins un marathon dans les jambes, on sait à quoi s’attendre. On sait que tout peut rouler comme sur des roulettes ou se mettre à dérailler. On est tous passés par là, pas besoin d’un psy pour installer le doute dans notre esprit.

S’ensuit une demande qu’on ne peut vraiment pas refuser: une minute de silence en hommage aux victimes de la tuerie de Newtown. Du coup, le Village au complet tombe à l’arrêt. Plus personne ne bouge, plus personne ne parle, plus un son. Sauf évidemment la traditionnelle grande gueule qui ne se rend compte de rien et qui continue de se faire aller le clapet. Hello, tu ne te rends pas compte que tu es la seule à parler, chose ?

Cette minute est tout de même très, très émouvante. J’enlève ma casquette, baisse la tête et songe aux personnes qui ont été touchées par cet acte de barbarie sauvage. Je sens l’émotion monter en moi, les larmes qui commencent à se concrétiser quand l’animateur nous remercie et la vie dans le Village reprend son cours. Ha ben cout’ donc…

9h: il commence à faire plus chaud. J’enlève mes culottes de coton ouaté. Je sais que les départs vont commencer bientôt (9h17 pour les chaises roulantes), mais on ne nous parle de rien. Je suppose que le tout se déroule sur le chemin en face de l’école, mais rien ne transpire. Bizarre. On nous dit que nous allons devoir commencer à nous rendre vers le départ dans les prochaines minutes. Déjà ?  Ben voyons, le départ est dans une heure…

Au lieu de me diriger vers l’endroit désigné, je pars dans l’autre sens, à la recherche d’un endroit tranquille pour une dernière pause-nervosité. J’ai vu un boisé pas loin, ça devrait faire l’affaire. Mais il y a des policiers et des bénévoles partout, alors je dois m’éloigner, m’éloigner. Une bénévole me demande même où je vais. Je lui réponds que je cherche de l’air, qu’il y a trop de monde dans le Village. Je me demande si elle m’a cru…

Finalement, je trouve un endroit plus tranquille, mais me fais arracher la peau des jambes et des cuisses par des arbustes remplis d’épines. Génial. Heureusement, d’autres parties de mon anatomie ne sont pas touchées…  😉

Ok, retour au Village, tout le monde semble se diriger vers l’avant de l’école. Des dizaines d’autobus jaunes y sont garés, c’est là que nous devons laisser notre sac en plastique contenant les effets personnel que nous voudrons récupérer à l’arrivée. Toujours pas de ligne de départ en vue, mais elle est où, donc ?  Comme je me pose la question, la réponse nous est annoncée dans les haut-parleurs: 3/4 de mille plus loin.

Quoi, 1.2 km pour se rendre au départ ? Ils n’auraient pas pu le mettre plus loin ?  (Et moi, je n’aurais pas pu regarder un tantinet la carte du Village des athlètes avant ?)

J’entame donc la traversée d’Hopkinton en trottinant. La plupart du monde fait comme moi. Bah, ça revient à un réchauffement…  De chaque côté de la rue, des barrières. Déjà, des spectateurs nous lancent des encouragements. Certains brunchent sur leur terrain, j’en vois même avec une bière à la main. Wow, à 9h30 le matin, la journée va être longue !

À intervalles réguliers, on voit des bénévoles avec des grands sacs qui récupèrent les vêtements laissés par les coureurs qui ne tenaient pas à les ravoir après la course. Ces vêtements seront donnés à des œuvres de charité. Il y a aussi des habitants de la place qui ramassent le linge. Le Marathon est définitivement un événement ici.

Juste avant d’arriver sur Maint Street où aura finalement lieu le départ, autre pauvre-nervosité (hé oui, encore !). Une fois de plus, des toilettes en quantités phénoménales. Je me demande sérieusement combien il y en a en tout pour cette course… Et surprise, une section exclusivement réservée aux hommes: des urinoirs portatifs !  C’est la première fois que je vois ça et je ne suis pas le seul. C’est certain que si j’avais eu un appareil-photo ou un cellulaire digne de ce nom, j’aurais immortalisé le tout !

