Petites vites de la fin avril

Beaucoup de petites choses ces dernières semaines, malheureusement pas tellement l’occasion de les partager avec vous, fidèles lecteurs. En voici toutefois quelques-unes, en vrac.

La blessure

« Si la course avait été en fin de semaine, je l’aurais courue ».

Voilà, pour ceux qui s’en soucieraient, c’est ainsi que je résume mon état de santé depuis quelques semaines. Je ne suis pas au top, mais je suis en mesure de courir. Marie-Ève a poursuivi son dur travail de « redressement » de ma vieille carcasse et comme je ne suis pas toujours tellement patient quand vient le temps de laisser une blessure guérir, ben le processus est long.

Mais je sens que je suis sur la bonne voie. Vais-je être à mon meilleur niveau à Massanutten ?  Jamais de la vie. Pas assez entraîné, pas assez remis. Mais j’y serai et compte bien le terminer, quitte à ce que ça prenne plus de temps.

Le fat ass

Stéphane, un camarade de course, a eu l’idée d’organiser une « petite » sortie de groupe à la fin mars. L’idée a fait boule de neige et, le soleil aidant, nous nous sommes retrouvés une bonne quarantaine dans le stationnement de la microbrasserie de Dunham, prêts à affronter en gang le « petit » parcours que notre organisateur avait tracé dans les chemins de campagne de cette superbe région.

Au programme: 50 kilomètres divisés en deux boucles. Une première faisait 35 km pour nous ramener au point de départ et une autre de 15 km venait s’y ajouter.

Stéphane a définitivement des talents d’organisateur car il avait tout prévu : le parcours était balisé et il offrait même un petit ravito autour du 16e kilomètre. Wow !

Après un départ groupé, le peloton s’est étiré selon les rythmes naturels de chacun. Comme par magie, je me suis retrouvé avec mes acolytes Pierre et Martin. Ce dernier semblant dans une excellente forme, nous avons fini par le laisser aller, le parcours étant somme toute pas mal exigeant.

Avant même le départ, j’avais décidé de m’arrêter après la première boucle, question de ne pas trop en faire car je n’étais tout simplement pas rendu là dans mon entrainement à ce moment-là (vous voyez, ça m’arrive d’être raisonnable !). Autour du 30e kilomètre, je me suis dit que peut-être que… Mais mes tendons m’ont rappelé qu’ils n’avaient pas vraiment envie d’en faire plus et comme ce n’était pas une compétition…

Ne pouvant résister à l’appel de la bière, Pierre s’est joint à son ami Vincent et à moi dans le « groupe des sages » (hum hum) qui a pris la microbrasserie d’assaut en premier. Que voulez-vous, ne dit-on pas qu’il est préférable de s’entraîner « un peu moins » qu’ « un peu trop » ?  Ça fait que…

Poing levé

Le temps était exécrable. Vraiment exécrable. Pluie, vent, 2 ou 3 minuscules degrés au thermomètre. J’étais sur le chemin du retour, vent en pleine figure, trempé jusqu’aux os. Autour du 28e kilomètre de cette sortie pénible au possible, je me suis retrouvé à combattre un vent qui me forçait à courir en adoptant une position exagérément penchée vers l’avant.

Une rafale vint me déséquilibrer. Puis une autre. J’ai laissé échapper un cri de rage contre les éléments. Puis, quelques mètres plus loin, un autre, encore plus fort, au point où j’en ai eu mal à la gorge.

Le reste de mon corps était somme toute correct, mais mes gants gorgés d’eau ne suffisaient plus à la tâche de protéger mes mains qui étaient frigorifiées. Il y avait une station-service tout près, j’allais m’y arrêter pour demander à Barbara de venir me chercher. Trop, c’était trop.

Puis je me suis souvenu : Quebecers are fucking tough que je me plais à répéter. Allais-je laisser tomber ?

J’ai brandi le poing dans les airs en signe de défi. Est-ce que c’est tout ce que tu as à me donner, Dame Nature de mes deux ?

Je dois toutefois avouer que je me suis trouvé un endroit un peu plus loin pour sécher mes gants avant de poursuivre. Il y a des limites à être fucking tough

La température

Parlant de conditions météo, après un hiver plutôt clément, le sud de la province a subi un mois d’avril anormalement froid, avec parfois de la neige.

Remarque comme ça: ce n’est pas la première fois et certainement pas la dernière qu’il neige en avril. Il y en a au moins une année sur deux, si ce n’est pas 2 sur 3. Je me souviens particulièrement de la bordée mouillée qui nous était tombée dessus la veille de notre départ pour Boston en 2013.

La question alors : pourquoi en faire tout un plat ?  Quand c’est rendu qu’Environnement Canada émet des avertissements de froid au mois d’avril, franchement… Qu’est-ce que ça peut bien faire qu’il fasse 10 degrés moins que la sacro-sainte « normale » de saison ?

C’est ce qui fait la beauté de notre sport : il peut se pratiquer dans toutes les conditions. Ou presque. D’ailleurs, vendredi de la semaine dernière, quand je me suis pointé au bureau dans mon accoutrement de course, des collègues se sont étonnés de me voir arriver ainsi, vues les conditions. J’ai tout simplement répondu que vu qu’il pleuvait, je n’avais pas pu prendre mon vélo.

Ils commencent à être habitués de côtoyer une anomalie de la nature…

Ultra-ordinaire

J’ai assisté au lancement, j’ai avalé le bouquin en moins de temps qu’il faut pour crier « UTMB ! ». Pour les quelques personnes sur cette terre qui ne seraient pas encore au courant, Ultra-ordinaire – Journal d’un coureur, le livre de mon ami Joan, a été lancé il y a quelques semaines.

Impressionnant collage de superbes photographies (prises en majeure partie lors de ses allers-retours au travail à la course ou lors d’événements) et de textes écrits avec une plume que je lui envierai toujours, cet ouvrage est un incontournable, que vous soyez coureur ou pas.

J’ai eu une belle surprise en voyant apparaître mon nom dans la liste des remerciements qu’on retrouve à la fin. J’ai eu beau m’enquérir de la raison de cet honneur auprès de l’auteur, il s’est contenté de me redire « Merci ! ».

Ha ben cout’ donc, ça m’a fait plaisir !

Petit quiz pour ceux qui ont l’œil averti : Joan fait référence à votre (pas toujours) humble blogueur à deux endroits dans son bouquin. Pourriez-vous les trouver ?  Il y en a un assez évident, l’autre moins… 🙂

« Ta femme dit que tu cours des 100 milles… C’est-tu vrai, ça ? »

Journée de repos, promenade de Charlotte au parc. Un groupe de retraités qui vont y prendre leur marche tous les matins m’arrête pour me poser la question.

« Oui. » Vous voulez que je réponde quoi ?  C’est vrai…

« Ça prend combien de temps ? ».

Question classique. J’ai eu envie de les référer au livre de Joan.

Washington

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. L’an passé, j’étais le seul Québécois au départ du 50 miles du North Face Endurance Challenge de Washington. Il y avait un autre représentant de la belle province sur place, qui lui faisait le 50 kilomètres et que je n’ai pas eu la chance de croiser. Ce jour-là, nous avons affronté la première vraie journée chaude de l’été, chaude au point où je me suis permis une petite baignade dans un ruisseau sur le chemin du retour.

Hé bien cette année, je ne sais pas si c’est moi qui ai tracé la voie, mais plusieurs des nôtres y étaient (dont Yohan, un de mes lecteurs, qui était là un peu à cause de moi; j’espère qu’il ne m’en veut pas trop aujourd’hui ;-)). Et pas seulement pour faire de la figuration : en plus de terminer dans le top 10 au classement général, les deux premières femmes (Hélène Michaux et Rachel Paquette) étaient des Québécoises !  Wow !  Ajoutez à ça une septième place pour Félix Guévremont et il n’y a pas à dire, Quebecers are fucking tough !

Surtout que les conditions étaient plutôt « québécoises » à ce qu’on me dit : froid, pluie et neige, boue. Rien à voir avec ce que j’ai connu. Je me demande comment je m’en serais sorti, moi qui déteste viscéralement la boue…

La très forte délégation québécoise a poursuivi son travail ce matin à Bear Mountain en allant chercher 5 des 10 premières places. Un de ces jours, un des nôtres ira chercher un grand titre…

La blessure – bis

À deux reprises récemment, je me suis tapé des sorties plus longues qu’un marathon (43 et 45 km) et à chaque fois, il m’a semblé que la blessure ressortait de plus belle. J’ai donc décidé de ne plus dépasser 25 km pour une sortie et de mieux répartir mon kilométrage sur toute la semaine. Jusqu’à maintenant, tout semble fonctionner à merveille (quoi que faire 4 sorties de 20 km ou plus dans une semaine, ce n’est pas toujours évident). Reste à voir ce qui va se passer le jour J. À suivre.

Boston

Quand on dit que les années se suivent et ne se ressemblent pas… En 2015, la course s’est déroulée dans le froid et la pluie (je n’ose imaginer à quel point l’attente à Hopkinton a pu être désagréable) alors que cette année, il faisait un soleil radieux et le mercure dépassait allègrement les 20 degrés au départ… pour plonger quelques heures plus tard.

J’ai remarqué une chose cette année : il m’a semblé qu’on parlait beaucoup, beaucoup de ce marathon. À la radio, sur les réseaux sociaux, même à la télé. Vrai qu’en 2013 et en 2014, j’étais de la fête alors que l’an passé, j’étais encore dans la capitale américaine. Peut-être en ai-je manqué des bouts à ce moment-là. Mais quand même…

Oui, c’est un sport !

C’est bizarre, la question m’a été posée deux jours de suite récemment. Avant, je dois avouer que je n’avais peut-être pas toute la crédibilité nécessaire pour l’affirmer sans détour, mais maintenant que j’ai quelques courses relativement longues dans les jambes, je crois pouvoir l’affirmer sans risquer de me faire juger.

Oui, le golf est un sport.

Dans la jeune trentaine, quand je le pratiquais régulièrement (qui peut se vanter d’avoir déjà réussi un trou d’un coup et d’avoir aussi couru un 100 miles, hein ? :-)) et qu’on me posait la question, ça me frustrait. Et souvent, je répondais par une question: « As-tu déjà joué au golf ? ». Invariablement, la réponse était négative. Car quiconque qui s’est tapé un 18 trous de golf à pied (en voiturette par contre, bof…) sait pertinemment qu’il en ressort fatigué. Pas épuisé comme après une course, on s’entend, mais fatigué. Personnellement, j’avais l’impression que j’avais plus bougé après avoir joué un 18 trous qu’après certaines parties de hockey cosom.

On s’entend, pas besoin d’être un athlète pour exceller au golf. Et le tour de taille de certains golfeurs professionnels est là pour le prouver. Mais il en est de même pour plusieurs professionnels au baseball, au football et même au basketball. Et que dire de certains haltérophiles et boxeurs ? Pourtant, on ne remet pas en question le fait qu’ils pratiquent un sport. Alors, pourquoi en est-il ainsi pour le golf ?  Aucune idée.

Le commentaire

Pierre m’avait averti: « Fred Houde ne sera pas content… »

Frédéric Houde, c’est l’homme à la tête des Courses gourmandes, une série de courses sans prétention qui sont organisées un peu partout en Montérégie et qui remportent un beau succès populaire. Et pour cause, car je n’en entends que des commentaires positifs et pour avoir participé à l’une d’elles (le demi-marathon des Micro-brasseries), je dois dire que les compliments étaient tout à fait mérités.

Vous l’aurez peut-être deviné, le Marathon des Érables (qui avait lieu aujourd’hui) fait également partie des Courses gourmandes et l’argumentation de mon dernier article était en partie basée sur le parcours dudit marathon.

Il s’avère que monsieur Houde a lu mon article et, comme Pierre m’avait dit, il n’était pas content.  Ce qu’il m’a fait savoir via un commentaire qu’il a laissé sur ce site. Commentaire que j’aurais pu ne pas publier, mais auquel j’ai plutôt préféré répondre.

Je n’en vous en direz pas plus car j’aimerais avoir votre avis sans tenter de vous influencer, chers lecteurs. Avis sur le ton utilisé, sur le contenu du commentaire ainsi que sur celui de la réponse. Et je vous demanderais des avis honnêtes, sans complaisance. Car mon but est autant de partager avec vous ma passion de la course à pied que de le faire en m’améliorant, article après article.

