Le 28 km XC Harricana: de la montagne Noire à l’arrivée

Ha, une montée ! 🙂  Le sentier est étroit, du style single track et la forêt, très dense. Assez loin devant moi, deux gars. Ok, on va voir si on peut les suivre.

Au début, j’avance au même rythme qu’eux, mais la montée est longue, alors je sens qu’ils fatiguent. Ce que ça peut être pratique, un frame de chat !  🙂  Je reprends le premier, un costaud dans les 180 livres. Il souffle fort et me fait signe de passer, un peu avec dépit. Je l’encourage en lui disant qu’il va me shifter dans la descente. J’enligne l’autre, une centaine de pieds devant. Rapidement, je gagne du terrain et le rejoins. Sa cloche à ours fait un tout petit bruit, elle semble aussi fatiguée que lui. Il doit être le seul à en avoir une, d’ailleurs. Autre mot d’encouragement, puis je le laisse lui aussi derrière. La montée est suffisamment longue pour que je ne les aperçoive plus une fois rendu dans la partie roulante… qui ne dure pas.

Deuxième section de montée de la montagne Noire. Dans ma ligne de mire, une autre cible. Je rejoins le gars et on fait un bout ensemble. Il me demande si ça achève, la montée, mais je n’en ai aucune idée. Il a la carte, j’y jette un oeil: ce n’est pas clair. Je lui dis de s’imaginer ce que ce serait si on avait à faire ça dans le cadre du 65 km (nous sommes depuis un bout sur le même parcours), que j’étais supposé le faire, mais comme je me remets d’une blessure… Il me répond que je suis chanceux de m’être blessé parce que le 65k, c’est une « ostie de paire de manches ». Je lui parle alors du Vermont 50, que ça m’avait pris 8h42 et on dirait que ça l’achève car je ne le reverrai plus.

Pas loin du sommet, je rejoins un autre gars, qui a un look latino.. On fait un bout dans le lichens en se suivant. Il me lance un « Hello ! » comme j’arrive à sa hauteur au moment d’embarquer sur un chemin de terre, ce à quoi je réponds: « Ça va faire du bien, un boutte en chemin d’terre, hein ? ». Après 2 ou 3 secondes, j’analyse qu’il n’a probablement rien pigé de mon accent québécois. Bah, tant pis. Je le laisse avant la descente pour arriver bien avant lui au dernier ravito, kilomètre 20. Je réclame aussitôt de la bière, mais je dois me contenter de bananes. 2-3 verres d’eau et c’est reparti. 8 petits kilomètres à faire, piece of cake !  🙂

Cette section commence par du très technique, mais elle devient relativement roulante. Comme je suis maintenant totalement seul, je résiste très bien à la tentation de courir les montées et prends ça relaxe. C’est un entrainement, je ne dois pas l’oublier. Pas le temps de me blesser. Mais les descentes, c’est vraiment frustrant. Non seulement ça va moins vite en descendant, mais je perds mon momentum quand vient le temps de monter par après. Maudite blessure de mes deux !

Je sors du bois et que vois-je ?  Le mont Grand-Fonds et une tabarn… de descente. En terre, avec de grosses roches un peu partout. Et ça descend en face de cochon. Merdeux !  Bon ben, pas le choix… Commence alors un long slalom, un enchainement infini de petits pas pour un, ménager mon genou et deux, ne pas me casser la marboulette. Je m’attends à me faire rattraper par 5-6 gars tellement j’ai l’impression d’y aller lentement. Mais non, je suis toujours seul. Et que dire des gazelles du 65 km ?  Ils sont partis deux heures avant nous et l’organisation s’attend à ce que le gagnant fasse 4h30 (ce qui me semble un tantinet rapide), alors…

Deux kilomètres interminables à descendre. L’enfer. C’est là que je me rassure sur ma décision de faire le 28 km ici et d’annuler ma présence au Vermont 50: c’était la chose à faire. Mon genou n’aurait pas duré de telles distances sur de tels terrains. Quoi que le 50 km du VT50, dans trois semaines…

Après une éternité, j’arrive en bas. Pas facile de reprendre un semblant de rythme après ça. Ok, 4 petits kilomètres. Coup d’oeil au chrono: définitivement que je vais faire sous les 3 heures. Mais tant qu’à faire, j’aimerais bien faire mieux que 6:00/km, donc 2h48. Sauf que je ne sais pas ce qui m’attend…

C’est un sentier de ski de fond qui m’attend. Vallonné, bien roulant… à part quand il y a des trous de bouette. Et il y en a plusieurs. Certains sont couverts de branches de sapin, mais d’autres, non. Mon soulier reste même pris à un endroit, me rappelant de merveilleux souvenirs de St-Donat. Welcome to the swamp !  Ha hiiiiiii !!!

Comme je niaise un peu, le latino me rejoint. Je le félicite (en anglais cette fois) pour sa cadence et tout sourire, il m’offre de terminer ensemble. Toutefois, le manque d’entrainement commence à se faire sentir. J’ai beau ne pas avoir trop poussé, je suis un peu juste. Quand nous arrivons sur le chemin de terre à 2 kilomètres de la fin, je lui dis d’y aller, de ne pas m’attendre. On se reverra à l’arrivée. Je demeure derrière lui, assez près, mais quand arrive le dernier kilomètre je décroche.

Car le dernier kilomètre, c’est une longue montée, juste assez abrupte pour ne pas être un faux-plat. Mais pas moyen de la marcher, il faut la courir. Bande de sadiques ! C’est dans cette montée que je double un gars qui m’avait shifté dans la partie technique (lalalère !). Voilà, nous longeons maintenant le stationnement du centre de ski. Quelques spectateurs nous encouragent. Je cherche Barbara du regard, mais ne la trouve pas. Puis j’entends Maryse crier mon nom. Elle accourt à ma rencontre, me donne un high-five et me dit qu’elle va me rejoindre à l’arrivée (je dois faire un détour, pas elle).