Sur Main Street, c’est la marée humaine. Déjà, les couloirs sont bondés de coureurs qui sautillent nerveusement. La rue est en pente ascendante, ce qui me surprend un peu, vu que nous sommes supposés partir en descendant.

Je me dirige vers l’entrée du couloir numéro 7, une bénévole vérifie mon dossard et me laisse passer. J’allume ma Garmin: plus que 10 minutes. Je regarde le ciel, tout bleu, prends une bonne respiration. L’air est frais, juste comme il faut. Le vent est calme, il ne devrait pas nous déranger. Je sens la nervosité qui monte tranquillement, mais pas trop. Et la réalité me frappe soudainement: ça y est, je suis au départ du Marathon de Boston. J’ai travaillé fort pour être ici, j’en ai tellement rêvé. Hé bien là, à ce moment précis, une idée me traverse l’esprit: peu importe ce qui va se passer au cours des 3-4 prochaines heures, rien ni personne ne pourra m’enlever le fait que j’ai mérité ma place ici.

Je suis bien, je suis heureux. Je me sens à ma place. Et j’ai hâte de courir.

New York, New York !

Je ne sais pas pourquoi, mais quand on pense au Big Apple, le classique de Sinatra n’est jamais bien loin dans nos pensées. C’est comme si on était incapable de dire le nom de la ville une seule fois, on se sent obligé de le répéter. D’ailleurs, je me suis toujours demandé si le deuxième « New York » de la chanson était là pour désigner l’état où se situe la ville ou si c’était une répétition. Je sais, je me pose de drôles de questions…

Le pire, c’est que j’ai failli détruire le courriel, croyant tout d’abord que c’était une pub. Puis je me suis ravisé: les New York Road Runners ne sont-ils pas les organisateurs du Marathon de New York ?  Peut-être allais-je enfin savoir quel sort me serait réservé…

Hé bien oui, ils se sont finalement décidés: parmi ceux qui auront une entrée garantie pour le dernier Marathon Major de l’année, il y aura ceux comme moi qui se sont vus refuser l’accès trois années de suite à la loterie.

J’avoue être très agréablement surpris. J’étais certain que nous serions les agneaux sacrifiés qui passeraient au couperet. Mais non, ce sont plutôt les malchanceux qui se sont qualifiés en atteignant les standards qui ont écopé. En effet, ces derniers auront seulement 2000 places qui leur seront réservées et c’est par le biais d’une (autre) loterie que les « heureux gagnants » seront choisis.  Je serais probablement un peu frustré si j’étais à leur place, les standards étant très sévères, beaucoup plus qu’à Boston. Alors devoir passer par une loterie… Mais bon, ainsi va la vie.

Pourquoi suis-je si emballé à l’idée de courir ce marathon ?  Parce que ma douce et moi adorons New York. Quand on s’y promène, on a l’impression qu’elle est une entité bien vivante, qu’on fait partie de quelque chose d’unique. Et c’est très rare qu’on ressent ça. J’ai eu la chance de voir Tokyo, Pékin, Philadelphie et aucune de ces cités ne peut s’approcher de New York en ce sens. Il y a seulement à Paris où j’ai ressenti la même chose. C’est très particulier comme sensation, genre de chose qui ne m’arrivera jamais à Montréal ou Toronto…

Côté course (car il faudra bien que je coure aussi !), je me suis rendu compte d’un léger détail: je vais me taper deux ultras et un marathon en moins de deux mois. Oups. Je ne suis qu’un être humain, c’est peut-être un peu trop pour moi… Donc, vraiment pas le timing pour s’attendre à une performance spectaculaire. Bah, ce sera un beau marathon touristique avec le départ sur Staten Island, la traversée du Verrazano-Narrows Bridge (c’est l’image qui sert d’en-tête à ce blogue), les rues de Brooklyn, du Queens, de Harlem et l’arrivée dans Central Park.