Alors à vos claviers, j’attends vos commentaires !  🙂

2015, une drôle d’année

Les traditions étant les traditions, pas moyen de passer à côté de celle qui en est rendue à sa quatrième édition, soit la revue de ma dernière année dans le merveilleux monde de la course.

Voici donc ce qui m’a « frappé » au cours des 12 derniers mois…

Les femmes de la course – Contrairement aux années précédentes, j’ai cru remarquer qu’elles avaient eu un rôle plus important dans mon activité en 2015. Je ne peux donc tout simplement pas laisser leur apport sous silence.

Tout d’abord, je me dois évidemment de souligner, encore une fois, tout le soutien venant de la part de ma (la plupart du temps) tendre épouse Barbara. Contrairement à bien d’autres qui prétendent soutenir leur homme et qui profitent ensuite de la moindre occasion pour leur ramener ça sur le nez quand ça va moins bien, je sens vraiment qu’elle est derrière moi. Elle me connait mieux que personne et sait que je pourrais difficilement vivre sans mon sport. Or, quand je me suis blessé et aussi quand j’ai eu une grosse baisse de régime en fin d’année, au lieu de me casser les oreilles avec les classiques « Je te l’avais dit » et « Tu en fais trop », elle a cherché avec moi à trouver des solutions. Ajoutez à ça qu’elle a passé une autre nuit blanche à me suivre dans les coins le plus reculés de la Virginie profonde pour ensuite avoir l’immense bonheur d’avoir à me ramasser quand je suis tombé dans les pommes dans la salle de bain…

Donc, très humblement, merci pour tout, mon amour.

Une qui n’a pas eu à passer une nuit blanche, mais presque, et qui a gardé le sourire tout le long, c’est ma « petite » sœur Élise. Prise pour dormir sur le fauteuil de la chambre d’hôtel avant et après la course, elle n’a jamais perdu sa contagieuse bonne humeur tout au long de la journée. Et le sourire, elle l’avait encore par cette belle journée de novembre, quand elle a complété avec brio son premier demi-marathon. Je l’ai dit et le répète, il y a une marathonienne et même une ultramarathonienne dans ma frangine.

Dans un autre créneau, que dire de Fanny, celle pour qui j’ai joué au pacer à Bromont ?  Je l’ai rejointe alors qu’elle avait 124 longs kilomètres dans les jambes. Elle claudiquait, avançait lentement. Mais elle avait un moral d’acier et son esprit était si vif que je me suis trouvé nul de me sentir moche alors que j’avais dormi quelques heures.

Comme le lapin Energizer, elle a avancé, encore et toujours, grugeant lentement, mais sûrement un à un les obstacles qui se dressaient devant elle. Jamais je ne l’ai entendue se plaindre. Une battante, une vraie de vraie. Une inspiration.

Puis, comment oublier Christina, Kathleen et Amy, celles qui m’ont donné tant de fil à retordre en compétition ?

Christina, elle n’avait l’air de rien. Mais elle enfilait les kilomètres en enchainant les petites enjambées à une cadence époustouflante. Au fur et à mesure que la course progressait à Washington, elle s’éloignait de moi, me laissant croire que je n’étais pas vraiment dans une bonne journée. Et pourtant…

De Kathleen, je me rappellerai toujours le fait qu’elle n’arrête jamais, mais jamais de courir, même si elle avance plus lentement que quelqu’un qui marche dans certaines montées.  Et surtout, elle est ce qu’on appelle ici un cr… d’air bête. Autant à Massanutten qu’au Vermont, nous avons fait de longs bouts ensemble et la seule fois qu’elle m’a glissé un mot, c’était pour répondre au « Great job ! » que je lui avais lancé. Elle m’a répondu « You too ! » pour, quelques centaines de mètres plus loin, me dépasser sans me dire un foutu mot. Bout de viarge, elle a parlé plus aux chevaux qu’à moi durant toutes ces heures !

Quant à Amy, bien que son flot incessant de paroles m’ait un peu agacé à Massanutten, la longue jasette qu’on s’est piqué après le Vermont (où elle était directrice de course) m’a fait découvrir une femme charmante et drôle à souhait. Une vraie de vraie trail runneuse, contrairement à l’autre…

Aussi, un petit mot pour Anne, qui aurait bien pu être la première femme à me chicker dans un ultra au Québec. Si ce n’est pas elle, ce sera une autre, car le monsieur ne rajeunit pas et les femmes commencent à pousser pas mal fort ici…

En terminant, bien qu’on ne se soit pas côtoyés en course, j’ai suivi de près (mais à distance) l’impressionnante progression de mon amie Julie cette année. 4 ultras, en plus de plusieurs autres courses pas piquées des vers, c’est toute une saison qu’elle a eue. Et en juin prochain, nous ferons équipe dans le cadre de la Petite Trotte à Joan. J’y reviendrai.

Monsieur dream team – Il a été de tous mes 100 miles, il est sans contredit mon fan numéro un. Homme discret qui n’aime pas être le centre d’attention (c’est génétique, que voulez-vous…), il tient mordicus à faire partie de mon équipe de soutien. Et sa place est réservée à perpétuité (sauf pour les épreuves que je ferai en solo, bien évidemment). Un gros, gros merci pour tout papa.

Mon « entourage » – Bien que la course soit le sujet de ce blogue et que mes interventions Facebook ont presque toutes rapport à ça, c’est seulement quelque chose que je fais, ce n’est pas ce que je suis. Non mais, est-ce qu’il y a quelque chose de plus fatigant que quelqu’un qui parle toujours de la même affaire ?

Ma femme, ma famille, mes amis, mes collègues de travail me permettent d’échanger sur d’autres sujets d’intérêt. En fait, même entre ultrarunners, on parle souvent d’autre chose. Car, il n’y a pas que la course dans la vie, n’est-ce pas ?

« Mes jeunes » – C’est comme ça que je surnommais les étudiants de l’école Gérard-Filion avec qui je courais les lundis. Eux s’entrainaient pour le Grand Défi Pierre-Lavoie et moi, ben, je courais, comme d’habitude.

C’était beau de voir des jeunes motivés par le projet et des profs dévoués les encadrer. Une belle expérience de vie.

Ils nous ont quittés –  Quelques jours avant la course à Washington, j’ai appris le décès de mon oncle Claude, qui n’avait que 70 ans. Je ne le voyais pas tellement souvent, mais c’était toujours un immense plaisir d’être en sa compagnie. Il avait le don de nous faire rire, alternant taquineries et autodérision. Les funérailles ayant lieu le jour où nous partions, nous n’avons pas pu y assister.

Dans les 10 derniers miles, alors que le soleil était à son zénith et que je serrais les dents pour tâcher de terminer, je l’entendais me traiter de débile et rire de moi. J’ai ri tout seul parce que j’étais un peu d’accord avec lui…

Puis, peu avant le Vermont 100, j’ai appris le décès de Christian. Celui-là, je l’ai pris encore plus dur, probablement parce qu’il avait mon âge. Durant la course, dans les moments les plus difficiles, je me rappelais de ses expressions colorées et encore là, je riais tout seul. Deux jours plus tard, à la sortie de l’église de Ste-Julie, je n’ai pas retenu mes larmes. Il me manquait déjà.

Le froid – C’est difficile à croire avec le mois de décembre hyper-clément que nous avons eu, mais l’hiver a été dur dans la partie nord-est du continent. Très dur, même. Jamais vu autant de journées avec des températures descendant sous les -20 degrés, jamais vu un hiver aussi long. Pas les conditions idéales pour se préparer en vue de la saison des ultras, mettons.

La chaleur – Bon, j’ai beau m’en plaindre, mais mon corps vit plutôt bien avec le froid. Malgré les conditions extrêmes, je ne suis jamais allé au bout de ma garde-robe. Je ne protège que très rarement mon visage et n’ai aucun problème à respirer dans le froid. Ha, si mes mains pouvaient être comme le reste de mon corps…

Par contre, la chaleur… Ouch !  Là, c’est plus difficile. Et comme le hasard fait « bien » les choses, il fallait qu’il fasse chaud autant à Washington qu’à Massanutten. Si au moins ça s’était déroulé en fin de saison…  Mais non, c’était en avril et en mai. Dire que j’ai souffert serait un euphémisme.

Un parcours à ma mesure – En banlieue de Washington, sur les bords du Potomac. Deux parcs reliés entre eux par un sentier. Parcours peu technique, relativement rapide. Des boucles, des allers-retours. Un parcours fait pour moi (il le serait encore plus s’il y avait de vraies montées, mais bon…). Je pensais que j’aurais pu faire mieux, mais finalement…

WHAT ?!? – C’est ce qui est sorti de ma bouche. La première fois, alors que j’avais 75 km dans les jambes et que le pauvre bénévole m’annonçait que je devais me taper le foutue boucle de 2.2 miles qu’on s’était tapée plusieurs heures auparavant. Pendant que je bougonnais, les coureurs du 50 km que je venais de dépasser passaient tout droit. Quand j’ai vu Christina sortir de ladite boucle, je me suis résigné : j’y suis allé, la queue entre les jambes, comme si on m’envoyait à l’abattoir.

Puis, une fois l’arrivée franchie, alors que j’envisageais sérieusement de retourner à mon auto pour aller récupérer moi-même mon drop bag, je suis passé à la tente de chronométrage. Comme j’avais eu une course somme toute correcte, je m’attendais à avoir terminé entre les 20e et 30e places. Au mieux, la 15e. Puis, j’ai vu le chiffre : 9e, avec à la clé, une première place dans ma catégorie.

WHAT ?!?

Les roches – Massanutten Mountain Trail 100-Mile Run. Les roches en font sa réputation. J’en ai fait une indigestion, littéralement.

Abandonner ? – En course, j’y avais souvent songé, mais jamais sérieusement. C’était avant de connaitre Massanutten. Il faisait chaud, le parcours très technique faisait que j’avançais à pas de tortue. Je détestais ça profondément. Je voulais juste partir, être ailleurs. Avant même le premier tiers, j’ai songé à abandonner.

Je me suis trainé jusqu’au ravito. Puis jusqu’au suivant. Mon enthousiasme est revenu, avant de repartir. À la mi-parcours, j’étais en mode death walk. La providence a mis Pierre sur mon chemin. Sa présence m’a rassuré, revigoré. Ce n’est que beaucoup plus tard que je resongerai à abandonner, quand, envahi par la fatigue, mon corps ne voulait tout simplement plus avancer.

Le bourbon – Bird Knob, mile 81.6. Je me demande comment je fais pour tenir debout. Le ravito est minuscule et sur place, les bénévoles sont sur le party. Ils nous offrent du bourbon, il me reste tout juste assez d’intelligence pour décliner. Pierre accepte avec plaisir, alors que je me contente d’un concentré de café au chocolat (ou était-ce du chocolat au café ?).

En tout cas, c’est ce que Pierre m’a raconté, car honnêtement, ceci n’est qu’un vague souvenir pour moi.

Pas un pique-nique – Picnic Area, mile 87.9. Je suis au bout du rouleau. J’ignore si c’est la fin ou pas, mais je dois prendre un temps d’arrêt : je dors debout. Le problème est que je ne dors pas une fois couché, alors j’attrape au passage mon partner avant qu’il quitte et nous repartons ensemble.

Quelques centaines de mètres plus loin, mon système digestif me signifie son ras-le-bol. Il refera plusieurs fois des siennes pendant les 3 heures que durera le trajet nous menant au dernier ravito, à peine 9 miles plus loin.

Voulez-vous bien me dire pourquoi ils ont appelé ce ravito Picnic Area ?!?

Les hallucinations – Une dame qui nous fait des grands signes. Un chapiteau. Je les vois, clairement même. Mais Pierre ne les vois pas. J’hallucine, mais le pire est passé. Nous en rions encore.

Le « sprint » –  Nous avons enfin regagné la route. Plus que 6 petits kilomètres. Ma Garmin ayant rendu l’âme, je ne sais pas à quelle vitesse nous allons, mais j’ai l’impression que c’est très vite. Un à un, nous rejoignons des coureurs, les laissant dans notre sillage.