Petit plat bienvenu, puis dernière montée, encore un coup de fierté pour la faire en courant. Il y a des spectateurs, quand même… Je cherche Barbara, ne la trouve toujours pas. Elle est où ? Je traverse la ligne en arrêtant mon chrono, entends l’animateur annoncer mon nom: good, ma puce a fonctionné. Mon temps: 2:44:51. 15 minutes de moins que ce que j’avais prévu, cadence de 5:50/km. Je ne peux pas demander mieux.

En sortant du petit couloir qui nous est attitré, deux personnes m’attendent: Maryse et mon ami latino. Et les deux me tendent les bras. Heu… C’est que Maryse est beaucoup plus jolie, genre… Je décide de me « débarrasser » du mon partner en premier. Il est tout content, me félicite et me remercie. C’est vrai qu’on a fait une foutue belle course !  Puis c’est l’accolade avec Maryse, ma chère amie, qui est tout sourire. Sa course semble s’être bien déroulée et comme à chaque fois à une arrivée, on se félicite chaleureusement. Arrivent Marie-Claude et Julie avec qui j’échange des high fives. Elles aussi semblent de fort belle humeur.

Où est donc Barbara, mon amour ?  La pauvre, comme je lui avais dit que je m’attendais à faire « au moins 3 heures », il fallait qu’elle choisisse ce moment-là pour s’éclipser aux toilettes, pensant qu’elle avait une marge avant mon arrivée. Tu parles d’un timing… Il semblerait que Charlotte me sentait arriver car elle ne voulait rien savoir d’entrer dans le Johnny on the spot. L’instinct animal… Mais ce n’est pas tellement grave. J’embrasse ma chère épouse, celle qui me soutient dans cette activité un peu folle qu’est la course. Si ma blessure a été pénible pour elle, jamais elle ne me l’a fait sentir. Merci pour tout, mon amour.

Bon, le problème avec les courses en sentiers, c’est qu’on n’a aucune idée de ce qui se passe avec les autres concurrents. L’organisation nous tient au courant pour les trois premiers du 65 km (Seb Roulier menait au ravito du 8e kilomètre, mais après ça, son nom n’est plus cité, au point où je me demande s’il ne lui est pas arrivé quelque chose), mais pour les autres… Donc, aucune nouvelle de Seb et JF. Je m’attends à ce qu’ils arrivent 30, peut-être 45 minutes après moi. Mais en sentiers, c’est très difficile à évaluer. En tout cas, j’ai le temps de me changer, ça j’en suis certain. Et je vais le faire parce qu’il ne fait pas chaud pour la pompe à eau !

Une fois changé, nous nous dirigeons tous vers la fin de la « montée du stationnement », derrière le chalet et commençons à attendre. J’en profite pour faire mes étirements. Charlotte étant très entreprenante, il devient facile d’entamer la conversation avec une  fille qui attend elle aussi, juste à côté. Une jeune femme, fin vingtaine, qui attend son chum. Elle est un peu nerveuse car il était premier du 65 km aux dernières nouvelles. Ha oui ?  Son nom ?  « Éric Turgeon ». Connait pas. Il semblerait qu’il était à St-Donat, qu’il menait pendant un long bout de temps avant de tout simplement « casser ». Bien hâte de voir c’est qui, je l’ai certainement aperçu. Quoi que les premiers et moi…

Le temps passe et l’inquiétude monte. 3h15. 3h30. Toujours rien. Finalement, un t-shirt orangé monté sur un colosse semble se pointer à l’horizon. C’est JF.  La blonde du super-coureur-que-je-ne-connais-pas n’en revient pas qu’un gars avec une telle carrure puisse se taper 28 km en montagnes. Impressionnant, en effet.

Toutefois, sa foulée est pénible. Et tout juste derrière lui, nous reconnaissons Seb, tout de gris vêtu. Lui aussi semble en arracher. L’un comme l’autre ne regarde même pas dans notre direction quand les filles crient leurs encouragements. Ils ont l’air grave, ils souffrent. J’avoue ne pas aimer du tout ce que je vois. J’ai déjà souffert en fin de course, souvent. Mais à chaque fois j’étais heureux de voir les miens, de leur faire un sourire. Ça ne semble pas être le cas ici.

Nous nous précipitons vers l’arrivée. Nos deux comparses arrivent. Ils sont vidés, plus rien. Julie essaie d’aller voir JF, mais celui-ci s’éloigne. Marie-Claude tente de parler à Seb, il la repousse. Puis il se penche et commence à émettre de drôles de bruits. Nausées, vomissements ? Merde, ça va mal. Il a les yeux remplis d’eau. Marie-Claude dans tous ses états, peine à retenir ses larmes. Je lui suggère fortement de le garder à l’oeil car je ne suis vraiment pas rassuré par ce que je vois. Je sais, pas tellement rassurant, le gars d’expérience qui a le regard inquiet…

JF s’assoit sur un pare-choc de camion. Ok, il va s’en tirer. Peu à peu, Seb semble reprendre ses esprits. Ouf !  Quand il finit par pouvoir parler, il me lance: « Un sac de Camelbak, man, c’est ça que ça prend ! ». De quessé ?

Il s’avère que le sac de sa veste Alpha d’UltraSpire (la même que la mienne, sauf qu’il a le format pour homme, pas celui pour petit garçon comme moi) a percé dès le début de la course. Et bien évidemment, le trou était dans le bas du sac, question que les deux litres qu’il contenait se déversent gentiment dans le dos de son propriétaire. À chaque station d’aide, Seb a demandé du duct tape, mais personne n’en avait. Il a donc fait la course en ne buvant qu’aux stations. Certains sont capables de le faire (hein Joan ?  ;-)), d’autres, comme moi,  non.