Disons que ça va me faire différent du marathon de Magog avec lequel j’envisageais terminer ma saison…  🙂

Le Marathon de Tokyo

La saison des grands marathons débutera ce dimanche avec le Marathon de Tokyo, premier des World Marathon Majors à être disputé cette année.

Quels sont les autres ?  Boston en avril, Londres aussi en avril, Berlin en septembre, Chicago en octobre et New York en novembre. Des points sont attribués aux 5 premiers, autant chez les femmes que chez les hommes, lors de chacune de ces courses sur une période de deux ans. Celui et celle qui terminent au premier rang empochent un beau boni de 500000 $. De quoi se motiver, non (j’aime mieux ne pas penser à Scott Gomez qui va faire 10 fois plus en restant tranquillement chez lui…) ?  Les résultats des marathons des Championnats du Monde et des Jeux olympiques sont également comptabilisés dans ces classements, mais ne sont toutefois pas considérés comme faisant partie des Majors.

Depuis 2000, j’avoue avoir un fort penchant pour le Japon. À l’époque, j’y ai passé 6 semaines dans le cadre du travail et j’ai tout simplement adoré l’expérience. La réserve, le respect mutuel et l’altruisme des Japonais m’ont séduit. J’ai énormément apprécié pouvoir me promener dans les rues à toute heure, sans jamais éprouver le moindre soupçon de crainte. Car pour ce peuple, l’honneur est beaucoup plus important que  tout l’argent du monde. Et commettre un acte criminel, c’est se déshonorer. On ne peut pas dire que tout le monde pense de la même façon par ici. Enfin…

La très grande propreté des villes est un autre aspect qui m’a frappé. L’hôtel où j’habitais était situé à Yokohama, en banlieue de Tokyo. Ok, ça fait bizarre de décrire la deuxième plus grande ville d’un pays aussi peuplé comme étant une banlieue, mais bon… Toujours est-il que nous étions à peine à 30 minutes de LA grande ville, alors je suis allé y faire un tour à quelques reprises. À mon grand étonnement, Tokyo est très peu polluée, moins que Montréal à mon avis. Il y a beaucoup de grands espaces verts où on peut se promener en toute tranquillité. C’est vrai qu’ailleurs en ville, ça grouille de partout et il y a toujours plein de monde. Je me sentais exactement comme le personnage de Bill Murray dans Lost in Translation: perdu, complètement en dehors de mon élément. Mais j’ai adoré.

Sauf que le Japon, ça se vit, ça se ressent. Ça ne se visite pas vraiment. À part le mont Fuji, il n’y a pas grand chose à voir côté touristique. Pas de Statue de la Liberté, de Grande Muraille, de Tour Eiffel, de Colisée, de Golden Gate Bridge, etc. Et en plus d’être très loin, le coût de la vie y est très élevé.

C’est la raison pour laquelle malheureusement, le Marathon de Tokyo ne fait pas partie de ma bucket list des marathons à faire: le jeu n’en vaut tout simplement pas la chandelle. J’ai bien d’autres endroits à voir dans le cadre d’une course avant de retourner là-bas. Dommage.

Ça ne m’empêchera toutefois pas de suivre à distance ce qui se passera dans les rues de cette ville qui devrait servir de modèle à toutes les grandes cités sur cette terre.

Marathon de New York: ça prend du temps…

Je ne sais pas trop ce qu’ils font, mais il me semble que ça prend du temps. Si je n’étais pas si poli, je dirais que ça niaise…

Comme je l’ai déjà raconté, parce que je n’avais pas été pigé trois années de suite à la loterie pour avoir le droit de participer au Marathon de New York, j’avais théoriquement mon entrée garantie pour l’épreuve de 2013. Sauf que suite à l’ouragan Sandy, l’édition 2012 a été annulée et tout a été chamboulé

Le comité organisateur, et c’est bien normal, a donné la priorité aux malheureux qui étaient inscrits pour 2012 et qui se sont vus refuser par Dame Nature la joie de vivre cette expérience. Ces personnes avaient jusqu’au 25 janvier pour se prévaloir de leur droit. Ensuite, en fonction du nombre de réponses positives, les critères d’admission pour 2013 seraient révisés.