Quelques heures auparavant, je pensais que j’allais mourir. Pourtant, en ce moment, je vole. Et je n’ai jamais pris de repos entre les deux. C’est bizarre, le corps humain.

Mon partner – Nous avons passé 17 heures ensemble. 17 heures à échanger sur tout, à se soutenir, à s’encourager. On dit que pour vraiment connaitre une personne, il faut courir un ultra avec elle. Hé bien, je crois qu’on a vraiment eu la chance de se connaitre tout au long de cette journée et de cette nuit.

J’ai pris le départ de cette course sans trop savoir à quoi m’attendre. Je l’ai terminée avec un ami.

Lapin de cadence – Un rêve devenu réalité 8 ans plus tard. À cause de mon déguisement (ou malgré lui, c’est selon), plusieurs personnes sont venues me parler. Et pendant plus d’une heure, j’ai été leur guide. Une responsabilité que j’assumais pleinement, espérant secrètement avoir contribué un tantinet à la réussite de certains d’entre eux.

Je n’avais juste pas prévu faire les 6-7 derniers kilomètres tout seul…

On s’habitue à tout – St-Donat, la première fois, j’ai détesté. Profondément détesté. Trop technique, trop de bouette, pas moyen de prendre un semblant de rythme. Puis, par masochisme, j’y suis retourné. Bah, pas si pire, que je me disais. J’en ai donc remis une couche cette année.

Ha ben bout de viarge, j’ai même aimé ça !  Comme quoi, on s’habitue vraiment à tout.

Perdu – Mon ami Pierre a la fâcheuse tendance à se perdre quand il court des ultras et j’avoue que nous le taquinons un peu avec ça. Mais cette fois-ci, à St-Donat, c’est moi qui me suis royalement fourvoyé peu après le sommet de la Noire.

Têtu comme une mule, je me suis enfoncé, encore et encore. C’est par une chance incroyable que j’ai fini par retrouver le bon sentier. À ne pas refaire.

Le kyste – Je le trainais depuis longtemps. Des mois, des années ?  Je ne sais pas trop. Il était dans mon dos, alors il ne paraissait pas et ne me dérangeait pas, alors pas de presse à le faire enlever, n’est-ce pas ?

Erreur. Durant les 8 heures que j’ai passées dans les sentiers de St-Donat, le frottement incessant de ma veste d’hydratation a probablement fini par causer une ou plusieurs micro-blessures et ledit kyste s’est infecté. Après quelques jours à l’endurer, j’ai dû me rendre à l’évidence : je ne m’en sortirais pas seul.

On l’a ouvert, vidé, puis on y a installé une mèche que je devais faire changer tous les jours. On m’avait dit que ça durerait 7 à 10 jours, le temps que la plaie se referme. Ça a pris 6 interminables semaines.

Finalement, c’est un chirurgien que j’ai rencontré par hasard la veille du Vermont 100 qui m’en a débarrassé, plusieurs semaines après.

« And you ran a 100 miles with that… » – C’était Amy, après le Vermont 100, alors que je venais de lui expliquer pourquoi je devais retourner au Québec avant le traditionnel barbecue. Tu aurais fait pareil, chère Amy.

« Il est tout mouillé » – L’infirmière qui a effectué le changement de pansement-mèche le lendemain du Vermont. C’est que voyez-vous, j’ai couru 100 miles dans la grosse humidité et pour couronner le tout, je me suis fait arroser non pas par un, mais bien deux orages.

Alors oui, c’est possible qu’il soit mouillé.

Monte, descend, monte, descend… – Dans le milieu, on le dit « facile ». Vrai qu’il n’est pas tellement technique, vu qu’il se passe à 70% sur des chemins de terre. Quand on sait que le record de parcours se situe sous les 15 heures…

Ceci dit, ça n’empêche pas le Vermont 100 d’être tout un test. 100 miles, 161 foutus kilomètres, toujours en montée ou en descente. Aucune de ces montées ne peut se targuer d’être une véritable ascension. Il en va de même pour les descentes, qui se font à peu près toutes à pleine vitesse. Mais c’est l’ensemble, qui est beaucoup plus difficile que la somme des parties, qui fait de ce parcours ce qu’il est : un défi à ne pas sous-estimer.

La cheville – Bang, bang, bang. Des milliers de fois, mes pieds ont frappé le sol. Au bout d’un certain temps, ma cheville en a eu marre. Deux semaines de repos, je la pensais guérie. Erreur. La persistance de ce mal m’a forcé à essayer de changer ma technique de course.

Changement de technique – En course à pied, il faut toujours, toujours y aller graduellement. Ce que je n’ai évidemment pas fait. Des mollets et des tendons d’Achille sollicités au maximum, des malaises qui ne finissent plus de guérir. Je suis maintenant contraint de recommencer à zéro, en espérant que ma cheville me le permette…

Pacer – Étant dans l’impossibilité de compétitionner pour moi-même, je me suis rabattu sur le pacing en fin de saison. Tour à tour, Sylvain, Fanny et ma sœur Élise ont eu à m’endurer, parfois pendant des heures. Je les plains.

Porteur de bière – Mon ami Sylvain était blessé, je me sentais tellement, mais tellement inutile. Quand il m’a réclamé de la bière, j’ai tout d’abord cru à une blague. Constatant son sérieux, je me suis exécuté avec plaisir. Si au moins je pouvais servir à ça…

Réflexion toutefois : 5$, était-ce suffisant pour acheter cette grosse canette de Heineken dans un dépanneur ?

Bénévole –  C’était ma première « vraie » expérience en tant que bénévole dans un ultra. Observer les autres agir, ça nous permet d’en apprendre beaucoup, autant sur eux que sur soi-même, tout en se rendant utile. À refaire.

Courir à travers l’histoire – Rome, Florence. La Place St-Pierre, le Tibre, le Circo Massimo, le Colisée, l’Arno, le Ponte Vecchio, le Duomo, le Palazzo Vecchio.  Des endroits célèbres, « courus » par les touristes. Hé bien moi, j’étais le touriste qui les ai découverts en courant au (très) petit matin, alors qu’il n’y avait personne.

Une manière de découvrir le monde autrement. Je ne l’avais jamais fait, je ne pourrai plus m’en passer. Merci pour le tuyau, Didier.

Ambassadeur – Hé oui, je suis maintenant ambassadeur Skechers. Qui l’eût cru ?

Le down – Retour d’Italie, petite sortie de 10 km en vue du demi avec ma sœur trois jours plus tard. Catastrophe : je fais du 4:23/km de moyenne, de peine et misère. Je mets ça sur le compte du décalage horaire.

Les semaines se suivent et je n’avance toujours pas. La nouvelle technique peut être en cause, mais comme je reviens peu à peu à mes premières amours, il me semble que… Puis, un dimanche, après 11 petits kilomètres à St-Bruno, étourdissements. Je persiste, puis finis par capituler après 18 kilomètres. La semaine suivante, ma « longue sortie » ne fera que 16 misérables kilomètres.

Entre les deux, les sorties plus courtes étaient somme toute convenables. J’en parle aux copains qui ont des propos rassurants. Je consulte tout de même un médecin qui décèle un léger souffle au cœur et commande un bilan médical complet. Une fois « sevré » d’alcool, je me retrouve une aiguille enfoncée dans le bras avant de faire pipi dans le petit pot pour ensuite jouer dans mon caca avec un petit bâton. La joie. J’aurai les résultats d’ici 2 semaines.

Entre temps, j’ai décidé de contrôler ce que je peux contrôler, soit mon alimentation. Donc, moins de sucre et moins d’alcool. Pas de coupure drastique (la vie serait tellement plate et c’est tout de même le temps des Fêtes !), mais un certain contrôle. Ça ne peut pas nuire.

Depuis deux semaines, je sens que je remonte la pente. J’étais peut-être juste fatigué après tout…

Les loteries – L’année a commencé par celle de Massanutten, où j’ai « gagné ». Elle s’est terminée par une « défaite » en vue du Western States (j’avais un gros 3.6% de chance d’être pigé) et un suspens en vue de l’UTMB. Hé oui, j’ai appris tout récemment que mon résultat à Massanutten était admissible pour l’obtention des fameux « points » nécessaires pour avoir le droit de participer à la mythique épreuve.

Mais, tout comme quelques-uns de mes comparses, j’avoue que toutes ces loteries commencent à me peser. Bientôt, on ne pourra plus avoir la moindre idée de notre programme de la saison avec tous ces foutus jeux de hasard…

2016 ? – Le programme se dessine tranquillement. Encore une fois, pas de marathons, à moins que ce soit comme accompagnateur. Les marathons et moi…

Malgré toutes mes belles promesses, je compte retourner à Massanutten. J’ai un compte à régler avec cette course-là et comme je l’ai déjà terminée, j’ai à peu près 100% des chances d’y retourner si c’est ce que je veux.

Ensuite, ce sera la Petite Trotte à Joan, puis, comme je ne suis qu’un être humain, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de me faire le Vermont 100 trois petites semaines plus tard. De toute façon, si je suis pris à l’UTMB… Je sais, Joan s’est farci les trois l’an passé, mais je le répète, je ne suis qu’un être humain, moi. Et si ça ne fonctionnait pas du côté des Alpes, ce sera l’Eastern States, qu’on dit très, très difficile. Ok, c’est moins glamour, mais bon, c’est aussi pas mal moins loin !

À l’automne, j’espère bien effectuer un retour à Bromont, mais c’est encore loin. Puis, j’aimerais bien me faire  quelque chose de plus petit en mars ou avril. Un 50 km ou un 50 miles. On verra.

Encore une fois, bien des beaux projets ! 🙂

Bonne année 2016 à tous !

Ils ne pourraient être plus différents

J’avais prévu faire un mini-récit de l’après-Washington, mais bon, faute de temps, ça ne s’est pas concrétisé. Avec le recul, ça fait bien mon affaire pour la simple et bonne raison que je vais pouvoir en faire un sous forme de comparaison : The North Face Endurance Challenge versus Massanutten.

Hé bien, si on voulait résumer le tout en peu de mots (comme si j’étais capable de faire ça, duh !), je dirais simplement ceci : ces deux événements ne pourraient pas être plus différents. En fait, ils n’ont qu’une seule et unique chose en commun : ce sont des ultramarathons. Un point c’est tout.

Washington, c’était la grosse affaire, avec la machine The North Face toujours dans le portrait: kiosques promotionnels, animation, course des petits, des épreuves sur plusieurs distances et évidemment, la présence de Dean Karnazes. Il y avait même une section « bar » aménagée dans le parc où les coureurs pouvaient aller en boire une petite frette une fois la compétition terminée. Côté course, l’événement offrait un parcours peu technique, de type aller-retour présentant environ 4500 pieds de dénivelés avec plusieurs « boucles » à faire à certains endroits.

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La photo classique avec Dean, qui n’avait pas son sourire habituel. La raison ? Il avait piqué une plonge durant la course et était tombé sur les côtes. Il allait prendre le chemin de l’hôpital immédiatement après avoir pris la pose.

Massanutten, c’est la course en sentiers à sa plus simple expression. Aucun commanditaire affiché, il y avait une grande tente, 8 toilettes installées dans un champ et c’est à peu près tout. Une seule et unique épreuve : la course de 100 (103.7) miles. That’s it. Honnêtement, je me demande comment ils font pour faire leurs frais. Quant au parcours, il est très technique et présente environ 16200 pieds de dénivelés (j’ai lu 19000 à certains endroits) tout en réussissant l’exploit de ne presque jamais repasser deux fois au même endroit.

Bref, il ne pourrait pas y avoir un plus grand contraste entre deux épreuves. Et ça adonne bien, car elles ne s’adressent pas du tout à la même clientèle.

Personnellement, je ne retournerais pas à Washington, même si c’est une course très bien organisée et que j’y ai obtenu une 9e place totalement inattendue (je croyais que j’étais autour de la 20e position). Je la recommanderais à quelqu’un qui veut en faire son premier 50 km ou son premier 50 miles… et qui profiterait de l’occasion pour visiter la ville. Car c’est ce que nous avons fait et nous ne l’avons pas regretté. Washington est une ville chargée d’histoire et en plus, elle est superbe avec son cachet européen. C’est à voir au moins une fois dans sa vie. À ce temps de l’année, la température n’y est pas encore trop étouffante (sauf le jour de la course, bien évidemment) et si elle le devient, il y a tellement de musées tout aussi intéressants que gratuits qu’on peut y passer des jours et des jours.