Mais tu parles d’une malchance !  J’ai parcouru des centaines de kilomètres avec cette veste et jamais je n’ai eu de problème semblable. Dans sons cas, je crois qu’il en était seulement à sa deuxième utilisation. Il soupçonne que le coin de sa couverture de survie ait frotté sur le sac, finissant par le percer. Mais bon, j’en prends bonne note: pour le prochain ultra, j’aurai un autre sac soit dans mon drop bag, soit amené par ma super-équipe de support. On peut toujours apprendre des autres…

Mes impressions sur la course et d’autres petites anecdotes suivront bientôt.

Guérir, ça prend du temps

Aujourd’hui, tel que promis, suite des idées qui me sont passées par la tête au cours de notre séjour dans les Adirondack.

Le but des vacances en camping, c’est de relaxer, de vivre lentement, au rythme de la nature. C’est donc se donner le luxe de profiter d’une ressource dont on manque cruellement: le temps. Comme j’étais en « convalescence », j’ai pu en profiter pleinement et j’ai aussi eu l’occasion de constater une chose: guérir, ça prend du temps. Beaucoup de temps.

Je ne parle pas ici de l’éternité entre le moment où la blessure se montre le bout du nez et l’instant béni où on se dit: « Enfin, je suis guéri ». Ça, c’est toujours trop long, on s’entend là-dessus. Ce dont je veux plutôt vous entretenir, c’est de l’investissement nécessaire pour aider, accélérer le processus de guérison. Car celui-là, on ne peut pas le négliger non plus, dans un cas comme le mien à tout le moins. Je m’en suis bien rendu compte ces dernières semaines.

Voyez-vous, mes tendons situés derrière le genou gauche étaient inflammés. Selon mon ostéopathe, la cause était fort simple (à ce que j’ai compris): les muscles de la cuisse et de la jambe étaient perpétuellement contractés, faisant ainsi travailler les tendons alors qu’ils auraient normalement dû être au repos. Le même problème se posait au niveau du sciatique, qui était comprimé par un muscle fessier trop contracté.

Pour aider tout ce beau monde à se détendre, elle m’a « prescrit » une série d’exercices d’étirements. Le premier, c’était pour les ischio-jambiers.

Ischio-jambiers

Étirement de l’ischio-jambier

Je devais tenir cette pose pendant 60 secondes (on aurait dit qu’elle trouvait que ça faisait moins long que de dire « une minute »), 3 répétitions pour chaque jambe. Vous m’imaginez dans cette position, couché sur la table à pique-nique de notre site de camping ?  Disons que j’ai eu droit à quelques visages en point d’interrogation. Et que dire de la place que je prenais dans notre micro-roulotte le soir quand je faisais cet exercice-là ?  La photo suivante (prise en 2007) donne une bonne idée des dimensions gargantuesques de notre VR. Vous m’imaginez faire mes singeries là-dedans ?

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Notre super mini-roulotte

Deuxième exercice maintenant: le côté de la cuisse (le nom du muscle m’échappe). Je devais tenir une position semblable, mais en version couchée plutôt qu’assise, pendant une minute, 3 fois pour chaque jambe.

etirement-cuisse

Étirement côté de la cuisse

Le troisième exercice, c’était pour étirer les muscles fessiers. Celui-là a fait des miracles pour mes troubles au sciatique. J’en voyais les bénéfices dès que les étirements étaient terminés, c’était efficace à ce point-là. J’y ai apporté ma touche personnelle: j’appuyais ma jambe sur un mur ou un arbre au lieu de la retenir avec mes mains, c’était tellement plus plaisant. Bon, encore là, couché sur la table à pique-nique, appuyé sur un arbre, je devais avoir l’air d’un beau zigoto, mais il faut ce qu’il faut. Combien de temps tenir cette position ?  Hé oui, une minute, 3 fois pour chaque jambe.

etirement fessiers

Étirement fessier

Le dernier exercice: les mollets. 3 fois une minute, mais ô miracle, je pouvais les faire les deux en même temps !  Par contre, celui-là, je n’ai pas troué le moyen de le faire dans la roulotte…  🙂

etirement-mollets

Étirement mollets

Au début, lorsque l’ostéo s’est mise à énumérer ces exercices, mon premier réflexe (c’est plate comme ça, un ingénieur) a évidemment été d’additionner les temps: 2×3 + 2×3 + 2×3 + 3 = 21 minutes. En pratique, comme il faut s’installer, faire des transitions entre les exercices, puis ramasser ses petites affaires par après, ça prend presque 30 minutes au total. Et il fallait que je m’exécute matin et soir. Puis, comme j’étais un élève studieux, mon ostéo m’a fait le cadeau suivant: pour accélérer encore plus la guérison, je devais faire les exercices 2 et 3 (pour la cuisse et le fessier) au moins une fois de plus par jour, idéalement deux.

Bref, ça tombait bien que je sois en vacances !

C’est officiel, plus d’ultras pour cette année

25 kilomètres au mont St-Bruno ce matin. Ce matin, j’étais convaincu à 99%, maintenant je le suis à 100%: les ultras, c’est fini… pour cette année !