Ça fait presque un mois et toujours rien sur le site web (site qui est d’ailleurs plutôt moche) de l’événement. Ils font quoi, au juste ?  Est-ce si long de compter le nombre de gens qui ont décidé de se reprendre un an plus tard et d’ajuster le tout en conséquence ?

À mon humble avis, ceux comme moi qui ont été refusés trois fois d’affilée auront une entrée garantie pour 2014… s’ils participent à une quatrième loterie et qu’ils sont refusés encore une fois. Je vais donc payer les 8 ou 10$ que ça coûte encore cette année, même si je sais que je ne serai vraisemblablement pas choisi. Je ne suis pas pour lâcher si près du but !

Et aussi, je dois l’avouer, c’est plus facile que de réussir 1h23 sur un demi (!) ou 2h50 sur un marathon (!!!) pour me qualifier…

Annulation du Marathon de New York: la bonne décision

La nouvelle est arrivée en fin d’après-midi vendredi. Après des jours à répéter que le marathon aurait bel et bien lieu malgré les dégâts causés par l’ouragan Sandy, le maire de New York Michael Bloomberg a finalement cédé aux pressions qui venaient de partout et a annulé l’événement, une première depuis sa création en 1970.

La tempête ayant frappé la région lundi , le maire et les organisateurs croyaient que la ville aurait repris ses esprits deux ou trois jours plus tard au maximum et que l’événement ferait office de symbole: il permettrait à tous de faire un pied-de-nez à Dame Nature et montrerait que New York est capable de se remettre sur ses pieds rapidement. Aussi, le marathon génère des retombées économiques substantielles qui auraient été bienvenues dans les circonstances.

Malheureusement, vendredi en fin de journée, des milliers de foyers étaient encore et toujours privés d’eau et d’électricité. Et la grogne commençait à s’intensifier par rapport à la tenue de l’épreuve. En effet, le marathon demande une logistique impressionnante (policiers, transport, etc.) et il aurait été tout simplement indécent d’utiliser ces ressources pour une course alors que des gens sont encore dans le besoin. Et c’est sans compter le fait que le départ est traditionnellement donné à Staten Island, le coin le plus touché par l’ouragan.

Certains ont proposé de retarder le tout d’une semaine ou deux, mais on ne parle pas ici d’une partie de football qui se joue dans un endroit précis. On parle d’une course qui se déroule dans les rues de la ville, qui s’étend sur 42.2 km. On parle de 47000 coureurs qui vont faire la distance (ils font tous le marathon, contrairement à ce qu’on est habitué de voir au Canada où plusieurs épreuves se déroulent en même temps) avec tout ce que ça implique: fermetures de rues, points d’eau, bénévoles, chapiteaux, nourriture, toilettes, etc. La plupart des gens impliqués, que ce soit les coureurs ou les bénévoles, avaient arrangé leur horaire pour être disponibles ce jour-là et c’est tout. Combien de participants venaient de l’étranger ou à tout le moins, de l’extérieur de la ville ?  La très grande majorité, et pour eux, revenir plus tard était fort probablement impossible.

En tant que coureur, j’étais évidemment déchiré quant à savoir si le tout devait avoir lieu. Pour moi, le sport est une grande distraction, un superflu tellement nécesaire à la vie. Et comme le maire bloomberg, j’adhérais à la thèse du symbole. Je croyais que le marathon enverrait une bouffée d’air frais à une ville qui en avait grand besoin. De plus, je pensais aux mois d’entrainement perdus, aux sacrifices pour se retrouver le bec à l’eau.

Puis je me suis mis à penser à comment je me serais senti si j’avais été là. J’aurais été bien installé dans ma chambre d’hôtel et une chose m’aurais frappé au visage: j’aurais pris la place de gens que la tempête avait foutus dehors de chez eux. Je n’aurais jamais été capable de vivre avec ce sentiment de culpabilité. Pour participer à une simple course, j’aurais occupé une chambre que d’autres personnes auraient eu besoin pas mal plus que moi. Dès lors, il n’y avait plus aucun doute dans mon esprit: la décision prise était la bonne.