78- selfie White House

L’inévitable selfie devant la Maison Blanche, le lendemain de la course.

Paradoxalement, ce qui fait la principale difficulté de la course, c’est sa relative facilité. En effet, les 15 derniers miles sont majoritairement sur le plat, ce qui force le coureur à appuyer, encore et toujours, un peu comme dans un marathon. Il faut tenir le coup, serrer les dents. Ce n’est pas évident de faire ça avec 75 kilomètres dans les jambes. Disons que c’est plutôt inhabituel dans le monde des ultras.

À l’inverse, Massanutten est le paradis du « cassage de rythme ». Les meilleurs ne sont pas seulement les plus rapides (ils le sont, bien évidemment), mais aussi les plus habiles, ce qui explique les écarts démentiels entre les concurrents. C’est une épreuve à la fois physique et mentale, la plus difficile que j’ai pu subir. Pierre me l’a d’ailleurs confirmé : c’est même plus difficile qu’à Virgil Crest, où il avait terminé en quatrième position en 2013.

Afin de se prémunir contre les « imposteurs », l’organisation impose des critères de « qualification », soit avoir couru au moins une course de 100 miles au cours des 3 dernières années ou bien avoir couru au moins un 50 miles ET un 50 kilomètres au cours des deux dernières années. Croyez-moi, ces critères sont vérifiés par le directeur de course. En effet, la veille du tirage, il m’a demandé le lien menant aux résultats du Bromont Ultra car il ne le trouvait pas sur UltraSignUp. Comme quoi, rien n’est laissé au hasard.

N’empêche, certaines personnes font de Massanutten leur premier 100 miles. À mon avis, ce n’est une bonne idée. Moi qui en étais à ma deuxième expérience sur la distance, j’en ai sérieusement arraché. Les ravitos ne sont pas nombreux (il y en 15, comparativement à 23 à Bromont et 29 au Vermont) et sont souvent très espacés, autant en distance qu’en temps. J’y ai commis des erreurs au niveau de l’alimentation et de la gestion de course. Sans mes expériences précédentes, je n’aurais peut-être pas réussi à m’en sortir, malgré la présence de mon partner.

La grande question maintenant : est-ce que je la referais ?  Comme tout bon ultramarathonien, avant même la mi-parcours, j’étais prêt à jurer qu’on n’y reprendrait plus. « Plus jamais ! » que je ne cessais de répéter. Et comme le disait si bien Pat, en ultra, « Plus jamais », ça veut souvent dire « À l’année prochaine ! ».

En fait, je ne sais pas si j’ai envie d’y retourner l’an prochain, mais je n’ai pas non plus le goût de laisser ça comme ça. Un peu comme à St-Donat la première fois, j’aimerais y vivre une expérience plus agréable. En sachant à quoi m’attendre, peut-être que ça irait mieux, qui sait ?

Disons que j’ai encore quelques mois pour y penser…

The North Face Endurance Challenge, D.C.: la dernière boucle et le retour

Great Falls III (mile 29.1) à Great Falls IV (mile 36.0): la troisième boucle

On nous avait dit que le parcours serait à l’ombre. Léger détail cependant : cette évaluation a probablement été faite durant l’été. Or, nous sommes au début du printemps, alors on ne peut pas dire qu’il y a beaucoup de feuilles dans les arbres ! Donc côté ombre, bof… D’ailleurs, moi qui ne mets jamais de lotion solaire, je remarque que mes bras commencent à prendre une teinte rougeâtre. Vais-je me lamenter cette nuit ?

Bon, j’en entends s’étonner : « Quoi, il ne met pas de lotion solaire ?!? ». Hé non. Malgré l’amincissement de la couche d’ozone, ma peau ne brûle que très rarement, alors je n’en vois pas l’utilité. Ce qui explique que j’ai le teint basané à longueur d’année, au point où je ne passe pas un hiver sans me faire demander si je reviens d’un voyage dans le sud. Il est même déjà arrivé qu’un collègue de travail refuse de croire que je n’étais pas allé me faire dorer au soleil au cours des semaines précédentes. Une autre, qui est devenue une de mes meilleures amies par la suite, m’a un jour avoué que la première fois qu’elle m’a rencontré, elle a cru que j’étais du genre à passer mon temps dans les salons de bronzage ! C’est pour dire… Pour la petite histoire, je ne porte jamais de verres fumés non plus. Ça m’emmerde, ces bidules-là et je me dis qu’un iris, ça doit servir à quelque chose, non ?  Donc, si je meurs aveugle et d’un cancer de la peau, ne vous demandez pas pourquoi !

Revenons à nos moutons…

Heureusement, la très longue montée (que plus personne ne court, je tiens à le préciser) se fait dans une partie plus fraiche du parc. Non, je ne sais pas comment ça se fait, mais c’est comme ça ! Une fois dans le sentier, je croise à nouveau mes deux adorables schnauzers. « It’s you again !!! » que je leur lance. Je reçois des aboiements en guise de réponse (les schnauzers ont une légère tendance à être bavards…). Je réussis à caresser le plus brave des deux, échange quelques mots avec les propriétaires, puis me remets en route.

Malgré ce petit intermède joyeux, je sens que je n’avance plus : je suis dans une mauvaise passe. Sentant mon estomac plein, j’ai fait l’erreur de négliger mon apport en gels. J’essaie donc de compenser, en espérant que ça se replace.

Troisième et dernier passage au premier demi-tour. J’avoue que je commence en avoir ras le pompon de ces allers-retours, vivement que ça finisse. Un « tour » de plus et je faisais une demande d’amitié Facebook à la bénévole au sharpie.

À Old Dominion, l’enthousiaste bénévole réussit l’exploit de monter son entrain d’une coche quand il gueule à tout le monde d’ici jusqu’au Capitole que j’en suis à mon dernier passage. La coureuse à côté de moi me demande alors : « Is it really your third pass ? ». Oui madame, et je ne m’en taperai certainement pas un autre !  Au moins, j’aurai réussi à impressionner quelqu’un aujourd’hui…  🙂

Après être passé à côté de la « All American Girl » une dernière fois (elle a perdu son sourire et est maintenant toute « éjarrée » sur sa chaise), j’attaque à fond la caisse la partie technique. Je vole littéralement, laisse sur place plusieurs coureurs. Ça va super bien, ça roule mes affaires, le gel ayant réussi des miracles. En fait, ça va tellement bien que je néglige une racine et en moins de deux, je me retrouve face contre terre.

« Man, are you all right ?» me demande celui que je viens de dépasser. Oui, oui, ça va. J’ai eu la chance de tomber sur de la terre et non des roches. Sauf que j’HAÏS planter après plus de 50 km de course. C’est si dur de se relever… Et pas question que celui qui m’a demandé si ça allait m’aide à me relever, évidemment. Il est reparti devant sans demander son reste. Tu ne perds rien pour attendre, toi…

Je le rejoindrai avant le dernier demi-tour et le laisserai dans mon sillage. Tiens toi !

Sur le chemin me ramenant à Great Falls, j’ai un premier accrochage avec des passants. Alors que le chemin est assez large pour accommoder bien du monde, un troupeau de promeneurs viennent à ma rencontre à 3-4 personnes de large alors que je m’apprête à dépasser une coureuse beaucoup plus lente. Ils s’écartent à peine pour la laisser passer, alors pas de place pour moi. Je m’impatiente et finit par lâcher : « Tassez-vous donc, TABAR… ! ».

Ouais, je commence à être fatigué, je pense…

Great Falls IV (mile 36.0) à Carwood (mile 40.8)

Mes trois boucles sont terminées, ne me reste plus qu’à retourner au départ. À Great Falls, c’est ma dernière chance d’avoir accès à mon drop bag. Comme je m’en doutais, je décide de ne rien changer. Je serais peut-être plus confortable avec mes Montrail, mais le temps perdu pour faire le changement ne pourrait être rattrapé, alors je reste comme je suis.

Sur l’ardoise, il est indiqué que j’en suis rendu à 36.0 miles. Ok, plus que 14, soit un peu plus de 22 kilomètres. Ha, à peine un demi-marathon. 1h30 et ce sera fini !

Je ris intérieurement. Ça ne se passera évidemment pas comme ça. Mais j’ai 5h46 au chrono, alors les 8 heures demeurent dans le domaine du possible.

Je ne sais pas si j’ai mal fait sortir l’air de mon sac d’hydratation, mais toujours est-il que ma mixture de GU Brew n’est pas trop discrète. C’est tout de même pratique pour avertir quand j’approche d’un coureur plus lent (j’en rattraperai beaucoup qui font le 50k). C’est par ce moyen de communication que les deux jeunots qui faisaient la course ensemble sont mis au parfum ce ma présence. La détresse que je lis dans le regard du petit criss d’arrogant à lunettes quand il se retourne pour me voir arriver vaut à elle seule le prix d’entrée. Pis mon jeune, ce n’est pas aussi facile que tantôt ?  Fatigué, peut-être ?  Ça te fait quoi de te faire dépasser par un pépère maigrichon ?  Son style est quelconque, mais tu dois avouer que le bonhomme est plus tough que toi, hein ? N’oublie jamais: « Quebecers are fucking tough ». Mets ça dans ta pipe !

Peu après, les gros obstacles se présentent. Une montée en particulier est très abrupte, me rappelant même Bromont par bouts. Ça commence à être pénible, mais on dirait que ça l’est moins pour moi que pour les autres, car je réussis à rejoindre et dépasser du monde.  Malheureusement, pas beaucoup de participants du 50 miles

Il y en a un qui me dépasse par contre : le meneur du marathon qui passe comme une balle. Il gambade littéralement, sautillant d’un obstacle à l’autre sans ralentir. Il est d’une agilité à couper le souffle, agilité que je n’aurai jamais, et surtout pas avec 6 heures de course dans les jambes. Il sera suivi quelques  minutes plus tard par la première femme du marathon. Une autre qui vient d’une planète dont j’ignorais l’existence…

Carwood (mile 40.8) à Fraiser (mile 43.5)

À Carwood, la fatigue est bien installée. La chaleur et les heures de course font leur effet. Je m’asperge d’eau comme je peux et surtout, remplis mon sac une dernière fois. Je devrai boire beaucoup si je ne veux pas tomber.

C’est là que commence réellement l’interminable retour. Un long single track super beau, mais bon, quand il fait chaud et qu’on est brûlé, on a hâte que ça finisse. Et ça ne finit plus… J’espérais que le Potomac que nous longeons nous apporte un peu de fraicheur, mais non, rien.

Voilà, c’est fait, la souffrance s’est bien installée. Est-elle mentale ou physique ?  Je ne sais plus trop. Plusieurs marchent, je parviens à tenir le coup en ne sachant pas trop comment. À chaque fois que je reprends un coureur, il me lance un « Great job ! » au passage. Great job, ouais…  Si tu savais à quel point je souffre !  Et pourtant, je continue, encore et toujours. C’est dur.

Fraiser (mile 43.5) à Sugarland (mile 49.2)

Peu de temps après la station, j’arrive au ruisseau. Yes !  Je plonge littéralement dedans… ou presque. À quatre pattes par terre, je m’asperge joyeusement un peu partout. Puis, sachant fort bien que c’est la tête qui a le plus d’influence sur comment on se sent, je l’enfonce carrément dans l’eau. Haaaaaaa…

Les coureurs (et particulièrement les coureuses) du 50k admirent la scène de loin, un large sourire leur fendant le visage. Vous devriez essayer, vous verrez bien qui vous dépassera tantôt…

Je suis revigoré. À nouveau, je dévore le sentier. Comme prévu, je rejoins plusieurs personnes du 50k et les dépasse facilement. Puis, peu à peu, la chaleur reprend ses droits. C’est le retour graduel vers l’enfer. Je vérifie mon GPS à tous les 300 mètres, c’est pathétique. J’ai chaud, je n’en peux plus.

La vue du terrain de golf me réjouit un peu : le dernier ravito est proche. Je me permets même de blaguer avec une concurrente à propos du fait qu’on devrait jouer au golf au lieu de se taper un ultra dans une telle fournaise. J’aimais ça, le golf, pourquoi je ne joue plus, donc ?