Je voulais faire un dernier test, au cas où. Mais la forme n’y est tout simplement pas. Car si on veut faire un ultra, on ne s’en sort pas, il faut courir. Beaucoup. Pendant des semaines (qui m’ont semblé durer des mois et pour ma conjointe qui devait m’endurer, ça a dû sembler des années), je n’ai pas couru du tout et depuis que j’ai repris il y a maintenant une quinzaine de jours, j’ai à peine fait le kilométrage que je fais normalement en une semaine quand je me prépare pour une compétition. Ajoutez à ça que je dois encore faire très attention dans les descentes (il y en a énormément au Vermont 50, alors que pour le Harricana, je l’ignore), que l’an passé, malgré un entrainement très poussé, j’avais terminé pété de partout, et une seule solution s’imposait: déclarer forfait.

Autre détail non négligeable: les frais de déplacement et surtout, d’hébergement. Pour le Vermont 50, c’est deux nuits à l’hôtel (je l’admets, je ne suis pas un vrai ultrarunner, j’ai un petit côté douillet). Je ne me voyais pas nous engager dans ces frais pour devoir abandonner après seulement 19 km de course. Je viens donc d’écrire au directeur de l’épreuve pour lui annoncer que je me retirais. À grand regret. Ils sont supposés me rembourser une partie des frais d’inscription, c’est déjà ça.

Quant au Harricana, les frais engagés étant moindres (nous partagerons un chalet avec mon amie Maryse) et comme je suis tout de même en mesure de courir un peu, je suis maintenant inscrit au 28 km. C’est une course que je compte faire comme une sortie d’entrainement pour le Marathon de New York, sans plus. Et nous allons en profiter pour voir notre amie que nous ne voyons jamais assez souvent.

Je dois avouer que j’ai eu un pincement au cœur lorsque j’ai vu la liste des inscriptions après avoir confirmé la mienne. En effet, deux connaissances qui étaient à St-Donat s’étaient inscrites au 65 km très récemment. Grrr !!!  En plus, j’y aurais retrouvé beaucoup de coureurs d’élite d’ici, des gens avec qui il est toujours plaisant d’échanger. Aussi, si j’avais été au sommet de ma forme, j’aurais beaucoup aimé me comparer avec une athlète de haut niveau comme l’ancienne cycliste Lyne Bessette qui y sera. Ce sera pour une prochaine fois…

Retour à la maison

Voilà, toute bonne chose a une fin. Nous sommes revenus à la maison vendredi et depuis ce temps, nous nous astreignons à la série de tâches qui viennent irrémédiablement avec les retours de voyages: lavage, ménage de la roulotte, entretien de la maison, de l’extérieur, etc. Après 10 jours dans le paradis de Lake Placid, c’est le retour à la réalité.

J’ai tout de même pu faire un 11 km sur route hier, à une bonne vitesse, question de tester mes genoux. Oui, je dis « mes » car le droit a commencé à envoyer les mêmes signaux que l’autre, alors je le tiens à l’œil. Pas question qu’il me mette sur le carreau à son tour, celui-là. Moyenne de 4:16/km avec passage en 42:51 au 10e kilomètre. Pas de quoi écrire à sa mère, je suis probablement une douzaine de secondes au kilomètre plus lent qu’avant ma blessure. Mais avec deux genoux emprisonnés dans des espèces de bandages, ce n’est pas si mal non plus. Je me dis que la vitesse devrait revenir, si ce n’est pas pour cette année, ce sera l’an prochain. Le plus important est que je peux maintenant courir !!!  🙂

Au cours des prochains jours, je compte pondre quelques courts billets sur diverses choses qui me sont passées par la tête au cours de notre séjour aux USA. Certaines ont rapport à la course, d’autres non.

Je vais commencer par quelque chose qui n’a pas rapport et qui m’a frappé là-bas: le patriotisme des Américains. J’avoue que je ne comprends pas. Peut-être que nous, Québécois et Canadiens, sommes moins fiers de notre patrie, je ne sais pas, mais nos voisins du sud, ho la la… Des drapeaux américains, il y en a partout. En voir en face des édifices publics, soit. Sur les terrains des particuliers ?  Ok, ils ont bien le droit. Mais que les gens se donnent la peine de trainer un drapeau, son mât et d’installer le tout devant leur roulotte dans un camping, je ne vois tout simplement pas à quoi ça peut servir. Heu, on devine bien que vous êtes américains, nous sommes capables de le lire sur les plaques d’immatriculation… Pourquoi ce besoin de le proclamer ainsi, en plein milieu des Adirondack ?  Et certains accompagnaient même ce merveilleux montage de pancartes où on pouvait lire les slogans classiques: « Live Free or Die », « Liberty » ou « Proud to Be American » (noooon !!!).

Non, je ne comprends pas ce besoin de s’afficher comme ça. Faudrait qu’on m’explique…

Toujours pas changé d’avis

Hé oui, c’est toujours la lune de miel avec la région de Lake Placid. Hier, nous sommes allés faire un tour en « ville » et j’ai pu faire une épicerie type ultrarunner en faisant le plein de gels GU (à 99 cents !!!) et de barres énergétiques. Et comble de bonheur, ils avaient toutes les saveurs et la date de péremption n’était pas la mi-septembre.  Je pourrais m’habituer à ça, moi…

En plus, il me semble que j’aurais tant d’endroits à découvrir, à explorer… Juste à partir des sentiers situés tout près, il y a trois sommets qui sont accessibles et je n’ai pas encore pu y aller. Hier, j’ai fait un essai avec ma compagne quadrupède, mais comme il faisait chaud, elle a fini par me faire savoir qu’elle n’avait vraiment pas envie de se taper l’ascension au complet, alors nous avons rebroussé chemin, sans savoir si le sommet était proche ou non. Ce sera pour une prochaine fois. Ça m’a tout de même permis de faire un entraînement en montée et certains passages n’étaient pas piqués des vers. Pour la descente, disons que j’enviais son centre de gravité situé à 6-8 pouces du sol. Elle passait son temps à se retourner, ayant l’air de dire: « Ben voyons, tu te grouilles le derrière ou pas ? ». Ouais ouais, mademoiselle chose, tu ne disais pas la même affaire en montant !