Ceci dit, elle est survenue trop tard. Je comprends que le maire et les organisateurs ont misé sur un rapide retour à la normale qui ne s’est pas concrétisé. Ils auraient été fortement critiqués s’ils avaient décidé de tout annuler dès lundi et que les services à la population étaient revenus en totalité mardi ou mercredi. Ils ont cru que le temps jouerait en leur faveur, mais ils se sont trompés. Ce sont des choses qui arrivent.

Le principal problème rattaché au fait que l’annulation ait été confirmée si tard est que la plupart des participants venant de l’extérieur étaient déjà arrivés. Certains avaient même déjà récupéré leur dossard. Moi-même, si j’avais été inscrit, j’aurais au moins été en route, mais probablement que j’aurais déjà été rendu sur place. Pour tous ces gens, ça signifie bien des dépenses qu’ils auraient pu éviter s’ils avaient été avertis plus tôt. Et bien des chambres d’hôtel ont été occupées inutilement par des personnes qui n’en avaient pas réellement besoin…

Je voudrais ici souligner le geste que les Steelers de Pittsburgh de la NFL ont posé. Leur match contre les Giants de New Tork (le stade est situé dans le New Jersey) avait lieu cet après-midi à 16h. Habituellement, les équipes visiteuses arrivent dans la ville où elle sont supposées jouer la veille du match. Les Steelers quant à eux, pour ne pas occuper des chambres d’hôtel, sont arrivés au New Jersey ce matin. C’était très délicat de leur part.

Toute cette histoire pourrait bien avoir des conséquences pour quelques années. Et ça pourrait même changer mon calendrier de courses pour l’année prochaine. En effet, au lieu de fonctionner par « premier arrivé, premier servi » le Marathon de New York effectue un tirage au sort pour « remplir » son événement. Comme je n’avais pas été « pigé » lors des tirages des trois dernières, j’étais supposé être automatiquement admis pour l’événement de 2013. Or, à ce que j’ai compris, tous ceux qui étaient inscrits cette année auront l’option de participer l’an prochain, réduisant de beaucoup la possibilité d’admission de nouveaux participants.

Je devine donc que les chances sont bonnes pour que je ne puisse pas faire partie de la fête l’an prochain et devrai attendre en 2014. Je suis allé voir sur le site Web et il n’y a pas encore de renseigenements à ce sujet. C’est bien normal, ce n’est pas si urgent… Barbara de son côté a entrepris des recherches afin de trouver une épreuve de remplacement pour novembre/décembre 2013. Pas facile de dénicher quelque chose d’aussi intéressant et aussi proche de chez nous… Philadelphie est une bonne option, mais je le fais déjà cette année. Donc, histoire à suivre.

Une goutte d’eau dans l’océan des soucis de Lance Armstrong

Petite nouvelle sur laquelle je suis tombé hier: Lance Armstrong risque de se faire déclasser de sa 497e place obtenue au marathon de Boston en 2008. Dans la même lignée, il risque également de « perdre » ses classements au marathon de New York.

Pour ceux qui ne le savaient pas, Armstrong a couru 3 marathons durant sa première retraite sportive: New York en 2006 et 2007, puis Boston en 2008. Quant à moi, bien que je comprenne le symbolisme associé au geste, lui retirer ces résultats tient du ridicule. Il est assez évident pour moi qu’il a couru ces courses sans drogue. Quiconque lui a vu la tête après ses premier et deuxième marathons admettra que ça n’a rien à voir avec l’homme qui finissait une étape de montagne du Tour de France sans avoir ouvert la bouche une seule fois de la journée pour chercher son air…. On parle ici de quelqu’un doté de qualités physiques hors du commun, doué à la base pour les sports d’endurance. Pourtant, ses temps ont varié entre 2h46 et 2h59. Si je suis capable de descendre sous 3h12 à 42 ans, je trouve même étonnant qu’Armstrong n’ait pas fait mieux alors qu’il était quelques années plus jeune. Donc, pour moi, il est inconcevable qu’il se soit dopé pour ces épreuves.