Finalement, Sugarland, dernière station. À ma Garmin, il y a un peu moins de 77 km d’indiqués. Ok, ce sera à peu près 80 km, les 8 heures sont encore dans le domaine du possible.

Puis, c’est le coup de poing à l’estomac : le bénévole m’informe que je dois faire la loop de 2.2 miles avant de me rendre vers l’arrivée, 1.7 mile plus loin.

WHAT ?!?

Comme dans: « What the fuck ?!? ». Je n’arrive pas à y croire. J’avais bien lu que le parcours faisait 50.9 miles, mais on aurait dit que mon ordinateur mental avait chassé cette donnée. Et comme habituellement le GPS est optimiste (surtout que je m’étais perdu, donc allongé de quelques centaines de mètres), j’aurais dû savoir. Mais j’avais bloqué cette information, comme si en voulant que ça finisse plus vite, ça finirait effectivement plus vite.

Je suis complètement découragé. En plus, tous ceux du 50k que j’ai dépassés n’ont pas à se taper la foutue loop et ils passent tout droit. Je suis en beau fusil. Puis, je vois madame Clark sortir de la loop et me fais une raison : je vais devoir me la taper aussi, que ça me le tente ou non.

Je m’élance donc à contre-cœur sur le petit chemin asphalté. Je croise plein de coureurs du relais marathon, tout pimpants. Certains me dépassent en passant comme des flèches, question de me faire sentir encore plus misérable. I can’t wait for this fucking thing to be over

Je me permettrai de marcher en guise de pause-pipi dans la partie la plus éloignée (et en boucle) de cet aller-retour tellement j’en ai plein les baskets. Et pour la petite histoire, je taperai les 80 kilomètres en 8h01. Si je ne m’étais pas entêté à Sugarland et si je n’avais pas pris du temps pour caresser les chiens, j’aurais fait sous les 8 heures sur 80 km, mais rendu à ce point, je m’en balance complètement.

Après une éternité, je suis enfin de retour à Surgarland. Pour la dernière fois.

Sugarland (mile 49.2) à l’arrivée (mile 50.9)

Cette dernière section est, ho surprise, une pure torture. Par contre, le fait de partager à nouveau le parcours avec les coureurs du 50 km m’encourage car chacun d’eux constitue une cible pour moi : à chaque fois que j’en rejoins un, je me concentre sur le prochain. En serrant les dents.

Ça peut paraitre surprenant, mais les crampes se sont tenues à carreau en cette fin de course. Je me serais attendu à être terrassé à tout moment, mais non. Ha, certaines semblent vouloir se profiler, mais rien de sérieux.

Finalement, j’arrive dans le parc. Et au loin, l’arrivée. J’entends l’annonceur crier mon nom, dans quelques secondes, ce sera fini.

Après 8 heures, 18 minutes et 28 secondes, je traverse la ligne, sous les applaudissements. Enfin…

The North Face Endurance Challenge D.C.: du départ jusqu’à la deuxième boucle

À la veille de l’édition Bear Mountain de la série The North Face Endurance Challenge, je vous présente aujourd’hui le récit de la première partie de celle que j’ai vécue à Washington il y a maintenant deux semaines. 

Départ à Sugarland (mile 4.3)

Le début de course est rapide, très rapide pour un ultra, même si nous évoluons seulement à la lueur des frontales. ce qui devrait théoriquement nous ralentir. C’est ma deuxième expérience d’un départ de nuit et je dois avouer que je ne déteste pas. Voir toutes ces lumières dans la nuit, sentir l’énergie qui se dégage de la troupe, c’est tout simplement magique.

Malgré le fait que tous nos sens soient aux aguets, l’obscurité réussit à cacher plusieurs sections boueuses. Nous essayons de les contourner, mais en vain. J’espère sincèrement que le soleil fera son oeuvre et assèchera ça pour notre retour, dans plusieurs heures. Mais en attendant, un autre ultra qui commence avec les pieds mouillés. Pas moyen de s’en sortir…

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Jouer dans la boue la nuit, quel plaisir !

Après avoir fait le tour de ce qui semble être un terrain de soccer, nous empruntons un « sentier » asphalté qui s’enfonce dans le bois. C’est la première loop que nous aurons à nous taper. Ils me font rire, les Américains avec leurs loops. Il s’agit en fait d’un aller-retour qui fait 2.2 miles, et qui, il est vrai, est agrémenté d’une petite boucle d’environ 500 mètres de longueur à son point le plus éloigné. Avant même d’atteindre ladite petite boucle, nous croisons les premiers qui sont sur le chemin du retour. Wow !  C’est inévitable, il y aura toujours des Martiens sur les courses auxquelles je participe…

Bon, l’effet de l’eau absorbée avant la course qui commence à se faire sentir. Sauf que le rythme est relativement rapide (facilement sous les 5:00/km, malgré les obstacles) et comme nous sommes en single track dans la mini-boucle, je ne veux pas perdre trop de places au classement et me retrouver coincé. La solution ?  Me laisser aller… en courant. J’ai plusieurs fois tenté l’expérience en marchant, pourquoi ne pas essayer en courant ?

Je m’assure donc d’être dans une section pas trop « risquée », question de ne pas me retrouver face et tuyauterie contre terre et… je vous laisse deviner le reste. Il y a bien des dommages collatéraux sur mes jambes, mais bon, je me dis que dans quelques heures, avec la sueur et la saleté, on n’y pensera même plus.

Sur le retour, on croise les coureurs des autres vagues. C’est assez hallucinant de rencontrer autant de lampes les unes à la suite des autres. Surtout quand lesdites lampes sont transportées par des coureurs inexpérimentés qui se tiennent du mauvais côté du sentier. Heille Chose, tasse-toi donc, bout de v… !

À Sugarland, je crie mon numéro de dossard, avale un verre d’eau puis repars.

Sugarland (mile 4.3) à Fraiser (mile 7.8)

Le parcours nous mène maintenant le long d’un terrain de golf, le Trump National (qui doit être le 3628e aux USA à porter ce nom). Le peloton s’est étiré, mais le rythme imposé par le terrain plat est toujours intense. Pas que je me sente « limite », mais mon ordinateur central me dicte de ralentir, envoyant des signes à mon corps. Sauf que je ne me résous pas à laisser partir les deux qui courent devant moi et je continue à les suivre.

Suit alors la plus belle des démonstrations de la théorie du bétail. Nous aboutissons sur une dizaine de gars arrêtés tout près d’une remise à équipements: ils ne trouvent plus les rubans qui marquent le parcours. Et comme j’ai suivi ceux devant moi qui ont suivi ceux devant eux, et ainsi de suite, on se retrouve à être une gang de perdus. J’entends d’ici Dan DesRosiers aboyer: « Il faut suivre les rubans, pas celui devant vous, bande de … !!! ». Ben oui Dan, je sais, je sais…

C’est donc à environ 15 que nous retournons sur nos pas et heureusement, retrouvons rapidement notre chemin. Pas trop de mal. Ceci a tout de même pour effet de causer un gros regroupement comprenant entre autres celle que je suppose être la première femme.

troupeau

Le troupeau dans la nuit

Nous poursuivons à la queue-leu-leu, toujours à un rythme rapide. Arrive le single track qui longera le Potomac pour nous amener jusqu’au Great Falls Park. Bon, peut-être que ça va finir par finir par se corser. C’est que c’est plat. Désespérément plat comme parcours. Cout’ donc, c’est un ultra, oui ou merde ?

Finalement, après 11 kilomètres de course, une côte digne de ce nom. Enfin !!!  Ça va nous permettre de faire un peu de ménage. Par contre, ma carence en entrainement dans de telles conditions parait et il me semble que je manque de zip dans la montée. Ha, je dépasse bien du monde, mais moins qu’à mon habitude, on dirait…

N’empêche, le troupeau se retrouve dispersé. Avant d’arriver à Fraiser, on doit traverser un ruisseau qui se jette dans le fleuve. Un ti peu embêtant à cette heure hâtive, mais mon petit doigt me dit que je vais l’aimer au retour, quand la température aura grimpé de quelques degrés…

Fraiser (mile 7.8) à Carwood (mile 10.5)

C’est qu’il ne se passe crissement rien ici !  Le single track est super beau, le paysage également. Le lever de soleil est magnifique, mais je n’ai pas tellement l’occasion d’admirer parce que c’est plat et on roule toujours aussi vite. Je garde la première femme en point de mire, elle progresse 2 ou 3 positions devant moi. J’attends les VRAIES montées pour la dépasser. Mais en aura-t-on un jour ?

Carwood (mile 10.5) à Great Falls I (mile 15.3)

Peu après Carwood, l’extase: des côtes !  Hallelujah !

Je profite de la première pour dépasser les quelques gars devant moi et j’ai maintenant la fille dans ma mire. Arrive une grosse montée. Je gagne du terrain, pouce par pouce. Au détour d’un arbre, sentant mon souffle dans son cou (j’exagère juste un petit peu), elle me fait signe de passer. Gotcha !

La descente est technique, mais pas au point où je me fais rejoindre. Le reste de cette section est plutôt vallonné, il passe bien. Je cours seul, personne devant, ceux (et celle) derrière sont à bonne distance. Le bonheur.

Mais c’est quoi ça ?  Des pas derrière ?  Dans une petite descente cucul et pas technique du tout ?  Et qui vois-je apparaitre à mes côtés ?  La fille. Ha ben bout de viarge, je suis en train de me faire chicker !

Pas question de la laisser filer, je me tiens une dizaine de mètres derrière. Elle avance avec une facilité déconcertante, enfilant les petites enjambées avec agilité. Il me semble toutefois que de la manière qu’elle court, elle ne devrait pas aller si vite. En fait, elle n’a pas l’air d’aller vite du tout. Et pourtant…

Puis, continuant de l’observer, je remarque une chose : elle ne transporte rien.  Elle n’a ni veste ou sac d’hydratation, pas de ceinture, pas de bouteille à la main. La seule chose qu’elle transporte est sa frontale. En plus, j’ai remarqué qu’elle ne s’éternisait vraiment pas aux ravitos, bien au contraire. Ma parole, c’est la version femelle de Joan !!!

En arrivant à Great Falls, un monsieur l’attend. Elle lui tend sa frontale. Voilà, elle va courir complètement allège. Et moi qui suis évidemment chargé comme le plus têtu des bourricots. La course est encore jeune, mais je sens que mes chances de terminer devant elle sont très minces.

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J’arrive à Great Falls

Great Falls I (mile 15.3) à Great Falls II (mile 22.2): la première boucle

J’avale 2-3 verres d’eau et mon ventre criant famine, j’agrippe une banane au passage. Je la bouffe en courant, question d’essayer de ne pas perdre trop de temps et de peut-être espérer garder contact avec celle qui me précède… et qui a évidemment passé la station en coup de vent. Ça ne mange pas ce monde-là ?  Et ça ne boit pas non plus ?  Calv… !

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Petite bouffe en quittant Great Falls. Élégant, non ? 😉 Remarquez l’attaque du talon, exactement ce qu’il ne faut pas faire !

Tiens, elle entre aux toilettes. Hé hé, pas facile de pisser en courant, hein ?  😉  Elle est humaine après tout. Mais comment peut-elle avoir envie si elle ne boit pas ?

J’entame la première de trois « boucles », chacune d’elles faisant environ 11 km de longueur. En fait il s’agit plus d’une série d’allers-retours qu’autre chose. Ici, la force mentale va être durement mise à l’épreuve. Se taper ça trois fois, ça risque d’être assez pénible merci. J’appréhende particulièrement le troisième « tour ».

ParkLoop

La fameuse « boucle ». Nous arrivons au parc à la station marquée d’une croix tout en haut de l’image. Il faut ensuite se taper le chemin en suivant l’ordre indiqué par les bulles chiffrées. À faire trois fois, puis prendre un rendez-vous chez un psy.