Pour ce qui est de la course, tout va encore relativement bien. Évidemment, le protecteur que je porte me nuit un peu, mais je ne me vois pas encore courir sans lui. Je ne fais tout simplement pas assez confiance à mes tendons pour ça. Par contre, je fais assez confiance au reste pour me lancer dans un demi en sentiers demain matin. Si le test est concluant, ce sera le 28 km pour moi au Harricana… s’il n’est pas trop tard pour changer d’épreuve. Un 28 km que je ferais relaxe, comme un entraînement en vue de ce qui est devenu l’objectif ultime de la saison: le Marathon de New York pour lequel une seule chose importera: m’amuser en visitant la Grosse Pomme.

Et en attendant, ma tendre moitié à la chance d’avoir un homme qui a réappris à sourire. Et ça, c’est très plaisant. Et ce le sera encore plus le jour où Internet fonctionnera comme du monde. Car honnêtement, il est à ch… ici !

On déménage !

Ça a l’air que ça me pogne à chaque fois que nous campons au sud de la frontière.  Ça m’est arrivé à Burlington, puis à Lake George l’an passé. Mais cette fois-ci, c’est encore pire: je veux ABSOLUMENT déménager ici !

Je vous raconte. Depuis mardi, nous sommes installés au camping KOA de Wilmington NY, à précisément 17 km de Lake Placid. Il n’y a qu’un seul mot pour décrire notre environnement: le paradis. Devant moi, alors que j’écris ce billet, derrière les arbres se cache Whiteface Mountain, là où se sont déroulées les épreuves de ski alpin des Jeux d’hiver de 1980 (et fort probablement ceux de 1932 aussi). On n’a pas de montagne comme celle-là par chez nous. La preuve: il faut faire toutes sortes de contorsions pour essayer de fabriquer une pente assez longue pour tenir la descente des hommes. Ici, pas besoin.

Tout en promenant Charlotte autour du camping, qui est super propre, tranquille, ombragé et qui possède même une « pet trail » spécialement pour les toutous, qu’ai-je découvert ?  Un sentier qui mène à… un réseau de sentiers !  Après l’avoir exploré en compagnie de ma compagne à quatre pattes, j’y ai fait mon deuxième essai à course jeudi, un 10 km. Tout a tenu le coup, mais on est loin de la coupe aux lèvres. Contrairement à mon « retour au jeu » de décembre, je sens encore quelque chose, tant au niveau du sciatique que du genou. Mais je suis capable de courir et avec un tel terrain de jeux, pas question m’en passer !

Ce matin, autre essai. Un 13 km qui s’est transformé en 14, vu que je me suis un petit peu perdu dans les sentiers. Et comme j’ai emprunté les sentiers les plus techniques, avec de bonnes côtes et beaucoup de roche, je suis revenu aussi fatigué que si j’avais fait un 30-35 jadis. Comme quoi la forme, ça se perd vite. Mais il semblerait que ça revient assez rapidement aussi. De toute façon, je m’en balance: je me sens revivre. La nature, les sentiers, une température parfaite, que demander de plus ?

Ce qu’il y a de merveilleux avec cet endroit-là, c’est qu’il y a assez de sentiers « lisses » et relativement plats pour que Barbara puisse venir marcher avec nous, comme hier après-midi. Et détail non négligeable pour la gente féminine: la rivière tout près avec son bruit si apaisant.

Mais Lake Placid, c’est bien plus que ça. Comme c’est ici qu’on retrouve le centre d’entraînement de l’équipe nationale américaine, on constate rapidement que tout est axé sur le sport. À voir le nombre disproportionné de magasins de sports sur la rue principale, pas difficile de s’en convaincre.

D’ailleurs la clientèle du camping donne un bon indice. Des vélos, des kayaks, ça aussi, on en a vu beaucoup plus que d’habitude. Ici, les gens ne passent pas leur journée à boire de la bière et parler fort. Ils bougent et le soir, ils dorment.

Parlant de vélo… J’ai amené le mien, question de ne pas me transformer en monstre en cas de retour sur la liste des éclopés. J’ai fait une sortie hier, une petite virée du côté de Lake Placid avec des détours, dont un dus tremplins utilisés pour les sauts à ski. Non mais, ça prend-tu des maudits débiles pour se lancer en bas de ça avec deux planches dans les pieds ?  Impressionnant ?  Le mot est faible !  Je n’en reviens pas encore…

Pour ce qui est du vélo en tant que tel, j’ai fait connaissance avec les routes PARFAITES de l’état de New York. Une surface plus qu’idéale, un accotement d’un mètre de large et des automobilistes qui font réellement attention et pour qui les panneaux « Partageons la route » veulent dire quelque chose. Le paradis, je vous dis !

Alors mon amour, on déménage quand, question d’avoir une vraie connexion internet ?  😉

Le genou va bien…

Trois semaines après ma tentative désastreuse du 20 juillet, semaines au cours desquelles j’ai subi un traitement de chiropractie et deux d’ostéopathie, aujourd’hui était le jour J. Mon genou ne me faisait plus souffrir depuis quelque temps et j’étais maintenant capable de promener notre Charlotte pendant plus d’une heure sans que mon sciatique ne se plaigne. C’était le moment de passer à l’étape suivante.

Dès les premiers petits pas à la course en période d’échauffement, ma raison s’est mise à crier: « Arrête ! ». Je sentais déjà quelque chose dans le fessier. Je me disais qu’en se réchauffant, peut-être que… Mais non, la raideur est demeurée. Que faire ?  Après 1.8 km, j’ai bien failli retourner à la maison et aller enfourcher mon vélo. Mais j’ai voulu en avoir le cœur net et tant que la douleur ne montait pas dans le dos, j’allais poursuivre.