Pour le reste, disons que j’ai une opinion plutôt nuancée sur le sujet. Comme ma tendre épouse l’a si bien souligné, ceux qui le lâchent aujourd’hui jouent les vierges offensées, mais n’allez pas me faire croire qu’ils le pensaient blanc comme neige. Tous les cyclistes de haut niveau de cette époque auraient été des dopés (la plupart se sont faits prendre), mais pas lui, le meilleur de tous ?  Ben voyons donc !  Aurait-il gagné quand même dans un monde idéal sans drogue ?  On ne le saura jamais…

Pour ma part, c’est avec une certaine appréhension que j’ai repris la course ce matin. J’avais décidé depuis quelques jours que mon « retour » allait se faire graduellement. Bien évidemment, promesse d’ivrogne: après un premier kilomètre en 4:20, mes jambes bien reposées ont compensé pour le reste de mon corps pas totalement remis de sa semaine: le 10 premiers kilomètres en 41:07, moyenne globale de 4:08/km sur 15 km faits sur chemin de terre en grande partie. J’ai toutefois fait quelques arrêts en chemin (petit chien-chien à flatter, pont des écluses levé), mais je suis plus que rassuré. La forme est toujours là et le système digestif s’est tenu tranquille. Je devrais être bon pour accompagner mes vieux chums demain.

Aux dernières nouvelles, Sylvain est super-motivé, au top du top. Je sens qu’on ne sera pas trop de deux pour le retenir au départ !  🙂  Il parle d’une cadence moyenne entre 5:00 et 5:10 au kilomètre, ce qui donnerait entre 1h45 et 1h49 comme temps à l’arrivée.

Prédiction: je vais être plus pessimiste un petit peu: 1h52. Mais je peux fort bien me tromper (je l’espère, d’ailleurs), je ne l’ai pas encore vu à l’oeuvre…

La même question qui revient à chaque fois: et maintenant quoi ?

Plus de deux semaines après la course, on peut dire que la poussière (ou plutôt, la boue) est maintenant retombée. Le high qu’on vit après chaque grande épreuve est chose du passé, mais heureusement, il n’a pas laissé sa place à un down. Après cinq jours à éviter mes souliers de course (je suis tout de même allé travailler à vélo trois fois durant cette semaine-là), j’ai repris du service le samedi suivant. On peut dire que la récupération n’était pas terminée: après 10 km, pus capable. Vraiment plus rien dans les jambes, plus de punch, plus de jus. Comme j’ai la tête très dure (j’en avais déjà parlé ? ;-)) et que j’avais décidé de faire 15 km ce matin-là,  je me suis traîné sur les 5 derniers.

Deux jours plus tard, dans l’air pur et les chemins de terre de la campagne du coin où habitent mes parents, j’ai fait un 25 km « relaxe », accompagné dans ma promenade par un très affectueux golden retriever rencontré en chemin. J’ai même dû défendre ledit toutou des autres chiens à quelques reprises, aussi bizarre que ça puisse paraître. Mais pour le reste, c’était un pur bonheur. L’air frais, les doux rayons du soleil sur mon visage, le seul bruit que j’entendais étant celui de mes pas sur le sol. À un moment donné, mon compagnon s’est lancé à corps perdu dans un champ. Il était beau à voir aller, il avait l’air tout simplement… heureux.

À mon retour, ma mère semblait étonnée que je sois parti si longtemps. Il y a deux raisons à ça. La première, la plus importante, est que j’adore courir, particulièrement en campagne. Je revivais la semaine précédente, en « plus petit ». La deuxième raison est mon dernier objectif de l’année et pour lequel je devais commencer ma préparation: Philadelphie.

Philadelphie, la marathon auquel je me suis inscrit avant même de décider que je ferais le Vermont 50. L’an passé, je m’étais pris trop tard et m’étais rivé le nez sur des inscriptions sold-out.  Cette année, je me suis pris d’avance. Mon but initial était évidemment de me donner une deuxième chance pour me qualifier pour Boston, le parcours de ce marathon étant réputé relativement facile. Mais bon, maintenant que je suis qualifié et que je n’aurai probablement pas totalement récupéré dans un mois, à quoi m’attendre ?