Ladite « boucle » débute par une longue montée sur un chemin de terre. Elle est très longue, même. Et juste pour écoeurer, elle a l’inclinaison parfaite pour me faire hésiter : je la marche ou je la cours ?  Mon instinct me dit de la marcher, question de conserver de l’énergie. Mais longue de même, je risque de perdre pas mal de temps si je la marche au complet. Hum…

Je me résous à marcher. J’entends rapidement des pas derrière moi : c’est Madame qui monte à la course. Arrivée à ma hauteur, je lui glisse : « There you are ! ». « Yeah, had to make a pit stop ! ». Voilà, ce seront les seuls mots que nous échangerons. Elle poursuit son petit bonhomme de chemin, s’éloignant tranquillement. Je m’impatiente et me mets à alterner course et marche.

À une intersection, une bénévole nous indique le chemin à suivre. Une « All American Girl », blonde aux yeux bleus comme on en voit beaucoup au sud de la frontière. Elle est tout sourire et nous encourage.

J’aboutis sur des sentiers de type Mont St-Bruno: larges, pas vraiment techniques. Presque immédiatement, des coureurs arrivent en sens inverse: ils ont déjà fait leur premier demi-tour et se dirigent vers la station Old Dominion. On échange les encouragements, les « Great job ! » fusent de partout. Je compte ceux que je croise, question d’avoir une idée de ma position, mais rendu à 20, j’arrête de compter. Ok, j’ai compris, je suis loin derrière. En plus, qui me dit que j’ai croisé tous ceux qui me précèdent ?

Après une bonne descente, le sentier nous amène au premier demi-tour (celui qui suit le chiffre 4 sur le plan), où une bénévole armée d’un sharpie attend. En fait, elle n’attend pas vraiment parce que le flux des coureurs est plutôt continu. Quand arrive mon tour, elle coche la première des petites cases prévues à cet effet sur mon dossard. Il en sera ainsi à chaque demi-tour et à chaque passage à Great Falls.

À mon tour de partir en sens inverse et de croiser des coureurs plus lents. Je porte mon attention sur le non-verbal et je vois que plusieurs commencent déjà à souffrir. Il y en a un par contre qui semble être au-dessus de ses affaires, mais le con, pourquoi court-il à côté de son partner ?  Mais ma parole, c’est Dean !  Il court vraiment avec nous !

« Hey Dean ! » que je lui lance. « Good morning ! » qu’il me répond avec un large sourire. Il a la réputation d’être très porté sur l’auto-promotion (ce qui est vrai), mais il a vraiment l’air sympathique.

Dean3

Le sympathique et un peu controversé Dean Karnazes

Nouveau passage devant la « All American Girl », direction Old Dominion I. Encore des sentiers larges et ondulés, c’est super plaisant. Autre intersection, autre « All American Girl » pour nous indiquer le chemin à suivre. Décidément… Des brunettes, vous connaissez ?

À Old Dominion (voir croix de sur la gauche de l’image, après la bulle numéro 5), le bénévole au sharpie est d’un enthousiasme contagieux. Il gueule littéralement mon numéro (habituellement, c’est nous qui devons le faire) en marquant mon dossard, puis me dit tout doucement que je dois me rendre au ravito puis repartir en sens inverse.

Au ravito, un gars est en position « squat ». Problème de crampes, mon ami ?  Et que dire de l’autre qui est plié en deux, les mains sur les genoux. Quand j’arrive à sa hauteur, il laisse sortir au superbe jet de sa bouche. Excusez mon impertinence, mais après 31 km, je trouve le timing un peu bizarre. Ça ne peut pas être son déjeuner, il doit être digéré depuis le temps. Le système digestif qui fait des siennes ?  Si tôt dans la course ?  Nah…  Il est peut-être tout simplement malade. En tout cas, il risque de trouver le reste de la course un tantinet long…

De mon côté, je dois remplir mon réservoir… avec toutes les complications que ça implique. Heureusement, les bénévoles sont toujours d’une aide extrêmement précieuse dans ces courses-là. Seul, je n’y arriverais pas, surtout avec mes maudites mains pleines de pouces !

La prochaine petite section emprunte un sentier single track style rock garden pas déplaisante du tout. Ça fait changement des sentiers du type autoroute. Bon, évidemment, je me fais laisser sur place par des gens qui ont des habiletés que je ne possède pas, mais je ne m’en fais pas, j’aurai bien la chance de me reprendre.

Au sortir de la section, on nous dirige vers l’autre demi-tour (celui qui suit la bulle numéro 8). Chemin faisant, je croise moins de coureurs que précédemment: le groupe des meneurs s’est dispersé. Je remarque que Madame a pris pas mal d’avance sur moi, mais on sait bien, elle n’a pas besoin d’arrêter pour boire et manger, ELLE !

Qui dit demi-tour dit : bénévole avec un sharpie. Derrière elle, un cône orange. Je me dis que « légalement », je suis supposé en faire le tour, non ?  Je me dirige donc vers ledit cône et en fait le tour en exagérant mes mouvements. Le coureur qui me suit semble me trouver comique. Faut bien s’amuser…

Le chemin nous ramenant à Great Falls passe par une autre section très technique. Ça n’empêche pas un gars de me rejoindre et de me dépasser comme si j’étais un vulgaire piquet de clôture. Bon, je sais que je suis maigre comme un piquet, mais est-ce une raison de me le rappeler de façon si brutale ?!?

C’est qui ce gars-là, au juste ?  Le meneur ?  Est-ce qu’il est possible que le meneur ait déjà un plein tour (11 km) d’avance sur moi ?   Ben voyons, ça ne se peut pas !

(Pour la petite histoire, ce n’était pas le meneur, ni l’un des autres membres du podium. Je n’ai aucune idée de qui il s’agissait !)

Great Falls II (mile 22.2) à Great Falls III (mile 29.1): la deuxième boucle

La nature du parcours fait qu’à partir de maintenant, je n’aurai plus aucune espèce d’idée de ce qui se passe dans la course. En effet, en plus du va-et-vient des coureurs du 50 miles, ceux du 50k sont venus s’ajouter. Je croise du monde, j’en dépasse. Suis-je en train de gagner des places ?  Il faudrait que je regarde la couleur du dossard à chaque fois pour savoir, et bon, je trouve que ça fait un peu baveux.

deuxiemeBoucle

Avec des participantes de la course de 50 kilomètres.

Comme je n’ai plus vraiment de repères, je décide de faire ma course et au diable les autres !  Je me fais donc la longue montée à la marche, me disant que si je me sens super fort tantôt, je la ferai en courant. Mais c’est drôle, j’ai comme un certain doute que ça n’arrivera pas…

En me dirigeant vers le demi-tour, je croise deux gars que je rencontre depuis un petit bout. Ils sont sur le 50 miles et ils font leurs smattes en jasant pendant qu’ils courent. Jeune trentaine, l’un des deux, celui qui porte des lunettes, a un de ces petits maudits sourires arrogants… Jamais de mot d’encouragement quand on se voit, juste le petit sourire qui nous donne juste envie de mettre notre poing dedans. Hé bien, je ne sais pas si je me fais des illusions, mais on dirait que je leur reprends un petit peu de terrain à chaque demi-tour…

Comme je reviens sur mes pas, je regarde mon GPS. Le marathon approche et je suis bien curieux de voir si je peux descendre sous les 4 heures. Hum, avec cette côte-là, peut-être que non… Petite accélération juste au cas où, puis, à 42.2 km pile sur mon GPS, le temps affiché est de 3:59:53. Quand même, il y a des gens qui rêvent d’atteindre ce plateau sur la route, en terrain plat et moi j’ai réussi à le faire dans le cadre d’un ultra. Pas si pire, non ?  😉  C’est la preuve que le parcours n’est pas tellement difficile et c’est de bon augure pour faire sous les 8 heures.

Depuis un petit bout, les gens dits « normaux » commencent à arriver dans le parc. Et comme les Américains savent vivre quand ils sont propriétaires d’un chien, ils ont le droit de l’amener dans les parcs. Quel chien ne rêverait pas de se promener ici ?

Toujours est-il que je croise un couple dans la cinquantaine avec deux schnauzers miniatures quasi-identiques à notre Charlotte qui n’a pas fait le voyage avec nous. Au moment même où leurs maîtres les tirent par leur laisse afin de me laisser le passage, je m’arrête et m’écrie : « Ho, you’re soooo cuuuuute ! » en tendant les mains. Les maîtres semblent surpris de voir quelqu’un en pleine compétition prendre la peine de s’arrêter pour flatter leurs chiens. Ben c’est aussi ça, un ultra: on prend le temps de vivre. Malheureusement, ces représentants de la race canine ne sont pas aussi affectueux que celle que j’ai à la maison et ça me prendrait un peu de temps pour les amadouer. Temps que je n’ai pas, vu que comme dirait l’autre, j’ai tout de même une course à terminer.

À Old Dominion II, toujours le même accueil enthousiaste par le bénévole au sharpie. Aux tables, on me demande si ça va toujours. Je réponds que oui, mais qu’il commence à faire chaud. « That’s why you have to finish as soon as possible ! ». Yeah right. Facile à dire. J’aimerais bien t’y voir, Chose !

La section technique qui suit  passe mieux que la première fois, je me permets même de dépasser du monde. Direction deuxième demi-tour maintenant. Quand je croise la Joan femelle, je regarde mon chrono. 3 minutes plus tard, j’arrive au demi-tour. Elle a donc au moins 6 minutes d’avance sur moi, probablement plus car la majeure partie du trajet depuis que je l’ai croisée était en descente. Merde, à moins d’une défaillance, je ne la rejoindrai définitivement pas.

christina

Christina Clark, la « Joan femelle ». Elle m’en aura fait baver, mais je me consolerai en me disant qu’elle terminera 70 pleines minutes en avant de la deuxième femme.

La traversée de la section technique nous ramenant à Great Falls est compliquée par la présence de promeneurs et de coureurs du 50k, mais bon, je prends mon mal en patience et en profite pour me reposer. Car oui, la fatigue commence à se faire sentir.

The North Face Endurance Challenge, DC: l’avant-course

« It seems a little bit unfair to me ! »

Le douanier avait une bouille sympathique, j’ai tout de même sorti mon arme favorite avec lui pour finir de l’amadouer: faire une blague sur les femmes et le magasinage, ce concept qui semble universel. Donc, à la question « Why are you going to Washington », j’avais répondu « I will run a 50-mile foot race and my wife will do some shopping ». D’où la boutade accompagnée d’un sourire. 30 secondes plus tard, nous reprenions la route. Et le pire, c’est que ma douce moitié n’est vraiment pas portée sur le magasinage, mais ça, comment pouvait-il le savoir ?

Se rendre à Washington par la route, c’est long. Mais nous avons été relativement chanceux : aucune entrave routière avant d’atteindre sa banlieue, où la circulation est tout simplement infernale, malgré les 4 à 5 voies de l’autoroute de contournement.

Hier, j’ai fait du repérage pour bien évaluer le temps nécessaire pour me rendre aux navettes. J’ai ensuite pris possession de mon dossard dans une des deux boutiques The North Face où on pouvait le faire (est-ce que deux exemplaires de chaque dossard ont été produits ?  On dirait bien que oui…). Le reste de la journée, je l’ai passée à faire exactement ce qu’il ne faut pas faire la veille d’une course soit visiter la ville en marchant pendant de longues heures et prendre une bonne bière au dîner. Tout ça par une belle journée chaude.

Je ne suis pas allé assister au briefing des coureurs du directeur de course et aux conférences données par Jordan McDougal, multiple vainqueur ici et à Bear Mountain, et l’incontournable (lors des événements The North Face en tout cas) Dean Karnazes. La raison ?  Ça avait lieu à la boutique de Georgetown, qui est située en ville tout en étant loin des stations de métro (bizarre, je sais). En plus, ça commençait à 18h30 (donc 19h – 19h30). Non mais, c’est quoi l’idée de donner des conférences à peine quelques heures avant le moment où on doit se lever ?  Ils ne dorment pas, ces gens-là ?

La nuit a tout de même été très courte, mais je ne me fais pas de souci. Non, ce qui me commence à me faire paniquer à ce moment-ci, alors que je suis dans un « quartier » qui m’est totalement inconnu situé dans une banlieue anonyme de la Virginie, c’est que je ne vois pas l’ombre de ce qui pourrait ressembler à un endroit de départ de navettes.