Elle n’est jamais montée plus haut et j’ai complété les 7 kilomètres prévus en tâchant d’y aller vraiment relaxe (4:31/km de moyenne, j’ai donc presque réussi ;-)). En courant, comme je pensais continuellement à mon sciatique, j’avais l’impression d’être devenu un monsieur Caron (désolé pour ceux qui ne sont pas de la génération RBO comme moi) obsédé par ses douleurs: « Garde, garde, chus maaalaaade !  Mon sciatique ! Ma prostate !!!  Ma bru m’a payé un voyage en Euthanasie… ». Je n’ai pu réprimer un sourire. Ouais, je dois l’admettre: je ne rajeunis pas.

Vers la fin, je me suis rendu compte d’une chose: je ne pensais pas du tout à mon genou, la cause première de tous les pleurs et grincements de dents des derniers temps. Bien enveloppé dans un support style « Docteur Gibaud », il a très bien répondu aux efforts que je lui commandais de faire. Ça, c’est très encourageant.

Quant au sciatique, je crois avoir reculé de ce côté, mais je sens que les étirements prescrits par l’ostéo ainsi que le traitement prévu pour demain vont le ramener rapidement dans le droit chemin. Bref, je ne suis pas tiré d’affaire, mais je vois la lumière au bout du tunnel. Il suffit maintenant d’être patient. Encore.

Le jour et la nuit

Je m’y attendais un peu, mais j’ai pu constater par moi-même la différence marquée entre les approches de professionnels (en fait, je devrais l’écrire au féminin) de la santé cette semaine.

Tout d’abord mardi en fin d’après-midi, visite dans le bureau de Sophie, mon ultra-chiro. Comme je lui avais laissé sous-entendre par courriel qu’elle avait fait quelque chose de croche la dernière fois, je m’attendais à un accueil plutôt froid. Mais non, elle était comme d’habitude: réservée et… directe.

Ça n’a pris de temps avant qu’elle m’entreprenne, avec ses tours de passe-passe que je ne comprends strictement pas. Entre autres, il a fallu que je me laisse aller vers l’arrière, comme si j’allais tomber sur le dos, pour qu’elle me rattrape. Quel est le rapport avec mon genou ?  Et avec mon sciatique (c’est la conclusion à laquelle elle, moi et plein d’autre monde en étions arrivés pour ma douleur à la fesse/hanche/dos) ???  Comme je ne pèse pas 300 livres, elle a pu me saisir par les bras facilement et à ce moment, j’ai entendu un merveilleux craquement dans le haut de mon dos. Ça y était, j’étais maintenant paralysé…

Hé non, c’était le but (le craquement, pas la paralysie) il semblerait. Ok, mais le reste ?  Ont alors suivi les multiples manipulations dont je ne vois à peu près jamais l’utilité: pousse ici, tire là, saute sur place (je le jure !). Sans oublier le désormais classique: retourne-toi sur le côté et replie ta jambe pour que je me laisse tomber dessus. Celui-là me fout la trouille à chaque fois.

Diagnostic ?  Mon sacro-iliaque était bloqué du côté gauche, amenant la douleur dans le sciatique et n’aidant évidemment pas mon genou. Son hypothèse était qu’il n’y avait rien qui lui sautait aux yeux de ce côté la première fois, alors elle s’était concentrée sur le genou. En courant à nouveau, le blocage s’était fait ou accentué et là elle a pu le voir (ô surprise !). Elle en a également profité pour régler un problème que j’avais au cou  (j’avais effectivement de la difficulté à tourner la tête sur le côté gauche).

Conseils: ok pour le retour à la maison en vélo, mais si je promettais d’y aller relaxe. Pas la bonne journée pour essayer de battre mon record (je ne fais jamais ça ;-)). Pour ce qui est de la course, je devais attendre 36 heures. Pour la première fois, elle a ouvert la porte à une autre discipline: la physiothérapie qui serait peut-être nécessaire si la douleur au genou persistait.

Je suis donc reparti en boitillant, affichant un optimisme prudent. Je me disais que si effectivement le problème du sciatique était réglé, je pourrais peut-être courir en fin de semaine. Avec un peu de chance, je pourrais même envisager vendredi, surtout si l’ostéo… Pour les 36 heures, je n’y pensais même pas !

Mercredi matin, pour la première fois depuis des lunes, je me suis levé sans la moindre douleur au sciatique. Je marchais normalement dans la maison. Je sentais l’enthousiasme remonter, commençais même à envisager à nouveau une participation aux ultras de septembre. Comme mon rendez-vous chez l’ostéo était à 11h30, je suis allé promener Charlotte avant. Après 10 minutes, j’ai commencé à sentir une raideur dans la fesse gauche. Ça n’a pas pris de temps à se propager au bas du dos. Et moi de reprendre ma superbe démarche de tout croche. MERDE !!!  Vivement l’ostéo, pour voir si elle pouvait faire quelque chose.

Ça a débuté par la série de questions habituelles. Des chirurgies ? Non. Des allergies ?  Pas que je sache. Des médicaments ?  À part des Advil quand j’essaie de courir avec de la douleur, non. Alimentation ?  Pas le choix de bien manger. Cout’ donc, je suis dont ben plate, moi (pas de question sur les liqueurs douces ou l’alcool, je ne me suis donc pas fait chicaner) !  Quand est venu le temps d’énumérer mes blessures, elle a été étonnée que je puisse me rappeler des dates et des endroits. C’est pas compliqué, c’est toujours un muscle arrière (ischio ou mollet) de la jambe… Pour les dates, ça doit être mon côté Rain Man.