Bof, j’avoue que ça ne me dérange pas trop. J’ai fait quelques intervalles au cours des derniers jours et je sens que je suis moins rapide qu’avant Ottawa. Côté endurance, ça ne m’inquiète pas trop, par contre !  🙂  Alors que va-t-il arriver le 18 novembre ?  Hé bien, je planifie un beau marathon touristique: je vais faire de mon mieux, mais vais m’arranger pour être en mesure de me déplacer le lendemain, car nous avons prévu visiter la ville après la course. Donc, pas le moment d’essayer de faire une grande performance. Je vais me préparer adéquatement d’ici là sans m’attendre vraiment à des miracles. Une autre qualification pour Boston serait un beau bonus, quoi que je n’ai pas l’intention d’y aller plus d’une fois de toute façon (Philadelphie me permettrait de me qualifier pour Boston 2014).

Car j’ai d’autres ambitions. Dans les heures qui ont suivi le Vermont 50, Barbara était tellement enthousiaste qu’elle s’est mise à parler du Vermont 100. 100 milles à pied… Un peu fou, hein ?

Petite anecdote à ce sujet. Le soir du Vermont 50, j’ai rejoint mes parents par Skype. Entendant Barbara crier derrière moi qu’elle aurait besoin de l’aide de mon père pour le Vermont 100, ma mère s’est empressée de m’interdire sur le champ de faire un 100 milles un jour. Pendant ce temps, mon père, qui se tenait derrière elle, me faisait oui de la tête, le pouce levé, me disant que j’étais capable. J’ai trouvé ça assez comique merci !

Mais bon, un 100 milles, tout comme un 50, ça ne se fait pas comme ça, en criant ciseaux. D’ailleurs, ce n’est pas dans mes plans immédiats parce que le « budget voyages-courses » est déjà pas mal entamé pour l’an prochain. Car à part le marathon de Boston, j’ai aussi celui de New York de prévu. En effet, comme j’ai été refusé trois années consécutives à la loterie, je serais théoriquement supposé être admis pour l’an prochain. Or, comme je voudrais absolument faire un 50 milles lors du printemps précédant le Vermont 100 (qui se court en juillet) et que les 50 milles, il n’y en a qu’aux USA, ça commencerait à faire pas mal de dépenses. Surtout que ça s’enligne pour être assez dispendieux pour Boston (tant  qu’à y aller) et New York, c’est tout de même New York… Si en plus je ne suis pas capable de me passer de « mon » Vermont 50…

Bref, l’objectif est plutôt 2014 pour le 100 milles. L’an prochain, en plus des trois courses déjà citées, j’aimerais bien faire l’Ultimate XC de St-Donat. C’est le seul ultra en sentiers qui s’organise chez nous, je ne peux presque pas le rater, n’est-ce pas ?  🙂

À très court terme maintenant.  Dans seulement 10 jours, ce sera le demi-marathon dans le cadre du marathon de Magog. J’ai très hâte parce que ce sera la première compétition de Sylvain, mon ami d’enfance. Et quand je dis « enfance », je parle quand nous étions très jeunes: nous sommes entrés à la maternelle ensemble !

Sylvain, le premier à gauche; Fred, le troisième
Photo prise… en septembre 1975 !

Un autre ami de très longue date, Louis, nous accompagnera. Le but est de faire la course les trois chums ensemble, mon rôle étant probablement le plus beau qu’un coureur puisse jouer: le pacer. J’avais adoré faire la même chose pour Maryse lors de son premier 20 km au lac Brome l’an passé, même si je me sentais bigrement inutile par bouts. Mais à voir sa réaction et la gratitude qu’elle avait eue pour moi après la course, je pense avoir servi un peu à quelque chose. Alors si je peux aider mon vieux chum à réussir son défi, rien ne me fera plus plaisir.

Bref, je pense que je n’ai pas fini de courir… 🙂