Mon GPS m’a amené ici, ça semble être la bonne adresse. Or, je fais le tour des différents bâtiments abritant des bureaux et je ne vois ni autobus, ni toilette, ni indication, ni attroupement. Rien. Rien de rien.

Je fais quoi ?  Il est 3 heures, la course débute à 5. Je n’ai aucune carte de la ville, je n’ai pas amené le guide de course qui pourrait m’indiquer d’autres endroits que je pourrais chercher, dont le parc où sera donné le départ. L’appart que nous avons loué est à 30 minutes, j’aurais le temps d’aller chercher ces infos. Qu’est-ce que je fais : je retourne ou je continue à tourner en rond ?  Je dois me décider. Vite.

Finalement, alors que mon rythme cardiaque commence à augmenter dangereusement, un miracle se produit : j’aperçois des autobus jaunes et un petit groupe de personnes. Eureka !

Après une petite ride tranquille en autobus, nous arrivons dans ce qui semble être un joli parc familial sur les bords du Potomac. Je dis bien « semble » parce que vu qu’il fait noir, on n’y voit pas grand-chose.

En fait, on voit une affaire : The North Face. Ils réussissent à rendre « big » un événement de course en sentiers, avec la musique, l’animation, les kiosques. Ha, il y a bien ces choses-là ailleurs aussi, mais on dirait qu’ici, c’est bigger.

Il fait humide et tout de même assez frais, au point où je dois enfiler un t-shirt à manches longues en plus de mon imperméable jetable en attendant le départ. J’envisagerai même d’amorcer la course avec mes arm warmers, malgré la chaleur annoncée.

Parlons-en, de la chaleur. J’en ai fait mention ad nauseam, l’hiver a été atrocement froid au Québec. Environ 25 journées sous les -20 degrés, du jamais vu. J’ai tout de même couru, beaucoup couru, dont un « record » personnel de 484 kilomètres en mars. Mais jamais à la chaleur. Mon corps n’y est donc tout simplement plus adapté, bien au contraire. Les 26-27 degrés prévus ne sont donc pas pour me rassurer…

Ajoutez à ça aucune sortie en sentiers depuis Bromont et très peu de côtes (mises à part les routes dans la campagne des Cantons de l’Est) et ça devrait donner un gars qui n’est pas trop trop rassuré avant de prendre le départ de son premier ultra à être couru au sortir de l’hiver. Disons que ça va me changer de Boston où j’étais ces deux dernières années à pareille date.

Et pourtant, je me sens calme. Confiant même. Je regarde les autres, de véritables paquets de nerfs et j’ai envie de rire. Les nerfs, les boys, on en a pour des heures et des heures, ça ne donne absolument rien de s’énerver. Ce sentiment de vieux lion qui en a vu d’autres, je commence l’apprécier de plus en plus.

En observant le monde autour, je remarque une autre chose: c’est le paradis des Hoka. Personnellement, je ne cours pas minimaliste. J’aimerais bien, mais ma technique de course ne me le permet vraiment pas et bon, bien que j’essaie de la modifier, les derniers essais m’ont laissé avec une blessure au tendon d’Achille qui ne finit plus de finir de guérir, alors je continue de courir avec des souliers offrant un certain coussinage. Mais jamais je n’irais jusqu’à courir avec des machins comme ça !  La semelle est tellement épaisse qu’on dirait qu’il s’agit de souliers plate-forme. Ça doit être pesant et encombrant, non ?  En tout cas, le look « coureuse » que je trouve habituellement très reposant pour la vue en prend pour son rhume quand il est altéré par de telles échasses…

Après une longue attente, je laisse mes sacs en consigne et me dirige vers la ligne de départ car je fais partie de la première vague (ne me demandez pas comment ils ont déterminé ça, je n’en ai aucune idée). Le directeur de course nous donne ses dernières instructions, je retiens surtout celle concernant les serpents. Hein, des serpents ici ?  Quel genre de serpents ?  Des petites couleuvres moumounes ou des serpents à sonnette ?  Pas des foutus des mambas noirs toujours ? Bah, connaissant le goût prononcé de nos voisins du Sud pour l’exagération, ça doit être la version couleuvre qui nous attend. De toute façon, avec 300 personnes qui feront trembler le sol, les serpents devraient nous laisser le chemin libre.

Puis, il nous présente Dean en nous énumérant ses différents exploits pour ensuite nous faire part de son défi pour 2016: faire un marathon dans chaque pays membre des Nations Unies. Ouais, 198 marathons dans autant de pays la même année ! Vous vous imaginez la logistique ?  Et combien ça va coûter ?  Sapré Dean, on ne le changera pas !

Toujours est-il que c’est lui qui empoigne le micro pour nous donner un dernier pep-talk avant de se joindre à nous pour la course. Ça me fait bizarre de voir et entendre le célèbre Ultramaratonman dans un contexte plutôt intimiste, dans l’obscurité, entouré d’environ 400 personnes. Je n’écoute pas vraiment ce qu’il dit, sauf quand il demande combien parmi nous n’ont jamais fait un 50 miles. Constatant qu’environ 50% des coureurs de la première vague lèvent la main, j’ai un petit sourire et me dit: « Vous allez vous amuser ».

Quand l’horloge située près de la ligne affichera 5:00:00, le départ sera donné. J’ai hâte.

D’autres petites vites de janvier

Le « froid » abitibien, suite et fin – Je sais, j’en fais une obsession. Que voulez-vous, quand on passe des semaines et des semaines dans une région, on finit par trouver que les gens de la place exagèrent un tantinet quand ils parlent de leur coin de pays. Et dans le cas qui me concerne, quand ils font référence au fameux « froid » abitibien. « Il fait frette en Abitibi ! » qu’ils se plaisent à répéter ad nauseam. Ha oui ?

J’en avais déjà parlé, je trouvais que c’était largement exagéré. Mais je me disais que je n’avais pas testé des vraies conditions de janvier. Hé bien voilà, c’est maintenant fait. Mardi de la semaine dernière, coup d’œil à la météo: -22 degrés, -28 degrés ressentis. Ok, ce n’étaient pas les -40 qui font la « fierté » des très sympathiques habitants de la région, mais quand même.

Comme par défi, j’ai décidé de m’habiller pour l’équivalent de -15 ou -17 degrés à Montréal. Premier constat : je me demande bien comment on peut « ressentir » 6 degrés de moins que la température réelle quand le vent ne souffle même pas assez fort pour savoir de quelle direction il provient !  Deuxième constat : après 3 minutes, je me suis rendu à l’évidence: deux épaisseurs au niveau des mains, c’est définitivement trop: j’avais chaud ! J’ai donc poursuivi avec une simple épaisseur, faisant même des bouts les mains à découvert, moi qui gèle très facilement de cette partie du corps (de d’autres parties aussi, mais ça, c’est une autre histoire ! :-)).

De retour à l’hôtel, le préposé à l’accueil m’a demandé si ce n’était pas trop froid pour courir. Trop froid ?  Pfff !!!

(Note: c’est ce soir-là qu’un propriétaire de dépanneur de Rouyn-Noranda a fait feu sur des jeunes qui tentaient de voler son commerce. Par chance, je n’ai pas couru dans ce quartier ce soir-là, le trouvant trop monotone. Mais je suis souvent passé devant ledit dépanneur…)

On n’a plus les préparations qu’on avait – En préparation d’un marathon, j’avais jadis l’habitude de faire le demi Scotiabank et parfois les 20 km du Tour du Lac Brome. Ça me permettait de me tester côté vitesse et de voir si la fatigue commençait à se pointer le bout du nez une fois rendu à l’équivalent de la mi-distance.

Arrive 2015, j’ai deux 100 miles au programme. Pas pour commencer ma saison avec une telle course drette en partant, comme on dit. Il y a bien les 50 miles de Bear Mountain, un classique pour les coureurs d’ici, mais à deux semaines de Massanutten, je trouvais ça un peu serré. J’ai donc jeté mon dévolu sur une autre course de la série The North Face Endurance Challenge, soit celle de Washington. Quatre semaines avant le premier grand rendez-vous de la saison, je trouvais que cette épreuve était vraiment bien placée dans le calendrier. En plus, ça va nous donner l’occasion de visiter une ville qui nous est inconnue.

Une fois l’inscription complétée, je me suis rendu compte du ridicule de la situation : après avoir fait une seule fois un 100 miles dans ma vie, je considère maintenant 50 miles (ce sont 80 foutus kilomètres ça !) comme une « préparation »… alors que je n’ai finalement fait cette distance que deux fois !   Calv… On n’a plus les préparations qu’on avait !

Le grand retour – Dimanche, température froide, vent à écorner un boeuf. Vraiment, mais vraiment pas le goût de me taper les rues en zigzagant pour « contourner » le maudit vent. Disons que je commence à en avoir soupé des petites rues toujours recouvertes du verglas qui nous est tombé dessus au début du mois.

Je sais que Pat ne comprend comment je peux faire pour courir aussi longtemps là-bas en hiver, mais j’ai décidé d’effectuer un grand retour dans mon terrain de jeux: le mont St-Bruno. Ok, il n’y a que 2 pistes totalisant 6 km d’ouvertes pour la course. Ajoutez à ça un 7-8 kilomètres pour aller faire le tour du lac Seigneurial et bon, il faut tout de même repasser à quelques reprises aux mêmes endroits si on veut accumuler une distance appréciable.

Mais je m’en fous. J’étais dans le bois, à l’abri du vent. Je pouvais enfin recommencer à faire quelques montées-descentes, travailler mon jeu de pied pour contourner les arbres, respirer l’air pur. Haaaaa…

Le vidéo, quelques semaines plus tard – Pour ceux qui ne l’auraient pas déjà vu, voici le très beau vidéo officiel de la fin de semaine du dernier Bromont Ultra. Mon bout préféré ?  À 00 :57, quand un père souhaite bonne chance à son fils peu avant le départ de la plus belle course de sa vie. Avertissement cependant: ne clignez pas des yeux, vous risquez de le manquer !

 

Des petites nouvelles…

Au cours des dernières semaines, je n’ai, encore une fois, pas eu beaucoup de temps pour pondre un billet sur mon sport préféré. Comme j’en ai déjà glissé un mot, je passe le plus clair de mon temps sur semaine dans l’Abitibi profonde et quand je reviens chez moi les fins de semaine, j’ai plus le goût de passer du temps avec ma douce et notre petite canaille que m’installer à mon ordinateur. Vous me comprendrez certainement.

Ceci dit, ce ne sont pas les sujets qui ont manqué. Parmi eux, il y a eu le mini-débat qui s’est déroulé sur Face de Bouc suite à la parution de cet article signé Daniel Lequin et paru sur RDS.ca. En gros, monsieur Lequin nous raconte qu’il est contre la pratique de cette discipline car elle provoque un stress immense sur l’organisme et en conséquence, les ultramarathoniens en seront inévitablement réduits à jouer au poker s’ils poursuivent la pratique d’une telle activité. Et pour appuyer ses dires, il cite Pierre Lavoie qui a récemment déclaré : « Je ne ferai jamais d’ultra marathon parce que j’ai l’intention de courir toute ma vie».  Ha si Pierre Lavoie le dit, c’est que ça doit être vrai, non ?

Avec tout le respect que j’ai pour l’homme et l’athlète, je dois dire que malheureusement, il est dans le champ. L’argumentation qu’on retrouve dans cet article est d’une faiblesse déconcertante et laisse entrevoir hors de tout doute que ces messieurs ne connaissent absolument rien en quoi consiste un ultramarathon. C’est Joan qui a le mieux résumé ce que je pense à ce sujet, alors je lui laisse la parole ici :

« Mes parents sont professeurs d’éducation physique et cela ne les empêche pas de n’y rien connaître aux ultra-marathons. Qui dit activité marginale, dit incompréhension et idées reçues.

Dans le cas de Pierre Lavoie, c’est la même chose. Ce n’est pas parce qu’il est un athlète de haut niveau qu’il s’y connait spécifiquement en ultra-marathons en sentiers. Il fait même l’erreur d’appliquer son expérience à un sport qui n’a de commun avec le marathon sur route que l’utilisation de ses deux jambes pour se déplacer.