J’ai été heureux d’apprendre qu’elle avait fait sa maitrise en étudiant les genoux des coureurs de haut niveau (shit, ça ne me concerne pas !  ;-)). Good, elle connait la course. De mon côté, je lui ai appris en quoi consistaient les ultramarathons, mais comme bien du monde, elle s’est arrêtée aux distances alors que les ultras, c’est plus le terrain qui les rend… différents. Enfin…

En ce qui concerne les traitements en tant que tels, c’est pour ainsi dire le jour et la nuit. Tout se fait en douceur, au point même où à un moment donné, je me suis dit: “Faudrait peut-être faire quelque chose, j’ai envie de guérir cette année, moi.”. Mais contrairement à la chiropractie, on voit tout de suite le rapport: j’ai mal au genou, elle travaille autour du genou; j’ai mal au sciatique, elle travaille dans ce coin-là. Tout est en étirements et en pressions autour des zones touchées. En chiro, je me suis retrouvé plus d’une fois à me demander ce qu’elle pouvait bien foutre à essayer de démantibuler une partie de mon corps qui ne semblait pas avoir rapport à ce que j’avais.

La principale difficulté ?  Établir un seuil de douleur. “Dites-moi quand la douleur sera à 6 sur 10.”  Ça veut dire quoi, 6 sur 10 de douleur ?  C’est quoi, 10 sur 10 ?  Une pierre aux reins ?  C’est que nous, les coureurs, ne sommes généralement pas plaignards (quoi que je commence à me trouver pas mal lamenteux sur les bords), alors 6 sur 10…  Une crampe, c’est quoi ?  8, 9, 9.5 ?

Détail qui m’a frappé: l’ambiance. Peut-être que ça a à voir avec la personnalité de la thérapeute, mais dans le bureau de l’ostéo, l’ambiance est plus feutrée. En plus de la table de traitement, on y retrouve deux chaises confortables, des petits chocolats (du Costco, mais quand même), de la musique-qui-fait-faire-des-dodos. Dans celui de la chiro, il y a la table, un comptoir où elle prend des notes et c’est tout. Assis-toi là, fais ci, fais ça. Pas de niaisage. Différent, mettons.

Avant de partir, l’ostéo m’a demandé de faire des exercices d’étirements. Et pour la première fois, j’ai senti une certaine autorité dans sa voix. J’avais bien l’intention de l’écouter de toute façon car je n’ai qu’un seul objectif: reprendre le collier. Parce que je commence à en avoir ras le pompon de vous parler de mes bobos. Et j’ai hâte de redevenir un être humain et non pas un air bête perpétuel.

Mais pour mieux sauter, je vais peut-être devoir me résoudre à reculer. Je commence sérieusement à envisager un repos complet de quelques jours. Oui, moi, au repos complet. Faire comme la majorité des gens: prendre l’auto pour me rendre au train, le train pour me rendre au boulot puis faire le chemin inverse le soir avec comme seul exercice la petite marche entre la gare et le bureau. En plein été. Je ne suis vraiment pas certain que je vais pouvoir réussir à faire ça sans commettre un crime quelconque. Présentement, j’envie les gens sédentaires, ceux pour qui l’été ou l’hiver, ça ne fait pas vraiment de différence puisqu’ils sont toujours à l’intérieur. Vous savez, ceux qui passent leur temps devant l’ordinateur ou la télé. Quelques jours à ne rien faire, c’est quoi pour eux ?  Alors que pour moi…

Je préfère de loin demeurer actif quitte à retarder la guérison. Sauf que si le fait d’arrêter quelques jours me permettait de reprendre la course plus rapidement ? Je ne suis pas décidé encore.

Où donner de la tête ?

Ça va mieux. En fait, c’est un peu une façon de parler parce qu’on ne peut pas dire que côté guérison, ça se fait à la vitesse de l’éclair. Mais on dirait que dans ma tête, j’ai réussi à me faire l’idée: il n’est pas impossible que ma saison soit terminée. Je sais, il est beaucoup trop tôt pour lancer la serviette et je ne la lancerai pas de toute façon, mais on dirait que j’ai trouvé un semblant de paix intérieure. Peut-être que le sevrage physique est passé et que le psychologique réussit à se satisfaire du vélo (pour le moment)…

Il faut dire que ma douleur à la fesse/hanche/dos « aide » beaucoup. C’est probablement un mal pour un bien car elle m’empêche de marcher confortablement durant plus d’une heure. Après ce laps de temps, chaque appui que je prends sur le pied gauche devient inconfortable et ma démarche en est affectée. Alors je ne me vois tout simplement pas me mettre à courir. Pendant ce temps-là, je laisse mon genou tranquille.

Il y a une chose qui m’a frappée depuis que je suis au garage: c’est très compliqué de se faire soigner. On ne sait pas où donner de la tête. Tous les gens à qui j’en parle ont leur opinion et me donnent des références en physio, en ostéo, en médecine sportive, etc. Et j’ai une impression étrange: ces gens ne travaillent pas en équipe. Pas moyen d’avoir un diagnostic de base et se faire aiguiller vers la bonne personne par après. Chacun tire la couverture de son côté et croit pouvoir nous guérir.

Qu’est-ce qui me fait penser ça (et je me trompe peut-être) ?  Trois de mes lecteurs, qui sont aussi des coureurs (désolé mesdames pour l’utilisation du masculin pour alléger le texte :-)) m’ont fortement conseillé d’aller voir un ostéo. À ce que j’ai compris, l’ostéopathie se fait tout en douceur, tout le contraire de la chiropractie. Pourtant, les deux professionnels pensent pouvoir régler mon problème.  Heu, qui dois-je croire, moi ?  Est-ce qu’il serait possible de prendre deux chemins totalement différents pour atteindre la même destination ?