De ma propre expérience en ultra, puisque moi j’en ai, j’ai constaté strictement l’inverse dernièrement: j’ai eu la chance de voir passer l’ensemble des participants à un ravitaillement lors d’un 100-Mile aux États-Unis. J’ai vu de tout: hommes et femmes, jeunes et vieux, grands et petits, minces ou gros, lents et rapides, débutants et confirmés. Et quand je dis coureur confirmé, certains participent à des ultras (de 160km) depuis plus de 20 ans.

D’accord, ma petite histoire n’est pas scientifique, mais citer en exemple un unique ami qui a mal aux genoux, c’est aberrant comme démonstration! Mon père me faisait le même genre de remarques en allant chercher l’anecdote rarissime qui allait dans le sens de ses peurs. Pour lui, c’était le risque cardiaque, et il arrivait toujours à me trouver l’exemple d’un ami d’un ami qui avait eu un truc après avoir couru.

Autre remarque: ce texte commet la même erreur que bien du monde, celle de vouloir qu’il y ait une limite absolue à la distance qu’il est raisonnable de parcourir. C’est un non-sens puisque les limites sont hautement personnelles et n’ont justement rien d’absolu. Pour certains, courir 5 km sera le maximum souhaitable, pour d’autres, seule la traversée d’un continent saura les épuiser.

L’absolu n’existe pas, il appartient à chacun de trouver ses limites sans juger ni se comparer aux autres. »

Voilà. CQFD comme on disait à l’université.

Autre sujet, beaucoup plus positif à mon avis, est ce qui s’est passé cette fin de semaine dans le monde de la course en sentiers. En effet, c’est ce samedi qu’avaient lieu deux épreuves d’importance de ce côté-ci de l’Atlantique, soient la Transmartinique (138 km) et le North Face Endurance Challenge – California (50 miles).

J’ai suivi avec beaucoup d’attention ces deux épreuves et force est d’admettre que je ne me trompais guère récemment lorsque j’affirmais que le Québec, malgré le fait que la pratique de la course en sentiers y soit encore à l’état embryonnaire, se présente de plus en plus comme une force dans le domaine.

Tout d’abord, les représentants de la Belle Province se sont emparé de 3 des 50 premières positions à San Francisco, malgré la présence d’un très fort contingent de coureurs provenant de l’ouest américain.

C’est toutefois à la Transmartinique que nos compatriotes se sont le plus illustrés. En effet, malgré des conditions chaudes et humides qui sont totalement à l’opposé de ce à quoi nous sommes habitués ces derniers temps, nos compatriotes ont pris 3 places dans le top 10, dont une extraordinaire 2e position par Florent Bouguin. Éric Breton a terminé 9e et Joan, ex-aequo 10e.

Pour citer un coureur américain : « You Quebecers are fucking tough ! ». En ultra, c’est drôlement pratique…  🙂

Bravo les gars, on est vraiment fiers de vous !

Mon prochain article ne devrait par tarder et, contrairement à mes habitudes, parlera d’une épreuve beaucoup plus courte en distance… mais tellement divertissante !  À suivre.

 

Obligé de courir pour une cause ?

“Est-ce que tu le fais pour une cause ?”

La question revient beaucoup moins fréquemment maintenant que la course à pied est devenue très populaire, mais à mes début, je l’entendais régulièrement. Ma réponse n’a pas changé depuis tout ce temps: “Non”. Pas d’explication, pas de justification. Les gens semblaient trouver ça bizarre un peu. Je cours parce que j’aime ça et si je m’inscris à des compétitions, c’est pour me fixer des objectifs, un point c’est tout. Je n’ai vraiment pas le goût de solliciter mes parents, amis et collègues afin qu’ils donnent de l’argent pour une cause que je supporterais en courant. Est-ce que j’ai le droit ?  Parfois, j’ai l’impression que non.

On dirait que de nos jours, on ne peut plus faire quelque chose simplement parce qu’on en a envie. Il faut se “justifier”. Prenez Mylène Paquette qui vient de traverser l’Atlantique à la rame “pour faire rayonner l’océan et lui permettre d’obtenir sa place dans l’affection du public en témoignant de sa beauté […]”. Ben voyons donc. Elle avait envie de le faire, ne pouvait-elle pas le faire pour elle-même ?  Même chose pour Guy Laliberté quand il est allé dans l’espace pour nous faire prendre conscience à quel point l’eau, c’est précieux (ou quelque chose du genre). Give me a break !  Le gars est milliardaire, il a les moyens de se payer un voyage dans l’espace, pourquoi pas ?  Pourquoi cette obligation de se justifier en se camouflant derrière une cause “noble” ?

L’origine de mon chiâlage du jour ?  Ça a commencé par les New York Road Runners, les organisateurs du Marathon, qui ne cessaient de m’achaler pour que j’amasse de l’argent pour une cause. À partir d’un certain montant, j’avais droit à des privilèges ou des prix, je ne sais plus (j’oubliais dans les secondes après avoir lu, quand je me donnais la peine de lire). Hé, ça me coûtait déjà un bras juste pour participer, il fallait en plus que j’amasse de l’argent ?  Vous savez, je n’ai pas besoin de ça pour me motiver à finir, j’ai toujours terminé mes courses.

Mais la goutte qui a fait déborder le vase est venue d’une course obscure. En effet, j’étais à la recherche d’une course de 50 milles ou 100 km qui serait organisée pas trop loin, au printemps. Le but: avoir une course préparation pour le Vermont 100 2015. Il y a évidemment Bear Mountain, le classique. Mais il est très technique, ce qui me convient moins. Et vu que le Vermont 100 ne l’est pas tant que ça…

Je suis tombé sur ceci: le Rock the Ridge 50-Mile Endurance Run. C’était exactement ce que je cherchais: 50 milles dans un parc, des sentiers ou chemins de terre, des beaux paysages. La même fin de semaine que Bear Mountain, donc parfaitement située dans le calendrier. Je suis allé voir l’inscription, pour avoir une idée. 150 $. Ok, c’est dans les normes. Puis je me suis mis à lire un peu plus bas et j’ai failli tomber en bas de ma chaise. Non, ils ne nous demandaient pas de faire du bénévolat (ce qui aurait été bien correct, à mon avis), c’était bien pire. En plus des frais d’inscription, chaque coureur doit s’engager à amasser un minimum de 250 $ en dons. Et pas pour une cause de son choix comme le cancer, l’arthrite ou la sclérose en plaques. Ne ne non. Pour aller au fonds de préservation du parc Mohonk où se déroule la course.

Vous n’êtes pas sérieux ? Vous voulez que je tète mes parents et amis pour qu’ils contribuent à la préservation d’un parc dont ils n’ont pas la moindre idée de l’existence ?  Vous êtes tombés sur la tête ou quoi ?

Comprenez-moi bien ici. Je n’ai absolument rien contre le fait que certains coureurs profitent de leur activité pour amasser des fonds qui viennent en aide à des gens dans le besoin ou qui iront à la recherche sur une maladie. Bien au contraire, j’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui le font. Mais ça doit demeurer un choix. Obliger les gens qui veulent participer à une épreuve de contribuer à une cause en plus d’avoir à en défrayer les frais d’inscription, ça commence à être de l’abus.

La Rock The Ridge ne fera donc pas partie de mon calendrier 2015. J’irai à Bear Mountain, ça va faire pareil.

Un week-end de course chargé

La fin de semaine dernière, pendant que je retrouvais mes sentiers sur le bord du fleuve samedi et que je reprenais l’entrainement sérieux dimanche au mont St-Bruno en vue du Ultimate XC de St-Donat, plusieurs courses qui se déroulaient dans le nord-est du continent ont retenu mon attention.

Le tout a commencé vendredi par le Défi de la Tour du Stade olympique. C’était une épreuve assez inusitée. En effet, elle consistait en une course de 4 km suivie de l’ascension des 850 marches de la Tour.  Certainement pas facile comme défi, les participants devant se garder des réserves durant la partie « course » afin de pouvoir grimper la tour à un bon rythme…

La course a été remportée, en 19:59 et avec 44 secondes d’avance, par le sympathique David Le Porho dont j’ai déjà parlé sur ce blogue. Disons que lorsque David s’aligne au départ d’une course, particulièrement au Québec, il la gagne plus souvent qu’autrement. Je m’attends à le voir (en fait, à ne pas le voir, justement) devant à St-Donat… Mon amie Chantale, celle qui m’a donné le goût de me mettre à la course jadis, était de la partie. Elle a terminé en 30:27.

Le lendemain avaient lieu les courses de 1, 2, 5 et 10 km dans le cadre du même événement. Des grosses pointures étaient présentes: le 5 km a été remporté par Baghdad Rachem en 15:27 et le 10 km, par Amor Dehbi en 32:33. Chantale n’est pas demeurée en reste, réalisant un impressionnant 24:41 sur le 5 km. Sous les 5 minutes/km de moyenne !  Un gros bravo pour ton week-end de course !!!  🙂

Toutefois, ce jour-là, c’était plutôt le North Face Endurance Challenge de Bear Mountain qui retenait mon attention, particulièrement l’épreuve-reine: le 50 milles. Remportée par l’Américain Jordan McDougal en 7:13:52, cette épreuve a mis en évidence la progression des coureurs québécois dans le domaine de la course en sentiers: 4 des 8 premiers sont effectivement originaires de la Belle Province. Parmi eux, Sébastien Roulier, qui a gagné une course de 100 km en mars et qui était à Boston où il a fait 2h38. Il s’est « contenté » de la huitième place à Bear Mountain. Une vraie machine.  Je me demande encore et toujours comment il fait…

J’avais un sentiment ambivalent en regardant les résultats « entrer ». J’aurais vraiment aimé y être, mais j’avais anticipé (avec raison) ne pas être totalement remis de Boston à ce moment-là. Que voulez-vous, je ne suis qu’un pauvre être humain, alors que d’autres… J’espère y être l’an prochain, mais Boston sera encore plus près dans le temps et je n’aurai pas eu plus de temps pour m’entrainer en sentiers. Enfin, on verra bien.

Puis dimanche, c’était dimanche de course dans la région de Toronto avec les deux marathons ennemis qui se déroulaient en même temps: celui de Toronto dans la ville-reine et celui de Mississauga, en banlieue.

Le premier a été assombri par le décès d’une jeune fille de 18 ans qui en était à son premier marathon et qui s’est effondrée dans les derniers kilomètres. Ce sont des choses qui arrivent malheureusement assez régulièrement et qui s’expliquent difficilement. On parle souvent de problèmes cardiaques congénitaux, condition inconnue des personnes qui en sont atteints. Ces personnes sont souvent des coureurs expérimentés qui ont déjà plusieurs courses à leur actif. C’était le cas de la jeune fille en question, qui avait fait plusieurs demi-marathons. Fait étonnant, la grande majorité des cas, ce sont des hommes qui succombent suite à un tel malaise. Peut-être suis-je moi aussi en train de mettre ma vie en danger parce que j’ai une malformation cardiaque dont j’ignore même l’existence. Mais pensez-vous que je vais arrêter « au cas où » ?  Jamais.

Du côté sportif, le marathon de Toronto a été remporté par un Québécois très connu dans le milieu, Terry Gehl, en 2h37. Preuve que cette course n’attire vraiment pas l’élite, le temps relativement lent du vainqueur et le fait qu’il soit âgé de… 44 ans !  Du côté de Mississauga, ça s’est gagné en 2h29… par un autre homme dans la quarantaine. Décidément…

Ce qui m’intéressait le plus dans ces deux courses, ce n’était pas tant les exploits sportifs que le niveau de participation. À Toronto, 1694 personnes étaient de la partie alors que dans sa banlieue, à peine la moitié, soit seulement 850, y étaient pour souligner le 10e anniversaire de cette épreuve. Ceci qui confirme le déclin de cette dernière, car nous étions 250 de plus en 2011, quand j’y ai participé. Mais on dirait bien  que la controverse qui a suivi la disqualification de deux coureurs d’élite cette année-là suite à une erreur des cyclistes-guides fait encore mal. Il faut dire que le parcours, moche à souhaits par bouts, ne doit pas aider non plus…

J’ai comme l’impression que le Marathon de Mississauga est appelé à disparaitre à moyen terme, car il n’est pas normal qu’en plein boom de course à pied, une épreuve connaisse une telle régression dans son niveau de participation. Il va falloir que ce marathon se renouvelle s’il veut tout simplement réussir à survivre.