Je vais donc faire le cobaye cette semaine: des rendez-vous mardi avec Sophie et mercredi en ostéo. On verra bien ce que ça va donner…  Mais encore là, on me dit que ce n’est peut-être pas une bonne idée de se taper deux traitements coup sur coup comme ça. Mais comment je peux savoir, moi ?  Je ne suis qu’un pauvre ingénieur, je ne connais rien au corps humain. Ça prendrait l’avis d’un super-professionnel de la santé, un médecin sportif, par exemple. Et si je pouvais le voir avant le mois d’octobre, ça ferait bien mon affaire. Seb, tu n’en connaitrais pas un ?

En tout cas, ma date-butoir est fixée: si je suis incapable de m’entrainer normalement durant nos deux semaines à Lake Placid à la mi-août, les deux ultras prévus en septembre vont sauter. Pour New York, on avisera. Pour celui-là, nous allons faire le voyage peu importe ce qui arrive, quitte à transformer le séjour en vacances d’automne. Parce qu’au bout du compte, il n’y a pas que la course dans la vie, n’est-ce pas ?  (Ho que ma douce moitié va être contente de lire ça ! :-))

L’air bête

“Ça va pas, hein ?”

Dimanche matin , nous étions dans la voiture. Nous avions un pique-nique avec des collègues de travail et c’est là que nous nous rendions. Quand ça fait 26 ans qu’on est avec la même personne, dont les 23 dernières à vivre ensemble, disons qu’on n’a pas besoin de se parler pour se comprendre.

“Non.”

Depuis la veille, je n’avais qu’une seule chose en tête: mon foutu genou. Et toutes les questions que cette blessure apporte avec elle.  Vais-je pouvoir être au Harricana ?  Au Vermont 50 ?  À New York ?  Vais-je seulement courir à nouveau ?  Quand ???

Et la douleur à la hanche/dos/fesse… Merde, tout allait bien de ce côté avant que Sophie y touche. Est-ce récupérable ?  Ai-je des dommages ?  Moi qui n’avais jamais cru à la chiropractie, j’en étais devenu un fervent défenseur. Plus maintenant. Le doute s’est installé. Et le lien de confiance, à défaut d’être rompu, s’est un peu fragilisé.

Ça fait que je traine un maudit air bête à longueur de journée. Et Barbara qui est tellement compréhensive… Elle pourrait bien me sermonner, me dire que sa situation est 1000 fois pire que la mienne (elle aurait raison), mais non. Elle sait à quel point j’ai besoin de courir pour me sentir bien. Me sentir libre. Me sentir moi-même. Quand on parle de soutien de la part de sa conjointe…

J’essaie de me dire que ce n’est pas la fin du monde, que je ne suis pas le premier à passer par là. Je m’encourage en pensant à Pat qui a été sur le carreau pendant des semaines au printemps, puis qui a réussi à se taper deux courses de 100 milles presque coup sur coup. S’il a réussi à se rétablir à temps, pourquoi pas moi ?  Surtout que les courses que j’ai au programme sont pas mal moins longues que les siennes…

Je pense aussi à ces coureurs professionnels qui ratent des marathons importants pour cause de blessures. Eux, c’est leur job, leur gagne-pain. Moi, c’est juste un passe-temps. Des courses, dans le pire des cas, il va y en avoir d’autres, non ?  Aussi, je suis encore capable de pédaler sans douleur (ou presque). Hier, j’ai fait 60 km, ma plus longue randonnée de vélo depuis des années. Si au moins je peux garder le cardio intact, en attendant…

Mais tout ça, c’est seulement de la belle rationalisation. La réalité, c’est que je me sens comme un pur-sang enfermé dans son enclos. Je piaffe d’impatience, rue dans les brancards (je commence à comprendre d’où viennent ces expressions-là). J’ai fait quelques appels aujourd’hui. J’ai pris un rendez-vous avec une ostéopathe dont on me dit énormément de bien. Elle est spécialisée dans le genou et va certainement m’aider pour ma hanche. J’ai aussi contacté des spécialistes en médecine sportive: pas de place avant octobre !  C’est que je devrais normalement avoir fait deux ultras d’ici là, moi…

Bon, pour se changer les idées un peu, petit mot sur le Vermont 100. Un coureur de chez nous s’est  illustré: Sébastien Roulier, qui en était à sa première course de 100 milles, a terminé en septième position et ce, seulement deux semaines après nous avoir fièrement représentés aux championnats de monde. Toutes mes félicitations Seb !  🙂

Il semblerait toutefois que la course a été très difficile cette année, probablement à cause de l’humidité. En tout cas, le taux d’abandons a été élevé et certains ultrarunners aguerris n’ont pas été en mesure de terminer, alors ça donne une bonne idée.  J’y avais d’ailleurs pensé durant les jours de chaleur accablante que nous avons subie la semaine dernière et j’y songe de plus en plus sérieusement: peut-être (advenant que je puisse recommencer à courir un jour ;-)) que finalement, le Vermont 100, ce n’est pas une bonne idée pour mon premier 100 milles. Comme je tolère très mal la chaleur quand je cours (en fait, je la tolère mal tout le temps: je porte des chemises à manches courtes à longueur d’année), je devrais peut-être m’orienter vers des courses à l’automne.

Dans ma mire: Haliburton Forest (Ontario) en septembre, Virgil Crest (New York) aussi en septembre et Oil Creek (Pennsylvanie) en octobre. Les deux premiers sont de type double aller-retour d’un parcours de 25 milles alors que le troisième est constitué d’une boucle de 50 km à faire trois fois suivi d’une “mini-boucle” de 11 km. J’opterais probablement pour ce dernier, mais j’ai encore bien du temps pour y penser.